Chapitre 31


— Alors ? demande-t-il d'un ton angoissé.

Jimin enlève le casque et lève les yeux vers lui, l'air ému.

— C'est une chanson magnifique, Kookie. Félicitations.

— C'est surtout Yoongi qui a tout fait, se hâte d'ajouter Jungkook. C'est grâce à lui.

— C'est vous deux. Le résultat est superbe.

Jungkook, après plusieurs semaines, a enfin trouvé le courage de l'enregistrer, dans le studio de Yoongi, et ce dernier s'est chargé du montage. Il a même rajouté des parties de soutien avec des instruments à cordes. Le résultat est bluffant, de l'avis de Jungkook ; la qualité sonore est telle qu'on dirait une piste tirée d'un album.

— Tu devrais la mettre sur YouTube, dit soudain Jimin.

Aussitôt, Jungkook fait non de la tête, intimidé. La chaîne Golden Closet Dance commence à avoir beaucoup trop d'abonnés et de fans pour qu'il se permette de la poster là-bas ; montrer sa danse, ça va, il n'en a pas honte, il est fier de ce qu'il fait avec Hoseok (et parfois en trio avec Jimin). Mais mettre en ligne une vidéo où il chante, et dont les paroles sont si personnelles, c'est une autre paire de manches. Il l'a déjà postée sur SoundCloud, mais il n'a presque aucun follower dessus, c'est bien pour ça qu'il a osé.

— Tu devrais, insiste Jimin. Ne serait-ce que pour donner de la visibilité à Suga.

Jungkook s'immobilise, surpris. Il n'a pas tort. Yoongi (ou Suga de son nom d'artiste) est un auteur-compositeur-interprète-producteur bourré de talent, mais il travaille en indépendant, et la renommée n'est pas forcément toujours au rendez-vous. Mettre une chanson composée par Suga sur sa chaîne, qui compte déjà plusieurs dizaines de milliers d'abonnés, ce serait lui faire un joli coup de pub.

Mais, d'un autre côté – s'exposer au monde entier. Peut-être même aux yeux de Taehyung, si l'envie lui prenait de venir faire un tour sur sa chaîne, bien que ce soit peu probable ; d'après une petite remarque que Jimin a lâchée il y a quelque temps de ça, il s'est même désabonné du compte Twitter de son ami pour ne plus le voir poster leurs vidéos.

(Taehyung le hait. C'était le résultat qu'il attendait en agissant de la sorte, bien sûr, mais savoir qu'il a réussi son coup lui fait toujours l'effet d'un pic à glace dans le cœur lorsqu'il y pense.)

— J'y réfléchirai. Peut-être après la représentation.

Parce que celle-ci approche à grands pas, maintenant ; ils sont en juin (juin – il n'a plus parlé à Taehyung depuis six mois), et toute l'école est dans un état d'excitation constante. Les répétitions s'enchaînent, et Jungkook juge que ses élèves sont largement prêts pour le spectacle, ce qui ne l'empêche pas d'être perpétuellement en état de stress.

La veille de la représentation, il est tout simplement incapable de dormir, et passe la nuit chez Hoseok (qui ne peut pas non plus fermer l'œil), à parler du lendemain, ou à regarder certaines de leurs vidéos sur la chaîne et à les analyser pour pouvoir faire mieux ensuite.

Quand le jour J arrive, toute l'école, eux compris, est en effervescence ; même Haneul, leur collègue d'ordinaire si calme et timide, semble survoltée. Les couloirs grouillent de monde (tous les élèves et leurs familles réunis au même endroit, ça fait beaucoup de gens d'un coup), et les gradins de la salle de spectacle ne tardent pas à être pleins à craquer.

Jungkook et ses collègues ont organisé le programme de la journée. Ce sont d'abord les petits qui commencent, en tout début d'après-midi ; les quatre groupes (deux classiques et deux contemporains) se succèdent sous les applaudissements attendris des parents en admiration devant leur progéniture, et sous l'œil des caméras et les cliquetis des appareils photos. La classe de Seo-Eun, huit petites de quatre à sept ans, se débrouille particulièrement bien sur Let It Go de la Reine des Neiges, et récolte de longues acclamations.

Après une pause, c'est au tour des adolescents d'entrer en scène tour à tour. Ils sont tous tellement excités que Jungkook a un mal fou à les canaliser, notamment pour leur dire de ne pas courir dans les couloirs. Ce sont eux les plus nombreux : huit classes en tout, deux par professeur. L'ordre de passage est le suivant : d'abord celle de Haneul, puis Jungkook, puis Seo-Eun, puis Hoseok, et retour au départ pour le même cycle.

Jungkook s'amuse de constater à quel point l'ambiance est différente à chaque fois. Lors des performances de danse classique, tout le monde écoute et applaudit religieusement ; lorsque c'est au tour du contemporain, il y a des cris d'enthousiasme dans le public, des sifflets, des "oooh" d'admiration. C'est une dualité que Jungkook adore, et pour la millième fois, il s'émerveille d'avoir eu la chance de dégoter un boulot dans un endroit pareil.

En début de soirée, ce sont les adultes qui entament leur show. Jungkook est le seul à avoir prévu une performance conjointe entre deux groupes, et par conséquent, ses élèves seront les derniers à passer, ce qui ne fait rien pour alléger son stress. Avant même que les autres aient fini leur tour, il a déjà rongé tous ses ongles, d'angoisse.

Il n'avait pas besoin de se faire de souci, pourtant. Lorsque les premières notes de Bad Guy résonnent dans le gymnase et que ses élèves font leur entrée, le public commence déjà à crier et à taper du pied pour manifester son engouement. Jungkook est penché sur son siège en bas des gradins, les mains jointes, le cœur battant la chamade – il n'a plus eu autant le trac depuis le jour où il a rejoint au débotté l'équipe de danseurs de Taehyung pour filmer le clip de sa chanson Travel Pt. 2, en Californie.

Assis à sa gauche se tient Yoongi, qui lui a fait la surprise de débarquer en fin d'après-midi, et à sa droite, Jimin, concentré, immortalise toute la danse avec la caméra de son smartphone. Il a déjà filmé Jungkook un nombre incalculable de fois pendant que celui-ci la répétait, puis lorsqu'il la faisait répéter au groupe, mais en pleine représentation, le feeling est différent ; tout le monde est plus concentré, plus précis, et Jungkook a l'impression de découvrir sa propre chorégraphie pour la première fois. Et c'est incroyable. Tout se succède avec une fluidité folle, le moindre mouvement est maîtrisé, les gestes s'enchaînent à la perfection. Il est incroyablement fier d'eux.

Lorsque la danse se termine, le gymnase entier se lève et explose en acclamations – Jungkook en devient presque sourd, mais il a un large sourire sur le visage. Les élèves, essoufflés, rient et applaudissent, et deux filles quittent le groupe pour venir traîner Jungkook avec elles sur la scène. Le niveau sonore dans la salle monte encore d'un cran, et Jungkook, les mains dans celles de ses élèves, rayonnant, fait un profond salut de chaque côté des gradins. Tous ces gens l'acclament, lui, parce qu'il a fait du bon travail. C'est la première fois que ça lui arrive. Il effleure du bout du doigt le rêve qui le tient depuis qu'il est petit, de danser et faire danser les autres pour le monde entier. C'est tellement plus agréable d'être reconnu pour ça que parce qu'il est gay ou qu'il a été viré de la police.

Lorsqu'il se rend compte que le public commence à demander un rappel en tapant dans ses mains en synchronisation, il lance un regard vers Seo-Eun, pris de court. Celle-ci lève les deux pouces vers le haut, et pousse Hoseok vers la scène également, un geste on ne peut plus clair : elle veut que les deux profs soient de la partie.

Jungkook interroge ses élèves d'un regard ; la danse est tout de même physique, et nombre d'entre eux sont encore en train de haleter. Mais tous lui font signe qu'ils sont prêts à repartir pour un round, et lorsque Seo-Eun relance la chanson depuis le début, il n'a plus le choix.

Lui et Hoseok en tête de groupe, ils se mettent à danser. Jungkook est habillé d'un jean bleu sombre moulant, de Timberlands en cuir marron foncé et d'un tee-shirt blanc, tandis que Hoseok porte un short aux motifs façon camouflage, une chemise verte et des puma basses – ils détonnent complètement avec le reste de la formation, où tous sont vêtus de pantalons noirs et de sweatshirts, roses pour les garçons et verts pour les filles. Malgré tout, la foule leur envoie des sifflets d'admiration, et Jungkook – tout comme Hoseok – se donne à fond à chaque mouvement ; et lorsqu'il pose le dernier geste (alors qu'il a l'impression qu'il vient à peine de commencer), le hurlement de plaisir du public le prend totalement de court, une nouvelle fois. Il a l'impression que maintenant qu'il est sur scène, le bouton du volume a été tourné à fond. L'ovation dure une éternité, Hoseok l'étreint chaleureusement, les élèves lui claquent la main, tout le monde a l'air euphorique, et lorsque Jungkook lève les yeux vers Jimin, qui continue à filmer, et Yoongi et Seo-Eun qui se tiennent à côté de lui, les trois sont rayonnants.

Et il a provoqué ça, lui, par sa danse.

Avec un sourire lumineux, il s'incline à nouveau. Il ne veut plus jamais changer de boulot.

Après un long moment de délibération, Jungkook décide de mettre sa chanson Cœurs de papier sur YouTube ; mais au moment où il la publie, Jimin, sur la même chaîne, mais de son côté, met en ligne la vidéo de Bad Guy par l'école de danse, version rappel avec Jungkook et Hoseok. Et si Cœurs de papier récolte des commentaires élogieux sur la mélodie et la voix de Jungkook, elle est toutefois complètement éclipsée par le succès brutal de la chorégraphie ; en une journée, la vidéo gagne plus de deux millions de vues, ce qui, malgré l'essor croissant de Golden Closet Dance, est tout de même complètement inattendu.

Il y a quelques commentaires haineux destinés à Jungkook qui se glissent dans la masse, mais dans l'ensemble, la réaction des internautes est très majoritairement positive, et salue le talent des performers et du chorégraphe.

La reconnaissance fait du bien, mais Jungkook garde les pieds sur terre ; ce n'est pas parce qu'il a une vidéo virale sur internet qu'il est célèbre, et il ne faut pas qu'il change ses habitudes de travail. Par conséquent, à part une énorme fête qu'ils organisent deux jours plus tard avec les professeurs de l'école, les élèves adultes et leurs amis, il continue à se lever le matin pour aller faire son jogging avec Hoseok, puis il s'en va au studio de danse pour s'entraîner, même si les cours sont officiellement terminés pour l'année.

Pour la première fois, il peut projeter sa vie sur plusieurs années ; une nouvelle rentrée, faire connaissance avec de nouveaux élèves, imaginer de nouvelles danses, faire de nouveaux spectacles, et continuer ad lib. Lui qui vivait au jour le jour au poste de police, ou même en tant que garde du corps de Tae, deux jobs où il était fréquemment en proie au stress, il peut enfin trouver un peu d'apaisement à l'idée de faire un travail où il s'épanouit et qu'il veut garder le plus longtemps possible. (Évidemment, tout dépendra de son prédécesseur car, comme il a souvent tendance à l'oublier, il n'est qu'un remplaçant ; mais Seo-Eun semble suffisamment tenir à lui pour peut-être le garder même après le retour de Junsik.)

Mais s'il y a une chose à laquelle il ne s'attendait pas, c'est à l'enchaînement de conséquences plus ou moins importantes suite à la popularité de sa vidéo sur YouTube.

Pour commencer, il reçoit quelques messages privés sur Twitter lui demandant s'il serait d'accord pour travailler pour telle ou telle compagnie et chorégraphier certaines de leurs danses. Au début, il ne s'aperçoit pas qu'il a reçu de telles requêtes, car sa boîte à messages privés sur Twitter est souvent remplie d'insultes qu'il ne prend plus la peine de lire ; mais, complètement par hasard, une semaine après la vidéo, il en ouvre un, et écarquille les yeux lorsqu'il le lit.

Cher Jeon Jungkook,

Nous sommes le studio The Labs, basé à Los Angeles. Nous avons vu la vidéo de votre spectacle sur Bad Guy de Billie Eilish et aimerions beaucoup avoir l'honneur de vous compter parmi notre équipe de talentueux chorégraphes. N'hésitez pas à nous contacter si vous êtes intéressé.

Au début, Jungkook pense à un canular, d'autant que Twitter n'a jamais été très tendre avec lui. Mais en continuant à lire le reste de sa boîte de réception, il se rend compte que ce n'est pas un cas isolé et qu'il a quatre, cinq messages dont le contenu est globalement le même, avec des variations dans la forme.

— T'en penses quoi ? demande-t-il à Hoseok après leur footing quotidien. Canular ou offre d'emploi ?

Hoseok prend son portable par-dessus la table du café où ils sont installés et lit en plissant les yeux.

— Ça m'a l'air sérieux, dit-il pensivement, mais je n'en suis pas certain. Et si ça l'était ? Tu accepterais ?

Jungkook le fixe, silencieux. Il ne s'est même pas demandé ce qu'il ferait au cas où ce serait une demande authentique.

— À Los Angeles ? finit-il par répondre. Non, je ne crois pas. J'aime cette école... Je n'ai pas envie de la quitter pour aller m'expatrier à l'autre bout de la planète.

(D'autant que, d'après ses sources, c'est ce qu'a fait Taehyung, apparemment – il est resté là-bas au lieu de rentrer pendant son mois de hiatus. Si l'un d'entre eux est aux États-Unis, mieux vaut que l'autre reste en Corée, afin qu'ils ne risquent pas de se croiser.)

Hoseok lui adresse un sourire un peu ému.

— L'école t'aime aussi, déclare-t-il. Surtout Seo-Eun. Et surtout depuis le spectacle.

C'était la deuxième des conséquences que Jungkook n'avait pas prévues : l'école, présentée sous son nom dans la description de la vidéo virale, a reçu cette année cinq fois plus de demandes d'inscriptions pour la rentrée suivante que lors de l'année précédente. Lorsque Seo-Eun a raconté ça à Jungkook, c'était la première fois que celui-ci voyait la directrice, habituellement posée et gracieuse, aussi extatique et échevelée.

Ça fait partie des belles choses de sa vie actuelle, le fait de savoir qu'il parvient, grâce à son travail, à ouvrir de nouvelles opportunités à sa super patronne.

La dernière conséquence est celle qui le prend le plus par surprise. Il ne la voit pas arriver, parce qu'elle surgit droit dans son angle mort, mais brusquement, alors qu'il était sûr d'avoir sa voie presque tracée devant lui, il remet en question toute sa vie.

Voilà comment ça se passe.

Trois semaines après la publication de la vidéo, Jimin invite Jungkook à venir le rejoindre pour prendre un verre dans un café. L'invitation le surprend légèrement, car ils se voient tous les jours, et Jimin a l'habitude de débarquer chez lui sans frapper pour squatter sur son canapé et même parfois dans son lit (bien que Jungkook ait comme l'intuition qu'il préférerait partager celui de son colocataire – mais aucun progrès de ce côté, apparemment).

Néanmoins, il accepte immédiatement, et le lendemain à quatorze heures, il entre dans le café – celui-là même où ils se sont donné rendez-vous après leurs retrouvailles l'année précédente. Cette fois, son ami est arrivé avant lui, et avec un grand sourire, il se lève quand il l'aperçoit et le serre chaleureusement dans ses bras.

Après les banalités d'usage, sur lesquelles ils n'ont pas grand-chose à dire puisqu'ils se sont vus la veille, Jungkook décide d'entrer dans le vif du sujet.

— Pourquoi tu m'as fait venir ? Tu voulais me parler de quelque chose ? Yoongi ?

Le regard que Jimin lui lance est tellement choqué qu'il comprend immédiatement qu'il a fait fausse route.

— Non, finit par répondre celui-ci après avoir retrouvé sa contenance. Pourquoi je voudrais te parler de Yoongi ?

— Pourquoi pas ? réplique Jungkook en haussant les épaules.

Jimin a l'air sur la défensive, et il ne veut pas risquer de le mettre en colère avant que ce dernier ne lui ait expliqué pourquoi il l'a fait venir.

— Non, répète Jimin. Rien à voir. Je t'ai fait venir pour autre chose. Écoute...

Mais il ne continue pas, et à le voir triturer son gobelet de café glacé nerveusement, Jungkook sent un début de stress tirailler ses entrailles.

— Tae ? Ça a un rapport avec Tae ? demande-t-il, nerveux.

— Non. Enfin... Pas exactement.

Jungkook écarquille les yeux. Pas exactement, mais un peu ? Jimin sent son angoisse, car il ajoute :

— C'est indirectement en rapport avec lui.

— Explique, alors, le presse Jungkook.

— Oui, désolé. Voilà : Big Hot a pris connaissance de la vidéo de Bad Guy.

— Ok. Et alors ?

Alors, Bang PD-nim et le reste de l'équipe aimeraient travailler avec toi.

Jungkook sent sa mâchoire se décrocher et tomber sur la table. Bang Sihyuk, le créateur de Big Hot, veut travailler avec lui ?

Quoi ?!

— Ils voudraient t'embaucher en tant que chorégraphe.

— Comme toi ?

— Oui, comme moi. Je leur avais montré tes vidéos quand vous avez commencé à danser, avec Hoseok, et ils te gardaient à l'œil, mais avec le succès de Bad Guy, ils ont décidé de passer à l'acte. Ils voudraient surtout te confier leurs nouveaux poulains, le groupe d'idols qui a fait ses débuts en décembre dernier, T&T. Tu devras monter les chorés de leurs nouvelles chansons, leur apprendre, leur faire répéter, etc... Comme ce que je fais avec leurs autres groupes et avec Tae.

— Mais... Je ne vais pas te piquer ton travail ?

Jimin éclate de rire.

— Je crois qu'il y a bien assez de travail pour nous deux là-bas, répond-il. En fait, ils travaillaient avec un autre chorégraphe pour T&T, mais leur premier clip a fait un flop et ils cherchent à le remplacer par quelqu'un avec plus de peps, un peu comme ce que tu as montré pendant le spectacle de l'école.

Jungkook, éberlué, dévisage Jimin.

— C'est pas une blague, hein ?

— Non ! proteste Jimin, offensé. C'est sérieux. Pourquoi tu penses que c'est une blague ?

— Parce que j'ai reçu quelques propositions de ce genre de la part de troupes de danse sur Twitter, mais je pensais que c'était des canulars.

Voyant que son ami est intrigué, il lui raconte toute l'histoire et lui montre les messages ; après les avoir lus, Jimin secoue la tête.

— Je pense que ce sont de vraies propositions. Je ne sais pas si tu t'en rends compte, Jungkook, mais tu as tout déchiré, là-bas. La vidéo n'est pas devenue virale pour rien. Tu as montré au monde que tu avais du talent, et le monde te veut, maintenant.

— C'est une chose à laquelle j'aurai toujours un peu de mal à croire, je pense, répond Jungkook, sonné.

— En tout cas, la proposition de Big Hot est absolument fondée. Je suis en train de te préparer psychologiquement, là, mais attends-toi à ce qu'ils te contactent sous peu pour t'en parler. Est-ce que ça t'intéresse ?

Et là, brusquement, Jungkook voit le problème se dessiner.

— C'est pour ça que tu m'as dit que c'était indirectement lié à Tae ? Parce qu'on me propose un emploi dans la société qui le produit ?

— Oui. Il est aux États-Unis pour l'instant, mais il finira par rentrer, j'imagine, même s'il cartonne comme un dingue là-bas. Et quand il rentrera, il viendra forcément répéter dans les studios. Toute la question, c'est : est-ce que tu peux, ou veux, travailler là où il se trouve ?

Jungkook y réfléchit, mais tombe très vite sur une simple réponse :

— Le problème n'est pas là. La question, c'est si lui m'en voudra ou pas d'accepter un travail dans sa boîte. Je ne veux pas lui imposer ma présence après l'avoir quitté aussi cruellement.

— Je ne sais pas si tu devrais y réfléchir de cette façon, dit Jimin d'un ton pensif. Tu ne peux pas refuser un boulot qui pourrait t'ouvrir des opportunités en or juste parce que tu as peur de heurter les sentiments de ton ex.

Il n'a pas tort là-dessus, songe Jungkook, mais c'est tout de même sacrément important de ne pas faire à Tae plus de mal qu'il ne lui en a déjà fait.

— J'ai déjà un boulot, en plus, ajoute-t-il. J'aime l'école de danse, je m'y sens bien.

— Oui, mais c'est temporaire, non ? L'ancien prof finira peut-être par revenir. En plus, si tu veux continuer à travailler là-bas, rien ne t'en empêche. Chorégraphe, ce n'est pas le boulot le plus prenant au monde. Moi, je fais ça à temps plein parce que je m'occupe de plusieurs artistes en même temps, mais si tu gères seulement T&T, je pense que tu auras tout le loisir de continuer à donner tes cours. Et puis, c'était ce que tu voulais faire, non ? Quand on était tout gosses. Tu voulais inventer des chorés sur lesquelles danseraient des artistes célèbres.

— Je le fais, répond faiblement Jungkook. À l'école.

— Oui, pour un spectacle qui a lieu une fois par an. Là, tu pourrais faire ça tous les mois, toutes les semaines. Ça ne te plairait pas ?

— Si, avoue-t-il. Si, bien sûr, c'est mon rêve. Mais Taehyung...

— Taehyung comprendra qu'il ne peut pas t'empêcher de travailler là où tu es embauché. Ne choisis pas en fonction de Taehyung, Kookie.

Jungkook s'agite sur sa chaise, mal à l'aise.

— Big Hot t'appellera bientôt. Tu y réfléchiras, ok ?

— Ok, promet Jungkook.

Travailler pour Big Hot.

Ce serait gravir un échelon en plus vers son rêve. Il ne voit pas comment il pourrait dire non.


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