Chapitre 2


Kim Taehyung est un bon garçon.

On pourrait croire, étant donné son statut de star nationale (et imminemment internationale, à en croire son dernier single uniquement en anglais qui cartonne sur les ondes étrangères), d'idol vénéré partout où il passe, qu'il prendrait facilement le melon : les hurlements d'une foule en délire principalement composée de filles ont tendance à faire cet effet-là, en général.

Mais ce serait une erreur. Kim Taehyung n'est pas faussement modeste, parce qu'il sait ce qu'il vaut, il sait qu'il chante bien, qu'il danse bien et qu'il est beau ; mais il n'est pas vaniteux pour autant. La loterie génétique a joué une grosse part dans l'attribution de ses talents, il en est conscient, alors il n'y a pas de quoi se vanter. L'important, c'est de travailler, travailler encore, sans relâche, pour que ses dons ne soient pas gaspillés.

On pourrait également s'attendre à ce qu'il se serve parmi les filles et les garçons qui se jettent à ses pieds, qu'il les prenne par treize à la douzaine, et qu'il les jette le lendemain tel un mouchoir usagé, comme ce que font souvent les stars. Comme, certainement, ce qu'a pensé le  ̶s̶t̶r̶i̶p̶t̶e̶a̶s̶e̶u̶r̶  policier si sexy qui est venu lui dire d'arrêter de faire du bruit. Et ce serait une autre erreur, parce que Taehyung est secrètement un grand romantique.

Bien sûr, ce n'est probablement pas ce qu'a compris l'officier lorsqu'il a commencé à le draguer éhontément. Mais Taehyung était coincé : que pouvait-il faire d'autre, en voyant l'homme de ses rêves débarquer sur le palier, sachant que celui-ci allait disparaître de sa vie définitivement cinq minutes plus tard ? Il a crânement tenté sa chance... et il a probablement fait peur à l'homme, qui n'a même pas voulu lui donner son nom.

Officier.

C'est comme ça que Taehyung l'appelle, dans sa tête, du coup, maintenant qu'il est parti.

Une dernière chose qu'on pourrait croire, concernant Taehyung : que l'Officier est sorti de ses pensées à l'instant même où il est sorti de son immeuble.

Mais ce serait la pire des erreurs.

— J'ai rencontré quelqu'un, Jiminie, annonce-t-il d'un ton rêveur à son meilleur ami pendant un rapide coup de fil entre deux sessions d'enregistrement de chansons.

À l'autre bout du téléphone, il y a un léger silence. Jimin, lui, sait que Tae ne tombe pas facilement dans les bras des gens, et il sait ce que ça veut dire lorsqu'il déclare que quelqu'un lui plaît.

— Comment il s'appelle ?

— Je sais pas, avoue Taehyung, dépité.

— Tu sais pas ? Tu l'as rencontré où ?

— Il est venu me dire de mettre la musique moins fort hier soir.

— ...C'est un de tes voisins ?

Taehyung grimace.

— Non... Un flic.

— Oh mon dieu, Taehyung, grogne Jimin.

— J'y peux rien ! s'exclame Taehyung, embarrassé. Tu l'aurais vu ! Il était à tomber par terre, Jimin, je te jure... Même toi, tu en aurais bavé.

Jimin lâche un petit rire. Contrairement à Taehyung, son meilleur ami est un coureur de jupons aguerri, mais il ne s'intéresse qu'aux filles, généralement. Ce qui n'est pas plus mal, pense Taehyung en cet instant, parce qu'il n'a pas envie d'être en compétition avec Jimin au sujet de son Officier.

Enfin. Si jamais il le revoit un jour, du moins. Ce qui le ramène à son problème principal.

— Je ne connais pas son nom, je ne sais pas de quel commissariat il vient, je ne sais pas quand il travaille, soupire-t-il. Je ne sais absolument rien. Comment je vais bien pouvoir le retrouver ? Je ne peux pas faire le tour de tous les commissariats de la ville.

— Tu sais qu'il travaille le mardi soir, déjà, fait remarquer Jimin. Tu peux organiser une fête et refaire la zumba jusqu'à ce qu'il revienne.

Taehyung en reste bouche bée.

— Jimin, tu es un génie.

— Et cette fois, je veux être là ! Je veux savoir à quoi il ressemble.

— J'aurais dû prendre une photo, se lamente Taehyung. (Puis, une idée terrible le frappe.) Et si jamais ce n'était pas lui qui revenait ?

— Dans ce cas... il ne te restera effectivement plus qu'à faire tous les commissariats de la ville.

— Urgh, grogne Taehyung. Mais s'il le faut, je le ferai.

Tout en jonglant entre ses diverses occupations, interviews, enregistrements, entraînements, et le reste, Taehyung ne pense qu'à sa prochaine fête, et à la possibilité de revoir son bel officier. Contrairement à sa soirée disco, pour laquelle son appartement était bondé (pour être honnête, la soirée était juste un prétexte pour pouvoir remettre ce fabuleux costume vert Gucci qu'il portait pendant le tournage de son dernier clip, et qu'il a tellement aimé qu'il l'a racheté à la production ensuite), cette fois, il n'invite que peu de monde, désireux de ne pas laisser trop de ses amis poser les yeux sur son policier. (De ce qu'il en sait, il est le seul à être bi parmi eux, mais l'inconnu est si beau qu'il pourrait bien en pousser quelques-uns à vouloir virer leur cuti. Taehyung préfère se montrer prudent.)

Par chance, dans son emploi du temps compliqué, il a son mardi soir de libre, et dès qu'il se libère de ses obligations, il fonce acheter des snacks et de l'alcool et appelle ses amis pour leur annoncer la soirée improvisée. Personne ne s'étonne ; Taehyung aime beaucoup faire la fête.

Finalement, de dix amis invités, ils se retrouvent à une trentaine dans l'appartement, chacun ramenant un pote, et chaque pote ramenant un autre pote. Taehyung se sent un peu contrarié au début, mais après tout, il faut de l'ambiance pour faire un bon tapage nocturne, et là, au moins, il est sûr d'y arriver.

Jimin arrive vers vingt-deux heures, à la fin de sa journée de travail.

— Le nouveau groupe est un casse-tête ! crie-t-il à Taehyung pour que celui-ci l'entende par-dessus le volume de la musique. Il n'y en a aucun qui sait danser !

Ce dernier lui tapote l'épaule pour le réconforter, mais il comprend sa frustration. La société de production qui gère actuellement sa carrière solo, Big Hot, produit trois boys bands, et s'apprête à lancer la carrière d'un quatrième. Et c'est le boulot de Jimin, chorégraphe pour ladite société, d'apprendre à danser aux six adolescents chanceux qui ont été retenus parmi de nombreux stagiaires pour la sélection finale.

— On n'était pas si nuls que ça, nous, si ? soupire son ami.

— Non. Et pourtant, on n'a pas décollé pour autant.

— Parce que les chansons qu'on nous faisait chanter étaient nulles, grogne Jimin. Pas parce qu'on n'avait pas de talent. Sinon, tu ne serais pas en train de faire une carrière solo du feu de dieu.

Taehyung est plutôt d'accord. Ils avaient tout pour réussir, sur le papier, en tant que boys band : trois membres à la personnalité intéressante (lui, Jimin, et un troisième de trois ans plus âgé, Seokjin, qui est à présent le chef de son équipe de relations publiques à Big Hot), du talent à revendre, une maison de production déjà connue dans le milieu pour leur faire du battage médiatique aux débuts de leur groupe, BTV. Ce qui leur a manqué, c'était de bonnes chansons adaptées à leur image – et peut-être la motivation de continuer en voyant leur faible succès. Seokjin a fini par jeter l'éponge, un an et demi à peine après leurs débuts. Il s'est d'abord reconverti en manager, puis en attaché de presse ; Jimin a été embauché par la boîte comme chorégraphe, et Taehyung, qui voulait absolument continuer les prestations scéniques, a pris comme nom de scène le V de BTV et s'est lancé dans une carrière solo.

Il ne regrette absolument pas sa décision, même si parfois, les moments où il était sans cesse fourré avec ses deux compères lui manquent.

— Alors ? enchaîne Jimin. Pas de nouvelles du fameux policier ?

— Pas encore, dit Taehyung, mais il n'est que vingt-deux heures. La dernière fois, il était arrivé vers quatre heures du matin.

— Quatre heures du matin ? J'espère qu'il viendra plus tôt, cette fois. Je suis crevé et je bosse tôt demain.

— Moi aussi, maugrée Taehyung. J'ai le tournage d'une pub à sept heures. Les maquilleuses vont me haïr si je me pointe après une nuit blanche. Eh, les gars ! Augmentez le volume !

Un hurlement enthousiaste généralisé lui répond, et l'instant d'après, les murs se mettent à trembler sous l'effet des basses.

— Avec ça, s'il débarque pas dans la demi-heure, je comprends plus rien, commente Taehyung. Comment tu me trouves, au fait ?

Le costume vert Gucci a eu l'air de faire effet, la semaine précédente, mais pas le bon, visiblement, à en croire la façon dont l'inconnu a repoussé ses avances. Par ailleurs, Taehyung ne peut décemment pas se montrer à son Officier en train de porter deux fois les mêmes vêtements ; il a donc opté pour un changement de style, et choisi de mettre un pantalon noir moulant et déchiré aux genoux, accompagné d'un tee-shirt noir à l'effigie de Gucci surmonté d'un gilet en mohair trop large qui lui tombe sur les épaules. Il n'aurait pas dédaigné un béret pour aller avec, mais il a toujours sa permanente de la journée, ses cheveux blonds un peu ondulés lui revenant sur le front, et il l'aime trop pour la couvrir. Par contre, il ne peut pas résister au plaisir d'enfiler à nouveau ses lunettes de soleil ambrées.

Jimin l'observe silencieusement, puis hoche la tête, approbateur.

— Dieu merci, tu n'as pas mis de pantalon extra-large ou de chemise bariolée.

— Quoi ?! s'exclame Taehyung, indigné. Tu n'aimes pas mes chemises bariolées ? Elles sont fashion !

— Fashion, indubitablement. Sexy, ça reste à voir. Montre tes cuisses, bon sang ! T'essaies de le séduire ou quoi ?

Ça n'a rien de surprenant venant de Jimin, le fervent partisan des pantalons moulants, mais Taehyung préfère d'ordinaire laisser certaines choses à l'imagination.

Toujours est-il que Jimin a raison. Son policier s'est déjà montré distant la dernière fois ; il lui faut des arguments un peu plus frappants, sinon il n'arrivera jamais à le prendre dans ses filets.

Lorsqu'on tambourine à la porte, son cœur fait un bond dans sa poitrine (et lui-même fait également, même s'il ne l'admettra jamais, un bond contre le mur ; il s'est placé dans le couloir dans cette optique-là, mais il ne s'attendait pas à ce que son Officier vienne si tôt dans la soirée ; il n'est que vingt-deux heures trente).

Mais quand il ouvre la porte, la déception est cruelle. À la place de l'homme idéal, se tient la vieille chouette rabougrie qui lui sert de voisine du dessous. Soixante ans et indécemment riche, elle ne sort jamais sans son caniche pomponné et son manteau en véritable vison. Taehyung la hait avec passion, et elle le lui rend bien.

— C'est pas bientôt fini, ce boucan ?! Chaque semaine, c'est la même chose ! s'exclame la voisine. Je vais encore appeler la police ! Vous n'avez pas honte de...

— C'est ça, c'est ça, coupe Taehyung pour mettre fin à la litanie de reproches qui s'annonce. Appelez la police, je ne demande que ça.

En vrai, il peut au moins lui être reconnaissant d'une chose : c'est elle qui a fait apparaître l'Officier sur son paillasson. Elle mériterait presque qu'il la prenne dans ses bras, si elle n'empestait pas tellement le parfum.

Il referme la porte avant qu'elle ait fini de parler et regarde par le judas, curieux ; la vieille sorcière continue à proférer des imprécations sur le palier pendant au moins cinq minutes avant de reprendre la direction de son appartement, probablement pour appeler une nouvelle fois la police. Cette fois, c'est la bonne.

— Et si c'est pas lui qui vient ? demande Jimin, assis par terre dans le couloir.

— Parle pas de malheur, frissonne Taehyung en se laissant glisser à côté de lui. Il le faut. Comment je vais faire pour le retrouver, sinon ? Et pourtant, j'ai regardé son matricule sur sa chemise. Mais je ne me souviens plus des chiffres. KNP800 quelque chose...

— C'est pas ça qui va nous aider, soupire Jimin. Il ne te reste plus qu'à prier.

— Je ne fais que ça depuis une semaine, rétorque Taehyung. "Oh, Dieu des beaux gosses là-haut, prie pour que ce soit mon Officier qui vienne toquer à ma porte pour tapage nocturne". S'il veut m'arrêter, aussi, je ne dis pas non. Tant qu'il prend ses menottes.

— Trop de détails, grogne Jimin en se bouchant les oreilles. Garde tes fantasmes pour toi !

Taehyung lâche un petit rire et se relève, trop excité pour rester en place. Il fait bien attention à ce que personne ne baisse le volume, même si le niveau sonore dans la pièce en devient presque douloureux, et n'arrête pas de faire des allers-retours entre la porte d'entrée et la fenêtre de son appartement, pour voir si la police arrive.

Jimin le rejoint et ouvre la fenêtre pour mieux se pencher ; quand ils voient que la petite rue en bas est complètement déserte, ils lèvent les yeux vers la ville, accoudés au rebord.

— T'as quand même une sacrée vue, marmonne Jimin.

C'était exactement ce que Taehyung voulait. Plus que son succès sur les ondes radio, dans les remises de prix, dans le cœur des fans, cet appartement lui donne vraiment l'impression d'avoir réussi sa vie. À cette hauteur, il a une perspective imprenable sur absolument tout Séoul, sur le fleuve Han, en bas, qui scintille sous les rayons du soleil en journée et qui renvoie les lumières de la ville la nuit, sur les montagnes qui bordent Séoul.

— C'est bien pour ça que je l'ai acheté à un prix exorbitant, répond-il. Ça ne te dirait pas, une colocation ?

Jimin lui adresse un petit sourire. À chaque fois que Taehyung aborde le sujet, il a l'air tenté, mais pas assez tenté pour prendre une véritable décision. Cette fois, il rétorque :

— Et si tu emménages avec ton petit policier ensuite, qu'est-ce que je deviendrai ?

— On fera un ménage à trois, répond Taehyung, pince-sans-rire.

Jimin éclate de rire.

— Comme si tu allais le partager avec moi.

— T'as raison, avoue Taehyung. Il est à moi tout seul.

Jimin glousse doucement en marmonnant quelque chose comme "s'il savait que tu es déjà en train de prévoir votre futur mariage...", lorsque Taehyung, aux aguets, repère une voiture aux gyrophares bleus et rouges qui se gare en bas.

— Il est là ! s'exclame-t-il en saisissant le bras de Jimin, qui semble brûlant sous ses doigts glacés. Il est là !

Intéressé, Jimin se penche. Taehyung, pris de vertige pour lui, le saisit pour le ramener en arrière.

— T'inquiète, sourit Jimin, je ne vais pas tomber. J'ai juste envie de mieux voir.

Mais à cette distance, la voiture semble à peine plus grosse qu'un lego, et la silhouette qui en descend est encore moins discernable.

— C'est lui ? C'est lui ?? demande Jimin, excité.

Taehyung se penche à son tour, les mains fermement accrochées au rebord de la fenêtre, et plisse les yeux ; mais il est myope comme une taupe, et en dépit ses lentilles de contact, de si loin, il ne voit rien de plus qu'une silhouette noire qui se dirige vers l'entrée.

— On va le savoir très vite, répond-il en bondissant vers le couloir dès que la silhouette disparaît dans le hall d'entrée.

Le cœur tambourinant dans la poitrine, excité comme un gamin, il se poste derrière la porte, les mains de chaque côté, et colle son œil au judas pour espionner l'arrivée du policier.

— Alors ? Alors ? insiste Jimin à côté de lui, un grand sourire aux lèvres, contaminé par l'excitation de son meilleur ami.

— Chut !

— C'est pas comme s'il allait nous entendre, avec ce bruit...

Brusquement, le haut d'une silhouette vêtue de noir apparaît de l'autre côté du judas, et Taehyung bondit en arrière, surpris.

— C'est lui ? demande Jimin aussi bas qu'il lui est possible de poser la question, avec le volume à fond dans la pièce d'à côté.

Taehyung hoche frénétiquement la tête. Ses lunettes de soleil manquent d'en tomber par terre, mais il s'en fiche : c'est bien lui ! Surexcité, il se penche à nouveau vers le judas et l'observe en silence, la main sur la bouche pour masquer sa respiration (que l'autre ne risque pas d'entendre, mais on ne sait jamais). Il le voit lever la tête vers la porte et soupirer, puis arranger rapidement ses cheveux et sa chemisette noire (oooh ! Est-ce qu'il voudrait se faire beau ?) et enfin, sans même prendre la peine de sonner, il serre le poing et le frappe violemment contre la porte, qui vibre à quelques millimètres du nez de Taehyung.

Celui-ci prend le temps de regarder Jimin, qui lui rend un énorme sourire.

— Reste caché, murmure Tae, il va trouver ça bizarre si on est deux à ouvrir.

— Mais je veux le voir ! marmonne Jimin.

— Discrètement, alors.

Taehyung ouvre la porte, qui masque efficacement Jimin.

— Bonsoir, Officier, dit-il, rayonnant. J'ai encore mis la musique un peu trop fort ?

Décidément, il est encore plus beau que dans son souvenir, avec ses cheveux noirs qui lui tombent sur le front, ses yeux ronds et ses lèvres pleines, son air à la fois innocent et exaspéré, et bien entendu, son uniforme de policier qui fait dire à Taehyung qu'il a peut-être une sorte de fétichisme dont il était jusque-là inconscient.

— Kim Taehyung, répond l'autre. J'avais dit que si je devais revenir, il y aurait des sanctions.

(Oh ! Au moins, il connaît son nom – il sait qui il est. Ça paraît logique, puisque son visage est affiché à peu près partout en Corée, mais c'est déjà ça.)

— Je suis prêt. Vous avez apporté vos menottes ?

Les joues du policier se mettent instantanément à flamber, une réaction qui ravit Taehyung. Il y a peut-être moyen de faire quelque chose, finalement. Derrière lui, il aperçoit du coin de l'œil Jimin se décaler subrepticement vers l'ouverture de la porte pour observer le nouvel arrivant à son tour, et...

— Jungkook !

Taehyung ne comprend pas ce qui se passe. L'instant d'avant, Jimin était à côté de lui, derrière la porte, et maintenant, il a bondi par l'ouverture et serre dans ses bras le policier. Son policier !

— Jimin ! s'exclame Taehyung, scandalisé.

Après cinq secondes de trop, Jimin se recule enfin et prend l'homme par les épaules, l'air à la fois incrédule et extatique.

— Jeon Jungkook ! répète-t-il. Mais qu'est-ce que tu fais ici ? Tu es flic ?!

Oh. Ils se connaissent. Intéressant développement, si on met de côté la jalousie qui affleure dans les entrailles de Taehyung. Jeon Jungkook ? C'est son nom ?

Jeon Jungkook. Son Officier s'appelle Jeon Jungkook.

— Jimin-hyung ! s'exclame ledit Jeon Jungkook, que Taehyung voit sourire pour la première fois. (De petites fossettes se creusent dans ses joues. C'est beaucoup trop adorable.) Qu'est-ce que tu fais ici, toi ? Ça fait des années qu'on ne s'est pas vus !

— Des siècles ! renchérit Jimin. Mais entre, on va pas rester sur le palier !

À ces mots, Jungkook semble hésiter.

— Je ne peux pas... Je suis en service...

Il lève les yeux vers Taehyung, qui n'a toujours pas décidé s'il était ravi de ce retournement de situation ou jaloux de voir son Jimin et son Officier si proches l'un de l'autre ; finalement, il lui adresse un énorme sourire rectangulaire et ouvre la porte en grand pour le faire entrer.

— Dix minutes, ça ne changera pas grand-chose, dit-il. Vous n'aurez qu'à dire que la situation a été difficile à maîtriser si on vous pose des questions.

Jungkook pose à nouveau un regard interrogateur sur Jimin, qui hoche la tête vivement, tandis que Taehyung ordonne à ses amis de baisser le son (un ordre immédiatement suivi lorsque les autres découvrent qu'il y a un policier parmi eux). Puis ses fossettes se creusent à nouveau (ne pas mourir, Tae, ne pas mourir), et il répond :

— D'accord, mais pas longtemps.

Dommage, pense Taehyung. Il l'aurait bien gardé toute la nuit.

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