Chapitre 16

Bonjour à toutes et à tous :) 

Avertissement : Vous avez peut-être remarqué que le rating de cette histoire est passé à "adulte". En effet, il y a du smut dans ce chapitre. Si ce n'est pas votre tasse de thé, sentez-vous libres de le passer, ça n'aura pas d'impact sur votre compréhension de l'histoire.

Bonne lecture !


Lorsque Jungkook se découvre dans les tendances mondiales de Twitter, il manque de faire une syncope. C'est en lisant un message de Jimin, après qu'il se soit réveillé malheureusement seul dans son lit, qu'il prend connaissance du retentissement de l'affaire.

Jimin

Comment tu te sens ? Ça va mieux, ton bras, depuis hier ? En tout cas j'ai vu les vidéos sur Twitter, c'est OUF ce que t'as fait ! Je suis impressionné !

Moi

Comment ça, sur Twitter ?

Jimin

Va dans les tendances mondiales et tu verras.

Et il voit. Un peu trop, peut-être. Au moins trois ou quatre vidéos différentes qui le montrent en train de faire une prise de jujitsu, le bras plein de sang, tandis que Taehyung est étendu sur les marches à côté. C'est toujours aussi impressionnant de revoir la scène, surtout lorsque Taehyung tombe vraiment sans douceur.

Mais le pire, ce sont, comme lui dit Jimin, les tendances mondiales. Elles sont en anglais, mais à l'aide de Papago, il traduit les mots qu'il ne connaît pas.

#Kim Taehyung assaulted
Ça, ça veut dire : "Kim Taehyung agressé".

#V Knife Attack
Ça, ça veut dire : "l'attaque au couteau sur V".

#Who is V's Hot Bodyguard ?
Ça... ça se passe de traduction.

Jungkook écarquille les yeux. Il y a plus de cinquante mille tweets sur ce troisième hashtag, et des photos de lui qui circulent (sans Taehyung, juste lui), avec son expression intense et sa chemise trempée de sang. Les gens trouvent ça sexy. Jungkook a eu la peur de sa vie, mais les gens trouvent ça sexy.

Brusquement, il a du mal à respirer. Son lit, ses murs, lui paraissent trop étroits, il a l'impression que le monde est en train de se refermer sur lui, qu'il n'est plus en sécurité même dans l'intimité de sa chambre. Ses jambes tremblent.

Sans même réfléchir, il se lève (il porte toujours cette putain de chemise ensanglantée, et ce putain de bras lui fait encore plus mal qu'hier) et déboule dans le studio de Yoongi sans même frapper à la porte.

Habituellement, il est toujours impressionné quand il rentre dans cette pièce. Yoongi l'a complètement transformée pour ses besoins d'auteur-compositeur-producteur indépendant. Il y a toute une armada de micros, d'écrans, il y a même un piano numérique sur le côté, et plusieurs guitares. Yoongi a condamné la fenêtre avec des plaques en bois et a tout insonorisé en mettant du revêtement spécial partout aux murs et sur la porte. L'endroit sent la menthe poivrée et le tabac froid, une odeur que Jungkook adore, et qu'il associera pour toujours à son colocataire.

Mais cette fois, il ne fait absolument pas attention à tout ça et fonce vers Yoongi, qui sursaute violemment lorsqu'il le voit débarquer.

— Jungkook ! s'exclame-t-il en enlevant son casque audio. J'ai mis le panneau "ne pas déranger" !

Le panneau est sacré pour Yoongi – et pour Jungkook, qui a déjà eu à subir les colères noires de son colocataire parce qu'il ne l'avait pas respecté, et qui ne tient pas à recommencer.

Mais là, il a l'impression qu'il va s'évanouir, et il a besoin d'aide.

L'expression agacée de Yoongi change aussitôt lorsqu'il se rend compte que Jungkook porte toujours sa chemise tachée et qu'il est pâle comme la mort. Aussitôt, il bondit de son fauteuil à roulettes et va le prendre par les épaules.

— Ça ne va pas ? Qu'est-ce qui se passe ?

— Hyung, je... je suis dans les tendances mondiales de Twitter, je...

Yoongi fronce les sourcils et prend le téléphone que lui tend Jungkook. Ses yeux courent sur l'écran pendant quelques instants, puis il soupire.

— Ok, Jungkook. Assieds-toi, dit-il en le poussant doucement sur sa chaise. Respire un grand coup. Tu veux un verre d'eau ?

Jungkook hoche la tête, et Yoongi lui caresse les cheveux.

— Je vais t'en chercher un. Respire, ok ? Compte dans ta tête à chaque respiration.

Sans prévenir, il disparaît de son champ de vision, et Jungkook essaie de suivre ses instructions et d'inspirer profondément. Chaque bouffée qu'il prend a l'odeur du studio, cette odeur de tabac et de menthe poivrée, et c'est surtout ça qui le calme. Lorsque Yoongi revient quelques minutes plus tard avec un verre d'eau, il a déjà les jambes qui tremblent un peu moins.

— J'ai appelé Jimin, dit Yoongi en lui mettant le verre d'eau dans les mains. Il a dit qu'il arrivait. Il sera là dans un quart d'heure. D'ici là, tu vas rester assis et boire ton verre d'eau et respirer profondément. D'accord ?

— D'accord, souffle Jungkook.

Pendant ce quart d'heure d'attente, Yoongi reste agenouillé à côté de lui en silence et lui caresse le genou – un rythme régulier qui aide beaucoup à réguler la respiration et les battements de cœur de Jungkook. De temps en temps, il murmure : « Ça va aller, t'inquiète pas. Ça va aller », avant de se taire à nouveau, et Jungkook ne pensait pas que le silence pouvait être si utile. Ça lui laisse le temps d'ordonner ses pensées sans se laisser gagner par la panique.

Quinze minutes plus tard montre en main, Jimin entre dans l'appartement, et Yoongi, en l'entendant, aide Jungkook à se lever et l'emmène dans le salon.

— Désolé de t'avoir appelé, Chim, dit-il. Je me suis dit que tu saurais mieux gérer que moi.

— Et puis, tu voulais travailler en paix, le taquine Jimin. T'inquiète, je m'en occupe.

Vaguement, Jungkook se demande depuis quand ses deux amis sont devenus aussi proches, et il se sent aussi coupable d'avoir dérangé Yoongi alors qu'il faisait visiblement quelque chose d'important, mais ce ne sont que des pensées de fond, secondaires, étouffées par l'anxiété qu'il continue à ressentir. Son colocataire lui passe une dernière fois la main dans les cheveux et lui adresse un sourire avant de retourner dans sa chambre ; lorsqu'il disparaît, Jimin prend le bras de Jungkook, avant de reculer avec une grimace d'horreur.

— Oh, la vache. Tu t'es couché comme ça ? Tu vas aller prendre une douche tout de suite !

— Jimin... Les tendances Twitter...

— Va prendre une bonne douche, et avec un peu de chance, tu ne seras même plus dans ces foutues tendances quand tu sortiras de là.

Jungkook n'a pas du tout envie d'aller prendre une douche maintenant, mais Jimin le pousse doucement vers la salle de bain.

— Je reste derrière la porte si tu veux qu'on parle, propose-t-il.

Et bizarrement, après cette proposition, Jungkook ne proteste plus. Les cheveux pleins de mousse et le bras emballé dans du film alimentaire pour protéger son bandage, il raconte à Jimin ce qui le tracasse :

— Et si jamais les gens faisaient le lien entre cette vidéo et les photos qui sont parues il y a un mois et demi ?

— Et alors ? répond Jimin, assis sur les toilettes derrière la cloison opaque de la douche. Qu'est-ce que ça peut faire ?

— Et si jamais ils apprenaient qui je suis ? Que je suis gay ?

— Ils s'en remettront.

— Eux oui, mais ça pourrait affecter Taehyung !

— Si le scandale de ses potes en train de prendre de la cocaïne chez lui a réussi à booster la vente de ses albums, c'est pas le fait d'avoir un ami gay qui va plomber sa carrière, Jungkook.

Peut-être – en tout cas, Jungkook l'espère de tout son cœur.

— Au fait, reprend Jimin, il est resté dormir chez toi, hier soir ? Il s'est passé quelque chose ?

Jungkook se met à rougir. Heureusement que Jimin ne peut pas le voir.

— Hé ! Reste pas silencieux ! Raconte ! Il s'est passé quelque chose, hein ? Si tu ne me le dis pas, j'appelle Taehyung pour lui demander.

— Ok, ok, concède Jungkook. Il m'a dit qu'il m'aimait.

Quoi ?! Wow, je pensais pas qu'il aurait le courage. Et qu'est-ce que t'as répondu ?

— Ben... Je l'ai embrassé.

QUOI ? s'exclame Jimin encore plus fort. C'est vrai ?! Pourquoi tu ne me l'as pas dit dès le début ?

— Parce que je savais que tu allais réagir comme ça, grogne Jungkook en se cachant le visage dans les mains.

— Ouaah, mes deux meilleurs amis ensemble, je suis trop content, se réjouit Jimin. Enfin, vous êtes ensemble, hein ? Je veux dire, officiellement ?

Jungkook ne peut s'empêcher de glousser.

— Tae m'a posé la même question ce matin. Oui, on est ensemble.

Puis il se souvient des tendances Twitter, et cette pensée suffit à jeter un froid sur son exaltation.

— On est ensemble, continue-t-il d'une voix plus sombre, mais on n'aura pas le droit de faire le moindre faux-pas. Probablement pour les années à venir.

— Ne pense pas à ça, conseille Jimin. Ça ne sert à rien de te prendre la tête là-dessus. Tu as fait un choix, non ? Tu savais que ce serait compliqué, mais tu l'as embrassé quand même. Tu gèreras les problèmes quand ils se présenteront.

Jungkook hoche la tête, avant de se rappeler que Jimin ne peut pas le voir.

— Ça ne me dérange pas de rester caché. Au contraire, je préfère que personne ne le sache. Mais... Enfin, tu les as vues, les vidéos d'hier. Ça se voit.

— Que vous en pincez l'un pour l'autre ? Comme le nez au milieu de la figure.

— Comment on pourra cacher ça ? se demande Jungkook à voix haute, plus pour lui-même que pour son ami.

— Vous trouverez une solution, répond Jimin fermement.

Pendant un instant, Jungkook est submergé par une bouffée d'affection pour son ami, optimiste envers et contre tout.

— Merci, hyung.

Il saisit la serviette posée sur le haut de la cabine de douche et s'enroule dedans avant d'ajouter :

— Et merci d'être venu quand Yoongi t'a appelé... Tu devais être occupé, non ?

— Rien qui soit plus important que mon plus vieil ami, répond Jimin avec un sourire dans la voix.

Une nouvelle fois, Jungkook sent son cœur se gonfler de tendresse, et ne peut s'empêcher de soupirer :

— Je regrette qu'on se soit perdus de vue pendant dix ans. J'aurais dû essayer de trouver ton nouveau numéro de téléphone. J'aurais dû aller chez tes parents pour leur demander. Je suis désolé, hyung.

— Tu aurais dû répondre à mes coups de fil, déjà, plaisante Jimin.

Derrière la cloison de la douche, Jungkook se fige. Enveloppé dans sa serviette, il entrouvre la porte et fixe Jimin, les yeux ronds.

— Quels coups de fil ?

Jimin, à son tour, lève un regard surpris sur lui.

— Ceux que j'ai passés ? répond-il. Je t'ai appelé. Des dizaines et des dizaines de fois. Tu n'as jamais voulu me parler.

— Quoi...?

Jungkook sort de la douche et Jimin se lève. Les deux se fixent, l'air éberlué.

— Tu ne m'as jamais appelé, dit Jungkook. Je n'ai jamais reçu de coup de fil.

— Hein ? Mais... Je suis même venu chez toi, Kookie. Pendant les vacances. Ta mère disait que tu ne voulais pas me voir. Quand j'appelais chez toi, elle disait que tu ne voulais pas me parler. J'ai cru que tu étais en colère que je sois parti sans toi.

Jungkook sent un frisson glacial lui parcourir l'échine. Il a toujours été triste de voir que Jimin n'avait jamais cherché à le recontacter après son départ ; mais Séoul, la grande ville, et sa nouvelle école de danse, ses nouveaux amis : il pensait sincèrement que Jimin avait mieux à faire que de prendre des nouvelles de lui, le gamin qui s'était cassé la jambe le jour de l'audition. Renfermé sur lui-même après l'accident, déprimé de devoir faire une croix sur son rêve, l'estime de lui-même au ras des pâquerettes, il pensait que c'était bien naturel que Jimin ne veuille plus parler à un loser comme lui.

Rétrospectivement, connaissant Jimin, il se demande comment il a pu croire un instant à ces conneries.

— Je... Elle ne m'a jamais dit que tu avais appelé, bredouille-t-il. Je ne savais pas. Je croyais que tu étais tellement occupé que tu m'avais oublié.

Pendant un instant, il voit dans les yeux de Jimin le reflet de son expression effarée.

— C'est... C'est ta mère ? bafouille Jimin, aussi égaré que lui. Ta mère m'a menti ? Elle nous a menti à tous les deux ?

Jungkook serre les dents. Sa mère n'a jamais aimé Jimin, pour de nombreuses (et stupides) raisons ; mais de là à lui cacher que son meilleur ami avait appelé...

Il sursaute lorsque Jimin lui prend les mains.

— Kookie, je suis désolé... Je n'ai pas pensé qu'elle ne te passerait pas mes messages. Je savais qu'elle ne m'appréciait pas, mais je ne pensais pas que... Je suis désolé, j'aurais dû insister...

Jungkook se sent au bord des larmes. Il serre les mains de Jimin avec force.

— Non, ce n'est pas de ta faute. Ça... Ça me fait plaisir de savoir que tu as essayé. Que tu ne m'avais pas oublié comme je le croyais. Je suis désolé, hyung. Je ne t'ai pas oublié non plus. Je ne t'en ai jamais voulu d'être parti. Je m'en voulais à moi de ne pas être parti avec toi. J'aurais dû aller demander de tes nouvelles à tes parents... Quel con ! Si seulement j'avais eu le courage... On n'aurait pas perdu dix ans...

Et dire que depuis leurs retrouvailles, il n'a jamais voulu aborder le sujet pour ne pas mettre Jimin mal à l'aise ; celui-ci semblait heureux de le retrouver, et même si c'était surprenant, après son long silence, c'était tout ce qui comptait pour Jungkook. Rétrospectivement, il se rend compte que son ami a probablement fait exactement la même chose de son côté, avec la même idée en tête : ne pas réveiller les vieilles blessures et profiter du moment présent.

Une expression de tristesse désarmante sur le visage, Jimin lève la main pour caresser ses mèches de cheveux trempées.

— Ne te torture pas avec ça, dit-il. C'est du passé, maintenant. On s'est retrouvés. On ne se perdra plus jamais de vue, je te le promets. D'accord, Kookie ?

— Ok, souffle Jungkook, une boule dans la gorge. D'accord.

— Assieds-toi sur les toilettes, je vais te refaire ton pansement.

Jungkook ne proteste pas et se laisse tomber sur l'abattant, vidé de toute énergie.

La journée s'annonce décidément pourrie.

Lorsque Taehyung revient après son travail et qu'il sonne à la porte de l'appartement de Jungkook, le cœur de celui-ci fait un bond dans sa poitrine quand il le voit habillé avec ses propres habits. Sans même prendre le temps de fermer la porte derrière lui, Taehyung lève les bras et les enroule autour du cou de Jungkook, puis il l'embrasse.

Wow. Ils sortent ensemble, maintenant. Il va probablement mettre un moment à se faire à cette idée.

Bien entendu, ils se sont échangé des messages tout au long de la journée, mais Taehyung n'a pas mentionné les tendances Twitter et Jungkook ne lui a pas non plus parlé des crises successives qu'il a vécues. Mais Dieu qu'il est content de le revoir. C'est comme si tout ce qui avait alourdi son cœur toute la journée venait d'un coup de s'envoler.

— Tu sens bon, murmure Taehyung, le nez dans son cou.

— Meilleur que ce matin, c'est sûr, plaisante Jungkook.

— Tu m'as tellement manqué, ajoute Taehyung avec un soupir. Je n'ai plus l'habitude de passer des journées sans toi.

Jungkook enfouit son nez dans ses cheveux, incapable de réaliser qu'il est véritablement en train de serrer Kim Taehyung contre lui et de l'entendre dire toutes ces jolies choses. Il a l'impression que son cœur se dilate, qu'il va sortir de sa poitrine.

— Toi aussi, tu m'as manqué...

Un bruit dans le couloir les fait sursauter, et Jungkook se hâte de fermer la porte du bout du pied. Après ce qui s'est passé aujourd'hui, il n'a vraiment pas envie que quelqu'un les voie en train de se câliner.

— Tu les as vues, hein ? murmure Taehyung, toujours tout contre lui. Les vidéos et les tendances Twitter... Jimin me l'a dit.

Jungkook lève les yeux au ciel – évidemment que cette pipelette de Jimin est allée tout raconter à son meilleur ami. (Il espère juste qu'il n'a rien dit à propos de sa mère. Il n'a pas envie que Taehyung soit au courant.)

— J'ai... J'ai un peu paniqué, murmure-t-il. Ça me fait peur, les médias.

— Je sais, Kookie. On sera prudents, d'accord ?

— Et qu'est-ce que tu as décidé, pour moi ? Je peux rester ton garde du corps ?

— Oui.

Oui ? demande Jungkook en se reculant et en le prenant par les épaules. Répète-moi ça ?

— J'en ai parlé avec Seokjin et Namjoon, Seokjin pense qu'il est indispensable que je continue à en avoir un, et Namjoon pense qu'on ne risque pas trop de se faire attaquer à nouveau. Donc...

— Donc c'est oui, sourit Jungkook.

— J'ai toujours peur pour toi... Mais j'ai vu aussi la façon dont tu as mis ce mec au tapis, sur les vidéos, et je me suis dit que... Si vraiment tu veux continuer, le moins que je puisse faire, c'est de te faire confiance là-dessus.

Pour toute réponse, Jungkook l'embrasse (il n'arrive toujours pas à se rendre compte qu'il en a le droit, maintenant).

— Merci, murmure-t-il contre ses lèvres.

Il pourrait s'intoxiquer avec l'odeur de son souffle, le goût de sa langue, pense-t-il. Pourquoi est-ce qu'il a attendu si longtemps avant de se décider ?

Mais leur baiser est interrompu par Yoongi, qui ouvre la porte de sa chambre et s'arrête brusquement lorsqu'il les découvre en train de se dévorer les lèvres. Les trois hommes se fixent un instant, figés, puis un petit sourire se dessine sur les lèvres de Yoongi.

— Si tu dors ici toutes les nuits, je vais finir par croire que tu habites avec nous. T'avais pas un super appart ou je sais pas quoi ?

Évidemment, songe Jungkook, il ne devrait pas être surpris de l'acceptation silencieuse de Yoongi, qui sait déjà très bien qu'il est gay et qu'il en pince pour Taehyung, mais c'est quand même un énorme soulagement de savoir qu'il lui donne sa bénédiction malgré tout. Il ne sait pas ce qu'il aurait fait si son coloc lui avait battu froid comme ses anciens collègues en apprenant la nouvelle.

Taehyung, de son côté, a l'air fabuleusement gêné, si on en croit le rouge qui marbre ses joues et son cou.

— Euh... Oui... Désolé...

— Ne le prends pas au sérieux, il te charrie, se hâte de dire Jungkook.

— Pour le moment. Mais si vous commencez à faire trop de bruit pendant votre sport de chambre et que je vous entends depuis mon studio, vous vous relocaliserez très vite ailleurs, répond Yoongi, pince-sans-rire.

Cette fois, Jungkook devient aussi écarlate que Taehyung, et il maudit en silence son colocataire – heureusement, celui-ci décide de les laisser en paix et se dirige vers la salle de bain. Dans le silence qui suit, Taehyung pose sa tête sur l'épaule de Jungkook.

— Ok, c'était hyper gênant.

— Qu'est-ce que tu dirais qu'on essaie de ne plus s'embrasser sur le pas de la porte et qu'on attende d'être dans la chambre pour ça ? propose Jungkook.

— Mais c'est trop loin, la chambre, se plaint Taehyung. Il a raison, il faudrait que tu viennes chez moi. Il faudrait que tu viennes habiter chez moi, même ! ajoute-t-il d'un air rayonnant.

Jungkook lève les yeux au ciel, incapable de cacher son sourire.

— On s'est mis ensemble hier et tu me demandes déjà d'emménager ?

— Mais ce serait parfait ! continue Taehyung. On pourrait se voir tout le temps, et il y a genre cinq chambres dans mon appart, il y a largement la place, et...

Jungkook le coupe avec un baiser.

— J'y réfléchirai, répond-il pour l'apaiser (bien qu'il n'ait pas du tout l'intention de se jeter dans quelque chose d'aussi effrayant si tôt). En attendant, comment va ton dos ?

(Il ne demande pas ça pour savoir s'il pourrait le renverser sur son lit dans les minutes à venir. Pas du tout.)

— Ça va, répond Taehyung tout contre sa bouche. Rien qui m'empêche de faire tout ce que j'ai envie de faire.

— Et qu'est-ce que tu as envie de faire ? chuchote Jungkook.

La réponse est évidente quand on voit le petit sourire taquin de Taehyung. Sans rien dire, il le prend par la main et l'entraîne dans la chambre, où Jungkook a passé la majeure partie de sa journée et qu'il regrette de ne pas avoir un peu mieux rangée. Mais ce détail n'a très vite plus beaucoup d'importance lorsque Taehyung l'attire avec précaution sur le lit en faisant attention à son bras blessé.

— Je sais que ça risque d'être un peu compliqué, mais j'ai vraiment envie de te toucher, là, dit-il tout bas.

Et comment Jungkook est-il censé résister lorsqu'il lui dit ça ?

Réponse : il ne résiste pas.

Le cœur battant à toute allure, il laisse Taehyung lui enlever son tee-shirt blanc avec toutes les précautions nécessaires pour ne pas toucher son bras, et se délecte de son expression lorsque Taehyung pose les yeux sur son torse.

— Ouah, murmure-t-il, l'air émerveillé, en passant doucement le dos de ses doigts sur ses abdominaux. Kookie... Je ne vais jamais oser enlever mes fringues, maintenant, à côté de toi.

— J'espère bien que si, murmure Jungkook, qui a déjà les mains qui tremblent légèrement. À poil tous les deux ou rien du tout.

Taehyung relève les yeux vers lui, un sourire aux lèvres, et pose sa main sur sa joue avec tendresse.

— Puisqu'il est hors de question que ce soit rien du tout, ce sera tous les deux, alors. Mais interdiction de se moquer.

— Je ne vois pas comment je pourrais me moquer du plus bel homme sur lequel j'ai jamais posé les yeux.

Taehyung, désarçonné par son honnêteté brute, le regarde bouche bée, comme s'il avait du mal à le croire.

— Arrête de me flatter, marmonne-t-il, les oreilles écarlates.

Prenant soin de ne pas sourire, pour que Taehyung ne s'imagine pas que ce soit une blague, il tire à son tour sur le bas de son sweatshirt beige (ou plutôt, celui de Jungkook que Taehyung lui a emprunté) pour le lui enlever.

— Ce n'est pas de la flatterie, ajoute-t-il en faisant tomber le sweatshirt par terre. C'est ce que je pense vraiment.

Lorsqu'il relève les yeux vers Taehyung, celui-ci a l'air submergé par un trop-plein d'émotion, et Jungkook se prépare à l'impact en écartant son bras bandé, à raison ; l'instant d'après, Taehyung est enroulé autour de lui, les bras autour de son cou, les lèvres contre les siennes.

— J'ai envie de toi. Maintenant, murmure-t-il ensuite au creux de son oreille – et Jungkook sent tout le sang affluer à son entrejambe instantanément.

— Moi aussi, chuchote-t-il.

Il pourrait décider de faire durer le plaisir, de prendre son temps pour déboutonner le jean de Taehyung (son jean), mais il est sur le fil du rasoir – non seulement il n'a plus fait l'amour depuis très longtemps, mais en plus, c'est Taehyung qui est là, devant lui, et Jungkook a l'impression que son cœur va éclater.

(Ou son caleçon, au choix.)

Alors il se dépêche, et d'une main habile, fait glisser le jean sur les cuisses de Taehyung – qui porte un de ses boxers en dessous.

C'est déjà quelque chose de le voir porter un de ses sweatshirts, un de ses jeans, mais Taehyung dans un de ses boxers ! Jungkook se demande comment il est encore en vie, à ce stade. Son sang bat douloureusement dans ses tempes, pulse dans ses veines avec le désir qu'il ressent pour lui.

Il se dépêche de se débarrasser de ses propres habits, jusqu'à ce qu'ils soient tous les deux en sous-vêtements, chacun admirant le corps de l'autre.

— T'es trop beau, Jungkook, souffle Taehyung, donnant voix aux pensées que Jungkook nourrit à son sujet.

— Pas autant que toi, répond Jungkook tout bas. T'es carrément irréel.

Taehyung n'a même pas l'air de l'entendre, captivé par ce qu'il voit.

— J'ai trop de chance, chuchote-t-il presque plus pour lui-même que pour Jungkook. Trop de chance. Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? Pour te mériter toi ?

Jungkook ne sait pas s'il est vraiment digne d'être mérité – c'est lui, au contraire, qui ne mérite pas Taehyung, à son avis – aussi préfère-t-il pas répondre. Il ne saurait pas quoi dire, de toute façon. L'amour de Taehyung envers lui paraît toujours aussi incongru maintenant que la veille. Il se demande si cette sensation disparaîtra un jour.

Taehyung le fait tomber sur le lit, lentement, pour ne pas lui faire mal, et grimpe à quatre pattes au-dessus de lui.

— Ça t'embête si c'est toi qui t'allonges ? Ça va être douloureux pour mon dos, sinon.

— Tout me va, parvient à souffler Jungkook d'un ton à moitié étranglé, incapable de croire que Kim Taehyung soit en caleçon à quatre pattes sur lui.

— Mais j'ai envie que tu me prennes, ajoute Taehyung d'un ton aussi normal que s'il ne venait pas de donner une crise cardiaque à Jungkook. (Puis, il semble réaliser quelque chose, et prend une expression interrogatrice.) Sauf si tu préfères l'inverse ? J'aime les deux, alors dis-moi.

Jungkook a beaucoup trop de peine à organiser suffisamment ses pensées pour lui répondre, à vrai dire – il a juste assez de neurones en état de fonctionnement pour répéter une nouvelle fois la même chose :

— Tout me va.

Tout lui va, mais l'idée de Taehyung est tout de même diablement séduisante, aussi se sent-il obligé d'ajouter, en glissant sa main gauche sur la cuisse de Taehyung :

— J'ai envie d'être à l'intérieur de toi, moi aussi. On testera dans l'autre sens une prochaine fois ?

Taehyung se fige et le regarde, bouche bée. Puis il secoue la tête.

— Dis pas des choses pareilles sans prévenir. Tu veux que je fasse un infarctus ou quoi ?

— Tu fais pareil, rit Jungkook en lui tapant légèrement la cuisse.

Taehyung sourit et se penche pour l'embrasser.

— Je t'aime, murmure-t-il.

Jungkook a envie de lui répondre qu'il l'aime aussi, mais quelque chose, une sorte de pudeur, peut-être, le retient – après tout, ils sont ensemble depuis la veille seulement, et il n'a jamais dit ces mots-là à qui que ce soit de sa vie. Il n'a jamais ressenti ces choses-là pour qui que ce soit de sa vie.

Taehyung ne semble pas lui en vouloir ; il glisse sa main dans ses cheveux et le regarde avec une telle tendresse que Jungkook peut presque l'effleurer du doigt.

— Laisse-moi te toucher, chuchote Taehyung. J'ai envie de te toucher.

— Je t'en prie, répond Jungkook avec le sentiment renouvelé que son cerveau vient de s'arrêter.

Taehyung lui enlève un peu maladroitement son caleçon, et Jungkook ne peut s'empêcher d'être nerveux, parce que les premières fois le rendent toujours nerveux, et que la sensation est décuplée lorsqu'il s'agit de Taehyung. Mais c'est quelque chose dont il a envie, de tout son cœur, de tout son corps, aussi s'oblige-t-il à respirer normalement.

Taehyung, bien entendu, remarque son agitation, et se relève pour enlever son propre caleçon.

— Comme ça, on est à égalité, dit-il doucement. N'aie pas peur, Kookie. C'est juste moi.

C'est justement le problème, pense Jungkook – c'est Taehyung. Kim Taehyung. Jungkook a généralement un mal fou à imaginer que qui ce soit puisse vouloir de lui, mais il a encore plus de mal à s'y faire quand il s'agit de Tae.

Mais il y a un remède à ça : il lui suffit de regarder dans les yeux de Taehyung. L'adoration nue qu'il arrive à lire dans ses pupilles lui apporte un regain de confiance instantané.

Et lorsque Taehyung pose la main sur lui, toute pensée cohérente disparaît de son esprit, remplacée par un néant cotonneux. Le plus dur, peut-être, c'est de ne pas le saisir pour le retourner sur le lit et l'embrasser avec passion ; mais il ne veut pas lui faire mal au dos. Le plus dur, c'est de rester immobile, allongé, et de laisser Taehyung prendre les commandes.

Mais c'est aussi plus simple, d'une certaine façon, parce qu'il n'a pas à se poser de questions ; il n'a qu'à laisser Taehyung faire. Les mains agrippées aux draps, muet d'émotion, il regarde Taehyung le caresser – et se caresser en même temps – et son cœur s'arrête (à nouveau) lorsque celui-ci se met à frotter leurs érections l'une contre l'autre.

Oh, bordel, pense-t-il. Il est déjà au bord de l'extase. Il se demande comment il est censé survivre au reste de la soirée.

Heureusement (et malheureusement), Taehyung finit par se redresser.

— Lubrifiant ? murmure-t-il.

(Il a l'air d'avoir autant de mal que Jungkook à trouver ses mots. C'est réconfortant.)

— Tiroir, répond-t-il.

Comme dans un rêve, il regarde Taehyung sortir du tiroir de sa table de chevet un flacon de lubrifiant (déjà entamé depuis un certain temps – il espère que ces choses-là ne se périment pas trop vite) et un préservatif, qu'il tend à Jungkook.

— Ouvre-le, dit-il, je me prépare.

Et c'est ce que Jungkook essaie de faire, vraiment. Mais c'est difficile de garder les yeux sur l'emballage d'aluminium et non sur Taehyung, qui se contorsionne avec grâce pour se préparer à l'intrusion, et qui a l'air d'y prendre grand plaisir. Il le regarde fermer les yeux et entrouvrir la bouche, le cou tendu, les clavicules dessinées, et ce n'est que lorsque Taehyung baisse à nouveau le regard vers lui qu'il se rappelle qu'il a aussi une tâche à accomplir, de son côté.

Il rougit légèrement lorsque Taehyung lui adresse un sourire entendu, comme s'il avait compris le pourquoi de sa distraction – et d'ailleurs, maintenant que Jungkook y pense, il l'a probablement fait exprès.

Mais toute taquinerie disparaît lorsque Taehyung se positionne au-dessus de lui, remplacée par une excitation mêlée de tension.

— C'est bon pour toi ? murmure Taehyung. Toujours d'accord ?

Jungkook ne voit pas comment il aurait pu changer d'avis entretemps, mais il trouve ça attendrissant de la part de Taehyung de s'en préoccuper.

— Toujours d'accord, confirme-t-il. Toi aussi ?

— Plus que jamais, sourit Taehyung.

Avec tendresse, il pose sa main sur la joue de Jungkook et se penche pour l'embrasser.

— Ça fait tellement longtemps que j'en ai envie.

Une nouvelle fois, Jungkook ne sait pas quoi répondre – mais ça n'a pas tellement d'importance, car à ce moment-là, Taehyung se laisse glisser sur lui, petit à petit, et si Jungkook se disait que son cerveau était vide avant, ce n'est rien comparé à maintenant.

Dieu que c'est bon. C'est si bon. Taehyung, qui exhale un soupir, semble du même avis que lui. Les mains sur les côtes de Jungkook, il commence un lent mouvement de va-et-vient, le regard posé sur lui, en silence, et Jungkook, qui le fixe en retour, a l'impression de vivre un instant de grâce – il n'ose pas parler, de peur de le briser.

C'est peut-être parce que ça fait longtemps. C'est peut-être pour ça que ça lui fait tant d'effet. Mais au fond de lui, Jungkook sait que ce n'est pas la seule raison.

C'est Taehyung, la vraie raison.

— Jungkookie, finit par murmurer Taehyung. Je préfère te prévenir, je ne sais pas si je vais tenir très longtemps...

— Moi non plus, se hâte de répondre Jungkook. C'est trop bon, Tae...

— Oui, soupire Taehyung. Touche-moi, Kookie.

Mais Jungkook prend probablement un peu trop de temps à réagir, l'esprit court-circuité par la sensualité de Taehyung, car celui-ci lui prend la main et la pose directement sur son sexe en érection – et Jungkook, pour la énième fois en une heure de temps, manque de défaillir.

Lorsqu'il parvient à être à peu près sûr qu'il ne jouira pas rien qu'en touchant Taehyung (mais peu s'en faut), il enroule sa main autour de lui et commence à bouger, en rythme avec les mouvements de hanches de Tae ; immédiatement, celui-ci, qui était jusque-là plutôt discret, se met à lâcher des gémissements extasiés.

— Ah, Jungkookie... Oh, bordel... Tu me rends dingue...

C'est tellement réciproque, pense Jungkook, fasciné par l'expression de son ami – non, son petit ami, maintenant.

L'orgasme le prend presque par surprise, alors qu'il boit l'expression voluptueuse de Taehyung – d'un coup, c'est comme un trop-plein de tout, une inondation de bonheur, dont il sent le niveau monter de façon exponentielle dans le barrage de son esprit, jusqu'au moment où celui-ci explose, en entraînant avec lui tout le reste de ses pensées.

Il se rend compte, vaguement, que Taehyung l'accompagne dans son plaisir, à la façon dont celui-ci se resserre autour de lui, au liquide chaud qui atterrit sur sa poitrine, et c'est exactement ce dont il a besoin pour faire durer le sien un peu plus longtemps – savoir qu'il est partagé.

Lorsqu'il reprend suffisamment ses esprits pour ouvrir les yeux, Taehyung a les joues rouges, les yeux qui brillent, les cheveux cendrés qui lui retombent sur le front et des gouttes de transpiration qui perlent sur sa peau dorée, et Jungkook est saisi par sa beauté. Il a envie de la capturer en photo, pour pouvoir la chérir à jamais. Il ressemble à une apparition divine – et cette apparition divine se penche vers lui pour l'embrasser et lui caresser la joue, pour lâcher un petit rire épuisé entre ses lèvres.

— Ouah, murmure Taehyung. On peut recommencer ?

Jungkook, dont le cerveau nage dans un savoureux cocktail d'ocytocine et d'endorphines, ne peut s'empêcher d'éclater de rire.

— Donne-moi cinq minutes, d'accord ?

— Je peux même t'en donner dix, accorde Taehyung, bon prince. Mais seulement si tu m'embrasses pendant tout ce temps.

Ça, Jungkook n'a pas besoin de se le faire dire deux fois.




Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top