32. A night in Paris

Un cognement répétitif, persistant et aigu m'extirpe d'un très lourd sommeil.

J'ouvre les yeux et tombe nez à nez avec le visage d'une vache à quelques centimètres du mien. Elle meugle et je crois d'abord que je suis encore en train de rêver quand elle sort la langue et me lèche le visage.

Je me redresse d'un coup, alerte. La première chose que je remarque c'est qu'il n'y a pas une, mais trois vaches autour de moi, que je ne suis pas dans ma chambre, dans mon lit, mais au beau milieu d'un champ et que le soleil est déjà bien haut dans le ciel.

Je me rappelle alors avoir emmené Leonardo regarder les étoiles avec moi hier nuit. Je voulais profiter un max de l'expérience alors j'ai décidé que la campagne serait mieux pour les observer.

On a regardé les étoiles, pour la première fois depuis que je le connais c'est lui qui m'a parlé de lui et moi je l'ai écouté. À un moment, il a craqué et s'est mis à verser des larmes qu'il gardait probablement depuis des années.

Je ne me rappelle de rien d'autre. Je suppose qu'on a dû s'endormir à un moment donné.

Mon regard descend vers Leonardo qui dort encore près de moi. La vache qui s'est chargée de me réveiller passe à son visage à lui et ses copines la joignent. Leonardo se tord quand leurs langues rugueuses et humides le chatouillent, ce qui provoque mon rire.

Puis, lui aussi ouvre les yeux et en voyant les trois animaux, il sursaute, se lève et s'en éloigne en poussant un cri qui termine de m'achever de rire.

Buongiono luce dei miei occhi, l'imité-je pour me marrer.

Le cœur battant erratiquement, comme moi il observe les alentours et semble se rappeler comment il s'est retrouvé entouré de vaches. Il se calme.

— Bonjour... ewww, lâche-t-il en essuyant son visage. Pourquoi on est encore ici ?

— Je crois qu'on s'est endormis, dis-je en caressant une de nos amies laitières.

— Il est quel heure ?

Je lève la tête vers le ciel.

— Vu la position du soleil... neuf, peut-être dix heures.

Il écarquille les yeux.

— Oh putain...

— Quoi ? demandé-je en voyant la panique dans ses yeux.

— Jay... faut que j'appelle Jay pour le rassurer. Il va me tuer...

Je me redresse.

— Et moi je dois me rendre à un cours. Tu m'aides à démonter le télescope ?

Leonardo s'approche et m'aide à défaire l'installation. Je le regarde faire, captivé. Hier, il s'est ouvert à moi comme il ne s'est jamais ouvert à personne, c'est lui-même qui me l'a dit.

L'image que j'avais de lui, celle du prodige carrément snob, manipulateur et pervers s'est évaporée. Maintenant, quand je le regarde, tout ce que je vois c'est le garçon esseulé qu'il a été toute son enfance, c'est l'âme brisée qui s'est battue pour survivre, c'est tout l'amour qu'il a toujours eu trop peur d'offrir.

C'est mon grand frère, ma chair, mon sang.

Nous ramassons tout ce avec quoi nous sommes venus et quittons le champ. Nous retrouvons son véhicule pour rentrer en ville. Mais d'abord, Leonardo fait un détour pour me déposer chez moi. Quand il met le véhicule en arrêt, nous restons tous les deux silencieux quelques secondes, ne sachant pas trop comment nous dire au revoir.

Moi, je ne veux pas. Je ne veux pas lui dire au revoir, je ne veux pas l'abandonner après qu'il m'ait raconté que sa vie n'a été qu'abandon sur abandon. Alors, quand il ouvre la bouche pour clore notre périple, je m'empresse de proposer.

— Tu pourrais venir à l'intérieur avec moi.

Il cligne des yeux et me regarde étrangement.

— M-maman adore la visite, vu qu'elle passe ses journées dans la maison. Je suis sûr qu'elle serait ravie de te voir. Enfin... te voir..., ricané-je nerveusement.

Il arque un sourcil face à mon malaise. J'enchaîne encore plus maladroitement.

— Il est tard, mais si tu as faim, maman va nous faire un bon déjeuner. Elle adore cuisiner, surtout le matin et-

— Non merci.

Quoi?

Tout d'un coup, sa bonne humeur s'est envolée. Il a le même air sévère avec lequel je l'ai connu avant de connaître la vérité, fermé et dur.

— Mais-

— Je ne déjeune pas avec les étrangers.

Quand je comprends ce qu'il veut dire par là, je tente de le convaincre.

— Je comprends que tu lui en veuilles de t'avoir abandonné, mais...

Mais quoi ? Je n'arrive pas à trouver de raison pour excuser le comportement de ma mère et son traitement horrible à l'égard de Leonardo. Elle a été la première à lui briser le cœur et maintenant je lui demande de faire comme si de rien n'était autour d'œufs au plat et de bacon.

Tout de même... quand je pars en mission pour de longues périodes, la première chose qui me manque, c'est la cuisine de ma mère. Lui qui a été séparé d'elle si longtemps, ça doit forcément lui manquer également.

— Sa cuisine ne te manque pas des fois ? tenté-je

Il remet ses lunettes de soleil.

— Non, l'avantage quand ta mère adoptive est la sœur de ta mère biologique, c'est que les recettes sont les mêmes.

Au ton froid de sa réponse, je comprends qu'il ne veut pas parler de maman. Alors je n'insiste plus.

— Je vois.

Je sors de la voiture et me penche pour lui parler à travers la portière.

— J'ai réfléchi à ce que tu m'as dit, au sujet d'Heidi.

— Et ? Tu vas lui dire la vérité ?

Je secoue ma tête.

— Ça ne servirait à rien qu'elle sache ce qu'il s'est réellement passé. Si tu étais mort, je lui aurais dit, mais comme tu as survécu, autant faire comme si ça ne s'était jamais produit.

— Tu vois, je savais que tu n'étais pas totalement con.

— Par contre, ça veut dire que tu ne dois pas lui dire la vérité non plus. Jamais.

Un de ses sourires carnassiers et peu rassurants étire ses lèvres.

— Sinon quoi ? me provoque-t-il.

— Sinon je raconterai à Heidi ce qu'il s'est passé à Capri.

Il ricane.

— Je me fous qu'Heidi sache que tu m'as battu. C'est pas un scoop.

— Oh... je ne te parle pas de notre combat.

Il fronce les sourcils, confus. Puis il se met à chercher dans sa mémoire qu'est-ce qu'il pourrait bien avoir fait à Capri de plus humiliant que se faire tabasser. Et alors qu'il est sur le point d'abandonner, je peux voir sur son visage le moment où il comprend.

Il ouvre la bouche, comme s'il cherchait à m'expliquer, mais je suppose qu'il ne trouve pas les mots puisqu'il la referme, fait un signe de fermeture à glissière sur celle-ci, jette notre secret par la fenêtre et me regarde.

— Quel secret ?

J'éclate de rire.

— Bon, je dois vraiment rassurer Jay. Salut Adam.

— Salut, Leo.

L'entente de son surnom dans ma bouche pour la première fois le met dans tous ses états. Il rougit de nouveau, s'embrouille pour faire tourner la clé sur le contact, démarre et s'en va.


Le premier match de la saison est un de ceux qui attirent le plus de gens de l'école, également de la ville.

Au départ, je ne comptais pas venir. Je ne suis pas mordue de football et habituellement je partais regarder les matchs parce que Leo ou Adam jouait. Mais maintenant que je ne suis avec aucun d'entre eux, je n'ai aucune raison d'aller à ces matchs.

Seulement, puisque j'ai emménagé sur le campus de l'université, la proximité avec la vie étudiante est plus grande. J'étais assise sur mon balcon à réviser mes cours de la journée (Leo aurait été si fier) et j'ai vu des tas de gens défiler dans la rue en bas, vêtus aux couleurs de l'équipe et maquillés pour certains.

Comme on est vendredi, je me suis dit que je pouvais fermer mes cahiers et me rendre au stade à quelques rues d'ici pour profiter du match moi aussi.

Surtout que cette semaine, Adam et moi ne nous sommes pas parlés, nous n'avons plus de cours ensemble maintenant que nous avons fini ceux du tronc commun. Je l'ai aperçu à quelques reprises, mais il était entouré de ses coéquipiers de l'équipe et des filles des meneuses de claque. Quand il était seul, c'est moi qui étais avec ma bande à moi ou mon frère.

J'ai envie de le voir, même si c'est de loin, noyé dans une marée de ses supporters.

Après avoir enfilé le maillot qu'il m'avait offert il y a un an, m'être maquillée aux couleurs de l'équipe et coiffée, je suis sortie moi aussi en direction du stade où j'attends que le sifflet du début du match résonne.

Pendant ce temps, je me régale du spectacle d'Adam en train de s'échauffer et de s'étirer. Il porte déjà le brassard du capitaine alors que normalement le vote se fait un peu plus tard dans le mois de septembre. Ils ont dû s'entendre à l'unanimité de le garder.

Par moment, il arrête son échauffement pour promener son regard dans la foule et lorsqu'il me trouve enfin un sourire apparaît sur son visage pour la première fois de la soirée. Il me fait un signe de main et je suis sur le point de le lui rendre quand quelqu'un s'assoit à côté de moi.

— Bonsoir Pinocchio.

Je me tourne et vois Leonardo en train de faire un signe de main à Adam. Mon regard passe de l'un à l'autre et je comprends que l'enthousiasme d'Adam ne m'était pas adressé, mais à Leonardo.

Ces derniers temps, ils sont devenus étrangement proches. Quand j'ai demandé à Leo pourquoi Adam ne le haïssait plus, il m'a juste dit qu'ils avaient réglé leurs différends à Capri.

Je suppose que c'est vrai puisqu'Adam l'a sauvé.

— Qu'est-ce que tu fiches ici ? demandé-je.

— Je suis venu voir Adam jouer.

— Tu n'es plus avec ton pot de colle ?

Depuis son retour, chaque fois que j'ai vu Leonardo, il était avec cette Italienne, Serena. Déjà que je ne l'aime pas à cause de ce qu'il s'est passé entre Adam et elle à Capri, mais en plus lorsqu'ils sont ensemble, Leonardo et elle ne parlent qu'italien et je me sens exclue.

— J'avais besoin qu'elle fasse quelque chose pour moi, elle n'est pas en ville.

Quelque chose pour lui ? Qu'est-ce qu'il manigance ?

Je m'apprête à lui demander ce que c'est que ce quelque chose quand on siffle le début du match et que les cris de la foule rendent toute conversation inaudible.

Et bientôt, ce sont les encouragements et les critiques de Leonardo à côté de moi qui rendent le match insupportable. Loin de s'être affranchi de ses réflexes de coach, il s'adonne à des monologues sur le déroulé du match, chuchote puis cri des consignes, réclame des changements, s'indigne, se lève et célèbre quand Adam a enfin la balle pour corriger les erreurs du reste de l'équipe.

Ça me fait sourire, de le voir aussi passionné d'aussi près. Habituellement, il est sur le banc des coach, bien habillé et plutôt calme puisque ses consignes sont appliquées. En fait, les seules fois où je l'ai vu aussi excité c'était pendant les courses de F1.

L'entrée d'Adam sur le terrain change la donne. Les Bolts font une remontée fulgurante et l'emportent d'un seul point, ce qui fait hurler la foule survoltée par le suspense qui a duré tout au long du match.

Petit à petit, les gradins commencent à se vider. Leo ne doit pas être reconnu, alors nous attendons qu'une majorité de partisans et de joueurs quittent le terrain pour aller voir Adam. Quand il sort enfin des vestiaires, les cheveux encore mouillés de sa douche, il nous voit l'attendre. Il hâte le pas et vient se placer en face de Leo.

— Alors, comment j'ai été, coach ?

Leonardo pose ses mains sur les larges épaules d'Adam.

— Tu as été phénoménal comme toujours, capitaine.

Les yeux d'Adam pétillent et il sourit comme un ravi de la crèche. Je commence à regretter le moment où il le détestait, j'ai l'impression d'être revenu à l'année dernière quand Leo avait fait d'Adam son disciple.

Adam remarque enfin ma présence.

— Oh, Heidi... je savais pas que tu viendrais...

Donc c'est bien Leonardo qu'il cherchait dans la foule. Je sens un fond de jalousie grandir en moi. Dire que je me suis faite belle en me disant qu'il espérait me voir moi.

— Je suis juste venue parce que je m'ennuyais.

Leo pouffe de rire, puis Adam se penche et chuchote :

— Menteuse.

Le rouge me monte jusqu'aux blancs des yeux alors je me tourne et cache mon visage.

— Bon puisque c'est Leonardo que tu attendais, moi je vais y aller-

Adam m'attrape par le poignet pour m'empêcher de m'enfuir de honte et il m'attire à lui.

— Mais non... c'est juste que toi tu ne m'as pas prévenu que tu viendrais. Mais je suis très content que tu sois venu me voir jouer. J'espère que ma prestation a été à la hauteur des attentes de ma Reine.

Mon corps prend 20 degrés d'un coup, non seulement à cause de son corps qui enveloppe le mien, sa voix suave, ses cheveux mouillés qui lui donne un look d'après sexe, mais également ses yeux qui en réclame plus.

Je déglutis.

Un raclement de gorge rompt la tension qui venait de se créer et nous nous tournons vers Leonardo dont le regard alterne entre nous.

— Je devais passer la soirée avec toi, mais j'ai l'impression que tu préférerais la terminer avec Heidi, dit-il, son regard appuyé sur nos corps en contact.

Adam et moi nous séparons.

— Oh euh...

Comme il semble avoir du mal à choisir entre moi et Leonardo, je fais le choix pour lui.

— On pourrait passer la soirée tous les trois.

— Tous les...

— trois ?

Je hoche la tête.

— Je sais pas vous aviez prévu de faire quoi ensemble, mais y'a plein de trucs à faire sur le campus, y'a tous les bars, y'aura probablement plein de fêtes aussi pour célébrer votre victoire. J'habite à quelque pas d'ici, si vous me laisser le temps de partir me changer-

Les deux se regardent étrangement.

— Oh... désolée... je sais pas ce qui m'a pris de m'incruster. Je vais rentrer, amusez-vous bien.

— Non tu en fais pas. Je suis un peu brûlé, donc je ne pense pas que j'ai envie d'aller fêter. On peut aller se poser chez toi vu que tu vis proche.

Nous nous entendons sur ce programme et ils me suivent jusque chez moi.

— Je ne suis encore jamais entré dans ton appartement, remarque Adam alors que nous sortons de l'ascenseur menant à mon palier.

— Ah non ? demande Leo.

— Non, jamais. Toi ? demande-t-il d'un ton peu rassuré.

Leo me jette un regard entendu. Comment dire à Adam qu'il est non seulement déjà venu chez moi, mais également qu'on y a pris un bain ensemble avant de passer la nuit ensemble ?

— Moi... aussi. C'est la première fois, ment-il.

Je pousse la clé dans la serrure et ouvre la porte.

— Bienvenue chez moi, annoncé-je en leur tenant la porte.

Tous les deux entrent, les cheveux de Leo brossant le haut du cadre de porte et Adam, lui, obligé de se pencher pour passer. Ils vont s'asseoir au salon et moi je vais chercher les liqueurs et les bières pour qu'on passe un bon moment.

Quand Leo me voit placer la douzième bouteille d'alcool que je possède sur la table, il fait une grimace de désapprobation. Leo n'a jamais été fan de ma consommation d'alcool.

C'est que l'alcoolisme est héréditaire, et comme il a grandi avec moi, il a vu les ravages que ça a eus sur ma mère. Il a toujours été très strict avec moi, mais particulièrement en ce qui concerne la modération.

Tous les deux se servent, Leo une simple bière comme toujours alors qu'Adam s'adonne à des mélanges qui lui ont pourtant déjà fait frôler le coma éthylique.

Il n'a peur de rien.

Moi je reviens peu de temps plus tard avec des tranches de citron pour accompagner mes cocktails. Je les trouve en train de parler du match qui vient de se dérouler. Je m'assois entre eux, Leonardo en profite pour passer son bras autour de mon épaule et Adam, épuisé par son match, s'étend et pose sa tête sur mes cuisses.

Je les écoute parler de tactiques de jeu, Leo qui parle en faisant de grands gestes, passant à l'italien parfois et Adam qui boit ses paroles. Je fais semblant de tout comprendre juste pour être incluse dans leur nouveau duo improbable.

Puis, quand ils ont fini, et que la faim se déclare, Leo enfile un tablier et passe à la cuisine, me laissant en tête à tête avec Adam.

— Hey.

— Hey, dit-il tout bas en passant son bras par-dessus mon épaule pour me rapprocher.

— Leo a raison, tu as été phénoménal sur le terrain tout à l'heure.

Il sourit.

— Ah oui ?

Je hoche la tête et étire le cou pour lui intimer à l'oreille :

— Ça valait la peine de me faire belle pour assister au match.

Il ricane et ses yeux alterne entre mes yeux et mes lèvres, me demandant la permission de faire ce que je me meurs qu'il fasse depuis notre retour de Vegas.

Je hoche la tête et la seconde d'après, nous échangeons un long et tendre baiser. Il est d'abord timide, car même si c'est loin d'être notre premier, c'est le premier depuis que nous nous sommes révélés à l'autre.

Nous nous redécouvrons avec délice, déjà sous le charme l'un de l'autre. Si bien que quand nous nous séparons, son regard me dit qu'il a physiquement besoin de plus.

Et je suis sur le point de lui donner tout ce qu'il voudra quand le son d'une bouteille de vin qui s'ouvre nous fait sursauter.

Leo se tient à quelques mètres, le visage neutre, la bouteille à la main.

— Le dîner est servi.

Il nous étudie une dernière fois et nous tourne le dos pour aller s'assoir à table. Adam prend ma main et me conduit jusqu'à la table à manger où nous entamons le délicieux repas que nous a préparé Leo.

Dans le silence.

Un silence d'une lourdeur ingérable. Puis Léo laisse bruyamment tomber ses couverts sur son assiette.

— Bon, ça suffit, quand est-ce qu'on va parler de ça, questionne-t-il en nous désignant tous les trois.

Adam et moi échangeons un regard.

La vérité c'est que je ne veux pas en parler. Alors je change de sujet pour m'éviter ce malaise.

— Alors ? Qu'est-ce que vous avez fait à Capri à part massacrer la famille de Leonardo ?

Dès que je mentionne Capri, Adam se tend. Leo affiche un rictus et répond à sa place :

— Rien de très passionnant. Par contre, comme vous savez, mon cousin a échappé à l'attaque. D'après ce qu'Heidi m'a dit, vous l'avez revu au 21.

Adam me regarde, comme pour me demander si l'on peut partager cette information avec lui. Je hoche la tête. Même si c'est risqué, Leonardo est peut-être notre meilleur atout contre son cousin. Et puis Jérôme est déjà au courant de tout donc ça ira.

— Oui. Il était à la recherche de Jack et du 21 tout comme nous.

— Oui, je suis au courant. Je suis également au courant qu'il t'a reconnu comme étant le fils de James.

Adam hoche la tête.

— Il sait donc que ta mère a survécu à sa tentative de suicide. C'est certain qu'il est activement à votre recherche.

Adam hoche la tête.

— Dès que je suis revenu de Vegas, j'ai fait changer nos noms dans toutes les bases de données. Officiellement, Adam et Violet Cole n'existent pas à l'heure qu'il est.

— Je vois. Bon réflexe, mais je doute que ce soit suffisant-

— Ta mère a tenté de se suicider ? interviens-je quand aucun des deux ne développe à ce sujet.

Tous les deux se tournent vers moi puis se regardent.

— Je lui dit ?

Adam soupire.

— Me dire quoi ?

— Ma mère ne nous a pas seulement caché qu'elle est le Roi. Elle nous a aussi caché sa véritable identité.

— Hein ? Qui est elle ?

— Giulietta Mancino, répond Adam.

J'écarte les yeux, croyant avoir abusé de l'alcool.

— Giulietta Mancino ?! Ta mère ?! Mais- elle est morte.

Adam secoue la tête.

— Elle a survécu et a refait sa vie sous le nom de Violet Cole.

Quelques points d'ombre s'éclaircissent alors dans mon esprit, mais ça prend quelques secondes avant que je ne réalise ce que ça implique.

— Mais- Giulietta est la mère biologique de Leonardo, comment...

Je m'arrête en plein milieu de ma phrase et abat mes mains sur la table quand la réalisation me frappe de plein fouet.

— Ne me dites pas que-

Leonardo passe son bras autour de l'épaule d'Adam.

— Adam est mon frère.

— Demi-frère, corrige Adam.

— Petit frère chéri, le nargue Leonardo.

Adam retire le bras de Leonardo de son épaule.

Je m'affaisse dans mon siège, la bouche encore ouverte de stupéfaction. Mon regard passe de l'un à l'autre à la recherche de ressemblance entre eux, mais n'en trouve aucune. Soit ils se foutent de moi, soit les gènes de Violet se sont fait rétamer par ceux de James et Leonardo III.

Mais qui est cette femme...

— J'arrive pas à y croire... et vous savez ça depuis quand ?!

— Depuis Vegas. Je l'ai déduit quand Jack nous a dit qu'elle était le Roi.

Leo l'écoute parler, absorbé, puis il se tourne vers moi.

— Moi je l'ai découvert il y a sept ans, répond-il nonchalamment.

— Tu étais au courant depuis tout ce temps ?!

— Je suis toujours au courant d'absolument tout, dit Leo en prenant une gorgée de vin.

— Pourquoi tu ne nous l'as pas dit ?

— Pourquoi je vous l'aurais dit ?

— Je sais pas, pour ne pas que je me tape deux frères peut-être ?!

Adam cache son visage.

— Ne le dis pas comme ça. C'est bizarre.

Leonardo ricane.

— Mais non, ça n'aurait pas été aussi drôle si vous l'aviez su.

— T'es vraiment tordu, soufflons Adam et moi en cœur.

— Je préfère original, protesté Leo.

Adam lève les yeux en l'air et continue de manger le repas que Leo nous a fait avec les restes dans mon frigo. Le regard calculateur de Leo passe d'Adam et moi et il sourit.

— Si je me souviens bien, la dernière fois qu'on s'est retrouvé comme ça tous les trois, c'était au Fidji, à la table de poker.

Aussitôt qu'il énonce ce moment, des souvenirs de la soirée d'anniversaire d'Adam me viennent. Moi qui pensais que la situation ne pouvait pas être plus gênante qu'être tous les trois assis là, maintenant Adam me fusille du regard, la mâchoire serrée. Je baisse la tête, écrasée par la honte et le remords.

Leonardo remarque notre réaction, confus par celle-ci. Son regard alterne entre nous, puis il semble comprendre, puisqu'il ouvre grand sa bouche, très amusé visiblement.

— Mais non ! Il sait  ?!

— Que tu palpais ma copine sous la table de poker le soir de mon anniversaire ? Oui, je sais, répond Adam sur un ton tranchant, sans me lâcher du regard.

Je sens mes joues chauffer et baisse la tête. Leonardo éclate de rire et sirote son verre avant de me regarder lui aussi.

— Dommage, moi qui croyais que ce serait notre petit secret à tous les deux. Tu ne m'en veux pas j'espère, petit frère. Je reste un Ricci, j'ai la vendetta dans le sang. Tu as volé le cœur de ma Pinocchio, je me devais de t'honorer d'une réponse à la hauteur de ton affront. Du coup, j'ai doigté ta Reine le jour de ton anniversaire. Disons qu'on est quitte.

La mâchoire d'Adam se serre plus et cette fois, c'est Leonardo qu'il éviscère du regard, mais il ne répond rien, car, en effet, maintenant ils sont quittes. La tension est à son comble à table.

Je donnerais tout pour être partout sauf ici, prise au piège dans leur rivalité.

Adam termine son repas en premier et croise les bras avant de me fixer. Leo aussi a les yeux braqués sur moi. Je m'arrête.

— Quoi ?

— Leo a raison, ça ne peut pas durer ça, dit-il en nous pointant tout les trois.

— Il va falloir choisir.

— Lequel d'entre nous ?

Oh oh...

— Euh... on peut en parler un autre jour ? On était bien là.

— Non, répondent-ils en cœur.

— Tu as eu tout l'été pour y penser, ajoute Leonardo.

— C'est vrai ça.

— Parce que vous pensez que je n'ai que ça à faire moi de savoir lequel d'entre celui qui m'a fait des adieux et celui qui m'a jeté j'allais choisir ?! Vous n'avez même pas traversé mon esprit pendant l'été.

Ils ne trouvent pas quoi répondre. Je joue avec ma nourriture.

— Et puis qui a dit que j'étais obligée de choisir ?

Je porte le dernier gnocchi dans mon assiette à ma bouche et lève des yeux espiègles vers eux avant d'esquisser un sourire malicieux.

— Je peux très bien faire de vous deux mes salopes, ajouté-je pour les narguer.

Eux ne sont pas du tout amusés par ma proposition. Ils se consultent d'un seul regard, puis tous les deux se lèvent et s'approchent de moi. Je panique légèrement en levant la tête.

— Quoi ? demandé-je.

Sans un mot, ils me saisissent et me délogent de ma chaise.

— Qu'est-ce que vous faites ?!

— Puisque ça t'amuse de jouer double jeu, réplique Leonardo avant de se pencher et de me balancer sur son épaule.

Je pousse un cri et me retrouve la tête à l'envers. Lorsque je retrouve le sens de l'orientation, je constate qu'il s'est déplacé. Il est à présent en train de se diriger vers ma chambre, suivi de derrière par Adam qui retire son haut.

— Wow, une minute, c'est pas de ça que je parlais ! Je parlais de mes sentiments, attendez, les gars-

Je reçois une claque puissant sur mes fesses qui me cloue le bec. Bientôt, nous arrivons dans ma chambre et Leonardo me balance sur le lit avant de lui aussi commence à retirer son haut.

Je me retrouve en face des deux plus beaux hommes de la terre, torses tout en muscles, le corps couvert de veines plus alléchantes les unes que les autres. Je ne sais même pas où donner des yeux.

J'essaie de dire quelque chose, mais je bégaie.

Ils sont immenses et tellement imposants, je me sens plus petite que jamais face à eux.

— Les gars, il y a eu un malentendu, c'était juste une blague-

— Trop tard, claque Leo.

— Faut assumer maintenant, tranche Adam.

Je pousse un autre cri quand Adam se saisit de ma cheville et me tire vers lui, me faisant tomber à la renverse sur le lit. Puis, sans cérémonie aucune, il me retire mon short pendant que Leo se charge de m'enlever mon pull, me laissant seins nus.

— Attendez... un je peux gérer, mais deux contre moi ?! C'est un peu injuste.

Ils se regardent, et recommencent à me déshabiller, comme s'ils n'avaient pas entendu mon objection . Je panique et me débats avant de reculer tandis qu'ils continuent de s'approcher de moi sur le lit.

— Attendez, attendez ! Ok ! Ok ! Je vais le faire ! Je vais le faire ! m'exclamé-je en riant.

Ils s'arrêtent finalement et je reprends mon souffle avant de nuancer.

— Mais à une seule condition. Histoire de rééquilibrer les choses et de me donner une chance de survivre.

— Quoi ? demandent-ils à l'unisson.

Mon regard alterne entre les deux.

— Adam a le droit de me toucher, mais pas de me regarder. Leo tu peux regarder, mais pas toucher.

— Quoi ?! s'indigne Adam.

— T'es sérieuse là ? s'offusque Leo.

— Très sérieuse, c'est ça ou c'est mort et vous pouvez aller dormir tous les deux.

Les deux se regardent à nouveau, puis Leonardo proteste encore.

— Ok, mais pourquoi c'est moi qui n'ai pas le droit de te toucher ?!

Mes lèvres se déforment dans un sourire.

— Parce que je sais que tu aimes avoir le contrôle. Tu veux le contrôle sur absolument tout en plus d'absolument tout savoir. J'ai envie que pour une fois tu voies, tu saches, sans pouvoir agir, que tes mains te démangent de n'être que spectateur, que tu sois totalement impuissant malgré tout ce que tu sais, que tu sois sous mon contrôle, à ma merci.

Il ouvre la bouche quand il ne trouve pas de parade à ma logique. Mon regard se porte vers Adam.

— Quant à toi...

Adam lève un sourcil.

— Toi tu aimes expérimenter, tu aimes profiter et vu que je t'ai déjà surpris à te masturber sur mes photos, je sais que l'essentiel de ton plaisir est visuel. Je veux que pour une fois, tu ne puisses pas être totalement stimulé. Je veux baiser ton imagination, Joker.

Adam sourit.

— Juste une question, ça fait combien de temps que tu penses à nous torturer comme ça ?

— Un moment déjà, avoué-je.

— Ok, je vais chercher de quoi me couvrir les yeux alors-

— Non !

Tous les deux me regardent.

— Leo va le faire.

Leo écarquille les yeux quand il comprend ce que j'attends de lui.

— Ouais, non, je ne vais faire ça.

— Pas de problème, voilà la porte, ferme la bien en sortant.

Il y a une pause. Puis, en jurant, Leonardo se lève et suit mes instructions pour trouver une cravate à moi et s'approche d'Adam qui semble aussi mal à l'aise que lui. Adam se met à genoux pour que Leo puisse nouer le tissu autour de sa tête, de manière à cacher ses yeux. De mon côté, rien qu'assister à ça m'excite ; Adam aux pieds de Leonardo qui ne me lâche pas du regard alors qu'il serre aussi fort que la frustration qu'il ressent.

Mon dieu, oui!

Puis Adam se lève et fait un pas hésitant vers le lit. Chez ma mère, il y serait arrivé facilement, mais dans mon nouvel appart, il n'a pas encore pris ses repères. Un grand sourire sur son visage à moitié couvert, il avance jusqu'à arriver en face de moi. Il tâte le lit, puis mes cuisses, sa poitrine se soulève un peu plus vite. Ses grandes mains remontent mon corps, s'attardent sur mes seins nus et déjà gonflés d'excitation et retrouvent mon visage.

Alors il monte sur le lit et approche son visage du mien.

— Hey..., chuchote-t-il.

— Hey, réponds-je tout aussi bas avant de l'embrasser.

Toute la tension qui s'est accumulée entre nous au courant de la soirée, mais qu'on ne pouvait pas satisfaire parce que Leo était présent est relâchée d'un seul coup. Mon corps retrouve ses mains ô combien agiles, ses muscles d'une puissance surhumaine qui contraste avec ses lèvres d'une infinie douceur, sa voix qui gagne en octave lorsque je lui fais autant de bien qu'il m'en fait.

Sa langue masse la mienne, explore ma bouche alors que son bassin presse contre mon entrejambe, m'arrachant des gémissements prématurés.

Il est bon.

Même à l'aveugle, il est parfait. Tel un peintre qui dessine sa muse de mémoire, il connaît mon corps par cœur. Et comme il ne peut pas le parcourir de ses yeux, il le fait avec sa langue. Il sort de ma bouche dans une traînée de salive et passe à ma nuque pendant que ses doigts se glissent dans ma fente et titille mon point le plus érogène. Aussitôt, je me raidis et plante mes ongles dans son large dos.

— Adam...

— Oui, ma Reine, demande-t-il entre deux suçons.

Putain...

Je me sens mouiller rien qu'avec ses quelques mots et les lèvres d'Adam s'étirent contre ma nuque quand j'enduis ses doigts de mon plaisir. Deux de ses longs doigts me pénètrent alors que sa bouche descend vers mes seins et je pousse un hoquet de surprise.

À mesure qu'il descend, sa grande stature ne m'obstrue plus la vue et Leonardo apparaît derrière lui.

Furax.

S'il y a une chose dont je peux me vanter, c'est d'être capable de faire sortir Leonardo Ricci de ses gonds, lui qui est toujours si... nonchalant. J'adore ça, quand il me regarde comme ça, s'imaginant déjà comment il me fera regretter peu importe ce que j'ai fait.

Mais là... là... je l'ai vraiment énervé. Sa mâchoire est serrée, ses poings également, la veine de son froid commence à être visible et ses yeux crient le meurtre.

Je sais que c'est contre ma survie, mais je l'énerve encore plus.

— Quoi, Leo ? demandé-je entre deux gémissements. Tu n'aimes pas le spectacle ? N'est-ce pas toi qui m'as dit que s'il devait y en avoir un autre que toi, tu voudrais que ce soit Adam ? Je suis sûr que tu es aux anges là, le raillé-je.

Sa poitrine se soulève plus vite sous l'effet de la colère. Il ferme les yeux pour tenter de se calmer.

— Non, Leo... je veux tes yeux sur nous. Je veux que tu le regardes me faire l'amour à ta place.

Il obtempère. C'est ce moment qu'Adam choisit pour passer à mon sexe. La tête entre mes jambes, sa langue commence à caresser mon anatomie, me faisant cambrer le dos de plaisir et agripper les repousses de ses cheveux.

Leo jure et défait la boucle de sa ceinture avant de sortir sa queue de son pantalon et commencer à se branler.

— Qui t'a donné la permission de te toucher ?

Il lève les yeux vers moi, un désespoir infini dans ceux-ci en comprenant que quand je disais qu'il n'a pas le droit de toucher, je ne parlais pas uniquement de moi.

— S'il te plaît Heidi...

Oh oui !

Je lui refuse cette faveur et ses épaules s'affaissent. Quand Adam augmente l'intensité de son cunnilingus, je roule des hanches pour mieux profiter de la sensation de sa langue chaude et humide contre mes chairs.

De base je voulais être sonore pour torturer Leonardo, mais je n'ai même pas besoin de surjouer mon plaisir tant Adam s'y applique à merveille. Ses doigts et sa langue se relaient en moi tandis que sa main libre tripote mes seins.

Comme lorsque nous faisions l'amour avant notre séparation, il lève souvent la tête, dans l'espoir de voir mon expression, comme mon corps réagit ; de voir combien il me fait délirer. Mais chaque fois, il n'est confronté qu'à l'obscurité.

On dirait que ça le dévore.

Mon regard retourne vers Leonardo pour voir s'il apprécie la performance son frère comme moi.

Bien évidemment que non.

Il a l'air à la limite de la folie. Ses doigts bougent tous seuls, comme s'il essayait de s'imaginer me tripoter comme Adam le fait, il humecte ses lèvres, s'imaginant me goûter comme Adam le fait. Le pénis qu'il a été contraint de ranger, met l'élasticité de son boxeur à rude épreuve.

Quand je pense que c'est le même homme qui était prêt à ce que je le mutile pour m'apprendre la tortue...

« La torture, elle est d'abord psychologique avant d'être physique. Brise l'esprit de son supplicié, établis ta domination et va jusqu'au bout. »

Un sourire gagne mes lèvres, car je sais parfaitement comment le briser.

— Je comprends pourquoi elle a préféré Adam à toi.

Lorsque je prononce cette phrase, l'ambiance dans la chambre change. Adam s'arrête et l'expression de Leo change quand il comprend de qui je parle.

Je caresse le visage d'Adam en poursuivant.

— J'aurais fait pareil si j'étais elle, Adam est si parfait. Alors que toi... tu as beau tout faire pour plaire : être le meilleur élève, le capitaine de l'équipe, le président de l'association des jeunes de la ville, du bénévolat, aider tout le monde... on finit toujours par se lasser de toi, Leonardo. Tu te retrouves toujours seul, dans ton coin, comme maintenant.

— Heidi, tente de m'arrêter Adam.

— Tais-toi. C'est entre lui et moi.

À travers ses yeux bandés, il essaie de regarder Leonardo que mes quelques mots ont mis en pièces.

— Et maintenant, Adam bat tous tes records sportifs, il a de meilleures notes que tu en avais toi-même, Lutz l'a déjà repéré. Ça ne lui a pris quelques mois pour t'effacer.

Il est anéanti, mort de jalousie pour Adam. Des larmes se roulent même le long de ses joues.

— Tu le sens n'est-ce pas ? Qu'Adam est en train de te remplacer ?

Leo en tremblant ferme les yeux, libérant un torrent de larmes avant de hocher la tête.

Voilà, je l'ai brisé.

Comme sa mère.

Je me rappelle de la première fois où je l'ai abandonné pour Adam moi aussi. Je me souviens de comme il avait été énervé après. Mais surtout, je me rappelle de ce qu'il m'avait fait lui promettre.

« Jamais il ne passera avant toi. »

J'ai promis.

J'ai menti.

Je crois que c'est assez.

— Approche, ordonné-je.

Il obéit.

— À genoux.

Il obéit.

Non, mais regardez-le ! Si vulnérable, si nécessiteux, si pathétique, littéralement affamé d'affection et de chaleur humaine.

— Je t'en prie... ne m'abandonne pas..., supplie-t-il d'une voix faible.

Je caresse sa joue et passe ma main sous ses yeux pour essuyer ses larmes avant de l'embrasser. Il serre le drap sous ses doigts pour se contenir de toucher mon visage, pour rester aussi passif que je lui ai dit d'être.

— Bon garçon, susurré-je pour apaiser les mommy issues que j'ai réveillés pour mon propre plaisir.

Alors que je le couvre de tendresse histoire de refermer  la plaie que j'ai volontairement ouverte pour le pousser à bout, Adam retire son pantalon, ainsi que son boxeur et place son sexe dur et tendu contre le mien. Il n'entre pas tout de suite, bien que je serre son bassin avec mes jambes pour l'y encourager. Au lieu de ça, il exécute de lents aller-retour sur mon bouton de rose avec son gland humide de ma mouille.

Puis, lui qui a été silencieux jusqu'ici s'adresse à Leo.

— De quoi a-t-elle l'air quand je lui fais ça ?

Leo et moi nous regardons, et il analyse mes expressions, la manière dont je bouge au contacte de la queue Adam.

— Elle est sublime... Elle adore ce que tu lui fais, ses joues sont roses de bonheur et ses yeux sont noirs de désir. Elle est plus belle que jamais. Elle est toute à toi.

— Leo...

Il dépose un baiser sur ma main et je frissonne, peu habitué à recevoir tant d'affection de sa part. Il poursuit sa description.

— Mais elle est à bout. Elle attend impatiemment que tu passes à la suite, elle a l'air sur le point de te supplier de la prendre. Elle se touche les seins pour tenir.

La description que Leo fait de moi provoque un râle chez Adam qui augmente la force et la vitesse à laquelle il se frotte contre moi, me faisant pousser des plaintes.

— Ad-

Lorsqu'il me pénètre lentement, très lentement j'en perd la voix de félicité. Après des mois sans le faire j'avais oublié combien il est bien monté, combien lui seul est capable de m'emplir ainsi.

— Et maintenant ? demande Adam.

— Maintenant, elle a la bouche ouverte de stupeur, le visage crispé de plaisir, elle commence à transpirer... comment est-ce qu'elle est ? demande-t-il à son tour.

— Fuck... elle est aussi serrée que dans mon souvenir. J'ai l'impression qu'elle essaie de m'aspirer en elle. Elle est bouillante et tellement douce, elle n'arrête pas de mouiller depuis tout à l'heure.

C'est au tour de Leonardo de jurer par tous les saints en italien. Il se cogne la tête contre le lit pour s'empêcher de réagir à la description d'Adam de ce que mon corps lui fait ressentir.

Les va-et-vient d'Adam en moi prennent en vitesse et en profondeur, décuplant mon plaisir déjà ineffable. Il se penche au-dessus de moi et m'embrasse, entrecoupant nos baisers par des mots d'amour, des louanges et les quelques descriptions de ce qu'il ressent qu'il offre à ce pauvre Leo.

J'alterne entre sa bouche et celle de Leo qui a de plus en plus de mal de se tenir à carreau maintenant qu'Adam lui offre l'expérience que je lui ai refusée.

À défaut d'avoir le contrôle qu'il voudrait sur moi, il prend le contrôle d'Adam. Leonardo qui connaît mon corps mieux que quiconque sur cette terre lui dicte comment bouger, lui impose le rythme qu'il sait me convenir le mieux, lui demande de toucher ou de lécher telle ou telle partie de mon corps pour lui, et Adam obéit à son professeur.

— Appuis sur le bas de son ventre, le but ce n'est pas de la faire crier, c'est de la faire oublier de respirer, ordonne Leonardo.

— Comme ça ? demande Adam en appliquant sa consigne.

Leo n'a pas besoin de lui répondre, mon corps se charge de lui faire savoir comme le conseil de Leo a été efficace lorsque je me crispe et que mes jurons deviennent de plus en plus colorés. Je répète son nom, pour le supplier d'arrêter, car je n'en peu plus, pour le supplier de poursuivre, car j'en veux tellement plus que ce que mon corps peut supporter.

Ma tête retombe sur l'oreiller, mes yeux se révulsent, ma bouche se relâche et se mets à baver tant je suis surstimulée par leur expertise à tous les deux.

Moi qui pensais prendre le dessus sur eux en les privant d'un sens chacun... je n'avais pas prévu qu'ils collaborent.

Ils complètent l'expérience de l'autre ; Adam me baise de son corps et Leonardo de ses yeux. Si bien que j'atteins un orgasme stupéfiant d'intensité dans un gémissement saccadé par mes spasmes musculaires.

Bien évidemment, Leonardo décrit tout de ma réaction et de mon expression à Adam qui affiche un large sourire, satisfait.

Je ne me suis même pas encore remise de mon orgasme qu'il me soulève de ses bras puissants et me retourne comme un bout de viande sur le lit avant de prendre mon bassin et de me pénétrer par-derrière, m'arrachant un cri de surprise. La sensation de mon précédent orgasme et du suivant se chevauchent dans mon vagin en feu alors qu'Adam me pilonne avec vigueur.

Il m'oblige à me cambrer, noue sa main autour de mes cheveux et me prend brutalement, secouant mon être tout entier. Des larmes nébulent mes yeux alors que je le supplie d'aller moins vite, moins fort, pour me donner une chance de ne pas succomber.

Au lieu de cela, il accélère et donne des coups de reins si retentissants que mes plaintes deviennent intelligibles et ridicules de sonorité ; des prières dans une langue primitive.

Je suis en train d'agoniser de plaisir.

— Adam... Adam, attends...

Au lieu de me prendre en pitié, il dit à Leonardo d'une voix froid et détaché :

— Fais-la taire.

Je n'ai pas encore enregistré l'ordre que la queue de Leo force l'entrée de ma bouche. Mes yeux manquent de sortir de leur orbite, car je ne l'ai pas vu la sortir, trop absorbée par Adam.

J'essaie de protester, ce n'est pas ça donc on a convenu, je ne peux pas les gérer tous les deux, je vais perdre la tête. Seulement aucune pensée rationnelle ne parvient à se former dans ma tête alors qu'Adam me baise derrière et que Leo me prive d'air devant.

Quand je tente de bouger pour avoir un minimum de contrôle sur la situation qui a tourné à mon désavantage, tous les deux se chargent de nouer mes bras au derrière mon dos.

De sa main libre Adam me caresse le clitoris alors que de la sienne, Leonardo me malaxe les seins.

Je fais une overdose de sensations plus jouissives les unes que les autres, si bien que des larmes se forment sur mes yeux et mes vagissements deviennent de plus en plus indécents.

Les coups de reins d'Adam me foudroient, ma position est tout sauf confortable, mais le sexe de Leonardo emplissant ma bouche, je ne peux que les subir allègrement.

Ils ne me laissent qu'un seul répit, les quelques secondes que ça leur prend pour me retourner et inverser leurs rôles. C'est à présent Leonardo, qui n'a rien à envier à Adam, qui me comble et la queue d'Adam qui s'enfonce dans ma gorge, provoquant moult réflexes nauséeux.

Je suis de nouveau frappé d'un orgasme, cent fois plus fulgurant que le premier et qui me retire toute vitalité. Mes forces me quittent et je ne suis plus qu'un patin à leur merci.

Un jouet qu'ils se partagent entre frères.

Dans ma chambre d'ordinaire silencieuse, résonnent les claquements de mes fesses contre le bassin de Leo, les bruits de succion de ma bouche autour de la verge d'Adam qui conduit ma tête, leurs grognements à tous les deux, leurs éloges et dégradations.

Je lève les yeux pour constater qu'Adam qui a retiré son bandeau improvisé depuis longtemps n'en profite pas pour me regarder.

C'est Leonardo qu'il regarde, un air de défi dans les yeux. Je réalise que je ne suis pas près de m'en sortir quand je comprends que c'en est fini de la collaboration.

À présent, c'est la rivalité qui s'est immiscée entre les frères.

— Tu penses à ce que je pense ? demande Leo.

— Le premier qui jouit perd ? devine Adam.

Putain, c'est un jeu pour eux. Je suis un jeu pour eux.

— Pitiez... épargnez-moi.

La main d'Adam se referme autour de ma nuque et il me soulève pour que je lui fasse face.

— Tu veux qu'on t'épargne ?

J'opine vigoureusement du chef. Mais au lieu de m'écouter, il regarde Leo.

— On l'épargne ?

À mon tour, je me tourne vers lui et le supplie du regard. Quand il sourit, je sais que c'en est fini de moi.

— Je sais pas, est-ce que mademoiselle Mäkinen s'est enfin décidé duquel parmi nous elle veut ?

— Oh, bonne idée ! commente Adam, c'est vrai que t'es pas bête.

— Merci, répond Leo.

Ils se moquent de moi.

Je ferme les yeux, car de tout ce qu'ils auraient pu me demander en échange de ma libération, c'est probablement la seule chose que je ne suis réellement pas capable de leur dire à l'heure qu'il est malgré mon mensonge de tout à l'heure.

— Tu entends ça ? demande Leo.

— Oui, je crois que c'est le silence le plus damnant que je n'ai jamais entendu.

Je soupire et tends les bras pour me rendre.

— Allez-y.

Ils se saisissent chacun d'un de mes poignets et le portent derrière mon dos. Adam abaisse ma tête de manière à ce que je demeure à genoux, face à leurs membres côte à côte.

Comme Adam me tient par les cheveux et par un bras, Leo se charge de m'ouvrir la bouche pour qu'Adam puisse s'y insérer. Sa longueur parcourt ma bouche jusqu'à atteindre le fond de ma gorge. Lorsque je réagis bruyamment au bout de quelques secondes, il la retire. Je n'ai le temps de prendre qu'une inspiration avant que ce soit Leo qui prenne possession de ma bouche.

Pendant ce temps, Adam qui lui a confié mon autre bras fait glisser ses doigts le long de ma colonne vertébrale, m'envoyant des décharges exquises. Il termine sa course entre mes cuisses et me pénètre.

J'approuve vocalement et en plus de mouvoir ma bouche autour de la queue de Leo, je joins des ondulations de mon bassin contre sa main pour lui donner plus de profondeur. J'en profite pour lever les yeux vers ceux que j'adore avoir sur moi depuis toujours, pour qu'il me regarde, pour qu'il voie comme je suis heureuse qu'il soit là, avec Adam et moi.

— Putain Heidi... ne me regarde pas comme ça... souffle Leo avant de m'élever pour m'embrasser.

Étant parvenu à l'ensorceler pour qu'il oublie de contraindre mes bras, je le bouscule sur le lit et grimpe sur lui. Il n'est pas surpris, il me connaît, il sait que ça a toujours été ma position préférée ; celle où j'ai le contrôle qu'il me laisse si rarement avoir sur lui.

Avec Adam, c'est différent, j'aime me soumettre totalement à lui au lit, j'aime le contraste entre celui qu'il est sous les draps et celui qu'il est dans la vie de tous les jours. J'aime sentir sa force brute faire vibrer chaque fibre de mes os.

Leo conduit mes hanches sur sa queue en suivant le rythme que je lui impose. Alors que je le chevauche, je cherche Adam et le reprends en bouche alors qu'il palpe mes seins dont les tétons sont si durs de luxure qu'ils me font mal lorsque la langue de Leo qui s'est redressé les parcourt.

Seulement, j'ignore si c'est à cause de la fatigue, mais mon corps devient engourdi et je ressens de moins en moins de plaisir. Alors quand Adam s'abaisse pour m'embrasser tour à tour avec Leonardo, j'attire sa tête à moi, pose mes lèvres sur son oreille et lui chuchote mon veux.

Il me regarde, surpris.

— T'es sûre ?

Je hoche la tête. Leo, n'ayant pas été mis dans la confidence, est visiblement confus.

— Quoi ? demande-t-il.

Je le regarde droit dans les yeux alors qu'Adam se positionne derrière moi. Lorsque Leo sent la virilité d'Adam à l'entrée de mon vagin que le sien occupe déjà, la stupeur se saisit de ses traits.

Comme si je venais de léviter devant lui, Leo me dévisage, au pris à un mélange de fascination et de terreur alors qu'Adam se glisse lentement en moi.

Ça fait moins mal que la première fois que j'ai tenté la double pénétration avec Adam et un de mes jouets, mais c'est tout de même douloureux.

Mais comme plaisir et douleur ne sont pas exclusifs, il y a de ses douleurs dont on ne peut que se délecter tant elles sont satisfaisantes, enivrantes même ; lorsqu'on arrache le bout de peau qui dépasse à côté de l'ongle, quand on se fait masser une partie déjà endolorie du corps, la brûlure d'une bouillotte sur le ventre quand on a ses règles, celle d'un shot de vodka très fort dans la gorge, quand on se fait tatouer.

C'est exactement ce que je ressens quand Adam et Leonardo m'emplissent de leur attribut.

Je dois reprendre mon souffle une fois qu'Adam est en moi, car déjà je sens le vertige me faire tourner la tête. Je sens ses baisers brûlants contre ma nuque.

— Ça va ? me demande Adam.

Je hoche la tête.

— Juste un moment...

— Bordel de merde, qu'est-ce que tu as fait d'elle ?! s'exclame Leonardo. Depuis quand-

Il n'a même pas les mots pour exprimer sa surprise.

Le soucie avec Leo, c'est que même si nos rapports étaient bien, il m'a toujours prise comme une gamine, une chose fragile. Il est très... vanilla.

Adam lui, et c'est dans sa nature, est beaucoup plus expérimental. Pendant les quelques mois où nous sommes sortis ensemble, j'ai découvert la femme que je suis capable d'être, celle que Leo ne m'a jamais laissé être.

— Tu es impressionné ? demandé-je à Leo.

Il baisse les yeux vers la jonction de nos trois corps.

— Terrifié.

Je ricane et l'embrasse.

— Encore mieux.

Lorsque je me suis accoutumé à leur volume, je commence à me mouvoir pour mieux les sentir, mais bientôt, c'est Adam qui se charge de m'imposer son rythme, les mains ancrées dans mes hanches. Leo se remet de son état d'hurluberlu et entre dans la danse avec nous.

— Mmmhhmm ! Oui ! Plus vite ! imploré-je.

Ils répondent à ma prière et me prennent des gémissements toujours plus haut perchés. Bientôt, des larmes se forment autour de mes yeux et je m'écroule sur Leonardo à bout de force alors qu'ils se battent dans ma petite peau pour clamer leur domination sur moi. Nos trois corps en sueurs glissent les uns sur les autres.

Leo prend ma tête avec une main et me ferme la bouche avec l'autre pour étouffer mes cris. Sans ralentir la cadence, Adam se penche au-dessus de moi et me demande d'une voix rauque.

— Ça fait mal ?

Je hoche frénétiquement la tête en sanglotant.

— Parfait, répond-il.

Oh mon dieu !

C'est tout ce qu'il me faut pour m'abandonner à l'oubli. Un puissant raz de marée vient apaiser le brasier en moi au moment où tous les deux poussent une exaltation presque simultanément.

Dans l'ivresse de mon propre orgasme, je ne saurais dire lequel a éjaculé le premier, lequel a perdu. Je sais seulement que tous les deux sont en train de se déverser en moi alors que je suis prise d'incroyables secousses.

Ils se retirent tous les deux de moi et je roule pour me retrouver couché sur le lit, exténué, n'arrivant pas à croire ce que nous venons de faire.

Mon sexe pulse longtemps après cette stimulation sans précédent, il me chante sa gratitude pour le meilleur orgasme de ma vie.

Adam se laisse tomber près de moi, de manière à ce que je sois entre les deux.

— Je vous avais dit que je pouvais faire de vous deux mes salopes.

Nous nous laissons tous les trois aller à l'hilarité, encore essoufflés des efforts fournis. Puis tous les deux me couvrent de tendres baisers comme pour applaudir ma performance de cette nuit avant de me dorloter.

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