21. Sin City
— Tu étais déjà venue à Las Vegas toi ? demandé-je en regardant à travers la fenêtre de la chambre du Ceasar Palace que nous occupons.
Elle donne une vue imprenable sur la ville et en particulier sur le Street, ces six kilomètres de lumières, de casinos, d'hôtels de luxe et de bars. Cette ville ne dort vraiment pas, il est presque 3h du matin et il y a autant d'activité qu'un début de soirée dans le centre-ville d'une ville normale.
— Plein de fois, pour des missions. Et toi ?
Je tourne le dos à la ville pour voir Adam qui sort d'une douche. Mon regard s'aventure sur son corps à demi dissimilé par une serviette qui s'accroche vaille que vaille à ses hanches. Il est un peu plus bronzé que dans mon souvenir, mais sa ceinture d'Apolon a elle gardé son teint d'origine, m'offrant un dégradé que me force à me demander de quelle couleur est le reste. C'est la première fois que je vois son corps depuis...
C'st quand même fou. Un soir nous faisions l'amour et parlions d'étoiles et le lendemain c'était fini en un éclair, littéralement.
— Heidi ?
Je cligne des yeux et le regarde, cherchant à me rappeler ce qu'il vient de me dire.
— Oh hum, non... je ne suis jamais venue ici.
Il m'offre un sourire complice. J'ignore si c'est parce que je lui ai dit ne jamais être venue ici ou si c'est parce qu'il m'a surprise en train de baver devant son corps si parfait. La coupe militaire lui scie vraiment. Elle complète sa silhouette de machine de guerre au sourire ravageur.
— Oh, ce sera donc ton baptême à la ville du vice.
— La ville du vice ?
— C'est le petit nom de Las Vegas. La ville de la décadence, de la débauche, de la démesure, de l'excès, des mariages express et surtout de tous les plaisirs. Ici, en une seule soirée, on peut commettre les sept péchés capitaux, dit-il enthousiaste.
Ça a l'air d'être le genre d'endroit qu'Adam adore. Il aime l'action, la fête, parier sa vie. Je crois que moi aussi j'aurais pu apprécier ma première expérience de Vegas si je n'étais venue avec un objectif précis.
— Dommage, je suis là pour autre chose.
Adam s'approche de moi, me surplombant de son quasi deux mètres, jusqu'à faire ombre à toute source de lumière. Il prend mon menton dans sa main.
— Rien ne dit qu'on ne peut pas s'amuser tout en faisant ce pour quoi nous sommes venus.
Ma poitrine se conscrit et ma respiration devient laborieuse quand ses yeux m'invitent à leur succomber.
Oui, je le veux, je veux lui arracher sa serviette et avoir une vue d'ensemble sur lui, je veux le baiser et cocher le péché de la luxure sur ma liste, je veux l'entendre geindre dans le creux de mon cou, je veux voir l'homme qu'il est réduit à néant dans mes bras et finir la nuit en le maternant.
Mais ce que je veux plus que tout, c'est d'éviter les drames et les problèmes. Si je craque à cause de son corps ou de ses mots, je pourrais ne pas faire une décision éclairée. Je tiens encore à la paix intérieure et à la stabilité émotionnelle que je suis parvenue à acquérir pendant son absence.
— Adam...
La déception traverse ses iris.
— Je sais... tu as besoin de temps.
Il retire sa main et s'en va s'habiller. Je ne me gêne pas de détourner mon regard, si je ne peux pas l'avoir tout de suite, je peux au moins m'offrir le spectacle de son physique. Pour dissiper le froid qu'a jeté mon rejet, je tente de rediriger la conversation vers l'utile et non l'agréable.
— D'ailleurs, pourquoi Vegas ?
— Hm ? demande-t-il en enfilant un pantalon.
— Pourquoi chercher le Roi à Vegas et pas les autres villes ou mêmes pays ? Tu as l'air plutôt sur qu'il est ici.
— J'en suis certain.
— Oui, mais pourquoi ? D'où te vient cette certitude ? Si tu me dis que c'est une intuition, je ne te croirai pas.
Il ricane.
— Non ce n'est pas une intuition, c'est Leo-
ll s'arrête au beau milieu de sa phrase, l'air de réaliser quelque chose. Puis il me regarde, moi qui attends toujours sa réponse.
— Alors ?
— Hum... j'ai fait quelques recherches. J'ai fouillé un peu dans le système de The Players et j'ai trouvé quelques éléments sur le Roi qui m'ont tous mené à Vegas.
— Comme quoi ?
Il reste silencieux de longues secondes, l'air de se poser la même question que moi. En voyant que sa réaction me laisse perplexe, il s'empresse de changer de sujet.
— Je t'expliquerai plus tard. Il s'est passé quoi avec Dan hier ? Il a dû partir en ambulance.
J'arque un sourcil face à cette attitude d'évitement, mais décide de ne pas trop porter attention à cela.
— Je... je sais pas. On s'entraînait ensemble, tout allait bien et d'un coup j'étais sur lui en train de le tabasser. Comment va-t-il ?
— Aux dernières nouvelles, il devrait s'en sortir, mais il est pas mal amoché de ce que m'a dit Moïse. Ça t'arrive souvent ?
— C'était la deuxième fois.
Il s'était produit la même chose il y a deux mois en mission. J'étais en plein contrôle de moi-même et la seconde d'après j'avais étranglé ma cible dans sa propre chambre. La différence c'est qu'il y a deux mois c'est à Adam que je pensais, hier, c'était Leo qui me hantait.
Peut-être que je n'ai pas encore atteint la stabilité émotionnelle que je voulais.
C'est mon tour de dévier le sujet de conversation, je n'aime pas le fait qu'il me questionne ainsi, j'ai l'impression de revivre les interrogatoires de Leonardo.
— Bon, on devrait s'y mettre non ? dis-je en regardant l'heure.
C'est maintenant que la vie de nuit est à son apogée, que les personnes les plus intéressantes sortiront de leurs suites d'hôtels. Si l'on veut trouver le Roi, nous devrions commencer au plus vite. Je ne veux pas passer l'année ici.
Adam qui depuis a fini de se vêtir de noir comme moi prend son casque de moto et le mien.
— Tu as raison.
Il ouvre la marche et se dirige vers la sortie, ouvre la porte et m'indique de passer à la façon d'un gentleman. Lorsque j'arrive à son niveau et passe en dessous de lui, il me retient.
— Heidi.
Je lève les yeux vers lui.
— Je suis content de refaire une mission avec toi.
En effet, il a l'air survolté. Ça me fait fondre intérieurement. Je lui prends mon casque des mains et sors sans un mot. Il me suit en chantonnant et je peux deviner le sourire qui doit fendre son visage en deux.
Nous sortons de l'hôtel et nous engageons dans Las Vegas à la recherche du Roi.
Je commence à ne plus y croire.
Cela va faire presque une semaine que nous avons défait nos valises, une semaine de recherches intensives et toujours rien.
Enfin, si nous avons eu quelques informations çà et là, certaines plus pertinentes que d'autres, mais chaque fois que nous avons suivi les traces, ça ne nous a menés nulle part. Dans une ville centrée autour du jeu, « The Players » n'a pas la même signification que partout ailleurs.
Autre part, notre nom inspire la peur, on nous associe au crime, on parle du fameux Joker. Ici, il n'en est rien. Tout le monde est un jouer ou un criminel ici, il y a des tas d'institutions au nom de The Players, de gens connus sous le pseudonyme de Roi, d'As, de Valet et autre terme du lexique ludique. Même le 21 ne dit rien à personne ou ceux qui connaissent son nom disent qu'il s'agit simplement d'un mythe.
Je commence à perdre espoir, mais Heidi elle commence vraiment à perdre patience.
— Ça ne sert à rien, c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin, râle-t-elle alors que nous sortons d'un énième club de danseuses.
Elle sort un paquet de cigarettes de sa poche, en prend une, l'allume et l'introduit dans sa bouche. Après avoir tiré un bon coup, elle souffle la fumée ainsi que sa frustration accumulée de notre journée de recherche infructueuse sous le soleil cruel du désert du Nevada. ¸
Elle ne fumait pas avant. J'en ai déduit qu'elle a commencé cet été et que notre séparation et tout le reste y sont probablement pour quelque chose. Sans doute a-t-elle trouvé dans la nicotine un certain réconfort. Un moyen de calmer sa frustration. Je le sais, car elle ne fume pas régulièrement. Depuis que nous sommes là, ce n'est que dans des moments comme celui-ci que je l'ai vue se résoudre à sortir une cigarette, lorsqu'elle est vraiment en cran.
Alors je ne lui ai pas fait de remarque à ce sujet.
De toute façon, je sais qu'une quelconque critique de ma part sur cette nouvelle habitude serait mal venue et mal reçue. Elle a eu 21 ans cet été, c'est maintenant une adulte dans tous les sens du terme, elle sait déjà que ce n'est pas idéal, nous ne sommes plus ensemble, je l'ai abandonnée tout un été et elle vit mal le deuil de son plus vieil ami.
Je me contente de la regarder faire, attendant qu'elle finisse pour lui proposer de rentrer nous reposer. Les néons verts du club dans lequel nous étions questionner le patron se reflètent sur son visage et donnent leur couleur à la fumée parfumée au tabac qu'elle rejette. Je ne peux m'empêcher de la trouver un peu cool, adossée sur le mur de la battisse, vêtue du débardeur gris et du short noir qu'elle a porté pendant la journée à cause de la chaleur, ainsi que de ma veste en cuir que je lui ai prêtée quand la nuit s'est refroidie, ses cheveux qu'elle a portés en deux nattes depuis que je l'ai revue et son air blazé. Le paquet de Malboro n'est vraiment que la touche finale.
La candide Heidi dont je suis tombé amoureux a laissé place à une Heidi un peu plus mure. J'avoue que j'apprécie ce changement, car moi aussi, j'ai changé, je ne suis plus aussi naïf qu'avant. Alors cette nouvelle version d'elle convient totalement à la nouvelle version de moi.
— Quoi ?
Je quitte mes songes et me concentre sur elle lorsqu'elle se tourne vers moi.
— Hm ?
— Tu me fixes depuis tout à l'heure, il y a un problème ?
Je n'y avais pas fait attention...
— Oh, je te trouve magnifique, c'est tout.
— Magnifique ? Toutes les filles sont en robes à talons alors que j'ai l'air d'Indiana Jones, je ne suis pas magnifique. En plus, j'ai transpiré toute la journée, dit-elle e grimaçant après avoir senti son corps.
— Je te préfère bien assaisonnée, tu te rappelles ?
Elle pouffe de rire et lève les yeux au ciel. Ravie qu'elle ne soit pas devenue insensible à mon humour, je lui souris, conscient de l'effet que ça a sur elle. Nous échangeons un long regard, lourd des sentiments que nous avons refoulés depuis des mois.
Dormir avec elle sans la toucher est un supplice.
— C'est quand même un peu dommage que nous ayons fait tous les meilleurs casinos, boites de nuit et clubs de striptease de Vegas sans en profiter un peu. Tu ne trouves pas ?
Habituellement, chaque fois qu'on faisait des missions ensemble, on trouvait un moyen de s'éclater pour pimenter un peu les choses. J'adorais faire équipe avec elle, car elle comprenait mon amour pour les sensations fortes et les petits plaisirs. Elle comblait mon hédonisme de la meilleure des façons.
— Pas faux... surtout qu'à notre retour, ce sera la rentrée. Les cours.
— Les révisions.
— Les examens.
— Les entrainements.
Nous geignons tous les deux à l'idée de reprendre les classes. Même si moi j'aime bien apprendre et que j'ai des notes exemplaires, je sais qu'Heidi déteste vraiment ça. Elle a eu pas mal de difficulté à avoir la moyenne l'année dernière.
Quand elle écrase son mégot de cigarette, je lui pose la question que je n'ai pas osé lui poser de la journée, de peur de l'irriter plus qu'elle ne l'était déjà.
— Alors ? On a fait presque tous Vegas. Tu crois qu'on va réussir à le trouver ?
Elle soupire. Elle sait que la réponse est sans doute non.
— On a peut-être été trop optimistes à croire qu'on pourrait se pointer et trouver le leader de l'organisation terroriste la plus recherchée de la planète en quelques jours, concède-t-elle. Tu veux abandonner ?
Je lève les épaules.
— Je me dis que j'aurai peut-être d'autres occasions de trouver de qui il s'agit, peut-être avec plus d'indices.
— D'ailleurs, depuis qu'on est là, tu ne m'as toujours pas dit ce qu'il en était de ce tuyau que tu as eu concernant ce mythique casino 21. Si ça se trouve, c'est une info bidon. De qui la tiens-tu ?
Sa question me prend de court, pas parce que je ne m'y attendais pas, j'ai passé cette semaine à l'esquiver au possible, incapable de lui mentir en la regardant droit dans les yeux, mais parce que je n'ai pas anticipé qu'elle me la poserait maintenant. Je prends un moment avant de lui répondre quelque chose de sensé et plausible.
— Je... j'ai questionné ma mère et elle a fini par craquer et m'a parlé d'un 21 où je pourrais trouver le Roi.
Elle me fixe de longues secondes, analysant mon non-verbal.
— Elle ne t'a rien dit d'autre sur ce 21 ? Où le trouver ? Qui le gère ? Qui y est affilié ?
— Non, elle m'a seulement dit que c'était un casino clandestin. C'est probablement un endroit caché réservé à ceux ayant reçu une invitation.
Elle fronce les sourcils.
— Donc en plus de le trouver il faudrait une invitation pour y entrer... mais on n'en a pas.
Si j'en ai une. Une carte y donnant accès. Mais je n'ai pas voulu me risquer à lui en parler ou même à la lui montrer, de peur qu'elle l'ait déjà vue et qu'elle comprenne qui me l'a réellement donnée.
C'est vraiment l'enfer. J'essaie de lui montrer qu'on peut espérer se donner une seconde chance, mais je suis déjà en train de bâtir cette relation sur un énorme mensonge. Mais je n'ai pas le choix de lui cacher, de lui mentir, parce que...
« Heidi ne te le pardonnera jamais. »
Alors que la culpabilité à laquelle j'ai été en proie depuis mon retour de l'Italie m'assaillit de nouveau, une berline noire se stationne devant la bâtisse où nous nous trouvons. Elle attire directement mon attention, car bien que ce soit une voiture de luxe, ce n'est pas vraiment le genre de voiture de luxe qui popule les rues de Vegas. Ici, c'est plus les voitures de coupe sportives aux couleurs flamboyantes et bruyantes qui défilent de casino en casino. Des bolides qui respirent la démesure et le m'as-tu-vu à l'américaine.
Non, là c'est plus que genre de voiture de luxe qu'on voit en Europe.
Je crois même reconnaitre une plaque d'immatriculation italienne. Je suis en train de la mémoriser par instinct lorsque deux véhicules similaires apparaissent et se garent derrière la première. Je comprends alors qu'il s'agit d'un convoi. Mon hypothèse est confirmée quand plusieurs hommes vêtus de complets noirs sortent des véhicules.
Armés.
Mon cœur chute dans ma poitrine lorsque je réalise qu'ils ne sont pas une petite troupe de témoins venus célébrer un enterrement de vie de jeune homme aux putes. Je regarde Heidi qui les fixe, intriguée. Puis je vois que l'un d'entre eux a remarqué notre présence, ainsi que le regard très appuyé d'Heidi.
Je m'empresse de l'attirer à moi et de l'embrasser tout en promenant mes mains de manière indécente sur son corps. Heidi qui d'abord fige se laisse faire et entre même dans la danse une fois qu'elle comprend que je tente de leur faire croire qu'on ne les a pas remarqués.
Les portières s'ouvrent et se fermes à la chaine, plusieurs pas se dirigent vers nous, mais passent notre niveau. La porte du club de striptease s'ouvre et je vois dans ma vision périphérique les hommes y entrer en dissimulant leurs armes, sans nous nous prêter attention.
Entre deux gémissements d'Heidi, je capte quelques bribes d'italien.
— Pensi davvero che troveremo informazioni sul 21 in un bar di spogliarelliste?
— Onestamente no, ma se torniamo a casa senza niente il capo ci farà uccidere tutti, lo sai.
— Si ma-
— State zitti, dobbiamo essere il più discreti possibile. Facciamo quello che siamo venuti a fare e andiamocene.
Quand ils sont tous entrés, la lourde porte menant à l'accueil se ferme. Alors seulement, je lâche Heidi qui reprend son souffle après ce baiser auquel j'ai un peu trop pris goût. Bien que nos lèvres ne soient plus scellées, je la tiens toujours contre moi et elle ne s'y oppose pas.
— Tu les as entendus ? demandé-je.
— Oui, mais je n'ai pas compris.
— L'un d'entre deux a mentionné le 21. Ils le recherchent aussi....
Elle écarquille les yeux.
— Alors il existe ?
— Je crois bien. Et s'ils sont ici, c'est que ce club de striptease doit y être lié de près ou de loin.
Elle hoche la tête.
— On fait quoi ? interroge-t-elle.
— Je ne sais pas trop. On a déjà questionné les danseuses.
— Oui, mais on a l'air de touriste. Si ça se trouve, elles vont leur donner des informations qu'elles nous ont cachées, surtout vu leurs arguments à poudre noire.
C'est vrai.
— Tu as raison. Mais justement, ils sont tous armés et n'avaient pas l'air d'être venus discuter seulement. Je ne crois pas que ce soit une bonne idée d'entrer là-bas.
— Surtout qu'ils nous ont vus. Quoique...
— Ils ne nous ont pas vraiment vus, nos visages je veux dire.
Elle acquiesce et je peux voir l'idée qui est en train de germer dans mon esprit émerger du sien.
Enfin un peu d'action.
La musique qui suit une cadence aux accents réguliers et aux paroles indéchiffrables résonne au loin tandis que je tiens une des danseuses par le cou.
Je me suis introduite dans sa loge il y a de cela presque dix minutes et me suis cachée en attendant son retour. Quand elle est entrée, elle ne m'a pas aperçu. Elle titubait, ayant probablement vu pendant son quart. Profitant de ce qu'elle s'est penchée pour tirer une ligne de cocaïne, je me suis approchée d'elle et j'ai passé mon bras sous son cou avant de le serrer fermement.
Elle se débat pour l'air, tente de crier par delà mon autre main sur sa bouche, secoue la tête, convulse, est prise de petits spasmes et se calme finalement. Lorsque j'ai la certitude qu'elle est dans les pommes, je la traîne et la dépose dans un coin de la pièce.
Le temps m'est compté avant que l'une de ses collègues finisse son show et viennent dans les vestiaires alors je me hâte à me déshabiller, lui retire ce qu'elle porte et enfile la tenue pauvre en tissus en croisant les doigts pour ne pas choper une infection ce soir.
Trois coups puissants sont donnés à la porte.
— Hey, Bailey. C'est bientôt l'heure d'y retourner ! me somme celui que je devine être le patron du club.
Étrange, tout à l'heure quand Adam et moi sommes entrées à sa recherche, tout le monde nous a affirmé qu'il était absent aujourd'hui et que si nous avions des questions, il fallait les passer à la plus ancienne des danseuses.
On dirait qu'on nous a menés en bourrique.
Les coups reprennent, plus forts, plus oppressants.
— Allez Bailey !
— J'arrive, dis-je en me levant sur les talons aiguilles de plus de dix centimètres qu'elle portait.
Je regarde Bailey qui repose paisiblement au sol, couverte d'une serviette que j'ai trouvée dans ses affaires. Elle a l'air très jeune, à peine plus vieille que moi. La pauvre, je me demande quel genre de drames l'ont conduise ici ; obligée à se dandiner nue sous le regard lubrique de touristes pervers et sous le commandement d'un gérant franchement casse-couille.
Je ne pense même pas que Bailey soit son véritable nom. Elle a pris un nom d'alcool comme c'est si commun dans le milieu du travail du sexe et Bailey c'est sans doute parce que comme moi elle est métisse.
Le summum de l'objectification de son corps.
— Bai-
J'ouvre la porte, ce qui le surprend au point où il fait le saut. Pour reprendre contenance, il se racle la gorge et me saisit fermement par le poignet avant de m'entraîner dans le couloir. Il n'a même pas remarqué que je n'étais pas sa danseuse.
— On a des clients importants. Ils sont dans l'une des salles VIP. Depuis le début de la soirée, ils demandent une nouvelle fille, mais la renvoient en quelques minutes à peine. Alors peut-être qu'ils veulent quelque chose plus exotique.
Non la raison pour laquelle ils les renvoient, c'est parce qu'elles ne savent rien sur le 21. Probablement que le propriétaire du club ne sait rien non plus.
Il me traîne dans la salle où les clients réguliers regardent des danseuses exécuter des chorégraphies sur des plateformes ou se balader pour les servir. Je cherche Adam dans la pièce, mais ne le vois pas. D'un coup, mon assurance baisse d'un cran. Il m'avait dit qu'il ne serait pas loin en cas de problème.
Nous traversons la salle pour prendre une porte menant à un couloir éclairé de rouge et longé par plusieurs portes. Alors que nous l'empruntons, des musiques diverses me parviennent en provenance de chacune de ses portes, ainsi que le son d'ébats sexuel. Sans doute que ceux qui ont mis la main à la poche ont droit à un show privé. Nous arrivons devant la salle au bout du couloir.
— Bon, ma jolie, je compte sur toi.
Il prend le plateau qui repose sur la petite table devant la porte et qui contient deux bouteilles que les clients à l'intérieur ont dû commander, six verres, un grand seau de glace et quelques accompagnements.
Il me le dépose dans les mains, ouvre la porte, me claque les fesses et la referme derrière moi.
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