12. Go and love yourself
Comment est-ce qu'il est parvenu à faire ça ?
— Le docteur Bloom est demandé au triage, le docteur Bloom au triage.
Comment est-ce qu'il a réussi à foutre nos vies en l'air alors que j'étais censée m'être débarrassée de lui ?
Maintenant, je ne sais même plus où donner de la tête. J'essaie de me concentrer sur Adam, sur ce que je lui ai fait, sur ce que je dois lui dire, pour lui expliquer, pour me faire pardonner, mais ces quatre mots résonnent encore d'un fort écho dans ma tête.
« Je t'aime, Heidi. »
Combien de fois ai-je voulu l'entendre me le dire ? Pendant combien de temps ? Chaque fois que je le lui disais moi, et qu'il me répondait de son automatique « je sais », parfois même sans me regarder, chaque fois que l'on venait de coucher ensemble et que je le regardais amoureusement, attendant des mots d'amour sur l'oreiller, chaque fois que je m'étais carrément abaissée à le supplier de le dire et qu'il ne faisait que me fixer, comme si sa bouche était mécanique incapable de prononcer ces mots.
Et c'est maintenant que c'est la dernière chose que je voulais entendre, maintenant qu'il a tout gâché, maintenant qu'il s'en va qu'il a choisi pour le dire.
Quelle enflure de première !
La partie rationnelle en moi me dit que ce n'était pas sincère. À présent que je sais qui est vraiment Leo, je sais que rien ne l'arrêterait pour déstabiliser son adversaire, surtout après ce qu'il m'a fait dans ce restaurant le soir qui a précédé nos quatre mois de marché. Il serait capable de m'avoir dit qu'il m'aime à la légère, sachant pertinemment le trouble que cela allait créer en moi... le doute, la peur, une satisfaction malsaine également.
Il me coûte de l'admettre, mais si c'est le cas, il a réussi. Il a gagné.
L'autre possibilité est d'autant plus terrifiante, car cela voudrait dire qu'il était sincère. Qu'il m'aime et qu'il m'a aimée toutes ses années.
Et je ne veux pas. Je ne veux pas qu'il y ait la possibilité que derrière l'homme froid et distant que j'ai connu, celui qui m'a trompée avec une inconnue, a brisé mon cœur, celui qui nous a menacés moi et celui que j'aime, celui qui s'amuse à utiliser les gens autour de lui comme de simples pions puisse cacher un cœur capable d'aimer véritablement. Comment suis-je censée le détester si c'est le cas ?
— Mademoiselle.
Mon regard descend vers la réceptionniste qui me glisse une carte d'accès.
— La chambre du patient est la 314, aile B.
— Merci.
Je récupère la carte et quitte la file de personnes. Je passe quelques vieillards stationné ensemble dans des fauteuils roulants et me dirige vers l'aile B. Cet hôpital, je le connais comme ma poche. Mes parents y ont travaillé toute leur vie... avant que mon père vire ma mère, il y a de cela quelques mois.
Mais aujourd'hui, il me semble différent. Les couloirs me paraissent si étroits, comme ceux de la mort, me menant vers mon exécution. L'odeur de désinfectant m'écœure, les lumières trop fortes aussi, sans parler des plaintes des patients souffrants, délaissés sur des civières par-ci par-là.
En les voyant, je ne peux m'empêcher de me demander s'il est dans le même état. Est-ce qu'il a mal ? Est-ce qu'il souffre ? Est-ce qu'en plus d'avoir le cœur brisé, son corps le fait souffrir ?
Rien que de l'imaginer souffrant me fait du mal. Tant de mal.
Quand mon père m'a dit qu'il avait vu Adam arriver en ambulance à l'hôpital, j'ai été surprise et alarmée. On venait à peine de se laisser et il avait fait un accident de moto.
Personne n'est plus dans son élément sur une moto qu'Adam. J'ai eu extrêmement du mal à concevoir qu'il ait pu faire un accident sans même être en mission. Cela m'a laissée deviner l'état d'esprit dans lequel la découverte de ma liaison avec Leonardo... son coach qu'il admirait comme un grand frère, l'a laissée.
Putain.
J'avais la situation sous contrôle. Cela faisait bientôt une semaine que le chantage de Leonardo avait pris fin, je tenais sa vie entre mes mains, il suffisait que je passe mes examens et j'allais avoir le plus merveilleux des étés avec Adam. Nous avions prévu de faire un tour du monde. Et maintenant...
Maintenant, je me tiens devant la chambre d'hôpital où Adam a passé trois nuits, la main tremblant sur la poignée, appréhendant la conversation sur le point de se produire, la boule au ventre. Une boule de honte et de regrets.
— Tout va bien aller, Heidi. Entre, explique-lui, dis la vérité.
Je retiens mon souffle et ouvre la porte de la chambre.
Je suis étonné de trouver Adam debout, habillé et en train de fourrer des vêtements dans un sac de sport, et non couché, souffrant et misérable. Quand il se tourne vers moi, il fige.
Puis son regard durcit.
— Sors.
Un seul mot, mais il contient à lui tout seul tout le mépris de la terre. Je ne sais pas quoi répondre à cela, alors je fais comme s'il n'avait rien dit.
— Bonjour Adam.
— Dégage, j'ai dit-
— Je suis contente de voir que tu vas bien. Je croyais que tu avais fait un de ses horribles accidents de motos où ils perdent des chevilles, comme sur les vidéos que tu m'as montrées, mais on dirait que tu as la peau dure.
Si ce n'est les bandages autour de ses bras et de son front, on dirait qu'il pète la forme. Adam est comme ça. Un véritable cascadeur. Il sait comment chuter sans se faire mal. Ça doit être ses compétences qui lui ont fait que ses blessures ne soient que superficielles.
— Pas suffisamment, dure pour éviter de me faire planter dans le dos par le pervers et sa pute.
Il crache le dernier mot en me regardant droit dans les yeux, puis passe la courroie de son sac sur son épaule et se dirige vers la sortie sans se donner la peine de me contourner. En un battement de cil, il est parti.
Je dois me secouer pour le suivre dans l'aile B, jusqu'à l'ascenseur où il m'ignore toujours et vers la sortie du bâtiment.
— Attends Adam... il faut qu'on parle...
Il ne me répond pas et marche tout droit.
— Adam ! S'il te plaît ! Je suis désolé, il y a une explication, je-
Comme il ne ralentit pas, je cherche un moyen de le retenir.
— Ta moto est détruite. Je viens de parler avec ta mère au téléphone, je suis venue te ramener chez toi, dis-je en lui montrant les clés de ma voiture. On pourra en parler plus tard si tu ne veux pas parler maintenant, mais je dois te rame-
Une voiture sortie de nulle part vient se garer juste en face de nous. Adam ouvre le coffre arrière et y jette son sac. Un visage que je reconnais bien assez vite apparaît côté conducteur.
Celui de Paige. La capitaine de l'équipe de Cheerleading... une très bonne amie d'Adam.
— Oh ! Tiens, Heidi ! Qu'est-ce que tu fais là ?
Comment ça, qu'est-ce que je fais là ? Je suis venue récupérer mon copain, toi qu'est-ce que tu fais là ?
Je ne lui dit pas, mais ça doit se lire sur mon visage puisqu'elle enchaîne :
— Adam m'a dit que tu n'étais pas dispo pour le récupérer, alors je suis venue le chercher. Mais comme tu es là-
— On y va, la coupe Adam en prenant place auprès d'elle.
Attends... c'est elle qu'il a appelée en premier pour venir le chercher ?! Je n'étais même pas au courant il y a trois heures qu'il avait fait un accident et lui avait déjà son chauffeur pour le retour ?!
Je regarde Adam, blessée, tout en sachant que je n'ai pas le droit de l'être après ce que je lui ai fait. Le venin de la jalousie se répand dans mes veines.
Je me penche.
— Oui, je suis là maintenant. Je vais le ramener chez lui, tu peux t'en aller.
Ma voix se fait légèrement plus agressive et possessive que je ne l'aurais voulu.
— On y va Paige, répète Adam.
— Adam...
Les larmes sont apparues avant que je ne m'en rende compte et ma voix a craqué contre mon gré à l'idée qu'il préfère partir avec elle plutôt que de s'expliquer et d'arranger les choses avec moi.
Le malaise se lit sur le visage de Paige qui réalise qu'elle arrive en plein conflit. Elle semble un peu hésitante, mais finit par prendre le parti de son ami. Elle démarre et l'emmène avec elle.
Seule dans le stationnement du centre hospitalier, alors que le soleil du zénith me brûle la peau, je me retiens de fondre en larmes. Je sais que je n'ai pas le droit de pleurer. Tout ça, c'est de ma faute, c'est moi qui lui ai fait du mal.
Je sèche mes larmes, me répète quelques mots d'encouragement.
— Il besoin de temps pour digérer la nouvelle, c'est tout. Concentrons-nous sur les examens à venir, on arrangera les choses avec lui après.
C'est ce que je m'étais dit ce jour-là, mais je n'ai pas résisté bien longtemps. J'ai essayé à maintes reprises d'entrer en contact avec Adam, mais il m'a évité chaque fois.
Pendant la période d'examens, nous nous sommes certes croisés, mais très brièvement. Adam arrivait parmi les derniers et sortait de la salle d'examen le premier pour ne pas changer. Sans m'adresser un seul regard, pas un seul, même méprisant.
Chaque fois, les larmes me montaient aux yeux, ma vision s'embrouillait, si bien que je ne voyais même plus les mots et les formules sur mes copies d'examens. J'ai même dû demander une nouvelle copie pour mon examen de dessin technique, car mes larmes avaient ravagé la majorité de mes dessins, m'obligeant à recommencer l'examen avec moitié moins de temps.
La peine, couplée au stress des examens, a fait de cette semaine un véritable calvaire. Mais je suis parvenue à rester concentrée. J'estime que mes examens se sont bien passés, j'avais très bien révisé pour ceux-ci... avec lui.
Je suis donc en vacances depuis trois jours seulement. Ce qui veut dire qu'Adam aussi. Si je veux lui parler et que tout redevient comme avant pour l'été, c'est ma chance.
Qu'il le veuille ou non.
Où est-ce qu'il peut bien être, cet enfoiré de Leonardo Ricci ?
On ne disparaît pas comme ça, mais lui on dirait qu'il s'est volatilisé. Je me suis rendu chez lui dès que je suis sorti de l'hôpital pour régler mes comptes avec lui, mais il n'y était pas. Les jours d'après non plus. Je ne l'ai capté sur aucune des caméras de son immeuble où même de l'école lors des finaux.
Puis j'ai pensé au fait qu'il avait pu se déplacer, il semblait partir quelque part quand Heidi et lui...
Mais absolument aucune trace de lui. Il n'y a pas de billet de bus, de train ou d'avion à son nom dans aucune compagnie de transport.
Il s'est évaporé.
Bordel de merde !
— Qu'est-ce qu'il y a, Adam ?
Je lève le regard vers Moïse qui se tient en face de moi.
— Quoi ?
— Je te sens... troublé. Tu es très agressif depuis quelque temps et tu cognes plus fort que jamais, qu'est-ce qui te met dans un tel état de rage ?
Je regarde mes poings qui portent les séquelles des impacts de nos deux peaux au cours de l'entraînement d'aujourd'hui.
— Rien. On reprend, dis-je impatient de me défouler à nouveau sur lui, sur quelqu'un, sur n'importe qui à défaut de pouvoir le faire sur Leonardo Ricci.
Moïse m'observe de bas en haut, s'attardant sur ma poitrine qui se soulève frénétiquement et les pansements sur mon visage, la désapprobation au fond du regard.
— Tu es épuisé, on prend une pause-
— Non ! Non pas de pause. Je ne suis pas épuisé, on reprend !
Il croise les bras.
— Tu sors à peine de l'hôpital. Ne devais-tu pas plutôt prendre le temps de te remettre de tes blessures ?
J'analyse également mes bandages qui font le tour de mes bras et de ma poitrine. C'est vrai que ça fait un mal de chien. Je suis parvenu à limiter les dégâts lors de ma chute, mais les éraflures que je me suis faites le long des bras, du dos et du visage me font encore souffrir et le fait que je passe mes journées à m'entrainer ralentit beaucoup le processus de guérison.
Mais je ne peux pas m'arrêter. C'est tout ce que je peux faire pour me vider la tête, pour ne pas penser à elle, à lui, à elle ET lui, pour ne pas les imaginer en train de...
The Players a eu vent de mon accident sans que je n'en informe personne et j'ai été mis sur la touche pour l'entièreté de l'été.
Aucune mission pour moi.
Cerise sur le gâteau, la saison de football ne reprendra qu'en automne, donc pas de sport non plus. Je suis condamné à passer cet été sans rien pour canaliser mon énergie, mon angoisse et ma colère et le cœur en lambeaux par-dessus tout. Je n'ai même pas les cours pour me stimuler le cerveau, rien. C'est pour moi ce qui se rapproche le plus de l'enfer pour moi, cet état de passivité, d'inactivité.
Alors tout ce que j'ai, c'est les séances d'entrainement avec Moïse. Je viens, je m'imagine que c'est devant Leonardo Ricci que je me tiens et je tente de l'achever. Sauf que ce n'est pas Leonardo Ricci qui est devant moi et Moïse cogne probablement au moins 5 fois plus fort que lui. Je finis toujours dans un pire état que lorsque j'étais venu, rouvrant mes plaies qui commençaient à cicatriser.
— OK... un seule pause. Dix minutes.
Il me sourit et va chercher ma serviette sur le côté du tatami avant de la lancer pour que j'essuie ma sueur et mon sang sur mon visage. Le fait que je sois en convalescence ne l'a aucunement empêché de me tabasser au cours de cette séance.
J'adore.
Je vais chercher ma bouteille d'eau dans mon sac qui repose non loin de là. Alors que je la récupère, une vibration que j'attribue à mon téléphone attire mon attention. Le nom de Heidi apparait sur l'afficheur alors que je le fixe jusqu'à ce que la vibration cesse. Puis elle reprend avant qu'un autre message d'elle me suppliant de lui répondre ne s'affiche. Écoeuré, je saisis mon téléphone et fais ce que j'aurais dû faire depuis ma sortie de l'hôpital :
Je bloque son numéro et je la bloque de tous réseaux sociaux.
Je recommence à m'hydrater, réalisant combien j'avais besoin de cette pose et j'entends Moïse m'approcher alors que le jet d'eau atteint le fond de ma gorge. Je sens son regard pesant sur moi, alors j'arrête de presser la bouteille flexible et me tourne vers lui, les joues gonflées d'eau.
— Alors ?
— Quoi ?
— Tu comptes me dire ce qui te turlupine ? Pourquoi as-tu tant de rage à évacuer ces derniers temps ? Comment un type comme toi a pu faire un accident de moto sans même être en mission... pourquoi tu ne viens plus avec Heidi ?
À la mention de cette menteuse, je lève les yeux au ciel et vide la bouteille d'eau. Moïse lit dans mon non verbal et hausse les sourcils pour m'inciter à m'étaler sur ma vie privée. C'est pourtant proscrit, mais Moïse a toujours été le père que je n'ai jamais eu. Il est souvent une des premières personnes à qui je me confie quand ça ne va pas et il sait pour ma relation avec Heidi, même s'il me l'a fortement déconseillé à cause du règlement.
Derrière cette montagne de muscles et de tatouages, se cache un homme à la sensibilité qui n'a d'égale que sa force.
Je voudrais bien le faire encore, m'ouvrir à lui, si ça peut m'aider à me sentir mieux, mais je ne sais même pas par où commencer parce que je ne sais même pas tout de ce qu'il s'est passé il y a trois semaines. Heidi n'arrête pas de me dire qu'elle veut parler, pour s'expliquer, mais je n'ai pas trouvé la force de lui parler, pas sans lui cracher tout l'acide qui me brûle la cage thoracique chaque fois que je repense à la manière dont il la tenait sous la pluie.
Être cocu n'est pas le genre de chose qu'on veut crier sur tous les toits. En plus de la colère, j'ai profondément honte. Honte d'avoir été aussi aveugle, honte de ne pas avoir fait le lien entre eux, honte que ce ne soit même pas moi qui l'ai découvert ou même Heidi qui soit passée aux aveux, mais lui qui ait mis leur liaison au grand jour, ce fichu sourire aux lèvres.
Dire que la veille je regardais les étoiles avec lui...
— Leonardo Ricci, ça te dit quelque chose ? dis-je finalement.
Moïse fronce les sourcils à la mention du nom.
— Euh... oui. C'est un homme très puissant à la tête d'un clan mafieux-
— Non, pas lui. Son fils.
Il semble chercher dans sa mémoire.
— Non, pas vraiment. J'ignorais même qu'il avait un fils du même nom... pourquoi ? Il est connu ?
Je soupire.
Ça ne m'étonne pas. Leonardo n'est presque pas impliqué dans les affaires de son père... officiellement en tout cas. À mois d'être spécifiquement du milieu du crime, peu de gens doivent même savoir qui il est.
— Non, c'est ça le problème. Il n'est personne.
— OK... et qu'est-ce que tu lui veux à personne ?
Je le fixe sans répondre. Il assemble les pièces tout seul avec l'animosité que je dégage.
— Je vois... je sais pas ce qu'il t'a fait, mais peu importe ce que tu as derrière la tête, oublie ça tout de suite.
— Pourquoi ?
— Le fils n'est peut-être personne, mais son père... ce n'est vraiment pas le genre de gens avec qui te veux créer des frictions. Ils sont d'un cercle qui ne pardonne absolument rien, la vengeance est de l'ordre du sacré chez eux et elle se limite rarement à leur cible. Si jamais ils sentent le moindre danger, ils te le feront payer à toi et tout ce que tu aimes. Même si tu élimines un d'entre eux, le reste de la famille te prendra pour cible.
— Qu'est-ce qui te dit que je cherche à l'éliminer ?
Il penche sa tête pour me demander de ne pas le prendre pour un idiot. J'abandonne.
— Et s'ils ne savent pas que c'est moi ? S'il y a quelque chose qu'on fait bien c'est l'assassinat dans l'anonymat.
— Ils sauront. Surtout que si j'ai bien compris, votre désaccord est de l'ordre personnel. Il te connait n'est-ce pas ? Leonardo fils.
Là encore, je ne réponds pas, le laissant lire la réponse sur mon visage. Moïse secoue la tête.
— Je comprends que tu sois très en colère pour je ne sais trop quoi, mais crois-moi, ça ne vaut pas la peine. Même The Players ne s'attaque pas à ce genre d'organisation, celles qui comme nous ont du pouvoir et ne craignent pas les représailles de la loi.
Je repense à ce soir où nous nous sommes infiltrés, Heidi et moi, dans leur demeure ici. The Players est soit en train de s'attaquer à eux, soit à un de leurs alliés. Apparemment, les autres ne sont pas au courant de cela. Alors je ne lui dis rien concernant cette soirée où j'ai volé des données chez eux.
D'ailleurs, maintenant que j'y pense, elles pourraient peut-être m'aider à trouver où se cache cet enculé de Leonardo Ricci.
— Lâche l'affaire. Compris ?
Je n'ai encore jamais menti à Moïse.
— Compris. On y retourne.
Mais toute chose a un début.
— Tiens. C'est de l'Earl Grey, j'espère que tu aimes.
— Merci, j'adore.
Je déteste le thé. Je ne comprendrai jamais comment les gens se sont convaincus que du jus d'herbe était bon au point de l'ériger au rang de boisson sophistiquée. Mais bon, je n'allais pas refuser celui que Violet vient de m'offrir. C'était ça où rester assises à nous fixer- enfin... vous comprenez. Pendant qu'elle me préparait son jus de chaussette, j'en ai profité pour observer un peu la maison qui m'a cruellement manquée et pour penser à ce que je vais bien pouvoir dire à Adam quand il rentrera.
Depuis qu'il m'a laissé à l'hôpital, nous ne nous sommes plus reparlé. Nous nous sommes croisés à l'occasion d'examens, mais sinon aucune interaction. Il ne répond pas à mes appels et à mes messages et il m'a bloquée il y a une semaine. J'ai même tenté d'entrer en contact avec lui à travers son compte Netflix, là aussi, il m'a stoppée.
Je sais que tout est de ma faute, que je ne devrais pas me plaindre du traitement qu'il me fait subir, mais ça fait un mois maintenant. Je n'ai pas voulu trop l'étouffer au début, je lui ai laissé le temps de digérer la nouvelle, mais là il faut qu'on discute lui et moi.
Il le faut pour qu'on arrange les choses.
— Ça fait si longtemps que tu n'es pas venue ! Je commençais à penser que quelque chose n'allait pas entre toi et Adam, me dit-elle en prenant place dans le sofa en face de moi.
Je me crispe quand elle me dit cela.
— A-Ah oui ?
— Oui ! Surtout qu'il est devenu un peu bizarre dernièrement. Il semble agressif, susceptible. Il répond très mal quand j'essaie de savoir ce qui le tracasse et encore plus quand je dis ton nom... il s'est passé quelque chose que je ne sais pas ?
J'ouvre la bouche pour répondre, mais n'y arrive pas. Comment lui dire que j'ai abusé de la confiance de son fils ? Que je lui ai brisé le cœur ? Et puis si Adam ne lui a pas dit pour nous, c'est qu'il ne veut pas qu'elle soit au courant de la tempête que notre couple traverse.
— Oh... hum... oui... une petite dispute, rien de bien grave, mentis-je.
— Je me disais aussi. J'espère que les choses vont bientôt s'arranger entre vous.
— Merci. Je suis venue exprès pour cela. Dès qu'on aura parlé, tout redeviendra comme avant.
Oui, c'est ça. On va parler, je vais lui expliquer, il va comprendre et l'on pourra reprendre où l'on en était dans notre relation. On pourra oublier Leonardo et profiter de l'été ensemble.
Tout va s'arranger...
— D'ailleurs, il est là.
Je fronce les sourcils avant de regarder le driveway vide. Ce n'est que quelques secondes plus tard que je perçois le vrombissement de la moto d'Adam avant de le voir apparaitre et se stationner devant sa maison. Je me tourne vers Violet qui me sourit.
Mon cœur accélère la cadence dans ma poitrine quand je le regarde retirer son casque et replacer ses cheveux. Le voir de nouveau sur sa moto malgré son accident me fait sourire. Il ne change pas.
Quand sa clé joue avec le verrou de la porte, je prends une grande inspiration, me préparant à la discussion à venir et me lève pour me rendre à l'entrée.
— Bonsoir maman.
— Bonsoir... Adam.
Il affiche la surprise lorsqu'il me voit à la place de sa mère. Puis, son visage s'assombrit.
— Qu'est-ce que tu fiches ici ? demande-t-il sur l'offensive.
Calme-toi. Calme. Tout va bien aller.
— Je... tu ne réponds plus à mes appels et aux messages... je crois aussi que tu m'as bloqué... alors je suis venue te parler directement.
— Ça ne t'est pas apparu que c'est parce que je ne souhaite aucunement te voir ou te parler ?
J'ignore quoi répondre à cela. Il est vrai qu'en débarquant ici, j'ai clairement violé son consentement à me voir et me parler. Mais il le faut. Il faut qu'on parle. Je serre la gorge alors que je sens déjà mes yeux me piquer et d'une voix instable, je souffle :
— S'il te plaît... écoute seulement ce que j'ai à te dire... je t'en prie...
Cela ne l'attendrit guère, mais quand sa mère apparait, l'air inquiète, il soupire avant de se diriger vers le sous-sol où se trouve sa chambre. Je le vois comme une invitation à poursuivre la discussion là-bas, pour ne pas que sa mère assiste à cela.
Je le suis jusqu'en bas, jusque dans sa chambre où il laisse tomber l'énorme sac noir à son dos qui atterrit lourdement par terre, dépose son casque sur son bureau, retire sa veste et ses gants de cuire, révélant partiellement les bandages à ses bras.
— Ça va mieux depuis ton accident, tenté-je pour détendre un peu l'atmosphère.
Dos à moi, il me jette une œillade mauvaise et je comprends qu'il n'est pas d'humeur pour les conversations de ce genre. Je souffle un coup, ma tentative ayant échoué, et je prends place sur son lit alors que lui s'assoit à demi sur son bureau, bras croisé, comme un bouclier pour le fermer à tout attendrissement de ma part, à tout mensonge de ma part.
Ça tombe bien, je ne suis pas venue l'attendrir, juste m'expliquer et dire la vérité, toute la vérité.
Voyant qu'il attend que je parle et que je me tire, je me racle la gorge.
— Je... je ne sais même pas par où commencer, avoué-je dans un rire nerveux.
— Tu peux commencer par le début, puisque c'est là que tu as commencé à me mentir, depuis le début, répond-il dit tac au tac.
Je déglutis, mais ne me laisse pas intimider par les poignards dans son regard.
— Bien. Hum... comme je t'ai dit, Leonardo Ricci est mon ex. En fait, nous avons grandi ensemble, c'était mon voisin.
J'observe sa réaction après cette révélation, mais l'absence de celle-ci m'indique qu'il ne s'agit pas là d'une révélation pour lui. Alors je poursuis.
— Avec le temps, je suis tombée amoureuse de lui.
Là, sa mâchoire se serre et il plisse les yeux.
— On s'est mis ensemble quand j'avais 16 ans... donc ça allait bientôt faire quatre ans nous deux. C'était quatre années où j'étais incertaine de l'existence même de ses sentiments. Il a toujours été si inexpressif et distant... je veux dire, tu le connais.
Adam ne réagit pas à mon invitation à corroborer ma description du caractère de Leo. Il me fixe, toujours sur ses gardes, à croire que je vais lui faire du mal.
Je lui en ai déjà fait tellement...
— À cause de notre différence d'âge et d'autres raisons aussi, nous avons gardé notre relation secrète pendant l'entièreté de ces trois années. Surtout que cette année il était mon prof de math, il ne fallait vraiment pas que quiconque sache pour nous deux. C'est précisément à ce moment que tu es entré dans ma vie, Adam. Tu étais tellement-
— Je m'en fiche, passe à la partie où il te baise dans mon dos.
J'ouvre la bouche, mais aucune excuse ne sort. Je baisse la tête et me mets à jouer nerveusement des doigts.
Allez Heidi, la vérité. Juste la vérité.
— Tu te souviens de l'exécution dont je t'ai parlé ? Chez les Ricci.
Pas de réponse. Son silence couplé à la manière dont il me regarde me rappelle tellement Leo que j'en frissonne.
— C'était lui. C'est Leo qui a tué cet agent du FBI. Ce que je ne savais pas quand je suis partie avec toi, c'est que lui aussi m'avait vu. Il m'a vu assurer à l'exécution. Le soir même, il m'a écrit, me commandant de le rencontrer, dans un restaurant pour discuter.
— Cette nuit-là, j'avais dormi chez toi, pourquoi tu ne me l'as pas dit ?
Je secoue la tête.
— Je... je croyais pouvoir gérer seule. Puisque c'était mon ex, je ne voulais pas te mêler à ça. Le plan c'était de couper tout lien avec lui au restaurant et de t'en parler directement après.
— Mais ?
Je renifle.
— Mais ça a été un fiasco total. Au restaurant, il m'a révélé qu'il savait pour The Players, il sait que je suis la Reine... et que tu es le Joker, ajouté-je la lèvre tremblante.
Là, Adam décroise les bras alors que ses traits se déforment d'inquiétude.
— Quoi ?
Sa question me fait comprendre combien j'ai sous-estimé la gravité de cela.
— Comment ça ?
— Je n'en sais rien-
— Tu lui as dit ?!
— Non ! Je te jure, je n'ai rien dit ! Je te dis la vérité, j'ai jamais rien dit, il- il l'a déduit tout seul.
— Oh putain...
Il se lève et place ses mains derrière la tête avant de faire les cent pas dans sa chambre.
— Oh putain... il connaît nos identités...
Je hoche la tête.
— Celle de tout le monde.
— PARDON ?!
Je baise de nouveau la tête, mais Adam fond vers moi et pose ses mains sur mes épaules et me secoue.
— C'est très grave ce que tu dis là, comment ça il connaît les identités de tout le monde ?
Je secoue de nouveau la tête alors que les larmes s'écrasent sur mes cuisses.
— Je ne sais pas comment il s'y est pris. C'est un putain de génie Adam. Ça lui a pris à peine quelques mois pour remonter la trace de tout le monde. Il sait même qui est le Roi...
— Putain...
— Dès qu'il m'a dit qu'il nous avait démasqués, il a enchaîné avec une menace. Il m'a dit qu'il allait te faire arrêter. Qu'il allait te dénoncer pour me faire souffrir.
— Il t'a menacée ?
J'opine.
Oui ! C'est ça ! Il m'a menacé, je l'ai fait pour toi !
Je pose ma main sur la sienne alors que des larmes ruissellent le long de mes joues.
— Je lui ai dit que je ferais n'importe quoi pour qu'il ne te fasse rien. J'étais terrifiée à l'idée qu'il mette sa menace à exécution.
Seulement, contrairement à la sympathie dont il avait fait preuve il y a un mois devant la possibilité que Leonardo ait abusé de moi, les traits d'Adam se relâchent, il cligne des yeux lentement, comme si cette nouvelle information l'ennuyait.
— Alors tu as ouvert les cuisses, conclut-il sur un ton inquisiteur.
Comment ça, alors j'ai ouvert les cuisses ?! Il a compris que j'y étais obligée ou pas ? Pourquoi ne me rassure-t-il pas ?
— Je n'avais pas le choix ! sangloté-je en me levant pour m'approcher de lui alors qu'il retourne près de son bureau.
— « On a toujours le choix. » C'est ce que tu m'as dit dans ta chambre, la première fois qu'on s'est rencontrés. Et ce soir-là, en te confiant ma vie, je t'ai choisie toi. Tu avais le choix Heidi. Tu avais le choix de me dire que Ricci était ton ex quand nous nous sommes mis ensemble, tu avais le choix de me dire que tu l'avais vu exécuter un homme, tu avais le choix de me dire qu'il voulait te voir en privé, tu avais le choix de me dire qu'il connaît ton identité, mon identité et celle de tous les membres. Si tu ne pouvais pas te débarrasser de lui, je l'aurais fait, moi, Senri, le Roi, on l'aurait rayé de la carte avant le levé du jour ! Je l'aurais tué, moi, ton Leonardo ! Tu avais le choix ! Mais tu ne m'as pas choisi... tu l'as choisi parce que tu es encore amoureuse de lui, ça se voit dans tes yeux. Tu l'as choisi lui et tu t'es choisie toi !
Je ne sais pas quoi répondre et même si j'avais su, tous les mots restent coincés dans ma gorge.
— Je ne voulais pas...
— Tu ne voulais pas quoi ? Coucher avec ton ex ?
— Non, je ne le voulais pas ! C'était pour que Leo ne te fasse pas de mal ! m'étranglé-je avec ma salive et ma morve.
— Leo ! Il a même un petit surnom. C'est que c'est adorable tout ça, tu en as un aussi ? Laisse-moi deviner, sa petite chienne ? Sa bébite à queue ?
— Adam ! m'indigné-je.
— Une fois que tu as rempli ta part du contrat, ça s'est arrêté non ?
Devant mon silence, il lâche un rire amer.
— Bien évidemment.
— Adam-
— Combien de fois vous avez couché ensemble ?
Je ferme les yeux, libérant un torrent de larmes.
— Je sais pas...
— Quoi ? Tu as arrêté de compter, carrément ? C'est depuis la soirée d'anniversaire des Ricci. Ça fait des mois... ça fait des mois que tu te tapes mon coach, notre prof, ton ex, un ennemi de The Players ! Wow...
Je baisse la tête, couverte de honte et de regret.
— C'était à quelle fréquence ?
— Adam, je ne pense pas que ce soit pertinent, ça va te faire plus de mal qu-
— Réponds.
Je me mords la lèvre jusqu'à goûter la goutte de sens qui s'en échappe. Je lui dois la vérité, toute la vérité.
— Une fois par semaine... parfois plus.
— Où ?
— Il m'envoyait l'adresse d'un hôtel et on se voyait là-bas.
— Pendant combien de temps ?
— Toute la nuit...
Adam passe sa main sur son visage et me regarde avec tout le dégoût de la terre, comme si j'étais une étrangère.
— Seulement dans des hôtels ?
Je secoue la tête.
— Chez lui... dans son bureau aussi... deux fois dans son laboratoire et...
Je lève les yeux vers lui.
— Sous la table de poker, au Fiji.
Son visage se décompose alors qu'il comprend.
— Le soir de mon anniversaire ? Le soir de mon anniversaire, Heidi ?!
— Pardon...
Je sanglote et tremble en me rappelant de ce moment, le remords m'étouffant comme jamais.
— Et tu as aimé ?
Quoi ?
— S'il te plaît Adam...
— Tu as aimé, salope ? répète-t-il d'une voix dure.
Je hoche honteusement la tête avant de cacher mon visage et de reprendre mes sanglots. Je m'étais préparée à tout pour cette discussion, à la colère, à la douleur, mais pas à ce qu'il m'humilie comme ça.
— Je vois... alors sa menace c'était juste l'excuse que tu attendais pour retourner jouer du ressort sur sa queue... c'était l'option facile.
Je retire mes mains de devant mes yeux.
Comment peut-il dire un truc pareil ?!
— L'option facile ?! Tu crois que ça a été facile pour moi ?!
— De coucher avec ton ex ?! Celui avec qui tu as grandi ?! Ton premier amour ?! L'homme que tu as poursuivi pour le supplier de ne pas te faire ses adieux ?!! Oui, Heidi !! J'en suis convaincu !!!
Je me tais.
— Alors ? Je me trompe ? Ça t'arrangeait non ? Il te manquait, non ? Tu as pris ton pied, non ?! Pendant qui te doigtait le jour de mon anniversaire, tu étais aux anges n'est-ce pas ?!
Je secoue la tête en pleurant parce que la réponse à chacune de ses accusations est oui, et ce malgré moi.
— Désolée...
— Je suis censé te croire ? Ou est-ce que tu mens encore pour t'en sortir sans conséquences ?
— Je suis vraiment désolée... j'ai merdé, ok ? J'ai fait des erreurs, mais c'était pour toi, pour te sauver toi, je l'ai fait pour toi, je le jure !
— Pour moi...?
— Oui !
J'ose enfin m'approcher de lui et prends son visage dans mes mains, caressant sa joue dans l'espoir de l'attendrir, qu'il comprenne combien je l'aime et combien je m'en veux.
— Je l'ai fait pour toi...
Il cligne rapidement des yeux, déconcerté. La colère s'envole de ses traits et au lieu de ça il sourit, avant d'éclater de rire. J'essaie encore de savoir ce qui l'amuse dans une situation pareille quand il prend la parole.
— Ah, au temps pour moi. On oublie tout alors ! C'est ça que tu veux que je te dise ? Hm ? Que comme tu l'as fait « pour moi », « en pensant à moi » alors ce n'est pas grave ? Si ça se trouve, tu t'attends peut-être même à ce que je te remercie ?
— Adam-
— Merci Heidi, commence-t-il faisant un pas vers moi, puis un autre, et un autre, me forçant à reculer. Merci d'avoir couché avec ton ex pendant des mois, ajoute-t-il en faisant de grands gestes théâtraux avec ses bras. Merci de m'avoir menti, merci d'avoir abusé de ma confiance alors que tu es la seule personne que j'ai laissée entrer dans ma vie, merci d'avoir fait de moi le dindon de votre farce, merci de m'avoir laissé tenir en estime l'homme qui baisait ma copine dans mon dos, merci d'avoir pensé à moi chaque fois qu'il te gavait de son foutre ! Vraiment Heidi, merci du fond du cœur d'avoir fait tout ça, pour moi.
Je ne sais que dire. En fait si, je sais exactement ce que j'ai envie de dire, de lui dire : « je suis désolée, c'était une erreur, je t'aime », mais je vois bien que rien de ce que je pourrai dire apaisera sa colère et réduirait sa douleur. Il me fixe longtemps, me poignardant de son regard que je n'aurai jamais deviné aussi hostile.
— J'en ai assez entendu. Tire-toi.
— Mais-
— Je veux pas te voir, je veux plus vous voir toi et ta sale tête d'escorte bon marché. Tu empestes la catin, dehors.
Oh mon dieu... je ne l'ai jamais entendu tenir un tel langage. Je suis trop choquée pour être insultée. Mais je sais qu'il a le droit d'être autant en colère. Il doit sûrement avoir besoin de plus de temps. Je renifle et hoche la tête.
— OK... je comprends... je vais m'en aller... on pourra en parler après ?
— Pas besoin.
— Hein ?
— J'ai fait livrer tes affaires qui trainaient ici toi chez ta mère. Tu peux brûler ce qui m'appartient chez toi, j'en veux plus. Pas la peine de m'appeler, je ne répondrai pas. Ne reviens plus chez moi. Ne parle plus à ma mère. C'est fini.
Les forces me quittent quand il prononce ces derniers mots.
— Co-comment ? Non... on doit- on doit juste parler... je suis désolée... ça peut s'arranger, il est parti, on doit-
— Non Heidi. Je ne sais pas dans quel univers tu vis où tes actions n'ont pas de conséquences, mais moi je suis dans le monde réel. Je pensais que tu l'aurais compris depuis, mais nous deux c'est fini. Je veux plus rien à avoir avec toi si ça ne concerne pas The Players. Puisque tu l'aimes tant, va le faire. Va l'aimer autant que tu veux. Vous êtes tous les deux des serpents, vous vous méritez. Allez vous empoisonner loin de moi.
— Non... Adam...
— Va-t'en.
— Je t'aime...
— Va-t'en !
— Je suis désolée, je suis désolée ! Je suis désolée ! Je ferai n'importe quoi ! S'il te plaît, ne fais pas ça ! Je t'aime ! Adam !
Un éclair de rage frappe son regard. Il me saisit fermement le bras et m'entraîne hors de sa chambre, dans les escaliers, vers la porte d'entrée tandis que je le supplie. Violet, alertée par mes pleurs, apparaît et demande ce qu'il se passe. Adam ne lui répond pas, il se contente d'attraper mes chaussures, de les mettre dans mes mains et de me foutre à la porte avant de la verrouiller.
Je sonne encore et encore, je cogne contre la porte, mais il n'ouvre pas. Personne ne vient ouvrir. Je passe des heures devant la porte à tenter de le joindre, mais il m'a bloqué d'absolument partout. Même Violet ne répond pas à mes appels.
Puis une patrouille de police se gare dans la rue et deux agents viennent me dire qu'ils ont reçu une plainte et que je suis priée de quitter les lieux immédiatement et de ne plus jamais revenir.
Je ferme le rideau quand lesgyrophares rouge et bleu de la patrouille de police disparaissent dans la rueadjacente à la nôtre.
— Qu'est-ce qu'il se passe, Adam ? me demande ma mère pour la énième fois.
— Rien.
— Pourquoi Heidi pleurait, pourquoi l'as-tu mise à la porte ?! Est-ce là une manière de traiter ta petite amie-
— CE N'EST PAS MA PETITE AMIE !!
Elle sursaute quand j'élève le ton sur elle. Je reprends mon souffle.
— Ce n'est plus ma petite amie. Je viens de rompre.
— Quoi ?! Mais- pourquoi ?!
— Parce que c'est une menteuse et une salope accro à la queue d'un Ricci. Contente ? Je ne veux plus jamais la voir, je ne veux plus que tu la laisses entrer ici, tu m'entends ?
Elle semble surprise par mon explication et je vois bien qu'elle veut poser plus de questions, mais elle ne fait que hocher la tête.
— Parfait.
Je lui tourne le dos et redescends dans ma chambre. Je n'avais pas prévu qu'Heidi se pointe chez moi sans m'avertir, qu'elle m'embuscade ainsi. Ce n'est pas comme ça que je voulais passer ma soirée.
Je me laisse tomber sur mon lit.
Ça y est. C'est vraiment fini. Elle et moi.
C'est bizarre. Je ne ressens absolument rien, si ce n'est de la haine. Rien à avoir avec la douleur que j'ai ressentie il y a un mois.
Je la hais. Je l'exècre.
Je repense à notre discussion. À ce qu'elle m'a dit. Leonardo Ricci détient l'identité des membres de The Players. En plus d'être un enculé, il est dangereux, pour nous tous.
La semaine dernière, Moïse m'a dit de lâcher l'affaire, que ça ne valait pas la peine, mais là... ça va bien au-delà de ma relation avec Heidi.
Il faut que j'agisse.
Je me lève et me dirige vers le coin de salle où repose mon sac de voyage. Je l'ouvre et vérifie qu'il ne manque rien.
Mon ordinateur.
Mes faux papiers.
Mes vêtements.
Mon matériel.
Un dossier contenant des informations sur Leonardo Ricci et ses déplacements.
Et les armes que je venais de me procurer avant de rentrer.
Je prends un revolver et le charge avant de pointer le canon vers la photo de Leonardo en Italie que j'ai obtenue d'un informateur situé là-bas.
— Je t'ai trouvé, Leo... et cette fois, c'est le Joker qui va te baiser.
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