08. A lesson of pain and pleasure

— Maman...

Je me tourne quand j'entends la voix de Leonardo. Il émerge peu à peu du sommeil dans lequel nous l'avons induit il y a quelques jours. Ses yeux s'ouvrent et se referment presque instantanément, aveuglés par la lumière dirigée vers lui.

— Qu'est-ce que...

Il plisse les yeux et observe ses alentours et quand il comprend qu'il n'est nulle part où il se serait rendu de son propre gré, ligoté à la chaise sur laquelle il est assis, une forme de panique se dessine dans ses yeux verts. Mais quand je m'approche et qu'il me voit, cette panique s'envole.

Il est pourtant toujours attaché.

— Tu es de retour parmi nous ? dis-je en croisant les bras.

— Qu'est-ce que c'est que ça ? On est où là ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi je suis attaché ? Qu'est-ce que tu as fait, Heidi ?

Je ne réponds pas à ses questions. Je me vois mal lui dire « Oh, j'ai paniqué et je t'ai agressé dans ton propre domicile, avec ton propre trophée avant de te séquestrer ici. » Et aussi parce que je suis sûre que c'est le genre de chose qu'il ferait, refuser de répondre. Alors nous nous fixons de longues secondes.

Il finit par perdre patience.

— Heidi, détache-moi, ordonne-t-il en gigotant dans sa chaise. Tout de suite.

Je secoue la tête. Jamais de ma vie n'ai-je été en position de pouvoir par rapport à lui. Ce contrôle que j'ai à présent... je n'ai pas envie que ça finisse. Pour une fois, c'est moi qui dirige, pour une fois, c'est lui qui perd.

— Non. Pas avant qu'on mette quelques points au clair toi et moi.

— Quelques points ?

— Concernant ce que tu sais.

Son expression m'indique qu'il ne voit toujours pas de quoi je parle. Il doit encore avoir quelques résidus du sédatif dans son système pour être aussi lent.

— Sur The Players.

Quand je mentionne l'organisation, il sourit et j'ai déjà la mauvaise impression qu'il vient de me faire perdre le pouvoir que j'ai sur lui.

— Ah... oui... que veux-tu me dire sur ton organisation que je ne sais pas déjà ?

— Comment ça « que tu ne sais pas déjà » ?

— Oh Pinocchio... ça fait quoi ? Quatre mois que je connais ton petit secret ? Tu te doutes bien que j'ai appris autre chose sur votre petite bande entre temps.

Mon cœur bat plus fort, mais je me force à garder mon calme, à ne pas laisser cours à la panique qu'il tente d'instaurer en moi. Si ça se trouve, il bluffe pour me déstabiliser. Je ne vais pas lui donner le plaisir de constater qu'il y est parvenu.

— Qu'est-ce que tu sais ?

Il me fixe silencieux comme je l'ai fait quand il a posé ses questions. La colère montant en moi, je gruge la distance entre nous, attrape son visage et lève sa tête vers moi.

— Parle.

— Je répondrai à tes questions quand tu répondras aux miennes. On est où là ? Pourquoi on est ici ?

J'examine son expression, le calme dont il fait preuve. Ça ne peut pas être sincère, il se donne des airs. Il faut que je lui rappelle qu'il n'est plus en position de pouvoir.

— Tu n'es pas en position de réclamer quoi que ce soit. Parle Leonardo, ou j'obtiendrai mes réponses par la douleur.

— C'est-à-dire ? demande-t-il comme si je venais de lui proposer quelque chose d'alléchant.

Quand Archibald a amené du matériel pour le torturer et recueillir un maximum d'information de sa part, je ne pensais pas que j'aurais à m'en servir. J'avais pour intention de le laisser se charger de Leonardo, parce que je n'étais pas sûre de pouvoir assister à ça, mais la manière dont il me regarde, la manière dont il me nargue me fait péter les plombs.

De toute manière, ce ne doit pas être si difficile que ça de torturer quelqu'un, non?

Je lui tourne le dos et me dirige vers le chariot de métal sur lequel reposent quelques instruments de torture, eux aussi en métal pour la majorité. Je ne connais aucun d'entre eux, ni leur nom, ni leur utilité. J'ai l'éventail du choix, mais aucune expérience dans la torture. Alors je les fixe comme je fixe une feuille d'examen pour lequel je ne me suis pas du tout préparée.

— Eh bah alors Pinocchio ?

— Tais-toi.

Il lève les yeux au ciel.

— Tu ne sais pas comment faire, avoue.

Putain.

— Je sais très bien ce que je suis en train faire.

Pour lui prouver, je me saisis d'un des objets sur la table et le regarde pour voir si ça lui fait au moins un peu peur. Il n'en est rien. Ses yeux alternent entre moi et l'instrument de torture.

— Tu sais au moins ce que c'est ?

Je fixe l'anneau, puis lui, avant de secouer la tête dans un rare élan d'honnêteté. Rien ne sert de mentir, il sait que je ne m'y connais aucunement dans ce domaine.

— C'est une bague éternelle. Tu commences par maitriser la main de ton supplicié avec les sangles à ta gauche, puis tu passes la bague au doigt de ton supplicié et tu vois le trou dans l'anneau ? Tu y insères la vis et avec le tournevis électrique...

Il ne termine même pas sa phrase que je grimace quand je comprends en quoi consiste cette pratique. Je frisonne rien que d'imaginer la douleur que peut procurer une vis s'enfonçant dans les phalanges pour y rester et ça l'amuse.

— C'est loin d'être mon favori, trop romantique. Mais comme c'est toi... tu veux l'essayer sur moi Pinocchio ?

Dieu seul sait pourquoi, je hoche la tête, la curiosité l'ayant emporté sur l'horreur et le dégoût.

— Approche, je vais te montrer comment on fait.

J'hésite, car au fond, je sais que c'est une bien mauvaise idée, de l'écouter, de lui obéir. Si ça se trouve il a quelque chose en tête, il va chercher à s'échapper ou-

— Je ne tenterai rien... promis.

Avec prudence, je pousse le chariot vers lui.

— Comme je t'ai dit, tu dois commencer par me maîtriser. Crois-moi, je ne te veux aucun mal, mais la douleur pourrait faire que je te blesse. Prends les sangles et noue autour de mes deux mains.

Les mains tremblantes, j'obtempère et suivant ses instructions, je maitrise sa main pour qu'il ne puisse pas bouger, serrant plus fort quand il l'ordonne. Ce n'est que la première étape, mais elle requiert déjà tant de concentration, tant de force.

— La torture c'est comme le sexe, tu sais ? La plupart du temps, c'est un moment d'intimité entre toi et ta victime. Loin des regards, sans jugement, juste tous les deux. Alors tu dois prendre soin de ton supplicié comme d'un amant. Regarde-le dans les yeux, fait preuve de douceur.

Je plante mes yeux dans les siens.

— Tu dois lui parler, le rassurer s'il le faut. Tu dois lui expliquer ce que tu t'apprêtes à lui faire... lui demander ce qu'il préfère. Lui donner le choix entre une méthode ou pas. C'est un moment privilégié pour vous deux.

— Qu-qu'est-ce que tu préfères ?

— Que tu serres un peu plus fort.

J'acquiesce avant de m'exécuter, lentement, sans le lâcher du regard.

— Il arrivera que ta victime ne soit pas encore initiée à la douleur. Dans ce cas, tu lui expliques à quoi servent les instruments, pour qu'elle puisse anticiper, pour que sa peur soit décuplée et ton plaisir avec. Bon... pour nous ce ne sera point nécessaire-

— Il s'agit d'une bague éternelle. J'ai maitrisé la main et maintenant je vais te passer une des bagues aux doigts. Tu veux qu'on commence par lequel ?

Je peux entendre à sa respiration qu'il peine à contenir son excitation et sens même un résidu de crainte dans son souffle. Mais à aucun moment il ne se dégonfle. Il fait bouger son annulaire gauche.

Je prends le risque de l'approcher et de me mettre à genoux, entre ses longues jambes avant de me saisir de sa main pour y insérer le doigt qu'il m'a indiqué. Je me rappelle que je dois maintenir le contact visuel et porte mon regard vers lui. Sa poitrine se soulève de plus en plus vite à mesure que l'appréhension l'envahit.

Alors je prends la vis, la glisse dans le trou de l'anneau jusqu'à ce qu'elle rencontre la peau de son doigt. Quand je connecte la tête de la vis au tournevis électrique, il serre les poings en prévision de la douleur à venir et moi je perds un peu de mon assurance. Je m'apprête à renoncer, mais sa main que j'ai pourtant si bien attachée attrape mon poignet.

— Même si je bouge, même si je pleure, même si je crie, même si je t'implore. N'arrête pas. Ne fuis pas, jamais. Tu es en position de pouvoir, tu dois le demeurer. La torture, elle est d'abord psychologique avant d'être physique. Établis ta domination et va jusqu'au bout.

— Pourquoi tu fais ça ?

— Quoi ?

— Pourquoi tu m'aides à te faire du mal ?

Il semble réfléchir un court instant puis ramène ses yeux de fauve vers moi dans un de ses demi-sourires qu'il ne réserve qu'à moi.

— C'est moi qui t'ai appris comment donner du plaisir à un homme. Je serai celui qui t'apprendra comment infliger la douleur à un homme.

Je me souviens de mes premières fois. J'étais aussi terrifiée que j'en avais envie. Leonardo qui lui était expérimenté m'avait conduit tout le long du processus. Me montrant des choses que j'ignorais, m'enseignant le consentement, les limites, l'importance de la communication, de savoir dire ce qu'on veut, ce qu'on ne veut pas et quand on ne veut plus.

J'ai l'impression de revivre ce moment avec lui et ça me perturbe. On dirait que ça lui plaît, de collectionner mes premières fois, de me prendre mon innocence.

Je dois avouer que ça ne me déplaît pas.

— Prête ?

J'acquiesce même si au fond je ne le suis pas du tout, les tremblements de mes mains en témoignent.

— Bien, vas-y. Et surtout, n'oublie pas d'en profiter au maximum.

J'opine et pose mon index sur la gâchette qui doit engager le mouvement de rotation quand la seule porte de la pièce s'ouvre derrière moi et Archibald entre, me trouvant en pleine action.

— Oh non ! On est occupé là ! râle Leo.

Réalisant ce que je m'apprêtais à faire, je recule, au grand désarroi de ce dernier qui souffle si fort qu'il dégage son visage d'une mèche rebelle.

— J'ai... interrompu quelque chose ? demande Archibald.

— Oui.

— Non ! Non...

Je m'empresse de déposer l'appareil sur la table auprès des autres instruments de torture.

— Je vois que tu as commencé sans moi... Alors ? Il a parlé ?

— Euh...

Je regarde Leo qui est encore dégouté qu'Archibald m'ait interrompue, le suppliant de ne pas faire le difficile. Il comprend le message et sans me lâcher des yeux, il déballe tout.

— À peu près tout.

Je fronce les sourcils.

— Je sais à peu près tout. Combien vous êtes, qui sont vos membres, où ils résident.

Comment...

— Je t'ai observée et suivie pendant des mois. J'ai trouvé le dojo dans lequel vous vous entrainez, toi et Adam, et j'ai compris que le propriétaire était un membre, le Numéro 10. Ensuite, je me suis rappelé de l'autographe de Diego Henriquez que tu m'as montré et j'ai aussi déduit qu'il était des vôtres, Numéro 7. Je sais également qui est votre Numéro 3 qui, décidément, ne veut plus me lâcher les baskets, Numéro 4 que tu as eu la gentillesse de me présenter sans oublier Adam, votre mascotte. Je sais même qui est votre Roi. Et celui à côté de toi... c'est le secrétaire de la défense... Young, c'est bien cela ?

Archibald et moi échangeons un regard grave.

— C'est une bien belle équipe que vous avez là ! Je comprends mieux pourquoi personne n'est encore arrivé à vous coincer jusqu'ici... enfin, personne avant moi, se vante-t-il, non peu fier de ses révélations.

Archibald lève un sourcil devant l'exposé de Leonardo. Je crois qu'il comprend mieux maintenant ce que je voulais dire, le danger que Leo représente. Toutefois, contrairement à moi, il ne panique pas. Il garde son calme. Il doit être habitué à des situations bien plus stressant en tant qu'élu du gouvernement.

— Tu as dit que c'était qui déjà ?

— Oui Heidi, qu'est-ce qu'on est toi et moi maintenant ? Un couple ? Des amants ? De simples fuck frennemies?

— La ferme.

Il obéit, mais garde son sourire narquois.

— C'est... mon ex, répété-je, légèrement honteuse.

— Ton ex, dit Archibald en s'approchant de Leonardo. Rappelle-moi ton nom.

Archibald sait très bien qui est Leonardo et ce qu'il représente, lui et son clan. Il pose sans doute cette question pour faire redescendre l'ego de Leonardo. Mais au lieu de s'en offenser, Leo lui sourit.

— Ricci. Leonardo Ricci. Enchanté Archie, je peux t'appeler Archie ?

Quand il l'appelle par son surnom, marque d'insolence, un faible sourire qui trahit une certaine irritation effleure le coin de la lèvre d'Archibald. L'ambiance dans la pièce devient glaciale alors que les deux hommes qui ont l'habitude de dominer tentent de soumettre l'autre.

— Tu sais pourquoi tu es ici, non ?

— Je suppose que c'est parce que j'en sais trop.

— En effet. Bien des gens sont morts en sachant beaucoup moins.

— Ça fait de moi une sorte de VIP ? Aurais-je droit à un traitement préférentiel ?

Archibald le contourne, attrape ses cheveux et se penche près de son oreille.

— Oh oui, Leonardo. Tu as droit à un traitement de faveur.

Les voir comme ça me fait réaliser combien ils sont similaires. J'avais déjà remarqué qu'il avait la même façon d'observer les gens en silence et de poser des questions auxquelles ils ont déjà des réponses. Mais là...

— J'espère qu'Heidi est impliquée. Si quelqu'un doit me torturer, je veux que ce soit elle. J'adore quand elle s'occupe de moi.

Je lui jette un regard noir alors qu'il m'envoie un baiser aérien. Archibald remarque son geste.

— Je suis navré de te décevoir Leonardo, mais c'est moi qui me chargerai de toi... ou devrais-je dire, qui ai ta vie entre mes mains.

Son sourire disparait, celui d'Archibald s'élargit.

— Oh... vous n'avez pas abordé le sujet ?

Leo me regarde, à la recherche d'explication, mais Archibald vient s'intercaler entre nous.

— C'est avec moi que tu discutes, Ricci.

— Quel sujet ?

— Tu ne ressens donc aucune douleur... voyez-vous ça, ils ont vraiment fait un travail de pro.

Même s'il cherche à le dissimuler, l'angoisse commence à envahir les traits de Leo.

— De quoi il parle-

— Je parle de l'opération que tu as subie, Leo.

— Quelle opération ?

— Celle qui me permettra de mettre fin à tes jours d'un seul clique.

Le regard de Leo alterne entre Archibald et moi dans une totale incompréhension.

— Je comprends que tu sois perdu, et c'est normal. Moi aussi je serais paniqué si j'étais une bombe vivante.

— Quoi ?

Ce n'était qu'une idée au départ. Lorsque j'avais copié les données des armes biologiques que The Players avait volées, je les ai consultées, à la recherche de quelque chose qui pourrait me servir à reprendre le dessus sur Leo, à l'assujettir. Il y avait des maladies que je pouvais faire sur mesure pour lui, il me suffisait d'avoir son génome, mais je n'avais ni les connaissances ni le matériel. Pareil pour les nano-explosifs, je n'avais pas le matériel et les connaissances pour les fabriquer et encore moins les implanter dans le corps de Leonardo.

Mais Archibald lui a tout cela. Enfin pas lui, mais il connait des gens, beaucoup de gens. Des employés des services secrets qui développent ses armes à la fine pointe de la technologie. Il est illégal de les essayer sur des citoyens, alors ils se servent de criminels et prisonniers de guerre comme cobayes. Les chercheurs du laboratoire où Leo a été opéré ont été ravis qu'on leur amène un nouveau sujet. Quelques heures plus tard, le dispositif était installé et Leonardo, en convalescence.

Ne me demandez pas comme ils s'y sont pris, je ne m'y connais guère. J'ai fait confiance à Archibald. Il m'a assuré qu'il avait la situation en main.

— Tu m'as bien entendu. Tu portes en toi pas moins d'une centaine de minuscules explosifs qui ont la force d'explosifs bien plus gros.

Leonardo me regarde, préoccupé.

— Qu'est-ce que tu as fait Heidi...

Je prends mon courage à deux mains et le confronte.

— Ce que je devais faire pour protéger The Players. Pour protéger Adam.

Sa mâchoire se serre.

— Tu ne vas pas me tuer. Tu ne peux pas me tuer.

— Tu as raison. J'en suis incapable. Mais lui le peut.

— Eh oui ! C'est moi qui ai le contrôle du dispositif. Heidi m'a confié qu'elle serait incapable d'appuyer sur la détonation le moment venu. Alors elle m'a confié la responsabilité de ta vie. Elle m'a confié ta vie Leonardo, et moi, moi je n'hésiterai pas une seule seconde à te faire sauter si jamais tu t'avères être une menace Adam ou mon organisation.

Leo me fixe toujours, une colère sans nom sur le visage. Je ne sais pas s'il m'en veut à cause de ce que je lui ai fait ou parce qu'il sait que comme ce n'est pas moi qui suis au contrôle du dispositif, il ne pourra pas me manipuler comme il en a l'habitude.

Je sais que je ne peux pas le tuer. Je sais aussi que je ne peux pas le battre. Mais j'ai décidé de ne plus faire les mêmes erreurs qui m'ont mise dans cette situation. Si je ne peux pas le dompter toute seule, Archibald lui le fera.

Leo ferme les yeux et prend une grande inspiration.

— Vous pensez que me menacer de me tuer me fait peur ? Si vous vouliez me tuer, vous l'auriez fait depuis longtemps.

Archibald sourit.

— Oh, mais c'est là que tu te trompes, Leo. Je n'ai pas arrêté de vous observer moi aussi, tu sais ? Les quelques minutes d'interactions que vous avez eues m'ont permis de cerner qui tu es. Et surtout l'obsession malsaine que tu as pour Heidi. Je sais pertinemment qu'à peu près rien ne te fait peur, pas les menaces ni la torture, pas même la mort ! Et pourtant, il y a une chose qui te terrifie.

Il s'éloigne de Leo et vient se placer derrière moi.

— Qu'il arrive malheur à Heidi.

La mâchoire de Leo se serre quand Archibald vise dans le mile.

— Et si tu meurs, qui veillera sur elle ? Elle qui est novice dans cet univers dangereux dans lequel Adam l'a entraînée ? Qui éliminera les menaces qui rôdent autour d'elle ? Qui la protégera de ton père ?

Cette fois, Leo perd vraiment son calme et se met à s'agiter dans sa chaise. Je suis moi-même surprise qu'Archibald sache pour le père de Leonardo.

— Pire encore, qui la protégera des Players ? Je me suis engagé à les informer de ma situation si jamais nous devions en arriver là. Alors ?

— C'est votre coéquipière, vous ne la tuerez pas.

Archibald éclate de rire.

— Tu as raison. Moi je ne voudrai pas. Adam non plus, pareil pour la plupart. Mais tu dois connaître Numéro 2 et Numéro 4 avec tes remarquables talents de détective. Tu dois savoir qu'eux n'hésiteront même pas une seule seconde, n'est-ce pas ?

Je jurerais voir une forme de terreur dans le regard de Leonardo.

— Ils sont les membres les plus fidèles. Ils la tueront en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, exactement comme ils l'ont fait avec la précédente Reine.

Hein?

— Alors ? Tu veux toujours me convaincre que ta vie n'a aucune valeur pour toi ou tu vas te plier à mes ordres et assurer la sécurité de Pinocchio ?

Les deux se jaugent longuement, une promesse de vengeance dans le regard de Leo et la satisfaction dans celui d'Archibald qui l'a remis à sa place. Puis Leo baisse la tête.

— Très bien. Je suis tout à toi, Archie.

— À la bonne heure ! Et je n'ai même pas eu à me salir. Bon, je suis désolé de te fausser compagnie, mais j'ai affaire. Je vous laisse vous torturer ou je ne sais quel jeu tordu vous vous adonnez ensemble. Ravi d'avoir fait ta connaissance, Leo.

Sur ce, il nous laisse seuls dans la pièce dont les reflets bleus des néons commencent à me donner mal à la tête.

Je n'arrive pas à le croire, il l'a fait. Il a dressé Leonardo.

Je me tourne vers ce dernier qui affiche encore un de ses sourires, mais je sais qu'il n'est que de façade, pour se donner un air, je sais qu'il est en train de se chier dessus parce qu'Archibald sait comment exploiter sa seule et unique faiblesse.

Je suis ce à quoi il tient le plus.

Alors, c'est mon tour de lui sourire et le sien disparait tranquillement quand il voit que j'ai compris. J'ai compris que toutes ces années où je croyais qu'il m'était supérieur, où il croyait avoir l'emprise sur moi, en réalité, c'est moi qui avais l'emprise sur lui.

C'est moi qui ai l'emprise sur lui.

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