37. What we do for love

Je me tais et le fixe.

Il a dit ça sans pression. J'attends qu'il me dise « je rigole », comme il a l'habitude de leur faire quand il lâche des bêtises de ce type, mais il reste on ne peut plus sérieux. Trop sérieux.

— Tu rigoles ? Jamais de la vie.

— Tu as dit être prête à tous les sacrifices pour ton Adam et ton organisation. Tu es tout ce que désire.

— Oui, mais coucher avec toi n'est pas une option ! Non, hors de question.

Il roule les yeux , puis il se lève.

— Dans ce cas, cette discussion est terminée.

Il va vraiment s'en aller comme ça?!

— N'importe quoi d'autre, demande-moi n'importe quoi d'autre! balbutié-je pour le retenir, la panique me gagnant.

— Je ne te demande rien. Je ne suis pas venu conclure un marché avec toi, c'est toi qui essaye d'acheter mon silence.

Il pose le pourboire sur la table. La note est déjà réglée apparemment.

— Si jamais tu changes d'avis-

— Ma décision est prise. Il en est hors de question. Va brûler en enfer !

Il arbore un triste sourire.

— Je comprends. Je me demande si tu m'as autant aimé moi aussi. Mais bon, ça n'a pas d'importance. Bonne soirée, Pinocchio, tu devrais la passer avec Adam, il se peut que ce soit la dernière.

Puis il tourne les talons et s'en va.

Je demeure là, désemparée. J'ai de nouveau peur...

Il a le tour de me tourmenter... que vais-je faire maintenant ? En parler à Adam ? Il saurait alors que je lui ai menti pour retrouver mon ex qui est son idole, mais aussi qu'à cause de moi le groupe tout entier est en péril. Il me le pardonnerait ?

Mon cœur me dit que oui, mais en suis-je certaine ?

«Si elle nuit au groupe, je me chargerai moi-même de l'éliminer»

Un frisson me parcourt. Certes, il l'a dit avant qu'on ne se mette ensemble. Aujourd'hui, il ne ferait jamais ça...

Et puis ça changerait quoi ? Il ferait quoi ? Éliminer Leo ? Il ne sait pas où le trouver... suis-je prête à faire tuer mon ami d'enfance... suis-je prête à voir sa mère pleurer comme elle a pleuré après sa tentative de suicide ? Je ne suis pas comme lui, la souffrance des autres m'atteint. Plus que je le voudrais.

Si je le rattrape maintenant, je peux encore le tuer moi-même même. J'enquêterai ensuite sur lui pour trouver son ami avant demain et le tuer aussi.

Puis-je faire tout ça toute seule ?

Et s'il est déjà loin ? Comment vais-je faire ? Je peux aller chez lui et le tuer, mais ça laisserait des traces. Je dois le risquer. Je préfère être arrêtée pour meurtre plutôt que de perdre Adam.

Voilà. Je vais commettre un double meurtre et me faire arrêter.

Oui, je le peux. Je vais sauver Adam.

Madécision prise, Je me lève pour me rendre chez Leo. Quand je prends le couteauavec moi, je remarque une carte près de l'argent sur la table.







Sacré Adam !

Moi qui pensais faire de lui une simple distraction pour elle, le temps que je règle mes petites affaires et avance dans l'enquête sur The Players avec Matteo. Il est vraiment devenu sa priorité. Elle est amoureuse. Je l'ai vu dans ses yeux, la peur qu'on ne peut avoir que pour quelqu'un qu'on aime vraiment. Je l'ai reconnu, moi qui la vois si souvent dans les miens.

C'est aussi minable qu'admirable.

J'ai hésité à la faire venir pour lui dire ça. Que je sais tout concernant son implication à elle et son Adam dans The Players. C'était risqué. Elle aurait pu lui en parler ou en parler aux autres membres et ne pas venir seule. Il y avait même la possibilité qu'elle m'ignore et ne vienne pas.

Mais une part de moi, celle qui la connaît comme le fond de ma poche, savait qu'elle ferait comme demandé. Déjà parce que je savais qu'après ce qu'elle a vu hier, elle aurait des questions. Des questions me concernant moi, ma famille, les raisons pourquoi The Players s'en prend aux Ricci.

Ensuite, après plus d'un mois de silence radio, sa curiosité serait piquée par mon soudain désir de m'entretenir avec elle. Ne pas recontacter un ex est une épreuve que presque tous les anciens amants échouent. Bien souvent, la séparation définitive se fait après une série d'autres, chaque fois interrompue par l'un des deux qui recontacte l'autre.

Seulement dans le cas de Heidi, elle s'est très vite mise avec Adam. Ça implique qu'elle avait déjà commencé à développer des sentiments pour lui avant notre séparation.

Raison pour laquelle ils ont couché ensemble.

— Le charme des Cole, je suppose, murmuré-je alors que je passe ma carte magnétique devant le lecteur de ma chambre d'hôtel.

Il sonne et un témoin lumineux vert s'allume. Je tourne la poignée et me glisse dans l'habitacle. Je dépose mes clés de voiture sur la table de chevet et retire ma montre avant de l'envoyer les rejoindre. Je déboutonne ma chemise et me rend dans la salle de bain où j'allume les lumières très brillantes de la pièce et de la vanité.

Je me poste devant le miroir et observe mon reflet, ma chemise blanche tachée de mon sang, la plaie sur le côté de mon coup. Je repense à sa prise ferme, sa technique.

Tout était excellent.

Mais surtout, je repense à son regard, semblable à celui qu'elle avait alors qu'elle s'en était prise à Maya. Ce soir-là aussi, il m'avait fait pas mal d'effet, mais tout à l'heure, quand c'est vers moi qu'elle projetait ses ondes meurtrières...

Je promets que je n'avais pas pour intention de lui demander de coucher avec moi. Je voulais juste lui dire ce que j'avais à lui dire, partager un repas avec elle, la mettre face à ses erreurs et partir.

C'est elle.

C'est elle qui m'a mis dans tout mes états, dans cette bandante robe bleue laissant paraitre le relief de sa poitrine et ce regard sanguinaire...

— Oh, Heidi...

J'ouvre les yeux et me fixe. Je suis beaucoup trop émoustillé, il faut que je prenne une douche, que je me soulage et que je me couche. Je donne un cours demain.

Je sors de mes songes quand j'entends la porte s'ouvrir. J'attrape mon revolver sur la vanité et colle mon dos contre le mur, prêt à attaquer l'intrus. Quand la porte de la salle de bain s'ouvre, je pointe mon arme, mais c'est Heidi qui apparait devant moi.

— Putain Heidi, j'allais t'exploser la cervelle !

Je baisse mon arme, soulagé qu'il ne s'agit pas de l'un de mes ennemis, mais surpris de la voir ici. Je me demande d'abord comment elle a trouvé mon hôtel et la chambre, puis quand je vois la carte magnétique que j'ai laissée au resto dans sa main, je comprends.

— Pourquoi t'es venue ? demandé-je en la contournant pour aller retirer mes vêtements.

Alors que je passe près d'elle, Heidi se saisit de mon arme et la pointe sur moi. Surpris, je lève les bras en l'air et recule alors qu'elle me suit hors de la salle de bain.

— À quoi tu joues Heidi ?

Elle ne me répond pas. Son regard est voilé dans un épais brouillard, comme si elle n'était même pas là.

— Heidi dépose ça. Ce n'est pas toi...

— La ferme. Tu pensais que je rigolais ? Je ne te laisserai pas faire du mal à Adam.

Adam... elle est ici pour lui.

Je lâche un rire et baisse les bras.

— Ok. Tire.

Ses yeux s'ouvrent de surprise.

— Quoi ?

Cette fois, c'est moi qui avance vers elle.

— Tire.

— Recule...

— Bah alors, Pinocchio, c'est ce que tu voulais non ? Tire ou je dénoncerai ton Adam. C'est le seul moyen de le sauver. Tire.

— Recule !

Mon torse vient pousser sur le canon, mais elle tremble toujours.

— TIRE !

Elle ferme les yeux et appuie sur la gâchette.

Mais rien ne se produit. Alors quand elle les ouvre, elle panique et me regarde alors que je sors l'arme chargée de ma poche arrière.

Elle allait le faire.

Elle allait me tuer.

Voyant qu'elle s'est fait avoir, elle balance le fusil inutile, tend la main vers sa cuisse d'où elle sort une dague, avant de se mettre en garde. La colère se lit dans ses yeux, mais également la peur.

— Lâche ça tout de suite Heidi, tu vas te blesser.

Elle pousse un cri en lançant son premier assaut que j'évite de justesse. Elle revient à la charge, plus agile et plus rapide que la dernière fois que je me suis entraîné avec elle. Quand elle me coupe l'épaule, je trouve cela bien moins amusant. Je parviens à la maîtriser et à m'emparer de son arme que je jette hors de sa portée. Je retiens ses poignets pendant qu'elle se débat.

C'est la deuxième fois que je la vois dans cet état second. Elle était dans le même état le soir d'Halloween. Comme ce soir, j'attends qu'elle revienne à elle-même.

— C'est bon t'es calmée là ? Ou il faut que je t'en flanque une pour que tu reprennes tes esprits ?

Elle garde d'abord le silence, évitant mon regard.

— Je suis calme.

Je relâche ses poignets.

J'arrive pas à croire qu'elle ait vraiment essayé de me tuer. À deux reprises en plus. Elle n'a pas cessé de me dire qu'elle n'est plus celle qu'elle était, qu'elle n'est plus la petite chose fragile que j'ai toujours cru qu'elle était. Quand elle m'a menacé au restaurant, je croyais aussi qu'elle bluffait, mais non...

Je le reconnais maintenant, Heidi. Tu es une tout autre personne, et plus jamais je ne te traiterai comme celle que tu étais avant.

Je me lève et l'aide à faire de même. Des larmes se forment dans ses yeux et coulent le long de ses joues.

— Tu promets que tu laisseras Adam en dehors de tout ça ?

Je la questionne du regard avant de capter. Je m'approche et pose ma main sur sa joue pour y cueillir une de ses larmes.

Je vois... mademoiselle veut jouer dans la cour des grands.

— Non. Tu as été claire, tu ne veux pas. Alors ça ne m'interesse-

— Tu promets ? insiste-t-elle, les yeux brûlants de détermination.

Un sourire se dessine sur mes lèvres. Ma main descend sur la bretelle de sa robe que je tasse de son épaule, avant de passer à la seconde. La robe tombe à ses pieds, la laissant seins nus. Mon cœur et ma queue trépignent de la revoir ainsi, après un long mois sans elle, ils ont reconnu leur maitresse. Je caresse la chair sensible de son auréole droit, peinant à contrôler ma respiration. Puis je plante mes yeux dans ses iris noisette.

— Tu es sûre que tu veux faire ça, Pinocchio ?

— Je ne suis plus une enfant. Je sais ce que je fais. Est-ce que tu promets de ne pas lui faire du mal ?

Adam, Adam, toujours Adam...

Je suis conscient de ce qu'elle ressent, elle aussi ferait tout par amour. Par amour pour lui.

— Très bien.

Je me penche, passe ma langue le long de son cou, la faisant frissonner et susurre à son oreille.

— Tu as ma parole.

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