22. Distance
— Ils sont d'accord pour attendre le prochain coup des Players.
— Excellent.
— Tu veux rire ?
— Écoute, je pourrais en avoir besoin.
— J'ai surpris une conversation entre Julian Albertini et ton père. Il lui parlait de sa fille qui vient d'atteindre la majorité et qui serait honorée de devenir ton épouse.
Je ricane et j'entends Jay sourire à l'autre bout du fil.
— Laquelle ?
— La deuxième.
J'ai bien remarqué les regards soutenus que me lance la petite Albertini depuis un certain temps déjà. Elle est en effet un très bon parti, son père est puissant et son pouvoir s'étend jusqu'aux Balkans. Joindre nos deux familles serait une décision intelligente.
— Et mon père a dit quoi ?
— Qu'il était en effet tant que tu prolonges la lignée Ricci. Je crois qu'il se foutait du mariage, il veut juste un héritier.
— J'ai déjà trop de problèmes pour m'adonner à des jeux nuptiaux avec des filles écervelées.
— Une seule te suffit ?
Je souris quand il mentionne Heidi.
— Largement. Et elle n'est pas écervelée, juste...
— Juste ?
— Faible.
— Hm... si tu ne veux pas te faire faire la cour, il va falloir que tu leur présentes quelqu'un d'ici peu. Maya serait parfaite.
— Oui, surtout que-
Mes poils se hérissent quand je sens des mains se poser sur mon dos, des faux ongles parcourir ma peau avant que des bras m'entourent la taille. Je ne l'ai même pas entendue m'approcher.
— Je te rappelle.
Je me tourne vers elle et elle garde ses bras enroulés autour de moi. Ses cheveux sont un peu en désordre après cette nuit et elle est en tenue d'Eve.
— Bonjour, dit-elle, la voix légèrement enrouée après avoir passé la nuit à crier mon nom.
Je pose ma main sur sa joue et passe mon pouce sur ses lèvres encore rouges de plaisirs.
— Bonjour. Bien dormi ?
— C'est toi qui me demandes ça ?
Je pouffe de rire avant de me dégager et de prendre mon sac à bandoulière en cuir. Elle va chercher sa culotte en dentelle verte sur le sol et la met.
— Je voudrais bien rester avec toi, mais j'ai cours aujourd'hui.
Elle fait la moue.
— Quoi ?
— J'aurais voulu passer la matinée avec toi.
Je la fixe un instant avant de glisser mon ordinateur dans mon sac.
— Désolé. Mais je ne t'expulse pas. Tu peux rester prendre une douche ou déjeuner.
Maya soupire et secoue la tête.
— Je vais rentrer chez moi. Si je reste ici, je crois que je vais finir par vraiment tomber sous ton charme.
Je hoche la tête et la regarde s'habiller. Elle et moi sortons de chez moi en même temps et, juste avant de nous séparer devant l'immeuble, elle se tourne vers moi.
— Avant de partir, je voulais te remercier... pour hier et l'autre fois. Pour m'avoir raconté ce que tu as à Dylan, mais surtout pour l'avoir fait.
— Ne me remercie pas Maya. Ce que j'ai fait ne mérite pas de remerciements.
— Et bien, tu auras les miens que tu les veuilles ou non. Tu es mon héros.
Ne souhaitant pas me lancer dans ce genre de gamineries, je mets fin au débat.
— Si ça peut t'aider à dormir la nuit.
Elle rit. Son rire est joli. Trop joli.
— Ça ne m'étonne même pas de toi.
— Quoi donc ?
— Ton indifférence. Je commence à te cerner.
Je lève un sourcil. Il n'y a qu'une personne qui m'a cerné et c'est Jay. Alors je ne sais pas trop ce qu'elle s'imagine après deux rencontres et une seule nuit. Elle baisse un peu dans mon estime.
Je lui fais comprendre.
— Je n'aime pas les gens qui tentent de me cerner.
À ma surprise, cela ne lui fait pas perdre son sourire qui ressemble un peu trop au mien. Elle s'approche et chuchote :
— Laisse-moi être l'exception qui confirme la règle.
Puis je sens sa langue sur mon oreille. Elle plisse ses yeux pleins de malice avant de me tourner le dos et de partir en fredonnant un air joyeux.
Je ne regrette rien de la soirée d'hier. Maya était divertissante et ma parole, très flexible.
Elle n'a pas pris mon numéro... je suppose que ça veut dire qu'elle va encore se pointer à l'improviste.
Il faut que je garde ça en tête.
Je prends ma voiture et arrive sur le campus un petit quart d'heure plus tard. Ce matin, je donne un cours d'équations différentielles, celui du groupe auquel appartient Heidi.
Et Cole.
Quand je pense à lui, je repense à ce que m'a dit Jay ce matin, par rapport au désir de mon père de me coupler à une femme. Je pense à Giulietta, à James, à cette promesse que je m'étais faite de ne pas reproduire la même erreur...
Je pense à Heidi. Au fait que tout serait plus simple si elle ne m'aimait pas. Si elle l'aimait lui. Cole.
Seulement, mon programme ne me permet pas de rester trop longtemps à tergiverser sur cela. À 8h20, les étudiants remplissent la salle.
Heidi entre.
Normalement, elle s'amuse à me lancer un regard complice, un baiser aérien discret, mais là, aussitôt que nos regards se rencontrent, elle ne détourne, l'air... honteuse.
Qu'est-ce qu'elle a ?
Et pendant les dix minutes précédant le début du cours, elle prend grand soin de ne plus regarde dans ma direction. On dirait que quelque chose l'angoisse, et j'ignore quoi, jusqu'à ce que Cole entre à son tour dans la salle de classe.
Il s'arrête carrément là, devant la classe en la voyant et comme lui, elle ne le lâche plus du regard. Puis, étrangement, il ne va pas la rejoindre tout sourire comme il a l'habitude de le faire.
Non.
Adam va s'assoir à l'autre extrémité de la salle et c'est son tour d'éviter le regard qu'Heidi pose sur lui.
Je comprends alors qu'il s'est sans doute passé quelque chose entre ces deux-là. Une dispute ?
Je mets cela de côté et commence à donner mon cours. Une fois celui-ci fini, je vais assister à mes propres cours, j'en avais deux aujourd'hui.
Après quoi, j'échange mes vêtements pour le polo de l'équipe, celui que portent les coachs afin de remplir ma responsabilité d'assistant.
Pendant la pratique, comme en cours, Adam semble ailleurs, troublé par je ne sais trop quoi. Il fait des erreurs que je ne l'imaginais pas capable de faire vu son niveau, devient même un peu agressif.
Le soleil se couche, faisant baigner le terrain dans une lumière cuivrée quand l'entraînement se termine. Je fais un récapitulatif et donne quelques indications concernant un match à venir contre une université de la ville voisine. Puis je les libère tous.
Tous sauf un.
— Cole.
Lui qui s'apprêtait à aller au vestiaire avec ses coéquipiers se tourne vers moi.
— Je peux te parler ?
Il soupire et fait demi-tour avant de venir se poster devant moi, son casque sous le bras, les cheveux mouillés de sa sueur, la mâchoire serrée. On dirait que l'entraînement n'a pas suffi à le détendre.
— Quoi ?
Je prends une grande inspiration.
— Qu'est-ce qui ne va pas ?
— Je ne vois pas de quoi vous parlez.
— Ah non ? J'ai remarqué ton comportement pendant la journée, en cours, mais aussi ici. Tu sembles perturbé par quelque chose. Quelque chose qui te met de mauvaise humeur, détourne ton attention en cours et entrave ta façon de jouer. Je me trompe ?
Ses yeux bleu-céruléen se plantent dans les miens quand il comprend que je l'ai observé. Mais il ne dit rien. Pourtant, je vois au fond d'eux qu'il a quelque chose sur la conscience ou sur le cœur.
Alors je pose ma main sur son épaule.
— Si tu as un souci, tu peux m'en parler, tu sais ? Je ferai tout pour t'aider. C'est en rapport avec ta mère ?
Il soupire et secoue la tête.
— Les cours ?
— Si seulement.
Alors je donne la dernière option.
— Les filles ?
Le premier sourire de la journée apparaît sur ses lèvres et je le lui rends, installant une ambiance de confidence.
— Une fille, finit-il par avouer.
Comme je le pensais.
— Et qui est celle qui te perturbe autant, si ce n'est pas trop indiscret ?
— Je ne sais pas si vous la connaissez... Heidi. Heidi Mäkinen.
Les yeux du coach se plissent quand je prononce son nom et sa mâchoire se serre.
— Oui, un peu. C'est celle avec qui tu parlais hier de ton examen.
Je hoche la tête.
— Elle vient de rompre avec toi ?
Pff, pour ça il aurait déjà fallu qu'il y ait eu quelque chose entre nous.
— Non.
— Quoi alors ?
Devrais-je lui en parler ? Il est vrai que ce qu'il s'est passé hier, couplé au peu de sommeil que j'ai eu m'ont pourri la journée. Je n'ai pas cessé de penser à elle, à elle et moi dans ce placard, à son corps, sa voix alors que mes lèvres parcouraient sa peau, aux siennes, douces, légèrement sucrées.
Je crois que c'est ça qui me met autant de mauvaise humeur. Je ne parviens pas à sortir ces quelques minutes de ma tête.
Je ne parviens pas à la sortir de ma tête.
— Tu ne serais pas amoureux d'elle par hasard ?
— Quoi ? Non ! Non !
Non, non, non ! Il ne faut pas. Interdit. C'est interdit.
— Et bah alors ?
— C'est juste une amie.
Les iris verts du coach me sondent, elles-mêmes insondables.
— Les amies ne nous mettent pas dans ce genre d'état, Adam. J'en sais quelque chose.
Je suis étonné qu'il utilise mon prénom. Il m'appelle toujours par mon nom de famille, comme il le fait avec les autres joueurs de l'équipe.
Je pousse une lamentation.
— Bon, ok. Elle me plaît.
— Comment ?
Je souris alors que je sens mon cœur accélérer rien que de penser à elle.
— Beaucoup.
Le coach Ricci hoche la tête.
— Je vois. Et... le sait-elle ?
— Non...
— Dis-lui alors.
Je secoue la tête.
— Je ne peux pas.
— Pourquoi ?
Parce que je ne peux pas avoir ce genre de relation avec elle, avec personne. Parce que je suis le Joker de The Players.
Mais ça, je ne peux pas lui dire. Alors je lui donne l'autre raison.
— Elle est en couple.
— Oh..., désolé.
— Ça va. Apparemment, ça fait longtemps en plus.
Ricci me fixe un long moment.
— Et tu sais avec qui ?
Je réponds par la négative.
— Elle ne parle jamais de lui... et honnêtement, je préfère, je suis déjà assez jaloux comme ça, plaisanté-je.
Il rigole avec moi.
— J'ai essayé, hier.
— Quoi ?
— Je ne sais pas ce qu'il m'a pris... je l'ai embrassée.
Il arque les sourcils.
— C'était bien ?
— C'était parfait, elle... elle était parfaite, dis-je les yeux fermés en me remémorant la forme de son corps que j'ai imprimé contre mes mains. Mais elle m'a repoussé. Alors j'ai été totalement con et j'ai fait pareil.
— Je vois.
— Voilà, c'est ça qui me turlupine. J'ai anéanti mes chances avec elle, mais je n'arrête pas de penser à elle. Désolé si j'ai été désagréable pendant la pratique.
Le coach me sourit.
— Oh, ça va. C'est des choses qui arrivent. Bon, puisque c'est des problèmes de cœur, je ne peux pas faire grand-chose pour t'aider.
Je secoue la tête, prends une grande inspiration et relève le menton.
— Ça va aller. Juste en parler avec vous m'a fait beaucoup de bien. Je suppose que je suis comme ça parce que c'est encore frais, ça fait encore mal. La douleur se résorbera avec le temps... et quelques filles peut-être.
Il lève les yeux au ciel en riant avec moi. J'aime vraiment sa compagnie. Il est attentif, bienveillant et toujours à l'écoute des besoins des joueurs. Il semble beaucoup m'apprécier aussi.
— Bon. Je vais aller me changer et rentrer chez moi.
Je lui tourne le dos et me dirige vers le complexe sportif.
— Adam ! m'interpelle-t-il quand j'ai fait quelques pas.
Je me tourne vers lui.
— Ne baisse pas les bras.
C'est tout ce qu'il dit avant de partir ramasser son matériel près des gradins.
Même si son encouragement ne m'aide pas vraiment, il m'apaise un peu. J'opine avant d'aller rejoindre mes coéquipiers aux douches.
Heidi...
Adam...
— Heidi.
— Hm ?
— Je veux qu'on se sépare.
— Hm.
La main de Leonardo vient devant mon visage et il claque des doigts.
— Comme je le pensais, tu ne m'écoutes même pas.
Je reviens sur terre.
— Oh, pardon, tu disais ?
Leo m'examine un court instant.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— Comment ça ?
— Je te trouve hyper distante depuis quelques jours. Tu as toujours la tête ailleurs et quelque chose semble de tracasser.
Je relève ma tête, étonnée. Cela transparaît-il autant ?
C'est vrai.
Ce qui s'est passé avec Adam la semaine dernière n'a pas quitté mon esprit. Lui non plus d'ailleurs. Il m'évite comme la peste depuis et ça me chagrine encore plus.
— Oh... rien. C'est rien.
— Sûre ?
— Certaine.
Le vendeur du foodtruck donne deux burritos que Leo a payés. Il me tend le mien.
— Menteuse.
Je soupire, n'ayant pas l'énergie d'essayer de le convaincre et je reprends la balade qu'on est censée faire. Il était livré ce soir et m'a appelé, chose assez rare, pour qu'on aille se promener sur le chemin du parc qui borde le fleuve. Nous nous sommes arrêtés pour acheter à manger.
Il emboîte le pas sans rien dire, mais je sens ses yeux percer des trous dans mon dos. Et la manière qu'il me regarde m'angoisse encore plus. Comme s'il savait, comme s'il savait absolument tout.
En plus de la douleur que je ressens avec l'éloignement soudain d'Adam, j'ai aussi beaucoup de culpabilité.
J'ai répondu à son baiser. J'ai adoré son baiser. Alors que je suis en couple. Depuis j'évite aussi Leonardo, incapable de le regarder dans les yeux après ce qu'Adam m'a fait ressentir en me touchant à peine.
Alors quand Leo m'a appelée il y a une heure, j'ai paniqué. Je suis tout de même venue, Dieu seul sait quand sera la prochaine fois qu'on aura un moment à nous deux comme ça. Mais de toute la promenade, je n'ai cessé de penser à Adam.
Ses lèvres, son souffle, ses mains sur mes fesses, son désir contre moi...
Je suis la pire. Je ne mérite pas Leo.
— Tu vas m'obliger à te dire ce que je sais ou tu vas avouer?
— Je t'ai dit qu'il n'y a rien-
— Je sais que tu as embrassé Cole.
Je m'arrête.
Oh non ! Comment ?
Leo me dépasse, va s'assoir sur un banc et déballe son burrito comme si de rien n'était avant de prendre une bouchée et de me fixer. Je sais qu'il sait, et que je ne pourrai pas lui mentir.
— Comment tu sais ?
— Je sais toujours tout.
C'est pas une réponse.
Je soupire.
— C'est lui qui te l'a dit ?
Il hoche la tête avant de m'indiquer de m'asseoir près de lui. J'obtempère.
— Ce n'est pas moi qui l'ai embrassé. C'est lui. Je l'ai repoussé, je te le promets.
Il mâche sans rien dire. Je déteste quand il fait ça. Quand il attend que ce soit moi qui lui livre tout mes secrets en restant lui si mystérieux.
— Désolée, ajouté-je en baissant la tête.
Leo déballe mon burrito et le porte à ma bouche.
— Mange, ça va refroidir.
Je ne saurai dire si le fait qu'il ignore ce que je viens de lui dire témoigne de sa colère ou de son indifférence. Nous mangeons en silence, profitant des brises fraîches de la nuit tombée, éclairés seulement par le lampadaire au-dessus de nos têtes avec les cigales qui chantent dans les hautes herbes derrière nous.
Puis il se lève, va jeter les papiers commerciaux avant de revenir me prendre la main pour le reste de la balade.
Pour une fois, il ne me fait pas d'interrogatoire et j'apprécie. Il change de sujet et nous discutons longtemps. Pendant un moment, maintenant que je me suis confiée à lui, Adam n'occupe plus mon esprit et je profite de l'instant avec Leo.
Après avoir fait le tour du parc, nous traversons le pont si relie les deux parties de la ville. Comme toujours quand nous passons ce pont, il serre ma main un peu plus fort et pour lui rappeler que je suis là, qu'il n'est pas seul, je fais de même. Leo me raccompagne chez moi, jusqu'à la porte.
Je lui souris après lui avoir ouvert.
— Tu veux entrer ?
Et terminer la nuit avec moi.
La flamme du désir brûle un instant dans ses yeux de chat, que ceux-ci caressent les courbes de mon corps. Mais Leo secoue la tête.
— Non. Ta mère risque de rentrer.
— Elle travaille ce soir.
Il maintient son refus.
— J'ai des choses à faire.
Je soupire. Dommage, j'aurais voulu finir la soirée dans ses bras, pour ne surtout, surtout pas penser à Adam.
— Bon. D'accord. Merci pour la promenade. Ça m'a fait du bien.
— Tu avais l'air d'en avoir besoin.
Je confirme. Nous nous dévorons du regard encore un peu, moi espérant qu'il revienne sur sa décision et me prenne sur le comptoir de la cuisine.
— Heidi...
— Oui, dis-je en posant ma main sur son torse.
— Je vais être pas mal occupé ces temps-ci. On ne va pas pouvoir se voir souvent. Très rarement en fait.
Ah...
— Ça ne change pas de d'habitude.
Il sourit.
— Encore moins souvent. Je voulais te prévenir.
Je soupire.
— D'accord.
— Oh... j'aimerais aussi que tu évites de te pointer chez moi à l'improviste. Si tu veux me voir, préviens-moi et je te dirai si je suis apte à te recevoir.
Pardon ?
— Quoi ? Pourquoi ?
— C'est désagréable.
— De me recevoir ?
— À l'improviste.
Je le fixe, ne sachant même pas quoi dire. Je cherche vraiment, quelque chose pour exprimer la douleur que je ressens, mais je n'y parviens à pas.
— D'accord, et monsieur a-t-il une secrétaire pour que je puisse prendre rendez-vous pour la prochaine fois que sa petite amie veut le voir.
Il ferme les yeux.
— Heidi-
— Va te faire voir.
Je lui claque la porte au nez et verrouille. Je ne sais pas ce que j'espérais, mais il ne tente même pas d'entrer. Il ne s'acharne pas sur la poignée, ne sonne pas, ne cogne pas, ne crie pas mon nom avant de défoncer la porte pour s'excuser et m'embrasser passionnément.
Rien.
Sa silhouette reste là un instant, puis s'éloigne.
J'ai été si naïve... j'ai cru que son initiative de ce soir voulait dire qu'il essayait de se rapprocher de moi, mais c'est tout le contraire. Il met encore plus de distance entre nous.
Si naïve.
J'ai cru qu'avec le temps... qu'en grandissant, une fois adulte, les choses changeraient, qu'il m'estimerait digne de lui. Qu'on deviendrait plus proches, qu'il me demanderait de vivre avec lui. Mais rien... il est encore plus distant qu'autrefois.
Le truc c'est que la vie sans lui me terrifie un peu.
Je tirais et je tire encore une certaine fierté à être sa copine, la titulaire. J'ai souvent entendu des filles et des femmes parler de lui, son physique, son intellect, son charisme. Je sais qu'il est très convoité et c'est moi, moi qui l'ai pour moi seule. Alors j'ai assumé le prix qui venait avec cela.
L'avoir pour moi seule signifie être la seule à le savoir.
Avant il me paraissait être la personne la plus extraordinaire que je connaisse. Maintenant... avec Adam et The Players, j'ai rencontré tant de personnes aussi incroyables les unes que les autres...
Leo m'impressionne moins.
Mais ce n'est pas pour autant que je l'aime moins. Je veux... je veux toujours qu'il me regarde, les yeux emplis d'amour. Ça lui arrive par moment, et vraiment c'est si agréable que j'en suis accro, mais, je ne sais pas... j'en veux plus.
Je veux qu'il m'aime autant que je l'aime moi.
Bon, le seul avantage c'est que ce n'est pas contre moi. Leo est distant avec tout le monde et je sais qu'il ne s'intéressera pas à une autre femme, ça l'ennuie tout ça. La preuve.
Mais j'aurais tant voulu être l'exception qui confirme la règle. Qu'il soit obsédé par moi et déteste le monde autant que ça lui chante.
Quand la porte s'ouvre d'un coup, mon cœur rate un bon à l'idée que ce soit lui qui revient me dire tous ces mots que j'ai toujours voulu qu'il me dise.
Mais à la place, c'est ma mère, en uniforme qui entre.
— Oh ! Heidi ! Tu m'as fait peur !
J'essuie rapidement mes larmes.
— Maman... tu ne devais pas être de garde cette nuit ?
Le regard de ma mère s'assombrit. Elle retire ses talons et lance ses clés dans le petit plat à l'entrée. C'est alors que je remarque qu'elle aussi semble avoir pleuré.
— Qu'est-ce qu'il y a maman ?
Comme moi, elle essuie ses larmes.
— Rien.
Elle va dans ma cuisine se servir un verre d'eau et je la suis.
— Maman.
— Laisse-moi tranquille ! Je ne t'en pose pas des questions, moi, crache-t-elle.
Quand j'entends sa voix et lis ses yeux, je reconnais la peine qui les traverse, semblable à celle précédant son divorce. Ignorant ces paroles, je lui demande à nouveau.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Elle soupire et se masse le front.
— Je viens de perdre mon poste à cause de ton père. Contente ?
Maman me contourne et s'en va s'enfermer dans sa chambre. Quand je l'entends pleurer à travers les murs, je réalise ce que ça implique, une angoisse que je n'avais pas ressentie depuis leur divorce s'empare de moi à l'idée de la perdre à nouveau.
Oh non...
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C'était tout pour ce chapitre! Merci de l'avoir lu et pour ceux qui le font d'avoir interagi avec 🫶🫶🫶.
Retrouvez moi sur instagram: luxe_8831_ pour être informé de l'avancée de l'histoire et pour qu'on discute des théories de chacun quant à la suite des événements.
Luxe🪂
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