21. Seven minutes in heaven

Avec Ash nous sommes parvenus à nous approcher de la demeure déclencher de système d'alarme ou nous faire repérer par un gardien ou chien de garde. Jerome a dû compromettre le système de sécurité de manière à ce qu'aucune caméra ne nous capture en plein délit d'effraction.

Il suffit donc de ne pas se faire prendre par les personnes qui occupent la maison qui, malgré l'heure très tardive, est encore illuminée de partout.

Approcher la villa était une chose, la perpétrer en est une autre. Alors que nous sommes tous les deux adossés contre une porte qu'on a trouvée fermée, un sifflement nous attire et nous voyons Diego faire la courte échelle à Kimi avant de grimper sur un balcon et nous narguer avant de passer par la fenêtre.

Putain, comment il a sauté aussi haut?

Parfois, j'oublie que pilote de F1 est un des sports les plus demandants physiquement. C'est l'athlète contre la force G.

Je me tourne vers Ash pour lui demander de faire.

— Ash-

— Avant que tu dises quoi que ce soit, non. Non, je ne peux pas te porter et encore moins me hisser comme il vient de le faire.

Je soupire.

À cette heure, tous les autres doivent avoir trouvé un moyen de s'infiltrer et nous sommes encore dehors. Si l'on reste trop longtemps, on risque qu'un gardien qui fait sa ronde nous repère et sonne l'alerte.

Alors je le pense.

Ce que je fais très rarement. Je veux dire, oui, je pense souvent, pour mentir et me sortir de situation délicate, mais jamais rien de concret, d'aussi dangereux et surtout qui implique une autre personne.

Leo lui sait très bien comment gérer des situations de la vie en se servant d'autres personnes. Il a été président de ses comités, capitaine de ses équipes de sport, maintenant il est chargé de cours et assistant coach. Il aime gagner et se servir des autres comme de pions, il sait sublimer le talent de chacun.

Moi non.

Voyons, bon sang réfléchis... qu'aurait fait Leo à ta place?

Je me sens comme dans un de ses jeux télévisés où le participant doit faire appel à un ami qui connait la réponse... seulement je ne peux pas appeler Leo.

Vous imaginez la conversation ?

« Allo Leo ? Tu ne saurais pas comment entrer par effraction dans une baraque de milliardaire par hasard? »

Je soupire. J'ai tellement pris l'habitude de me reposer sur lui que je réalise que je ne sais pas résoudre grand-chose.

Mais je ne peux plus dépendre de lui avec la vie que je mène.

Qu'aurait fait Leo à ma place...

Le connaissant, ce connard aurait instrumentalisé tous ceux qu'il peut. Le truc c'est que j'ignore comment je peux instrumentaliser le rat de laboratoire chétif qui me sert de coéquipier.

Tellement inutile.

— Je ne te suis d'aucune aide, désolé. Ce genre de truc... je ne fais jamais ça, je suis utile à The Players dans mes labos, pas sur le terrain.

Sur le moment, je culpabilise. Non, mais je me suis prise pour qui ? En ce moment, je suis autant, sinon plus inutile que lui. Je ne suis qu'une stupide marionnette à qui l'on demande de se débrouiller toute seule à présent.

Si seulement Adam était là.

Désespérée, je m'accroupis. C'est fini, on a déjà perdu si l'on ne réussit même pas à entrer. Je commence à chercher comment faire le chemin inverse pour retrouver Jerome et déclarer forfait quand j'aperçois un loin une sorte de petite remise, sans doute celle qui contient le matériel du jardinier.

Je regarde Ash qui perd patience.

— Dis-moi, les explosifs, c'est très compliqué à faire ?

Il baisse ses yeux noirs vers moi.

— Ça dépend des dommages, de la portée, des agents que tu veux y intégrer. Ceux que je fais pour The Players oui, mais il y en a qui peuvent assez facilement.

— Si je te ramène de quoi en faire, tu pourrais ?

— Ça dépend quoi.

— Attends-moi ici.

Je me lève et cours en catimini en évitant les lumières mobiles avant de longer un mur le dos collé dessus. La tâche est d'autant plus difficile que l'alcool affecte mon sens de l'équilibre. J'arrive au cabanon qui n'est pas fermé, il ne contient rien de valeur. Comme je le pensais, c'est un rangement de produits d'entretien. C'est probablement seulement le jardinier ou les concierges qui viennent ici et ce n'est pas fermé, car il n'y a que des produits d'entretien, rien de valeur.

Grossière erreur.

J'allume la lampe de mon téléphone et lis les étiquettes. Je ramasse les produits qui ont des têtes de mort, des dessins de feu et avertissements inquiétants. Je prends les cinq qui me semblent les plus dangereux. Les bouteilles plein les bras, je retrouve Ash.

— Tu crois que tu peux faire quelque chose de pas trop bruyant avec ça ?

Il écarquille les yeux, lis les ingrédients et hoche la tête.

— J'aurais juste besoin de ce produit nettoyant... et de l'aluminium, dit-il en vidant le contenu d'une petite bouteille au sol.

— De l'aluminium ?

— Oui, quand on le mélange avec l'acide chlorhydrique contenu dans les produits ménagers, ça forme de l'hydrogène, un élément très instable et explosif à état pur. La bouteille rouge en contient plus et ne contient pas les produits épaississants et colorants des autres. Je faisais ça quand j'étais petit.

— Je reviens.

Je laisse Ash en train de transvider le contenu de nettoyant au HCl dans la bouteille rigide et retourne dans la remise à la recherche d'aluminium dans les outils ou les produits, mais je n'en vois nulle part. Alors que je suis sur le point d'abandonner, je vois une petite poubelle où quelques déchets sont jetés. J'enfile les gants du jardinier et fouiller dans celle-ci. Je trouve toute sorte de saleté qui pue la bouse de vache, mais aussi, un sandwich à moitié mangé, enveloppé dans un film d'aluminium froissé.

J'ignore si ce type-ci est suffisant, mais je retourne retrouver Ash.

— C'est parfait ! Donne-moi cinq minutes et on est à l'intérieur.

Il m'ordonne de découper l'aluminium pour lui, parce qu'il sort de la poubelle. Puis jette les petites boules dans la bouteille.

— C'est tout ?

— Oui, aussi simple que ça.

— Et maintenant ?

Il pose l'ouverture de la bouteille au niveau du trop de la serrure et l'appui avec son corps.

— On attend que ça explose.

— Quoi ?! Mais c'est dangereux-

Une petite explosion se fait entendre et un cliquetis avec elle. La bouteille recule vers Ash qui encaisse le choc.

— Quand la bouteille est complètement fermée, la pression est telle que oui, c'est un peu risqué, mais là, la pression était moindre, juste assez pour faire sauter le loquet. Tada ! chantonne-t-il en ouvrant la porte.

— WoW...

Ash sourit.

— Si tu promets de ne pas mettre le feu à mon laboratoire toi aussi, tu pourras venir de temps en temps, je te montrerai des trucs. Tu as eu une super idée, je commence à voir ce qu'Adam te trouve.

Le feu me prend aux joues.

— Merci...

Adam voit quelque chose en moi? Il lui a dit des choses bien sur moi?

Ça change de Leo qui me reproche sans cesse mon manque de jugement et de plein de ma créativité quand je mens. À force d'être près de quelqu'un d'aussi intelligent, j'ai fini par croire que je ne l'étais pas.

Mais apparemment non, mes idées peuvent être utiles.

À The Players.

À Adam.

Je hoche la tête, charmée par l'idée de jouer à la petite chimiste avec lui. J'entre dans la pièce qui se révèle être une petite cuisine. Ash me suit et referme la porte derrière lui.

Nous sommes dans la résidence.

La première étape faite, nous établissons un plan pour trouver la partition. Nous convenons que nous séparer doublera nos chances de trouver où elle se trouve dans cet immense labyrinthe d'opulence.

— À 2 h, si tu n'as rien trouvé, tu reviens ici et on rentre bredouille.

— Ok.

— Bonne chance votre majesté.

Oh c'est vrai! On est en mission.

— Bonne chance, As.

Nous nous laissons à une intersection de couloir ; lui prend celui de droite et j'opte pour la gauche.

Me voilà seule dans cette cellule immense.

Ce n'est que quand je suis seule que je réalise la lacune de notre plan. Je ne sais vraiment pas où peut être cette partition. C'est du papier comme tous les autres après toit, enfin non, mais disons que c'est moins voyant qu'un vase ou un chat.

Alors que je m'apitoie déjà sur mon sort, j'aperçois Senri et Latifah sortir de l'une d'entre elles, me faire un doigt d'honneur avant d'en emprunter une autre en gloussant.

Les recherches ont visiblement déjà commencé. Je dois moi aussi m'y mettre plus sérieusement!

J'entame ma chasse au trésor. Je dois trouver cette partition et gagner. Ce baptême est mon épreuve, pour leur montrer de quoi je suis capable, leur montrer qu'ils peuvent avoir autant confiance en moi qu'ils en ont les uns pour les autres.

J'arpente les différents couloirs à la recherche d'un bureau, d'une bibliothèque, d'une salle d'exposition ou une salle de répétition où l'on pourrait garder une partition vieille de quelques centaines d'années, le tout en évitant le personnel encore debout dans la maison. Cela me retarde, je passe plus de temps dans des cachettes improvisées qu'à effectuer mes recherches.

— Assurez-vous que la commande de roses est faite pour demain avant midi. J'ai dit demain avant midi, sinon vous et moi perdons notre emploi. Oui.

J'arrête ma course quand j'entends une personne au téléphone se diriger vers l'endroit où je me trouve. Je me cache dans un coin et attends patiemment que l'employée passe.

La voie libre, je quitte ma cachette et me retrouve dans une salle à manger immense et joliment décorée. Les chaises de velours bleu azurite font ressortir l'or qui les orne, des chandelles dorées scindent la table tapissée par une nappe immaculée en deux. Pas de mangeurs à cette heure, donc pas d'assiette. Le plafond est très haut, si bien quand admirant les moulures et fioritures qui le compose, je dois me casser le cou, mais mon dieu ça en vrai la peine.

Cette pièce respire l'opulence et raffinement.

Quand j'entends encore des gens approcher, je me cache derrière un lourd rideau de velours de même couleur que les chaises qui traîne un peu au sol. Plusieurs pas résonnent dans la salle. J'observe la scène à travers la fente entre la jonction des deux rideaux. Une dizaine de jeunes personnes, tous en uniforme, se tiennent droits, alignés.

Une femme d'âge mûr leur donne des consignes et ils acquiescent, l'air de noter mentalement les recommandations de la femme. Elle leur fait des remarques sur un ton sévère et ils répondent qu'il ne feront plus l'erreur.

Ça a des allures de formation.

Pourquoi faire ça à 1 h du matin?

Je déduis qu'ils forment les employés la nuit pour éviter les erreurs en journée, quand les maîtres de maison sont réveillés. Pas bête. Par contre, ils ont tous l'air épuisés et stressés. Alors que mon regard se promène sur les pauvres petits agneaux, je manque de pousser un cri d'étonnement en voyant Adam parmi eux.

Il porte l'uniforme et se tient dans les rangs.

Wow... alors lui il est fort.

Alors que nous on court et se cache comme des voleurs, lui se promène comme si de rien n'était aux côtés des occupants des lieux. Si ce n'est pas du haut risque, je ne sais pas ce que c'est. Si ça, ce n'est pas du Adam, je ne sais pas ce que c'est.

Il finit par me repérer. Après une petite mimique de surprise, il m'offre son sourire malicieux, sans que personne ne s'en rende compte. Je vois dans son regard qu'il adore ce qu'on fait tous ensemble. Il adore quand son cœur bat fort à cause du risque et il est reconnaissant que je lui en aie procuré.

J'ai fait battre son cœur...

Une douce chaleur se repend de mon ventre jusqu'au bout de mes doigts qui serrent le tissu luxueux. Nos petits échanges de regards complices s'arrêtent quand la vieille femme vient se poster devant lui.

Merde!

— Toi ! siffle-t-elle en pointant Adam de son menton pointu et légèrement barbu.

C'est fini. Il s'est fait prendre. C'est à cause de moi. Je n'aurais pas dû le fixer comme ça. Ça l'a distrait et elle a remarqué !

— Oui ? répond calmement Adam.

— On vous a clairement dit à l'embauche que les bijoux, les tatouages, les perçages et autres modifications corporelles étaient formellement interdits et devaient être dissimulés en tout temps.

Elle parle de son piercing à l'oreille.

— C'est vrai. Pardonnez-moi, j'ai retiré les autres, mais j'ai oubli-

— Silence. Allez simplement dans vos quartiers retirer votre machin sur le champ. Nous ne vous attendrons pas.

— Bien, merci.

Adam quitte la salle, non sans me faire une grimace pour me narguer, moi qui suis encore coincée derrière ce très grand rideau. Presque vingt minutes s'écoulent où le groupe reste là, à écouter leur mentor leur donner de précises indications. Je regarde la minuterie. Il me reste à peine 1h10 minutes.

— Bon, nous allons retravailler l'entrée et votre façon de vous placer. Tout le monde dehors ! ordonne la doyenne.

Ils sortent tous par où ils sont venus et moi j'en profite pour déguerpir par où Adam est sorti. Alors que je cours en catimini, j'entends des sanglots. Je m'arrête aussitôt et me retrouve face à face avec une gamine d'à peine 6 ans, en robe de nuit blanche, un lapin en peluche à la main.

Oh non...

Seulement, elle ne m'accorde aucune importance et continue de hoqueter. Pour ne pas qu'elle attire du monde, j'essaie de la calmer. Je m'accroupis à son niveau.

— Chut ! Petite, moins fort... pourquoi pleures-tu mon ange ?

Elle essuie sa morve contre moi.

Oh joie!

Puis elle se calme et m'explique.

— Mon chat... Oscar, je ne le trouve nulle part. Il ne se sépare jamais de moi.

Je manque de lui rire au nez. Senri et Latifah ont donc déjà Oscar. Qu'elles sont fortes ! Je prends la petite Saeed dans mes bras et la rassure.

— Je suis sure que tu vas bientôt le trouver.

— Qui êtes-vous, madame ? demande-t-elle en séchant ses larmes, réalisant finalement que je ne suis pas un visage familier.

— Moi ? Je... Moi, je suis ta nouvelle nourrice. L'autre est en vacances. Je commence demain. Je suis Samira. Et toi ?

— Abir. Je m'appelle Abir. Comme tu es belle Samira, en tout cas plus que la vieille sorcière à barbe, m'intime-t-elle. J'espère qu'elle ne reviendra jamais.

Oh... je crois savoir de qui elle parle... la pauvre.

— Tu veux bien m'aider à chercher Oscar ?

— Je n'ai pas vraiment le temps mainte- quoi que... ça dépend. Moi aussi je cherche quelque chose.

— Tu cherches ton chat toi aussi ?

— Non. Je dis légèrement amusée. Je cherche une partition, très vieille et très précieuse.

J'ai sa confiance, je vais me servir d'elle.

— Tu saurais où je peux la trouver?

— Il y en a beaucoup, mais la plus vieille et laide est dans ma chambre, à côté de mon piano.

J'hallucine. Je n'aurais jamais cherché dans la chambre d'un enfant pour trouver une partition aussi d'une telle valeur...

— Tu penses que tu peux m'y mener ?

— D'accord. Mais après on va à la recherche de Oscar ?

— Bien sûr.

Elle me saisit la main et me traîne à travers les couloirs.

— Je ne suis pas sensée être debout à cette heure alors il va falloir se cacher, m'intime-t-elle en mettant son index devant ses lèvres.

C'est trop facile.

— Ok, compte sur moi ! chuchoté-je.

Nous nous faufilons jusque dans sa chambre, Abir connaissant des passages secrets qui nous font naviguer dans la maison hors de l'a vue des gens qui l'occupent. Chambre qui est aussi grande que ma maison au complet. Bon j'abuse, mais vous voyez où je veux en venir. La petite me mène littéralement la partition, contenue dans une plaie de verre protectrice et la dépose dans mes mains.

— Tien, voilà ce que tu cherches.

— Merci Abir. Tu es un amour.

— Oscar maintenant.

— Bien sûr. Mais tu sembles fatiguée. Voilà ce que je te propose. Tu vas retourner te coucher comme une sage petite fille. Moi je vais chercher Oscar pour toi. Comme ça, on ne saura pas que tu es réveillée alors que tu devrais dormir. Demain en te réveillant, il sera là, près de toi... ok ?

La jeune maîtresse semble dépitée, mais coopère.

— Tu promets ?

Je lui montre mon petit doigt.

— Promis.

Parole de menteuse!

Je borde Abir et elle tombe bien assez vite d'épuisement. C'était comme voler une sucette à un bée, sauf que le bébé me l'a donnée. Je peux donc sortir de sa chambre et faire le chemin inverse en empruntant les passages non officiels de la maison qu'elle m'a montré jusqu'au point où nous nous sommes croisées.

Oh ! Ash.

Je sors mon téléphone et informe Ash qu'il peut partir, j'ai trouvé la partition.

Ash : Excellent ! On se retrouve là où on a laissé Jerome alors.

Moi : ok.

Alors que je range le téléphone dans la poche de ma robe, fière de moi, je bouscule un employé et renverse la pile de linge qu'il transportait. Je m'excuse rapidement en l'aidant à ramasser.

— Ah, ça va. C'est moi qui n'y vois rien... attendez qui êtes-vous ?

Je stoppe net. Pendant un instant, j'ai oublié que je suis une intruse.

Il reluque mon accoutrement de haut en bas et comprend vite que je ne suis pas censée être là. C'est quand il voit la partition dans ma main qu'il s'affole.

— Une intruse ! s'écrie-t-il. Il y a une intruse !

Une panique sans nom s'empare de moi.

Merde! Merde! Merde!

On m'attrape brutalement le bras.

— Nous la cherchons depuis une heure. Merci de l'avoir signalée, je m'en charge à présent.

Je me tourne et vois un Adam, cette fois vêtu de l'uniforme des gardiens de sécurité. Il arbore cet air sévère qu'il avait dans les locaux d'IONIQ. Un frisson me parcourt bien que mon rythme cardiaque se stabilise.

— Oh euh... oui, je vous la laisse. Je crois que c'est une voleuse.

Adam m'arrache la partition.

— En effet, elle a volé ceci. Mais vous l'avez attrapée. Je suis sûr que le patron sera très reconnaissant.

L'employé semble tirer beaucoup de fierté quand Adam lui fait miroiter une possible récompense pour m'avoir prise. Une fois le reste des vêtements ramassés, il nous laisse sans même une once de doute.

— Alors comme ça on a trouvé son l'objet ? commente-t-il aussitôt l'employé suffisamment loin. Je savais que tu pouvais le faire.

Je lui souris en récupérant mon trésor.

— Et toi ?

— Tu me prends pour qui ? Dans la salle à manger tout à l'heure je l'avais déjà ce stupide collier. Je voulais juste m'assurer que tu t'en sortais bien... on dirait que j'ai bien fait de rester.

— Oh, mon sauveur !

Adam ricane.

— Bon, maintenant on doit sortir.

Je hoche la tête.

Il me tend sa main. Je la prends et le suis. Alors que notre fuite se passe généralement bien, les employés de la maison commencent à s'agiter. Apparemment, quelqu'un qui n'appartient pas à la maison a été aperçu dans la demeure, je paris sur l'armoire à glace, il ne passe pas vraiment inaperçu.

Ils sont sur leurs gardes à présent. Et des gardes, il y en a littéralement partout. Au bout d'un moment, on se fait repérer. La voix d'un homme raisonne dans le walkie talkie qu'Adam a volé.

— Les intrus sont au nombre de deux. Un homme et une femme. Je répète, il n'y a pas un intrus, mais deux.

— Comment ? Moi je suis à la poursuite de deux femmes en sous-vêtements. Elles ont Oscar.

Adam éclate de rire en prenant un virage. Il pousse une porte, me tire dans la pièce et la referme. Le garde qui nous pourchassait s'arrête comme il ne nous voit plus. Il est bientôt rejoint par un autre à qui il explique qu'il nous a perdus de vue. Comme son compère est venu dans l'autre sens, il confirme que nous ne nous sommes pas enfuis par là. Tous deux concluent donc que nous sommes dans une des pièces du couloir.

— Bordel, souffle Adam quand ils commencent à les ouvrir une à une. Viens.

Adam m'entraîne dans ce qui s'apparente à un dressing et ouvre une penderie avant de m'y hisser, de me rejoindre derrière de longues robes et de fermer les portes battantes. En peu de temps, les deux agents se retrouvent dans la pièce.

Collée contre Adam dans cet espace qui excite ma claustrophobie, je panique bien comme il faut. C'est surs qu'ils vont venir chercher ici.

— Ils vont nous trouver.

Tout en me tenant contre lui, il ferme ma bouche avec sa main, puis m'indique de me la boucler. La porte du dressing s'ouvre. Ils sont là.

C'est fini maintenant. Ils vont fouiller et nous trouver dans cette minuscule penderie aussi petite que ma future cellule de prison. Mes parents sauront ce que j'ai fait, Leo saura ce que j'ai fait, il m'en voudra et-

Le cours de ma pensée est interrompu quand je sens quelque chose appuyer contre moi.

Est-ce que...

Je lève les yeux vers Adam qui les ferme immédiatement, embarrassé que ça lui arrive là, maintenant. Je ne peux me retenir de sourire. Je résiste à lui faire une remarque sur cette manière de bander dès qu'il entre en contact avec moi, comme la première.

Est-ce qu'il s'en souvient ? Y pense-t-il des fois ? À moi, à moitié nue sur lui, à sa figure qu'il avait enfuie dans ma poitrine, à mes tétons brossant son nez, ses mains sur mes « jolies petites cuisses » ? Est-ce que c'est à ça qu'il pense maintenant pour s'en retrouver si agité ? Même son souffle est devenu plus lourd. Ferme-t-il les yeux pour chasser les images de son esprit ou parce qu'il n'ose pas me regarder dans les yeux alors que sa queue pousse contre mon bas ventre ?

Pourtant je donnerais tout pour voir les siens, pour qu'il me dévore des yeux alors que je lui fais de l'effet.

Mais qu'est-ce que je raconte? Je n'ai pas le droit de penser comme ça. J'ai Leo.

Je tente de prendre un peu mes distances avec Adam pour l'aider avec son problème et parce que ma conscience me le réclame, mais de l'espace pour me dégager il n'y en a pas vraiment.

La prise d'Adam autour de ma taille se resserre et il se penche, son visage effleurant le mien.

— Continue de gesticuler comme ça et je les tue avant de te faire ce que je me retiens de te faire.

Mon cœur bat à double temps avant de s'arrêter après sa menace et là c'est à moi d'être émoussé de la culotte. Pour une raison qui m'est obscure, je veux... je veux savoir ce qu'il se retient de me faire. La surprise me fait lâcher un souffle que je gardais pour ne pas faire bruit et il va frapper son visage, se mélangeant au sien, formant un mélange qui vient me perturber jusqu'aux confins de mon être.

Adam râle dans ma nuque pour étouffer le son alors qu'il presse son bassin contre le mien et tous les poils de mon corps se redressent.

C'est à ce moment que la penderie s'ouvre. Mais je ne prête même pas attention à cela. Adam m'a infesté de sa fièvre et tous mes neurones ne pensent qu'à ses lèvres sur ma peau. Mais je suppose que les longues robes nous dissimulent, puisque la porte se referme et bientôt, les pas s'éloignent et quittent le dressing.

Adam ne me relâche pas pour autant.

Et je ne m'en plains pas.

Si je pouvais, je resterais ici avec lui, collée contre lui pour toujours. Ma main bouge d'elle-même et va glisser dans ses cheveux et comme s'il avait entendu mon souhait en songe, Adam m'embrasse.

«Jamais il ne passera avant toi»

La magie s'éteint quand Leo me revient à l'esprit, alors je le repousse et sors de la penderie avant de prendre une grande inspiration, la main contre ma poitrine. J'entends Adam sortir à son tour, mais quand je me tourne vers lui, il a une expression neutre.

— Adam...

— Ne dis rien... s'il te plaît. On n'est pas encore sortis.

Il sort du dressing et vérifie qu'il n'y a personne dans le couloir avant de m'indiquer de le suivre. Ce que je fais, sans même regarder où je vais, sans plus ne jamais décrocher les yeux de son dos, sa nuque, ses cheveux que j'ai agrippés pour approfondir le baiser qu'il m'a offert, captivée par lui.

Captivée par le Joker.

Il parvient à nous trouver une sortie et nous quittons la maison en courant en direction de là où nous sommes venus. D'autres silhouettes, sortent des bâtiments. Les autres sont aussi parvenus à quitter la demeure.

Cinq minutes plus tard, nous arrivons dans la résidence de Latifah, où nous la trouvons, elle et Senri, en sous-vêtements comme l'avait dit les gardes, le chat d'Abir sur les cuisses de l'assassin en lingerie noire.

— Regardez-moi ça, si ce n'est pas notre petite bande de perdants.

— Bah alors, on a perdu contre les filles ? ajoute Latifah.

Les deux se moquent à gorge ouverte avant de se taper dans la main.

Moïse dépose le vase sur la table et va s'écraser sur le divan. Entre son combat avec un putain de lion et ce cambriolage, il doit être épuisé.

— Adam a trouvé son objet bien avant vous tous. On a gagné, s'insurge Jérôme.

— La règle était celui qui le ramène en premier, précise Sky. Senri et Latifah ont gagné.

— Bordel de merde !

— Tu as la partition ? me demande Ash.

Je lui montre et il la dépose sur la table. Adam lance le collier qui atterrit dans le vase. Je le regarde exécuter tous ses gestes comme une gamine de 13 ans devant son chanteur préféré. Puis il descend son regard vers moi et me sourit. Mon cœur manque un battement.

Je repense à ce qu'il s'est produit tout à l'heure. Je lui souris en retour, essayant de dissimuler mon agitation interne. Quand je me défais enfin de ses yeux, je tombe sur ceux de Jerome.

Jérôme me fixe comme si je venais de commettre un crime et quand il se rend compte que je l'ai vu, il détourne le regard visiblement préoccupé.

— Bon, elle l'a eu son baptême. Je vais rentrer, moi, j'ai affaire.

— Et nous on a école demain, fait remarque Kimi.

Ainsi se clôture cette soirée de folies. Nous retournons sur la piste où l'hélicoptère nous attend avant de reprendre le jet, direction chez nous. Quand nous atterrissons, Adam semble discuter avec Senri qui hoche la tête avant de mettre son casque et d'enfourcher sa moto. Puis Adam vient me voir.

— Avant de rentrer, on a un dernier arrêt à faire.

— Ah bon ? Où ça ?

Il ne fait que sourire et je connais déjà la réponse : surprise.

Alors je mets mon casque et monte avec lui sur sa moto et nous suivons Senri. Nous arrivons dans une ville, devant un salon de tatouage.

— Qu'est-ce qu'on fait ici ?

— Tu as passé l'initiation, on va te marquer.

J'ai bien remarqué les numéros et figure sur la peau des membres, c'est donc après l'initiation qu'ils en ont un. Je les suis à l'intérieur où Senri prépare le matériel. Elle me fait choisir parmi ses dessins. J'opte pour le plus minimaliste, une petite couronne qu'elle réalise en une quinzaine de minutes à peine, sur mon poignet comme celui du Joker d'Adam.

Cela fait, nous nous séparons et c'est au petit matin qu'Adam me dépose juste devant chez moi.

— La soirée est terminée, me dit-il tout en éteignant le moteur pour ne pas réveiller le voisinage.

— Et quelle soirée ! Vraiment le coup de cambrioler les voisins de Latifah... je ne m'y attendais vraiment pas du tout. Ils ne vont pas se douter qu'elle y est pour quelque chose ?

— Elle s'arrangera, t'en fais pas. J'espère que tu t'es un peu amusée au moins.

— Je suis passée à deux crocs de mourir, mais je suppose que c'est ta définition de s'amuser alors oui. Je me suis beaucoup amusée.

Adam s'esclaffe avant de retirer son casque. Je contemple son visage, ses yeux qui malgré l'obscurité gardent le même éclat marin, ses lèvres que j'ai goûtées plutôt.

— Par rapport à... tu sais...

Oh...

— Hum... oui ?

— Je suis désolé. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris de faire ça. C'était peut-être la pression... bref, n'y pense pas trop ok ? Ce n'était rien.

Rien?

— Mais-

— Et c'est interdit de toute manière. En plus, tu es en couple je crois, non ?

Je hoche la tête, larguée. Adam prend une grande inspiration, comme s'il allait m'annoncer un cancer ou je ne sais quoi.

— Écoute Heidi, je crois que tu commences à me connaitre, je suis impétueux. Quand j'ai envie de faire quelque chose, je le fais et c'est tout. Ce soir ce dont j'avais envie c'était de te faire vivre une soirée excitante et dans cette penderie ce dont j'avais envie c'était de t'embrasser et je l'ai fait.

— O-ok ?

— C'était déplacé de ma part. Cette amitié qu'on a toi et moi, c'est la meilleure relation dont je peux rêver avec une fille. Alors, oublie ça ok ?

Je rêve où il me friendzone alors que c'est lui qui m'a embrassé?

Comme il ne débite plus, en tantinet vexée, je prends la parole.

— Je comprends que quand quelque chose te fait envie tu le saisis, tu le fais. Mais je ne suis pas quelque chose et comme tu l'as mentionné, je suis en couple. Moi aussi je valorise notre amitié. Alors par respect pour moi, mais surtout pour mon petit ami, je te demande de ne plus recommencer.

Si ça ne veut rien dire pour toi.

Il soupire longuement.

— Compris. Hum... à bientôt alors Heidi.

— Oui. À bientôt.

Il y a d'abord un de ces longs silences tellement gênants où je vois dans ses yeux qu'il a envie de dire quelque chose, mais il secoue la tête et se garde de le faire. Il remet son casque, redémarre et disparaît dans la nuit comme le fait toujours le Joker.

Quand le vrombissement de sa moto s'éteint, je touche mes lèvres du bout des doigts.

— Ça ne voulait rien dire, Heidi. Ça ne voulait rien dire.















♤ ♡ ♢ ♧ ♤ ♡ ♢ ♧ ♤ ♡ ♢ ♧ ♤ ♡ ♢ ♧ ♤

C'était tout pour ce chapitre! Merci de l'avoir lu et pour ceux qui le font d'avoir interagi avec 🫶🫶🫶.

Retrouvez moi sur instagram: luxe_8831_ pour être informé de l'avancée de l'histoire et pour qu'on discute des théories de chacun quant à la suite des événements.

Luxe🪂

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