20. The Lion Sleeps Tonight
— Sapristi !
— Il y a encore des gens qui disent ça ?
Je ne réponds pas à Adam, trop occupée à contempler la ville sous mes pieds, le visage collé contre la vitre de l'hélicoptère. Quand il m'a dit qu'on allait fêter mon entrée dans The Players en grande pompe, je n'imaginais pas Dubai comme théâtre de mon initiation.
Après que je sois parvenue à convaincre ma mère de passer la nuit chez Adam, ce dernier est venu me chercher, s'est présenté à elle (il lui a beaucoup plu) puis m'a emmenée dans un petit aéroport.
Là-bas, en plus de Senri, Moïse et Diego, nous attendait un jet privé.
Peu importe ce qu'était le baptême, il n'aurait pas lieu sur le sol américain. Même là, tous ont refusé de me dire qu'elle était la destination. Il n'y a que quand j'ai reconnu quelques-unes des grandioses infrastructures de Dubai que j'ai compris que nous étions aux Émirats arabes unis.
Après avoir atterri dans un aéroport privé comme celui qui nous avait vus quitter la maison quelques heures plus tôt, nous sommes tous montés à bord d'un hélicoptère qui nous attendait, nous éloignant un peu de la ville illuminée de toutes les couleurs.
Un vol d'à peine une demi-heure nous mène vers un désert où les seuls étendus de verdure, sûrement entretenus artificiellement, sont occupés par une poignée de villas toutes plus belles les unes que les autres. C'est sur le grand H de la piste d'hélicoptère de l'une d'entre elles que nous atterrissons finalement, après notre long voyage.
Quand je touche terre, mes cheveux voltigent encore à cause des tourbillons qui proviennent des pales qui tournent encore. Adam qui vient de m'aider à descendre retire ses mains de sur ma taille et se tourne vers un point blanc qui à mesure qu'il nous approche prend la forme d'une femme, celle de Latifah.
— Ah ! Vous êtes enfin là ! Les derniers arrivés, avec près d'une heure de retard. Diego !
Elle saute dans les bras de Diego qui l'a fait tournoyer un peu. Elle accueille Adam avec autant d'entrain.
— Senri, j'ai trouvé le sniper dont tu m'avais parlé à une vente aux enchères la semaine dernière. Je l'ai acheté à près de 240 000 $. Il est dans la maison et n'attends que toi.
Senri qui ne sourit presque jamais sautille sur place en criant, la couvre de baisers avant de courir découvrir son arme de collection, me laissant seule avec Latifah.
— Heidi ! Bienvenue.
— Merci.
C'est probablement son statut, mais chaque fois que je suis près d'elle, j'angoisse. J'ai peur de ne pas bien me tenir, d'avoir le dos trop rond, de la salade entre les dents, des trucs qui m'occupe peu l'esprit quand je ne suis pas en présence de Sa Majesté.
Mais comme toujours, elle m'offre un sourire chaleureux et me tend la main. Hésitante je la prends et elle me conduit vers la villa.
— Détends-toi, je sais qu'on est collègues en quelque sorte, mais ça n'empêche pas la bonne entente. Tu peux me considérer comme une amie, surtout ce soir. Vraiment, oublie qui je suis, tu peux faire ça ?
— Oui.
Elle me sourit.
— Parfait, alors amusons-nous !
Je la suis vers la grande villa illuminée par des lumières jaunâtres qui ressemblaient à de l'or vu du ciel. Sur le moment, je suis mal à l'aise.
Combien ont-ils dépensé pour réserver ça ? Pour moi en plus ?
Quand on rejoint le groupe où je reconnais les visages, je retrouve Adam qui s'est déjà jeté sur des hors-d'œuvre.
— Ah Heidi ! Alors, impressionné ? Latifah s'est proposée pour tout organiser.
— Tu parles que je suis impressionnée ! Ça a coûté combien tout ça ? Le jet, l'hélico, la baraque !
Il fronce les sourcils avant d'éclater de rire.
— Rien du tout. Le jet appartient à The Players. L'hélicoptère et la villa sont à Latifah.
— C'est à Latifah tout ça ?!!
Tous se tournent vers moi quand j'exprime ma surprise et en me voyant rapetisser, quelques sourires apparaissent avant que les conversations ne reprennent.
— Oui.
— Elle vit ici ?! chuchoté-je.
— Non. Sa résidence principale dans son royaume, en Arabie Saoudite. Ici, c'est sa résidence secondaire. Je crois qu'elle a dit qu'elle vient ici quand elle se dispute avec son fiancé ou un truc du genre.
— Hey, ne lui raconte pas ça ! intervient Latifah en le frappant alors qu'il rit. C'est juste mon petit havre de paix, loin de ma famille. Et puis mon fiancé est très allergique aux poils d'animaux et moi je les adore. Alors j'ai dû trouver une maison où je pourrai être avec eux.
— Des animaux ?
— Bon assez parlé de tes bêtes, Heidi il faut que je te présente quelqu'un.
Adam prend ma main et me traîne jusqu'au groupe d'hommes qui discutaient. Je me retrouve en face de l'un d'entre eux, que je ne connais pas du tout, ou que je ne me souviens pas d'avoir rencontré.
— Heidi, je te présente Ashton, c'est notre As et l'un des quatre membres fondateurs. Ash, voici Heidi, la nouvelle Reine.
J'ignore s'il dit nouvelle parce que je suis nouvelle ou parce qu'il y en avait une avant moi.
Je tends timidement la main pour me présenter et l'homme, châtain clair, les yeux noirs et un tantinet bridés nous toise, moi et ma main, silencieux, avant de secouer la tête.
— Ravi de te rencontrer, Heidi.
Ma main est toujours en suspens et moi je suis confuse.
— Il est un peu maniaque, c'est pas contre toi.
— Oh... soufflé-je en retirant ma main.
— Ash est chimiste. Tu verras, quand on ira dans son lab-
— Tu ne mettras plus jamais les pieds dans aucun de mes laboratoires, Adam. Tu es banni.
— Roh, ça va, c'est de l'histoire ancienne.
— Ce que tu appelles de l'histoire ancienne c'était des années de recherches et des millions de dollars.
— Ce qui est bien avec la science c'est qu'en refaisant les expériences, on obtient les mêmes résultats. Tu les retrouveras tes recherches.
L'As me fixe l'air de me dire « tu vois à quel idiot j'ai affaire? ». Je ne peux m'empêcher de pouffer de rire devant leur relation. Ash m'explique un peu mieux son rôle dans The Players. C'est lui qui gère l'approvisionnent en substance chimique qui servent d'armes ou d'explosifs lors de missions.
Je salue ensuite les jumeaux. Mika se jette sur Adam et commence à le supplier de l'amener en mission avec lui et il lui répond que ce n'est pas lui qui décide et que quand elle sera majeure, elle pourra le faire. Son frère reste un peu à l'écart, gardant son petit air supérieur. Quand je tente un sourire, il me toise et roule les yeux.
Sympa.
Les salutations faites, The Players se disperse en groupuscules, selon les affinités. Jerome, Senri et Ash semblent discuter entre membres fondateurs dans un coin. Diego fait le beau auprès de Latifah et Mika et Moïse qui est parti aux toilettes n'est toujours pas revenu.
Si ça se trouve, il n'arrive pas passer la porte.
Nous attendons l'heure du départ pour la ville. Apparemment, le premier arrêt est un casino, raison pour laquelle j'ai dû venir vêtue d'une robe de soirée dorée et de bijoux que j'ai pu me permettre d'acheter avec la prime de la dernière mission.
Les autres aussi sont habillés pour le casino, même les jumeaux.
Je crois savoir ce qu'est le baptême maintenant.
Ils veulent faire un coup au casino.
Je veux dire, un endroit hyper sécurisé, bourrer de riches Émiratis et étrangers. Qu'est-ce qu'un groupe de terroristes y ferait à part un coup ? C'est peut-être aussi un test, pour voir comment je me débrouille dans ce genre de situation. J'ai aussi songé à pourquoi nous n'étions pas encore partis.
C'est simple ; ils visent quelqu'un. Quelqu'un qui n'est pas encore au casino à en juger les appels que Latifah a passé en disant « il n'est pas encore là ? ».
J'ai deviné quelle est leur surprise. Bon un peu tard, mais tout de même. Malgré cela, je ne dis rien et continue de jouer la cruche pour ne pas gâcher la surprise que Latifah s'est donné du mal à préparer pour moi.
En attendant, Adam me fait visiter la demeure ; ses interminables pièces, l'architecture un mélange d'inspiration perse aux moulures d'ivoire et d'or, des piscines intérieures dignes des plus beaux palais, des jardins luxuriants mêmes de nuit, un terrain de golf, de tennis, une étable, des animaux exotiques dans d'immenses cages semblables à leurs habitats naturels.
— Wow... elle ne rigolait pas quand elle disait être une amoureuse des animaux.
— Elle les aime plus que les humains. Oh ! Viens voir, le plus beau et impressionnant de sa collection !
En tenant ma robe, je cours pour le rejoindre au niveau d'une rambarde qui donne sur une fausse à peine éclairée. J'attends quelque seconde durant lesquels je plisse les yeux, mais ne vois absolument rien.
— Qu'est-ce que je suis censée regarde- oh putain...
C'est alors que, sortie de l'ombre, apparaît un lion adulte à la robe et la crinière complètement blanche. Il est immense, bien plus qu'à la télé. Même ceux du zoo de la ville voisine à la mienne ne sont pas aussi gros et majestueux que ce lion blanc comme neige.
— Je te présente Leo, son lion albinos de six ans. Il est beau n'est-ce pas ?
Son nom termine de me séduire.
— Il est magnifique... m'émerveillé-je devant la plus belle créature qu'il ne m'ait jamais été donné de voir.
— Il n'est pas encore bien dressé comparé à ses autres félins qu'elle a depuis qu'ils sont des petits. On reviendra un jour et tu pourras les approcher, si Latifah veut bien. Allons voir les tigres maintenant.
Je l'entends s'éloigner, mais moi je ne parviens pas à défaire mes yeux de ceux du félin.
Il me fascine.
Lui aussi ne détourne pas son regard de moi alors qu'il fait des tours dans son enclos.
— Mon beau lion blanc...
Je sors mon téléphone pour le prendre en photo et montrer à Leonardo à mon retour, mais juste au moment où j'allais le filmer, le lion recule et retourne se tapir dans l'ombre. Mes yeux qui se sont habitués à l'obscurité le perçoivent encore, mais pas pas caméra.
— Allez, mon minou, viens-là, j'ai besoin d'une seule photo.
Il se déplace à peine, si bien que seuls ses yeux qui reflètent la lumière de la lune sont visibles, magnifiques et hypnotisant.
— Plus près..., chuchoté-je en me penchant un peu pour qu'il apparaisse à l'écran.
— Heidi ?
— J'arrive, je prends juste une photo.
Le lion sort enfin de l'ombre, mais y retourne presque instantanément.
— Non !
— Heidi ! Ne te penche-
J'ai à peine le temps de l'entendre que mon talon glisse sur le métal de la rambarde sur laquelle j'étais montée pour mieux voir. À cause du moment de force, mon corps balance et je me retrouve tête à l'envers en train de tomber dans le vide en criant.
J'atterris tête la première au sol en une seconde. Encore sonnée à cause de ma chute, je me redresse avec peine et constate que mes bras sont éraflés et que j'ai mal partout.
— HEIDI !
J'entends la voix d'Adam. Étrangement, elle vient d'en haut alors je lève la tête et je le vois, penché sur la rambarde où je me tenais il y a de cela quelques secondes.
Comment...
— PUTAIN HEIDI !!
Quand j'entends un son grave, semblable à un ronronnement, je baisse lentement la tête et comprends avec effrois la situation dans laquelle je suis. Les yeux brillants du fauve s'illuminent dans la pénombre.
Je suis tombée dans la fosse.
La réalisation me percute avec une puissance inouïe. Mon être entier fige, tremble et les larmes me montent aux yeux alors que la bête sort de l'ombre et m'approche lentement.
— HEIDI ! HEY !!! HEEEYYY !!!!
La voix d'Adam, bien qu'il hurle pour faire reculer le lion, me semble si lointaine. Je suis seule face à ce lion blanc qui me regarde férocement en s'approchant. Je voudrais crier, je voudrais me lever et fuir, je ne sais où, mais fuir, m'éloigner le plus possible de l'animal qui trône à présent à un mètre de moi, mais je suis tétanisé. Au fond, je sais que peu importe ce que je tenterais, il ne ferait qu'une bouchée de moi.
Je vais mourir.
Je vais mourir.
Je vais-
Un bruit sourd à ma droite me fait tourner la tête et je découvre avec surprise comme horreur qu'Adam a sauté dans la fosse. Son atterrissage a effrayé le lion qui a pris ses distances, sans fuir pour autant.
— Adam...
Il me retrouve au sol et essuie mes larmes, sans jamais lâcher le félin des yeux.
— Écoute-moi bien Heidi, dit-il, la tête tournée vers le lion. Regarde à ta gauche.
Je suis son instruction.
— Tu vois la porte ?
La gorge nouée par la peur, je parviens à peine à opiner.
— Ok. Tu vas y aller.
Je me tourne vers lui en secouant la tête, mais il ne me regarde pas. Il regarde le lion en tenant mon visage.
— Si, tu vas y aller Heidi, répète-t-il plus sévère. Il y a une boite où tu pourras composer le code pour qu'elle s'ouvre. Si je me souviens bien, c'est 8831.
— Mais-
— Y'a pas le temps Heidi, il faut que tu sortes d'ici.
— Et toi ?
— T'en fais pas, je le distrais pendant que tu sors. Une fois dehors, tu cours prévenir les autres. Tu m'entends, s'il te paît, tu m'entends ?
La fêlure dans la sa voix me chamboule, il a toujours les yeux rivés sur le prédateur qui semble avoir retrouvé son courage et des larmes sur ceux-ci ceux-ci. Ses mains autour de mes joues tremblent autant que les miennes.
Il est terrifié.
Et il y a de quoi.
— Tu peux faire ça ? Tu peux faire ça pour moi ?
Non ! Non, je ne peux pas ! Même si je voulais, mon corps refuse de bouger depuis que j'ai compris la merde dans laquelle j'étais.
— S'il te plaît, je te fais confiance. Ma vie est encore entre tes mains, va prévenir les autres.
Quand il me dit cela, le bourdonnement aigu qui résonnait dans mes oreilles s'arrête, tout comme lors de notre rencontre, un certain calme s'établît en moi.
Il me fait confiance.
— O...ok... j'y vais...
— Super. Quand tu t'éloignes de moi, ne détourne surtout pas tes yeux de lui. Les prédateurs priorisent les proies qui ne les regardent pas, dit-il, fixant toujours le lion. Ouvre grand les bras et fait du bruit pour paraître plus grande, comme un danger, comme ça c'est moi qu'il visera.
Je hoche la tête.
— Vas-y.
Il me relâche doucement et nous nous relevons ensemble. Puis, il commence à s'éloigner de moi et moi je vais vers la porte, en suivant des consignes. En logeant le mur de pierre, Adam fait un demi-tour de fausse et le lion le suit, me tournant le dos.
Arrivée à la porte, je m'empresse de composer la combinaison et la porte s'ouvre. Propulsée par l'adrénaline, je cours dans un couloir qui mène à des escaliers qui eux mènent à une porte qui ouvre sur l'extérieur. Je regarde autour de moi et aperçois les autres au loin. Je sprinte dans leur direction en hurlant à m'en vomir les poumons, en larmes et en panique.
Quand j'arrive à leur niveau, je suis si apeurée et essoufflée que mes phrases n'ont aucun sens.
— ADAM... LION... ET PUIS TOMBÉE... JE... À L'AIDE !!!!
— Quoi ?
Ashton fronce les sourcils et m'examine.
— Tu es recouverte de terre et tu sens... oh non...
Je vois dans ses yeux qu'il a compris.
— Adam est dans la fausse au lion.
Je hoche vigoureusement la tête.
— Oh non ! Comment ça ?! s'exclame Latifah.
— Pas le temps, les enfants, partez dans la maison, Senri-
Il se tourne, mais elle n'est plus là où elle était, elle est déjà loin et court en direction du bâtiment. Les jumeaux la suivent. Latifah s'élance vers la fausse avec nous à ses trousses, mais s'arrête brusquement.
De la même porte d'où je suis sortie, sort le lion.
— Tu n'as pas refermé la porte ?!
Merde.
Je n'y ai pas pensé. La seule chose que j'avais en tête c'était prévenir les autres.
Adam sort à son tour. Le voir sain et sauf me rassure et l'état d'alerte qui avait pris possession de moi diminue. Il crie pour attirer l'attention du fauve qui tourne la tête vers lui, mais se désintéresse. Non, le lion me fixe moi.
C'est moi qu'il veut.
— Tout doux, Leo. C'est moi, c'est maman, tente de le calmer Latifah.
En effet, il semble moins agressif quand sa maîtresse s'adresse à lui. Il se contente de nous tourner autour pendant qu'elle le suit pour garder le contact visuel avec lui. Puis il s'arrête et nous fixe.
— Voilà, c'est ça. Tu es un bon garçon, dit-elle en s'approchant prudemment de lui.
— Latifah reste loin, la prévient Moïse derrière qui nous autres sommes réfugiés.
Latifah tourne le dos à son lion.
— Ne t'en fais pas il ne me fera r-
Profitant de ce qu'elle ait détourné son attention, il bondit, la gueule grande ouverte vers elle.
— LATIFAH !!!
Moïse décolle et intercepte le fauve juste avant qu'il ne prenne la nuque de Latifah. La scène semble surréelle. Je savais qu'il était fort, mais de là à plaquer un lion au sol.
— ALLEZ-VOUS-EN !!! ordonne-t-il.
Avant que je ne comprenne ce qu'il se passe, on prend ma main et m'entraîne loin de la scène où Moïse se débat avec le lion. Alors que nous courons, les rugissements du lion me font tourner la tête. Je le vois au-dessus de Moïse qui peine à lui maintenait la gueule ouverte pour qu'il de lui arrache pas la carotide.
C'est de ma faute...
Un son bref, sec, perce l'air chaud de la nuit.
Le lion s'immobilise. Puis s'affaisse de tout son poids sur Moïse.
— Attendez...
Nous nous arrêtons tous pour voir le corps du lion sur Moïse qui a du mal à me retirer.
Comment ?
Je porte mon regard vers la villa et aperçoit sur, un des balcons, quelque chose qui brille. Le long canon d'un sniper derrière lequel se tient Senri.
Elle a abattu Leo.
Le calme retombe dans la demeure et nous accourons à présent vers Moïse. La première chose qui me frappe c'est le sang, beaucoup de sang. Il s'échappe principalement de la tête du lion blanc, troué en plein centre du front de l'unique balle tirée avec une précision de fou par Senri qui nous rejoint peu de temps après, avec l'arme sous le bras.
Diego et Adam tirent sur les pattes du lion mort pour le retirer du corps de Moïse. Je découvre alors avec horreur que du sang, lui aussi il en a partout, son sang qui provient des plaies des griffures qu'il a subies pendant son combat avec le fauve.
Il se redresse avec grande peine et reprend son souffle maintenant que son thorax n'est plus compressé par la bête.
C'est de ma faute...
— NOOONNN !!!!!!
Latifah se jette sur le corps de l'animal et pleure sa mort comme s'il s'agissait de son propre enfant. Seuls ses sanglots se font entendre, tous sont trop secoués d'avoir frôlé la mort pour commenter et moi je suis encore terrifiée. Mais Senri finit par se lasser des pleurs de Latifah.
— Oh, ça va, c'est juste un animal. Tu t'en achèteras un autre c'est pas l'argent qui te manque. Il a quand même essayé de te tuer, princesse.
Latifah dévoile un regard meurtrier en direction de celle qui a exécuté son bébé comme elle l'appelle.
— Il ne faisait que répondre à son instinct, tu n'avais pas le droit de le tuer !
— Et l'instinct de survie, tu connais ? C'était ça où il tuait Moïse avant de passer aux autres, répond froidement Senri. Merci pour le cadeau, termine-t-elle en caressant son bébé à elle.
— Je vais te tuer pour ce que tu lui as fait.
— Essaie. J'adore les femmes féroces.
La tension est à son comble entre les deux femmes quand le sifflement d'Adam qui exécute la mélodie d'un film pour enfant en caressant la crinière de Leo détourne leur attention de l'autre.
— Moi aussi j'aimais beaucoup Leo, Latifah, mais certains animaux ne sont pas faits pour vivre en captivité. Si tu ne veux pas que ce genre d'incident arrive, n'en achète plus. Ils sont plus heureux en liberté de toute façon.
— Souviens-toi du serment que tu as fait. The Players avant tout le reste, lui rappelle Jerome.
Latifah hoche la tête avant de fondre en larme sur la dépouille de Leo. Des employés de la villa viennent retirer son cadavre près d'une demi-heure plus tard.
Le majestueux lion blanc, vaincu ce soir par The Players n'est plus.
— Ça va ? me demande Adam en posant sa main sur mon épaule.
Je me jette sur lui et le serre fort, si fort dans mes bras. Ça le fait rire.
— Je suis désolée ! C'est de ma faute... tout ça, c'est de ma faute ! sangloté-je contre lui. Si... si je n'étais pas tombée-
— L'essentiel c'est que tu ailles bien, Heidi. C'est tout ce qui compte. J'ai eu tellement peur qu'il t'arrive quelque chose...
Je lève mes yeux trempés vers lui.
— Et toi, tu n'aurais pas dû sauter dans la fausse, s'il t'était arrivé quelque chose je...
— Tu ?
Un raclement de gorge nous interpelle.
— Hey, les tourtereaux, vous pouvez au moins attendre que Moïse aille mieux avant de vous adonner à de larmoyantes retrouvailles ? commente Diego.
Adam et moi nous séparons instantanément, gênés pendant que les autres se moquent un peu. Je jette un bref coup d'œil vers lui et il fait de même avant de me sourire et de détourner son visage rougissant.
Mon cœur manque deux, même trois battements. J'essaie de dissimuler un sourire complice quand je croise le regard de Jerome.
Lui n'est nullement amusé par la proximité entre Adam et moi. Il me quadrille d'un œil sévère, l'air de me donner un avertissement.
C'est lui qui est le plus à cheval sur les règles. Et même s'il ne le verbalise pas, je sais laquelle il est en train de me rappeler d'un simple regard soutenu :
Les relations entre membres sont prohibées.
Alors je prends mes distances avec Adam. Pas qu'il y ait quoi que ce soit entre nous, mais je ne veux pas qu'à peine entrée dans le groupe on croit que j'enfreins les règles.
Le personnel de Latifah s'occupe des blessures de Moïse qui, malgré leurs tailles, sont somme toute superficielles. Il nous retrouve une petite heure après dans le salon de la demeure et nous rassure.
— J'ai vu pire, se vante-t-il.
Je comprends alors l'admiration que lui porte Adam. Il s'est jeté sur le lion sans la moindre hésitation pour sauver ses camarades. Le courage et la force dont il a fait preuve ce soir m'ont impressionnée. Quant à Senri, elle n'a même pas hésité à aller chercher le cadeau que venait de lui offrir Latifah. En très peu de temps, elle a trouvé un point d'où tirer et n'a pas hésité à tirer alors qu'elle aurait pu atteindre Moïse à la place.
Adam, Moïse et Senri.
Les membres exécutifs ne reculent devant rien... et je suis censé en faire partie maintenant ? Comment je peux faire le poids ? Moi, tout ce que j'ai fait c'est fuir et je ne suis même pas parvenue à les prévenir sans trébucher sur mes mots.
— Bon, je suppose que la fête est finie, je peux rentrer chez moi ? demande Jerome.
Je baisse la tête.
J'ai tout gâché. J'ai gâché leur fête. Tout ça, c'est de ma faute. Je suis une bonne à rien. Leo a raison, je manque de jugeote.
— Hors de question. Heidi n'a pas encore fait son initiation, résonne la voix d'Adam.
— Je comprends, mais on ne peut plus faire ce qui était prévu, vos tenues sont sales et il ne reste plus grand-chose de celle de Moïse, sans compter qu'il est blessé. On sera suspectés dès notre entrée.
Un silence règne dans la salle. Je regarde Adam en le suppliant de laisser tomber, j'ai déjà créé assez de problèmes ce soir. Ses yeux bleus ne me lâchent pas, ils n'absorbent, m'engloutissent et je bois la tasse.
— Latifah.
Elle semble encore sous le choc après la perte de son bébé, mais se tourne vers Adam.
— Quoi ?
— Qui sont tes voisins les plus riches ?
— Mes voisins les plus riches ?
— Oui.
— Les Saeed... pourquoi ?
— Le cadeau que tu as offert à Senri, tu l'as eu aux enchères non ?
— Oui ?
— Vous faites souvent ça vous les riches, acheter des trucs rares aux enchères pour les collectionner, non ?
— Oui ?
— Tu crois qu'ils sont des objets rares de ce type chez eux.
— Assurément, le chef de famille est un grand collectionneur d'antiquités- ne me dis pas que...
Le sourire d'Adam s'étire.
- Sky.
L'écran de la télé s'allume et l'avatar du Valet apparaît.
— Bonsoir à tous.
— Bonsoir, répondent-ils en cœur. L'opération est-elle reportée ?
— Elle est annulée, l'informe Adam en se levant avant d'aller se planter devant elle. Mais on aurait besoin de tes informations pour une nouvelle opération.
— Je t'écoute.
— As-tu une idée des objets de collection que possèdent les voisins de Latifah ? Les Saeed
L'image de Sky rétrécit et à la place, ce qui s'apparente à un catalogue défile avec des images d'objets et le prix de vente de ceux-ci.
— Voici les objets achetés aux enchères déclarés par Les Saeed. Il y a une centaine, dont la moitié se trouve à leur domicile des Émirats arabes unis, le reste est prêté à des musées pour diverses expositions.
— On est dix..., sélectionnes-en cinq au hasard.
Cinq images d'objet de valeur appariassent, un vase, un collier, une partition, une médaille et un chat.
— Je crois voir où tu veux en venir Joker. Si vous le désirez, je peux aussi vous répartir en équipe de deux au hasard et vous attribuer un objet chacune.
— Oui, s'il te plait.
Sur l'écran, en plus des objets apparaissent des photos des membres présents. Elle bouge dans tous les sens avant de se stabiliser en grappes de trois. Deux membres et un objet.
Diego et Kimi : le vase Ming
Adam et Jerome : Le collier en saphir d'inde
Mika et Moise : La Médaille militaire française.
Latifah et Senri : un Sphinx qui répond au nom d'Oscar
Ashton et Heidi : une authentique partition de Monteverdi
Adam se tourne vers nous.
— La première équipe qui trouve l'objet et le ramène sur cette table gagne. Alors ? Qui veut jouer ?
J'hésite un peu, mais lève la main la première. Il me rend un sourire espiègle avant de consulter les autres. Un à un, ils consentent à participer au jeu d'Adam. Quelques personnes grommèlent ; Jerome parce que son binôme est Adam, Ashton parce qu'il ne veut pas se salit et Kimi juste par mépris, c'est l'adolescence.
— On fait comment si l'un d'entre nous se fait prendre ? osé-je enfin demander.
— Ne te fais pas prendre, me dit-il simplement.
Ah... d'accord.
Quelques minutes plus tard, c'est le départ, à pied jusqu'au domaine de Saeed. Une grande villa, pas autant que celle de Latifah, mais impressionnante tout de même se dresse devant nous tous.
— Bon, les amis, à partir d'ici c'est chacun pour soi, dit Senri
Elle déchire sa robe, la laissant en sous-vêtements que les hommes ne se cachent pas de lorgner et dévoilant un corps au physique splendide, couvert de tatouages du col jusqu'aux poignets et cheville.
— Allez viens, princesse, lance-t-elle en courant vers la demeure.
— Ne m'appelle pas princesse ! répond Latifah en emboitant le pas.
Les hommes retirent tous leurs chaussures et Mika se débarrasse de ses talons avant de suivre Moïse. Ne reste plus qu'Ash, Adam, Jérôme et moi. Jerome contrairement à tous s'assoit par terre et ouvre son ordinateur. Adam imite Senri, mais ne retire que son veston.
— Bon, je compte sur toi pour me couvrir, dit-il en mettant une oreillette que Jerome lui passe.
Avant de partir, il me jette un coup d'œil.
— On se voit à la ligne d'arrivée ?
Je hoche la tête.
Il se tourne et prend aussi d'assaut la résidence des Saeed. Ashton jure dans sa barbe en retirant ses chaussures.
— Tu as déjà cambriolé des gens ?
Je secoue la tête.
— Toi ?
— Moi non plus... on va probablement perdre.
— Hm...
Il inspire longuement.
— Mais bon. Si tu as été recruté, c'est que tu dois avoir des compétences utiles. On y va.
Il me devance.
Ouais, j'ai des compétences, dans des trucs légaux. Je ne sais absolument pas comment m'introduire chez quelqu'un pour lui voler un bien qui vaut plus que l'assurance vie de mes parents combinée et sans me faire prendre en plus. Je n'ai même pas été recrutée à proprement parler. Je me suis imposée au groupe.
Putain.
— Heidi.
Je me tourne vers Jerome qui me regarde avec le même mépris qu'il a toujours eu pour moi, Dieu sait pourquoi.
— Je sais qu'ici la confiance règne, mais sache que moi, je n'aurai jamais confiance en toi.
Je fronce les sourcils.
Ok ?
Comme il n'ajoute rien, je me tourne et cours aussi vers la maison. Je n'ai pas le temps de tergiverser sur sa réflexion plus que déroutante.
J'ai une partition à voler.
♤ ♡ ♢ ♧ ♤ ♡ ♢ ♧ ♤ ♡ ♢ ♧ ♤ ♡ ♢ ♧ ♤
C'était tout pour ce chapitre! Merci de l'avoir lu et pour ceux qui le font d'avoir interagi avec 🫶🫶🫶.
Retrouvez moi sur instagram: luxe_8831_ pour être informé de l'avancée de l'histoire et pour qu'on discute des théories de chacun quant à la suite des événements.
Luxe🪂
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top