11. Lies, camera, action!
— Menteuse.
J'en étais sûre ; il ne me croit pas.
— Leo c'est vrai.
— Menteuse.
— Je t'assure que je dis la vérité.
— Tu m'as surtout dit que tu avais démissionné pour te concentrer sur tes cours comme je te l'avais recommandé.
— Oui, mais le truc c'est que je me suis retrouvée fauchée plus vite que prévu et tu sais que mes parents refusent de nous octroyer de l'argent de poche. J'ai demandé à Andrew de me reprendre et il a été ravi que je l'aide encore un peu, j'avais juste oublié que je devais commencer ce soir. Leo, regarde-moi deux minutes !
Il arrête enfin de se déplacer dans le laboratoire et me regarde.
— Tu sais mieux que quiconque à quel point ce rendez-vous était important pour moi, combien je l'ai réclamé. Tu penses que je te mentirais pourquoi ? Qu'est-ce qui est selon toi assez important pour que je manque ça ?
— J'en sais rien, peut-être ton nouvel ami, Cole, à toi de me le dire.
Je pousse un long râle d'exaspération.
— Arrête de le mentionner à tout va je vais finir par croire que tu es vraiment jaloux. Et Adam je le connais depuis peu, jamais il ne passera avant toi.
— Redis-le.
— Jamais il ne passera avant toi.
Le coin de sa lèvre se relève.
— Menteuse.
Puis il recommence ses allers-retours dans le laboratoire de son mentor, recueillant les données d'un capteur, puis d'un autre. J'essaie de tenir la cadence, mais il me donne le tournis.
— C'est trop demandé de me faire confiance pour une fois ?
— Ne pose pas tes doigts sur cette surface.
Je retire ma main du comptoir où je m'étais appuyée une nouvelle fois. Leo soupire en tirant un petit mouchoir dont il se sert pour nettoyer mes empreintes de la surface.
— Bon, j'avoue que je ne vois vraiment pour quelle raison tu pourrais être en train de me mentir, donc peut-être que tu dis la vérité. Je pourrais appeler Andrew pour vérifier s'il t'a vraiment reprise à l'écolde pilote-
— Ce n'est pas vraiment ce que j'appelle une relation de confiance si tu fais ça.
— En effet, souffle-t-il. Bon d'accord, disons que je te crois pour cette fois, Pinocchio. Je te fais confiance.
Je sautille en poussant des petits cris de joie avant de lui bondir dessus.
— Oh merci Leo, vraiment, merci. Et je suis vraiment désolée d'annuler aussi tard-
— Garde ta salive.
Je me tais et lui souris avant de le couvrir de baisers mouillés tandis qu'il se débat.
— Arrête Heidi, pas ici- attends-
— Quoi ? Ici, personne ne viendra nous déranger, il faut une carte pour entrer dans le lab non ?
— Lutz a la carte.
— Lutz est à Vienne, dis-je en posant ma main contre son sexe par-dessus son sarrau de chercheur sexy avant de lui retirer ses lunettes de lab. Puisqu'on est que toi et moi ici, on pourrait compenser pour ce soir.
— Heidi...
— Allez, dis-moi que tu n'as jamais rêvé de me prendre ici, entouré de tous ces gadgets auxquels tu accordes plus de temps qu'à moi.
— Heidi, c'est non et pour la dixième fois retire ta main de cette surface ! s'énerve-t-il en élevant le ton.
Je le fixe, irritée par son obsession avec ce foutu comptoir. Au lieu de retirer ma main comme il me l'a ordonné, je pose l'autre main en signe de provocation avant de lever les yeux vers lui.
Laissez-moi vous introduire à ma version favorite de Leonardo Ricci ; le regard assassin, la mâchoire serrée, tremblant de rage, une veine qui grossit à vue d'œil sur son front de surdoué, son œil droit qui tremblote alors que sa poitrine se soulève dramatiquement et bien sûr...
— Retire ta culotte.
— Je l'ai retirée avant de venir te voir.
Leo enlève sa cravate en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, fond sur moi, se saisit de mes mains avant de les contraindre derrière mon dos et de les nouer avec.
— J'ai dit les mains pas sur le comptoir, dit-il alors qu'il fait le nœud.
Je dépose ma tête sur le comptoir comme il ne me l'a pas encore interdit jusqu'ici. Je l'entends retirer ses gants de lab, puis je sens ses mains chaudes se poser sur mes cuisses et remonter un peu alors qu'il soulève la jupe crayon que je porte.
— Tu es déjà mouillée... comment ça se fait ?
— Tu es terriblement sexy quand tu m'ignores pendant que je te parle.
J'entends son rire derrière moi, puis le cliquetis de sa ceinture. Je donnerais tout pour pouvoir être face à lui et le voir dur pour moi, c'est ça, le dernier élément de ma vision favorite de Leonardo Ricci, sa magnifique queue érigée. Mais aujourd'hui, je vais me contenter de la sensation de cette dernière contre ma vulve alors qu'il la caresse d'avant en arrière, titillant mon clitoris lui-même en érection.
— Putain, je savais que c'était une mauvaise idée de te laisser postuler dans cette université.
Je me souviens comment je l'avais supplié l'année dernière. Il me répétait qu'il y avait mon programme dans une autre université, plus proche de chez moi, moins chère et qu'il voulait éviter... ça. Je lui avais promis que je serais sage comme une image, mais, spoiler alert, j'ai menti.
Je lâche un petit rire qui est étranglé par ma première plainte lorsqu'il me pénètre.
— Le laboratoire est inaccessible, mais pas isolé acoustiquement, ferme-la.
Il redonne un coup, et un autre et encore un autre. Les mains solidement ancrées dans la peau de mes hanches, Leo me baise sur son précieux comptoir, au milieu de ses précieuses machines hors de prix, dans le laboratoire de son précieux professeur dans sa précieuse université. Un sourire s'impose à moi et je me délecte de la situation et de son pénis qui m'habite comme si c'était la première fois.
Je m'oublie sur le comptoir alors que Leo me hisse jusqu'au septième ciel.
— Il parait que c'est le dernier chef-d'œuvre du septième art ! En plus, la salle s'est récemment offert de l'équipement qui procure une expérience de réalité augmentée, les sons viennent de partout, on jurerait y être !
— D'accord ricane Adam, et c'est ce soir tu dis ?
Felix qui essaie de le convaincre de venir voir le filme avec nous acquiesce.
— Laisse le tranquille Felix, il t'a déjà dit qu'il avait quelque chose de prévu.
— Tu y vas toi aussi, Heidi ?
Je me tourne vers Adam. Ses yeux me paralysent quand il se promène sur moi en attente d'une réponse.
— Euh- hum.. oui.
— Dans ce cas, je peux reporter ce que j'avais à faire. Je viens, conclut-il, sans me lâcher du regard.
Puis comme s'il se rendait compte qu'il me fixe depuis un peu trop longtemps, il secoue la tête et reporte ses yeux vers Felix.
— Dis-m'en plus sur ce film.
Et Felix, ravi que quelqu'un porte de l'intérêt à ses babillages de cinéphile, reprend son explication des quatre premiers films de la franchise qui précède celui qu'il nous amène tous voir. Mon téléphone vibre.
Leo : Dans la poche de mon sarrau ? Sérieux ?
Je souris discrètement. C'est là que j'ai glissé ma culotte quand je suis entrée dans le lab il y a trois heures et ce n'est que maintenant qu'il s'en rend compte.
Moi : Tu pourras dormir avec si je te manque ce soir.
Leo : Oh, je l'ai passé au bruleur à déchet en sortant tout à l'heure.
Moi : Puisque tu n'as rien de gentil à dire, je te laisse.
Leo : Ok, bon travail ce soir, ne te surmène pas trop et rentre en taxi, pas en bus.
Moi : Compris. Et encore désolée de te laisser en plan une nouvelle fois.
Leo : Ça va, et puis je pense profiter de l'absence de Lutz et de mon temps libre pour revoir de vieux amis à moi. À plus, Pinocchio.
Ma culpabilité redescend un peu quand il me dit qu'il m'a remplacée pour passer sa soirée.
Moi : À plus, Leo. Je t'aime. Et c'était vraiment bien dans le laboratoire.
Leo : Je sais.
Je ferme mon téléphone et fais semblant de mon joindre à la conversation entre Felix et Adam qui semble vraiment emballé par ce film.
Les sourcils de Numéro 4 se froncent.
— Tu dis que tu ne viendras plus pourquoi ?
— Parce que je pars au cinéma.
— Oui, ça j'avais entendu. On parle ici de millions de dollars et tu vas annuler notre réunion pour aller regarder un film que tu pourrais regarder n'importe quand.
— C'est vraiment un bon film... il parait...
— Et alors ?
— Et alors, pour une fois j'ai envie de faire autre chose que mémoriser des plans. Profiter de ma jeunesse, tout ça.
— Tout ça ne t'a jamais intéressé, pourquoi maintenant ?
Excellente question.
La vérité est que quand Felix m'a parlé de ce film, je l'ai trouvé intrigant, mais sans plus. Mais quand j'ai su qu'Heidi irait aussi le regarder, j'ai ressenti le besoin d'y aller moi aussi, avec elle. Et je sais déjà ce que vous allez vous imaginer, mais non. Non, je ne ressens rien pour cette fille, je ne dois rien ressentir et je ne vais rien ressentir. Particulièrement si elle finit par rejoindre The Players.
C'est juste que j'ai l'impression qu'on commence à développer une amitié... une de mes premières depuis trois ans. Pas que je n'ai pas d'amis, j'en ai... mais personne avec qui je peux partager toutes les choses que je peux partager avec Heidi, même si elle n'a pas vraiment choisi de se retrouver dans cette situation.
Le fait est que j'aime être en présence d'Heidi. Je peux lui parler de tout sans jamais ressentir la culpabilité que je ressens quand je mens à ma mère ou mes amis. Je peux tout lui dire sur moi et ça fait énormément de bien, se pouvoir s'abandonner à quelqu'un en qui on a confiance.
Enfin... presque tout...
— Bon, tu ne vas pas me faire un interrogatoire, je ne serai pas là de toute manière. T'en fais pas, ton plan, je le mémoriserai seul de mon côté. Si tu veux mon avis, toi aussi tu devrais faire un truc divertissant pour une fois.
— Qu'est-ce que tu racontes ? Je fais plein de trucs divertissants.
— Comme ?
Jérôme ne prononce pas un autre mot pendant quelques secondes, avant de cracher un « laisse tomber » et de rompre la connexion.
En voilà un homme contrarié.
Je reçois un message de la part de Heidi me disant qu'elle est prête. Je prends une douche rapide, me change avant de monter sur ma moto et me diriger vers chez elle. Je la récupère vers 20h30 et nous conduis jusqu'au cinéma où son frère et leurs amis nous attendent déjà.
Je réalise le succès de la franchise quand je vois la queue qui s'allonge sur des centaines de mètres autour du bâtiment. Heureusement, nous ne sommes pas obligés de nous rendre au fond, Felix avait prévu le coup et est arrivé il y a deux heures. Ça faisait longtemps que je n'étais pas allé au cinéma, je n'en ai pas vraiment le temps entre la préparation pour les missions, les missions elles-mêmes et les visites chez Baal.
Une demie heure plus tard, nous apprenons à la billetterie que toutes les salles sont pleines pour la représentation de 21h00, nous devons donc patienter que les salles qui ouvrent à 22h00 terminent. Mais au moins, nous pouvons patienter à l'intérieur avec la nourriture, des places assises et les arcades.
Après y avoir joué pendant près de trois quarts d'heure, je vais retrouver Heidi assise dans un coin du hall avec du pop corn que je viens d'acheter. Je m'assois près d'elle. Comme toujours, ses pensées semblent ailleurs et son moral à terre.
— Qu'est-ce qu'il y a, on dirait que tu ne t'amuses pas.
Elle se tourne vers moi et soupire.
— Ce n'est pas que je ne m'amuse pas. Vraiment, c'était une super idée de venir voir ce film tous ensemble, ça faisait longtemps que je n'avais pas fait quelque chose avec mes amis puisque j'ai passé l'été à piloter. C'est juste que j'ai dû mentir à quelqu'un que je devais voir aujourd'hui et je me sens mal...
— Ah oui ? Qui ?
Elle semble hésiter à me répondre.
— Mon copain.
Oh...
— On devait se voir ce soir... et je lui ai menti. Peut-être que mon frère a raison, je ne sais raconter que des mensonges, dès que ça ne va pas je mens. Je suis une mauvaise personne...
Elle baisse la tête. Wow, elle doit vraiment l'aimer pour qu'un mensonge aussi inoffensif la ronge autant.
— Je connais ce sentiment. De mentir avec succès, mais trainer la culpabilité d'avoir menti à quelqu'un qui a aveuglément confiance en nous, quelqu'un qu'on aime. Mais parfois, c'est pour leur bien. Pour les protéger ou ne pas les fâcher. Je suppose que tu lui as menti pour ne pas lui dire que tu comptais le laisser en plan.
Elle hoche la tête.
— Bah tu vois, pour moi tu as fait le bon choix. Lui croit que tu n'as pas pu le voir parce que tu as des obligations à ton école de pilotage, donc il n'est pas blessé, tu fais plaisir à ton frère et vos amis en étant ici. Essayer de satisfaire le plus grand nombre ne fera jamais de toi une mauvaise personne. Même les bonnes personnes sont parfois malhonnêtes, quand c'est nécessaire. Mais seulement quand c'est nécessaire.
Toute l'attention qu'elle porte à mon propos m'ébranle un peu, la manière dont ses yeux voyagent pendant qu'elle reçoit l'information, la manière dont elle cligne des yeux et ses lèvres qu'elle pince quand elle finit par acquiescer.
Je remarque un petit mouvement de foule en direction des salles alors je me lève et lui tends la main.
— Je crois que le film va commencer, on devrait y aller si l'on veut avoir une place décente. T'en fais pas, ton mensonge n'aura pas de répercussion grave. Du moment qu'il n'apprend pas que tu lui as menti, vois ça comme une mission réussie.
Elle me sourit avant d'attraper ma main et de se lever. Nous rejoignons Felix, Alicia, Zach et Emmett dans la salle de représentation 14 où nous prenons place. Heidi a retrouvé son sourire après mes encouragements et a déjà commencer à piocher dans mon pop corn- notre pop corn maintenant, je suppose. Pendant que les annonces d'autres films passent, le reste de la salle se remplit.
Heidi se penche vers moi.
— D'ailleurs, je ne t'en ai pas encore parlé, mais pourquoi tu m'as envoyé 20 000 $
— Parce que tu m'as aidé dans ma mission, chuchoté-je à mon tour.
— C'était qu'elle part de ta prime ? Le quart ? La moitié ?
— L'entièreté. Sans toi, c'était presque impossible d'avoir le résultat de samedi.
— L'entièreté ?!
Je ricane devant sa surprise, m'apprête à lui répondre quand une voix m'interpelle.
— Je peux passer ?
Je lève la tête pour voir un homme portant des écarteurs d'oreille et ce qui semble être des dreads.
— Oh, pardon.
Je rétracte mes jambes pour que lui et son groupe d'amis qui le suit puissent passer pour prendre place à côté de notre groupe alors que je chuchote ma réponse à Heidi. Cinq paires de jambes passent, mais la sixième s'arrête.
— Cole.
Je sens Heidi se raidir à côté de mon quand mon nom est prononcé par une voix que je crois reconnaitre. En levant les yeux, je confirme que mon professeur de math et, j'en suis confiant, futur coach se tient devant moi.
Fuck ! Fuck ! Fuck ! Fuck ! Fuck ! FUCK !! Qu'est-ce que Leo fait ici ??!!! Il ne devait pas faire un truc avec de vieux potes à lui ? À moins que c'était ça qu'ils devaient faire, venir regarder le film... FUCK !!!
Je suis tellement, mais tellement morte. Merde !
Je lève lentement les yeux vers lui et quand je croise son regard de glace, je jurerais m'être fait dessus et je commence à trembler.
— Oh ! Coach Ricci. Vous aussi vous êtes venu voir ce film ? On dirait que toute la ville s'est donné rendez-vous ici, c'est fou !
Ses yeux sévères voyagent entre Adam et moi.
— En effet, toute la ville, même ceux qui n'ont rien à faire ici, répond-il.
Je baisse la tête. Oh non... je savais que c'était une mauvaise idée... j'ai cru au petit discours d'encouragement d'Adam, mais je n'avais jamais prévu que Leo serait aussi ici !!! Leo ne va pas au cinéma, les lieux publics le répugnent littéralement. Mais je suppose qu'il a fait une exception pour ses amis ce soir.
TUEZ-MOI !!!
Leo finit par se déplacer et je peux littéralement sentir mon âme quitter mon corps quand il s'assoit dans la place vacante à droite de la mienne.
— Ça va Heidi ?
Mon âme replonge dans mon corps et je me tourne vers Adam.
— Hm ?
— Tu trembles.
JE SAIS !! ÇA S'APPELLE VIVRE SES DERNIERS INSTANTS !! TAIS- TOI MAINTENANT !!!
Je déglutis.
— Oh... euh... je crois que c'est la clim... j'ai froid un peu, mentis-je... encore.
LAISSE-MOI MAINTENANT, J'ESSAIS DE ME CONCENTRER À MOURIR !!
— Oh, tu veux ma veste ?
JE VEUX QU'ON ÉCHANGE DE PLACE !!
— Euh... non... non, ça ira.
— Menteuse.
Le frisson me parcourt quand Leo prononce ce mot.
— Elles mentent toutes quand on leur demande si elles ont besoin de quelque chose. Sois un gentleman et donne-lui ta veste, Cole.
Le film débute enfin quand Adam retire sa veste et me la passe pour que je l'enfile. Elle est douce, si douce, et chaude et elle sent tellement bon, mais elle ne m'empêche pas de ressentir l'aura meurtrière de Leonardo, elle ne suffit pas à contrer le froid sibérien qu'il a jeté dans la salle à son arrivée.
Qu'est-ce que je vais faire maintenant ? Je suis foutue, il n'aura plus jamais confiance en moi...
Pendant la première partie du film, je n'écoute pas, songeant à comment Leo va réagir après tout ça. Pour l'instant, il est très calme. Il a fait semblant de ne pas me connaitre et maintenant il commente le film avec ses amis, pouffant de rire par moment. Je dois même l'entendre d'écrire ce qu'il ferait à l'actrice qui joue la superhéroïne en tenue moulante si elle était dans son lit à l'un d'entre eux et écouter l'autre lui partager ses fantasmes. Même si la situation est vraiment catastrophique pour moi, je finis pas me détendre.
Mais, profitant de ce que la salle est plongée dans le noir, Leo pose sa main sur ma cuisse. Je me crispe et mets ma main sur ma bouche pour ne pas pousser un cri de terreur. Puis je l'entends se pencher, sens ses lèvres effleurer mon oreille.
— « Jamais il ne passera avant toi. »
C'est tout ce qu'il dit. Mais c'est suffisant pour m'achever de culpabilité et il le sait. Je sens ses doigts creuser ma chair alors qui resserre sa prise sur ma cuisse pour m'exprimer son mécontentement. Dans une autre situation, ça m'aurait excitée à mort, mais là... ok, ça m'excite aussi, mais ce n'est ni le lieu ni le moment parce qu'au même instant, la main d'Adam rencontre la mienne dans le seau de pop corn. Il s'excuse promptement et je lui dis que ce n'est pas grave. Peu après, c'est son genou qu'il colle au mien et mon rythme cardiaque accélère. La main de Leo remonte lentement ma cuisse et je jurerais être morte à seize reprises.
Heureusement, il ne s'aventure pas plus loin, parce que je n'aurais pas su contenir des gémissements de panique ou de plaisir, je l'ignore. Ses ongles demeurent au même endroit, s'enfonçant dans ma peau qui doit avoir tourné au rouge à cause de la douleur. Je verse quelques larmes silencieuses alors que le film se termine et que les crédits se mettent à défiler.
Naturellement, tout le monde se lève, pour vider la salle et laisser la place aux autres qui attendent dehors de voir ce film dont tout ce j'ai retenu c'est le cul parfait de l'actrice que Leonardo prendrait volontiers.
Il n'est même pas si joli son cul. MERDE ! QUELLE SOIRÉE DE MERDE !!!
Quand Adam se lève, je m'empresse de me lever moi aussi, impatiente de quitter ce piège dans lequel je me suis jetée toute seule, mais je reçois un message et je sais instantanément qu'il est de Leo. Je le consulte.
Leo : Assis.
Je me tourne vers Leo qui, contrairement à ses amis, ne s'est pas encore levé. Les yeux toujours en larmes, je secoue la tête, le suppliant de me laisser partir avec mes amis.
Leo : Assis. Maintenant.
— Euh... allez-y, je... j'ai perdu quelque chose.
Adam se tourne vers moi.
— Quoi ? Je vais t'attendre.
— Non ! Non... vas-y. Tu m'as dit que tu avais quelque chose à faire ce soir non ? Tu es déjà resté si longtemps, je ne vais pas te retenir. Vas-y, je me débrouille pour rentrer.
Il fronce les sourcils.
— Sure ?
— Certaine. S'il te plait.
— Oh... ok...
Pressé par les amis de Leo, Adam quitte la rangée et descend les escaliers avec le reste de la foule pendant que je fais semblant de chercher quelque chose, une échappatoire par exemple. Bientôt, la salle est vide, ne reste plus que Leo et moi.
Cinq bonnes minutes s'écoulent sans qu'il ne dise un seul mot.
— Leo-
— Réfléchis.
Je me tourne vers lui.
— Réfléchis bien à ce que tu vas me dire.
C'est ce que je fais. Je pense à ce que j'allais lui dire, aux explications que j'allais lui donner et réalise qu'elle ne servirait à rien, je lui ai menti, je l'ai trahi, il ne me croyait pas, mais pour une fois il m'a fait confiance et j'ai souillé cette confiance. Je n'ai absolument rien à dire.
Je l'entends inspirer avant de se lever et de se diriger vers la sortie. Je le regarde marcher vers la sortie quand il s'arrête, sans se retourner. Il reste là. L'ordre est clair, « suis-moi ».
Non...
Les jambes chancelantes, je me lève et marche jusqu'à lui et alors seulement, il recommence à avancer. Le trajet jusqu'à sa voiture m'inspire plus celui dans le couloir de la mort avant une exécution. Il ouvre et je m'installe côté passager.
J'ignore si c'est l'air frais, mais je trouve le courage de tenter le dialogue.
— Leo-
— Boucle-la.
— Ma ceinture ?
Il fait craquer ses doigts en serrant la mâchoire et je comprends qu'il n'est vraiment pas d'humeur pour de l'humour. Je boucle ma ceinture, ma bouche et observe le plus pieux des silences alors qu'il nous emmène chez lui, pas chez moi, chez lui. Arrivés, nous sortons, nous rendons jusqu'à son appartement, jusqu'à sa chambre.
Nous prenons une douche ensemble durant laquelle il ne me lâche pas du regard, le visage totalement fermé, j'ignore à quoi il pense. Et après nous faisons l'amour... je crois... je ne sais pas. Tout du long, il me fixe, mais j'ai l'impression qu'il ne me regarde pas. Je n'ai pas le droit de prononcer un seul mot et il ne dit rien non plus. Il est détaché, mécanique, robotique tellement que j'aurais préféré qu'il s'énerve, plutôt que ce qu'on fait maintenant. Je n'en retire pas le moindre plaisir et à en voir son expression, lui non lui. Pendant le temps que ça dure, je me sens comme un objet, un objet qui ne le satisfait même pas, une déception.
Et ça me fait mal... pas physiquement, psychologiquement, ce silence, cette angoisse, cette froideur. Il n'a même pas encore éjaculé le que le dédain s'installe dans ses yeux.
— « Jamais il ne passera avant toi. »
— Leo-
— Redis-le.
Je le supplie du regard, mais il ne tique même pas. Je prends une grande inspiration.
— Jamais il ne passera avant toi, répété-je la promesse que j'ai brisée, la voix vacillante.
Ses yeux de fauve me sondent.
— Menteuse.
Et il se retire de moi, se couche et me tourne le dos. Les larmes que je retiens depuis son message où il m'ordonnait de m'asseoir finissent par m'échapper.
— Je suis désolée, Leo.
Il ne me répond pas, mes larmes ne l'affectent pas non plus.
— Leo... Leo s'il te plait répond-
— Tais-toi ou rentre chez toi.
Je renifle, hoche la tête avant d'essuyer mes larmes et de garder le silence jusqu'à trouver le sommeil.
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C'était tout pour ce chapitre! Merci de l'avoir lu et pour ceux qui le font d'avoir interagi avec 🫶🫶🫶.
Retrouvez moi sur instagram: luxe_8831_ pour être informé de l'avancée de l'histoire et pour qu'on discute des théories de chacun quant à la suite des événements.
Luxe🪂
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