10. Risky games

Je souviens d'une époque où tout allait à merveille dans ma vie. Mes parents vivaient encore ensemble et s'aimaient d'un amour aussi fou que celui qu'ils nous portent. Je ne devais guère avoir 2 ans, mais je me rappelle que nous étions allés à la plage. C'était la première foire pour mon frère et moi. Le sable blanc et chaud des Bahamas était un véritable mystère pour nous. Je l'ai à plusieurs reprises goutté avant que ma mère ne se rue sur moi en panique, pour constater que mon frère savourait lui aussi le sable non loin. Papa dormait en prenant un bain de soleil juste à côté du parasol. Puis il s'était réveillé pour nous amener barboter avec maman. Ils nous embrassaient, ils s'embrassaient. Pour moi, le monde s'était nous quatre et personne d'autre. Je n'avais pas encore de notion de paradis, mais pour moi c'était tout comme.

Et ces dans des moments comme celui-ci...

— Passe-moi le sel, Kate.

— Il est plus près de toi que de moi, Luukas. Prends-le toi-même.

— Il est juste à côté de toi.

— Oh... peut-être que j'ai des problèmes de vision, je veux dire, j'ai été aveugle si longtemps.

— Ne commence pas.

— Commencer quoi ?

... que je donnerais tout pour rentrer en arrière.

Felix soupire, se saisit du sel qui était en effet juste à côté de ma mère avant de le tendre à mon père pour mettre fin à la dispute qu'ils essaient de déclencher depuis que papa a mis les pieds dans le territoire de maman.

Cela arrive une fois par mois, le premier dimanche du moi, Papa et Felix viennent chez maman et moi et nous nous retrouvons tous les quatre en famille pour partager le repas du soir. C'est la solution qu'ils ont trouvée pour que mon frère et moi ne ressentions pas la fission qui s'est effectuée dans notre unité familiale il y huit ans, quand ils ont divorcé et que mon père est parti vivre à l'autre bout de la ville.

Bien que ce soit en théorie une bonne idée, dans leur cas c'est plutôt un désastre. Il ne se passe pas un de ses repas en famille où ils ne s'échangent pas des insultes et n'en ressortent pas plus amers qu'ils l'étaient avant de se croiser. À se demander pourquoi et comment ils ont pu s'aimer avant et surtout qu'est-ce qu'il s'est passé pour que ça devienne aussi tendu du jour au lendemain ?

Felix fait claquer ses ustensiles plus fort sur son assiette alors qu'il mange, témoignant qu'il est déjà écuré par le comportement de papa et maman. Mais ça, seule moi le remarque. Alors je me racle la gorge pour détourner l'attention de mes parents de l'autre avant d'indiquer Felix du regard. Tous deux se réalisent qu'ils mettent mon frère mal à l'aise et se détendre un peu.

— Alors Felix, comment ça va la rentrée scolaire ? le questionne ma mère pour changer de sujet et lui montrer de l'intérêt.

Dieu merci.

— Comme toutes les rentrées, répond mollement Felix en mastiquant.

— Comment ? Mais c'est ta première année d'université, ça a dû être si intimidant, tu n'as pas quelque chose à nous raconter ?

— Pas particulièrement.

— Et ta copine, elle va bien ?

— Ouais.

Silence. Parler des cours n'était pas la bonne approche, rien n'intéresse moins mon frère.

— Toi Heidi, comment tu trouves cette rentrée ? me demande à son tour mon père. Des choses à nous raconter ?

Voyons voir... j'ai aidé un terroriste à s'échapper, maintenant c'est un de mes camarades et hier j'ai saboté la fête d'un milliardaire avec lui.

— Je crois que Felix a bien résumé le tout.

— Êtes-vous dans la même classe ?

— Dans 2 cours, répondons-nous à l'unisson.

— Vous aimez vos enseignants ? Sont-ils différents des anciens, plus distants ?

— La plupart sont supportables et ils se foutent clairement tous de nous, nous ne sommes que des numéros.

— Ah, vous ne devinerez jamais qui est notre prof de math, déclare Felix.

— Qui donc ?

— Leo.

— Leo ? demande mon père

— Leonardo, le voisin.

— Ah Leonardo ! Il ne doit pas avoir 25 ans, n'est-il pas censé encore aux études à son âge ?

— Oui, mais on lui a donné la responsabilité de donner deux cours de math à côté de sa thèse. Il coache aussi les équipes de football américain et de lutte. Je crois que j'ai aussi vu son nom dans les membres de l'association des étudiants au cycle supérieur.

— Wow, lâche maman, toujours aussi impliqué. C'est admirable.

Impliqué et tellement occupé qu'il n'a pas le temps pour moi.

— Ce gamin a toujours été brillant, c'est une bonne chose qu'il partage son savoir avec d'autre. Ça fait longtemps que je n'ai plus vu sa mère non plus, avoue papa.

— Si tu avais daigné te présenter au dernier BBQ que j'ai organisé, tu l'aurais croisée, lance ma mère en découpant son steak.

Et c'est reparti.

— Oui, mais contrairement à toi Kate, j'ai une vie occupée, une famille dont je dois prendre soin, réplique-t-il en appuyant sur le prénom de maman.

— Je ne te permets pas d'insinuer que ma vie n'est pas chargée simplement parce que je n'ai pas fondé une nouvelle famille moi. Et puis je te rappelle qu'eux aussi sont ta famille, mais visiblement tu en priorises une. Mais est-ce que je suis étonnée, toi tu es occupé, toi tu as un nouveau poste, toi tu as une nouvelle femme, toi tu as un nouveau bébé, toujours toi et ton nombril, tu ne penses jamais aux autres. Moi au moins je suis soucieuse de ceux qui m'entourent, renchérit-elle avec un sourire d'annonce commerciale.

— J'en doute. Sinon tu te serais rappelé que je suis végétarien et tu ne m'aurais pas encore servi de la viande.

— Oh, mais il se peut que j'ai fait exprès. Je ne vais pas me casser le cul à chercher comment cuisiner végane pour monsieur et ses caprices de crise de la quarantaine, ta petite jeune écolo n'a qu'à le faire puisqu'elle t'a initié.

Mon frère se lève le premier.

— Je rentre.

Felix se courbe, embrasse ma mère avant de contourner la table pour me faire un câlin.

— Oh non Felix, ne pars pas, supplie maman.

— Je suis venu avoir un repas en famille, pas faire un remake de votre divorce.

Quelques secondes plus tard, la porte de l'entrée se ferme et le silence est enfin admis à table.

— Tu vois, tu l'as fait fuir à ne pas tenir ta langue.

— Moi je l'ai fait fuir ?! Non, mais ça ne va pas ?

Je me lève à mon tour.

— Moi aussi je vais m'épargner ce triste spectacle.

Je débarrasse mon assiette et vais m'enfermer dans ma chambre moi aussi. Peu de temps après, j'entends la voiture de papa démarrer.

Quelque instant de silence.

Puis les sanglots de maman.

La routine.

Pour ne pas les entendre, j'allume la télé, mets la chaîne d'information et monte le volume. Le cas Tyson fait encore les manchettes, ils en ont parlé toute la journée.

Quand j'ai vu ce matin le titre « The Players s'introduit chez le milliardaire Jacob Tyson et sème la pagaille lors d'un gala de charité », mes yeux ont failli sortir de leur orbite. Qu'est-ce que c'est que ce grossier raccourci, oui on a fait « semer la pagaille », on a rétabli la vérité concernant Tyson et son complice.

La présentatrice radote encore les mêmes inepties que ce matin et comme sur toutes les chaines d'info.

— Hier soir, le manoir Tyson a été le théâtre d'une énième attaque du tristement célèbre groupe The Players. Dans cette demeure se tenait un gala de charité organisé par le richissime Jacob Taylor au profit d'un hôpital pour enfants. C'est cet événement généreux que The Players ont choisi de saboter. Selon les témoins, des vidéos à caractère sexuel et violent filmées par les terroristes ont été montrées aux invités contre leur gré. Ceux-ci se disent encore profondément troublés. Lorsque la police est arrivée sur lieux, ces individus avaient déjà pris la fuite, causant au passage des dommages s'élevant à des milliers de dollars. La police poursuit son enquête-

Je change de chaîne. C'est si frustrant à écouter ! Comment peut-on dénoncer un violeur et un policier corrompu en plus de laisser un don considérable à la fondation et être réduit à une bande de trouble-fête qui ont montré du porno à des gens riches en cassant tout sur leur passage ? Qui sont leurs supposés témoins ? Et la vraie vidéo alors ? Ils en ont fait quoi ? Pourquoi on parle de nous et pas de Tyson et Gilbert ?

Non, mais ils se moquent de nous?

Dégoûtée par le mensonge médiatique, je finis par m'endormir devant un film d'action.




Le lendemain, je rejoins Adam après un de ses cours dans le complexe sportif, car il a quelque chose à faire là-bas aujourd'hui.

— Bonjour Heidi.

— Bonjour.

— Oula, tu n'as pas l'air de bonne humeur... qui est-ce qui t'a ravi ton joli sourire ? Je connais des moyens de déguiser sa mort en suicide.

Alors oui, je suis de mauvaise humeur, mais son trait d'humour parvient à m'arracher un sourire.

— Tu as regardé les nouvelles ?

— Non.

— Non ?! Tu devrais, si tu voyais ce qu'ils disent sur nous depuis hier-

— Justement. Je sais que ce sera toujours des mensonges, alors je ne regarde plus les nouvelles après les missions, perte de temps. Les médias ne sont pas intègres, ils sont détenus par quelques hommes riches qui véhiculent le message qu'ils veulent que la population ingère. Toutes sortes de mensonges circulent au sujet de The Players, élaborés par des ignorants, répandus par des imbéciles et acceptés par des idiots, toujours au profit de la classe supérieure.

— Mais pourquoi ils font ça ?

— Échouer à nous mettre la main dessus attaque après attaque fait mal à l'ego du gouvernement, de la police et de tous ces gens riches. Bafouer le nom de The Players est le seul moyen qu'ils ont trouvé de nous « atteindre ».

— Et ça ne vous fait rien ?

— Rien à foutre perso de ce qu'on pense de moi et apparemment le Roi aussi puisqu'il n'a jusqu'ici jamais ordonné d'attaque contre les médias. Numéro 4 dit que ça fait parler de nous, que ce soit en bien on en mal importe peu, du moment que ça installe la terreur dans l'esprit collectif.

— WoW...

— À propos de ce que je t'ai dit samedi...

Samedi, quand Adam m'a ramené chez moi après la mission, il m'a dit que le Roi avait été mis au courant de mon existence et de ma participation à la mission #85.

— Le Valet m'a dit qu'il voulait qu'on t'exécute parce que tu en sais trop.

Je m'arrête et mets ma main sur ma bouche.

— Mais, vous aviez dit que vous ne le feriez pas...

— Oui, après une discussion entre Numéro 7, Numéro 4, le Valet et moi-même, par gratitude. Mais le Roi c'est autre chose, il ne veut pas prendre le moindre risque et c'est sa parole qui règne.

— Donc... je vais mourir ?

Adam ricane.

— T'en fais pas, tu m'as de ton côté. Quand le Valet m'a informé de la décision du Roi, j'ai plaidé ta cause. J'ai dit au Valet que tu es une personne de confiance, que je le sentais, que tu étais une excellente pilote comme elle-même a pu s'en rendre compte, que ton jeu d'actrice était bluffant et que tu t'adaptais bien en situation de stress.

— Ça change quoi ?

— Et bien le Roi est revenu sur sa décision, à une condition.

— Laquelle ?

— Que tu mettes toutes les compétences que je t'ai citées au service de The Players.

— Attends, quoi ?

— Tu m'as bien entendue, si tu es encore vivante à l'heure qu'il est c'est parce que tu es maintenant membre. Bon pas tout à fait, plus en période d'essai.

Il s'arrête devant un bureau et cogne à la porte.

— Non, non, non Adam attends. Je voulais bien t'aider pour un coup, pas devenir terroriste. Je... je ne peux pas, ce n'est pas pour moi tout ça ! Je suis juste une étudiante ! Et si la police m'attrape ? Adam-

Il se tourne et pose ses mains sur mes épaules.

— Écoute Heidi, je sais que ce n'est pas la solution la plus agréable, on risque tous en te gardant en vie, mais on doit s'assurer une certaine sécurité. Mais au-delà de ça, tes compétences pourraient vraiment nous être utiles ; un pilote de plus dans nos rangs nous ferait beaucoup de bien vu les obligations de Numéro 7, pour éviter des situations comme quand on s'est rencontrés et puis tu es une femme comme les autres, une arme redoutable quand il s'agit d'infiltration. La police ne t'attrapera pas si tu suis les consignes et si tu nous fais confiance. Est-ce que tu me fais confiance ?

— hum...Je sais plus...

— Une autre mission pourrait-elle t'aider à faire le saut ?

Je lève les yeux pour apercevoir son sourire rassurant. Une autre mission ? C'est vrai que la dernière a été tellement excitante et gratifiante. Et je reconnais vouloir sentir l'adrénaline exploser dans mes veines une autre fois.

— C'est dangereux ?

— Certainement.

— Des gens mourront ?

— Peut-être.

— Vais-je mourir ?

— Peut-être

Ses réponses ne me convainquent pas le moins du monde. Alors je change d'angle.

— C'est amusant ?

Ses yeux brillent d'un nouvel éclat et ses lèvres s'ouvrent dans un large sourire.

— Toujours.

— Dans ce cas, je suis partante, m'empressé-je de répondre.

Je ne sais pas vraiment si c'est un bon choix, mais je n'ai pas vraiment envie de me casser la tête à trop penser, autant essayer.

— Cool, de toute manière comme je t'ai dit c'est ça ou The Players t'élimine avant la fin de la semaine. Pour la mission, mais aussi pour te présenter au groupe le Valet a convoqué une réunion.

— Quand ?

— Mercredi à 14h00. On partira d'ici, je t'enverrai plus d'info par messages.

Ça va un peu vite là, je vais les rencontrer ? Les vrais membres de The Players.

— Ok... mercredi 14h00 alors.

— Qu'il y a-t-il mercredi à 14h00 ?

Adam et moi frissonnons avant de nous tourner. Leo se tient devant nous, un classeur à la main. Son regard se promène entre moi et Adam.

— Oh, monsieur Ricci- je veux dire coach Ricci, je voulais vous rencontrer justement, s'exclame Adam en lui tendant la main.

C'est Leo le coach qu'il devait voir?!

Leo me fixe quelques secondes, l'air de désapprouver ma présence ici, puis se tourne vers Adam.

— Tu voulais me rencontrer ? demande-t-il en omettant de lui serrer la main en retour.

— Oui.

— Pour ?

— Rejoindre l'équipe. L'équipe de football.

Leo le toise d'un air sévère et hautain.

— Et tu es ? demande-t-il comme s'il ne savait pas pertinemment qui est Adam.

— Je suis un de vos élèves, Adam-

— Cole. Je me souviens maintenant. Adam Cole, je suis désolée, mais les essaies pour intégrer l'équipe se sont terminés la semaine dernière. La liste des candidats est longue et la plupart appliquent depuis le début de l'été.

— J'en suis conscient, et je l'ai fait, mais je n'ai pas pu être présent aux essais.

— Et donc ?

— J'aimerais que vous me laissiez une chance, une seule de vous montrer ce dont je suis capable.

Le rire de Leo résonne doucement dans l'aile, mais ce n'est pas un rire bienveillant, il se moque d'Adam et ne s'en cache même pas.

— As-tu la moindre idée de combien de fois j'entends ça par jours ? « Je suis différent, s'il vous plaît, donnez-moi une chance que je ne mérite pas ». C'est du football universitaire, c'est ici que les recruteurs de grandes équipes trouvent leurs éléments, il ne suffit pas de savoir lancer un ballon.

— Il t'a juste demandé de faire un essai, tu n'as pas à être aussi-

— Tais-toi.

Nous échangeons un regard avant que je baisse la tête. Le sien retourne vers Adam.

— Et si je te fais essayer Adam, mais que tu n'es pas à la hauteur ? Que t'arrivera-t-il ?

— Comment ça que m'arrivera-t-il ?

— Vois ça comme un pari, un jeu, si tu ne vaux pas ce que tu me vends, que perdras-tu pour avoir perdu mon temps ?

C'est quoi encore cette histoire?

— Je n'appliquerais plus de toute ma scolarité et vous pourrez me mettre des 0 à tous mes contrôles sans que je ne me plaigne.

Je me tourne vers Adam, surprise et indignée qu'il entre dans le jeu de Leo. Le sourire de se dernier s'élargit, d'extérieur il est chaleureux, mais pour un œil expert comme le mien, je sais qu'il cache la malice.

— Marché conclu... J'allais te dire de me rejoindre mercredi à 14hoo pendant l'entraînement, mais apparemment tu as déjà quelque chose de prévu avec la demoiselle, tu veux venir à l'entraînement du jeudi soir ?

— Oui. Et croyez-moi, je serai à la hauteur.

— Je l'espère pour toi. Autre exception à me demander ?

Adam et moi secouons la tête à l'unisson.

— Bien. Puis-je accéder à mon bureau maintenant ?

Adam et moi nous tassons alors que Leo débarre son bureau. Il me jette un regard du coin de l'œil avant de s'y engouffrer et de fermer la porte.

Adam souffle.

— Il fait un peu peur, mais maintenant j'ai une chance d'intégrer l'équipe !

Un peu seulement?

— Tu es sûr que tu veux jouer au football ? Avec lui en plus comme coach ? Le soccer, le basket, la natation, l'escrime, ça ne te tente pas ?

— Non ! Je veux jouer au bon vieux football américain. Et puis c'est le seul sport dont ma mère connaît les règles.

— Ah...

— Ça ne semble pas te réjouir...

Du tout, ça ne me réjouit pas du tout. Si je m'engage dans le style de vie d'Adam, je veux que Leo reste le plus loin possible pour deux raisons :

1. Parce que je l'aime. Si on venait à découvrir mon implication, Leo deviendrait la cible des ennemis de The Players. Je ne veux pas que quoi que ce soit de mal lui arrive à cause de mes affiliations au groupe.

2. Leo est trop perspicace. Lui aussi est assez bon pour flairer mes mensonges, il est toujours là où il ne faut pas, se gêne rarement de fouiller dans mes affaires personnelles et finirait par poser des questions, soit sur moi soit sur Adam.

Mais je ne lui dis pas... si je dois intégrer The Players, je dois protéger Leo et ça commence en ne révélant rien concernant notre relation à Adam.

Nous sortons du complexe sportif et rejoignons Felix et ses amis à moi sur la pelouse qui borde le campus Hamilton. Là, nous trouvons Zack, le meilleur ami de mon frère, Emmett son copain et Jennie, la copine de mon frère assis sur une grande nappe que je devine être celle de Jennie et partageant un repas constitué dès sandwich de la cafétéria.

Je présente Adam à ceux qui ne l'avait pas encore rencontré, mais bien vite, il prend ses aises et socialise avec toute la bande.

Pendant qu'il leur raconte une anecdote qui semble les captiver, je reçois un message de Leo.

Leo❤️💍 : J'ai pu me libérer demain soir finalement, on passe la soirée ensemble ?

Oh mon dieu! Enfin!

Moi : Tu ne vas pas me lâcher à la dernière minute ?

Leo❤️💍 : promis.

Moi : Et si tu me lâches ?

Leo❤️💍 : ??

Moi : Si tu me lâches, qu'est-ce que tu perds pour avoir perdu mon temps ?

Il laisse une mention j'aime à mon message en voyant que je le paraphrase.

— Bon, les gars, j'ai quelque chose de prévu dans une demi-heure alors je vous laisse.

Je lève la tête pour voir Adam se lever avec son casque de moto.

— Salut, Heidi.

— Salut.

Puis, il s'éloigne avant de disparaître dans la foule. Mon téléphone vibre à nouveau.

Leo❤️💍 : Si je te lâche, je te demande en mariage.

Moi : C'est une perte ?

Leo❤️💍 : À demain.

Il coupe court à la conversation et ne répond plus à mes messages.

— Toujours la tête ailleurs celle-là. Eh oh ! Ici la terre à Heidi, vous nous recevez ?

Je tourne nonchalamment la tête vers mon frère qui secoue sa main devant mes yeux.

— Oui ?

— Comment ça « oui » ? Tu écoutes ou pas ? C'est quoi, on est si ennuyeux que ça ?

— Oh euh... non, non. J'avais la tête ailleurs.

— Jure.

Son ton sarcastique commence à m'irriter. Je m'apprête à lui balancer une réponse cinglante quand la voix apaisante de Jennie se fait entendre.

— Felix et moi on avait quelque chose à te dire.

Felix me nargue de son sourire.

— Quoi ?

— On trouvait que ces derniers temps, tu n'es plus trop présente au sein du groupe. Tu ne prends jamais le train avec nous, tu as un taux d'absentéisme aux soirées en croissance. En fait, les seuls moments que tu passes avec nous c'est pendant les pauses à l'école. Même là, tu es complètement dans les nuages ou sur ton téléphone.

Ce qu'elle me dit là me fait presque culpabiliser... Presque.

— Je suis désolée, les gars. Mais je suis occupée dernièrement.

— Ah oui ? À faire quoi ? me questionne mon frère suspicieux.

À essayer d'intégrer une organisation terroriste pour revivre ce que j'ai vécu quand j'ai été prise en otage et chez Tyson.

— Des choses.

— Quoi ?

— Des trucs.

— Des trucs secrets ?

— Oui.

— Tu étais avec Leo c'est ça ?

Felix a toujours soupçonné une relation entre Leo et moi. Il a vu juste, mais à l'époque, comme ça devait rester secret j'avais continuellement nié en bloc. Aujourd'hui, je pourrais simplement lui dire pour Leonardo et moi, mais ce serait lui donner raison.

Je préfère encore mourir.

— Tu me casses les couilles avec tes Leo par ci, Leo par là. Tu ne serais pas un peu jaloux ? plaisanté-je

— Jaloux de quoi ? Puisque vous n'êtes pas ensemble, je me trompe ? rétorque-t-il.

Il sourit, fier d'avoir retourné ma petite accusation contre moi.

— Bien sûr que non ! Je ne passe pas mon temps avec Leo, mais je ne suis pas non plus obligée de te raconter toute ma vie !

— Mais non, pas obligée d'en arriver là et puis tu me mentirais de toute manière. Je suppose que tu es moins occupée que la semaine dernière.

— Ouais, je suis moins occupée.

— Cool alors on avait prévu de sortir toute la bande demain soir. Tu viens n'est-ce pas ?

— Quoi ? Non, je n'ai jamais prévu ça.

— Si on l'a fait. On en a parlé hier et même sur le groupe, intervient Emmett.

Si je leur dis que je les ai mis en sourdine, ils vont m'étriper.

— Tu viens n'est-ce pas ? renchérit mon frère.

Je m'apprête à répondre par l'affirmative, mais l'échange que je viens d'avoir avec Leo me revient en mémoire. On doit se voir demain soir.

— Je ne peux pas venir.

— Pourquoi ?

— J'ai un truc de prévu.

— Quoi ? Tu es obligée de me le dire puisque là puisque tu veux nous faire faux bond.

— Un truc.

Alicia fronce les sourcils et Zack lève les yeux au ciel. Emmett me regarde aussi en désapprouvant la façon dont je les abandonne toujours. C'est mon frère qui est le plus direct. Il sait quand je mens alors il me dit :

— Annule.

— Non, je ne peux pas.

— Si tu peux et tu vas le faire.

Mon cerveau roule à cent à l'heure à la recherche d'une solution, d'un mensonge qu'il pourrait gober quand elle finit par m'apparaître évidente : il suffit que je dise la vérité. Avec mes dépenses de la fin de l'été, il ne doit guère me rester plus de 5 $ dans mon compte.

— De toute façon, je suis fauchée. Je n'ai même pas 5 $.

— On paiera pour toi, répond-il tu tac au tac.

— Non, c'est contre mes principes. Si je ne peux pas payer pour un truc, je ne le fais pas. Tu le sais. Dommage.

Je lui offre mon sourire le plus hypocrite. Il ne semble pas flancher.

— Menteuse. Je suis sur que tu n'es pas si fauchée que tu le prétends.

— Seule moi le sais. Je suis désolée les gars, ce sera sans moi cette fois, pourtant, je vous assure que je serais venue si j'avais les fonds.

— Montre-nous ton compte en banque.

Je me tourne vers Felix, indignée.

— Pourquoi je ferais ça ?

— Parce que je ne te crois pas. Si tu mens, tu viens avec nous.

Là c'est à lui de m'offrir son sourire hypocrite et pendant une fraction de seconde j'ai l'impression d'assister à un échange entre maman et papa. Sauf que je ne mens pas. La vérité était la bonne solution, car je vais pouvoir lui prouver ma bonne foi. Je dégaine mon téléphone de ma poche arrière.

— Très bien. Mais si je dis vrai, tu me dois quoi ?

— Je te fous la paix pour le reste du semestre.

— Marché conclu.

Rapidement, je me connecte à mon compte en banque et je vais dans mon solde. Je m'apprête à lui montrer avec fierté que je suis sans le sou, seulement, au lieu des quelques centimes que je croyais trouver, je vois des zéros, beaucoup, beaucoup de zéro. Je lâche un hoquet de surprise et cache l'écran contre ma poitrine.

— Alors ? Montre-nous qu'on puisse en finir avec cette histoire.

Mon Dieu! Il y avait combien là 20? 200? 2000? 20000? C'est quoi ce bordel??!! Aller vérifie!!

Je regarde discrètement mon téléphone et compte les zéros. Ils sont au nombre de quatre. 20 000,60 $. J'ai 20 000 putains de dollars dans mon compte.

— Heidi ?

Je voudrais bien lui répondre, mais mon cerveau cherche une réponse à ce mystère. Comment 20 000 $ ont-ils pu atterrir dans mon compte ? Qui les a envoyés et quand ? Mes parents nous ont strictement refusé l'argent de poche malgré leur travail payant, je n'ai pas gagné la loterie et aucun de mes proches ne m'a laissé d'héritage que je sache. Puis la réponse me percute avec une évidence inouïe.

Adam.

— Heidi, tu le montres ou pas ce compte ?

Je regarde mes amis qui me fixent en se questionnant du regard. Je ne peux pas leur montrer, ça, ils vont se douter de quelque chose. Je me dépêche alors je changer de sujet et d'accepter leur invitation.

— Euh pas besoin. Je me suis trompée, il me reste juste assez pour le ciné. Je veux bien venir. Ouais, je serai là, dis-je en dissimulant le mieux que je peux mon agitation interne.

Mon frère sourit, victorieux, mais ma défaite face à lui est le cadet de mes soucis. Je me rassemble mes affaires rapidement et me lève.

— J'ai cours, alors je vous laisse.

— À demain soir, me dit Felix pour remuer le couteau dans la plaie.

— À demain...

Puis je les laisse là, encore stupéfaite. Alors je me dirige vers mon cours, je réfléchis. La seule personne ayant pu pirater mon compte en banque pour y parachuter 20 000 putain de dollars est Adam. Mais pourquoi ? Pourquoi me donner une telle somme ? Je n'ai rien fait pour-

Je finis par percuter.

Le coup de samedi chez Tyson. Ce serait donc une prime ? Cela veut dire que ces terroristes sont grassement récompensés pour chaque mission. OK, je veux bien, mais il y a quelque chose de pas logique. Je ne suis pas membre. Je ne fais pas encore partie de The Players alors comment... savent-ils déjà qui je suis ? Mais je ne suis même pas encore un membre

à proprement parler... Cela voudrait alors dire que l'argent ne vient pas du groupe, mais d'Adam lui-même. Il aurait partagé une partie de sa prime avec moi ?

C'est ce qui a le plus de sens et qui me rassure. Toute cette histoire de mission avec Adam et d'adrénaline me plaisait si en plus je reçois autant d'argent, je ne peux attendre de joindre leur rang !

Mon téléphone vibre à nouveau.

Leo❤️💍 : J'ai oublié de te demander, tu veux qu'on fasse quoi demain soir ?

Et merde...

Le cours commence, mais je n'en suis pas une seule ligne, trop angoissé par la situation merdique dans laquelle je me suis mise. J'ai un gros problème et c'est d'annoncer à Leo que je ne pourrai pas sortir avec lui demain soir alors qu'il s'est libéré pour moi.






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C'était tout pour ce chapitre! Merci de l'avoir lu et pour ceux qui le font d'avoir interagi avec 🫶🫶🫶.

Retrouvez moi sur instagram: luxe_8831_ pour être informé de l'avancée de l'histoire et pour qu'on discute des théories de chacun quant à la suite des événements.

Luxe🪂

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