09. Smells like teen spirit
On dit que tout comme les fleurs ne choisissent pas où elles poussent, les enfants ne choisissent pas leurs parents.
Cet adage n'aurait pas pu être plus vrai que maintenant que je suis entouré de tous ces gens auxquels je suis lié par le sang, mais avec qui je n'ai pas la moindre affinité.
Le clan Ricci.
Aujourd'hui en partie réunis pour une réunion de crise concernant une menace sans précédent qui planerait sur l'organisation de mon père. Autour de la table sont réunis les membres les plus influents du clan, mais aussi deux ou trois chefs d'organisation filles. Et tous ces hommes qui s'échangent des messes basses m'offrent quelques regards dérobés, n'osant sans doute pas risquer de regarder de travers le fils de Ricci. Mais je suis certain que malgré leur regard fuyant, ils ont senti mon animosité.
— Du calme Ricci.
Je me tourne vers Jay qui est assis à ma droite et qui observe les échange de regard depuis notre arrivée.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Je suis très calme-là.
— À d'autres. Tu regardes les tiens comme si tu allais les massacrer et tu n'as pas desserré le point depuis qu'on a mis les pieds dans la demeure.
C'est des choses qui arrivent quand on entre dans la demeure qui a vu naître tous nos traumatismes avec les gens qui en sont responsables.
— Tu sais très bien que le langage corporel est très expressif, reprends-toi.
— Tu me donnes des ordres.
Lui et moi nous jaugeons du regard avant de sourire.
— Le cousin Leonardo qui sourit, ça c'est exceptionnel, il faut absolument immortaliser ça ! s'exclame une voix que je me serais bien gardé d'entendre à nouveau. Jay et moi, après un long soupir, nous tournons vers l'entrée où se tient la désagréable personne la plus désagréable après Heidi que je connaisse, Mateo Ricci.
Mon cousin fait le fanfaron en venant prendre place dans le siège juste à ma gauche alors que beaucoup d'autres sont vacants. Il bâille, témoignant de son confort, pianote avec ses doigts velus sur la table de bois massif avant de me présenter son visage.
Vraiment, je voudrais vous dire qu'il est laid, affreux, repoussant à souhait, mais notre lien de parenté fait de sorte que nous partageons trop de traits, je m'insulterais par la même occasion.
— Alors, comment il va Leo ? Ça a fait longtemps que tu ne nous as pas béni de ta présence. On peut savoir pourquoi? J'espère que ce n'est pas parce que tu nous méprise, me demande-t-il en italien.
C'est comme ça ici, tout le monde parle italien entre eux. Mais moi je ne le fais pas, je ne le fais jamais. Premièrement pour instaurer cette barrière entre ma famille et moi et surtout parce que je ne les rencontre jamais sans Jay, qui lui ne parle pas un mot d'italien.
— Tu sais que peux t'asseoir et m'ignorer ? Tu peux aller t'asseoir là-bas, il y a plein de place. Et je t'interdis de m'appeler Leo, répliqué-je en anglais.
— Mais non, quelle image ça donnerait de nous ? Toi et moi sommes les deux seuls fils des Ricci, nous devons nous montrer très unis, inséparables, comme des frères, ajoute-t-il en mettant sa main sur mon épaule.
— Je te donne trois secondes pour retirer ta main sinon je te tords les doigts, dis-je en anglais toujours.
Mateo retire sa main à la manière de quelqu'un sur qui une arme a été pointée alors que Jay pouffe de rire.
— Déjà les menaces Leonardo ? La rencontre vient pourtant à peine de débuter.
Lorsque j'entends la voix glaciale derrière moi, je me crispe aussitôt. Pareil pour tous les autres qui se lèvent presque à l'unisson pour accueillir mon paternel, même Jay, et comme chaque fois, il me donne un petit coup pour m'indiquer de me lever aussi, mais je l'ignore sciemment.
— La rencontre ne vient pas de commencer, elle a commencé il y a bientôt 40 minutes. Tu pourrais au moins venir à l'heure aux réunions que tu as toi-même convoquées.
— Leo, siffle Jay à côté pour me dissuader de me lancer dans les provocations avec Leonardo.
Mon père me serre ce regard condescendant qu'il a l'habitude de m'offrir depuis toujours.
— Il est vrai que je t'ai inculqué la ponctualité, je devrais moi aussi faire un effort... seulement, être à la tête du clan Ricci implique des imprévus qui nous retiennent plus longtemps qu'on ne le voudrait.
— Et qui est le malheureux que tu appelles « imprévu » ?
Leonardo lève les sourcils, dubitatif. Je pointe ma tempe et il touche la sienne, regarde ses doigts avant d'y apercevoir le sang qu'il n'a pas complètement nettoyé. Son regard revient à moi, même s'il essaie de rester calme, j'y perçois une légère irritation. Il ne voulait pas qu'on sache qu'il vient de mettre à mort quelqu'un. Probablement un membre de son organisation.
Raté.
Mateo senior, son frère, se porte à sa rescousse en lui tendant un mouchoir dont mon père se sert pour essuyer le reste du sang de sa victime. Une fois qu'il a fini, Leonardo s'assoit et alors seulement les autres font de même.
Pathétique troupeau de moutons.
— Bon, je vous remercie tous d'avoir répondu présents à mon appel concernant ce dossier sensible. J'ai affaire ultérieurement, donc ne nous étirons pas. Il a été porté à mon attention lors du dernier conseil qu'une certaine organisation avait décidé de prendre le clan et ses alliés pour cibles. Nous avons assisté au démantèlement et parfois à l'élimination de factions complète. Aucune n'était d'une importance considérable, mais force est de constater qu'ils cherchent à remonter l'échelle jusqu'à nous.
— On parle de qui au juste ? demande Mateo.
— Il s'agit de The Players.
Déjà, les chuchotements s'élèvent dans la pièce, la panique gagne peu à peu les esprits les plus faibles. Même moi, je reconnais que le fait d'être la cible de ce groupe n'est jamais une bonne chose. Bon nombre de clans alliés, mais aussi ennemis en ont fait l'expérience et ont été réduits à néant.
Même si je n'aime pas particulièrement ma famille, elle reste ma famille et là, on est mal.
Je le vois dans le regard de mon père, à sa gestuelle, si ça se trouve il ne dort plus depuis quelques jours à l'idée que des terroristes anéantiront son empire.
— Je vois à votre réaction qu'à peu près tout le monde sait déjà à qui l'on a affaire. Je vous ai donc tous rassemblés ici pour que l'on monte une stratégie de contre-attaque. Je ne veux pas seulement nous défendre, je les veux tous morts. Et pour ça je vais avoir besoin de votre collaboration à tous ainsi que de tous vos mercenaires et-
— Mauvaise idée.
Toutes les têtes se tournent vers moi après que j'ai interrompu mon père, le genre de chose passible de la peine de mort normalement.
— Pourquoi est-ce une mauvaise idée selon toi ? demande-t-il en s'adossant sur son siège.
Je comprends alors qu'il s'attendait au fond que j'intervienne et j'ai foncé tout droit dans son piège.
— Vous êtes sérieux là ? Vous ne savez pas ?
L'affligeant silence est un aveux de leur ignorance.
Pff, et c'est de ça que je suis supposé hériter ?
Je soupire.
— L'avantage des mercenaires c'est leur force physique et armée, mais aussi leur nombre. Une bonne équipe peut-être très efficace pour la plupart des tâches. Seulement contre un ennemi comme The Players, cela devient un handicap. Ils ont plus que muscles que de cervelle, contre des terroristes de ce calibre, c'est fatal. De plus, le nombre est synonyme de bavures, les bavures de couverture médiatique et sais-tu ce qu'il arrivera si l'on venait à apprendre que le clan Ricci est la cible de The Players ? demandé-je à mon père sans détourner mes yeux de la pièce que je fais tourner entre mes doigts.
— Tout le monde profitera que notre situation pour s'en prendre à nous.
— Bingo. Tes ennemis, les organisations qui n'auraient jamais osé t'attaquer autrement et la police qui voudra faire d'une pierre deux coups. Tu ne serais plus la cible de The Players seulement et, corrige-moi si je me trompe, tu n'as pas les moyens de te défendre contre la terre entière, même avec ton armée de tueurs. Ce sera la fin de ton empire, à toi et tes vassaux, conclus-je en regardant les concerné afficher l'inquiétude à l'idée de tout perdre.
— Et si tu proposais quelque chose au lieu de t'adresser à nous avec ton petit air supérieur ?
Je me tourne vers Mateo, mais n'ajoute rien. S'il pense qu'il va m'ordonner de faire quoi que ce soit.
— Quelqu'un a une proposition en tenant compte de ce que vient de nous exposer mon fils.
Encore le silence.
— Wow ! Quelle équipe de choc on forme !
La honte traverse les visages, mais également la colère. Au fond, je sais qu'ils me portent aussi peu dans leur cœur que moi. Je leur souris et me tourne vers mon père.
— Je peux vous en débarrasser, moi.
— Et comment comptes-tu t'y prendre ?
— Vous savez pourquoi The Players est aussi redoutable? Pourquoi vous n'avez pas pu apporter de proposition ? Parce que vous ne savez absolument rien sur eux. C'est ça leur atout, l'ignorance, le manque d'information. On ne sait pas qui ils sont, combien ils sont, de quels moyens financiers et matériels ils disposent, jusqu'où s'étend leur influence. Absolument rien. Si l'on voit certains de leurs membres comme le Joker c'est parce qu'ils l'ont bien voulu, pour se donner en spectacle. Pourtant, eux semblent avoir l'information sur à peu près tout et tout le monde. Et quand on a l'information, on est partout et nulle part à la fois, on devient insaisissable, invincible ; une quasi-divinité.
— Et donc ?
— Ce qu'il faut faire, c'est utiliser cette stratégie. D'être comme eux, partout et nulle part, tout le monde et personne. Et ça, je peux faire, mais sous quelques conditions
— Lesquelles ?
— Premièrement, mon idée repose sur l'espoir qu'ils ignorent que nous savons qu'ils nous ont pris pour cible. S'ils pensent que nous sommes dans l'ignorance, ce sera le moment parfait pour les achever comme des mouches. Donc à partir de maintenant, tu n'informes plus une seule âme concernant The Players, au risque de les informer s'ils venaient à avoir des taupes dans tes rangs.
Leonardo hoche la tête.
— Deuxièmement, je veux travailler seul. Ne le prenez pas mal, mais vous me ralentiriez ou me nuiriez, tous autant que vous êtes. Seul Jay m'assistera pour mener à bien ma mission.
— Hors de question.
Je fixe mon père qui vient d'intervenir.
— Tu viens de le dire, on ne sait jamais à quoi s'attendre avec eux ni leurs moyens. Je te voulais sur ce coup pour ton cerveau, tes connaissance, ta stratégie, mais il est hors de question que tu sois seul pour les affronter sur le terrain. C'est trop dangereux. Tu es mon hériter, je ne peux pas risquer que tu te fasses tuer. Prends des hommes comme exécuteurs.
— Non. Je ne travaille qu'avec Jay, sinon vous m'oubliez pour toute cette histoire.
Un air de défi s'installe entre Ricci senior et moi et la tension est à son comble quand Jay intervient.
— Un seul. On travaillera avec un seul de vos hommes, celui de votre choix. Pas plus.
Je me tourne vers Jay pour le contredire, mais il évite mon regard.
Mon père lâche une longue lamentation.
— Bon, très bien... Mateo, je compte sur toi.
Je me retourne vers mon père à toute vitesse, indigné.
— Quoi ?! Non. Non, non, et renon. Tu sais quoi, donne-moi le plus crétin de tes hommes, tout sauf lui.
— Ma décision est prise. Mateo t'aidera pour ce problème, fin de la discussion.
Je lâche un grognement en signe de protestation, me lève et remets mon siège en place alors que Jay m'imite en silence.
— Où vas-tu ? demande Leonardo.
— Et bien, c'est réglé, je n'ai pas de raison de rester ici. Je t'apporterai la tête des Players, autrement je te demande de bien vouloir me foutre la paix concernant tes autres affaires. Messieurs, bonne soirée.
Je prends la direction de la sortie avec Jay qui me suis de près. Comme je suis encore en colère, il tente de s'expliquer.
— C'était ça ou-
— Je sais. Tu as bien fait.
Jay est mon meilleur ami, et ce depuis toujours. Au fil des années, il est devenu mon bras droit, ma liaison avec le clan Ricci et celui qui s'assure que je ne laisse pas mon tempérament interférer avec nos objectifs. Il hoche la tête alors qu'il prend place côté passager dans la voiture,
— On fait quoi maintenant ?
— Eh bien, on traque The Players.
— POLICE !!!!!
Nous nous tournons vers l'entrée où des policiers viennent d'arriver. Le désespoir quitte le visage de Tyson lorsqu'il voit les hommes en uniforme. Il se lève et se jette littéralement à leurs pieds en leur suppliant d'arrêter le Joker et toutes les femmes qui se tiennent sur scène. Les policiers, visiblement peu informés de la situation, ne voient que des femmes s'étant introduites sans invitation, procèdent aux arrestations.
Dont la mienne.
Je cherche Adam dans la foule, mais il n'est plus dans ce coin de la salle. Il a disparu.
S'est-il enfoui ? M'a-t-il vraiment abandonnée cette fois ?
La panique n'a même pas le temps de me posséder que la main d'un agent attrape mon poignet. Alors que comme les autres, je me débats, une voix est crachée par les haut-parleurs.
— Oh, mais non. Ce n'est pas ce qui était prévu comme grand final. Capitaine Morgan, vous venez toujours tout gâcher.
Mon regard alerte se promène parmi les forces de l'ordre quand j'entends le nom du Capitaine Morgan. Il m'a vu ? Il m'a reconnu ?
— Joker... encore toi...
— Je suis flatté que vous m'ayez reconnu Capitaine, c'est si intime.
— Qu'est-ce que tu fichez ici ? Après les hôpitaux vous vous en prenez aux galas de charité ?
— Vous connaissez l'officier Gilbert ? le questionne Adam, ignorant sa pique.
— L'officier Gilbert ?
— Attendez, je vais vous aider.
La lumière s'éteint et un projecteur, un seul éclaire à présent un officier de police qui semble aussi surpris que nous tous sur scène.
— Lui. La dernière vedette.
Le Capitaine sur tourne vers cet homme qui regarde autour de lui avec agitation.
— Vedette du spectacle ? Tu te fous de moi ? Le joker est assurément dans la pièce, fermez les accès et arrêtez tout le monde ! ordonne-t-il.
Les policiers qui avaient déjà sorti leur lampe torche obéissent à l'ordre, condamnant l'entrée, des renforts sont appelés.
— Oh lala, pourquoi adopter des moyens aussi vulgaires ? Je ne suis pas tout le monde, moi, bougonne la voix d'Adam. Je voudrais bien jouer à chat avec vous comme toujours, mais il me reste un dernier numéro à présenter. Pour une fois, appréciez la mise en scène.
— Comment ?
L'écran qui avait été mis en pause repart, seulement, ce ne sont plus les images de mon pseudoviol qui défilent. On y voit plutôt Tyson assis dans une petite pièce avec une table semblable à une salle d'interrogatoire. Quand l'officier sous le feu des projecteurs voit cela, il devient fou et cri :
— ÉTEIGNEZ CET ÉCRAN !!!! JOKER ARRÊTE ÇA !!!!!!
— Du calme Gilbert, c'est votre moment, profitez.
Sur la vidéo, un homme qui se trouve à être l'officier Gilbert entre dans la salle d'interrogatoire. Le son de la vidéo nous parvient.
— Jacob, Jacob, Jacob. Toujours à te mettre dans des embrouilles pas possibles. C'est la quantième en six mois ? Hum ?
— Ne me fait pas la morale Eli, c'est la dernière chose dont j'ai besoin.
— Cette fois, une femme est morte.
— Elle s'est suicidée. Je n'ai rien à voir avec sa mort, ok ?
— Pourquoi es-tu là ?
Là, c'est au tour de l'officier de se diriger vers l'ordinateur pour essayer d'éteindre la vidéo. À nouveau, l'attention de tous est totalement happée, dirigée vers cet écran qui promet d'autres révélations. L'officier qui avait commencé à me menotter me lâche carrément pour visionner et moi qui devrais en profiter pour filer, j'observe à côté de lui.
— ÉTEIGNEZ-MOI CE FICHU ÉCRAN !!
— A-t-elle porté plainte ? demande Tyson.
— Si, mais elle a retiré sa plainte. Je suppose que tu l'as menacée, déduit Gilbert.
— C'était le seul moyen pour qu'elle la boucle.
— Bien évidemment. Par contre, son mari est venu porter plainte suite à la mort de sa femme. Ça, c'est beaucoup plus sensible.
— Oh non... Aide-moi Eli.
— Oh ne t'en fais pas trop. L'élément positif c'est qu'elle est morte, donc plus de témoin. Aussi, je me suis arrangé pour faire pression sur lui, il a tout perdu. J'ai contacté les services sociaux pour lui retirer ses enfants. Il lui a aussi retiré sa plainte, ce matin.
— Eli ! Eli, tu me sauves la vie ! Que veux-tu ??!! Je peux t'offrir tout, tout ! Oh Eli !
— Et bien, je m'attends à trouver 2 ou 3 zéros de plus dans mon compte en banque.
— C'est déjà chose faite ! Bon, il faut que je commence à chercher une nouvelle secrétaire. Je te vire l'argent d'ici ce soir.
Sur l'écran, les deux hommes se lèvent et se serrent la main.
— C'est toujours un plaisir de faire affaire avec toi Jacob.
Puis la vidéo s'arrête. Les réactions sont multiples et moi je suis juste scotchée sur place. Que la police soit corrompue à ce point là, je ne m'y attendais vraiment pas. J'ai tant de questions, mais Adam m'indique dans mon oreillette qu'il est temps de tirer notre révérence.
— JOKER, JE VAIS T'ATTRAPER ET TU POURRIRAS EN PRISON !!! s'insuge le policier corrompu.
— Si jamais ce jour béni arrive, j'espère qu'on me fera l'honneur d'être votre compagnon de cellule. Mesdames et messieurs, votre maître de spectacle voudrait bien vous divertir encore, mais l'on a besoin de moi ailleurs. N'oubliez pas de faire un don pour les enfants malades. Le don à battre est celui de The Players, bonne fin de soirée.
La lumière s'éteint de nouveau, provocant la panique et l'agitation. Je sens une main me saisir et me porter à travers la foule dans la salle baignant dans l'obscurité totale.
— Tu as été excellente, petite Heidi.
Adam !
Je lui serre le cou et m'accroche à lui, plus contente que jamais de le sentir contre moi. Alors qu'Adam m'entraîne dans le noir, je sens qu'il pleut quelque chose... comme... des cartes ? Nous parvenons à sortir de la salle, Adam me dépose par terre et nous prenons la fuite. Nous courrons du plus vite qu'on peut vers là où se trouvent les voitures. Une fois dans la nôtre, Adam démarre et nous quittons cette colline dorée aussi facilement que nous nous y sommes infiltrés, tous les gardes ayant été appelés à l'intérieur.
Dans la voiture je cri et je ris, le cœur encore battant de toutes les émotions de la soirée. Ça, pour un spectacle, c'était impressionnant. Adam a su comment animer un sujet aussi lourd avec humour, sarcasme et légèreté. Survoltée, je n'arrive même pas à achever mes phrases.
— Toutes ces femmes- wow elles- et puis tu as tout diffusé-la police et l'argent- fuite-peur !!!!
— Wow respire, Heidi, calme-toi, ricane-t-il en faisant un virage.
Je continue de parler à toute allure sans qu'aucune de mes phrases ne fasse le moindre sens.
— Je n'y arrive pas. Mon cœur fait un marathon à, je n'arrête pas de sourire et l'adrénaline fait que je tremble, regarde ! dis-je joignant le geste à la parole. Je manque des battements de cœur ! Je ne sais pas si je vais en mourir, mais j'adorerais le découvrir ! Peut-on mourir d'une overdose d'adrénaline ?!
Il éclate de rire.
— Et tu penses quoi de ce sentiment ?
— Je l'adore ! Tout ce suspense... ce danger... cette excitation... arghh !!! Ça me donne la chair de poule et j'adore !!!
Il opine simplement.
— Je sais de quoi tu parles. Je savais que ça te plairait. C'est très plaisant et c'est comme ça que je voulais te remercier. En te faisant ressentir l'euphorie après une mission réussie.
— Ah ouais, là je suis super euphorique ! J'ai envie de crier, de chanter, de sauter tellement j'ai d'énergie.
— C'est l'adrénaline. Si tu savais... je tuerais pour l'adrénaline.
— Oh mon dieu ! Merci, Adam, merci de m'avoir permis de vivre ça une fois.
— De rien Heidi. Vraiment, ce n'est pas grand-chose... qu'est-ce que c'est ?
— Hm ?
Sa main lâche le volant et se glisse entre mes seins. La panique me saisit, mais je me calme quand il en ressort une carte.
— Elle a dû tomber et se glisser... la chanceuse.
Je roule mes yeux avant de lui sourire. Il s'apprête à la jeter par la fenêtre, mais je le retiens.
— Je veux la garder comme souvenir de cette soirée, s'il te plaît.
Ses yeux me parcourent, puis, au lieu de me la redonner en mains, il la refait glisser entre ma poitrine avant de se concentrer sur la route.
Je fais rétracter le toit de la voiture alors que les premiers accords de « Smell's Like Teen Spirit » commencent à jouer à fond dans le système de son. L'ambiance est électrique, explosive même. Adam aussi se donne et s'égosille avec moi.
Les bras levés en direction du ciel strié d'étoiles, les cheveux au vent, je savoure la douceur de cette nuit de fin août, je goûte à la vraie liberté pour la première fois de ma vie.
♤ ♡ ♢ ♧ ♤ ♡ ♢ ♧ ♤ ♡ ♢ ♧ ♤ ♡ ♢ ♧ ♤
C'était tout pour ce chapitre! Merci de l'avoir lu et pour ceux qui le font d'avoir interagi avec 🫶🫶🫶.
Retrouvez moi sur instagram: luxe_8831_ pour être informé de l'avancée de l'histoire et pour qu'on discute des théories de chacun quant à la suite des événements.
Luxe🪂
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top