08. Panic room

La diapositive change.

La jeune fille amputée de la jambe est remplacée par un garçon au crâne chauve et une sonde lui passant sous les narines. Malgré la maladie, il sourit de toutes ses dents, bon pas tout à fait, il lui en manque deux devant.

— C'est dommage.

Adam à mes côtés se tourne vers moi.

— Cette soirée est en leur honneur, c'est dommage qu'elle devienne un fiasco.

Son regard se porte également sur l'immense surface blanche où les images du Children's Memorial Hospital sont projetées juste au-dessus d'un petit orchestre qui joue la musique qui accompagne les convives dans leur conversation sur qui a le plus gros yacht.

Nous sommes déjà samedi soir. Le temps a passé si vite. En quelques jours, en plus des cours, j'ai mémorisé ma partie du plan de The Players. Adam et moi sommes dans la salle de réception du gala de charité organisé par Tyson lui-même.

— Oh, des galas de charité il y en aura beaucoup d'autres. Les biens nantis aiment bien, ça les divertit, leur fait du réseautage et ça lave leur conscience. Rappelle-toi que c'est pour le mieux, dit-il en me tendant un verre de champagne qu'il était allé chercher pour moi. J'en prends une gorgée.

Je n'ai pas l'habitude de boire. Leo s'y oppose fortement. "Quand tu auras 21 ans " et bla bla bla.

Je bois mon verre d'un trait, presque pour lui cracher dessus, lui et ses règles.

— Wow, tu avais soif!

Je me saisis de son verre à lui et le bois alors qu'il sourit.

Adam pour l'occasion porte un joli costume de tailleur italien. Ses cheveux teints en brun, proche de sa couleur naturelle. Pour l'occasion, je porte moi une robe coupe bateau rouge cardinale qui épouse mes formes jusqu'à mes chevilles montées sur des Louboutin. Seule une fente sur le côté me permet la liberté de bouger. Comme pour l'entrevue, j'ai lissé mes cheveux qui m'aurait un peu trop fait remarquer dans leur état naturel et mon maquillage me vieillit de quelques années pour me donner les 27 ans que je prétends avoir.

Je m'apprête à répondre à Adam quand trois coups résonnent dans toute la salle. Toutes conversations cessent, l'orchestre met fin au phrasé qu'il était en train d'exécuter, tous portent leur attention vers la scène où Tyson, devant les musiciens, a tapoté un micro.

— Messieurs, mesdames, bonsoir. J'espère de tout cœur que jusqu'ici la soirée vous est agréable.

La foule répond positivement à son souhait.

— Très bien. Je voudrais d'abord vous remercier d'avoir libéré un peu de votre temps pour assister et participer, je l'espère, à ce gala dont le motif est la levée de fonds pour le Children Memorial Hospital. Cette année encore, ma société a l'honneur de parrainer cet hôpital qui fait tant de bien pour les enfants de la communauté; les enfants que le destin a choisi de ne pas épargner. Au-dessus de moi s'afficheront les informations bancaires pour la réception des dons. Une jauge vous indiquera également l'évolution de la réception. J'aimerais que tout au long de la soirée nous jouions à un petit jeu. Ce sera à qui mettra le plus d'argent pour l'hôpital. Rangez votre portefeuille sénateur Williams, on sait que vous êtes un sans le sou après votre campagne couteuse.

— Tu es un salopard Jacob, tonne la voix amusée du concerné perdu quelque part dans la foule.

Foule qui de nouveau s'esclaffe de leur rire distingué. L'humour des riches.

— Dans deux heures, nous ferons les comptes pour annoncer la somme amassée et le grand gagnant. Merci encore pour votre présence, bonne soirée.

La musique reprend ainsi que les conversations au langage aussi soigné que les tenues. Adam me quitte pour aller s'assurer de quelques préparatifs avant le début de l'opération. Moi je remplis un autre verre de champagne.

— Que faites-vous là?

Je me tourne pour voir Raymonda, la RH, elle aussi en somptueuse tenue de soirée derrière moi. Elle semble beaucoup moins emballée par ma présence que moi par la sienne.

— Eh bien, j'ai été invitée pourquoi?

— Il vous a invité et vous êtes venue? Êtes-vous stupide?

Je feins la confusion.

— Je vois... la manière dont vous vous comportiez durant l'entrevue... vous voulez entrer dans ses bonnes grâces. Avez-vous la moindre idée d'à qui vous avez affaire?!

Je lève un sourcil. Apparemment elle oui.

— Je ne vois absolument pas de quoi vous parlez, j'ai été invitée et j'ai cru qu'il serait inconvenant de refuser une invitation à une si belle soirée.

Elle me saisit le bras et creuse la chair de ce dernier avec ses ongles, les yeux affreusement écarquillés.

— Si tu restes ici, si tu restes avec lui, il s'en prendra à toi et tu finiras comme les autres.

Puisqu'elle a laissé tomber le vouvoiement, je fais de même.

— Ne pose plus jamais tes pattes sur moi espèce de vipère. À ce que je vois tu es au courant des agissements de Tyson et pour garder ton emploi, toi qui travailles aux ressources humaines, toi qui reçois les plaintes, tu les ignores. C'est toi qui t'arranges pour faire passer ses actes sous silence, je me trompe?

— Je le fais pour leur éviter des problèmes qu'elles ne peuvent même pas s'imaginer qu'il peut leur causer. Je les protège tout en me protégeant. Ce n'est pas aussi facile que ce que tu crois, il est puissant.

Je la considère. Elle semble sincère. Celles qui se plaignent vivent un enfer... Comme Emily... ce n'est pas Raymonda qui aurait pu faire quoi que ce soit contre Tyson... elle ne fait pas le poids.

Mais The Players, oui.

— Si vous aviez la chance de rendre publiques toutes les plaintes, vous le feriez?

Elle fronce les sourcils.

— Oui... si c'est sans représailles, bien sûr que oui...

Je vois Adam s'installer à notre table.

— Bien, faites-le le moment venu. Bonne soirée Raymonda.

Je la laisse là, sans lui donner plus d'explications et vais rejoindre Adam à notre table. Il a assisté à toute la conversation grâce au micro que je porte entre ma robe et ma poitrine. Il ne pose pas de question et me propose de profiter de la fête pour me calmer les nerfs en attendant l'heure. Adam et moi dégustons les petites merveilles dans nos plats en discutant. Pour être honnête, c'est un gala réussi.

— C'est délicieux! m'exclamé-je en mâchant.

— Tiens goute ça, je l'ai préparé moi-même.

— Toi-même ? Tu t'es infiltré en tant que cuisinier ?!

— Ça t'étonne ? J'ai quelques talents, tu sais.

— Je n'en doute pas, ricané-je avant de prendre la bouchée qu'il me tend. Mhmhmmm...ça fond dans la bouche! m'exclamé-je avant de lui arracher sa fourchette et de prendre trois autres bouchées.

Il rigole devant ma gourmandise avant de prendre une serviette sur la table et d'essuyer la sauce qui a coulé sur ma robe.

— Un peu de tenue, on se ferait remarquer. D'autant plus que tu attires déjà l'attention.

— J'ai fait quoi pour déjà nous faire remarquer?

— Tu es splendide.

J'arrête de mâcher la bouche pleine et fixe Adam qui ne se rend pas compte que son compliment ma prise de court.

— Arrête de faire cette tête et avale, tu ressembles à un écureuil.

— Mmmmnvnnvmmffjmf.

— Ouais c'est ça, on ne parle pas la bouche pleine.

Je me dépêche d'avaler et de boire pour que le tout passe mieux.

— N'abuse pas avec l'alcool.

— Leo me tuerait s'il savait, ricané-je l'alcool me montant à la tête.

— Qui?

— Personne.

Il lève les épaules et prend une gorgée.

J'ai énormément de plaisir avec Adam, car il est de bonne compagnie. Il me fait rire en se moquant des cette bourgeoisie réunit ici. J'en viens même à oublier le motif de ma présence ici. Toutefois, une ambiance malsaine me le rappelle. Sentant une présence lugubre dans mon dos, je me retourne brusquement et tombe nez à nez avec Tyson. Il pose sa main sur mon épaule et je me crispe, cherchant les yeux d'Adam.

— Ah Emily! Vous êtes bien venue finalement.

Adam pose sa main sur ma cuisse pour me rappeler qu'il est là et qu'il ne m'arrivera rien tant qu'il est là. Je retrouve aussitôt mon sang-froid.

J'offre mon plus ravissant sourire à Jacob Tyson.

— Vous êtes absolument éblouissante. La définition de la femme. Quelle beauté Emily, je suis sans mot!

— C'est ce que je lui dis tout le temps, intervient Adam pour se faire remarquer de Tyson.

Tyson fronce les sourcils. Il jette un œil sur notre contact physique.

— Excuser moi vous êtes? demande Jacob Tyson sans dissimuler son animosité envers Adam.

Une espèce d'ambiance chargée de testostérone s'installe entre les deux. Adam semble moins calme qu'il ne devrait l'être. Je me rappelle alors de numéro 4 qui disait qu'il faisait souvent des erreurs. Craignant qu'il n'en fasse une, j'interviens.

— Oh, quelle gourde! J'oubliais. Je vous présente Vincent Baier, mon meilleur ami. Vincent, je te présente mon nouveau patron, le très généreux Jacob Tyson.

— Enchanté, dit Adam avant de tendre sa main à Tyson qui le toise.

Il la serre sans lâcher Adam des yeux.

— Enchanté, répond-il d'une voix pas enchantée du tout.

Le malaise devient palpable, même moi je suis dépassée.

— Votre soirée est réussie vraiment et regardez comme le montant des dons augmente! C'est formidable!

Tyson n'a toujours pas détourné les yeux d'Adam et leurs mains sont toujours l'une dans l'autre dans un étrange jeu de domination masculine.

— Le manoir semble également avoir énormément de cachet. J'ai toujours rêvé de faire la visite de ce genre d'édifice. Vous me feriez un tour ?

Là, j'ai toute son attention. Son visage se déforme en un sourire lubrique qu'il s'empresse de corriger. Il a faim et sa proie vient de s'offrir à lui sur un plateau d'argent.

— Et moi alors Emily? Je ne connais personne ici, se plaint Vincent.

— Oh hum... et bien, nous ne serons pas long, n'est-ce pas?

Tyson répond avec le non verbal, ses yeux me déshabillant déjà. Un frisson me parcourt en pensant que je vais m'isoler avec lui.

Vincent pousse une lamentation.

— Bon...vas-y.

— Merci! Bois et parle à quelques personnes, tu peux même donner un peu d'argent en attendant! Vous venez?

Tyson et moi quittons la salle de réception, lui une main dans le creux de mon dos et moi qui essai de ne pas tomber dans les pommes.

— Bonne chance petite Heidi. Sois prudente. Le plan peut commencer, me souffle Adam.

Je reçois le dernier message d'Adam dans mon oreillette. Le plan a commencé et tout repose sur moi. J'ai réussi à m'isoler avec Tyson qui me fait le tour du proprio avec fierté. Je l'écoute me raconter l'histoire de ce manoir tricentenaire qui, en bonne compagnie, m'aurait passionnée.

— Ici se trouve mon bureau personnel. Des fois, j'y travaille quand je suis chez moi.

Je dois absolument rester dans ce bureau, bien que je sais la réelle nature de cette pièce.

C'est une panic room.

Une pièce isolée acoustiquement qui ne s'ouvre que de l'intérieur quand verrouillée.

J'ai la confirmation quand une fois dedans, j'entends le bip du code de sécurité que Tyson tape sur le lecteur à la poignée. Je prends une grande inspiration pour me préparer mentalement à ce qu'il me réserve.

La pièce est énorme. Elle est aussi sobre que son bureau en ville. Mais à la place d'intimidantes colonnes, ce sont des étagères remplies à craquer d'ouvrages, partant du sol au plafond qui entourent la table. Vraiment, l'on se croirait dans une antique bibliothèque.

— Quelle collection de livres impressionnante!

— N'est-ce pas? Mes ancêtres et moi-même aimions tous la littérature. Certains de ces livres sont plus vieux que le manoir, m'informe-t-il en m'indiquant les livres protégés derrière des boites de verre traité. Vous aimez la lecture?

— J'adore.

Non pas vraiment.

— Ça nous fait déjà un point en commun...

Ouais, ouais, c'est ça...

Je marche jusqu'à son bureau lui-même et prends place dans son fauteuil de cuir. Il me suit et se poste près de moi. Je retire mes talons et pose mes pieds sur la table, juste à côté de lui. Il suit mon mouvement, sourire à ces lèvres gercées, appréciant le spectacle de mes cuisses révélées par la fente de ma robe. Ses doigts se posent sur mes pieds et glissent le long de ma cheville.

— Vous êtes...vraiment... très attirante.

— Vous trouvez?

— Oh oui!

Ses mains continuent de remontrer le chemin de ma jambe jusqu'à ce que ses doigts tirent sur l'élastique de ma culotte.

Showtime

Je retire mes pieds de sur son bureau et entreprends de remettre mes talons.

— Je crois que je veux sortir finalement, j'ai promis à mon ami de ne pas être longue.

Il me retient alors que j'essaie de quitter la salle.

— Voyons Emily, il peut se passer de vous quelques minutes.

— Non je- mon ami m'attend et-

— Dois-je vous rappeler que vous vous devez de me combler, c'est vous même qui l'avez dit.

Il m'attire à lui et passe ses mains le long de ma taille. La nausée me secoue.

— Je crois qu'il y a malentendu. Je ne suis nullement intéressée à avoir ce genre de relation avec vous, monsieur.

Au lieu de laisser tomber, il se saisit de mes poignets et me rassoit de force.

— Tu te prends pour qui pour me dire non? Je t'ai choisie exprès pour ceci, ne fais pas semblant que tu ne savais pas. C'est ce que tu veux hein salope? Tu veux que je te baise pour pouvoir monter l'échelon social.

— Quoi?! Non, absolument pas, lâchez-moi maintenant!

Il resserre ses griffes autour de mes poignets et je me tords de douleur. Non seulement il devient violent, mais en plus j'ai des marques. J'attends qu'Adam intervienne directement après que Tyson ignore mon refus comme prévu dans le plan, mais rien ne se passe. Tyson continue de me brutaliser. Je me débats pour me libérer de son emprise, mais rien n'y fait. Ce porc de Tyson me retient fermement. Je réussis à me défaire de sa poigne et me dirige vers la porte. C'est en essayant de l'ouvrir que je me rappelle qu'elle est verrouillée.

Merde! Pourquoi Adam n'intervient pas???!!!

Je cogne sur la porte et force pour l'ouvrir, mais Tyson me saisit par les cheveux, me traine vers le centre de la pièce alors que je cris et me débat. Il m'assène une gifle qui me propulse au sol. Ça, ce n'était pas, mais alors pas du tout prévu dans le plan, ça ne devait pas aller aussi loin. Il y a un problème?! Peut-être qu'en plus du son, la salle bloque les fréquences radio...

Oh non...

Je suis vraiment livrée à moi-même.

Tyson se jette sur moi et entreprend de déchirer ma robe. Je hurle à la mort, car ce n'est plus du jeu. Je crains réellement qu'il ne me viole.

— À L'AIDE!!! QUELQU'UN!!!! AU SECOURS !!!!! JE VOUS EN PRIS AIDEZ MOI!!!!! JE VEUX PLUS LE FAIRE!!!!! ARRÊTE!!!!!!

Mon message s'adresse davantage à Adam qui devait intervenir en cas de problème, mais qui n'arrive pas et ne répond pas non plus.

— Ça ne sert à rien de crier, personne ne viendra à ton secours. Laisse-toi faire ma jolie, ça va être rapide. On va bien s'amuser.

OH MON DIEU!! AU SECOURS!!!! LEO!!!!

— Il me semble que cette jeune femme vous a dit d'arrêter.

Tyson s'arrête brusquement et lève la tête à la recherche de la voix qui vient de parler alors que je rampe loin de lui avant de reprendre mon souffle. Seulement le bureau est vide.

— Oui c'est à vous que je parle Tyson.

Tyson terrifié se lève en cherchant partout dans la pièce qui lui parle.

— Voyons, Jacob. Ne me cherchez pas, vous et moi savons que je ne suis pas dans votre bureau. Toutefois mes micros et mes caméras oui!

Le visage de Tyson s'effondre.

— Des micros? Des caméras? Qui êtes-vous?! Où vous cachez-vous?!

— Oh qui je suis Jacob n'a pas d'importance. Mais je veux bien vous le dire où je me trouve. Je suis présentement sur votre jolie scène, d'où je fais profiter à vos convives d'un déplorable spectacle. Je parle bien sur de la diffusion en direct de ce qu'il se passe dans votre bureau.

— Pardon?!

— Vous m'avez bien entendu. Votre bureau a été truffé de caméras et de micros et tout le monde dans la salle de réception a assisté à votre conduite.

— Non, non, non, non, non!!!!!! Ce n'est pas vrai!!!

Il se fond en panique vers la porte qu'il s'empresse de désarmer et quitte le bureau. Remise de mes émotions, je me lève et fouille dans la pièce à la recherche des trois caméras et des miros. "On doit laisser le moins de traces possible".

Une fois que j'ai le matériel, je quitte également la pièce de malheur. Arrivée dans la salle de réception, j'aperçois Adam portant un masque de clown qui se donne en spectacle sur la scène où même les musiciens sont devenus spectateurs. Il joue parfaitement son rôle improvisé de maitre de cérémonie. Le son de sa voix est projeté par les haut-parleurs de la salle. L'écran géant qui affichait le montage de photo d'enfants malades retransmet maintenant en boucle la séquence où Tyson tente de me violer. Je ne sais comment, mais mon visage est flouté. Le public est subjugué et ne quitte l'écran des yeux que quand Tyson monte sur scène en criant.

— Ah, il est là mesdames et messieurs, notre hôte, la vedette de la soirée, Jacob Tyson!!!!

— ÇA SUFFIT!!! ÉTEIGNEZ-MOI CE PROJETEUR DE !!!!!!! SÉCURITÉ ARRÊTEZ CET HOMME!!!

Aucun de ses employés ne bouge pour l'aider, tous aussi scandalisé que les invités.

— JE VIENS DE VOUS DONNER UN ORDRE!!!! FAITES-LE SORTIR DE MA PROPRIÉTÉ. IMMÉDIATEMENT ET QUE QUELQU'UN FASSE CESSER CE FILM IDIOT!!!

— Corrigez-moi, mais je crois que personne ne va lever le petit doit pour vous à sauver son image.

Adam lui lance continuellement des piques du genre. Tyson se jette sur scène et tente désespérément de faire cesser la vidéo sur le moniteur, mais l'ordinateur est bloqué sur la vidéo qui repasse encore et encore. Tyson s'effondre en larmes.

— Je vous en supplie! Éteignez ça!

— Oh, mais on s'amuse pourtant, c'est ce que vous vouliez non? Qu'on s'amuse.

— Je vous en prie! Je vous paierai!

— L'argent... ? Non, gardez-le pour les enfants malades de l'hôpital. Bon, d'accord, plus de vidéo.

Comme par magie, la vidéo cesse. Le public se met à bavarder. J'entends des insultes, l'indignation et certaines personnes appellent la police, d'autres l'avaient déjà fait depuis longtemps.

— Plus de vidéo, mais la soirée n'est pas encore fini. Cher public, j'ai un autre petit numéro pour vous. Cette fois-ci, les vedettes ne seront pas le violeur, mais les victimes qui ont eu le courage de venir confronter notre hôte.

Je fronce les sourcils, je ne connaissais pas cette partie du plan.

De quoi parle-t-il?

Les lumières s'éteignent, plongeant la salle dans le noir et un cri de surprise envahit la pièce. Lorsqu'elles se rallument, une femme se tient sur la scène où Adam lui s'est volatilisé. Elle tient un micro fermement dans ses mains, l'air nerveuse. Elle finit par prendre la parole.

— Bonsoir, mon nom est Nathalie Grey...

Je la reconnais et Tyson aussi.

— Non, non, non!!! Sors de chez moi!!!

— Et j'ai été l'employée de Jacob Tyson ici présent...et...

Je n'arrive pas à croire ce que je vois. La femme qui parle est une des femmes dans les dossiers.

Je sens la main de quelqu'un sur ma hanche et lorsque son souffle percute ma nuque, je comprends qu'il s'agit d'Adam. Un sourire se dessine sur mon visage. Je suis rassurée de l'avoir à mes côtés de nouveau. Je pose ma main sur la sienne.

Nathalie peine à terminer sa phrase alors que les larmes lui montent aux yeux. Puis elle se tourne vers Tyson, pour le regarder dans droit les yeux.

— Cet homme...il...il m'a...

— Vous pouvez le faire Nathalie, l'encourage Adam.

Il n'est plus sur scène, mais grâce à son micro, tout le monde l'entend sans savoir où il se trouve. Seule moi suis au courant. Il est derrière moi, contre moi, dans un coin de la salle.

— Je suis Nathalie Grey et j'ai été violée par cet homme le 28 janvier 2014. Depuis, je vivais dans la crainte, mais c'est fini. Je n'aurai plus peur, c'est à lui d'avoir peur.

Une autre femme monte sur scène et Nathalie lui donne le micro. Elle aussi se présente et dénonce Tyson. Une autre prend sa place, puis une autre et encore une autre.

— Dis-moi, c'est toutes les victimes?

Il désactive le micro.

— Non, il y en a une dizaine qui n'ont pas voulu venir, car elles voulaient surtout oublier le nom de Tyson. Ce que je comprends.

— Je n'arrive pas à y croire. Tu es trop fort.

— Non, regarde-les. Ce sont elles qui sont fortes.

Je ne peux m'empêcher de sourire devant la beauté de ce qu'il se passe devant moi. Elles défilent l'une après les autres et chaque fois, qu'on croit que c'est la dernière une autre arrive, la tête haute, enfonçant le clou plus loin sur l'existence de Tyson. Je sens le souffle d'Adam dans ma nuque.

— C'est ton tour, Emily.

Il me tend son masque. Je comprends alors que je dois parler au nom d'Emily qui n'est plus de ce monde pour témoigner. Je me dirige avec conviction vers la scène. Un brouhaha s'élève, car on reconnait ma robe après la vidéo diffusée.

— Je suis Emily Portman, comme toutes ces femmes, j'ai subi les abus de Jacob Tyson. Il a aussi détruit ma vie. Mon mari est maintenant sans abri et dormira seul dans la rue cette nuit et celle de demain. Mes enfants ont été arrachés à leur père par les services sociaux et vivent loin de lui depuis maintenant deux mois. Quant à moi...je suis morte. J'ai mis fin à mes jours il y a de cela maintenant six mois. La honte, la pression et le fait de voir ma vie s'écrouler...je n'ai pas été assez forte pour le supporter. Tyson m'a ôté la vie.

Là, l'audience est prodigieusement outragée. Tyson passe de violeur à meurtrier. J'entends un premier bruit isolé, puis des applaudissements retentissent dans la salle. Ils sont pour Emily, pour Nathalie, pour Pamela; pour toutes ces femmes qui ont eu le courage de prendre parole ce soir. Mon rythme cardiaque accélère devant ce franc succès.

Tu vois ça Emily ? Ça y est, on a terrassé ton cauchemar.

— C'était la dernière! annonce Adam à travers les haut-parleurs. J'espère que vous savez maintenant qui est réellement votre ami Jacob, même si je le sais beaucoup savaient déjà et étaient complices-

Un grand fracas se fait entendre et une dizaine d'hommes armés entrent dans la pièce.

— POLICE !!









♤ ♡ ♢ ♧ ♤ ♡ ♢ ♧ ♤ ♡ ♢ ♧ ♤ ♡ ♢ ♧ ♤

C'était tout pour ce chapitre! Merci de l'avoir lu et pour ceux qui le font d'avoir interagi avec 🫶🫶🫶.

Retrouvez moi sur instagram: luxe_8831_ pour être informé de l'avancé de l'histoire, pour qu'on discute des théories de chacun quand à la suite des événements.

Luxe🪂

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top