04. Lie to me (2)
Il était bel et bien réveillé et me fixait en train de lui violer la bouche. Embarrassée, je reculai pour m'asseoir sur ses jambes, la main sur la bouche. Prise dans le sac.
Il se redressa pour me faire face, le regard dur. J'étais sûre qu'il était en colère et dégoûté alors je fondis en larmes et en excuses, totalement morte de honte.
— Pourquoi t'arrêtes-tu ? demanda-t-il lorsque je me tus enfin.
Je crus avoir mal entendu. Paralysée, par la confusion, il fallut que ce soit lui qui retourne le baiser et à moi il fallut quelques secondes pour comprendre ce qu'il se passait.
Leo et moi nous embrassions.
Suite à cela, tout est allé très vite. J'étais nue, sous lui, nos doigts entrelacés, nos corps en sueur imbriqués, lui haletant mon nom contre mon oreille alors qu'il me donnait d'exquis coups de reins.
Je découvris avec enivrement le Leonardo que toutes ces filles avaient eu la chance de connaître et dès lors je sus que je ne pourrais plus m'en passer.
Et pourtant.
Une fois fini, il se rhabilla.
— Rentre chez toi, ordonna-t-il sur un ton froid et distant.
Je ne comprenais pas. Je venais de lui offrir mon innocence et la première chose qu'il fit était de me chasser.
— Quoi ? Mais-
— Hors de ma vue Heidi, gronda-t-il plus fort.
Comme je ne bougeais toujours pas, il se saisit de mes vêtements au sol, puis de mon poignet et me foutu à la porte de sa chambre avant de fermer à double tour. Derrière celle-ci, je tentais de le raisonner, de comprendre ce que j'avais bien pu faire de mal, mes vêtements dans mes mains, mais il ne répondit plus. Alors je me rhabillai devant sa porte et rentrai chez moi, désillusionnée, l'impression qu'il s'était servi de moi.
Je tentai de nouveau de lui parler quelques jours après, mais il m'ignora. Chaque fois que j'essayais d'amener le dialogue, il me repoussait. Et chaque fois, cela me brisait un peu plus le cœur. Les jours devinrent des semaines et puis des mois.
J'étais de nouveau un fantôme aux yeux de l'homme que j'aimais et lui me méprisait.
Puis un soir, alors que j'étudiais, j'entendis cogner contre la vitre de mon balcon. C'était Leo. Plus jeune, il faisait souvent ça, sauter de son balcon au mien pour qu'on passe du temps ensemble. Surprise qu'il cherche à me parler après m'avoir reniée des mois durant, j'hésitai longuement à lui ouvrir, mais finis pas le faire.
Dans le silence, il entra, s'assit sur mon lit et moi je repris place devant mon ordinateur. Je l'ignorai pendant une demi-heure alors qu'il fixait mon dos, pensant à ce qu'il allait bien pouvoir me dire. Il commença par des excuses pour la manière dont il m'avait traitée cette nuit-là.
Je restai silencieuse, feignant d'écrire quelque chose sur mon ordinateur. Il soupira et ajouta :
— Aussi, avant que je me comporte comme un connard, ce qu'il s'est passé entre toi et moi. Quand on a...
Je pivotai sur mon fauteuil pour lui faire face et lorsque je mes yeux croisa ses iris, me revinrent en mémoire la sensation de ses mains caressant ma peau, de sa langue contre mon sexe, de ses lèvres contre mes oreilles grognant mon nom.
Heidi, Heidi, Heidi !!!
Et à voir son expression, je sus que lui aussi se remémorait nos ébats passionnés. Il passa sa main sur son visage comme pour se ramener dans la réalité.
— Je ne sais pas ce qui m'a pris, mais il ne faut plus jamais que ça se reproduise.
Je redescendis violemment sur terre.
— J'ai toujours su que tu avais le béguin pour moi. Ça ne me dérangeait pas, c'est normal chez les filles de ton âge d'affectionner les hommes plus vieux et je trouvais même ça adorable, mais moi je ne peux pas. Je ne dois pas ressentir ce genre d'attirance envers toi. C'est malsain, Pinnochio.
Pinnochio, le seul surnom par lequel il ne m'ait jamais appelée.
— Il faudra qu'on évite les contacts. Ne viens plus chez moi et je ne viens plus chez toi. On ne se parle pas, on ne se regarde pas. Rien. Jusqu'à ce que j'arrête de penser à toi de cette manière-là, dit-il en me déshabillant des yeux, je veux que toi et moi soyons des inconnus.
Bien pires que la manière dont il m'avait traitée, ses mots me déchiquetèrent de l'intérieur. Leo, mon meilleur ami d'enfance, celui qui était devenu mon obsession venait de me reléguer au rang de simple inconnue. Blessée, je lui répondu pour lui faire autant de mal qu'il m'en faisait à l'instant.
— Tenter de se suicider aussi c'est malsain Leo. Mais de ce côté-là, tu t'en donnes à cœur joie.
Je lus dans son regard qu'il était blessé. Blessé que j'utilise sa faiblesse psychologique pour le poignarder de la sorte alors qu'il voulait mon bien avant tout. Mais ça ne m'empêcha pas de remuer le couteau dans la plaie déjà bien ouverte. Debout, devant lui, je lui crachais ma haine refoulée durant tous ces mois.
— C'est malsain de vouloir à tout prix rendre ta mère et les gens que tu prétends aimer tristes juste parce que tu es trop faible pour affronter la vie. C'est dur pour tout le monde et toi tu essaies de t'échapper comme tu le fais maintenant. T'es le pire Leo, tu l'as toujours été. Tu prends donc plaisir à voir les autres autour de toi souffrir ? Melissa, Andrea, Megan, Annabelle, Jessica et j'en passe, toutes tes conquêtes que tu me présentais comme si de rien n'était, c'était pour me faire souffrir n'est-ce pas ? Tu savais ce que je ressentais pour toi et tu as tenu à me blesser !!!
— Quoi ? Ce n'était vraiment pas mon intention. Tout ce que tu as dit je... je ne veux blesser personne. Surtout pas toi, Heidi. Tu as 16 ans, ce qui serait tordu de ma part ce serait de profiter de ta vulnérabilité sous prétexte qu'on se connait. Tout ce que je veux c'est ton bien et moi je ne suis pas quelqu'un de bien.
Les larmes me montèrent aux yeux devant la véracité de ses propos. Je savais qu'il avait raison, mais c'était plus fort que moi. Je lui fis un cri du cœur pour qu'il comprenne combien je l'aimais, combien je me foutais de ses états d'âme.
— Et moi tout ce que je veux c'est que tu sois à moi Leo, sangloté-je. J'en ai marre de te partager avec Jessica, Noémie, Magalie et les autres. Je te veux toi, ici et maintenant, tout entier et pour moi toute seule. J'étais là la première, dis-je en cachant mon visage danse creux de mes mains. Tu es à moi, pas à elles, à moi tu m'entends-
Il défit mes mains pour écraser ses lèvres contre les miennes. J'agrippai son t-shirt pour approfondir notre baiser, mais il y mit fin et recula l'air de regretter ce qu'il venait de faire.
Il sortit et sauta de mon balcon au sien sans un mot pour moi. Fondis en larmes.
Il venait encore de me rejeter.
Des heures après, alors que je pleurais face contre mon oreille déjà trempé. Mon téléphone vibra près de moi. J'ouvris le message qui venait de Leo.
Leo : Pas de sexe.
Moi : ???
Leo : D'accord, je suis à toi. Mais pas de sexe.
Je me redressai immédiatement.
Moi : Attends, sérieux ?
Leo : Maintenant, arrête de pleurer, j'essaie de dormir.
Je poussai un cri à en arracher la peinture des murs.
Leo : Je viens de te dire que j'essaie de dormir. Ne me fais pas regretter ma décision.
Moi : Désolée. Non, tu ne regretteras pas (il a regretté). Je t'aime Leo.
Leo : Je sais. Bonne nuit Pinnochio.
Ainsi, deux ans durant, alors même que nous formions un couple, avait-il littéralement refusé de me toucher. « Bla bla bla mineure bla bla bla 18 ans bla bla bla » disait-il ou un truc du genre. J'avais beau le marteler que la majorité sexuelle était à 16 ans, il ne voulait rien entendre. Si je tentais la moindre chose, comme défaire sa ceinture, le caresser en bas ou me masturber avec la porte de mon balcon bien ouverte pour qu'il m'entende de depuis sa chambre voisine à la mienne, il me punissait avec ce que j'appelle le traitement du silence ; il ne me parle plus, il ne me regarde plus, il ne répond pas aux appels et parfois même il ne venait plus visiter sa mère une fois qu'il a eu son appartement à lui. Une fois même, il m'a jetée par-dessus bord d'un bateau parce que j'avais essayé malgré ses nombreux avertissements.
Deux longues années d'abstinence forcée. Cela ne fait qu'un an que nous consommons notre union. Et même encore, la chose est rare, car il vit chez lui, passe son temps à étudier pour son doctorat et n'y montre pas grand intérêt. Mais bon, j'ai appris à me satisfaire de la moindre de ses attentions, car je sais qu'il est comme ça.
Maintenant que j'ai bossé comme une forcenée pour être admise dans la même université que lui, dans un programme qu'il estime correct, je compte bien profiter au maximum de lui, malgré ses protestations.
Et je vais commencer dès ce soir, je veux qu'il me prenne dans son bureau, avec son sarrau de chercheur, qu'il m'attache les poignet dans le dos avec la cravate marine qu'il porte par-dessus sa chemise blanche, qu'il me baise en me faisant réciter la leçon et-
La porte de la salle de classe s'ouvre m'extirpant de mon fantasme et interrompant Leo au beau milieu de sa phrase. Il se tourne vers celle-ci et croise les bras, arborant son air sévère des beaux jours.
— Soit vous êtes dans la mauvaise classe, soit vous avez un retard de 45 minutes.
— Pardon j'ai eu un empêchement de dernière minute.
Un élève entre.
— Je vais laisser couler pour cette fois. Quel est votre nom que je vous ajoute à la liste des présents ? demande Leo en ouvrant sa tablette.
L'élève qui m'était de profil se tourne pour faire face au reste de la classe.
J'hallucine...
Mon cœur rate un battement lorsque je vois qui se tient là, dans ma classe, à peine trois mètres de distance avec mon petit ami.
Qu'est-ce qu'il fiche ici ?!
Son regard bleu électrique se promène parmi les élèves et lorsqu'il se pose sur moi, lorsqu'il voit que je l'ai reconnu, un sourire étire ses lèvres. Ce sourire qui annihile le moindre doute.
C'est lui.
— Cole, Adam Cole.
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C'était tout pour ce chapitre! Merci de l'avoir lu et pour ceux qui le font d'avoir interagi avec 🫶🫶🫶.
Retrouvez moi sur instagram: luxe_8831_ pour être informé de l'avancée de l'histoire et pour qu'on discute des théories de chacun quant à la suite des événements.
Luxe🪂
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