9. Carter

Février.

Cette fois, j'en peux plus.

Je vais tuer cet abruti s'il ne baisse pas sa putain de musique. Depuis sept heures du matin, Hale m'assourdit avec son rock insupportable. Tous les matins c'est pareil. Nash part pour le café très tôt et une demi-heure après Hale allume son enceinte pour se réveiller en douceur comme il dit. Vivre avec ce footballeur à la noix est un calvaire. Je ne comprends pas comment Charlie arrive à le supporter quotidiennement.

Hale est le pire colocataire qui existe. Il nettoie rien ou du moins très mal. Ses affaires traînent partout dans l'appartement et putain je ne préfère pas évoquer le désastre dans la salle de bains à cause de lui. La seule qualité du rouquin est qu'il cuisine correctement. C'est d'ailleurs pour cette raison que Nash ne lui reproche rien concernant son manque d'hygiène. Le pire dans tout ça c'est qu'il réussit à ramener des filles dans son lit.

C'est un boucan pas possible presque chaque nuit. Ces deux dernières semaines, ce fut un défilé de toutes sortes de nanas. Des brunes, des rousses, des blondes, des grandes, des petites, minces, en formes, Hale aime toutes les femmes du moment qu'il peut tremper sa queue. Les entendre baiser est encore pire que cette musique assourdissante. J'ai l'impression qu'elles crient uniquement pour lui faire plaisir. Elles simulent, je ne vois pas d'autres explications.

A ma grande surprise, il ne les traitent pas mal. Elles savent toutes qu'elles n'ont le droit qu'à une nuit avec lui. Il sait bien les choisir parce qu'aucunes d'elles n'insistent ou le harcèlent. Ou alors, c'est un très mauvais coup et elles ne tiennent pas à recommencer.

Putain, j'ai vraiment un sérieux problème pour penser à la vie sexuelle de Hale ! Je suis clairement en manque.

Ne supportant plus cette satanée musique, je me lève de mon lit et vais tambouriner à la porte de Hale.

- Coupe cette putain de musique ! j'hurle en tapant de plus en plus fort contre cette porte.

La seconde d'après, je n'entends plus rien. Enfin le silence ! La porte s'ouvre sur Hale, torse nu, ne portant qu'un short de sport. Bon sang, comment ces nanas peuvent être attirées par ces poils roux ?

- Bonjour aussi à toi, mon petit rayon de soleil, rétorque-t-il, amusé.

Je grogne comme unique réponse. Ce type est pire qu'insupportable. Je comprends pourquoi la copine de Charlie n'arrive pas à passer plus de cinq minutes consécutives avec le rouquin. Bon, je soupçonne une attirance entre eux, mais n'empêche qu'elle ne le supporte pas.

- Tu n'aimes pas Led Zepplin, les Pink Floyd, les Rolling Stones ou encore AC/DC ?

- Bien sûr que si mais j'aimerais ne pas les écouter à fond chaque matin à même pas sept heures !

- Ca me met de bonne humeur pour le reste de la journée et en forme un jour de match !

Je lève les yeux au ciel sachant que je n'aurais pas le dernier mot avec lui. Etant bien réveillé, je me rends dans la cuisine et me sers un café. Pour mon plus grand malheur, Hale m'a suivi.

- Désolé pour la musique... Des recruteurs viennent me voir ce soir alors je décompresse en jouant de la batterie imaginaire...

- Je vois... Quelles équipes sont intéressées par toi ?

- Les Panthers de la Caroline, les Falcons d'Atlanta, les Giants de New-York et les Titans du Tennessee, enfin c'est ce que mon Coach m'a certifié. Un tas d'équipes disent qu'elles sont intéressées par toi mais finissent par faire signer un autre joueur qui aura écrasé les autres pour gagner sa place !

Je ricane.

C'est exactement ce que je pense aussi. Après ma blessure, j'ai appris que Reece Jefferson n'était pas loin de signer avec les Spurs de San Antonio. Pourtant, il avait tout fait pour humilier l'autre meneur en face de lui. Certaines équipes aiment les joueurs qui font le spectacle et pas seulement grâce à leurs prouesses sportives.

- Sur les quatre, tu finiras bien par signer un contrat pro.

- Je suis peut-être un piètre joueur qui ne mérite pas de jouer en ligue nationale ou que je fais partie de ces joueurs universitaires qui ne parviennent jamais à devenir pro !

- Ce n'est pas ce que pense Charlie ! Elle m'a répété que tu jouais bien enfin quand elle acceptait de me parler...

Hale sourit.

- Elle te fait toujours ramer ? s'amuse Hale.

J'hoche la tête en soupirant.

Ces deux dernières semaines, elle a passé son temps à m'envoyer chier ou à faire comme si je n'existais pas pendant les séances de kiné. Elle prend son stage très au sérieux à tel point que plus rien n'a d'importance à côté. Le pire c'est lorsqu'elle me touche. Elle s'occupe de mes massages à chaque séance et c'est un supplice de la laisser me toucher sans pouvoir réellement en profiter. J'aimerais pouvoir la prendre dans mes bras, l'embrasser, la caresser, mais elle ne me laisse pas l'approcher.

- Oui... Je ne sais plus quoi faire, j'avoue désespéré. Je lui offre des fleurs, envoie un tas de photos de Carlie et moi, apporte son café préféré au gymnase, lui prouve que je tiens à elle mais elle refuse toujours de se retrouver seule avec moi, me plaigné-je.

- Il lui en faut plus ou alors c'est une question de peur...

- De me faire confiance ?

- Non. Ecoute, je ne devrais pas t'en parler mais j'ai surpris une conversation entre la lionne et poupée !

Je grimace en l'entendant toujours surnommer ma nana " poupée ". Ca m'agace mais je prends sur moi ayant compris qu'il n'était pas intéressé par elle mais par celle qui appelle " la lionne ".

- Charlie se pose des questions sur l'après Chapel Hill, me confie Hale. Tu vas certainement signer avec une équipe de NBA et elle sait que tu vises la côte Ouest alors qu'elle aimerait rester par ici. Tu la connais, tu sais combien ça tourbillonne dans sa tête lorsqu'un sujet la tracasse, elle pense que vos rêves ne sont pas compatibles...

- Elle pense à notre séparation alors qu'on est même pas encore réconciliés, soupiré-je. Je n'ai même pas été contacté par des équipes de NBA. Mon retour est attendu, je le sais, mais je n'ai eu aucun nom d'équipe concret... Elle ne peut pas avoir peur de ça alors qu'on ne s'est pas retrouvés !

- Mec, tu n'as pas choisi la nana la plus logique au monde, me fait remarquer Hale. Elle est pleine d'insécurités, elle a besoin de certitudes. Je ne pense pas qu'elle soit capable de partir loin de la seule famille qu'elle a vraiment connu...

Et je sais qu'il a entièrement raison !

Charlie a passé toute son existence à chercher sa place, à avoir une vraie famille. Sa tante est le seul parent chez qui elle s'est senti importante. Elle ne partira pas loin d'eux et encore moins de Pauline qu'elle vient à peine de retrouver. Seulement, moi, je n'imagine pas poursuivre mon rêve sans ma princesse à mes côtés. Elle est encore plus importante que le basket pour moi. Je ne serai pas non plus capable de vivre loin d'elle.

Si elle aussi veut vivre avec moi et n'envisage pas son avenir sans moi alors il va falloir que l'on ait une discussion pour nous mettre d'accord. Mais avant tout ça, il est temps que nous formions à nouveau un couple. Elle m'a demandé du temps et je lui ai laissé. Seulement, elle en a eu assez. Je ne supporte plus me réveiller sans elle ou passer une journée sans la toucher. J'ai besoin de l'embrasser vite ou je sens que je vais dépérir.

Après la séance de kiné d'aujourd'hui, elle redevient ma petite-amie !

Dans la matinée, je me rends au gymnase du basket pour aller voir l'équipe s'entraîner. Je n'ai aucun cours ce matin alors autant en profiter. Jusqu'ici, j'ai refusé d'assister à un entraînement pour ne pas voir Sheffield ou Jay mais je ne peux pas rester cacher éternellement. Dans quelques semaines, je serai de retour sur le terrain et il est temps qu'ils s'en rendent compte. Le règne de cet enfoiré de Sheffield est terminé.

C'est moi qui emmènerait l'équipe en finale. Pas lui.

Je suis obligé de reconnaître qu'il fait le job en tant que meneur remplaçant mais ce n'est pas suffisant. Putain qu'est-ce que ça m'énerve de le voir se comporter comme un petit prince après le coup qu'il m'a fait. Il n'en a rien à faire de l'équipe. Sheffield cherche seulement une poule aux oeufs d'or pour vivre correctement. Il veut être riche.

Si je m'écoutais, je descendrais des gradins pour lui coller mon poing dans sa figure de gendre idéal.

Je le déteste.

Le Coach Vince hurle sur tous les joueurs pour la dixième fois en moins de quinze minutes. Il est encore plus sur les nerfs qu'à son habitude. A cette période de l'année, il est toujours envahi par le stress. Le championnat est aussi important pour lui que pour nous. En le gagnant, il fait un pas de plus vers son objectif, à savoir être entraîneur d'une équipe de NBA. Il le mérite. C'est grâce à lui si j'en suis arrivé là aujourd'hui et un jour il aidera mon frère à devenir lui aussi un pro.

Je reconnais que l'équipe s'en sort pas mal sans moi. Ok, il leur manque un vrai meneur mais ils ne sont pas ridicules. Les voir toucher le ballon, shooter, dribbler, me motive encore plus à travailler dur pendant les séances de rééducation pour revenir plus fort et plus vite.

- Tu es venu voir comment l'équipe est mauvaise sans toi ? me taquine une voix que je connais bien.

Je tourne la tête et découvre mon petit frère qui vient s'installer à côté de moi.

- Qu'est-ce que tu fais là, Cam ?

- Ton Coach m'a appelé dans la semaine en me proposant de venir assister à plusieurs entraînements des Tar Heels pour m'acclimater à son coaching, explique-t-il.

- Tu es sûr de toi, ce sera les Tar Heels ?

- Oui ! Il faut bien que je batte tout tes records et montre que je suis le meilleur des Bass au basket !

Je ricane. Cam adore me taquiner sur ce sujet pensant que je vais être dégoûté qu'il puisse me surpasser mais franchement c'est tout ce que je lui souhaite. J'espère seulement qu'il ne connaîtra jamais de blessures comme la mienne ou pire.

- Commence par gagner le championnat, Cam, lui conseillé-je. Ensuite, tu pourras penser à battre tous mes records. A mon avis, ce ne sera pas difficile pour toi. Tu as appris à dribbler avant de savoir marcher, ris-je.

- Je crois qu'on a tous appris à dribbler avant de savoir marcher, même Cass tenait un ballon entre ses mains !

- Elle et Clayton ont vite abandonné se trouvant d'autres passions !

- Ils étaient surtout très mauvais, pouffe Cam. Clayton était vraiment mauvais. Je lui piquais le ballon alors que j'avais cinq ans et lui seize !

Je glousse. Clayton était vraiment mauvais au basket. Petit, il se débrouillait mais en grandissant il est réellement devenu nul comme s'il avait deux mains gauches. A un mètre du panier, il faisait un air Ball ce qui est normalement impossible à moins d'être un enfant de quatre ans.

- Comment se remet ton épaule ? s'enquiert mon frère.

- Elle tient le coup. Mon kiné pense que je serai de retour sur les terrains dans moins de trois semaines et cet après-midi je vais retoucher le ballon pour voir si mon épaule supporte une heure de shoots, de dribbles...

- C'est génial, Cart !

- J'espère seulement que je n'ai rien perdu... Je crois que je ne supporterai pas de ne plus jouer à mon niveau d'avant blessure, avoué-je sans masquer mon inquiétude.

- Ca n'arrivera pas, Carter. Tu vas être plus fort ! Ton Coach compte sur toi pour emmener l'équipe en finale et la gagner. Les recruteurs ont toujours un oeil sur toi ça prouve à quel point ils croient en toi ! Puis tu as intérêt à fouler les terrains de NBA parce que je compte bien t'affronter dans quelques années et te mettre une sacrée raclée !

Je ricane. Ce serait mon rêve d'affronter Cam en pleine finale de play-off, une sorte d'accomplissement de tout ce pour quoi nous avons travaillé lui et moi. Adolescents, on passait des heures à jouer l'un contre l'autre après les cours. Je le gagnais à chaque fois, enfin jusqu'à ses quinze ans. A partir de cet âge, il est devenu beaucoup plus fort et les matchs ont gagné en intensité.

Cam aimerait jouer pour les Warrior de Golden State, il est carrément fan de Stephen Curry. Il est persuadé qu'il fera encore gagner les Warrior à la finale des play-off. Je suis moins certain. Je trouve que les Raptors de Toronto ont de grandes chances d'être champions de NBA cette année. J'ai hâte d'assister à la finale. Dès que les billets sont disponibles, j'en prends un pour mes frères, mon père et moi.

Pendant tout le reste de l'entraînement, nous discutons de techniques de basket ou des derniers matchs que nous avons vu ou joué, enfin en ce qui concerne Cam. Il me parle de ses problèmes avec son abruti de Coach bien que ce dernier fasse un peu moins jouer son nullissime fils. Le principal c'est que mon frère montre à tous quel joueur exceptionnel il est.

A la fin de l'entraînement, je l'invite à boire un café au Starbucks du campus. Ma famille a beau vivre dans la même ville que moi, je les vois de moins en moins. Ma petite soeur n'a plus de temps pour moi puisqu'elle le consacre à son abruti de petit ami, Dean le péteux. Clayton a construit sa propre famille. Mes parents sont occupés avec les soucis que leur cause le garage.

- Papa a trouvé une solution pour le garage ? je demande, inquiet.

- Je ne sais pas... Les parents n'en parlent pas à la maison, ils se cachent dans leur chambre. Des fois, je les surprends chuchoter mais ils se taisent dès que j'arrive. Ca me fait assez flipper parce que j'ai l'impression que la situation empire, qu'ils vont perdre le garage...

- Ne t'inquiète pas, Cam, nous trouverons une solution, le rassuré-je comme je peux. Papa m'a dit qu'il avait un rendez-vous avec la banque dans la semaine prochaine, peut-être que tout s'arrangera grâce à ce rendez-vous.

- J'en suis pas si sûr. Papa est vraiment très inquiet, révèle Cam. Je crois que ses dettes s'élèvent à des dizaines de milliers de dollars...

Je soupire. Je ne pensais pas que les problèmes d'argent de mon père étaient si importants. Comment est-ce qu'ils vont s'en sortir s'ils ne peuvent pas payer ? J'aurais voulu pouvoir les aider mais je n'ai plus d'argent de côté à cause des frais médicaux suite à ma blessure. Peut-être que si la banque leur accorde un délai de quelques mois pour payer leurs dettes, je pourrais leur venir en aide et tout rembourser dans son intégralité.

- J'ai voulu prendre un job pour les aider mais Papa refuse. Il veut que je me concentre sur le basket. Il me prend surtout pour un gamin. J'ai dix-huit ans depuis plus un mois, il pourrait me faire confiance !

- Je ne pense pas que ce soit une question de confiance, Cam, le contredis-je. Papa a honte de ses dettes... Et il a raison sur un point ; tu dois te concentrer sur le basket et tes études pour obtenir une bourse plus que confortable. Crois-moi, les parents t'en sauront reconnaissant, affirmé-je.

- Tu raisonnes comme un daron, Cart, c'est flippant, me taquine-t-il.

- Parle pas de malheurs, ris-je. Les enfants ce n'est pas pour encore. D'abord le basket !

Par pitié, le plus tard possible les gosses !

- C'est ce que tu disais aussi des petites amies, elles passaient après le basket. Puis, tu as rencontré Charlie et je suis certain que tu ne la ferais pas passer après le basket, je me trompe ?

- C'est totalement différent. Et je te rappelle que Charlie et moi sommes séparés !

- Tu parles, souffle Cam, vous le resterez pas longtemps ! T'es complètement fou d'elle. La preuve, un tas de nanas canons te matent toutes les cinq secondes et toi tu ne les remarques pas. Par contre, si ta princesse débarquait dans le café, tu n'aurais d'yeux que pour elle ! C'est pareil de son côté. La semaine dernière, on est allés au cinéma puis boire un verre et Charlie n'a même pas fait attention aux mecs qui la reluquaient comme des chiens affamés...

- Je peux savoir pourquoi tu sors avec ma nana au ciné et dans les bars ? lui reproché-je.

- Range tes Cros, Charlie est mon amie rien de plus !

- Normal que je me méfie puisqu'apparemment tu aimes bien les filles plus vieilles que toi, le titillé-je.

Cam écarquille les yeux en même temps que ses joues surchauffes. C'est bien la première fois que je le vois rougir.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, nie-t-il.

- Ca ne sert à rien de mentir, Cam, Jensen m'a dit pour Pauline et toi, dis-je amusé. Bien joué, petit frère, c'est une jolie nana !

- Jolie nana ? Tu plaisantes ? Elle est carrément canon ! Cette fille c'est une sacrée sauvage, une furie, une tigresse... C'était la nuit la plus mémorable de ma vie. Je voulais recommencer mais elle a refusé. Elle ne couche pas deux fois avec le même mec, renseigne-t-il résigné.

- Je sens que cette Pauline est un sacré cas !

A voir le sourire entendu de Cameron je sais que je dis vrai.

***

Dans l'après-midi, je me rends au gymnase pour ma séance de kiné. J'ai hâte de retrouver ma princesse, déterminé à la reconquérir ce soir. Je sais qu'elle est inquiète de mon choix d'équipe, que ça la freine à retomber dans mes bras mais je veux qu'elle sache que je ne suis plus seul et qu'elle a son mot à dire. Elle est ma moitié, je ne peux prendre aucune décision sans elle, ce n'est juste pas possible. Je veux vivre mes rêves avec elle.

Je sais qu'il s'agit de mon avenir professionnel, que c'est un choix qui m'appartient, mais si je suis seul à l'autre bout du pays ça n'en vaut pas la peine. J'ai toujours cru que je pouvais vivre loin de ma famille mais je ne crois pas que j'en suis capable. L'Université que j'ai choisi est celle de la ville de mes parents alors qu'un tas d'équipes universitaires me voulaient. Je ne peux pas partir loin d'eux avec tout ce qui se passe maintenant.

C'est la merde avec le garage de mon père. Si il est saisi, non seulement ils ne pourront pas payer la maison mais en plus de ça Clayton perdra son travail et vivre sur le seul salaire de Sarah est inenvisageable. Peut-être que je pourrai emprunter de l'argent à une banque en attendant de toucher mon premier salaire de basketteur. Je sais que j'y arriverai. Aucun joueur ne réussira à me blesser assez grièvement pour m'empêcher de jouer chez pro.

Personne.

Pas même cet enfoiré de Charles Walmont Troisième du nom pour faire plier sa fille à ses exigences à la con. Je me demande s'il la laisse enfin tranquille, s'il a compris qu'il ne réussira jamais à la corrompre avec son argent ou ses plans machiavéliques. Il a de la chance que je ne le vois pas en face de moi parce que je serai capable de l'étrangler pour tout le mal qu'il a osé faire à ma princesse. Un jour ou l'autre, il le payera durement.

Je m'en fais la promesse !

Pour en revenir au basket, je vais choisir ma première équipe puis le reste sera déterminé selon mes performances, les contrats qu'on me proposera, que mon agent jugera plus convenable pour moi. Ah oui, il faut que je me trouve un agent sportif. Certains se manifesteront en même temps que les recruteurs. Enfin, je l'espère.

Putain quelle galère !

Arrivé dans le couloir, je tombe sur le Coach Vince qui vient de terminer une conversation téléphonique. Quand il me voit, son visage s'illumine.

- Ma future star, lance-t-il avec un large sourire. J'ai une super bonne nouvelle pour toi !

- Qu'est-ce qui se passe ? je demande, intrigué.

- Garrett Palmer a donné de tes nouvelles aux équipes de NBA qui ont un oeil sur toi, annonce-t-il. Il a dû être optimiste parce que le téléphone n'arrête pas de sonner depuis ce matin. Les recruteurs ont hâte de te revoir sur le terrain et se battent déjà pour te faire la meilleure proposition possible. Les équipes comptent envoyer leurs meilleurs négociateurs pour te convaincre de les rejoindre ! Tu vas avoir l'embarras du choix, mon garçon, s'enthousiaste-t-il.

J'encaisse la nouvelle sans savoir comment réagir. C'est inattendu et au delà de tout ce que j'ai pu espérer. Jamais, en me levant ce matin, je me serai attendu à une telle annonce. Je croyais qu'il faudrait que je patiente jusqu'à ce que je retourne sur les terrains, mais c'est encore mieux que dans mes rêves. Tous ces semaines de galères à désespérer, à croire que tout était fini, s'envolent en un instant.

C'est juste jouissif !

- C'est... génial, ne réalisé-je pas. Quelles équipes sont intéressées ?

- Celtics, Cleveland, Bulls, Hornets, Knicks et j'en passe... Je sais que tu espères les Lakers ou les Warriors de Golden State mais les propositions ne sont pas finies. La draft finale est en Juin et je suis certain que je viendrai te voir jouer en NBA.

- J'espère... Pour être honnête, je ne pensais pas que j'intéresserais autant d'équipes. Les joueurs blessés à l'Université sont mal vus, considérés comme fragiles alors qu'ils se battent pour moi c'est un miracle !

- Ton kiné les a certainement bien rassurés puis ta blessure aurait pu être bien pire s'il avait fallu t'opérer...

C'est pas faux !

J'ai été chanceux. Mon père n'a jamais pu se remettre de sa blessure au genou même après son opération et sa rééducation alors oui j'ai eu de la chance. Mon épaule sera un peu plus sensible que les autres mais elle ne m'empêchera pas de jouer au top niveau.

- Savoure la nouvelle Carter, tu mérites ce qui t'arrive.

- Merci, Coach.

- Reviens nous vite que je remette Sheffield sur le banc ! Son arrogance me file de l'eczéma, se plaint-il en ricanant.

Je pouffe.

- Je vous promets de revenir vite, Coach.

- Y'a intérêt, gamin.

En allant dans la salle de consultation de Palmer, je me sens beaucoup plus détendu. Je suis impatient de partager cette nouvelle avec Charlie. Les équipes qui me veulent ne se trouvent pas loin de Chapel, pour la plupart, alors on ne sera pas obligés d'être séparés. Elle a déjà vécu à New-York, peut-être qu'elle accepterait d'y vivre avec moi.

Bon sang, il le faut !

J'arrive dans le bureau de Garrett où je le découvre en train de rédiger des dossiers. Charlie n'est pas encore là. Ca ne lui ressemble pas. D'habitude, elle est à l'heure ou même dix minutes en avance pour discuter avec Garrett. Ca me rend malade qu'ils soient aussi proches. Ils partagent la même passion pour la kinésithérapie alors forcément ça rapproche. Il la comprend alors que moi je ne peux qu'admirer ce qu'elle fait.

- Tu es pile à l'heure, Carter, y'a du progrès ! me félicite-t-il.

- Je suis motivé ! Charl... enfin Mlle Walmont n'est pas encore là ? je demande innocemment.

Garrett se tourne vers moi, un rictus amusé sur les lèvres. Je me suis certainement grillé comme un amateur.

- Mlle Walmont est malheureusement absente aujourd'hui, elle a attrapé un virus qui l'a cloue au lit pour quelque jours... Tu vas devoir te contenter de mon visage et non du sien bien que l'un des deux est plus agréable que l'autre, me titille-t-il.

- Elle n'est pas là, tu n'es pas obligé de jouer les séducteurs à deux balles, je balance sur les nerfs.

Ok, c'est mon kiné et on a créé une sorte de lien de confiance, mais je ne supporte pas qu'il se permette de dire des choses comme ça sur Charlie.

- Je te demande pardon ?

- Charlie n'est pas libre alors il faudrait peut-être que tu arrêtes de flirter avec elle à chaque séance, m'agacé-je.

Garrett ricane.

- Je me demandais quand tu allais enfin marquer ton territoire, s'amuse Garrett. J'aurais parié pour un peu plus tôt mais tu as tenu plus longtemps !

- Je... Quoi ?

- Carter, je sais depuis le début ce qui se passe entre Charlie et toi, la nature de votre relation. Vous n'êtes pas vraiment discrets tous les deux.

Alors là, je suis sur le cul.

Je pensais que Garrett était un enfoiré qui voulait mettre Charlie dans son lit mais il s'est simplement amusé à me torturer en flirtant avec elle. Il ne nie pas la trouver incroyable seulement il semble avoir compris qu'elle n'était pas chasse gardée. J'espère pour lui car je n'hésiterais pas à lui coller mon poing dans sa gueule d'ange.

La séance de kiné est ennuyante sans Charlie. Bon, je suis heureux de voir que mon épaule tient après une session de shoots et de dribbles, mais c'est différent quand elle n'est pas là pour voir les progrès que je fais.

Il faut que je la vois. Je ne peux pas rester une seule soirée de plus sans elle. Ma princesse est malade, c'est peut-être le moment pour moi de lui montrer que je suis là pour elle dans n'importe quel moment.

Comment je m'y prends ?

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