4. Carter
Quelle journée de merde !
Déjà, j'ai reçu la visite de ma mère à huit heures du matin. Elle m'a fait une sacrée leçon de morale après avoir appris mes derniers déboires en soirée. Selon elle, je ne suis qu'un abruti qui fout ma vie en l'air. Elle ne me ménage pas et ce depuis qu'elle a su ce que j'avais osé faire à Charlie. Elle ne comprend pas comment j'ai pu me jouer d'elle pour une histoire de vengeance. A vrai dire, je ne comprends pas toujours pas.
J'ai dû expliquer à ma mère toute l'histoire de A à Z pour qu'elle réussisse à me pardonner. En vain. Je mérite ce qui m'arrive pour avoir joué avec les sentiments d'une femme. J'ai eu beau lui déclamer la teneur de mes sentiments pour Charlie, elle m'en veut encore. Je crois qu'elle ne me pardonnera pas avant d'avoir récupérer ma princesse. Ma propre mère me tourne le dos parce qu'elle a eu honte de mon comportement. Je ne pouvais pas me sentir plus mal.
Toute ma famille est contre moi. Toute sauf ma petite soeur qui est inquiète pour moi. Cassie m'envoie une dizaine de messages tous les jours. Elle me supplie de tout faire pour guérir et surtout de revenir à la maison convaincue que mon morale ira mieux. Je ne suis pas vraiment retourné chez moi depuis ma blessure. Mon père est déçu que je refuse de me soigner, que je renonce aussi facilement. J'ai honte de moi. Au moins, j'ai arrêté de boire.
Ma mère m'a fait faire un ménage de printemps trois mois à l'avance. Elle ne m'a pas ménagé et ma blessure ne l'a pas arrêté. A chaque fois qu'elle a trouvé un vêtement sale dans ma chambre ou ailleurs, elle m'a rappelé qu'elle n'a pas élevé un porc alcoolique et qui ne sait plus où se trouve le chemin de la salle de bains. Elle n'est clairement pas tendre avec moi mais je suppose qu'elle fait ça pour mon bien, pour me bouger.
Le pire dans cette journée n'est pas les remontrances de ma mère ou du ménage forcé mais l'emménagement de cet abruti de Hale dans notre appartement. Nash a eu la brillante idée de donner la troisième chambre à Hale. De tous les mecs du campus qui cherchaient un endroit où vivre en dehors des résidences universitaires, il a fallu qu'il choisisse celui que je supporte le moins. En oubliant Sheffield bien sûr. Je n'ai aucune envie de vivre sous le même toit que ce faux-jeton de footballeur.
Je reste convaincu qu'il veut se taper Charlie !
Il prétend toujours qu'elle n'est que sa meilleure amie, sa poupée, mais je ne suis pas dupe. Pourquoi est ce qu'il m'aiderait autant si ce n'est pas pour impressionner Charlie ? Leur histoire d'amitié me parait fausse, je ne peux m'empêcher de les imaginer ensemble. Au début, il l'a dragué en plein milieu d'un réfectoire en l'invitant à une stupide fête de footballeur. Ne me faîtes pas croire qu'il n'attend rien d'autre que de l'amitié !
- Cart, viens nous aider, réclame Nash les bras chargés de deux cartons.
- Désolé, j'ai une épaule cassée, rétorqué-je en forçant un sourire.
- Tu as promis de faire un effort, Carter, souffle Nash en déposant les cartons à ses pieds. Les raisons qui te poussent à haïr Ryan sont stupides et tu le sais...
- Je ne vois pas de quoi tu parles !
- Tu es d'une sacrée mauvaise foi ! Ryan est un gars cool, sans prise de tête et tu sais qu'on a besoin d'une troisième personne pour payer le loyer.
- Tu aurais pu choisir un autre mec, genre Jay ou...
- Jay t'a tourné le dos dès la seconde où tu as été percuté par ce type de Duke, me rappelle-t-il.
Je le fusille du regard ne supportant pas qu'il ait raison. Jay a disparu de ma vie en un instant. Déjà lorsque j'ai commencé à sortir avec Charlie, il s'était éloigné, mais ma blessure a fait de moi une persona none grata. J'aurais fini par tuer Jay s'il avait emménagé avec nous.
- Tu aurais quand même pu choisir quelqu'un d'autre, grommelé-je.
- C'est vrai que Ryan est sale choix. Ce mec n'a pas le coeur sur la main, il ne t'a pas aidé une dizaine de fois, ramené à l'appart dans un état pitoyable, plaidé ta cause auprès de ta précieuse Charlie et insisté auprès du staff technique des Tar Heels pour ne pas t'abandonner, ironise Nash. Il ne te doit rien et pourtant il te rend service alors arrête de faire ta tête de con, balance-t-il agacé.
- Il fait tout ça pour se taper ma nana, raillé-je.
Nash lève les yeux au ciel et soupire.
- Il ne veut pas se taper Charlie et je te rappelle qu'elle n'est plus ta nana !
Encore une fois, je le foudroie du regard. Nash n'est jamais cinglant mais aujourd'hui il a décidé de me malmener.
- Je vais travailler mes cours, annoncé-je, vexé.
Je n'écoute pas les excuses de Nash et vais m'enfermer dans ma chambre. Qu'il reste avec son nouveau pote, je suis beaucoup mieux tout seul. Je ne sais pas comment je vais faire pour supporter la présence du géant roux mais je sens que ça ne va pas être de tout repos.
Je fais mon possible pour me plonger dans mes cours. En vain. Je n'arrive pas à me concentrer. Mes pensées dérivent vers ma princesse. Je me demande si elle est revenue à Chapel Hill, si elle a repris les cours, si elle est toujours aussi furieuse après moi, si elle m'aime toujours.
Je n'ai aucune idée de comment m'y prendre pour la reconquérir, lui prouver que je suis fou d'elle et que je ne me joue pas d'elle. J'aimerais lui faire comprendre que je ne respire pas bien sans elle, que mon coeur ne bat pas correctement si elle n'est pas à mes côtés, que je n'ai plus de raisons de me lever si elle refuse toujours de me voir ou même de me parler. Je crève un peu plus chaque jour sans sa présence.
Elle me manque affreusement.
Dans la soirée, je reçois un énième message de ma petite soeur.
Cass : [ J'ai entendu Cam parler au téléphone. Il part à une fête de footballeurs et apparemment ta copine sera présente alors bouge-toi grand frère ;) ]
Je me relève si brusquement du lit que je faillis m'éclater la tête contre ma commode. Je dois relire le message plusieurs fois pour réaliser ce que ma soeur me dit.
Elle est déjà revenue. Charlie est à Chapel. J'en reviens pas. Mon coeur se serre, s'enveloppe d'une chaleur que je ne pensais plus ressentir et se met à battre plus fort. Je ne perds pas une seconde et file sous la douche. Je vais même jusqu'à me raser pour ressembler à quelque chose. C'est dingue, je ne me reconnais plus. En un mois, j'ai changé, beaucoup plus que je ne l'aurais cru. J'ai maigri, perdu du muscle et putain c'est quoi ces cernes sous mes yeux ?!
Je me suis laissé aller.
Une demi heure plus tard, je sors de la salle de bains et tombe sur cet abruti de Hale en short et torse nu. A peine une heure qu'il est là et il se considère déjà chez lui. Il est insupportable.
Bon sang, c'est quoi ce torse rempli de poils aubruns ?!
Sérieux, les femmes aiment ce genre de mec ? Il n'a rien pour plaire ce type et son sourire en coin me tape sur les nerfs.
- Tu t'améliores, Bass, tu as pris une douche aujourd'hui, se moque Hale.
- Va te faire foutre, Hale.
- Toujours aussi aimable à ce que je vois ! Je suppose que tu as appris qu'elle était revenue et que c'est pour cette raison que tu ne ressembles plus à un grizzli en colère, me titille-t-il.
Je grogne, grommelle une insulte et pars de nouveau me réfugier dans ma chambre sous les éclats de rire de cet abruti de footballeur. Avec la chance que j'ai il sera lui aussi à cette stupide fête. Heureusement, je pourrai compter sur Jensen. Ce n'est pas un traitre lui. Pas comme mon petit frère. Je me doutais bien qu'il avait gardé le contact avec Charlie mais au point de la rejoindre à une soirée, c'est étrange, non ?
Mon esprit malade me fait imaginer un tas de scénarios improbables. Cam embrassant Charlie. Cam caressant Charlie. Cam la faisant gémir. Je secoue la tête pour chasser ces pensées de ma tête. Quatre putains de semaines que j'imagine tout et n'importe quoi. Si Charlie m'aime ou m'a vraiment aimé elle n'irait pas se consoler dans les bras du premier venu. Si j'en suis incapable, je suppose qu'elle aussi.
***
J'arrive dans la maison des footballeurs déjà remplis de monde. C'est dingue, les gens n'ont vraiment rien d'autres à faire que de traîner dans les soirées des fraternités ou sororités en plein jour de la semaine. Quel hypocrite je fais ! Pendant des années, je n'ai fait que ça aussi. Si je n'avais pas eu le basket, je me serais pris un tas de cuite, mon foie n'aurait pas survécu.
Je croise les mêmes personnes qui me regardent toujours avec cet air de peine sur le visage. Ils ont pitié de moi et je ne le supporte pas. Lorsque je brandirai la coupe en fin d'année, ce seront ces mêmes personnes qui me féliciteront en me disant qu'ils ont toujours cru en moi. De sacrés hypocrites qui se réjouissent de mon malheur derrière mon dos. J'ai perdu un tas d'amis en quelques semaines, enfin ce n'étaient pas vraiment des amis, je me sens tellement seul.
Certains me saluent, me sourient, me font un signe de tête, ou m'ignorent divinement bien comme la moitié de mon équipe de basket. Sans comprendre pour quelle raison, ils me rendent responsable de ma blessure, comme si j'avais demandé à ce joueur de Duke de me briser l'épaule. Je sais que les deux matchs qu'ils ont fait sans moi ont été compliqués à gagner mais je n'y suis pour rien. Je crève de ne pouvoir fouler les terrains de basket pendant encore des semaines.
Et si je ne parvenais pas à revenir avant la fin de l'année ?
Et si mon rêve était mort ?
- Mec, tu es venu, c'est cool ! lance une voix que je connais bien.
Je souris à Jensen. Ce mec est certainement l'un des hommes les plus grands que je connaisse. C'est un monstre. Plus de deux mètres et cent dix kilos de muscles. Ses bras sont recouverts d'encres noire et bleue et je sais que son côté mauvais garçon plaît énormément aux femmes. A chaque fois que je suis sorti avec lui dans des bars, il s'est fait accoster par une quinzaine de filles canons. Mais, Jensen n'est pas ce genre de mec. Il est avec la même nana depuis des années et ne la laissera jamais tomber.
Je suis reconnaissant de l'avoir comme ami, au moins il ne m'a pas abandonné lui. Il m'a envoyé des messages tous les deux jours pour prendre de mes nouvelles. Je l'ai renvoyé chier à chaque fois mais il ne m'en a pas tenu rigueur. Lui a connu une sombre période en deuxième année, une blessure au genou a failli lui faire renoncer au football.
- Sans un verre à la main, tu fais des progrès, ajoute-t-il en ricanant.
- Mon foie ne supporte plus une goutte d'alcool et il faut bien que je me reprenne en mains si je veux foutre une raclée à Duke en phase finale !
- Je suis heureux de voir que tu as retrouvé ta détermination. L'équipe de basket est différente sans toi. Sheffield a beau s'en sortir, il ne fait pas de merveilles. Il n'est pas assez bon meneur pour emmener l'équipe en finale. Toi, si.
- Je ne suis pas sûr qu'ils se réjouiront de mon retour...
- Rien à foutre de leur avis. Sans toi, ils ne soulèveront jamais cette putain de coupe ! Ils t'en veulent parce qu'ils voient leurs rêves leur échapper mais au fond ils attendent ton retour avec impatience. Alors, tu vas continuer à te reprendre en mains et faire ce que tu fais le mieux; jouer au basket !
Je souris. C'est lui qui aurait dû emménager à l'appart et pas cet abruti de Hale. Il n'est pas encore là. Ni Cam. Ni Charlie. Je suis venue pour elle mais qu'est ce que je vais bien pouvoir lui dire ? Je lui ai avoué l'aimer mais elle ne m'a pas cru alors je ne vois pas ce qui changera aujourd'hui surtout qu'elle me déteste.
- Quand est-ce que tu commences la rééducation ? me demande Jensen.
- La semaine prochaine. Le Staff a fait appel au meilleur kiné de l'Etat spécialement engagé pour me remettre d'aplomb en six semaines ! Ils le gardent même jusqu'à la fin de l'année pour éviter les problèmes...
- Le même kiné qu'ils ont engagé pour moi ?
- Oui, Garrett Palmer.
- Ton épaule sera entre de bonnes mains, il a fait des miracles avec mon genou, m'assure-t-il, confiant.
Je prie silencieusement pour qu'il dise vrai. Je ne crois pas que je pourrai m'en remettre s'il m'annonçait l'impossibilité de soigner mon épaule. Ma vie est assez merdique pour que je perde définitivement le basket.
Dès que j'ai appris le nom de mon kiné, j'ai surfé sur internet toute une nuit pour en apprendre un maximum sur lui. Garrett Palmer est une légende dans son métier à seulement trente et un ans. Surdoué, il a eu son diplôme avec deux ans d'avance et s'est fait un nom en soignant plusieurs sportifs du pays dont une immense star de baseball à qui on avait dit qu'il ne pourrait plus jamais jouer. Beau gosse et doué de ses mains, Garrett Palmer doit faire un malheur auprès de ses patientes.
- Tu veux un verre ? m'interroge Jensen en se dirigeant vers la table rempli de toutes les boissons possibles et inimaginables.
- Juste un soda, réponds-je.
Il vaut mieux que je sois raisonnable ce soir. Je ne tiens pas à ce que Charlie me voit dans un état pathétique. Je fais de mon mieux pour me mêler aux conversations des étudiants, de retrouver ma place au sein de mes amis. Jensen m'aide en s'assurant que je ne cède pas aux appels de l'alcool fait par Milton Sharpp.
Ce n'est pas l'envie qui m'en manque. Les minutes passent et toujours pas de traces de Charlie. Un shoot de vodka ne serait pas de refus pour me donner du courage. Si je m'écoutais, je me jetterais sur elle pour m'emparer de ses lèvres et lui prouver combien je suis fous d'elle. Les mots ne seront pas suffisants avec ma princesse, il lui faut des preuves.
Alors que je suis en pleine conversation avec Jensen sur le meilleur joueur de football au monde, je vois mon frère arriver accompagné d'une fille que je n'ai jamais vu aux cheveux noirs et coupés en carré avec une frange épaisse qui cache ses yeux que je soupçonne clairs. Elle est canon, plutôt bien faîte. Mon frère a bon goût. Quoique, je ne pense pas que ce soit sa copine, elle est plus vieille que lui.
Je cherche du regard ma princesse mais ne la vois pas. Persuadé que mon frère sait où elle est, je fonce sur lui.
- Qu'est-ce que tu fous là, Cam ? je demande sèchement.
- Tout doux, Carter, je suis seulement venu m'amuser... Jensen m'a invité, explique-t-il mal à l'aise.
Je souffle agacé que mes potes copinent avec mon petit frère. Ce dernier a tellement hâte de rejoindre une université qu'il fait de moins en moins attention à ses études. Il sait qu'il intègrera les Tar Heels et qu'il aura une bourse alors le reste il s'en fout. Cet abruti n'a pas compris que sans de supers notes il ne sera pas accepté à l'Université de Caroline du Nord.
- Alors c'est toi, Carter ? ricane la jolie brune en me regardant de la tête aux pieds. Evidemment que c'est toi, tu es tout à fait son style ! Insolemment beau, sportif et un petit air arrogant plaqué sur le visage, détaille la brune.
Elle se tourne vers mon frère et ajoute :
- Vous vous ressemblez quoique tu as l'air plus doux que ton frère. Enfin, il te viendrait pas à l'idée de te servir d'une fille pour te venger d'un crétin sans importance, lance-t-elle acerbe.
Putain mais c'est qui cette fille ?!
D'où elle se permet de me juger sans me connaître ?
Je regarde mon frère en fronçant les sourcils. J'aimerais qu'il m'explique pourquoi sa copine est aussi piquante avec moi mais il se contente de rire et de se foutre de moi. La brune ne vient pas d'ici. Elle a un accent extrêmement perceptible. Je suis certain qu'elle est française, ce qui veut dire que c'est une amie de ma princesse.
- Pauline Valenti, se présente-t-elle, l'amie d'enfance de ta princesse et accessoirement ta pire ennemie !
Eh ben au moins, elle est cash !
Je ne peux m'empêcher de ricaner. Je comprends pourquoi elle est amie avec Charlie, elle a l'air aussi loufoque qu'elle. Bon sang si toutes les françaises sont aussi folles que ces deux là, je plains les français !
- Je vois...
- Non, tu ne vois pas, Carter Bass, réplique-t-elle vivement. Tu as brisé le coeur de mon amie avec ton petit plan minable de vengeance pour une fille que tu n'aimes plus depuis quoi deux ans et demi ? D'accord ce Gabriel Sheffield est un enfoiré de première catégorie mais tu n'avais pas le droit de te servir de Charlie. Tu aurais dû lui dire dès que c'est devenu sérieux entre vous, elle t'en aurait voulu quelques jours mais elle t'aurait pardonner... Là, tu as brisé sa confiance alors t'es mal barré. Bref, à cause de toi, j'ai retrouvé mon amie dans un état déplorable et rien que pour ça je devrais te castrer !
Cam pouffe de rire en me voyant muet devant ce petit bout de femme qui m'engueule comme si j'étais son gosse.
- Cependant, cette jolie cruche est encore amoureuse de toi et elle me tuerait si je te faisais du mal alors rassure-toi tes petits testicules ne sont pas menacés... Pour l'instant... Je m'en voudrais de priver le monde de vos progénitures. Sérieux, vous allez faire de sacrés bébés canons !
- Je ne comprends pas... Tu es de son côté ou du mien ?
- De Charlie, évidemment, souffle-t-elle exagérément. Mais je connais Charlie et même si elle ne le reconnaît pas, je sais qu'elle t'aime encore... Ecoute, je ne cautionne pas ce que tu lui as fait mais le début de votre histoire est vraiment atypique, elle aussi s'est servi de toi pour rendre jaloux Sheffield mais elle est tellement de mauvaise foi qu'elle ne l'admets pas...
- Je le savais surtout puisque c'est moi qui lui ai proposé, la défends-je.
- Putain vous êtes vraiment aussi tarés l'un que l'autre, balance-t-elle.
Je souris. Je ne connais pas bien cette Pauline mais je sens que je vais bien l'apprécier. Amicalement. Elle est mignonne mais elle n'arrive pas à la cheville de ma princesse. La petite brune ne provoque rien en moi, aucun fourmillement, aucune excitation, aucun désir, aucun sentiment.
C'est à ce moment là qu'elle entre.
Ma princesse.
Mon coeur s'arrête immédiatement. Je retiens mon souffle face à la vision enchanteresse que j'ai devant moi. Elle est magnifique. Encore plus que dans mon souvenir. Charlie porte un jean foncé qui lui moule ses jambes de rêves, un pull en laine beige sous un manteau d'hiver gris foncé, et des bottines camel à talons. Ses cheveux aubruns ondulent sur ses épaules et ses lèvres sont peintes de rouge à lèvres coquelicot.
Elle est tellement belle que mon coeur se fait douloureux dans ma poitrine.
J'ai l'impression que cela fait une éternité que je ne l'ai pas vu, qu'un continent nous sépare encore. Elle ne me voit pas trop occupé à sourire à cet enfoiré de Hale. Il emménage chez moi en pleine journée et se permet d'aller en rencard avec ma nana le soir.
Je hais ce type.
Hale l'emmène dans une autre pièce en ayant vu que j'étais là. Ok, super, j'ai compris le message. Je n'ai pas le droit de l'approcher.
- Ils ne sont pas ensemble, me renseigne Pauline.
J'hausse un sourcil sans comprendre où elle veut en venir.
- Le rouquin et ta princesse, précise-t-elle, ils ne sont pas ensemble. Selon moi, il aimerait bien mais Charlie le considère vraiment comme un ami, ce que je ne comprends pas puisque c'est un sacré emmerdeur, un porc et un putain de narcissique insupportable !
Je crois que la petite brune n'est pas insensible à Hale bien qu'elle prétende le contraire. Ce qui me fait chier c'est qu'elle semble penser que ce foutu rouquin veut se taper ma princesse, et ça je ne peux pas l'accepter.
- Il n'y a vraiment aucune chance pour qu'elle me pardonne ? je demande sans cacher mon putain de désespoir.
Pauline esquisse un sourire.
- Bien sûr que si ! Laisse-lui du temps et évite de mettre ta langue dans n'importe quelle bouche de pétasse superficielle et tout devrait s'arranger, me conseille-t-elle. Charlie a eu l'impression d'être un jouet, que tu l'as utilisé comme son père l'a fait une centaine de fois, il lui faut du temps pour digérer...
- Je n'ai jamais voulu lui faire de mal...
- Elle non plus. Elle ne m'a rien dit mais je pense qu'elle se rend responsable pour ça, dit-elle en désignant mon épaule blessée.
Je comprends. Elle culpabilise. J'ai fini par apprendre que son père était derrière tout ça, qu'il avait demandé à Sheffield de payer un type de Duke pour me blesser, tout ça parce-que je sortais avec sa fille et me faire payer d'avoir refusé son argent maudit. Charlie se trompe. Elle n'y est pour rien si son père est un abruti assoiffé de fric et qui croit que tout le monde doit lui obéir. Ce type est une ordure de première catégorie mais je ne laisserai pas gagner.
Pauline finit par nous laisser quoique mon frère la suit de très près. Je crois qu'il a craqué pour la petite brune et qu'il compte se l'envoyer ce soir. Une femme plus âgée c'est le rêve de tout gamin de dix-huit ans. Pauvre française si elle tombe dans les bras d'un Bass. Je ne crois pas que nous sommes fréquentables tout compte fait.
Attiré comme un aimant, je me rends dans le second salon de la maison des footballeurs et observe Charlie en retrait. Je ne sais pas si elle sait que je suis là mais la voir sourire me fait du bien. Je pensais ne jamais la revoir sourire un jour même si je n'en suis pas à l'origine. Le mérite en revient à Hale qui lui chuchote je ne sais quoi à l'oreille. Je suis sûr qu'il le fait exprès pour me faire chier. Personne ne veut me croire mais ce type est un putain d'hypocrite.
Je ne peux cesser de regarder Charlie. C'est plus fort que moi, mes yeux ne se détachent pas d'elle, ils en ont été privés trop longtemps. Je me rends compte que ses traits de visage ont l'air fatigués et que son sourire n'est pas aussi éclatant que je ne l'aurais cru. Elle n'est pas heureuse et je m'en veux encore plus de la rendre aussi triste. Peut-être que je ferais mieux de ne pas l'approcher, de la laisser se reconstruire sans moi.
Arrête tes conneries, mec, tu ne peux pas vivre sans elle et visiblement elle non plus alors bouge-toi !
Je suis sur le point d'approcher lorsque je vois Hale poser la main dans le bas du dos de ma princesse. Je vais exploser la tête de cet enfoiré. Comme s'il savait que j'étais là depuis le début, il tourne la tête vers moi et esquisse un sourire. Puis, il reporte son attention sur elle et dépose ses lèvres sur les siennes. Mon sang ne fait qu'un tour. Je fonce sur lui, le poing levé et lui administre une droite si forte qu'il perd l'équilibre et tombe à terre.
Des gens crient de stupeur, d'autres encouragent une bagarre. Je m'attends à ce que Hale réplique mais il se met à rire tandis que ma princesse me fixe avec des yeux aussi ronds que des soucoupes. Je vois un tas d'émotions passer sur son beau visage. Elle est tellement belle. Je ne distingue pas que de la haine dans ses yeux, elle est surprise, en colère mais heureuse. Je lui ai manqué c'est indéniable et rien que pour ça je sais que je ne vais pas abandonner aussi vite.
- Je te l'avais dit, poupée, il est toujours aussi fou de toi, ricane Hale en se massant la joue, là où je l'ai frappé. Personne ne touche à sa princesse !
Hale se relève toujours aussi amusé par son coup.
- Tu m'as embrassé de force pour le faire réagir ? s'indigne Charlie en lançant un regard noir à Hale.
- Tu refusais de me croire, il fallait bien que je te le prouve, répond-t-il en soulevant les épaules.
- Ne refais plus jamais ça, s'énerve-t-elle. J'ai cru embrasser mon frère et putain je ne suis pas un foutu jouet ! Vous êtes tous complètement tarés, de vrais débiles nourris à la testostérones ! Toi, dit-elle en se tournant vers Hale, tu gardes ta langue dans ta bouche ou je te jure de m'en faire un collier ou de le donner en nourriture aux chiens. Quant à toi, continue-t-elle en me pointant du doigt, tu es encore plus stupide que je ne l'aurais cru. Frapper quelqu'un alors que ton épaule n'est pas guérie, non mais sérieux à quoi est-ce que tu penses ? Tu n'as plus aucun droit sur moi alors remballe ta putain de jalousie et laisse moi tranquille !
- Princesse, je...
- Je t'interdis de me surnommer comme ça ! Je t'interdis de m'approcher, de me parler ou même de penser à moi. C'est fini.
- Jamais ça ne sera finie...
- Ca l'est déjà.
Elle me fixe quelques secondes les yeux remplis de regrets. Je lui manque c'est évident mais le mal que je lui ai fait l'empêche de me faire confiance. Charlie finit par quitter le salon en marmonnant des mots en français.
Elle vient de me passer un sacré savon et prétend que tout est fini entre nous mais je ne peux réprimer le sourire lumineux que j'ai sur les lèvres. Ma princesse s'inquiète pour mon épaule. Elle tient toujours à moi et ça suffit à me faire garder espoir.
Charlie a tort. Tout n'est pas fini entre nous. Bien au contraire. Elle ne me facilitera pas la tâche, c'est certain, mais je suis prêt à m'accrocher.
Parce qu'elle en vaut la peine !
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