3. Charlie

- Alors, comment tu trouves l'appart ? je demande attendant patiemment son avis.

Pauline revient dans le salon et scrute chaque partie de la pièce dans les moindres détails, des étoiles plein les yeux. Poppy a mis sa touche dans la décoration mais le principal a été en partie choisi par moi. Je crois qu'elle a même emporté les trois quarts de ses affaires en partant. J'arrive toujours pas à croire que je ne vais plus vivre avec elle. Sans Poppy, je ne pense pas que j'aurais réussi à m'intégrer dans cette Fac. C'est elle qui m'a convaincu de rejoindre une sororité, qui m'a emmené à des fêtes universitaires. Je serais restée enfermée dans ma chambre si je ne l'avais pas rencontrée.

J'espère qu'elle finira par revenir et surtout qu'elle va bien !

L'appartement est vraiment grand, surtout pour deux étudiantes, 70m², un immense salon ouvert sur la cuisine neuve et équipée, deux chambres de 12m² chacune et une salle de bains avec douche et baignoire. En France, dans une grande ville, un appartement de cette envergure possède un loyer ultra cher, entre 900 et 1200 euros par mois. C'est monstrueusement cher.

En trouvant cet appart sur les annonces immobilières, Poppy et moi n'y croyions pas, encore moins lorsque le proprio a accepté notre dossier. C'était un véritable miracle. Le décorer a été une véritable partie de plaisir. J'ai passé des après midis entières dans les magasins de déco pour le rendre parfait, ou du moins à mon goût. Ma génitrice adorerait savoir que nous partageons cette passion, quoiqu'elles n'en aurait rien à faire puisque tout ce qui me concerne ne l'intéresse pas.

J'aime particulièrement les deux murs du salon peint en bleu canard, le canapé d'angle gris foncé et les coussins jaune moutarde sans oublier mon meuble de télé en bois de chêne. Je ne quitterai jamais cet appartement, il est le seul endroit où je me suis enfin sentie chez moi.

- Tu ne m'écoutes pas, Charlie, se moque Pauline.

- Désolée, j'étais perdue dans mes pensées... Ca te plaît ?

- Bien sûr que ça me plaît ! Cet appart est génial, ma chambre est immense et j'ai déjà remarqué des mecs mignons dans la résidence. Je sens que je vais adorer vivre ici, s'enthousiaste t-elle.

- Si tu veux on pourra changer la peinture des murs de ta chambre, acheter des draps, un nouveau lustre, lui proposé-je...

- Non, merci. La peinture pourpre me va très bien comme le reste ! Je n'ai pas envie de passer des heures dans des magasins barbants hésitant entre deux nuances de bleus qui sont les mêmes mais qui n'ont pas le même nom, raille t-elle hilare.

Je lève les yeux au ciel un rictus aux lèvres. Pauline se moque de tout. Elle a juste envie de s'amuser et ne pas perdre du temps inutilement.

Soudain, je percute ce qu'elle a dit quelques instants plus tôt.

Bon sang, je suis longue à la détente !

- Quels mecs mignons ? j'interroge. Je n'ai jamais vu des mecs dans la résidence mise à part des hommes mariés ou divorcés mais déjà la quarantaine entamée...

J'ai beau me creuser les méninges, je ne vois pas de qui elle parle. Je l'aurais vu si deux beaux gosses vivaient pas loin de chez moi.

- Tu étais sûrement aveuglée par ton amour pour Gabriel puis pour Carter, me taquine t-elle.

A l'évocation du prénom de Carter je me tends. Hier, dans la journée, j'ai reçu un mail de cette harpie d'Hannah Rozen. Enfin, quand je parle de mail, je parle plutôt d'une photo d'elle embrassant Carter à pleine bouche. Pas de longues phrases de la part de la rouquine, juste quatre mots " He Forget You, Bitch ". Je passe la traduction, la photo parle d'elle-même. Cet enfoiré prend du bon temps pendant que je me morfonds jour et nuit parce qu'il s'est joué de moi.

Ryan m'a envoyé un message trois jours plus tôt pour me dire qu'il avait ramassé Carter dans un sale état. Il m'a assuré que je lui manquais et qu'il déprimait depuis notre rupture. Cette photo me prouve clairement le contraire. Il a repris sa petite vie de célibataire en s'envoyant toutes les pétasses de l'université à commencer par leur reine, cette pimbêche d'Hannah Rozen. Elle doit jubiler d'avoir réussi à lui remettre le grappin dessus.

Je les déteste tellement !

- Ils vivent au rez de chaussé, un blond et un brun vraiment canons. A l'occasion, on devrait les inviter à boire un verre pour fêter mon emménagement. Ou alors, je n'ai qu'à enfiler une petite tenue et leur demander du lait parce que gourdes comme on est on a oublié d'en acheter, s'emballe t-elle imaginant tous les scénarios possibles.

- Tu es à peine arrivée à Chapel Hill que tu prévois déjà de sauter sur deux mecs qui n'ont aucune idée de la tempête qui va s'abattre sur eux et qui porte le doux nom de Pauline Valenti ! Je devrais les prévenir ou appeler les services météorologiques qu'ils diffusent une alerte à la tornade aux infos du soir, pouffé-je.

- Tu ferais bien oui, approuve t-elle, les petits péteux d'étudiants américains ne sont pas prêts à me voir chambouler leur existence ! Une française c'est difficilement supportable mais deux c'est le chaos assuré. Crois moi, je compte bien déclencher l'apocalypse surtout auprès de ton basketteur chéri !

- Il n'est pas mon basketteur chéri, rectifié-je amèrement.

- Mais bien sûr ! Tu es d'une humeur de dog depuis que cette pétasse t'a envoyé cette photo d'échange de salive, a-t-elle remarqué. Si tu ne l'as pas vu, il n'est pas heureux de l'embrasser, je crois même que la rousse l'a forcé !

- Carter était un enfoiré avec les filles avant moi alors je ne pense pas qu'elle l'ait forcé à faire quoique ce soit, n'en démords je pas.

- Tu viens de le dire, ricane t-elle, c'était avant toi !

Elle me fait un clin d'oeil et prend ses valises direction sa toute nouvelle chambre. Je prends conscience que nous allons enfin vivre ensemble. Au lycée, en seconde, on rêvait de partager un studio une fois que l'on serait adultes. Si je n'avais pas été envoyée aux Etats-Unis, je suis certaine que c'est ce que nous aurions fait. Bref, le principal c'est qu'elle soit là aujourd'hui même si elle raconte n'importe quoi.

Sérieux, il n'a pas été forcé par Hannah, si ?

Et pourquoi j'accorde autant d'importance à ce baiser ? Je ne suis pas sa copine. Je ne l'ai jamais vraiment été...

Je prends une bière dans le frigo et vais m'asseoir sur le canapé. Je suis exténuée et les remarques de Pauline ne cessent de tourbillonner dans mon esprit. Quelle conne d'avoir effacée la photo par pure énervement ! Je l'ai regardé pendant une heure en maudissant cet enfoiré de prendre du bon temps. Je ne voyais que leurs bouchent se percuter et j'en suis devenue dingue.

Carter est enfin débarrassé de moi alors je ne vois pas ce qui le pousserait à ne pas profiter de son célibat. Toujours selon Ryan, il est tellement déprimé qu'il refuse de se soigner l'épaule. Je ne devrais pas m'en faire pour lui mais je ne peux m'en empêcher. Je culpabilise qu'il puisse voir son rêve lui passer sous le nez à cause de moi.

Je suis une vraie plaie pour tous ceux qui m'approchent. Au final, il est mieux sans moi.

Non ?

***

Le lendemain, Pauline insiste pour que je lui fasse visiter le campus. Je suis toujours aussi épuisée malgré mes dix heures de sommeil. Je crois que je couve quelque chose. Le climat espagnol et le climat de l'Amérique du Nord-Est diffère de plusieurs degrés. Me connaissant, je vais devoir aller à la pharmacie me chercher des médicaments ou alors rester au chaud quelques jours. J'ai beau avoir de l'argent, aller chez le médecin coûte un bras dans ce pays. Puis, un rhume se guérit vite.

Pendant plus d'une heure, j'emmène Pauline absolument partout. Je lui fais découvrir le clocher de l'université, le dôme à l'entrée du campus, les différents bâtiments à l'architecture coloniale, les pavés roses qui cheminent sur plusieurs kilomètres, le théâtre qui se trouve en pleine forêt et qui a des allures d'arènes romaines. En réalité, le campus est un vrai site historique de l'histoire des Etats-Unis, et la vie universitaire est l'une des meilleures du pays.

Pauline m'accompagne à la bibliothèque en fin de mâtinée. Je ne reprends les cours que demain mais j'aimerais aussi m'assurer de mon job à la bibli. Pau trouve que je suis stupide de vouloir reprendre mon job puisque je suis riche comme crésus mais je n'ai pas envie de devenir comme toutes ces filles à papa qui dépensent sans compter et qui n'ont aucune valeur de l'argent. Le travail est important pour moi. Il a été ma première source d'indépendance qui m'a détaché du contrôle de mon père.

Enfin presque !

Je ne récupère pas ma place à la bibliothèque. Mon patron n'a pas vraiment apprécié que je parte du jour au lendemain en le prévenant seulement par téléphone. Il a donné ma place à une étudiante de première année qui a le nez dans les bouquins. J'aurais dû me douter que mon poste ne me serait pas rendu aussi facilement mais ce qui m'interpelle c'est la surprise sur le visage de mon patron, ex patron. Il était convaincu que je ne mettrais plus un pied sur le continent Américain. Mon abruti de géniteur a dû passer des coups de fil pour cracher son venin et raconter n'importe quoi.

Le doyen aussi a reçu un appel de lui le lendemain du match de Carter. Mon père lui avait certifié que je quittais l'université pour rejoindre l'entreprise familiale dès le début de l'année. Heureusement, le doyen a eu la bonne idée de me contacter par mail pour avoir confirmation. Evidemment, j'ai nié et lui ai assuré que je revenais très vite. Mon père ne réussira pas à me faire partir d'ici surtout après toutes ces années à travailler mes cours pour réaliser mon rêve. Il ne m'enlèveras pas ça.

- Ne me dis pas que tu rumines encore parce que tu n'as pas récupéré ton boulot à la bibliothèque, lance Pauline en soufflant sur son mocha vanille.

Elle a insisté pour aller au Starbucks du campus pour se réchauffer les miches comme elle a dit. J'ai accepté en sachant que Carter n'y travaillait plus.

- Je ne rumine pas, rectifié je à moitié de mauvaise foi. J'aimais mon job à la bibliothèque, je pouvais réviser mes cours en ayant accès à tous les livres sans devoir les payer et...

- Tu n'as plus besoin des bouquins ennuyeux de la bibliothèque, tu vas être en stage dans deux semaines et tu en apprendras beaucoup plus sans oublier tout ce que tu sais déjà de la rééducation grâce à mes jambes capricieuses ! Tu n'aurais jamais eu le temps de bosser à côté, me fait-elle réaliser.

- Sûrement oui...

- J'en reviens pas que tu vas faire un stage au milieu de tous les sportifs beaux gosses de cette université de malade ! Je t'envie tellement, soupire t-elle.

- Ne sois pas jalouse, Pau. Puisque je suis une amie exceptionnelle, je te laisserai me rendre visite surtout si je m'occupe de canons sportifs, je lui promets avec un clin d'oeil.

- J'espère bien, oui ! J'ai pu en cibler quelques uns pendant notre visite du campus, crois moi quand je te dis que je vais souvent venir ici...

Elle m'annonce ça tout en regardant le capitaine de l'équipe de football, Nils Pennington. Ce dernier lui fait son sourire le plus charmeur tout en regardant Pauline avec envie. Je la comprends. Ce mec est carrément beau gosse, il fait hurler tous les minous des alentours surtout grâce à ses yeux d'un bleu hypnotisant et à ses muscles gagnés à la salle de sport et aux entraînements de football. Il a tout du sportif canon des séries américaines.

- Oublie ce mec, il sort avec la présidente des Gamma et je t'assure qu'elle est pas commode. Si elle apprend que tu as des vues sur son mec, elle va te scalper, je la préviens très sérieuse.

- Qu'elle tienne son mec en laisse alors parce que si tu veux mon avis elle est cocue ta présidente de Gamma !

- C'est certain, oui. Une fois, Carter m'a raconté qu'Hannah avait couché avec lui avant de mettre le grappin sur Carter, même après d'ailleurs, ricané-je. Ryan a confirmé. Ce mec adore les potins. Il sait tout sur tout c'est hallucinant ! La dernière fois, il m'a raconté qu'un gars de l'équipe de baseball s'est réveillé sur le terrain de leur stade à poil la queue recouverte d'un préservatif plein, deux filles de Zeta à ses côtés et un énorme ours en peluche de deux mètres... Personne en a entendu parler à part Ryan qui a fini par le savoir je ne sais pas comment ! Je me demande ce que faisait l'ours là dedans, franchement c'est pas commun, tu...

- Tu jacasses, Charlie, se moque Pauline. On parlait du mec canon et il a fallu que tu évoques cet abruti de Hale en me racontant une anecdote très intéressante sur des personnes que je ne connais pas encore mais que j'ai hâte de rencontrer !

- Tu es beaucoup trop dur avec Ryan.

- Et toi trop naïve, rétorque t-elle. J'ai réfléchi et je suis certaine que cet enfoiré joue au copain compréhensif pour te mettre dans son lit !

- N'importe quoi, soufflé-je en secouant la tête. Je ne plais pas à Ryan. Peut être au début, il m'a draguée mais c'est dans sa nature. S'il m'a approché par la suite c'est pour Poppy, rien d'autre. De toute façon, il sait que j'aime... Enfin il sait. Ryan ne finira pas avec moi mais avec une belle brune aux yeux électriques !

Je lui fais un clin d'oeil qui manque de lui faire recracher sa gorgée de mocha puis elle me foudroie du regard. J'adore la taquiner avec Ryan, elle réagit toujours au quart de tour. Je me demande combien de temps ils vont se tourner autour avant de s'apercevoir qu'ils sont faits pour être ensemble. En tout cas, moi j'en suis persuadée.

- Une revenante, lâche une voix nasillarde que je connais bien.

Hannah Rozen se plante devant moi avec Freya Coleman et Lexa Wright. Les trois vipères me regardent de haut, avec mépris. Hannah me détaille de haut en bas avec un dégoût qui me donne envie de lui faire avaler sa crinière rousse et ses faux ongles qui la font ressembler à une sacrée sorcière. Une sorcière canon mais malfaisante quand même.

- Alerte, Mean Girls a débarqué ! se moque Pauline dans un américain approximatif.

La plaisanterie de Pauline ne fait pas rire les trois répliques de Regina Georges qui pourraient la tuer en un seul regard. Pendant des heures, j'ai essayé de convaincre Pau que les sororités n'étaient pas aussi clichés mais les trois harpies mettent mes efforts à néant en se comportant comme des pimbêches dédaigneuses.

- Toi le clébard, tu la fermes, crache Hannah sèchement.

Pau encaisse tout en se retenant de lui sauter à la gorge. Hannah ne connaît pas mon amie mais elle ferait bien de se méfier ou elle le regrettera amèrement.

- Qu'est ce que tu veux, Hannah ? je demande en soupirant.

- Que tu retournes dans ton coin perdu de France et que tu ne reviennes jamais !

Freya et Lexa ricanent comme deux hyènes. Elles sont tellement ridicules.

- Mais encore, m'impatienté-je.

- Ne joue pas aux filles fortes avec moi, ça ne marche pas ! Tu te la joues avec tes grands airs, tes études de médecines à la con, ton côté candide répugnant mais je ne tombe pas dans la panneau. Tu n'es qu'une pauvre fille qui vient de la campagne et...

- Et qui est beaucoup plus riche que vous toutes réunies, l'interrompt Pauline.

Je fais les gros yeux à mon amie pour qu'elle se taise. Je n'ai pas envie qu'Hannah répande la rumeur sur ma fortune sur tout le campus. Cet argent m'a assez apporté de malheurs comme ça !

- Tu pourrais être la fille cachée de Donald Trump j'en aurais rien à foutre, balance Hannah en s'agaçant. Tu vas m'écouter attentivement, Charlotte Walmont.

- C'est Charlie, je la reprends en l'énervant encore plus. Et je n'ai aucune envie de t'écouter alors passe ton chemin et retourne faire peur à des Gamma qui te craignent, ce qui n'est pas sûrement pas mon cas !

- C'est vrai, approuve t-elle. Nous sommes d'accord sur un point. Tu n'es pas une Gamma.

Hannah jubile de savoir quelque chose que je semble ignorer. Je suis sûre qu'elle mouille sa culotte tellement elle est heureuse.

- Si tu ne l'as pas encore compris, tu es virée des Gamma, annonce t-elle triomphante. Tu peux dire adieu à tous les privilèges que t'accordait la sororité, à ton parrainage exceptionnel, nos contacts haut placés et à notre soutien. Tu redeviens persona non grata !

- C'est sensé me toucher ? répliqué-je. Oh mon Dieu, je suis tellement déçue de ne plus faire partie d'une sororité remplies de filles superficielles et hypocrites qui rendent les clichés vivants et qui font perdre des siècles à la cause féminine ! Vraiment, je ne sais pas si je vais m'en remettre un jour, ironisé-je.

Pauline pouffe de rire à côté de moi. L'ironie n'est pas tellement apprécié par les américains mais les français l'utilisent souvent, et moi j'en ai fait un véritable culte. Tout comme Pauline. C'est ce qui nous a rapproché d'ailleurs.

- Arrête de faire la maligne, tu es tellement insupportable, soupire Hannah en levant exagérément les yeux au ciel.

- Si ma présence ne plaît à la duchesse Rozen, qu'elle se casse !

Ma patience a atteint ses limites. Je ne suis pas revenue à Chapel Hill pour supporter les méchancetés de cette vipère d'Hannah. Le fait d'être débarrassée de la sororité me soulage. Je l'avais intégré seulement pour Gabriel c'est à dire pour rien.

- Tu arrives à te regarder dans le miroir le matin en sachant que tu as gâché la vie de Carter ? m'attaque Hannah.

Je commence à bouillir. Voilà pourquoi elle est venue me trouver avec ses deux pétasses de sbires. Elle s'en fout de m'annoncer mon éviction des Gamma, elle veut simplement me provoquer avec Carter. Le pire, c'est que je suis à deux doigts de lui en foutre une.

- Tu ne digères toujours pas qu'il m'ait préféré à toi, c'est ça ? soufflé-je.

- Chérie, il n'en a jamais rien eu à faire de toi, ricane t-elle. Il est revenu vers moi dès le moment où tu l'as laissé. Il a compris que j'étais la seule qui était là pour lui, celle qu'il lui fallait. Il t'a vite oublié si tu veux mon avis. Je crois que la photo de mon mail était assez clair, jubile t-elle.

- Tellement oublié qu'il déprime à mort depuis qu'elle est partie, intervient Pauline. Puis excuse moi, Regina Georges du pauvre mais on voit clairement que Carter ne prend aucun plaisir à t'embrasser, que tu l'as forcé. Tu sais que c'est puni par la loi le harcèlement sexuel ?

Je glousse. Pauline est mon héroïne.

- Va te faire foutre le clébard ! éructe Hannah. Et toi, dit elle en reportant son attention sur moi, tu as intérêt à ne plus approcher Carter. Tu es mauvaise pour lui. A cause de toi, il va devoir dire adieu à sa carrière de basketteur parce que tu as fait un caprice à ton papa chéri ! Tu portes la poisse, Charlotte. Ta mère aurait mieux fait d'avorter, c'est bien ce qu'elle voulait, non ?

Cette fois, je vois rouge.

Je me lève de ma chaise et lui administre la plus grosse gifle que je suis capable de donner. J'ai essayé de ne pas craquer, d'être plus fortes que ses provocations mais elle est allée trop loin. Tous les clients du Starbucks sont choqués par mon geste. Hannah tente de répliquer en me claquant mais je parviens à l'éviter. Pas le gobelet de mon cappuccino qu'elle me balance en pleine figure. Heureusement pour moi, il a refroidi ou cette pétasse m'aurait cramé le visage.

Je suis sur le point de répliquer lorsque je sens deux mains entourer ma taille et me soulever pour m'emmener plus loin.

- Je vais lui faire la peau à cette pétasse, grincé-je toujours sur les nerfs.

- Calme toi, poupée, me murmure Ryan.

Je vois Hannah être conduite dehors par Nils Pennington.

Evidemment, le footballeur qu'elle s'envoie !

Si j'étais aussi fourbe qu'elle, je ne me gênerais pas pour aller balancer à Régina que sa " meilleure amie " se tape son mec. Seulement, ma tante m'a appris à être une bonne personne. Puis, Régina n'est pas mon amie. Si elle n'est pas capable de voir que ses proches se foutent derrière c'est qu'elle ne veut pas le voir.

Je finis par me calmer et éclate de rire en voyant le visage hilare de Ryan. Comme retrouvailles on a connu mieux.

- A peine revenue du pays des tapas que tu joues à la bagarre avec la groupie de ton Bass, me taquine t-il.

- Il n'est pas mon Bass et cette pétasse m'a cherchée, me justifié-je.

Pauline revient vers moi avec une serviette à la main qu'elle me tend et un sourire moqueur sur les lèvres.

- C'est mouvementé par chez toi, dit-elle amusée. Je ne vais pas m'ennuyer ! J'ai eu l'impression de me retrouver en plein mélodrame entre Gossip Girl et Dynastie, c'était fascinant même si j'aurais préféré avoir du popcorn à manger !

Je m'essuie le visage tout en ricanant. Je suis la première à détester les clichés et à les éviter au possible mais ma propre vie en est devenu un depuis quelques mois.

Putain, ma vie est un mauvais cliché !

- J'espère que cette vipère n'aura pas réussi à atteindre ton cerveau malade, s'enquiert Pauline.

Je ne réponds pas. Evidemment que les mots d'Hannah m'ont atteint parce qu'ils sont vrais. Ma mère aurait préféré avorter que de m'avoir. Je crois que jamais je n'arriverai à digérer le fait que je n'ai pas eu de vrais parents, que je n'ai jamais eu de famille à moi. Ca me fait toujours mal et je ne sais pas si un jour cette douleur s'enlèvera.

- Charlie, tu vaux mieux que ça, m'assure Pauline pleine de sérieux. Tout ceux qui ont appris à te connaître t'adorent ! Tu n'as rien à voir avec tes parents et c'est tant mieux. Ce sont deux grosses merdes aveuglées par leur argent pourri mais toi, tu es une personne exceptionnelle. Sans toi, je n'aurais jamais eu la force de me reconstruire, le courage de suivre cette rééducation ! Tu es un ange tombé du ciel, Charlie Walmont, alors ne laisse personne te faire croire du contraire...

Emue par son discours, je la prends dans mes bras pour la remercier. Je me sens chanceuse de la compter parmi mes amis. Elle est de ceux qui restent toute une vie et qui seront toujours loyale. On n'en rencontre pas souvent au cours de sa vie, on les compte même sur les doigts d'une seule main pour les plus chanceux.

- Je n'ai pas compris un mot de son charabia français, intervient Ryan, mais je suis d'accord avec la lionne !

- Appelle moi encore une fois lionne et je te fais bouffer tes testicules, le menace Pauline.

- Trop de violence dans une si belle bouche, souffle t-il.

- Trop de merde dans une si moche bouche, réplique t-elle sur le même ton. Apprend le français, putain !

Je lève les yeux au ciel. Ils viennent à peine de se retrouver qu'ils commencent déjà à se disputer comme des chiffonniers. En Espagne, c'était comme ça 24h/24. Ils sont fatigants tous les deux mais je les aime démesurément !

- Ce soir, je vous emmène en soirée, nous informe Ryan.

- Ryan, je n'ai pas...

- Je t'arrête tout de suite, poupée, je ne te laisse pas le choix. Ca fait des semaines que tu te morfonds à ne rien faire mais c'est fini. Ce soir, on sort tous les trois et c'est non négociable !

- Pour une fois, je suis d'accord avec le rouquin, approuve Pauline.

Je soupire. Je sais que je ne pourrai pas gagner face à eux deux. Pas le choix, ce soir je vais devoir aller à une soirée universitaire où je suis considérée comme la responsable des malheurs de Carter. Sans oublier que cette vipère d'Hannah va se faire un plaisir de raconter que je l'ai agressé devant tout le monde sans aucune raison. Puis, une petite voix dans ma tête ne cesse de me répéter que Carter sera sûrement présent.

Génial, je sens que je vais m'éclater !

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