25. Charlie

La finale de basket des Tar Heels n'est pas loin de démarrer.

C'est dingue, un tas d'élèves de l'Université ont fait le déplacement pour soutenir l'équipe. Ils ont tous revêtit les couleurs des Tar Heels et sont prêts à donner de la voix pour les faire gagner. Ca fait bien longtemps que je n'avais pas assisté à ce genre d'évènement. Au lycée, j'avais soutenu Flynn lorsqu'il jouait la finale du championnat de football, mais ce n'est pas comparable.

Les gradins du stade de basket de Duke sont remplis de monde. L'ampleur du sport aux USA me surprend encore. Qu'est-ce que ce sera le jour où Carter jouera en NBA !

Pauline et Ryan n'ont pas insisté longtemps avant que j'accepte de venir. J'avais promis d'être là et je tiens toujours mes promesses. Je veux assister à la victoire des Tar Heels, et surtout de Carter. Son rêve est en train de se réaliser. Cette fois, je n'ai pas de mauvais pressentiment. Mon père ne viendra pas tout gâcher.

Il a mieux à faire vu le merdier intersidérale de sa vie. Le grand Charles Jeremiah Walmont est en plein scandale familiale. Quelle a été ma surprise d'apprendre qu'il trompe ma génitrice depuis des mois, voire plus, avec une de ses collaboratrices et qu'il l'a mise enceinte. Marla, sa maîtresse, a débarqué chez mes parents et a tout avoué à ma mère. Sans perdre du temps, celle-ci a demandé le divorce et compte bien lui faire cracher un max de blé. Je savais mon père fourbe et mauvais, mais entre lui et ma mère, je pensais que ce serait elle qui aurait une liaison.

Bref, je vais avoir un petit frère à vingt et un ans. Ma fille aura un oncle du même âge qu'elle. Je suppose qu'ils ne se rencontreront pas de si tôt. Mon père va complètement tirer un trait sur moi dès qu'il aura récupérer les parts des l'hôtels Walmont. Il a enfin l'héritier qu'il espérait. S'il n'a pas éjecté Marla c'est uniquement parce qu'elle porte son fils. Mon père n'aime personne, il n'y a que son fric qui l'intéresse. J'espère que mon petit frère aura plus de chance moi, je le souhaite de tout coeur.

J'ai beaucoup pensé à lui ces derniers jours. Papi m'a assuré qu'il ferait tout pour inculquer de vraies valeurs à mon futur petit frère. Il participera à son éduction afin qu'il ne devienne pas aussi pourri que Charles Jeremiah Walmont. C'est à lui que je cèderai mes parts de l'entreprise. Papi et moi en avons longuement discuté. J'étais sa seule petite fille et c'est pourquoi il a autant épargné pour moi, alors il est normal que son futur petit-fils ait les mêmes droits que moi. Je préfère donner mes parts à un membre de la famille pour ne pas que l'entreprise de Papi revienne à des étrangers.

Ma tante a éclaté de rire lorsqu'elle a appris le divorce de mes parents et l'histoire qui va avec. Elle n'a même pas été étonnée. Elle pensait que mon père tromperait ma mère bien avant, enfin elle reste persuadée que c'est ce qu'il a fait mais qu'il a su garder le secret. Peut-être que j'ai plein de petits frères et soeurs !

La famille de Carter est aux petits soins avec moi. Ils s'assurent toutes les deux minutes que je ne manque de rien. Clarisse ne me lâche pas d'une semelle. En futur grand-mère de ma fille, elle tient à m'apporter toute son aide et donner des conseils pour que ma grossesse se passe au mieux. Elle ne me parle pas une seule fois de son fils. Clarisse en veut encore à Carter d'avoir été lâche. Je la comprends, mais je culpabilise un peu.

Jensen, Nash et Kayla ont eux aussi fait de déplacement. Ils ne rateraient pas le match de leur meilleur pote. Je suis heureuse de les compter parmi mes amis, surtout Kayla. Cette fille est géniale, une bouffée d'air frais, un peu comme Pauline. A peine arrivée à ma hauteur, Kayla se penche vers mon ventre.

- Coucou petite merveille, c'est tata Kayla ! Je vais t'organiser la meilleure baby-shower du monde avec ton autre tata, Pauline. On va s'amuser comme des petites folles et te gâter d'une montagne de cadeaux !

Elle adresse un clin d'oeil à Pau qui glousse, complice.

- Mon Dieu, j'avais dit soft la baby-shower, mais je sens que ça va être complètement démesurée, soufflé-je.

Le pire dans tout ça, c'est que je ne vais pas vraiment en profiter puisque je serai aussi grosse qu'une baleine.

- Madame Bass veille à ce que nous dépassons pas le budget imposé, tente de me rassurer Pauline.

- Je t'ai déjà de m'appeler Clarisse, râle ma belle-maman.

Belle-maman, sérieux ?!

- Désolée, Clarisse...

- Et je compte sur vous deux, ajoute-t-elle en désignant mes deux amies, pour ne rien révéler à Charlie sur cette petite fête !

Pau et Kay miment de sceller leurs lèvres et jettent la "clé" dans les gradins.

- Je vous laisse en parler autant que vous voulez, je dois aller aux toilettes, ris-je.

Elles pouffent de rire et se moquent de mes visites à répétitions dans le temple des femmes. Ce sont elles qui ont surnommé les W.C, pas moi.

Pour la deuxième fois en une demi-heure, je suis obligée de me rendre d'aller au pipi-room. Je croyais que la petite vessie des femmes enceintes n'était qu'une légende, mais non, elle et réelle. Heureusement, je n'en suis qu'à dix-neuf semaines de grossesse, je ne suis pas fatiguée par mes déplacements. Mon ventre ne pèse pas encore lourd.

Je me lave les mains puis sors des toilettes, lorsque je tombe sur Carter. Le soulagement qui passe sur son visage fait froncer mes yeux. Il s'est inquiété pour moi, mais pourquoi ? J'adore le voir dans sa tenue de basket.

Qu'est-ce qu'il est sexy !

Les muscles de ses bras ressortent encore plus ce soir. Il a fait de la muscu ces dernières semaines ou je suis en train de rêver ? Mon regard se perd sous son torse que je sais sculpté sous son maillot bleu. Je m'imagine passer mes doigts sur ses abdos, ou alors ma langue et je descendrai un peu plus bas et...

Bordel, qu'est-ce qui m'arrive ?!

Je suis entrée dans une phase étrange de la grossesse. Tout m'excite. Un sourire, une bouche, un regard, un corps, des fesses, j'ai chaud partout à chaque fois que mes yeux se posent sur un homme. Les pensées qui m'assaillent tous les soirs me rendent dingue. Il suffit que j'effleure le bout de mes seins pour que ma culotte soit inondée.

Hier, j'ai été excitée par une pub pour parfum. Mon esprit mal placé m'a fait imaginé une scène digne d'un porno avec le mec de la pub. Bon, il s'est rapidement transformé en basketteur sexy, mais ce qu'il me faisait n'avait vraiment rien de catholique. Je ne suis qu'une boule de désir, et si je ne baise pas vite, je vais me transformer en flaque.

Si ça ne tenait qu'à moi, ou plutôt à mes hormones, j'entraînerai Carter dans les toilettes pour qu'il me fasse l'amour sauvagement.

Je suis en manque de sexe, c'est affreux !

Etre en conflit avec le père de ma fille pendant la phase excitante de la grossesse c'est vraiment la merde. Je n'arrête pas d'y penser jour et nuit. Les gémissements de mon Bass hantent mes rêves. Je vis à nouveau nos plus grandes parties de jambes en l'air et putain, ça me rend folle de désir et je me réveille en sueurs à chaque nuit. J'ai envie de sexe. Terriblement.

- Charlie ?

Je reviens sur terre et me sens rougir d'avoir eu ce genre de pensées face à Carter. Il n'est pas stupide, il a compris à quoi je pensais.

- Tu disais ? je demande en reprenant mes esprits.

- Je te demandais si ça allait...

- Oh... euh oui !

Il ricane, amusé par mon manque de concentration.

Pourquoi faut-il qu'il soit aussi canon ?!

- Pourquoi tu n'es pas dans les vestiaires avec les autres joueurs ? Quelque chose ne va pas ? Ne me dis pas que mon père a débarqué pour te menacer de me laisser tomber ou il s'en prendra à toi et ta famille, ou qu'il...

Carter pose ses mains sur mes hanches et me rapproche de lui, ce qui suffit amplement à me faire taire. Nous n'avons pas été aussi proche depuis qu'il a claqué la porte de mon appartement à l'annonce de sa paternité. Ce simple contact suffit à faire frissonner mon corps entier.

- Le Coach m'a autorisé à te voir, m'annonce-t-il. J'avais besoin de ma dose de Charlie pour me donner du courage...

J'esquisse un sourire. Ca me touche qu'il ait besoin de me voir pour déstresser. Je suis la seule à l'apaiser, tout comme il est l'est pour moi.

- Si je me souviens bien, ça ne t'a pas vraiment porté bonheur la dernière fois...

C'est plus fort que moi. Je n'oublie pas ce qui s'est passé cinq mois plus tôt à cause de mon père. Carter me sourit tendrement afin de me rassurer, il est si attentionné que je pourrai fondre en deux secondes.

- La dernière fois, elle n'était pas là pour nous porter chance...

Sa main se pose sur mon ventre qu'il caresse doucement. La chaleur de sa paume s'infiltre en moi et se réfugie dans mon bas ventre. C'est très agréable. La sincérité dans ses yeux me percute en plein coeur. Je réalise qu'il désire vraiment notre fille. Il ne joue pas. Il l'aime déjà, peut-être autant que moi. Et moi, je suis amoureuse de lui. Peu importe sa réaction, je l'aime et l'aimerai toujours.

C'est lui qui est venu chercher du réconfort auprès de moi et voilà que les rôles s'inversent et que c'est moi qui flippe.

- Je sais que rien n'est encore arrangé entre nous et que ta confiance n'est pas totalement gagné, mais j'ai réellement besoin de ma dose de Charlie...

Comment résister à cette demande ? Ses yeux noisette me supplient de ne pas lui enlever ce qu'il désire.

- D'accord.

Il me dévisage un moment, surpris, puis capture mes lèvres. Son baiser est d'abord assez timide, mais il devient beaucoup plus langoureux et fougueux. Je le laisse m'embrasser comme il veut répondant à chacun de ses baisers.

Bon sang, il m'a tellement manqué !

Sa langue se fraye un chemin entre mes lèvres et trouve la mienne sans aucune timidité. Il m'embrasse comme un affamé comme s'il avait été privé de son oxygène pendant des mois. Je le comprends parce que moi aussi, je respire à nouveau.

Je fais de mon mieux pour ne pas me laisser envahir par les émotions qui m'assaillent. C'est si puissant que je ne comprends pas comment je parviens à rester debout. Plus rien n'existe autour de nous. Je me fous de cette peur qui me suit depuis qu'il m'a quitté. Je veux seulement profiter de ce qu'il me donne et des sensations qu'il provoque dans tout mon corps.

Carter finit par se détacher de mes lèvres en grognant presque. Je ne réprime pas un sourire lorsque je vois le sien se former sur sa délicieuse bouche.

- Maintenant, je sais que je vais gagner ce match !

- S'il te plaît, Carter, fais attention sur le terrain...

- Il ne m'arrivera rien, princesse, m'assure-t-il en déposant un baiser sur mon front.

Je tressaille en l'entendant me surnommer "princesse", ça m'a tant manqué. Il m'embrasse une dernière fois sur les lèvres puis part en direction des vestiaires. Je sais qu'il mérite une autre chance, mais je peine à me laisser aller.

- Qu'est-ce que tu en penses mini-princesse, je devrais laisser une nouvelle chance à ton père ? je demande en caressant mon ventre.

Evidemment, ma fille prend le parti de son père puisqu'elle me donne un coup. Elle adore déjà son papa et j'en suis verte de jalousie.

Je regagne ma place dans les gradins en même temps que les joueurs débarquent sur le terrain. Toute la famille de Carter est angoissée. On se souvient tous du dernier match contre Duke. En le voyant sur le terrain aussi heureux, je ne peux m'empêcher de sourire. Il est à sa place. Lorsqu'il marque son premier panier, j'applaudis un peu trop fort, ce qui fait sourire Pauline à mes côtés.

- Tu es à fond dans le match pour voir que tu prétendais ne pas avoir ta place, me taquine-t-elle. Je suppose que Carter a fini par te trouver !

- Je ne l'ai pas vu, mens-je.

- Je n'y crois pas une seule seconde. Tu as les lèvres gonflées et tu rayonnes depuis que tu es revenue des toilettes !

- Tu racontes n'importe quoi, Pau...

- Mais bien sûr, rit-elle. Tu respires l'amour, Charlie, et si tu veux mon avis, je trouve ça génial. Tu ne crois pas qu'il serait temps que vous partagiez vraiment la grossesse en étant ensemble ?

Je soulève les épaules comme unique réponse.

- Arrête d'avoir peur, Charlie. Tu peux avoir confiance en lui. Carter t'aime et tu n'imagines pas à quel point... Ce mec a fait vraiment beaucoup pour te reconquérir. C'est dingue ! Tu l'aimes aussi, c'est flagrant. Oublie le passé et vivez votre amour, me conseille-t-elle. Vous perdez trop de temps à vous faire la gueule. On ne sait pas de quoi demain sera fait alors dis-lui que tu l'aimes, ou tu finiras par le regretter...

Pauline dépose un baiser sur ma joue puis avale une gorgée de son verre de bière. Elle en a bu combien pour être aussi affective et philosophe ? J'ai comme l'impression que ce n'est pas qu'à moi qu'elle s'adresse, mais aussi à elle. Pauline ferait bien de suivre ses conseils pour son histoire avec Ryan. Tout le monde a vu qu'ils se plaisaient, il est aussi temps qu'ils se jettent à l'eau.

***

Les Tar Heels ont gagné le match !

Dès que le coup de sifflet finale de l'arbitre, les joueurs ont explosé de joie et se sont sautés dessus pour fêter la victoire. C'était vraiment beau à voir.

Dans les gradins, je n'ai pas reconnu la famille de Carter tant ils étaient euphoriques. Tout le monde a vécu le rêve de Carter intensément. Le bonheur sur son visage m'a arraché une larme. Il le mérite tellement. Des années de sacrifices pour réussir son rêve et être élu meilleur joueur du match. Toutes les équipes de NBA vont se battre pour l'avoir. Il ira jouer sur la côte ouest, comme il l'a toujours voulu.

Je ne peux pas m'empêcher de ressentir de la tristesse en l'imaginant loin de moi. Il me manquera un peu plus chaque jour.

Jensen et Ryan m'entraînent dans leur voiture sans que je puisse refuser. Ils ont hâte d'aller préparer la fête pour célébrer la victoire de Carter dans leur appartement. Je ne leur dis pas que j'aurais préféré attendre Carter et parler de ce baiser. Il m'a vraiment retourné. Et excitée. La boule de désir dans mon bas-ventre s'est intensifiée. Si elle n'est pas assouvie bientôt, je vais exploser.

Les mecs ont vu grand pour cette soirée. Ils n'ont pas lésiné sur l'alcool et la nourriture. Génial, il ne manquait plus qu'une fête avec plein de personnes alcoolisée, ma fille va adorer ! Si je suis trop fatiguée, je n'aurais qu'à m'installer dans la chambre de Carter.

En moins d'une demi-heure, l'appart est bondé de monde. Au moins, personne ne fume. Un tas d'étudiants me demande si Carter et moi allons vivre ensemble. Des filles ne se gênent pas pour prétendre que je l'ai piégé et qu'à cause de moi, il ne sera jamais heureux. J'ai fait semblant de ne pas être touchée par leurs mots, mais ils ont réussi à faire leur chemin jusqu'à mon cerveau.

Soudain, je sens deux mains se poser sur mon ventre et une tête se poser sur mon épaule. L'odeur boisée de l'homme que j'aime emplit mes narines. Je me sens tout de suite apaisée à ce contact.

- Je t'ai cherché après la douche, révèle-t-il. Je voulais remercier mon porte-bonheur comme il se doit...

Je souris. Carter embrasse mon cou et provoque une traînée de frisson dans mon dos. Je me retourne pour lui faire face. Ses yeux plein de désir me brûle la peau. Il dépose un baiser sur mon nez et me fait glousser par la même occasion. Je ne sais pas bien ce qui s'est passé, mais je sens que ce baiser au stade nous a permis de faire un pas l'un vers l'autre.

- Félicitations pour la victoire ! Tu as été grandiose. L'autre meneur n'a rien pu faire face à toi !

- J'étais particulièrement motivé après avoir eu ma dose de Charlie. J'en aurais besoin avant chaque match...

Il scrute ma réaction alors que mes lèvres s'étirent sans que je puisse le contrôler. Cette simple phrase vient de me rassurer. Lui aussi ne conçoit pas son avenir sans moi.

- Carter ! hurle Jensen. Viens montrer si tu es toujours le boss du beer-pong !

Ryan, Nash et Jensen l'attendent devant une table aménagée en partie de beer-pong. Je me rends compte que cette soirée est l'une des dernières qu'ils pourront passer ensemble avant que chacun d'eux prenne des chemins différents. Je vois que Carter hésite à les rejoindre.

- Vas-y, Carter, lui conseillé-je. On se verra après... Profite de ta soirée, elle est pour toi !

Je souris pour le rassurer. Il dépose un baiser sur ma joue avant de rejoindre ses amis qui l'accueille comme un Dieu. Les regarder s'amuser tous les quatre déclenche mon sourire. Ils ressemblent à des enfants, de grands enfants. Avec eux, Carter est vraiment heureux. Ils hurlent à chaque fois qu'ils marquent. J'espère sincèrement qu'ils resteront amis malgré la distance.

Je me demande ce qu'il aurait fait si je n'étais pas tombée enceinte. Est-ce que je ne viens pas de bouleverser complètement sa vie ? Peut-être que j'ai été trop égoïste en décidant de garder notre fille. Et si dans quelques années il me reprochait d'avoir gâchait ses rêves et sa carrière ?

Putain de pensées qui polluent mon esprit !

Bientôt, cette vie étudiante sera terminée. Je deviendrai une maman avec des responsabilités. Bon, je serai toujours étudiante pour deux ans, mais les soirées de fraternités seront qu'un lointain souvenir. La vraie vie commencera. Je ne compte pas non plus arrêter les sorties, mais avec un bébé, ce sera un peu plus rare.

Plusieurs fois, Carter jette un oeil vers moi. Il n'a qu'à poser les yeux sur moi pour que je sois envahie par une immense chaleur.

- C'est dingue comme vous vous aimez, remarque une voix que j'ai bien connu à une époque.

Je lève la tête vers l'ancien objet de mes fantasmes. Gabriel. C'est assez étrange de le voir ici, en territoire ennemi.

- Ton copain m'a invité, me renseigne-t-il devinant mes pensées. Aussi bizarre que ça puisse paraître, on est potes !

- C'est... bien.

Je ne trouve rien d'autres à dire. En regardant Gabriel, je comprends ce qui m'a plus ou moins attirée. Son physique de gendre idéale lui confère une image parfaite de l'homme qui ne fait jamais de mal. Mise à part ça, il ne dégage rien, aucun véritable charme. J'ai été aveugle pendant trop d'années.

- Je m'en veux de ce que je lui ai fait... J'ai été stupide et jaloux, s'explique-t-il. J'aurais dû comprendre bien avant ce que je ressentais vraiment pour toi...

- Gabriel, je...

- Ce n'est rien, Lili, je ne peux que m'en prendre à moi-même ! Je pensais que je pourrais t'avoir à mes pieds jusqu'à ce que je finisse par avoir envie de me poser. J'ai été très con et injuste avec toi... Tu ne méritais pas que je te traite aussi mal, et j'en suis désolé.

Alors ça, je ne m'y attendais pas !

Gabriel Sheffield ne reconnaît jamais ses torts, je suis réellement surprise. Comme quoi, il y a un début à tout !

- C'est oublié, Gabriel, lui assuré-je. Cette histoire fait partie du passé !

- Oui, c'est ce que j'ai compris... Je suis vraiment heureux pour toi et lui et je vous souhaite tout le bonheur du monde avec votre futur fille, dit-il sincère.

- Merci, souris-je.

Gabriel me serre dans ses bras une dernière fois comme pour me dire au revoir. Une page se tourne définitivement. Je ne lui en veux plus d'avoir comploté avec mon père, ça ne sert plus à rien. Gabriel s'est seulement laissé manipuler par un homme cruel. Je lui souhaite une belle vie à New-York en espérant qu'il fasse les bons choix et qu'il rencontre une nana qui lui fera connaître le vrai amour.

Fatiguée par le bruit et la soirée, je pars me réfugier dans la chambre de Carter. Je m'allonge sur le lit et enfouis ma tête dans les coussins imprégnés de l'odeur de Carter. Dormir avec lui me manque, tout comme la chaleur de son corps. Je ferme les yeux un instant lorsque je sens une présence derrière moi. D'un coup, mon ventre est entouré par deux mains puissantes et chaudes.

- J'ai cru que tu avais disparu avec Sheffield, murmure Carter dans mon oreille.

- Jamais. Il n'a rien d'un Bass...

Je le sens sourire dans mon cou. J'ai l'impression que ça fait une éternité que nous n'avons pas été aussi proches. D'ailleurs, je suis surprise de le laisser autant approcher. Je n'ai plus envie de me battre contre lui.

- Je suis heureux que tu sois venue pour la finale. Je n'aurais pas fait le même match sans Carrie et toi...

- Carrie ? je demande en me retournant.

- Tu n'aimes pas comme prénom ?

- Si j'aime le prénom d'une tueuse psychopathe ou d'une nunuche accro au shopping aux histoires d'amour complètement surréalistes ? Je te laisse deviner la réponse !

Il pouffe de rire tout en secouant la tête. Est-ce qu'il sait qu'il est craquant quand il fait ça ?

- D'accord, pas Carrie !

On se regarde dans les yeux, un silence pesant entre nous. Que ce soit lui ou moi, on ne sait pas très bien par où commencer. La gêne entre nous est palpable. Les horreurs qu'il m'a balancé au visage tentent de revenir dans ma tête, mais je les chasse. Carter me caresse les cheveux avec douceur. Ses yeux parlent pour lui. Je lis à quel point il est désolé du mal qu'il m'a fait. Mais surtout, j'arrive à décrypter tous les sentiments qu'il ressent pour moi.

Plusieurs fois, ses yeux louchent sur ma bouche avec envie.

- Tu devrais retourner à la fête, lui proposé-je.

- Je suis mieux ici.

Excellente réponse !

- Sauf si tu veux que je parte...

Je secoue la tête.

- Je veux que tu restes avec moi, avoué-je en chuchotant presque.

A travers ces mots, je ne lui dis pas seulement que je veux qu'il soit là ce soir, mais tout le temps, à chaque instant de ma vie. Carter me tend ses bras pour que je blottisse contre lui. Je me sens bien dans ses bras, la tête sur son torse, nos mains jointes sur mon ventre à sentir notre fille bouger de temps en temps.

Je ne sais pas vraiment de quoi notre avenir est fait, mais étrangement, je n'ai plus peur.

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