24. Carter

L'entraînement de ce matin m'a épuisé. Le Coach a intensifié le niveau afin que nous soyons les plus performants possible. Il tient plus que tout à remporter la finale du championnat alors on n'a plus qu'à serrer les dents jusqu'à jeudi. On mérite de gagner après tous les efforts que nous avons fournis ces derniers mois. Tant de fois, nous avons été sous-estimés à tort. Jeudi, nous montrerons à tous qu'ils se sont trompés sur nous.

Les Blue Devils ne se doutent pas de ce qui les attend. Cette fois, on ne laissera pas la victoire nous échapper. Reece Jefferson ne me fait pas peur. Je l'attends de pied ferme. Je ne me suis pas entraîné huit heures par jour pour voir mon rêve universitaire m'échapper si près du but. Je sais que j'y arriverai. Je suis motivé à fond. Ces derniers jours, j'ai une pêche d'enfer. Avoir appris que j'allais être le père d'une petite fille m'a donné un second souffle. Je n'ai jamais été aussi heureux. Je pourrais l'être encore plus mais j'ai bon espoir que ça arrive rapidement.

Je n'arrive toujours pas à croire que je vais être père. Je regrette d'avoir mal réagi parce que je n'imagine pas ma vie sans mon bébé. Ni sans Charlie. Je suis fier d'être le père de son enfant. A chaque fois que je pense à elles, mon coeur se rempli de joie. Il y a deux jours, je n'ai pas résisté à l'envie d'acheter une petite robe de princesse. Je sais que ma fille ne la mettra pas avant ses dix-huit mois, mais j'ai craqué. Comme pour les ours en peluches la semaine dernière.

J'espère que je ne vais pas me transformer en papa trop poule !

Je m'apprête à rejoindre les vestiaires lorsque je sens une main se poser sur mon épaule. Je me retourne et fait face au Coach.

- Tu as choisi ton équipe finalement ?

- Oui... Je pense avoir fait le meilleur choix possible !

- C'est intelligent, reconnaît-il. Je sais que tu rêves des Warriors mais tu aurais été dans l'ombre de Stephen Curry pendant des années. Une première année en pro est très compliquée surtout pour se faire une place ! Ta future équipe n'a pas vraiment de bons meneurs. Je suis certain que tu feras ta place en un rien de temps.

- Merci, Coach. Je n'en serais pas là sans vous !

- Tu le dois à toi et à tes efforts fournis durant ces quatre dernières années ! Tu aurais pu rejoindre les pros bien avant mais tes études comptaient pour toi. Aujourd'hui, je sais que tu as fait ce choix d'équipe pour ta future famille et je ne peux qu'être fier de toi...

Je souris. Ca me fait plaisir d'entendre des mots aussi encourageants et réconfortants. Ces derniers temps, j'entends plutôt des reproches et fais face aux mauvais regards de mes proches. Surtout de ma mère. Elle ne me pardonne toujours pas mon comportement de lâche bien qu'elle sache que je m'implique dans la grossesse. Je suppose qu'il va lui falloir un peu plus de temps.

Mon choix d'équipe m'a paru évident. Seulement, pour le moment, je préfère qu'il reste secret. Je tiens à faire une surprise à Charlie. Ca ne me plaît que notre fille et elle doivent s'installer avec Ryan et Pauline. Elles ne seront pas tranquilles avec eux. Ils passent leur temps à se crier dessus, ce n'est pas bon pour ma fille ou Charlie, qui aura besoin de repos. Il fallait que je trouve une autre solution.

Le Coach et moi discutons un quart d'heure de plus de la future technique que nous allons utiliser contre les Blue Devils. Il mise tout sur une défense de presse qui étouffera le jeu de nos adversaires. Reece Jefferson n'a pas un dribble sûr lorsqu'il est en pression, il perdra la balle plusieurs fois. J'ai tellement hâte de jouer ce match. Je tiens à ce que toute ma famille soit là, mais surtout je compte sur la présence de Charlie. J'ai besoin qu'elle soit là pour partager ce moment avec moi.

Après ma discussion avec le Coach, je regagne les vestiaires et entends mon nom dans une conversation.

- Carter est fini à cause de cette fille !

Je reconnais la voix de cet enfoiré de Jay. Je reste en retrait un moment avant de lui tomber dessus.

- Elle l'a embobiné avec son physique, continue-t-il. Et maintenant, elle lui a fait un gosse dans le dos !Ce n'est qu'une pauvre fille qui voulait un sportif à tout prix !

- Tu ne la connais pas, défend une voix que je reconnais comme celle de Sheffield.

- Parce que tu la défends, ricane Jay. Bordel, elle vous a tous manipulé ! Elle était folle de toi et du jour au lendemain elle s'intéresse à Carter parce qu'il était plus populaire que toi. Cette fille ne recherche que la gloire et le fric, elle est pathétique !

Je bouillonne en l'entendant dénigrer autant Charlie. Le pire dans ce qu'il dit, ce sont les mots qu'il utilise. J'ai employé les mêmes lorsque j'ai appris la grossesse de Charlie. Je m'en voudrai toute ma vie.

- Elle a fait un gosse à Carter pour s'assurer de le garder près d'elle. Idiot et naïf comme il est, il va se laisser embobiner et la demander en mariage, se moque-t-il. Cette fille n'est qu'une profiteuse !

Cette fois, c'est trop. Je sors de ma cachette et pénètre dans les vestiaires. Sheffield baisse les yeux immédiatement tandis que Jay perd son sourire insolent. Quand je pense qu'il a été mon ami il n'y a pas si longtemps, j'ai du mal à le croire. Ce mec est de la pire espèce.

- Ne te gêne pas pour moi, Jay, continue à dire du mal de ma nana, lancé-je, ironique.

J'avance vers lui, les bras croisés sur mes pectoraux. L'arrogance de Jay ne faiblit pas. Ces semaines où j'ai été absent des terrains a permis à Jay de prendre confiance en lui. Ses performances sportives lui ont monté à la tête.

Les autres joueurs n'osent plus rien dire. Ils observent en silence, gênés par ce qu'il se passe. Ce n'est pas leur genre de se retrouver mal à l'aise, les gars ont l'habitude de se prendre la tête, mais cette fois c'est différent. Jay est allé trop loin pour qu'ils se délectent de cette confrontation.

- Ta nana adorée t'a fait un gamin dans le dos !

- Tu ne sais rien de Charlie alors avise-toi de fermer ta grande bouche !

- Et toi, es-tu sûr d'être le père du gamin ? Après tout, ta nana est très proche de Palmer et Hale ! Elle s'envoie sûrement en l'air avec eux depuis le début, ricane-t-il.

- Fais attention à ce que tu dis, Jay, je le préviens.

Ma mise en garde ne l'arrête pas, il continue à cracher son venin.

- Tu devrais faire un test de paternité ou tu risques d'avoir des surprises le jour de l'accouchement !

Enervé par sa réflexion, je ne résiste pas à l'envie de lui coller un bon coup de poing dans le nez. Au diable l'interdiction de se battre au sein d'une équipe, ce petit con l'a cherché.

Evidemment, Jay réplique en m'envoyant un crochet dans l'oeil. La violence dont nous faisons preuve ne nous ressemble pas. Seulement, Jay s'en est pris à Charlie et à mon enfant. Je ne le laisserai pas dire du mal d'elles. Jamais. Elles sont tout pour moi.

Nous finissons par être séparés par les gars de l'équipe et le Coach. Jay est emmené ailleurs avec le Coach. Ce dernier ne va pas se gêner pour lui passer un sacré savon. Ok, c'est moi qui ai donné le coup en premier, mais il l'a bien mérité. Jay ne cesse de déblatérer un tas de mensonges sur Charlie depuis des semaines. J'ai fait l'erreur de le croire une fois. Plus jamais.

- Il a tort sur Charlie, me dit Sheffield, compatissant et en me tendant une poche de glace. Elle ne ferait jamais ça...

- Je sais.

- J'arrive pas à croire qu'elle soit enceinte, avoue-t-il, pensif.

Je fronce les sourcils, ce qui me provoque une grimace à cause de la douleur sous l'oeil.

- Je la vois encore comme la petite française un peu perdue et loufoque qui s'est installé à côté de chez moi, glousse-t-il. Elle avait l'air tellement fragile... Aujourd'hui, elle a considérablement changé ! Je n'ai jamais su voir qu'elle était bien plus mûres et spéciales que les autres filles...

Je perçois du regret dans sa voix. Il a ouvert les yeux sur Charlie trop tard et il le regrettera encore longtemps. Avec mes conneries, j'aurais pu me retrouver dans la même situation. Perdre une femme comme Charlie est une souffrance infinie.

- Je suis vraiment heureux pour vous deux, continue Sheffield. Je reconnais que je ne croyais pas à votre histoire au début, mais je suis heureux d'avoir eu tort. Charlie aura la famille dont elle a toujours rêvé grâce à toi...

J'acquiesce. C'est assez étrange de parler de Charlie avec Sheffield sans qu'on en vienne aux mains. Sans lui, je n'aurais pas autant insisté auprès de Charlie pour un rencard. S'il n'avait pas couché avec Lucy, je serais passé à côté d'une femme extraordinaire. Tout arrive pour une raison.

- Merci...

Ca me fait mal de le reconnaître mais Sheffield a vraiment changé. Toute cette histoire de match truqué à cause du père de Charlie a fait réagir Sheffield, dans le bon sens. Il a compris qu'il était allé trop loin. Ce n'est pas le cas de sa soeur, qui n'a aucun regret pour s'être servi de Charlie pendant toutes ces années.

- Son père n'est pas au courant, n'est-ce pas ?

Je secoue la tête. Nous n'en avons pas tellement parlé elle et moi. A vrai dire, nous discutons de notre fille ou de série mais elle ne m'a pas encore pardonné pour se confier à moi. Je sais juste que son père ne sait rien de sa grossesse et qu'elle repousse le moment où elle lui dira.

- Il risque de ne pas apprécier mais je suppose que ce n'est rien comparé aux parts qu'elle détient dans l'entreprise...

Je plisse le front, sans comprendre. Comment se fait-il qu'il en sache beaucoup plus que moi ?

- Mon père parle toujours avec le sien, précise-t-il. Charles était furieux que son propre père cède toutes ses parts à Charlie ! Il a essayé de trouver une autre solution pour faire annuler l'action de son père, mais il n'a pas pu... Je ne serai pas surpris de le voir débarquer ici dans les jours qui viennent !

- Fais chier !

Je me sens con d'apprendre tout ça de la bouche de Sheffield. Encore une fois, je ne le dois qu'à ma connerie. Charlie aurait pu me raconter tout ça bien avant si je n'avais pas merdé.

- Fais attention à Charlie et à ton fils...

- C'est une fille !

Les lèvres de Sheffield s'étirent.

- J'espère qu'elle ressemblera à Charlie. J'aurai peut-être plus de chance avec elle, plaisante-t-il.

- Si tu approches ma fille, je te castre, le menacé-je.

Sheffield ricane, fier de m'avoir énervé. Il y a encore quelque semaines, je lui aurais collé une droite pour ce qu'il vient de me dire, mais quelque chose a changé. Je ne le déteste plus autant qu'avant. Il n'est plus vraiment mon ennemi. Je n'ai plus rien à craindre de lui. Dans trois mois, il sera parti pour New-York, et moi là où je commencerai une nouvelle vie.

Dans l'après-midi, je rejoins mon père à Durham afin d'acheter un berceau pour bébé Bass et un couffin. Je tiens à faire la surprise à Charlie. Je sais qu'elle a déjà dépensé un tas d'argent pour notre fille alors je veux apporter ma contribution. Ce n'est pas parce que son compte en banque est plein qu'elle doit tout assumer toute seule.

Mon père m'attend devant un immense magasin pour nourrisson. Lorsque Sarah est tombée enceinte de Caden, papa a accompagné Clayton ici pour l'aider à choisir le matériel nécessaire. Je suis heureux qu'il vienne avec moi. Je suis complètement perdu et je ne connais rien en bébés, même si je suis tonton depuis cinq ans.

Dès que j'arrive à sa hauteur, il grimace.

- Ne me dis pas le quarterback t'a remis un coup de poing, soupire-t-il.

- Non, mais Jay oui ! Il racontait n'importe quoi sur Charlie et ma fille. J'ai essayé de ne pas m'énerver, mais il a manqué de respect à Charlie alors je l'ai cogné et on s'est battus, j'explique à la va-vite.

- Tu as bien fait ! Je ne l'ai jamais aimé ce Jay. Un vrai profiteur hypocrite !

Je pouffe de rire. Mon père a raison. Encore une fois, j'aurais mieux fait d'écouter ses mises en garde. Il m'a toujours certifié que Jay me trahirait une fois qu'il n'aurait plus besoin de moi. C'est regrettable quand j'y pense. Une amitié de quatre ans qui se termine stupidement.

Encore une !

Papa me conseille au mieux pour le choix du berceau. Si je m'étais écouté, j'aurais pris le premier venu et le moins cher, ce qui n'est pas forcément une bonne idée. J'ai craqué pour un couffin en osier, un siège-auto bordeaux et un berceau en bois clair. Charlie m'a confié comment elle voyait la chambre de notre fille et j'aimerais lui faire la surprise de la faire selon ses goûts. Je suis prêt à tout et n'importe quoi afin de lui prouver que je prends très au sérieux mon rôle de père.

La note à la fin de mes achats est élevée, mais ça m'est égale. C'est pour ma fille. Je lui donnerai tout. A Charlie aussi.

Mon père et moi finissons par nous arrêter dans un café de Durham. Je n'aime pas trop traîner dans cette ville, mais peu importe. Le temps que je passe avec mon père est précieux. Je prends tous les conseils qu'il me donne sans rechigner. J'aimerais que ma mère en fasse de même. Cependant, elle ne m'a pas encore pardonné. Selon papa, cela ne saurait tarder. J'en doute un peu mais j'essaie de rester confiant. Ma mère me manque.

- Comment se sent Charlie ? me demande mon père, soufflant sur sa tasse de café.

- Elle est étonnement en pleine forme ! Depuis qu'elle sait que nous allons avoir une fille, elle est lumineuse et impatiente, ris-je.

Papa sourit, attendri.

- Et toi, es-tu heureux ?

- Oui... Je ne m'imaginais pas avec un enfant avant plusieurs années, mais maintenant que je sais que je vais être papa, je ne conçois pas mon avenir sans mon bébé et Charlie. Je me fous d'être père à vingt-deux ans, aujourd'hui ou plus tard, c'est pareil. Je sais que c'est avec Charlie que je veux vivre jusqu'à la fin de ma vie... Je l'ai su dès l'instant où elle est partie dans un de ses monologues loufoques dont elle a le secret ! Ca me tue de ne pas pouvoir être vraiment avec elle...

- Elle finira par te pardonner réellement, crois-moi. Cette fille t'aime et je suis certain que ce n'est pas facile pour elle de t'en vouloir encore...

Je sais qu'elle est perdue entre ses sentiments pour moi et la colère qu'elle ressent à mon égard. J'ai une fois de plus ébranlé sa confiance et elle a peur de me pardonner. Elle ne veut pas se tromper. Cette fois, elle n'est pas la seule en jeu. Notre fille peut en pâtir aussi et ça, il en est hors de question.

- Je suis fier de toi, fiston. Tu as su faire les bons choix pour ta famille et toi...

- C'était mal parti, gloussé-je.

- Le principal c'est ce que tu fais maintenant et ce que tu as prévu...

Il a raison. Mon père est le seul, avec Pauline, à savoir ce que j'ai l'intention de faire. Je suis sûr de moi. Pour beaucoup, ce que je compte faire peut sembler irréfléchi et impulsif, mais franchement j'en ai rien à faire. Je sais ce que je veux. J'ai hâte de mettre la main à la patte pour ce que j'ai prévu de faire. Lorsque j'explique à mon père tout ce que j'ai prévu pour Charlie et notre fille, je vois de la fierté dans ses yeux. Je réagis enfin comme l'homme qu'il voit en moi depuis des années. Le basket compte énormément dans ma vie, mais pas autant que ma famille.

- La finale est proche, tu as hâte ? demande mon père, beaucoup plus stressé que moi.

- Impatient, oui ! J'ai une revanche à prendre sur Reece Jefferson et les Blue Devils, je réponds, déterminé.

- Fais attention à toi, fils, je ne veux pas que tu te blesses à nouveau, s'enquiert mon père, alarmiste.

- Il ne me fera rien... Le joueur qui m'a luxé l'épaule a été suspendu, puis Jefferson a signé avec les Bulls alors je pense qu'il se fout de ce que je peux faire...

- Je n'en serais pas si sûr à ta place. Ce mec est prêt à tout pour briller. Une finale de championnat universitaire pèse lourd dans une carrière, fait-il remarquer.

- Une finale que je vais remporter avec mon équipe !

Ce n'est pas Reece Jefferson qui va m'empêcher de gagner. Tout le monde à l'Université compte sur nous. Les Tar Heels vont disputer un tas de finales de championnats sportifs. On peut devenir la fac la plus récompensée de cette année, et je sais qu'on peut y arriver sans problème.

Je suis plus que motivé !

Le soir, je rejoins Jensen et Nash pour trinquer à la grossesse de Charlie. Dès qu'ils l'ont appris, ils m'ont harcelé de messages pour avoir plus de détails. Ils se sont auto-proclamés tontons les plus cools et sexy au monde. Je ne suis pas allée au Sloane depuis longtemps, du moins en étant conscient et sobre.

Je déchante rapidement lorsque je vois Hale assis à la table de mes potes. Ouais, je sais, ce sont aussi ses amis. N'empêche que sa présence me fait chier ! Déjà que je dois me le coltiner à l'appart, je n'ai pas vraiment envie de le supporter en soirée potes. Il me déteste et ne se gêne pas pour me le faire remarquer.

- Salut, les mecs, je dis en arrivant à leur hauteur.

- Tu es en retard, me reproche Hale.

- Et tu n'étais pas prévu, je rétorque, agacé.

- Je suis l'oncle du bébé, heureusement que je suis prévu !

- Ca reste encore à voir !

Jensen et Nash nous regardent amusés par la partie de tennis verbale entre Hale et moi. J'aurais pu ignorer Hale, mais sa provocation m'a énervé. Il oublie un peu trop que je suis le père du bébé, peu importe la réaction stupide que j'ai eu en l'apprenant.

- Les mecs, on est venus ici pour passer une bonne soirée et fêter la future venue au monde de ta petite fille, alors on enterre la hache de guerre et on passe un bon moment, tempère Jensen.

- Tu as raison, concédé-je.

Hale me fusille du regard, mais se tait enfin. Je crois qu'il s'inquiète de la place qu'il aura dans la vie de ma fille. Il est déjà attaché à elle bien qu'elle ne soit encore qu'une petite crevette. Je ne l'empêcherai jamais de la voir, bien au contraire. Je veux seulement qu'il comprenne que je suis là et que je ne compte pas partir.

Jensen commande une tournée de bière. La soirée peut enfin démarrer. Je suis heureux de passer du temps avec mes amis. Dans à peine trois mois, on prendra des chemins différents dans nos vies, mais j'ose croire qu'ils ne nous sépareront pas. Je resterai toujours en contact avec eux. Puis, Jensen ne sera pas si loin. Nash non plus. Il a prévu de rester à Chapel Hill et continuer ses études dans le management. Quant à Hale, je crois que je vais devoir m'habituer à sa présence.

- Les filles ont prévues de faire une baby-shower, révèle Jensen. Je me suis dis que ça serait cool que l'on fasse quelque chose de notre côté !

- Je ne veux pas de baby-shower, refusé-je.

- Pas de baby-shower, idiot, un autre truc plus fun qui te ferait apprendre le rôle de père ! A mon avis, tu en as carrément besoin, rit-il.

- C'est clair, approuve Hale.

Jensen fait part de toutes les idées qu'il a eu pour cette journée "apprentissage papa" comme il l'appelle. Ce qu'il prévoit fait plus office de parcours du combattant qu'autre chose. Ce mec est taré. Le pire c'est qu'il est encouragé par les deux autres idiots qui se marrent à chaque idée de Jensen. Au moins, il a le mérite d'apaiser les tensions entre Hale et moi.

Les tournées de bières s'enchaînent et nous font le plus grand bien. Je n'ai pas passé un moment comme celui-ci depuis des semaines. Je me suis tellement coupé du monde ces derniers temps que j'ai failli tout rater. Je me promets de passer plus de moments avec mes amis avant que l'on soit séparés dans trois mois.

Nash me raconte sa nouvelle vie de célibataire. Il a enfin mis un terme à sa relation avec Cheryl, la psychopathe. Il n'en pouvait plus de ses crises de jalousie à répétition et à se battre pour eux deux alors qu'il ne l'aimait pas. Il profite de sa vie de célibataire tranquillement, sans faire de vagues. A mon avis, il va mettre du temps avant de se remettre avec une femme sérieusement.

Quant à Jensen, tout va bien avec Kayla. Ils ont hâte d'emménager ensemble à New-York et de poursuivre leur rêve. Jensen confie que sa petite-amie a des envies de bébés depuis qu'elle a vu Charlie la semaine dernière. Mon pote, lui, est un peu moins emballé, mais pas fermé pour autant. C'est fou comme on a changé tous les trois depuis notre première année de Fac. Jamais, je n'aurais cru être père à la fin de mon cursus.

La vie est pleine de surprises !

- Alors, qui est-ce que vous allez choisir comme parrain ? demande Nash, intéressé par le "poste".

- On en a pas encore parlé... Mais, ce n'est pas moi qu'il va falloir convaincre !

- J'en étais sûr que Charlie portait la culotte, ricane Jensen.

- C'est surtout que je ne suis pas certain qu'elle me laisse prendre part à cette partie de la grossesse, soupiré-je.

Charlie fait des efforts pour me laisser une petite place, mais ce n'est pas suffisant. Je veux beaucoup plus. J'aimerais que l'on commence à parler du prénom et de notre avenir à tous les trois. Cependant, je sais qu'elle se méfie encore. Si seulement je pouvais revenir en arrière !

- Evidemment qu'elle te laissera prendre part à cette partie ! intervient Hale. Elle ne prendra pas cette décision sans ton avis. Elle se demande même si elle doit suivre la tradition des Bass en donnant un prénom en C à votre fille !

Sa révélation me fait chaud au coeur. Je ne pensais pas qu'elle me demanderait mon avis autant. Elle ne le montre pas mais elle compte sur moi.

- Une petite Bass avec le physique de sa mère, elle fera un ravage dès le lycée, rit Jensen. J'ai hâte de voir la gueule que tu feras quand les mecs voudront l'inviter à sortir, pire la déflorer !

Nash et Hale pouffent de rire tandis que je lance mon regard le plus noir à Jensen. Ma fille n'aura pas d'amis-oncles, juste Clayton et Cameron, c'est suffisant.

- Ma fille ne sortira pas avant ses trente ans ! Et si un petit con de mec approche d'elle, je l'émascule à mains nues, je dis catégorique.

- Mais bien sûr, se moque Nash. Tu n'empêcheras pas ta fille d'avoir des relations sexuelles, tout comme ta soeur.

- Pourquoi tu parles de ma soeur ?

- Mon petit frère est ami avec son copain, me rappelle-t-il. Dean a dit à Nathan que lui et ta soeur avaient prévu de passer le cap le jour des seize ans de Cassie !

- Putain, je vais le tuer !

- Nathan m'a dit que ta soeur se confiait beaucoup à Charlie... Apparemment, ta copine lui a acheté des capotes !

- QUOI ???

Ne me dîtes pas qu'elle a vraiment fait ça ?!

- Détends-toi, mec. Ta soeur n'est plus une gamine ! Tu ne pourras pas l'empêcher de faire l'amour, me fait remarquer Jensen.

- Et elle a de la chance de pouvoir compter sur quelqu'un comme Charlie, ajoute Nash. Tu préfèrerais qu'elles ne s'entendent pas ?

- Bien sûr que non !

- Alors, calme-toi, bois ta bière et amuse-toi !

Je ronchonne un peu mais obéit. Ils ont raison. Puis, je suis clairement hypocrite. Mes frères ont perdu leur pucelage très tôt, surtout Cameron, alors pourquoi ma soeur ne pourrait-elle pas faire comme elle veut, du moment qu'elle se sent prête ?

Bon, ça ne m'emballe pas non plus. Pour moi, elle est encore une petite fille, et j'ai peur que son coeur soit brisé. Ce sera pire avec ma propre fille. La seule chose que je veux, c'est protéger les gens que j'aime.

Maintenant que j'ai gagné ma place auprès de ma fille, il est temps que je reprenne celle que j'avais auprès de ma princesse.

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