19. Carter

Encore une victoire. La forme que nous avons depuis mon retour nous rend invincible. Vaincre les Bulldogs de Georgie a été si simple que je n'ai pas l'impression d'avoir jouer. Pourtant, j'ai été vraiment bon. J'ai marqué une vingtaine de points, fait une dizaine de passes décisives et cinq interceptions. Mes stats sont au plus haut. Le Coach m'a félicité puis révélé que des recruteurs des Warriors ont assisté au match dans les gradins.

J'ai hâte de connaître leur opinion sur moi. Les Warriors sont mon rêve ultime et jouer pour eux serait fantastique. Malheureusement, je ne crois pas que ça arrivera avant quelques années. Je ne me vois pas vivre à des milliers de kilomètres de Charlie ou même de ma famille. J'ai conscience que je dois penser à ma carrière mais pas au détriment de ma vie personnelle. Je ne suis plus le même qu'en début d'année. Les priorités changent je suppose.

Je sais aussi que je ne pourrai pas me passer des terrains de basket ni de mes proches. Les deux sont vitaux pour que je sois heureux et complet. Sans ma famille et mes amis, je n'aurais pas pu relever la tête de mon enfer. En moins de quelques heures, j'avais perdu le basket et la femme que j'aime. Ca me semble tellement loin aujourd'hui.

Dès la fin du match, j'ai envoyé un message à Charlie. Je devais absolument partager la victoire avec elle. Si ça ne tenait qu'à moi, elle viendrait à chacun de mes matchs. J'adore la voir dans les gradins vivre aussi intensément que moi les rencontres sportives. A chaque fois que je marque, elle exulte de joie. J'aurais tellement aimé la voir jouer au basket quand elle était plus jeune. Ou même avec l'équipe féminine des Tar Heels, je suis certain qu'elle aurait eu sa place.

Bon sang, rien que de l'imaginer en tenue de basket me fait atrocement bander !

Cette fille me rend vraiment complètement dingue. J'ai hâte de la retrouver, la serrer dans mes bras, puis plonger en elle. Son corps a changé depuis notre rupture et bordel, il me donne un tas d'idées cochonnes. Surtout ses seins d'enfer, ils me rendent fous. J'ai pensé une seconde qu'elle avait eu recours à de la chirurgie plastique, mais Charlie a horreur du superficiel.

En sortant des vestiaires, je tombe immédiatement sur le Coach Vince.

- Encore un super match, Carter, me félicite-t-il.

- Merci, Coach.

- Tu n'as pas à me remercier, Carter. Grâce à toi et à ton leadership, je vais remporter le prix du Coach de l'année en même temps que toi tu auras celui du meilleur joueur !

- Je suis sûr que vous allez rafler tous les prix d'entraîneur !

C'est même évident ! Le Coach Vince est un sacré entraîneur qui a révolutionné l'équipe des Tar Heels. L'équipe n'avait pas remporté le championnat universitaire depuis de très longues années, et aujourd'hui, il va faire l'exploit de le gagner deux années consécutives. L'année dernière, trois joueurs ont été draftés en NBA. Cette année, je suis certain qu'autant réussiront à devenir pro.

- Les portes de la NBA s'ouvrent à toi, Carter, alors fais le bon choix d'équipe...

- J'attends d'avoir de vraies propositions avant de me prononcer... Je veux prendre le temps de réfléchir. On ne sait jamais ce qui peut arriver d'ici la fin de la saison ou de l'année...

- Tu as raison d'avoir la tête sur les épaules. Beaucoup de joueurs ont vu leur carrière rester au point mort à cause de mauvais choix mais je suis convaincu que ça ne t'arrivera pas !

Que Dieu l'entende !

- Les joueurs de l'équipe de football disputent leur match en ce moment, me renseigne-t-il. Les gars de l'équipe veulent aller les voir, ça te dit ? propose le Coach.

- Oui, bien sûr. J'ai des amis qui font partie de l'équipe !

Cette année, j'ai très peu vu Jensen jouer alors autant en profiter. Puis, ça me fera une occasion de me moquer gentiment de Hale. C'est devenu une sorte de passe-temps entre nous. Je reconnais qu'il n'est pas aussi insupportable que j'ai pu le penser au début. Peut-être parce que j'ai compris qu'il n'était pas intéressé par Charlie mais par Pauline. Encore faut-il qu'ils se l'avouent au lieu de ne cesser de se provoquer encore et encore.

J'envoie un message à Charlie pour la prévenir que je rentrerai un peu plus tard. Elle me répond dans la minute en me demandant de ne pas trop taquiner Hale. Elle me connaît bien. Je suis heureux qu'elle ait passé du temps avec ma petite soeur. Cette dernière est assez difficile en ce moment et très secrète. L'adolescence est vraiment une sale période. Si seulement elle était restée petite !

Non mieux, si seulement elle n'avait pas rencontré Dean le péteux ! Je pense toujours à émasculer cet abruti avant qu'il ne pense à déflorer ma petite soeur encore innocente. S'il la touche, je le tue.

Le match de football est remporté par les Tar Heels. Hale est réellement un sacré joueur. Je n'ai jamais vu un mec aussi rapide. Il traverse le terrain si vite qu'il fait penser à Flash de la ligue des Justiciers. Evidemment, je ne lui dirai pas puisqu'il prendra immédiatement la grosse tête. Jensen aussi a été bon. Il a une vision du jeu extraordinaire et apporte les choix nécessaires pour gagner. Je suis persuadé qu'il fera un excellent Coach.

Après leur match, nos deux équipes respectives se retrouvent dans un bar d'Athens afin de boire une pression pour fêter nos victoires. J'aurais préféré rentrer à Chapel Hill et retrouver Charlie mais je ne suis pas non plus mécontent de passer du temps avec mes potes.

- Tu y crois toi, me dit Jensen. Nos deux équipes bientôt sacrées championnes universitaires, c'est un putain de rêve devenu réalité !

- Rien est fait encore, fais-je remarquer plus mesuré.

- Mec, c'est carrément acté ! On ne craint aucune équipe et vous pareil !

- N'oublie pas les Blue Devils... La finale sera certainement contre eux et je sais déjà que Reece Jefferson fera tout son possible pour gagner et me déstabiliser !

- Mais tu es plus intelligent que lui donc tu ne rentreras pas dans son jeu ! Allez, Cart, savoure la victoire et les prochaines à venir, me conseille-t-il en me tendant ma bière.

Je ricane puis finis par boire une gorgée. Je tente d'envoyer un message à Charlie pour la prévenir que je rentrerai tard, mais je n'ai plus de batterie. Putain de téléphone qui se décharge en même pas cinq heures ! Je n'aurais peut-être pas dû regarder un film dessus dans le bus. J'en ai eu besoin pour me concentrer mais maintenant, je suis coupé du monde.

- Tu te souviens notre toute première année dans le dortoir ? lui rappelé-je.

- Ooh oui, pouffe-t-il. Je me souviens de vous avoir détesté toi et ton égo surdimensionné ! Tu t'es présenté comme le plus grand basketteur du campus qui allait devenir la star de la NBA... Si on avait vécu dans la même chambre, je t'aurais étouffer dans ton sommeil !

- Pareil !

- Le pire c'était la blonde avec qui tu sortais à l'époque. Lucy la gueularde !

Je glousse. J'avais oublié qu'il la surnommait de cette façon.

- Lucy fait partie du passé. Heureusement !

- Tu m'étonnes ! Cette fille était attirée par la popularité et le fric. Tu n'imagines pas combien j'ai été heureux qu'elle parte pour une autre université !

- C'est clair. Tu sais, toi aussi tu avais un égo surdimensionné à notre rencontre, lui fais-je remarquer.

- Je l'ai toujours, mec.

Encore une fois, je ris.

- Si on était pas allés à cette fête de je ne sais plus quelle sororité, on ne serait jamais devenus potes, lancé-je.

- Le principal c'est qu'on l'est, conclut-il.

J'acquiesce. J'en reviens pas comme ces quatre années sont passées à une vitesse folle. Je suis arrivé à l'Université, la tête remplie de rêve, et aujourd'hui je suis à deux doigts d'avoir tout ce que j'ai voulu. Et encore plus. Les amis que j'ai gagné à la Fac sont ceux que je garderai toute ma vie. Nash, Jensen, Kayla et même Hale.

D'ailleurs, ce crétin est comme un poisson dans l'eau dans ce bar. Il drague une serveuse plutôt pas mal et cette dernière lui sourit, sous le charme. Il n'est même pas dix-neuf heures qu'il s'amuse déjà à flirter. Je crois qu'il chercher à sortir une petite brune de son esprit. Ils sont fatiguant tous les deux. Je suis certain qu'ils finiront par se sauter dessus ou se tuer. Peut-être les deux.

Retenez bien ce que j'ai dit !

- Tu as réfléchi à ce que tu ferais l'an prochain ? je demande à Jensen.

- Je vais poursuivre mes études dans le management sportif à New-York, annonce-t-il. Une équipe dans un collège serait intéressée pour que je sois assistant coach à mi-temps !

- C'est une super nouvelle ! Je suis certain que tu vas gérer auprès des gosses. Ils vont être entraîner par une star du football universitaire, le rêve pour eux !

- Dans moins de dix ans, je serai le Coach de la meilleure équipe de football du monde, assure-t-il.

Je ricane. Je ne me fais pas de soucis pour Jensen. Il réussira à être le meilleur Coach des Etats-Unis en peu de temps. Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi déterminé que lui. A part moi, évidemment.

- Tu as intérêt à venir me voir quand tu seras à New-York, lance-t-il. Ou alors c'est moi qui viendrai te voir jouer face aux Knicks, à moins que tu joues pour eux !

- Désolé, mec, mais les Knicks très peu moi. Je ne suis vraiment pas fan !

- Puis New-York serait trop loin de ta princesse, me taquine-t-il.

Je ne le contredis pas. Il a complètement raison. Que ce soit n'importe quelle ville à plus de quatre cents kilomètres, elles ne m'intéressent pas. Je ne veux pas vivre en ayant un fuseau horaire différent de ma famille.

- C'est vraiment cool que vous soyez à nouveau ensemble, Charlie et toi. C'est une nana super et Kayla l'adore !

- Tout le monde l'adore, ris-je.

Ce n'est que la stricte vérité. Les seules personnes qui n'ont pas succombé au charmes de ma princesse sont ces vipères d'Hannah Rozen et Régina Sparks. Quand je pense que j'ai couché avec la première ! Ok, physiquement Hannah est une bombe mais tout n'est que superficialité chez elle, et manipulations aussi. Je ne me préoccupe plus de ces filles depuis que j'ai quitté la fraternité des Alphas.

- Sérieux, tu t'es remis avec cette fille ? demande Jay qui s'est installé à notre table.

Je n'ai pas reparlé à Jay depuis des mois. Il m'entraînait sur une pente descendante en m'incitant à boire et à faire la tête chaque soir. Puis, je ne supportais plus qu'il passe son temps à dénigrer Charlie. Il ne l'a jamais apprécié. Cet enfoiré m'a supprimé de ses amis dès que je me suis blessé. Je le considérais comme un véritable ami mais je me suis trompé.

- Qu'est-ce que ça peut te faire ? m'agacé-je.

- Elle se fout de ta gueule, mon pote !

- Tu ne la connais pas, grincé-je.

- Les filles comme elles ne sont pas difficiles à cerner, crache-t-il. Elle ne cherche que la gloire et quoi de mieux qu'être la copine d'une future star de la NBA ? Elle est retournée avec toi dès l'instant où elle a compris que tu pourrais jouer à nouveau !

- Tu ne sais rien du tout, Jay, alors ferme-la avant que je te force à le faire, le menacé-je.

Je sens que je vais très vite perdre patience. Je ne supporte pas qu'il puisse dire du mal d'elle.

- Elle t'a ensorcelé ma parole, soupire-t-il. Bien, s'il te faut des preuves, je te le donne avec plaisir !

Il sort son portable de son jean puis fouille à l'intérieur avant de me le tendre. Je baisse les yeux sur la photo qui s'affiche tandis que mon sang se glace.

- Pendant que toi tu jouais ton petit match tranquille, ta très chère princesse fricotait avec ce bon docteur Palmer !

Je suis en train de rêver. Je ne vois pas d'autres explications. Charlie est dans les bras de Garrett. Les mains de cet enfoiré sont dans le creux du dos de ma nana. Est-ce qu'ils se foutent de ma gueule depuis le début ? Ou a-t-elle cédé aux avances du kiné ? J'aurais dû me fier à ma première impression sur lui. Il a flirté avec elle devant moi et a profité de mon absence pour passer à l'attaque.

La rage qui s'empare de moi me fait perdre les pédales.

Je me tourne vers Jensen, le visage furieux.

- Tu es venu en voiture ? j'interroge.

- Oui, mais Cart...

- Ramène-moi !

Je ne lui laisse pas le choix. A ma place, il réagirait pareil et je lui rendrais ce service. Sans prévenir personne, Jensen et moi partons du bar. Il est impossible pour moi de réfléchir rationnellement pendant tout le trajet jusqu'à Chapel Hill.

Jensen essaie de me faire entendre raison en m'assurant que Charlie ne me tromperait, mais je n'arrive pas à me le rentrer dans le crâne. La photo parle d'elle-même. Elle ne m'a pas dit qu'elle devait voir Palmer. Pourquoi me l'aurait-elle caché dans ces cas-là ? Je vais devenir dingue. Jensen roule comme un fou mais ce n'est pas assez. Je me sens bouillir de l'intérieur.

Peut-être que j'aurais dû demander à Jay comment il a eu cette photo. Au moins, je sais qu'elle n'est pas fausse. Je connais assez les montages pour les déceler. Mon Dieu, je ne peux pas croire qu'elle me fasse ça. Charlie m'aime. Rien que pour cette raison, je ne devrais pas douter d'elle. Seulement, elle a tellement été bizarre ces derniers jours que je suis en voie de me poser des questions. Je l'ai bien vu qu'elle essayait de me dire quelque chose, est-ce que c'était ça ?

Non. Je ne peux pas le croire une seule seconde.

Dès que j'arrive devant l'immeuble de Charlie, je descends de la voiture précipitamment en grognant un merci à Jensen. La nuit est tombée depuis au moins deux heures. Minuit. Merde, Charlie doit dormir. Cependant, je ne peux pas attendre demain avant d'avoir une explication.

Je grimpe les marches quatre à quatre, arrive devant la porte d'entrée de Charlie et Pauline. Je tambourine sans ménagement. La colère l'emporte sur tout le reste. Je veux mon explication.

Au bout de trois minutes à bousiller le poing contre la porte, elle finit par s'ouvrir sur une Pauline à moitié endormie.

- Putain, Bass, t'as vu l'heure qu'il est !

- Où est Charlie ?

Mon ton est sec et absolument pas sympathique.

- Elle dort. Reviens demain.

Pauline me foudroie du regard. Elle a compris que je ne venais pas en tout "amitié". Elle tente de refermer la porte mais je la bloque avec mon pied et force le passage. J'entre dans l'appartement sans aucun ménagement. Je ne me reconnais pas. Je suis devenu complètement fou. Une seule tromperie de la part de Charlie me briserait entièrement. Je ne peux pas le concevoir et imaginer la perdre encore.

- Putain, qu'est-ce qui te prend ? Charlie n'a pas besoin que tu débarques à cette heure-ci dans un état de nerfs évident et incompréhensibles. C'est mauvais pour elle !

- Pourquoi ce serait mauvais pour elle ?

Le visage de Pauline blêmit.

Charlie apparaît dans le couloir, décoiffée et à moitié réveillée. Elle frotte ses yeux et baille avant de demander :

- Pau, qu'est-ce qui se...

Elle se fige en me voyant enfin. Son haut de pyjama à l'effigie des super-nanas se tend au niveau de sa poitrine. Son visage porte la trace de son oreiller. Merde, elle devait vraiment dormir depuis un moment. En la regardant, je me sens con et me dis qu'elle est incapable de faire ce dont j'ai imaginé.

- Je vous laisse parler, annonce Pauline. Je ne reste pas loin en cas de besoin...

Ok, ça m'est clairement destiné ! Je l'ai mérité.

Pauline va dans sa chambre sans m'avoir fusillé du regard une dernière fois.

- Carter, qu'est-ce que tu fais là ? Tu as eu mes messages ? A vingt-deux heures, je t'ai dit que je préférais aller me coucher parce que j'étais morte de fatigue... Est-ce que ça va ? Tu as l'air... préoccupé.

Ce n'est pas le mot que j'aurais choisi. Je suis certain que ma rage doit se faire ressentir.

Charlie tente de toucher mon visage mais je recule. Mon geste la surprend. Elle fronce les sourcils puis ouvre la bouche.

- Est-ce que tu as vu Garrett Palmer aujourd'hui ? la devancé-je.

- Je... oui.

- Pourquoi ?

La pâleur de son visage ne me dit rien qui vaille et ne me rassure pas. Il est évident qu'elle me cache quelque chose. Elle tripote son haut de pyjama et n'ose pas me regarder dans les yeux. Je vois ses mains trembler. Charlie va s'appuyer contre le dossier du canapé comme si elle allait s'écrouler par terre d'une seconde à l'autre.

- Pourquoi ? j'insiste, perdant patience.

Elle lève les yeux vers moi. Je décèle de la peur à l'intérieur.

- Il fallait que... que je lui parle de l'année prochaine, finit-elle par répondre.

- L'année prochaine ? je répète. Pourquoi aurais-tu besoin de parler avec lui de l'année prochaine ?

Elle déglutit.

Bon sang, ses réactions vont me faire perdre la tête !

Je ne comprends pas qu'elle puisse avoir autant peur de moi. Qu'est-ce qui se passe putain ? Ce matin, je suis parti en étant l'homme le plus heureux du monde et ce soir j'ai l'impression que mon monde s'effondre.

- Charlie, parle-moi... Je t'en supplie...

Ma détresse la fait réagir. Ses yeux se remplissent presque de larmes.

- J'ai voulu lui parler pour avoir des infos sur mon programme à Charlotte... J'ai besoin d'un emploi du temps souple et je...

- Tu es en train de te foutre de moi, Charlie, m'impatienté-je. Dis-moi ce que tu foutais dans les bras de Palmer en fin d'après-midi ?!

Elle sursaute tellement j'ai hurlé. Je ne veux pas lui faire peur. Putain, je suis en train de perdre les pédales. Jay et sa putain de photo m'ont fait vriller. Je pose mes mains sur ses joues et la force à me regarder. Une larme coule sur sa joue que j'essuie du bout des doigts.

- J'ai vu une photo de toi dans les bras de Palmer... Tu ne m'as pas dit que tu allais le voir aujourd'hui alors j'ai cru que...

- Que je te trompais ? coupe-t-elle, blessée.

- Oui...

- Carter, ce n'est pas du tout ce que tu crois... Garrett me... Je suis désolée, Carter, je...

Pourquoi est-ce qu'elle est autant mal à l'aise ? C'est insupportable !

Charlie n'a jamais eu de mal pour me parler. Bien au contraire. Elle m'a habitué à des monologues ou à jacasser encore et encore mais pas d'avoir peur de me dire quelque chose. Ca me rend fou.

- Il s'est passé quelque chose entre vous ? m'énervé-je à nouveau.

Il est impossible que je garde mon calme.

- Non ! Bien sûr que non !

- Alors pourquoi il t'a serré dans ses bras ? hurlé-je.

- Pour me féliciter, lâche-t-elle sans me regarder.

Cette fois, elle me prend vraiment pour un con.

- Te féliciter, ricané-je amèrement. De quoi pourrait-il te féliciter ? Pas d'avoir réussi à entrer à Charlotte, il le sait déjà. Non, c'est autre chose... Des tes prouesses au...

- Ne finis pas cette phrase, me menace-t-elle.

- Alors dis-moi pourquoi cet enfoiré te féliciter ! m'époumoné-je si fort que je pourrais faire trembler les murs.

- Parce que je suis enceinte !

Son annonce me fait l'effet d'un coup de poignard dans l'estomac. J'enlève mes mains de ses joues comme si elles me brûlaient et recule de plusieurs pas. Ma tête tourne. Mon coeur bat à cent à l'heure. Je fais les cent pas dans son salon en prenant ma tête dans mes mains. Je suis en plein cauchemar. Je vais me réveiller et rien de ce qu'elle a dit sera réel. Elle ne peut pas l'être.

Putain, non, elle n'a pas le droit. Une douleur lancinante broie ma poitrine. J'ai été idiot. J'aurais dû m'en douter. Toutes ces questions qu'elle me posait sur les enfants, mon envie d'en avoir, elle le savait déjà. Et elle n'a rien dit. Je me sens complètement trahi par la femme que j'aime et dont j'ignore finalement tout.

- Carter, murmure-t-elle.

- Depuis combien de temps tu le sais ? je demande, froid.

- Bientôt quatre semaine...

Je n'ai même pas besoin de lui demander à quel mois elle en est, je le devine parfaitement. Au moins trois mois et demi, soit la première fois où nous avons fait l'amour sans préservatif.

- Je croyais que tu prenais la pilule ?

- Je la prenais encore à ce moment-là... J'étais malade alors j'ai pris des antibiotiques... L'obstétricien a dit qu'ils pouvaient annuler les effets de la pilule, explique-t-elle en sanglots.

- Comme c'est pratique, ironisé-je.

Je n'arrive même pas à la regarder dans les yeux tant elle me dégoûte.

- Peut-être que c'est ce que tu voulais depuis le début ! Ça faisait partie de ton plan.

- Quel plan ? 

- Mettre le grappin sur un sportif pour la gloire et les paillettes, asséné-je.

Je plante mes yeux dans les siens avec toute la haine que je peux ressentir à cet instant. Je ne vois plus la Charlie dont je suis tombé amoureux en face de moi, mais une manipulatrice et une menteuse.

- Je me fous de la gloire et des paillettes, se défend-elle.

- Oh je t'en prie ! Avant d'être avec moi, tu n'étais rien dans cette Fac, une pauvre fille invisible qui n'intéressait personne, craché-je.

Instantanément, je regrette mes mots. Ses larmes s'intensifient. Je viens de lui briser le coeur. Une seconde fois. Je peux même entendre les morceaux de son coeur se fissurer puisque le mien fait écho.

Je ne comprends pas ce qu'il me prend, d'où me vient cette haine. Ma vie est gâchée à cause de cette grossesse et je lui fais payer. Je ne suis pas mon père.  Je ne renoncerai pas au basket pour un bébé que je ne veux pas. Il en est hors de question.

Elle a pris toute seule la décision de me cacher la vérité et de garder cet enfant. Je ne peux pas assumer pour elle. Ce n'est pas mon choix.

Sans prendre le temps de réfléchir, je me dirige vers la porte. Je me retourne une dernière fois après l'avoir ouvert et balance froidement :

- Je n'en veux pas.

Et je pars. Comme le pire lâche que je suis.

Je sais à cet instant que je l'ai perdu, qu'elle ne me le pardonnera jamais.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top