15. Charlie

Le stade est rempli.

En à peine une demi-heure, les gradins ont été pris d'assaut par les supporters des deux équipes. Ce match est tellement attendu par tout Chapel Hill que je ne serai pas étonnée d'apprendre que la moitié de la ville a fait le déplacement jusqu'au stade. J'arrive toujours pas à réaliser combien le sport est important dans ce pays.

Je vis aux Etats-Unis depuis six ans et pourtant, je parviens encore à être surprise par l'effervescence autour du basket, du football ou encore du baseball et du hockey à l'université. C'est tellement différent en France. Lorsque je jouais au basket en club dans mon adolescence, aucune équipe ne réussissait à réunir autant de personnes. Le maximum de supporters avoisinait les trois cent personnes, ce qui est déjà hallucinant.

Bon, je faisais partie d'un petit club de Lyon où le niveau ne dépassait pas la région mais c'était plus que suffisant !

Aujourd'hui, être au milieu de milliers de gens tous venus pour leur équipe favorite me change complètement. Je n'ai plus du tout la même vie qu'en France et je crois que je préfère celle que j'ai à présent. Ça n'a pas toujours été facile mais je suis confiante maintenant malgré les nouvelles épreuves qui m'attendent.

- Tu veux boire quelque chose ? Je peux aller te chercher un jus de fruits ou même de l'eau, s'enquiert Pauline.

- Ça va aller, Pau, la rassuré-je. Cameron et Jensen se sont occupés des boissons, j'ai précisé que je ne voulais rien d'autre que de l'eau alors ils devraient s'en sortir...

- Mouais, je suis pas convaincue, rit-elle.

Je souris. Je suis heureuse qu'elle ait accepté de venir. C'était mal parti pourtant. A cause de leur énième dispute, à elle et Ryan, Pau ne voulait pas assister au match puisque Ryan serait aussi là. Mais, elle a su prendre sur elle pour ne pas me laisser de peur que je fasse un malaise ou autre. Elle s'inquiète beaucoup trop pour moi mais je l'en remercie chaque jour. Pauline est une amie en or qui prend soin de ceux qu'elle aime sans jamais se plaindre.

Cependant, elle m'inquiète. Outre le fait que Ryan puisse être un abruti, je n'ai jamais vu mon amie s'emportait autant face à un mec ou prendre mal les taquineries qu'il pouvait lui dire. Pau n'a rien voulu me dire, ni après le déjeuner, ni chez nous. Je sais que quelque chose la tracasse. Je pense même qu'elle a fui quelqu'un en France. Je réussirai à la faire parler à un moment ou un autre. Ce qui est sûr c'est que je ne vais pas abandonner.

- Merci d'être venue, Pau, lui souris-je.

- Ne me remercie pas, dit-elle en secouant la tête. Je veux voir comment se débrouille ton mec puisque tout le campus persiste à dire qu'il est le meilleur joueur qu'a connu l'équipe. J'en doute un peu mais je lui laisse une chance !

- Tu es affreuse !

- Et toi, tu es beaucoup trop gnan-gnan depuis que c'est reparti avec la basketteur canon, rétorque-t-elle, taquine.

- On parle de moi ? s'incruste Cameron les mains prises par les différentes boissons commandées.

Pauline lève les yeux au ciel tandis que Jensen pouffe de rire. Le petit frère de Carter et le footballeur sont très proches. Ils se voient presque chaque week-end. Jensen n'a pas de frère alors je crois que Cam est celui qu'il n'a pas eu. Je dois reconnaître que leur complicité est belle à voir. Il ne suffit pas d'avoir le même sang pour appartenir à la même famille. Je l'ai compris très vite grâce à mes géniteurs.

- Ne rêve pas, Cameron, répond Pauline en s'emparant d'un des verres de bière pris par les garçons. Jamais de seconde fois, lui rappelle-t-elle.

- C'est vraiment nul comme règle, souffle Cam.

- Ce sont les miennes, mon chou !

- Tant pis, je vais devoir me consoler avec une autre étudiante, se résigne-t-il.

Enfin, ce n'est pas vraiment un fardeau pour lui. Cam n'a qu'à sourire pour attirer une nana dans ses filets. C'est triste à dire mais ce gamin a un charme fou, il les fait toutes craquer. La preuve, il vient de lever son verre vers deux étudiantes trois rangées plus bas et elles lui adressent un sourire si lumineux qu'il ne mettra pas longtemps avant d'en séduire une, voire les deux.

- Tu es pire que ton frère, c'est hallucinant, commente Jensen, admiratif.

- Maintenant qu'il est casé, il faut bien qu'un Bass prenne la relève !

- Et tu te sacrifies, c'est ça ? je demande.

- Evidemment ! Je pense à tous ces coeurs qu'il a brisé sur son chemin en tombant fou amoureux de sa princesse, plaisante-t-il.

Je lève les yeux au ciel mais ne peux empêcher un sourire de se former sur mes lèvres. J'aime entendre que Carter est amoureux de moi. Il aurait pu avoir toutes les nanas de la fac qu'il voulait mais c'est avec moi qu'il a envie d'être.

Jusqu'à ce que tu lui apprennes que tu as son gosse dans le bide, me rappelle ma conscience.

C'est ce soir qu'il va tout apprendre. Je ne sais pas encore de quelle façon je vais lui annoncer mais ce dont je suis certaine c'est que j'ai une peur bleue de sa réaction. Je suis angoissée rien que d'imaginer sa haine envers moi. Peut-être que si je l'avais su deux mois plus tôt, il le prendrait moins mal, surtout que j'ai pris la décision seule de le garder. Est-ce égoïste de vouloir garder une part de nous-même ?

- Ca va, Charlie, tu es pâle comme un zombie ! constate Cam, inquiet.

- Oui, tout va bien. Je n'ai pas mangé depuis le déjeuner, je dois être en manque de sucre...

- Je vais aller te chercher quelque chose, s'empresse Pauline.

Je n'ai pas le temps de lui dire que ce n'est pas nécessaire qu'elle est déjà dans l'allée des escaliers. Si Carter fuit en apprenant ma grossesse, je sais que je pourrais compter sur Pauline. Elle s'occupera bien de moi, tout comme je vais faire attention à elle.

Les équipes s'entraînent chacune de leur côté sur le terrain. Mon coeur se réchauffe en voyant Carter dans son équipement mais surtout en le regardant shooter et marquer. Il a réussi à revenir plus fort et à ne rien lâcher. J'ai un moment cru qu'il n'y parviendrait jamais surtout à mon retour. Seulement, il m'a prouvé le contraire. Il mérite tellement de réaliser son rêve que je pense que c'est devenu l'un des miens.

Je sais qu'il m'a assuré que nous choisirons son équipe pro ensemble mais je ne tiens pas à ce que notre relation l'empêche de jouer où il veut. La côté Ouest est ce qu'il visait alors peut-être qu'il vaut mieux qu'il s'y rende même si je suis accepté à Duke.

Et le bébé dans tout ça ?

Bon sang, je sens que je ne vais jamais m'en sortir sans lui en avoir parlé avant !

Ryan arrive en compagnie de son plan cul régulier, la cougar Lauren et accessoirement l'ex sexfriend de Carter. J'adore mon ami mais des fois il ne réfléchit pas avant d'agir. Non seulement je n'apprécie pas qu'il me colle cette pimbêche refaite mais il le fait aussi pour enrager Pauline. Son comportement à midi ne lui a pas suffit il faut qu'il en rajoute une couche. Je jure de lui mettre une paire de gifle s'il lui fait encore le moindre mal.

- J'ai fait quelque chose qui ne va pas, poupée ? Parce que tu me regardes comme si j'étais le diable en personne, rit-il.

- Je te préviens, tu n'as pas intérêt à chercher Pauline ou je te coupe tes attributs, le menacé-je.

- Ce n'est pas mon intention, se défend-il. C'est elle qui prend tout mal et qui...

- Je t'arrête de suite, caliméro, ton petit jeu ne prend pas avec moi. Je sais pourquoi tu as ramené Pamela Anderson ce soir. Tu veux encore provoquer Pauline. Putain, je croyais avoir été claire avec toi la dernière fois mais je commence à croire que tu n'as rien compris... Cesse de lui faire du mal. Je crois que toi et moi ne savons pas combien elle en a bavé avant de venir ici alors s'il te plaît, laisse la tranquille ou dis-lui ce que tu ressens...

Ryan ne répond pas. J'ose croire qu'il a enfin percuté et qu'il cessera de se comporter comme un abruti mais, honnêtement, j'ai des doutes.

- Ce que tu ressens pour qui ? se mêle la bimbo aux rouge à lèvres pourpre qui dépasse.

- Pas important, oublie, réplique Ryan un peu sèchement.

Il lui fait signe de s'installer sur les sièges un peu plus loin préservant Pauline de sa présence. C'est toujours ça de gagner. Celle-ci revient avec un tas de sucreries dans les mains.

- Je ne savais pas ce que tu voulais alors j'ai pris un de chaque, dit-elle en les posant dans mes mains.

Un ange, je vous le dis !

- Merci, Pau.

Je range les confiseries dans mon sac, lui en tends une, sa barre chocolatée préférée puis l'embrasse sur la joue.

- Vous vous la jouez lesbienne maintenant ? se moque Cam.

- Il faut bien qu'on aille voir ailleurs puisque les Bass n'assurent pas au pieu, rétorque Pauline, piquante.

- Comment ça les Bass n'assurent pas au pieu ? questionne une voix que je connais assez.

Papa Bass.

Sans m'en empêcher, j'éclate de rire en voyant le visage rempli de honte de Pauline. Je croyais qu'il n'était pas possible de faire pire rencontre avec le père de Carter que la mienne mais je me suis trompée. Pauline vient de faire une sacrée entrée dans leur vie et bon sang qu'est ce que c'est drôle !

- Pauline, je te présente mon père, Bruce Bass, lui révèle Cam.

Ma meilleure amie devient rouge comme une tomate. Elle ne s'attendait certainement pas à ça. Heureusement qu'elle ne comptait pas devenir la belle-fille de Papa Bass ou elle n'aurait jamais pu le regardait dans les yeux pendant un repas de famille.

Bruce se retient pour ne pas exploser de rire. Il hausse un sourcil pour intimider Pauline, ce qui fonctionne à merveille. La pauvre, il a dû comprendre qu'entre elle et Cameron il y a eu une petite histoire physique. Mon Dieu, à sa place je me serais barrée en courant. Je suis certaine qu'elle va m'en vouloir toute sa vie d'avoir insisté pour qu'elle vienne.

- Alors comme ça les Bass sont mauvais ? insiste-t-il.

- Bruce, arrête de torturer cette pauvre fille, intervient sa femme. Je suis Clarisse, la mère des petits monstres Bass, dit-elle en tendant la main à Pauline.

Pau se détend en serrant la main de Clarisse. Bruce lui sourit et lui fait la bise. Tour à tour, les membres de la famille Bass se présentent à Pauline. Ils sont tous là sauf les enfants de Clayton et Sarah. C'était certainement trop tard pour eux. Cassiopée me sourit. Je remarque qu'elle tient la main à un jeune homme blond. Elle est rayonnante.

Je me sens assez gênée de me retrouver à nouveau face aux parents de Carter. Enfin de toute sa famille. Je suis en partie responsable de leurs problèmes et de la période sombre de leur fils ou frère alors j'ai peur qu'ils me détestent.

Je suis très vite rassurée puisque Clarisse me prend dans ses bras.

- Ma chérie, je suis tellement heureuse de te voir !

Sa chaleur me fait du bien.

- Moi aussi, Mme Bass.

- Ah non, pas de Mme Bass avec moi, tu fais partie de la famille, Charlie !

- Elle a raison, renchérit Bruce. Tu es notre troisième fille.

Je suis touchée par leur accueil, je ne m'y attendais pas du tout. Ce sont des gens biens, pas comme mes géniteurs. Ils ne jugent personne et leur bienveillance n'a pas de limite.

- Nous sommes heureux que tu aies su pardonner à Carter, me confie Bruce en chuchotant. Il n'était plus le même sans toi. Puis, je dois avouer que tes monologues et ton esprits m'ont beaucoup manqué. Je te rappelle qu'on a une revanche à prendre aux jeux de société.

Je souris.

- J'ai hâte de mettre une pâtée aux autres au prochain repas de famille, plaisanté-je.

- J'aime cet esprit compétitif ! Allons nous installer voir mon fils mettre la raclée à ces merdeux du Minnesota !

- Bruce, le réprimande Clarisse.

Bruce me regarde en jouant les enfants pris en fautes.

Bon sang, qu'est-ce qu'ils m'ont manqué !

Je m'installe à nouveau à ma place, sereine. Je crois que les Bass seront toujours gentils avec moi. L'annonce de ma grossesse ne changera rien pour eux ou plutôt ils en seront heureux. Clarisse aura un autre petit fils ou petite fille et je suis persuadée qu'elle se fera un plaisir de le garder. Ou alors je me fais de gros films et ils ne vont pas du tout accepter ma grossesse.

Avant le début du match, Cass me présente son petit ami, Dean. Il est plutôt sympa et mignon. Il regarde Cassie comme la huitième merveille du monde. Ils sont amoureux, ça crève les yeux. A mon avis, ils n'ont pas franchi le pas de plus mais ça ne saurait tarder. J'aimerais pas être à la place de Dean le jour où les trois frères de Cassiopée vont apprendre qu'il a pris la vertu de leur petite soeur adorée. Ils vont lui couper les testicules c'est certain !

- Ta belle famille est géniale, me murmure Pauline. Ton enfant aura une vraie famille...

Je lui souris puis regarde autour de moi pour m'assurer que personne n'a entendu ce qu'elle vient de dire. Rien à signaler. Ils sont tous occupés à commenter l'échauffement des joueurs du Minnesota. Instinctivement, je touche mon ventre. Bon, il n'a toujours pas pris de formes mais le doc m'a assuré que ce n'est qu'une question d'une ou deux semaines. J'ai hâte de le voir rebondi, de voir mon bébé grandir dans mon ventre.

Comme si elle lisait dans mes pensées, Pauline me sourit puis dépose un baiser sur ma joue.

- Tu seras géniale, assure-t-elle.

- Comme toi, Pau.

Je la vois jeter un oeil vers Ryan et sa bimbo et soupirer. Ca me fait mal de la voir comme ça, de les voir se comporter comme deux enfants qui se font du mal. Le problème avec ces deux têtus c'est qu'aucun d'eux ne demandera pardon à l'autre ou avouera ce qu'il ressent. Je leur donne quelques semaines sinon je m'en mêlerai.

Je remarque que Garrett Palmer est assis sur le banc des Tar Heels. J'aurais dû me douter qu'il ne serait pas loin au cas où Carter ressente une quelconque douleur dans l'épaule. Il aura sûrement droit à un massage de sa part à la fin du match.

Le match de Carter commence enfin. Je suis à la fois excitée et angoissée. Carter est sur le terrain dès le début. A chaque fois qu'il a le ballon je retiens mon souffle. J'ai peur pour son épaule ou qu'il fasse une performance en dessous de ses capacités mais il s'en sort parfaitement. Il est présent sur tous les ballons, se battant comme un acharné. Les Tar Heels reviennent en force dans la compétition grâce à leur meneur qui leur apporte une motivation sans faille.

Le niveau de Carter est dingue. Il n'a loupé qu'un seul tir sur un peu moins d'une dizaine. Il est incroyable. En le voyant jouer, je réalise qu'il est vraiment fait pour ce sport. C'est naturel de jouer, plus que respirer. Je comprends pourquoi il se croyait perdu sans le basket, il en a besoin pour vivre. Je ne laisserai personne l'en priver une seconde fois. Mon père ne plus rien. Ni Gabriel.

A la mi-temps, les Tar Heels mène de quinze points. Ils sont largement supérieur à leur adversaire. S'ils continuent à jouer aussi bien, les play-offs vont être faciles à remporter. Je crois en eux et surtout en Carter. Il fait un excellent capitaine. Il rassemble ses troupes quand un joueur a un doute ou est en dessous. Carter est un leader. Je suis persuadée qu'il fera un père génial s'il accepte de l'être.

Pauline accompagne Cam et Bruce chercher de quoi boire et grignoter. Je crois que Bruce compte croiser Carter dans les vestiaires ou jouer les espions afin de savoir où se trouvent les recruteurs. Ryan a disparu avec Lauren la cougar tandis que Cassiopée roucoule avec son petit ami, et Clayton et Sarah appellent leur nourrice pour s'assurer que tout se passe bien avec les enfants.

Profitant que je suis seule, Clarisse s'installe à la place à côté de moi.

- Je suis vraiment contente que tu sois de nouveau avec mon Carter, avoue-t-elle. Il s'est mal comporté avec toi et j'en suis désolée...

- Tout va bien maintenant, la rassuré-je.

- Je ne lui avais jamais donné de gifle avant ce soir-là où j'ai entendu ce qu'il a fait, continue Clarisse. Je regrettais toutes ces fois où j'apprenais qu'il avait une nouvelle conquête mais lorsque j'ai découvert qu'il sortait avec une étudiante

- C'est oublié, Clarisse, mais je vous remercie d'avoir pris ma défense...

- Chérie, tu es une vraie perle et je suis heureuse que mon fils soit tombé sur toi. Encore plus, en sachant ce que tu as fait pour nous tous !

- Je n'ai rien fait de particulier, dis-je en fronçant les sourcils. J'ai participé à la rééducation de Carter grâce à mon stage mais je n'ai rien fait de plus...

Je commence à paniquer. Je ne sais pas du tout de quoi elle parle. Clarisse pose sa main sur mon épaule et me regarde les yeux humides.

- Je sais ce que tu as fait pour nous, Charlie, annonce-t-elle. Je l'ai compris dès l'instant où Carter a quitté la maison en furie. On avait organisé une soirée pour annoncer à toute la famille que le garage avait été sauvé. Carter ne comprenait pas que quelqu'un ait pu nous aider gratuitement. Il a commencé à supposer des choses jusqu'à ce qu'il parte... J'ai immédiatement su où il allait, qui il retrouverait. Toi.

Je ne parle pas. Je suis face à ce que je redoutais.

- C'est toi qui a remboursé les dettes de mon mari, n'est-ce pas ? insiste-t-elle.

- Je... Non... Je ne savais même pas que...

- Charlie, je ne suis pas en colère contre toi, me coupe-t-elle d'une voix douce. A vrai dire, je crois que je ne saurais te décrire toute la gratitude que je ressens envers toi... Tu nous as sauvé la vie.

- Non, je n'ai pas sauvé votre vie... La pression de la banque... C'est à cause de moi, révélé-je, honteuse.

Elle me regarde sans comprendre, le front plissé. Ne pouvant plus tenir, je lui raconte tout dans les moindres détails. Je lui parle de mon père et de ses plans pour me plier à ses exigences, de son chantage ignoble jusqu'à sa menace de s'en prendre à leur famille par ma faute. Je ne lui cache rien parce que je n'ai pas le droit de mentir à cette femme qui m'a accueilli chez elle comme si j'étais de sa famille.

Contrairement à ce que je m'attends, Clarisse me prend dans ses bras. Elle me câline comme une mère le ferait à son enfant. La chaleur de ses bras me fait tellement de bien que je me laisse aller. Je pleure à cause des nerfs qui lâchent. Tout ce qu'a fait mon père m'a beaucoup plus atteint que je l'ai laissé penser.

- Tu n'as plus à t'inquiéter des menaces de ton père, ma chérie, tu t'es affranchi de lui et divinement bien. Ne le laisse plus jamais être responsable de tes larmes, il ne les mérite pas, me dit-elle en essuyant mes larmes du bout des doigts.

- Merci, Clarisse, lui souris-je.

- C'est à moi de te remercier, ma chérie. Bruce et moi te rembourserons le moindre centime...

- Non, l'interromps-je. Je ne veux pas de cet argent. Il venait de mon père alors je suis heureuse qu'il ait pu servir à réparer ses agissements douteux.

- Mais, tu as donné plus que ce qu'on devait... Laisse-nous te rembourser la différence.

Je secoue la tête pour refuser.

- Vraiment, je ne veux pas de cet argent. Gardez-le pour les études de Cameron ou Cassiopée, ils en ont plus besoin que moi. Ou faîtes-vous plaisir avec Bruce en vous organisant un voyage, proposé-je.

Elle me sourit. Je lui fais promettre de ne rien dire à Bruce pour le moment. J'ai envie de garder le secret encore un peu. Déjà, je ne pensais pas que Clarisse le découvrirait aussi mais je n'avais pas réfléchi à sa perspicacité. Cette femme comprend tout avant tout le monde.

- Quelque chose me dit que ce remboursement n'est pas le seul secret, me dit-elle complice.

Quand je vous dis qu'elle est perspicace, c'est pas une blague ! Elle me ferait presque flipper.

Heureusement pour moi, je n'ai pas à tout avouer puisque tous les autres reviennent. Je refuse le verre de bière que Cam me tend déclenchant un autre sourire de Clarisse qui se doute de la raison de mon refus.

- Ca va, demande Pauline en remarquant mes yeux rougies par les larmes que j'ai versé.

- Tout va bien, oui.

Et pour la première fois depuis longtemps je le pense vraiment.

La deuxième mi-temps se passe encore mieux que la première. Carter sort carrément du lot. Je ne dis pas ça parce que c'est mon copain mais c'est le meilleur. Bruce nous apprend que des recruteurs des Hornets de Charlotte, des Celtics de Boston et des Chicago Bulls sont présents dans les gradins. Vu la performance de Carter, ils vont se battre pour lui. Il rêve des Warriors de Golden State mais ça ne saurait tarder avant qu'ils viennent à leur tour.

Dans le dernier quart temps, il obtient deux lancers francs. Avant de shooter le deuxième, il observe les gradins à la recherche de quelqu'un. Lorsque son regard se pose sur moi, il sourit puis tire sans regarder l'anneau. Le ballon entre sans difficulté. Il m'adresse un clin d'oeil et me montre sa bouche de l'index. Immédiatement, je comprends ce qu'il sous-entend. Je lui ai promis ma bouche s'il jouait bien et vu le match qu'il a fait, il va l'avoir un moment.

Dès que l'arbitre siffle la fin du match, tous les joueurs se sautent dans les bras. Ils viennent de passer une étape de plus dans les play-offs et je sens que ce n'est pas la dernière, bien au contraire. Les supporters sont tout aussi ravi que les joueurs. J'adore regarder la joie éclater sur les visages des gens. J'ai à peine le temps de tourner à nouveau la tête vers le terrain que je sens deux mains me soulever par les hanches et une bouche s'écraser sur la mienne.

Carter.

A travers son baiser, il me fait comprendre combien il est heureux d'avoir gagné. Je me sens privilégiée qu'il veuille partager ce moment avec moi. Ca prouve qu'il tient réellement à moi. Si j'en doutais encore il y a quelques semaines, ce n'est plus du tout le cas à présent.

- Ma bouche te manquait, Bass, le taquiné-je contre ses lèvres.

- Tu n'imagines pas à quel point, répond-il en m'embrassant de petits baisers partout sur le visage.

Je glousse.

- Heureusement que tu as été bon sur le terrain !

- Le meilleur oui. Et maintenant, je compte bien l'être ailleurs. Ma bouche a envie de goûter ta peau et ma langue réclame des parties spécifiques de ton corps, me susurre-t-il avant de passer un coup de langue sous mon oreille.

Je frémis de désir, impatiente d'avoir le droit à plus. Mon corps est beaucoup trop en manque du sien. J'ai envie de lui à un point inimaginable. A peine il est prêt de moi que je sens ma culotte s'inonder. Et là, je vous assure, ma culotte en dentelles est pas loin de ressembler à une piscine olympique tellement je suis excitée.

- On peut sauter le rencard si tu le souhaites, propose-t-il. J'ai envie d'autres choses d'un coup...

Il me serre un peu plus contre lui pressant ma poitrine sur son torse. Je secoue la tête. Il tente de m'amadouer en continuant de promener sa langue dans mon cou. Je me fous bien qu'on puisse nous voir. Au moins, tout le monde sait que nous sommes ensemble.

- Je veux mon rencard, Bass alors arrête d'essayer de me faire changer d'avis ou tu diras adieu à ma bouche, le menacé-je gentiment.

- Tu es une sorcière, soupire-t-il.

- Et toi, tu pues, le titillé-je. Va prendre ta douche, on a une longue soirée qui nous attend !

- Oui M'dame ! obéit-il en me reposant à terre.

Je pouffe de rire. Il commence à partir lorsqu'il revient vers moi pour m'embrasser à nouveau. Son baiser est beaucoup plus chaste que le précédent mais il me fait autant d'effet.

- Un dernier pour la route, se justifie-t-il. Ne t'enfuis pas avant mon retour, princesse !

- Jamais. Je te l'ai dit, je veux mon rencard.

- Et moi, c'est toi que je veux !

Il me gratifie d'un clin d'oeil avant de descendre des gradins pour rejoindre tous les autres joueurs. Un sourire niais se forme sur mes lèvres. J'ai beau vouloir l'enlever, je n'y arrive pas. J'ai hâte de me retrouver seule avec lui comme avant. Carter a dû m'organiser une soirée inoubliable et j'espère ne pas la gâcher. Peut-être que je ferais mieux de ne rien dire pour ce soir et attendre demain.

Bon sang, je suis morte de trouille !






***

Ne m'en voulez pas de vous faire trop attendre l'annonce de la grossesse à Carter mais je veux que ce soit à un moment "particulier" qui ressemble aux personnages...
N'oubliez pas que je suis un peu sadique ;)

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