12. Carter
- Ton épaule semble s'être remise. Tu ne ressens plus de douleur quand tu shootes ?
Mon père s'inquiète trop pour moi depuis que j'ai repris les entraînements la semaine dernière. Il a débarqué à mon appartement après mon retour sur le terrain de basket afin de s'assurer du bon état de mon épaule. Il a même appelé Garrett pour être sûr de ma guérison et que je recevais bien les soins adéquates. Il craint que je me blesse à nouveau.
Je shoote une nouvelle fois sur le panier de la maison et marque sans problème.
- Aucune douleur, finis-je par répondre en souriant.
Mon père récupère le ballon et s'approche de moi.
- Vraiment aucune ? Ton kiné dit que tu ne dois pas faire trop d'efforts... J'espère que tu suis toutes ses recommandations. Les premières semaines qui suivent une rééducation sont déterminantes et fragiles. Fais attention, Cart, et ménage ton épaule !
- Ne t'en fais pas, Pa, je suis prudent, affirmé-je. Et je t'assure que je ne ressens aucune douleur !
Mon père me passe le ballon. Je shoote à nouveau. Encore un panier. Je suis heureux de n'avoir pas perdu mon adresse. Je ne l'ai pas retrouvé à 100% mais en m'entraînant encore et encore je suis certain que je réussirai à la retrouver totalement.
- Comment t'ont accueilli les joueurs de ton équipe ? interroge-t-il, prenant mon rebond.
- Comme le messie, ricané-je. C'est assez prétentieux, je le conçois, mais c'est exactement ce qui s'est passé ! Les gars ne supportaient plus Sheffield en tant que meneur...
- L'équipe n'est pas la même sans toi, fils. Avec ton retour, les phases finales sont à la porter des Tar Heels. Je parie sur une victoire de ton équipe en finale du championnat en Avril !
- Que les Dieux du basket t'entendent, ris-je.
Mon père me fait signe d'aller nous asseoir sur le banc. Apparemment, il est temps d'avoir une vraie conversation père/fils.
Merde, j'espère que je n'ai rien fait de grave !
- Je suis fier de toi, fiston. Tu as su rebondir et faire preuve de détermination pour retourner sur les terrains le plus rapidement possible. Au début, j'ai vraiment eu peur pour toi. Avec ta mère, on pensait que tu abandonnais ton rêve... Tu faisais n'importe quoi et je dois t'avouer qu'on s'est beaucoup inquiété. Au fond de moi, je savais que tu y arriverais mais j'ai eu très peur...
- Je vais beaucoup mieux papa, le rassuré-je. J'étais perdu et je ne savais pas où j'allais mais à présent tout va bien. J'ai repris les entraînements, j'ai rattrapé tout mes cours et j'ai mis de l'ordre dans ma vie privée alors crois-moi, vous n'avez plus à vous en faire, maman et toi.
- On s'inquiètera toujours pour toi. C'est ce que font les parents même quand tout va bien. Tu verras le jour où tu auras des enfants...
- Parle pas de malheurs ! Je ne suis pas prêt pour avoir des gosses. Je sais que toi et maman avez eu Clayton jeunes, mais je ne suis pas vous. Je ferai un père atroce, égoïste et absent !
- Tu es trop dur envers toi-même, fait-il remarquer. Tu es loin d'être une personne égoïste ! Tu as toujours tout fait pour la famille et je suis persuadé que tu feras tout pour la tienne au moment venu.
- Peut-être mais pour l'instant je ne veux pas d'enfants, je dis, catégorique.
Je suis touché par les compliments de mon père mais je sais comment je suis. Ma carrière de basket est beaucoup trop importante pour que je la gâche en ajoutant un marmot dans le lot. Puis, je ne vois pas bien pour quelle raison je devrais y penser maintenant. Charlie et moi venons à peine de nous retrouver, enfin presque, alors les enfants ce n'est pas pour tout de suite.
Cette dernière semaine, je ne l'ai pas vraiment vu. Elle est occupée à rattraper ses cours et son stage puisqu'elle a loupé plusieurs jours à cause de son virus. Je lui ai proposé plusieurs fois qu'on se voit mais elle n'a pas le temps et quand je débarque à son appartement, elle dort déjà. En ce moment, elle se couche à l'heure des poules. Peut-être qu'elle m'évite encore.
Non, ça m'étonnerait !
Charlie répond à tous mes messages. Nous flirtons par sms comme au début de notre relation physique. J'ai l'impression que cette époque est loin de nous. Pourtant, elle ne date que de cinq mois à peine. J'ai hâte de retrouver ces moments de complicité, de la retrouver elle entièrement. Pour le moment, je serai patient. Elle en vaut la peine.
- Va prendre ta douche, Carter, ton frère et sa famille ne vont pas tarder à arriver, annonce mon père.
- Tu ne veux toujours pas me dire pourquoi tu as invité toute la famille à dîner ? C'est quoi cette grande nouvelle que tu dois nous annoncer ?
- Tu n'obtiendras pas un mot, persiste-t-il. Va prendre ta douche, tu pues !
Je pouffe de rire. Mon père est un peu trop mystérieux depuis ce matin. Ca ne lui ressemble pas de faire des cachotteries mais je sens que ce qu'il a à nous dire est une bonne nouvelle. Il n'en ferait pas toute une affaire sinon.
Je suis ses conseils et monte dans ma salle de bain pour aller prendre ma douche. L'avantage de retourner chez ses parents le week-end c'est que je suis traité comme un roi ici. Ma mère m'a sorti des vêtements propres, une serviette douce et elle m'a fait une lessive. Elle s'assure que je mange bien et m'a même massé l'épaule ce matin. La meilleure maman du monde.
Je prends ma douche en vitesse, enfile un jean, un tee-shirt et un pull puis descends au salon. Ma petite soeur a invité son abruti de copain. Ils sont installés sur le canapé à chuchoter je ne sais quoi. Cass glousse à chaque fois qu'il pose ses lèvres sur sa joue. J'espère pour Dean le péteux qu'ils en sont encore qu'aux bisous. Ma soeur est beaucoup trop jeune pour avoir des relations sexuelles.
Bon sang, j'ai envie d'étriper ce petit con !
Je m'installe sur le fauteuil en face d'eux pour interrompre ce moment d'intimité. Il faut bien que je joue mon rôle de grand frère pour mettre en garde le blondinet. Cam a l'air de s'en foutre royalement puisqu'il est hypnotisé par des vidéos débiles sur son portable. J'ai du mal à me dire qu'il a eu dix-huit ans il y a quelques semaines. C'est encore un gamin.
- Alors Sean, tu fais du sport ? je demande.
- C'est Dean, rectifie-t-il.
Je sais, crétin !
- Je fais du football. Je suis quarterback, enfin pour l'instant je ne joue pas vraiment puisque je ne suis qu'en deuxième année mais ça ne devrait tarder !
Un footballeur !
Ma soeur a vraiment des goûts lamentables. Elle aurait pu se trouver un basketteur au lieu d'un branleur qui court après une balle ovale. Cam lève les yeux vers moi et ricane. Il a immédiatement deviné mes pensées.
- Dean est vraiment doué, explique Cassiopée. Son coach dit qu'il est l'avenir des Eagles et qu'il sera le meilleur quarterback que l'équipe ait eu... Les universités ont déjà un oeil sur lui !
- C'est... Bien...
- C'est mieux que bien, Cart ! Dean va devenir une star du football. Il choisira son université l'année prochaine et je ferai mes demandes dans la mienne pour ne pas que nous soyons séparés...
- Tu ne penses pas que c'est un peu tôt pour faire ce genre de projets ? je demande, sceptique.
- Non, on s'aime, rétorque-t-elle, sûre d'elle.
Elle prend la main de Dean qui lui sourit de toutes ces dents. Ok, ils s'aiment. Cependant, ce ne sont que des gosses qui découvrent pour la première fois l'amour. Ca ne durera pas.
Je ne réponds pas. Je pourrais trouver tous les arguments possibles pour lui faire entendre raison, Cass ne m'écouterait pas. Elle ne se rend pas compte qu'elle est encore très jeune pour envisager un avenir avec ce petit con de Dean. C'est sa première vraie relation et je crois qu'ils sortent ensemble depuis à peine trois mois, voire moins, ce n'est pas sérieux. A leur âge, on croit que le premier amour est le vrai, celui qui dure toute une vie.
Mais, c'est faux.
- Pour l'instant oui, marmonne Cam.
- Vous ne me croyez pas, vous ne nous prenez pas au sérieux, soupire Cassiopée.
- Evidemment qu'on ne te prend pas au sérieux, se moque Cam. Tu as quinze ans, Cass !
- Seize dans deux mois, rectifie-t-elle.
Cam lève les yeux au ciel. Il a raison, notre soeur est encore une gamine, elle vient tout juste de nous le prouver.
- Quinze ou seize ans, tu es trop jeune pour comprendre qu'un amour de lycée ne dure pas, j'interviens pour secourir Cam.
- Ce n'est pas parce que vos copines de lycée ne sont comportées comme des garçes gâchant vos relations que ce sera pareil pour moi, s'agace-t-elle. Dean n'est pas un coureur comme vous deux !
- Je ne suis pas un coureur, la contredis-je.
- Tu te fous de moi ? ricane Cass. Je n'ai jamais été aveugle, Carter. Je sais quel genre de mecs tu as été après ta rupture avec Lucy et ça s'appelle être un coureur ! Et je ne parle même pas de toi, Cam. Je te rappelle qu'on est dans le même lycée, je sais tout ce que tu fais. Je ne suis plus une gamine alors arrêtez de me traiter comme tel.
Ni Cam ni moi ne répondons. Notre petite soeur vient de nous clouer le bec. Bon, je reste persuadé qu'elle s'emballe un peu trop mais je me tais et la laisse vivre sa relation. Si ce petit con de blondinet lui brise le coeur, je lui arracherai les couilles.
C'est le rôle d'un grand-frère !
Dean continue de parler de ses exploits footballistiques. Je le trouve légèrement prétentieux mais ma soeur n'a pas l'air de le remarquer. Elle le regarde avec des yeux tellement remplis d'amour que j'ai envie de vomir. Ma soeur mérite mieux qu'un mec qui ne parle que de lui. Ok, il semble l'aimer mais ce mec a un niveau de narcissisme élevé.
Clayton, Sarah et les enfants finissent par arriver vers dix-neuf heures. Dès que Caden me voit, il me saute dans les bras. J'adore mon neveu, il est le plus beau gamin au monde.
- Tu es guéri, tonton Carter ? Tu n'as pas mal ?
- Non, tonton Carter est solide mon bonhomme !
Il appuie sur mon épaule pour vérifier lui même tout en me fixant de ses beaux yeux verts. Je ne grimace pas ce qui a l'air de le rassurer.
- Rien senti, petit prince, dis-je en faisant semblant de frapper mon épaule solide.
- On va pouvoir rejouer tous les deux ? s'enthousiaste-t-il.
- Oui. Toi et moi, on va reprendre les entraînements !
- Tout de suite ?
- Après le dîner si tes parents sont d'accord.
Il dépose un baiser sur ma joue puis descends de mes bras pour se jeter dans ceux de ma mère. J'ai toujours adoré regarder leur complicité. Ma mère est géniale et aujourd'hui c'est une grand-mère exceptionnelle. Elle et Caden ont tissé un lien extrêmement fort. C'est elle qui l'a gardé avant qu'il aille à l'école. Sarah et Clayton travaillaient beaucoup trop et n'avaient pas les moyens d'engager une nourrice alors ma mère s'est fait une joie de le garder. Aujourd'hui, elle est en passe d'en faire de même avec Scout.
Papa sert un verre de vin à tout le monde et un soda à Caden, Cass et Dean le péteux. Il nous a tous réunit dans le salon. Lui et ma mère ont un sourire si lumineux qu'il est évident qu'ils sont sur un petit nuage. On pourrait croire qu'ils vont nous annoncer qu'elle est enceinte.
C'est possible à quarante-huit ans d'avoir encore des gosses ?
Clayton fait connaissance avec Dean. Il joue le grand-frère accueillant et sympa mais je vois au fond de lui qu'il boue. Lui non plus n'aime pas le footballeur. Il n'y a que mes parents qui semblent l'apprécier. Dean finit par partir à vingt heures. Ses parents ont apparemment organisé une soirée qu'il ne pouvait pas manqué. Tant mieux, on reste en famille comme ça.
Ma soeur perd immédiatement son sourire et affiche un air morose sur le visage. Qu'est-ce qu'on est cons quand on est amoureux à cet âge ! Elle en fait beaucoup trop. Ils vont se voir demain ou au pire lundi, pas de quoi être aussi triste.
Papa revient de la cuisine en compagnie de ma mère. Côte à côte, mon père pose une main dans le dos de ma mère. Celle-ci le regarde avec tant d'amour dans les yeux que je souris. C'est dingue qu'après tant d'années ils s'aiment toujours autant. C'est tout ce que je désire pour Charlie et moi.
- Bien puisque nous sommes tous réunis en famille, débute mon père, votre mère et moi avons quelque chose à vous annoncer...
En temps normal, je me serais inquiété face à une telle annonce mais j'ai l'impression que cette fois il s'agit d'une bonne nouvelle.
- Maman est enceinte ? interroge Cassiopée, emballée par cette idée.
- Vous plaisantez ? C'est une blague, s'indigne Cam. Vous ne pouvez pas avoir d'autres enfants à votre âge !
- Pauvre Cam, il ne sera plus le chouchou de sa maman, se moque Clayton.
Cam foudroie Clayton du regard. Il déteste que notre grand-frère le taquine sans arrêt en prétextant qu'il est le préféré de la famille. C'est faux. C'est moi le chouchou.
- Je ne suis pas enceinte ! Et au passage, je te remercie d'avoir sous entendu que j'étais vieille, Cam !
Cam baisse les yeux, honteux.
- Pas de nouveau Bass dans la famille, rassure mon père. Nous sommes plutôt heureux de vous annoncer que nous n'allons pas perdre un membre de la famille...
Personne ne comprend où veut en venir mon père. Nous sommes tous là, chaque membre de la famille est présente et aucun de nous ne compte partir quelque part alors qu'est-ce qu'il veut dire ? Les énigmes ne sont pas mon fort.
Soudain, je percute. Ce n'est pas une personne mais un bien matériel qui nous importe à tous. Le travail de toute une vie.
- Le garage, je marmonne.
Clayton m'entend et ouvre grand les yeux.
- Tu as trouvé une solution pour le garage ? demande Clayton, plein d'espoir.
Papa sourit. Un immense soulagement parcoure mon corps. Le garage est le second rêve de mon père, il ne pouvait pas le perdre aussi.
Tout le monde est ravi de cette nouvelle. Ces dernières semaines, la famille vivait en stress, surtout Clayton et Sarah. Si mon frère perdait son travail, ils allaient se retrouver sans presque rien. Le travail de Sarah n'est qu'à mi temps alors elle ne peut subvenir aux besoins de toutes la famille.
- La banque m'a appelé hier, révèle mon père. Ma conseillère m'a dit que nos dettes avaient complètement été réglées... J'ai essayé d'en savoir plus mais elle n'a rien voulu m'avouer. Ce que je sais c'est que le garage est officiellement à nous, que le prêt a été remboursé dans son intégralité.
Des cris de joies éclatent dans le salon. Sarah a les larmes aux yeux, Cass aussi. Cam embrasse maman et papa, Caden se jette dans les bras de sa grand-mère sans vraiment comprendre pourquoi. Clayton est sous le choc et ému, et moi je reste sans voix.
- Comment ?
- Pourquoi ?
- Qui ?
- Sérieux ?
Chacun pose sa question cherchant à savoir ce qui s'est passé pour que le garage soit sauvé. La semaine dernière, nous pensions tous que nous allions devoir lui dire adieu alors qu'est-ce qui a changé ? C'est surréaliste !
- Quelqu'un a réglé l'emprunt pour nous, répète mon père. Grâce à lui, je vais pouvoir engager un autre garagiste et t'augmenter, Clayton !
- J'arrive pas à le croire... c'est... génial, dit-il, ému.
Clayton serre notre père dans ses bras. Il attendait depuis deux ans d'être augmenté et aujourd'hui il a enfin ce qu'il voulait. Sarah est aussi folle de joie. Je la vois qui respire enfin. Il n'y a que moi qui trouve ça étrange qu'une personne ait réglé une somme aussi astronomique que trente-cinq mille dollars.
- Qui a remboursé le prêt ? j'interroge, méfiant.
- Nous n'en savons rien, répond ma mère. Mme Ronson a promis de ne rien dire. C'est un bienfaiteur anonyme qui a voulu nous aider.
- Mais c'est louche, insisté-je. Personne ne fait don d'une telle somme à des inconnus !
- Il a raison, me soutient Cam.
- Peut-être qu'un de vos amis a voulu vous aider...
- Aucun de nos amis possède une telle somme d'argent, répond mon père. C'est Noel avec deux mois de retard.
Ma mère se blottit contre le torse de mon père. Il embrasse le sommet de son crâne la faisant sourire. Ils ont l'air de ne pas vouloir en savoir plus sur ce bienfaiteur anonyme mais c'est stupide. Un jour, cette personne peut revenir et exiger que mon père la rembourse.
- Vous êtes redevable d'une grosse somme d'argent à quelqu'un que vous ne connaissez pas, ça ne vous inquiète pas ? m'enquiers-je.
- Mme Ronson nous a assuré que la personne ne voulait pas être remboursée, que c'était un acte de générosité à qui on ne devait rien ! Nous profitons du moment puis nous...
- Vous êtes inconscients, les coupé-je. Personne n'est aussi généreux que...
Je m'interromps subitement ayant une révélation. Des amis qui possèdent une grosse d'argent ça ne court pas les rues surtout ceux qui sont prêts à la donner généreusement à quelqu'un. Je connais une seule personne capable d'un tel geste.
Comment s'y est-elle pris pour rembourser le prêt ?
Il faut que je sache !
- Je dois y aller, lancé-je en prenant ma veste.
Je sors de la maison sans faire attention aux appels de ma famille. Je dois absolument vérifier ma théorie. Je roule au dessus des limites de vitesse afin de ne pas arriver trop tard. A l'heure qu'il est, peut-être qu'elle s'est endormie à cause d'une journée épuisante. Merde, il faut vraiment que j'ai une discussion avec elle pour comprendre pourquoi elle a fait ça pour ma famille bien que j'ai déjà une petite idée.
Elle ne savait pas que les problèmes de mon père étaient aussi importants, je ne lui en ai pas reparlé depuis que l'on s'est retrouvé. Qui a pu lui dire ? Certainement Cam. Ils se parlent souvent alors peut-être qu'il s'est confié à elle. Cam ne vivait pas bien les soucis d'argent de notre père, il devait avoir besoin d'en parler à une personne qu'il estime.
Au bout de quinze minutes, j'arrive devant l'immeuble de son appartement et me gare. Je tape le code pour entrer et monte les marches assez rapidement. Je tape trois coups sur sa porte d'entrée attendant qu'elle ou sa coloc ouvrent.
- Le basketteur, comme c'est étonnant !
- Bonsoir à toi aussi, Pauline, je rétorque en lui souriant.
La brune esquisse un sourire puis se décale pour me laisser entrer. Je cherche Charlie du regard dans le salon et la cuisine mais ne la trouve pas.
- Elle est déjà couchée ? je demande, déçu.
- Non, sous la douche. Palmer l'a gardé plus longtemps que prévu.
Cette nouvelle ne me plaît pas mais je ne le montre pas et ne dirai rien. Il m'a certifié qu'il n'était pas intéressé par elle et je sais qu'elle n'a d'yeux que pour moi alors autant avoir confiance.
- Je vous laisse en amoureux, je vais à la salle de sport, annonce-t-elle en enfilant un sweat de sport.
- La salle de sport ?
- Oui, il y en une au coin de la rue. C'est un endroit sympa et rempli de mecs canons transpirants !
Je ricane. Cette fille est une véritable séductrice. Elle profite de son célibat sans se préoccuper de ce que pensent les autres et elle a tellement raison. La vie est trop courte pour se laisser pourrir par des personnes inintéressantes et jalouses. Pauline finit par partir en souhaitant bonne chance pour supporter la mauvaise humeur de Charlie.
Attendant que ma princesse sorte de la salle de bains, je m'installe sur le canapé et allume la télé. Je sais, je fais comme chez moi mais c'est presque ça. Je zappe jusqu'à ce que je m'arrête sur un match de hockey. Contrairement au football, c'est un sport que j'apprécie assez. Souvent, les joueurs perdent leur sang froid et se foutent sur la gueule au moins deux fois minimum par match.
Mon portable vibre plusieurs fois dans la poche de mon jean. Ma famille me harcèle depuis que je suis partie à toute vitesse. J'envoie un message à ma mère pour la rassurer sans lui dire que je suis allé chez Charlie, elle comprendrait tout de suite à quoi j'ai pensé.
- Carter ? Qu'est-ce que tu fais là ? questionne ma princesse figée en plein salon.
Je me lève du canapé pour la rejoindre sans la lâcher du regard. Même en sortant de la douche, elle est magnifique. Elle porte un bas de pyjama en coton et un débardeur noir qui lui moule la poitrine à la perfection.
Ils sont plus gros ou je rêve ?
Mes yeux parcourent son corps plein de désir. J'ai tellement envie d'elle que ma queue est douloureuse dans mon caleçon. J'ai l'impression qu'elle a un peu maigri, peut-être que sa semaine de maladie l'a mise un peu trop à la diète. Je m'arrête à son visage naturel, dépourvu de toutes traces de maquillage. Elle a l'air moins fatiguée que ces derniers jours. Ses yeux verts ressortent et me donnent envie de plonger dedans. Sa bouche m'appelle. Tout chez elle m'appelle. Cette fille est un bijou avec un coeur en or.
- Tu as remboursé le prêt de mon père ? je demande sans préavis.
Charlie écarquille les yeux, choquée par ma question.
- Qu... quoi ? De quoi... est-ce que tu parles ? bafouille-t-elle.
J'avance vers elle tandis qu'elle ne bouge pas d'un cil. Je ne suis qu'à quelques centimètres d'elle. Je veux lire dans ses yeux pour déceler la vérité.
- Les dettes de mon père concernant son garage ont été payées intégralement par une personne anonyme, expliqué-je. La conseillère n'a pas voulu divulguer le nom de cette personne pour préserver son anonymat.
Je lis du soulagement dans ses yeux.
- Mes parents n'ont pas d'amis aussi généreux pour donner plus de trente milles dollars alors je me suis demandé qui dans notre entourage serait capable d'un tel geste et qui posséderait un capital aussi important pour débloquer une somme pareille...
- Quel est la rapport avec moi ? demande-t-elle en tentant de masquer sa crainte d'être découverte.
- Sur la route je me suis demandé pourquoi est-ce que tu ferais ça pour ma famille et j'en suis venu à la conclusion que tu l'as fait pour empêcher ton père de s'en prendre à ma famille pour se venger, continué-je en déballant ma théorie. Le promoteur immobilier qui voulait construire un hôtel à la place est ton père. J'ai raison, n'est-ce pas ?
- Je... J'ai...
Elle n'ose pas me regarder dans les yeux. Elle est mal à l'aise, tripote son tee-shirt qu'elle tord entre ses doigts, croise ses jambes. Je prends son menton entre mes doigts et la force à me regarder. Ses yeux sont remplis d'inquiétude.
- Tu es en colère contre moi ? demande-t-elle d'une voix chevrotante et faible.
- En colère contre toi, je répète ahuri. Bon sang, princesse, je suis tellement reconnaissant envers toi qu'aucun mot ne saurait l'exprimer avec exactitude !
Je place mes mains sur ses joues et approche son visage du mien pour capturer ses délicieuses lèvres sucrées. Je l'embrasse à pleine bouche essayant de lui faire comprendre à travers ce baiser combien je la remercie pour ce qu'elle a fait. Comment a-t-elle pu penser une seule seconde que je serais furieux après elle ? C'est la plus belle preuve qu'elle pouvait me faire.
Elle détache ses lèvres des miennes pour reprendre son souffle puis me regarde droit dans les yeux.
- Est-ce que ta famille sait ? s'enquiert-elle.
- Non...
- Ne leur dit pas, Carter, me supplie-t-elle. Je ne veux pas qu'ils savent ! Pas encore. Je l'ai fait parce que je tiens à eux et que je ne veux pas que mon père se venge sur eux, pas pour qu'ils me doivent quoique ce soit... S'il te plaît, promet-moi de ne rien dire !
- Je te le promets mais ils finiront par comprendre, avoué-je.
- Le plus tard possible, espère-t-elle.
Je souris. Je tiens entre mes bras la femme la plus incroyable au monde, un trésor inestimable envers qui je serai toujours reconnaissant. J'ai des mots sur le bout de la langue que j'aimerais lui dire à cet instant mais je sens qu'elle n'est pas prête à les entendre.
- J'ai commandé une pizza, tu veux rester la manger avec moi ?
- Avec plaisir, princesse.
Je suis heureux qu'elle me demande de rester. C'est la première fois qu'elle prend cette initiative, elle fait un pas vers moi, et je sens que ce n'est pas le dernier.
Rien ne pourra nous séparer à présent !
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