10. Charlie

- Tu es sûre que ça va aller si je te laisse seule ce soir ? me demande Pauline pour la dixième fois en une heure.

- Oui... Sors, ne t'inquiète pas pour moi, la rassuré-je. Je vais passer toute la soirée à faire des allers-retours entre le canapé et les toilettes ou à dormir alors il vaut mieux pour toi que tu sortes...

- Ca me gêne de te laisser dans cet état...

- Pau, que tu sois là ou non ce sera pareil pour moi. Ne gâche pas ta soirée pour moi.

Elle me regarde, hésitante. J'apprécie qu'elle se fasse du soucis pour moi mais franchement je ne vois pas ce qu'elle peut faire de plus pour moi. Elle est déjà allée chercher mes médicaments ce matin et a préparé le déjeuner à midi que j'ai fini par vomir dans les toilettes. Pauline ne fera rien de plus pour moi. Puis, je ne tiens pas à ce qu'elle tombe malade à son tour.

J'observe mon amie et remarque qu'elle s'est vraiment très apprêtée. Pauline porte une jupe noire en cuir lui arrivant mi-cuisses, une blouse noire transparente à dentelles, des collants opaques et des bottines à talons noires qui allongent sa silhouette sportive. Ses cheveux noirs forment de belles boucles dans son cou et ses yeux électriques ont été mis en valeur par un trait d'eyeliner parfait. Elle est sublime.

J'espère que le mec qui a rendez-vous avec elle a conscience de la chance qu'il a de sortir avec cette femme. Un tas de mecs tueraient pour qu'elle leur accorde ne serait-ce qu'un regard. S'ils savaient que physique n'était pas le beau chez elle, ils en tomberaient raides dingues amoureux. Malheureusement, elle ne les laisserait même pas approcher de trop près. Aucun sentiment ou c'est immédiatement fini.

- Tu es déjà prête en plus, ajouté-je. Le voisin ne va pas être ravi si tu annules au dernier moment à cause d'une colocataire qui a chopé un virus hivernal !

- Il comprendrait s'il voyait ta tête de zombie tout droit sorti de The Walking Dead, plaisante-t-elle.

- Merci de ta compréhension, Pauline. Rappelle-moi de me moquer de toi le jour où tu seras malade comme un chien !

- Promis, sourit-elle. Tu es sûre que...

- Sors, la coupé-je. Plus tu restes ici et plus tu m'empêches de dormir !

Je grogne en lui balançant un coussin à la figure.

- Tu es vraiment désagréable quand tu es malade, Charlie, ricane-t-elle. Je pense que tu devrais envoyer un message à Carter pour qu'il vienne te faire grimper au rideau. Le manque de sexe te rend aigri et je suis sûre que c'est pour cette raison que tu es malade !

- N'importe quoi ! J'ai juste besoin de dormir au moins pendant vingt quatre heures et ensuite j'irai mieux, affirmé-je, sûre de moi.

- Tu as besoin d'un bon coup de...

- Ne finis pas cette phrase !

- Ok, Madame Rabat-Joie, rit-elle. Amuse-toi bien avec ton virus ! Je vais faire des folies de mon corps avec le beau Matt ou Max, je ne me souviens plus trop de son prénom. J'étais beaucoup trop occupée à mater sa bouche pulpeuse qui doit faire des miracles.

- Tu me donnes envie de vomir, grimacé-je.

- Menteuse, tu es jalouse que je sois sur le point de prendre mon pied avec un mec canon !

Je lui tire la langue en guise de réponse qui la fait sourire.

- Fais attention avec Matt-Max, la conseillé-je. Je n'ai pas envie de lui broyer les testicules s'il se comporte mal avec toi. Tu imagines après, je serai surnommer " la castratrice de Chapel Hill ". Ce n'est pas vraiment séduisant, me plaigné-je.

Pauline pouffe de rire. Etre malade ne m'empêche pas d'avoir un humour particulier. Au contraire, ça le décuple.

- Tu es ma castratrice préférée, lance-t-elle en m'envoyant un bisou imaginaire.

- Encore heureux !

- Evite de végéter devant la télé en rematant pour la énième fois Game Of Thrones. Jon Snow ne va pas débarquer pour te sauver de ta maladie !

- Bien sûr que si, il viendra dans mes rêves, la contredis-je. Je veux me refaire toute la série avant la huitième saison alors laisse-moi végéter devant mon Jon... Lui, il m'aime vraiment et il ne me traite pas de zombie. Toi, tu es méchante, lui dis-je en lui jetant un autre coussin qu'elle rattrape au vol.

Elle me le renvoie s'écrasant sur ma figure. Je grogne à nouveau tandis qu'elle se dirige vers la porte.

- Bye, Charlie ! Love you.

Elle quitte l'appartement en chantonnant, impatiente de rejoindre son rencard du jour. Cette fille est dingue, vraiment pire que moi. Je lui envie sa liberté de faire ce qu'elle veut avec qui elle veut sans se soucier du regard des autres. Bon, il y a bien un regard qui la fait réfléchir et rager même si elle prétend le contraire. Pauline a beau le nier, je sais qu'elle se préoccupe de ce que pense Ryan d'elle. Leur petite dispute il y a deux semaines le prouve. Qu'ils le veuillent ou non, ils finiront par se sauter dessus si ce n'est pas déjà fait.

Après le départ de Pauline, je vais me faire couler un bain chaud. C'est le remède miracle pour calmer mes crampes d'estomacs et les courbatures de tout mon corps. L'eau brûlante me fait un bien fou. Elle me détend instantanément, pas que je sois stressée en ce moment puisque je suis enfermée dans cet appartement et que je ne fais rien de productif.

Je sors du bain, enfile mon pyjama pantalon à carreaux verts et un tee-shirt blanc à l'effigie de Rebelle des supers-nanas, sèche mes cheveux puis vais m'allonger sur le canapé, mon nouveau meilleur ami.

Je m'endors en l'espace de quelques minutes à peine. C'est dingue, depuis deux jours je ne fais que dormir et vomir. Ce putain de virus a colonisé mon corps de faible. Je n'aurais certainement pas dû me balader dans la rue les cheveux encore mouillés trois jours plus tôt. Ma grand-mère me le répétait toujours quand j'étais enfant et je ne l'écoutais jamais.

Promis, mamie, la prochaine fois je t'écouterai !

Des coups derrière la porte d'entrée me sortent de mon rêve casi parfait. Comme prévu, j'ai rejoint Jon à Westeros combattre les White Walkers jusqu'au dernier puis finir mariée à mon loup blanc et régner sur Winterfell. Le trône de fer et les sept couronnes, très peu pour nous. J'étais tellement bien avec mon Jon que je vais tuer celui ou celle qui m'a séparé des bras de l'homme de mes rêves.

Je mets pause sur l'épisode et me lève du canapé sans mal. Je me sens encore barbouillée mais un peu mieux que ce matin. J'ouvre la porte et découvre Carter, plus beau que jamais, un sac en plastique dans une main et Carlie dans l'autre. Je souris malgré moi. Carter observe mon pyjama, un rictus amusé sur les lèvres. Je sais très bien à quoi il pense. J'ai porté un pyjama similaire à celui-ci la nuit des défis des Gamma. C'est la première fois que je me suis réellement amusé avec lui.

J'ouvre la bouche lorsque Carter me devance en déclarant :

- Avant que tu essaies d'argumenter pour nous faire fuir, ta fille et moi, sache que ça ne sert à rien. Nous ne partirons pas.

Il ne me laisse pas en placer une pour le faire déguerpir puisqu'il entre dans l'appartement en me collant Carlie dans les bras. Résignée, je referme la porte tout en serrant la peluche contre ma poitrine. Carter fait comme chez lui, il ouvre les placards de ma cuisine à la recherche de je ne sais quoi, sort le contenu qui se trouve dans son sac.

- Va t'installer sur le canapé, je te fais chauffer un bouillon au poulet, ça te fera du bien... Ma mère dit que ça guérit toutes les maladies ! J'ai aussi pris des cookies et un tas de chocolats. J'avais prévu une liste de films mais je vois que tu as déjà choisi le programme, rit-il.

- Je...

- Ne discute pas, princesse. Je suis là pour prendre soin de toi alors profites-en, me dit-il en faisant son regard de braise qui me fait fondre.

Pourquoi faut-il que ses yeux soient aussi attractifs et d'une couleur étrange aux reflets de miel ? Je n'en ai jamais vu d'aussi beaux. Certaines filles vouent un culte pour les yeux bleus ou font une fixation sur les yeux verts, moi je préfère toutes les nuances des yeux marrons et celles de Carter sont d'une beauté sans égales.

N'ayant plus la force de me battre contre lui, je fais ce qu'il me dit et retourne sur le canapé pour remettre mon épisode en route. La saison 2 vient à peine de débuter. De nouvelles alliances sont formées, une guerre se prépare. Jon est toujours aussi beau.

Je jette quelques coups d'oeil vers la cuisine et ne peux m'empêcher de trouver Carter de plus en plus séduisant. Je suis heureuse de voir qu'il utilise son épaule sans grimacer, comme s'il n'avait pas été blessé quelques mois plus tôt. Je sais qu'il a pu shooter sans problème aujourd'hui. Dans deux semaines, il pourra regagner les terrains et réaliser son rêve de toujours. Il le mérite tellement.

Carter a retrouvé toute sa splendeur. Son charme naturel émane de lui et le rend encore plus beau. Ses muscles se sont développés et j'aime les voir s'activer dans ma cuisine. J'ai toujours adoré ses mains, grandes, incroyablement douces, expertes, addictives. Elles me manquent. Il me manque. Mes yeux descendent vers ses jolies fesses moulées dans son jean brut. Ma bouche s'assèche sans que je comprenne pourquoi.

C'est normal d'avoir furieusement envie de croquer son petit cul ?

- Tu es en train de me mater, princesse, lance-t-il, un rictus amusé au coin des lèvres.

- Absolument pas, nié-je pas convaincante du tout.

- Tu mens très mal, se moque-t-il.

- Pourquoi est-ce que je te materai toi alors que le plus bel homme du monde est dans ma télé ?

- Parce-que moi je suis réel, princesse, et heureusement pour Jon Snow il ne l'est pas. Je lui aurais arraché la tête sinon !

- Toi et ta jalousie, soupiré-je avant de reporter mon attention sur l'épisode de ma série.

Carter me rejoint très vite, un bol de bouillon au poulet dans une main qu'il me tend et une assiette de cookies qu'il pose sur la table basse devant nous.

- Merci...

L'odeur du poulet emplit mes narines et ne me donne pas envie de vomir. Je crois que le bain m'a fait du bien ou alors je suis sur la voie de la guérison grâce aux médicaments que Pauline est allée me chercher.

- Ne le bois pas tout de suite, il doit être brûlant, me prévient-il.

- Il est à la température parfaite, je dis après bu une gorgée. Où est-ce que tu l'as pris ?

- Je l'ai préparé avec mes petites mains, révèle-t-il.

- Tu as cuisiné pour moi ? je demande, surprise.

- Oui, ne t'ai-je pas dit que j'étais le petit ami idéal ?

Oh si, tu l'es !

Je réprime un sourire. Il ne cesse de m'étonner de jour en jour. Je m'en veux de ne pas lui faciliter la tâche, de souffler le chaud et le froid, il fait tout pour moi et je me comporte comme une pauvre gamine effrayée. Je bois son bouillon en silence appréciant que Carter soit là pour moi. Je profite même de son odeur boisée et de menthe que dégage son parfum.

C'est assez étrange de se retrouver seuls tous les deux dans la même pièce. Ce n'était pas arrivé depuis presque trois mois. Je ne sais pas vraiment comment me comporter. J'ai l'impression d'avoir à nouveau quinze ans, d'être en compagnie de mon premier crush et d'en être si intimidée que je n'ose pas ouvrir la bouche.

Il est si près de moi que nos cuisses se frôlent. Je lutte pour ne pas le regarder et me concentrer sur la télé mais c'est très difficile. Mes pensées sont obnubilées par Carter Bass. Je sens son regard sur moi qui enflamme mon corps. Il faut absolument que je brise le silence où mon esprit va dériver et me fair perdre le contrôle.

- Comment tu as su que j'étais malade ? j'interroge en posant le bouillon sur la table basse.

- Ton cher ami, Garrett Palmer, me l'a dit quand je suis arrivé pour ma séance de kiné !

- Oh... Je suis déçue d'avoir raté cette séance. Tu as pu shooter sans problème ? Tu marques toujours autant ? Tu ne ressens pas de douleur dans l'épaule ou le bras ? J'espère que tu n'as pas forcé. Si tu sens que ça te tire tu dois absolument le dire à Garrett !

Carter sourit. J'ai l'air d'une folle à paniquer pour son épaule mais je n'y peux rien, je m'inquiète pour lui. Je crois que je veux plus que lui qu'il réussisse à réaliser son rêve.

- Tout s'est très bien passé, princesse. J'ai pu shooter sans ressentir la moindre douleur, ça ne m'a pas tiré dans l'épaule ou le bras et non je n'ai pas forcé, répond-il. Je sais que je dois être prudent, ne t'en fais pas pour moi...

- Bien sûr que si je m'en fais, révélé-je. Tu ne serais pas obligé de vivre ça si je n'étais pas entrée dans ta vie.

- Charlie, tu n'es pas...

- Je sais déjà ce que tu vas dire, le coupé-je, et tu ne m'enlèveras pas de la tête que je suis en partie responsable !

- Pas pour moi. On s'est tous les deux fait manipuler par Sheffield et ton père. Tu sais comme moi que Sheffield aurait trouvé une autre façon de prendre ma place dans l'équipe, il essayait déjà depuis l'année dernière... Ce n'est pas ce qui nous a séparés, me fait-il remarquer en caressant ma joue.

Son geste me fait frissonner et me fait tellement de bien. Il est seul à pouvoir me provoquer de telles sensations. Ce sera toujours le seul. J'ai envie de lui pardonner et de me laisser aller dans ses bras mais une petite voix persiste toujours en me répétant " il va partir ". De toute façon, je crois que je lui ai déjà pardonné. Notre histoire n'a peut-être pas commencé naturellement mais j'ai enfin compris qu'elle a été sincère.

- Merci d'être venu, Carter, tu n'étais pas obligé et...

- Tu n'as pas encore compris, Charlie ? Je ne compte plus te laisser me fuir ! A chaque fois que tu me repousseras, je me raccrocherai encore plus. Je sais que tu es pleine de doutes sur moi, sur notre avenir ensemble mais il faut que tu comprennes que je n'envisage pas le futur sans toi ! Peu importe, l'équipe que je choisirai, que nous choisirons, rectifie-t-il, nous serons ensemble...

Sa déclaration embaume mon coeur d'une chaleur étrange mais pas désagréable, bien au contraire. Il a su lire en moi et deviner toutes les incertitudes qui me bouffent le crâne depuis des jours. Je suis touchée qu'il m'inclut dans son avenir parce que je ne vois pas le mien sans lui. J'ai été stupide de croire le contraire.

Ne trouvant pas les mots pour lui dire que je suis touchée par les siens, je me blottis dans ses bras, appuyant ma poitrine contre son torse. J'aime Carter, je suis irrémédiablement folle amoureuse de lui, mais lui dire est encore difficile pour moi. Ce n'est pas une question de confiance mais de peur. Je ne veux pas qu'il gâche son avenir pour moi.

Je sais, je me mets encore des barrières mais je suis morte de trouille !

Je veux pouvoir y aller doucement, être sûre du choix que nous ferons tous les deux. Carter et moi savons peu de choses l'un sur l'autre. Trois mois à batifoler ensemble ne suffisent pas à envisager un avenir sérieux entre nous deux. J'ai encore tant de choses à découvrir sur lui. Surtout, il mérite que je fasse des efforts pour lui.

- Je suis heureuse que tu sois venu, Carter...

- Moi aussi, princesse, dit-il en déposant un baiser sur mon front.

- J'espère pour toi que je ne vais pas te vomir dessus, plaisanté-je en me détachant de lui. Tu as de la chance, ça ne m'arrive pas à fin de soirée... Je suis en voie de guérison alors tu as intérêt à te ménager aux séances de kiné parce que je ne serai pas aussi tendre que Garrett !

- Garrett ne me fait aucune faveur, c'est un vrai tortionnaire, se plaint-il. Je préfère quand c'est toi qui me masses, tu as des atouts que le doc n'a pas !

Je lui tape à l'épaule droit ce qui le fait sourire.

- Mon épaule gauche se remet et toi tu essaies de me casser la droite, ce n'est pas vraiment gentil, Mlle Walmont, se moque-t-il.

- Je n'ai jamais été gentille, Mr Bass, rétorqué-je.

Il me sourit puis me regarde avec cette lueur dans les yeux qui ne ment pas sur ce qu'il ressent pour moi. Comment est-ce que j'ai pu croire qu'il ne m'aimait pas ? Ca me paraît tellement évident aujourd'hui parce que je le regarde aussi de cette façon.

- Maintenant, tu m'excuses mais j'aimerais regarder Game Of Thrones tranquillement ! Jon Snow n'attend pas, le taquiné-je.

Je ne lui laisse pas le choix et me m'allonge sur le canapé tout en me blotissant contre son torse. Ce soir, je n'ai pas envie d'entendre des explications ou de revenir sur ce qui nous a fait rompre. J'ai simplement envie de partager un moment tendre avec lui, de me laisser enfin aller sans penser à rien, juste profiter du lien qui nous unit.

L'épisode un se finit. Je mets immédiatement le deuxième sans me préoccuper de la fatigue qui me gagne, je suis tellement bien à cet instant que je ne veux pas qu'il se termine. Je suis dans les bras du plus beau mec au monde et je regarde l'un des plus beaux acteur du monde à la télé jouant dans la meilleure série au monde. A chaque scène où il passe, je gémis.

- Sérieux, qu'est-ce que toutes les femmes lui trouvent à ce mec ? Il est laid et n'a vraiment aucun charisme !

- Tu plaisantes, j'espère ? Il est juste parfait !

- Il a le regard vide, a toujours une expression de débile sur le visage et son nez est loin d'être esthétique. Tu as de très mauvais gouts en matières d'hommes si tu veux avis...

- Ce qui expliquerait pourquoi tu me plais, rétorqué-je.

- Je suis une exception, princesse. Et ton Jon Snow ne fait pas le poids à côté de moi. Il pourrait se retrouver en face de toi, tu n'en aurais rien à faire parce que je serais là !

- Tu ne devrais pas être aussi sûr de toi... Je serais prête à renier tous mes proches pour lui ! C'est l'héritier du trône de fer tout de même, le taquiné-je.

- Et moi, je suis un Bass, réplique-t-il légèrement agacé. Ca vaut tous les héritiers de ton trône de fer !

Je ne peux m'empêcher de pouffer de rire. Carter a toujours été jaloux mais au point de l'être d'un personnage de série c'est juste hilarant. Je relève la tête vers lui en souriant.

- Tu es au courant que tu es jaloux d'un type qui n'existe pas ? le titillé-je.

- Je veux être le seul dans la réalité et dans tes rêves !

Bon sang mais comment fait-il pour sortir des choses aussi clichées et parvenir à me toucher quand même ?!

Nous nous regardons dans les yeux un long moment avant qu'il ne penche son visage vers le mien. Je sais que nous pensons à la même chose, que nous avons en envie tous les deux. Nos bouches ne sont qu'à quelques centimètres l'une de l'autre, avides de se toucher. Carter est sur le point de combler la distance entre nous lorsque je pose ma main sur son torse pour le stopper.

- Tu ne m'as toujours pas pardonné ? m'interroge-t-il, déçu.

Mon geste l'a blessé et je m'en veux. Ce n'est pas ce que je voulais. Je secoue la tête et pose ma main sur sa joue pour le forcer à me regarder.

- Ce n'est pas ça, Carter, le rassuré-je. Je ne veux pas te contaminer avec mon virus hivernal ! Il y a plus sexy que des retrouvailles avec une fille qui vomit ses tripes tous les matins, ris-je.

Carter ricane puis m'attire contre lui. Une main se pose dans le creux de mon dos tandis que l'autre se perd dans mes cheveux encore un peu mouillés.

- Aucune maladie ne m'empêchera de t'embrasser, m'indique-t-il. J'ai assez attendu comme ça...

Sans que je puisse argumenter encore une fois, il s'empare de mes lèvres qu'il embrasse avec fougue. Il dévore ma bouche comme si nos vies en dépendaient, comme si j'allais m'évaporer à tout moment. Je réponds à ses baisers avec autant de sauvagerie que lui. Ce serait mentir de dire que je n'ai pas attendu cet instant des semaines et des semaines. Depuis qu'il a posé sa bouche sur la mienne dans la salle de musculation, je ne cesse de penser à lui.

Ses baisers m'ont manqué pendant que je me larmoyais en Espagne. Je croyais ne jamais recouvrer la douceur de sa bouche ou de sa peau. Je pensais ne pas pouvoir lui pardonner mais je me suis fourvoyée. Jamais, je n'aurais pu oublier les sentiments que je ressens pour lui. Je suis amoureuse de Carter Bass et bordel qu'est-ce que c'est effrayant ?!

Je détache mes lèvres des siennes pour reprendre mon souffle. Carter grogne de frustration contre ma bouche, ce qui me fait sourire.

- Si tu es malade demain, ne viens pas te plaindre, le taquiné-je. Je ne suis pas douée en préparation de bouillon au poulet en plus !

- Je ne tomberai pas malade, m'assure-t-il, je suis coriace.

- Ah oui, j'avais oublié à quel point Carter Bass est un homme fort qui ne craint aucun microbe, le titillé-je.

Il ricane et m'attire à nouveau contre son torse et me serre dans ses bras. Ce n'est pas très clair entre nous mais je sais déjà que nous repartons sur de bonnes bases, qu'on se laisse une seconde chance. J'ai un peu moins peur de l'avenir mais juste un peu moins. Je sens sa bouche embrasser tendrement le sommet de mon crâne.

Je m'endors dans ses bras en quelques minutes. Si quelqu'un m'avait dit que j'allais finir blottis contre Carter quelques semaines après mon retour à Chapel, je ne l'aurais pas cru. J'étais furieuse après lui, je lui en voulais à mort, jamais je n'aurais pu imaginer retourner auprès de lui. C'était idiot de ma part. Vraiment très idiot.

Dans la soirée, je me sens porter et emmener je ne sais où. Je suis tellement épuisée que je ne réagis pas puis ce n'est pas comme si j'étais en compagnie d'un serial killer.

Je me réveille dans mon lit à cause de la lumière du jour qui éclaire entièrement ma chambre. D'habitude, je dors les stores complètement baissés mais j'ai dû oublier de les descendre hier soir. Je tourne la tête de l'autre côté du lit m'attendant à trouver Carter mais sa place est libre. J'étais pourtant sûre qu'il était avec moi toute la nuit, j'ai senti son corps chaud tout contre moi. Il a dû partir dans la nuit ou ce matin.

Génial, à peine retrouvés qu'il m'abandonne déjà !

Je me lève et passe par la salle de bains. Je suis encore barbouillée mais ne vomis pas cette fois. Le bouillon de poulet a été bénéfique ou alors c'est simplement la présence de Carter.

Une odeur de nourriture s'infiltre dans mes narines au fur et à mesure que j'arrive dans la cuisine. J'ai tellement faim que je pourrais avaler une tonne de burgers-frites. Mon appétit revient on dirait. Je suis dans le couloir lorsque j'entends la voix de Carter.

- Tu es sûr de toi, Cam ? Tu as vraiment entendu papa et maman dire qu'ils allaient vendre ?

Merde !

- Et on ne peut rien faire pour eux ? J'ai des économies pour les aider un peu... Il faut trouver une solution... Le garage est le rêve de papa, il ne peut pas le perdre aussi...

Je ne savais pas que ça allait aussi mal pour les affaires de Bruce. Mon père les a menacé mais je ne pensais pas qu'il irait au bout. Que pouvait-il bien faire à un garage ? Je l'ai sous-estimé encore une fois et les Bass en subissent les conséquences. Je ne peux pas laisser mon père gagner et leur gâcher la vie à eux-aussi. Si je peux les aider, je le ferai sans hésitation. L'argent de mon père doit bien servir à réparer tout le mal qu'il a fait autour de lui pour ses maudites affaires.

J'attends que Carter raccroche pour sortir de ma cachette et le rejoindre dans la cuisine. Rapidement, je remarque l'inquiétude sur le visage de Carter. Lorsqu'il me voit, il sourit pour cacher sa crainte.

- Bien dormi, princesse ? Comment tu te sens ce matin ? me demande-t-il en embrassant ma joue.

- Oui... Un peu barbouillée mais ça va. Tout va bien ? m'enquiers-je.

- A merveilles, oui ! Je t'ai préparé des pancakes et du bacon, j'espère que ça te plaira... Il faut que j'y aille. J'ai une séance de kiné ce matin et je dois voir mon père...

- Je comprends, acquiescé-je en souriant. Merci pour le petit déjeuner !

- De rien, princesse, tu sais bien que je suis ton humble serviteur, plaisante-t-il.

Je secoue la tête en ricanant. Il enfile sa veste, range son portable dedans et finit son café d'une traite. Je le raccompagne à la porte, soudainement intimidée et gênée.

- Merci aussi d'être venu jouer au docteur hier soir et d'avoir pris soin de moi... Je sais que ce n'est pas très clair entre nous et que...

- C'est très clair pour moi, Charlie, m'interrompt-il. Je n'ai pas besoin d'attendre de revenir sur les terrains de basket pour savoir que j'ai envie d'être avec toi ! Dans deux semaines, je rejoue. Et dans deux semaines, je veux te voir dans les gradins parce qu'après le match, nous aurons un rencard tous les deux !

Je souris en me souvenant des fois où il a insisté pour que j'accepte de sortir avec lui. Cette fois-ci, je ne résiste pas et hoche la tête pour lui donner mon accord. Ma réponse lui plaît puisque je vois son visage s'illuminer. C'est comme si nous repartions sur de bonnes bases, une sorte de nouveau départ dont nous avions clairement besoin.

Carter dépose un baiser sur mon front puis quitte l'appartement en me souhaitant une bonne journée.

Je me rends dans la cuisine pour manger un peu mais au moment où j'avale un bout de bacon, je sens la nausée pointer le bout de son nez dans ma gorge. Je me précipite dans les toilettes et régurgite mes tripes pour la dixième fois en trois jours. Ce n'est pas normal de ne pas guérir avec tous les médicaments que j'avale chaque jour, si ?

Putain de virus !

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