3. Charlie

Une sororité.

Comment j'ai pu me laisser embarquer dans cette histoire ? Je perds les pédales, mon QI est aux abonnés absents. Je me suis laissée convaincre par ma stupide conscience qui est dictée par mon coeur en guimauve. Lorsque Poppy m'a dit qu'elle comptait rejoindre les Gamma Phi je ne sais quoi, je me suis dis qu'il était temps de me sociabiliser. J'ai des aprioris sur les sororités, plus le nom est long, plus elle est occupée par des étudiantes superficielles et manipulatrices. Je fais sûrement erreurs mais comme on dit " les clichés ont la vie dure ".

Ce soir, je participe au recrutement officiel. Les filles de Gamma machin truc choisissent les aspirantes, celles qui sont le mieux placées pour rejoindre leur sororité. Selon Poppy, je vais être prise sans le moindre doute parce que je suis étrangère. C'est un point positif pour une confrérie, cela montre à quel point ces filles sont tolérantes et accueillantes. Ce ne sont que des faux semblants mais j'ai promis à Poppy de jouer le jeu. Peut être que je vais être surprise et que je vais me faire un tas de nouvelles amies.

Rêve pas, Charlie, ça n'arrive que dans les films débiles !

Recrutement au sein de ces confréries signifie période d'initiation et bizutage la semaine qui suit. Je refuse catégoriquement de faire quoique ce soit d'humiliant. Une fois, j'ai lu un témoignage d'une étudiante qui racontait qu'elle et les autres recrues ont été obligées de porter des couches culottes attachées avec du ruban adhésif pendant toute une journée. En gros, elles ont dû se faire pipi dessus. C'est carrément dégoûtant. Heureusement, puisque je suis une troisième année, je peux échapper à un tas de bizutage. Alléluia !

Je savais que j'aurais dû faire ma rentrée plus tard, que la semaine des recrutements des sororités avait lieu à cette période. Mais non, cruche comme je suis, j'ai décidé de faire ma rentrée il y a dix jours pour pouvoir retrouver Gabriel au plus vite. J'aurais mieux fait de rester à Raleigh chez ma tante et mon oncle. Ils m'auraient chouchouté encore quelques semaines et j'aurais profité de ma cousine et de mon cousin. Parfois, je manque cruellement de jugeote. Ma mère a finalement un peu d'elle en moi.

Gabriel ne donne plus signe de vie depuis plus d'une semaine. Il est sûrement occupé avec la blonde de l'autre soir, cette Freya. Je devrais abandonner cette obsession pour lui, ça ne me mène à rien. Je ne suis pas assez bien pour lui, pas assez jolie pour qu'il me remarque, et je suis sûrement trop intelligente pour être digne de lui. N'y voyez pas de la prétention, les matières que j'ai choisi paraissent difficiles alors beaucoup pensent que mon cerveau est plus fourni que le leur, ce qui est totalement stupide et faux. J'étudie la kinésithérapie et la psychologie en option, ce ne sont pas des domaines qui intéressent Gabriel.

Je me souviens des conversations que j'ai eu avec tante Greta sur Gabriel. Elle le trouve mignon et gentil, mais elle ne comprend pas pour quelles raisons je tiens autant à devenir sa petite amie. Pour être tout à fait honnête, je ne sais pas non plus. Je sens que je serai heureuse avec lui, que nous réussirons à construire une vraie famille. C'est ce que j'ai toujours secrètement voulu. J'ai adoré vivre avec Greta et Rob, mais je n'ai été qu'une pièce rapportée dans leur propre famille. Ils ont toujours fait en sorte que je me sente bien chez eux, seulement ce n'est pas pareil. Ils ont leurs propres enfants.

Peut être que ça aurait été différent si j'avais débarqué chez eux encore enfant et pas adolescente. Quoiqu'il en soit, je crois que je n'explique pas mon attirance pour Gabriel. Après tout, le coeur a ses raisons que la raison ignore. L'amour est une vraie connerie incompréhensible !

En début d'après midi, je me rends dans l'un des cafés du campus, un Starbucks assez populaire chez les étudiants de l'Université. C'est la première fois que je m'y rends. Ce Starbucks est comme les autres, grand, deux comptoirs côtes à côtes, une ambiance chaleureuse, une décoration moderne et colorée. J'adore cette odeur de café mélangée à de la cannelle. La file d'attente qui mène au comptoir des commandes est longue. Je vais devoir patienter un moment avant d'être servie.

Je n'ai pas vraiment le choix, Poppy et moi avons décidé de nous retrouver ici. Elle veut me parler d'un truc de fou qui se passe dans sa vie. Evidemment, elle tient à ce qu'on mette un plan en place pour " l'opération séduction de Gabriel Sheffield ". Mon portable vibre dans la poche arrière de mon jean. Poppy doit sûrement me prévenir qu'elle aura un peu de retard. Je prends mon portable et souris en voyant le nom de ma meilleure amie s'afficher.

- Bonjour ravissante blonde, que puis je faire pour vous ? plaisanté je.

- Je suis passée devant le magasin de chaussures que tu aimais tant à Brooklyn, donc évidemment j'ai pensé à toi et à ta passion pour les derby. J'me suis dis, il est grand temps que j'appelle ma magnifique meilleure amie aux cheveux étranges ! explique t'elle en riant.

Mes cheveux étranges ! Je n'ai jamais pu décrire leur véritable couleur en un seul mot. Je ne suis pas tout à fait brune, ni tout à fait auburn, j'ai des reflets marrons qui virent parfois vers le roux. Mes cheveux sont un melting pot de couleurs. La fée des cheveux devait être sacrément bourrée le jour de naissance, je ne vois pas d'autres explications.

- Enfin quelqu'un qui voit à quel point je suis magnifique ! Les étudiants de cette Fac sont tous aveugles ou alors ma très grande beauté les intimide... Je veux dire, ils n'ont pas l'habitude de se trouver face à une bombe atomique ! plaisanté je.

La fille devant moi se retourne en me dévisageant du regard. Elle n'a certainement pas compris que ma tirade n'est que pur humour et non ce que je pense de moi. L'ironie et le sarcasme ne sont pas tellement apprécié dans ce pays ! Je me fous bien de ce qu'elle croit, de ce qu'elle se dit dans la tête. Je parle à ma meilleure amie toujours en exagérant et en plaisantant. Je ne vais pas changer de comportement parce qu'une fille m'écoute et ne comprend pas l'humour. J'hausse un sourcil en regardant la fille aux cheveux noirs d'une manière qui dit " t'as un problème ? ". La fille baisse les yeux et se retourne vers le comptoir.

- Tu es irrécupérable, ma Lili, rit Willa.

- Que veux tu, je ne change pas.

- Et tant mieux ! Gabriel prend soin de toi ? Parce que si ce n'est pas le cas, je débarque dans la seconde et je lui botte le cul, me promet elle.

Je ris. Willa en est tout à fait capable. L'année dernière, elle m'appelait tous les jours pour savoir si Gabriel prenait soin de moi, si il ne me laissait pas seule. Je lui mentais à chaque fois pour ne pas qu'elle passe une fumée à son frère. Au début, Gabriel s'est occupé de me faire un petit tour du campus afin que je ne me perdes pas, mais son aide s'est arrêtée là. Une fois dans le mois, il m'envoyait un sms pour savoir si tout allait bien. J'ai du dîner avec lui deux fois dans l'année. Si jamais Willa l'apprend, elle tuera son frère.

- Oui, ne t'en fais pas ! mens je.

- Vaut mieux pour lui sinon je jure qu'il n'enfantera jamais !

J'éclate de rire. Cette fille est encore plus dingue que moi. Elle n'hésiterait pas à émmasculer son propre frère si elle savait que Gabriel n'est pas aussi présent qu'elle le pense. Derrière elle, j'entends la voix d'un homme qui l'appelle. Ma meilleure amie est devenue une petite cachottière.

- Je dois y aller ma Lili. J'essaie de venir dans un mois !

- Y'a intérêt, comme ça tu me diras qui est le mec avec toi ! ricané je.

- Ou...oui bien sûr... Je.. Bisous, ma Lili.

- A plus, Wil ! plaisanté je.

Willa raccroche après un lointain " bisous ". Cette fille est un vrai courant d'air, elle n'arrête jamais de bouger. La file d'attente avance. La conversation avec Willa m'a fait passer le temps. J'ai hâte qu'elle vienne à Chapel Hill. Elle me manque bien que j'ai passé tout le mois de Juillet avec elle. Nos deux années à New-York ont été géniales, dans le sens où nous étions toutes les deux, mais je n'étais pas faite pour cette fac. Malgré les kilomètres, notre amitié est toujours intacte. Nous nous voyons moins c'est indéniable, mais dès qu'on se retrouve rien n'a changé.

Pourtant, notre rencontre a été loin d'être réussie. Monsieur Sheffield est lui aussi hôtelier, lui et mon père se connaissent et ont déjà travaillé ensemble. Je crois que c'est pour cette raison que mon père m'a laissé vivre avec ma tante, pour avoir toujours un oeil sur moi. J'ai pensé que l'intérêt de Willa pour moi ne venait que de là, que son père l'avait obligée à devenir mon amie. Mais Willa n'est pas le genre de personne à qui on ordonne quoique ce soit. C'est principalement ce que j'aime chez elle.

- Suivant !

Je sors de mes pensées en entendant la voix suave d'un jeune homme. Prête à penser ma commande, je relève les yeux vers le comptoir quand je tombe nez à nez avec Docteur Mécanique Super Canon. Les probabilités pour tomber sur lui dans ce genre d'endroits étaient quasi nulles, et pourtant il est bien là, devant mes yeux, le sourire aux lèvres. Je savais qu'il était canon mais à ce point c'est limite irréel. Ses yeux sont tout simplement incroyables et uniques. Leur couleur ambré possède quelques éclats de verts voire presque jaunes. Ils sont accentués par des cils longs et noirs, ainsi qu'une peau doré. La barbe de trois ou quatre jours le vieillit un peu et lui donne un aspect mauvais garçon. Ce mec est un appel au pêché de chair, toutes les femmes l'on remarquées.

Je dois avoir une tête de poisson mort. Ma bouche ne s'est pas fermée depuis une bonne trentaine de secondes. Je suis persuadée qu'il ne se souviens pas de moi, enfin de mon visage, il faisait nuit après tout, puis je ne suis pas inoubliable comme lui. Je remarque sur son badge qu'il s'appelle Carter. C'est con mais j'ai l'impression d'avoir entendue parler de lui, d'un certain Carter qui fait partie des sportifs du campus. Non, ça ne doit pas ce Carter là. J'aime bien son prénom, il lui va comme un gant.

- Qu'est ce que tu prends ? demande t'il.

Derrière moi, j'entends les soupirs agacés des clients. Sa question montre qu'il se ne souvient pas de moi. Je ne suis qu'une simple petite cliente.

- Oh... Euh... Un cappuccino noisette et un latte vanille, s'il te plaît !

Carter chuchote quelque mots à l'oreille de son collègue, puis ses yeux se posent sur moi. Son collègue prend le relais sur les clients derrière moi, tandis que Carter me fait signe de me décaler sur la gauche pour attendre ma commande. Il m'indique le prix, prend ma carte et attend que je tape mon code.

- Ta voiture est toujours vivante ou je vais recevoir un avis d'obsèques ? plaisante t'il.

Je souris. Il se rappelle de moi, ce qui veut dire qu'il se souvient des monologues que j'ai fait. Je me sens mal à l'aise d'un coup. Son regard sur moi est pénétrant, le rictus au coin de ses lèvres le rend particulièrement craquant. Il est gentil de s'inquiéter pour ma petite voiture chérie. Grâce à lui, j'ai payé moins cher la dépanneuse. Il a parlé au patron pour m'obtenir une ristourne sur la facture. Il l'a fait sans que je lui demande quoi que ce soit, il a sûrement eu pitié pour moi. J'ai essayé de le retrouver au sein du campus, mais impossible sans son prénom. Je voulais le remercier d'avoir été aimable, et surtout de m'avoir sortie d'une immense galère.

- Non, elle est toujours en vie grâce à toi... Je veux dire, sans toi j'aurais du enterrer ma jolie Jeep. Tu n'es pas mon sauveur, enfin mon prince charmant... Non, non, pas de prince ! Je veux dire, je ne suis pas une foutue princesse... Sérieux qui veut être cette nunuche aux cheveux parfaits mais dépourvue d'un cerveau ? Enfin Je... Bref... Juste merci pour le coup de main !

Mon Dieu mais j'aimerais me terrer sous une couette, ou carrément sous terre.

Je devrais réellement faire un travail sur ma nervosité, je ne dis que des conneries. Carter ricane. Ma folie l'amuse toujours autant. Jusqu'à Carter, je parvenais à contrôler ma nervosité, mais il me met tellement dans un état de stress que je n'ai plus du tout de filtres. Sauf quand je suis avec Gabriel. Lui aussi me rend nerveuse, mais c'est un peu plus compréhensif puisque je suis raide dingue de lui.

Carter s'occupe de confectionner ma boisson et celle de Poppy. Il n'a pas besoin de mettre mon prénom sur les gobelets, puisqu'il sait pour qui il les fait. Pourtant, je le vois griffonner sur un des deux gobelet. J'en profite une nouvelle fois pour le détailler un peu plus. Il semble être un homme plutôt sportif sans avoir une carrure trop imposante. Mes yeux s'attardent un moment sur son joli derrière. Il possède des fesses bombées, musclées, des fesses que je m'imagine très bien palper. Quand il se retourne, je sursaute presque. Je suis grillée, complètement prise la main dans le sac. Cette fois, je ne peux nier l'avoir maté.

- Je suis soulagé ! feigne t'il en passant un main sur son front qu'il essuie. J'avais peur de devoir te consoler, quoique ça ne m'aurait pas dérangé ! Toi dans mes bras de Docteur Mécanique, à....

- Chut, n'en dis pas plus ! Cette idée me révulse ! mens je sans aplomb.

Mes joues s'empourprent instantanément. Son allusion me fait ressentir une boule de chaleur dans le bas ventre. Pendant un court instant, je regrette que ma Jeep soit guérie. Je me serais bien vue dans les bras de Carter.

Bordel, mais qu'est ce qui m'arrive ?!

- Menteuse ! Tu rêves d'être la demoiselle en détresse et que je sois ton Prince Charmant ! plaisante t'il.

- Je sens que je vais vomir !

Je l'imagine bien en costume de Prince Charmant. Il serait carrément sublime. Je le vois bien en Prince Eric de La Petite Sirène. Bon sang, me voilà en train de divaguer ! Je reprends mes esprits lorsque Carter me tend les gobelets qu'il a entouré d'une manchette en carton pour éviter que je me brule. Je prends les boissons dans les mains quand je remarque qu'il a écrit " Princesse " sur ma boisson. Je grimace. Je déteste qu'il me surnomme de cette façon. Je ne suis pas une princesse, je hais tout ce qu'elles représentent.

- Mon nom c'est Charlie ! lancé je agacée.

- Ravi de l'apprendre, mais je préfère Princesse ! rétorque t'il amusé.

Il me fait un clin d'oeil avant de reprendre sa place d'origine. Je vais m'asseoir à une table libre attendant que Poppy me rejoigne. Je n'en reviens pas d'être tombée sur Carter. Je ne pensais pas qu'il travaillait, surtout sur le campus. Je me demande bien quel genre d'homme il est. Il a l'air d'avoir la tête sur les épaules, d'être sérieux. Bon, il semble aussi être insupportable, et adepte des taquineries, mais au fond je suis persuadée qu'il n'est pas quelqu'un de mauvais.

Je le regarde prendre et encaisser les commandes des différents clients. Il paraît crispé à chaque fois qu'une cliente l'aborde. Je ne sais toujours pas pourquoi son nom attire autant les filles de ce campus. Peut être qu'elles sont attirées par les fils de. Certaines filles sont prêtes à tout pour être les petites amies de personnes importantes. Seulement, je ne vois pas en quoi Carter l'est.

Je suis si obnubilée par mes innombrables questions que je vois arriver Poppy au dernier moment. A peine entrée sans le Starbucks, Poppy illumine le café de son magnifique sourire à la Julia Roberts.

- Bonjour, jolie Lili !

Le ton de sa voix est si enthousiaste que son bonheur est contagieux. Elle est heureuse, ça se voit. Aujourd'hui, elle avait un rendez vous il me semble. Je ne suis pas stupide, je l'ai plusieurs fois grillée à envoyer des messages coquins avec un certain " T.W ". Elle a prétexté que c'était juste un plan cul, mais vu le sourire qu'elle a à chaque message reçu, il s'agit plus de cela.

- Salut Poppy rayon de soleil !

Elle s'installe en face de moi prenant son latte entre ses mains. Poppy adore sentir la chaleur de ces boissons entre ses mains, elle attend toujours que la boisson soit tiède pour la boire. Moi, je préfère quand mon cappuccino est bien chaud. Poppy a toujours ce sourire béat plaqué sur son visage.

- Alors, qu'est ce qui se passe ? Tu as rencontré l'homme de ta vie, les martiens ont débarqué et ils t'ont fait un lavage de cerveau pour te changer en une fille tout sourire et insupportable optimiste ? Ou tu es seulement heureuse grâce à un coït hallucinant ? demandé je en portant mon gobelet à la bouche.

Poppy explose de rire, puis change d'un coup d'expression faciale. Elle écarquille les yeux, puis les plisse l'air accusateur envers moi. Quand je repose le gobelet, je comprends pour quelle raison elle est si interloquée.

- Ce n'est pas ce que tu crois ! me justifié je. Il s'agit juste d'une plaisanterie débile du serveur ! Figure toi que le serveur et Docteur Mécanique sont la même personne, Carter je ne sais pas quoi !

Poppy balaye la salle du regard certainement à la recherche de Carter. Lorsque son regard tombe sur Carter, elle pousse un juron complètement surprise.

- Tu plaisantes, j'espère ? Ton sauveur de l'autre soir c'est Carter Bass ?

- Oh mon Dieu, c'est le frère de Chuck Bass ? rigolé je.

- Lili, Carter est cent fois plus canon que Chuck Bass ! affirme t'elle haut et fort. Je ne comprends vraiment pas ton obsession pour ce personnage de série. Il est carrément pervers et manipulateur !

- Justement, il n'est pas parfait, mais pour ceux qu'il aime il est prêt à tout !

Poppy lève les yeux au ciel. Elle est exaspérée que je puisse idolâtrer un homme comme Chuck Bass. Il a peut être des défauts assez répréhensibles, il est cependant loyal, fidèle, généreux et terriblement sexy. Qui n'a pas rêvé d'être à la place de Blair Waldorf ?!

- Bref, Carter Bass est l'un des mecs les plus en vus du campus ! Il est le meneur de basket de l'équipe de la fac et toutes les filles lui courent après, explique Poppy en chuchotant. Comment tu as pu passer à côté de ça alors que tu fais une obsession sur Gabriel, qui joue avec Carter ?!

J'hausse les épaules. Je suis allée voir Gabriel jouer un match de basket, il n'a dû jouer que quelques minutes. Je n'y suis jamais retournée depuis, donc je n'aurais jamais pu savoir qui était Carter Bass. Je reconnais que son nom sonne divinement bien. Peut être que c'est bien le Carter sportif du campus finalement.

Je jette un coup d'oeil vers le comptoir du café. Comme si il sentait mon regard sur lui, Carter lève les yeux vers moi et sourit. Il a du comprendre qu'on parlait de lui. Je baisse la tête gênée comme une pauvre petite pucelle devant l'homme de ses rêves. Poppy me sourit d'une manière complice.

- Le courant passe bien à ce que je vois, me taquine Poppy.

- Pop, on ne joue pas dans la même cour, lui et moi ! lui fais je remarquer.

- Ah oui vraiment ? Alors pourquoi c'est toi qu'il dévore des yeux et pas toutes les autres filles qui le matent sans se cacher ? rétorque t'elle amusée.

Je tourne la tête remarquant qu'en effet toutes les filles présentes dans le café le matent sans aucune pudeur. Il n'a qu'un mot à dire, ou faire un tout petit signe, pour qu'elles se jettent sur lui. Pourtant, il n'y prête aucune attention, il a même l'air lassé. Je comprends mieux son aversion pour les étudiantes de l'Université. Elles ne sont attirées que par son statut de sportif, par le profit qu'elles peuvent en retenir. Elles veulent son nom, pas sa personnalité.

En France, je me souviens de ces élèves qui faisaient tout pour être mon amie parce que mes parents étaient riches. Ce n'est pas non plus un drame, mais comme tout le monde je voulais qu'on s'intéresse à moi pour qui je suis, et non à mes biens matériels. Carter doit le ressentir d'une certaine façon.

- Ma chérie, je crois que nous avons trouvé le mec sur qui tu vas t'entraîner à séduire ! s'emballe Poppy. Pour obtenir Gabriel, tu dois passer par Carter Bass !

- Je ne veux pas m'entraîner sur un autre mec pour avoir Gabriel, ce n'est pas correct ! m'offusqué je.

Cette idée est stupide. Je ne suis pas une manipulatrice qui se sert des gens pour arriver à ses fins. J'aime Gabriel, mais je ne peux pas utiliser Carter. Je ne le connais pas, et même si je pense qu'il enchaîne les conquêtes comme tous les basketteurs de son équipe, à part Gabriel, il ne mérite pas d'être un simple tremplin pour que j'atteigne mon objectif.

- Tu as peur de ne pas réussir ? questionne Poppy.

- Non, je ne veux pas faire ce genre de choses ! Je ne me sers pas des gens, tu le sais...

- Ce n'est pas la question ! Lili, c'est juste un moyen d'évaluer ton pouvoir de séduction, pas de prendre quelqu'un pour un con ! Je ne te demande pas de tout faire pour qu'il tombe amoureux de toi, mais de réussir à le séduire... Il n'y a rien de méchant là dedans !

Je ne réponds pas réfléchissant à ses dires. Je regarde Carter, qui semble si inoffensif derrière son comptoir. Suis je prête à tout pour avoir Gabriel, pour devenir sa petite amie ? J'en rêve depuis presque quatre ans. Je sais que c'est l'homme qu'il me faut, que je serai heureuse avec lui. Poppy a raison, je ne vais rien faire de mal. Carter n'a pas l'air d'être le genre d'homme à tomber amoureux ou même à s'attacher. Il prend sûrement les femmes pour la nuit et les jette au petit matin. Je ne risque pas de lui briser le coeur, puis je suis réaliste, je suis loin le genre de filles qui l'intéressent. D'accord, je ne suis pas repoussante, je suis potable, mais je ne suis certainement pas une bombe.

- Tu as raison, peut être que je devrais essayer... Mais soyons honnêtes, Carter Bass ne joue pas dans la même cour que moi, il est au dessus ! dis je réaliste.

- Tu es aveugle, ma chère Lili ! s'exaspère Poppy. Tu es canonissime ! Je donnerais tout pour avoir tes yeux, tes seins, et ton cul ! Tu as un corps à damner un Saint !

Poppy exagère. Elle est aveuglée par son amour pour moi. Elle n'a carrément rien à m'envier. Cette file est juste magnifique. Elle est d'une beauté à couper le souffle dû à ses grands yeux bleus, ses longs cheveux ondulés blonds vénitien et de ses tâches de rousseurs qui la rendent à la fois sexy et innocente, son mètre soixante treize et son physique suffiraient amplement à faire d'elle une mannequin mode.

- Tu m'aimes beaucoup trop, Pop ! lui fais je remarquer.

- Je suis seulement réaliste et observatrice ! réplique t'elle accompagné d'un clin d'oeil.

- Bref, j'essaierai de m'entraîner à draguer sur Carter.. Ou j'y réfléchirai.. Est ce que l'on peut parler de toi maintenant ? Il me semble que tu avais quelque chose à me dire...

Poppy baisse la tête. Son sourire s'est effacé pour laisser place à une gêne évidente. Elle boit une gorgée de son latte pour se donner du courage. Poppy a beaucoup de mal à se confier. Elle a vécu des petits drames qui ont ébranlé la confiance qu'elle peut donner aux autres. Elle est toujours très discrète sur sa vie privée, sur ce qu'elle fait. Je ne la brusque jamais quand elle se décide de parler, elle a besoin de temps et de se sentir à l'aise. Poppy plante ses yeux dans les miens prête à prendre la parole.

- Je t'ai déjà parlé de TW ?

- La série Teen Wolf ? plaisanté je pour détendre l'atmosphère.

Elle sourit.

- Non, l'homme avec qui je sors ! avoue t'elle doucement.

- Oui, tu as dit que c'était un homme du campus...

- Il l'est ! Et tu le connais...

J'arque un sourcil piquée par la curiosité. Je me fais une liste intérieure de tous les étudiants mâles que l'on connaît sur le campus. Il n'y en a pas énormément. Poppy et moi sommes du genre à privilégier la qualité à la quantité. La popularité n'a pas d'importance pour nous. Nous nous sommes construit un petit cocon pour ne pas risquer d'être trahies ou déçues. J'ai beau réfléchir à qui cela pourrait être, je ne vois absolument pas avec qui ma Poppy pourrait sortir.

- Il s'agit de... ( sa voix a baissée d'un octave, elle me fait signe de me rapprocher d'elle afin d'éviter que quelqu'un nous entende ). Il s'agit de Trevor Wallace, notre... notre prof de sociologie...

Je reste sans voix. Je ne m'attendais pas du tout à cela, mais alors vraiment pas. Je connais Trevor Wallace, très bien même. Lui et mon oncle Rob sont amis depuis une dizaine d'années. Il est venu dîner chez Greta et Rob une vingtaine de fois. Je sais qu'il a trente trois ans, qu'il est marié depuis huit ans et qu'il est père de deux enfants de sept et quatre ans. Poppy s'est mise dans une situation très inconfortable, presque immorale. Je ne la juge pas, elle n'est pas seule fautive dans l'histoire. Le plus à châtier est ce cher Monsieur Wallace. Il trompe sa femme impunément, ne pense à pas à sa famille qu'il détruit à petit feu.

- Tu me prends pour une salope c'est ça ? demande t'elle les larmes aux yeux.

- Bien sûr que non ! je réplique en lui prenant la main. Ecoute ma Poppy, tu es mon amie, quoique tu fasses je te soutiens ! Raconte moi tout depuis le début...

Poppy m'explique comment tout a commencé entre eux. Apparemment, c'est très récent. Seulement quelques semaines. Poppy l'aurait croisé en vacances à New-York et ils auraient pris un verre ensemble. En revenant à Chapel Hill, ils se sont vus sans qu'il se passe quoi que ce soit. Leur histoire ne durerait que depuis deux semaines, mais à voir les yeux pétillants de mon amie, elle est déjà sous le charme. Je m'inquiète pour elle. Mr Wallace ne laissera jamais sa femme pour une élève. J'ai peur qu'il finisse par briser le coeur de ma Poppy. Cette histoire ne me dit rien qui vaille..

****

Le soir, Poppy et moi nous nous dirigeons vers l'immense demeure des Gamma bidule chouette Phi. Comme toutes les nouvelles recrues, enfin celles qui aspirent à devenir une soeur des Gamma truc machin, nous avons revêtit une sorte de toge ringarde qui nous fait passer pour des déesses grecques bon marché. La mienne moule un peu trop ma poitrine que je soupçonne de vouloir dire bonjour aux passants. Dans la sienne, Poppy a l'air d'être une vraie déesse, Aphrodite bien évidemment. Tous l'après midi, elle a été très silencieuse. Cette histoire avec Mr Wallace lui fait du mal bien qu'elle refuse de l'admettre.

Poppy et moi arrivons devant la bâtisse de la maison des Gamma Phi Delta, elle est blanche au style victorien, un peu comme toutes les maisons servant de sororités et fraternités. Le foyer est grandiose, pourvu d'un escalier en chêne séparé en deux comme dans l'un des salons de Versailles. La décoration est luxuriante, faîtes de matériaux nobles, aux couleurs chaudes, de lustres gigantesques. Nous suivons une petite brune jusqu'au grand salon, où toutes les aspirantes ont été regroupées comme du bétail. Les soeurs réclament le silence. Apparemment, la présidente va faire son entrée dans peu de temps. Elles l'attendent toutes comme le messie, c'est pathétique. Je me demande ce que je fais ici.

Pense à Gabriel, tu es là pour lui !

La président daigne enfin faire son entrée après avoir été annoncée par une petite blonde mignonne. Forcément, la présidente est une bombe, elle est réellement très belle. Elle est vêtue d'une robe bleu nuit assez courte révélant sa peau très pâle de porcelaine. Elle possède de beaux cheveux châtains clairs très lumineux, des yeux noisettes, une allure très classe, une taille longiligne, mais contrairement aux préjugés que je me suis fait sur ce genre de filles, elle n'est pas parfaite. Elle vient se placer sur la mini estrade au fond de la salle pour avoir une vue sur tous le monde.

- Bienvenue, aspirantes recrues ! Je suis la présidente de Gamma Phi Delta, Régina Sparks, se présente t'elle. Vous êtes ici pour essayer de devenir une de nos soeurs, continue t'elle, pour entrer dans cette famille que nous sommes mes soeurs et moi. Autant vous prévenir de suite, ce ne sera pas facile ! Notre sororité est estimée et enviée par tous. Nous ne prendrons que les meilleurs d'entre vous, tout n'est pas une question de physique ou de classes sociales... Cette soirée sera accompagnée d'une épreuve qui évaluera votre détermination à rejoindre cette sororité, puis d'une fête ici même avec notre fraternité consort, Les Alpha Omega Phi. Votre comportement sera jaugée et décryptée. Nous attendons de vous que vous ayez une image parfaite, classe et dénuée de toute vulgarité !

Je balaye la salle du regard m'attardant sur les membres de la sororité. Le terme vulgarité en concerne plusieurs, mais Régina a dû faire quelques exceptions. Son discours est bien joli, mais il est hypocrite. Tout le monde sait que les filles les plus friquées entreront sans problèmes dans la sororité. Ces institutions ont besoin de subventions pour continuer à vivre correctement et qui de mieux que les parents plein au as de leurs membres ? C'est à gerber et ma dignité en prend un coup.

Une des soeurs me dévisage. Lorsque je m'aperçois qu'il s'agit de Freya, je déglutis. Elle est aux côtés d'une ravissante rousse aux yeux argentés. La rouquine dégage une férocité incroyable ainsi qu'un charme déroutant. Les mecs doivent tous tomber en la voyant. Cependant, sa robe ras la moule la rend extrêmement vulgaire. Je ne comprendrai jamais ce qui pousse ces filles à s'habiller comme des mini Kim Kardashian qui est juste la quintessence de la vulgarité. Où est passé la beauté naturelle ?!

Des filles déjà membres reviennent avec des plats recouverts de torchons pour ne pas que l'on voit leur contenu. Elles les posent sur l'immense table poussée contre le mur, puis regagnent leur place vers leur présidente. Régina nous fait signe de nous avancer. Pas besoin d'être un génie pour deviner que nous allons devoir manger des aliments répugnants. Poppy me lance un regard inquiet, elle déteste devoir avaler des choses gluantes.

- Bien, la première épreuve consiste à manger le contenu de ces récipients le plus vite possible ! Les quinze premières seront toujours dans la course et pourront affronter la semaine infernale qui débutera dans quatre jours. Approchez, Mesdemoiselles !

Comme des robots, nous avançons toutes d'un pas franc. Les torchons sont enlevés des récipients. Les filles poussent un cri de dégoût quand elles se rendent compte qu'elles vont devoir avaler des insectes en tout genre. Des criquets grillés, des verre de terre cuit, et des scarabées gluants. Je ne suis pas révulsée à l'idée de mettre cela dans ma bouche, ce ne sera pas la première fois. Une fois, tante Greta a décidé de tester ce genre de nourriture après avoir regardée une émission à la télé. Oncle Rob et moi avons adoré tandis que ma tante a tellement été dégoûtée qu'elle a fait un aller simple pour les toilettes. Contrairement à ce que l'on peut penser, ces insectes ont le goût de poulet frit. Puis, c'est bourré de protéines.

Certaines filles décident de partir avant même d'essayer de goûter un des insectes. Elles ne sont pas assez déterminées pour rejoindre la sororité. Pour ma part, je préférerai ne pas être ici, mais je le fais pour Gabriel. Si je réussis à intégrer les Gamma Phi Delta, il me verra différent et je le croiserai tout le temps, à chaque soirée. Poppy est persuadée que l'intérêt des autres mecs éveillera la jalousie de Gabriel.

Que Dieu l'entende !

Je m'avance un peu plus vers la table, sans crainte. Ces insectes sont morts, ce n'est pas comme si nous devions manger des larves vivantes ou des conneries dans le genre. Régina donne le feu vert pour que nous commencions. Aucune des filles ne se lancent. Elles sont pleines d'appréhensions. Moi, je m'en contre fous. Je ne vais pas prendre peur devant de petits insectes inoffensifs. Je prends un criquet dans ma bouche que je mâche et avale en quelques secondes. Les autres filles me regardent comme si j'étais un ovni. Honnêtement, je préfère amplement manger ce genre d'aliments, que de devoir embrasser un inconnu ou une connerie dans le genre.

- Regardez moi pas comme ça, ce n'est pas aussi répugnant que vous le pensez ! leur dis je en haussant les épaules. C'est même plutôt bon. Je veux dire, y'a pire dans la vie. Ces choses sont mortes, elles ne vont pas s'attaquer à vos minuscules ventres et vous tuer de l'intérieur ! me moqué je. Ce serait assez drôle, mais impossible !

Régina sourit. Elle apprécie l'humour, tant mieux. Poppy s'avance à son tour ayant une confiance aveugle en moi. Elle ne perd pas de temps à détailler ce qui se trouve devant puisqu'elle enfourne un scarabée dans sa bouche. Lorsqu'elle dit que ce n'est pas si mauvais, les autres filles se jettent sur les récipients. Elles sont miraculeusement prête à tout pour intégrer la sororité. Seulement, certaines sont si dégoûtées qu'elles partent dehors pour vomir sous les rires de quelques unes des soeurs déjà membres.

- Très bien, je crois que nous avons nos quinze finalistes pour la semaine infernale... annonce Régina. Vous serez toutes assimilées à une de nos soeurs et à un des frères de Alpha Omega Phi, qui seront en quelques sortes vos parents... Pour celles qui sont en troisième ou quatrième années, nous vous dispensons de cela, vous aurez seulement un parrain, pour vous faire une place de choix dans leur fraternité...

Cette histoire de parrain ne me dit rien qui vaille. Peut être que j'aurais de la chance et que Gabriel sera le mien, mais j'ai peu d'espoirs. Freya ne l'entendra pas de cette oreille. D'ailleurs, cette dernière n'a pas l'air ravie que je fasse partie des quinze dernières. Régina ne nous donne pas d'autres détails sur la semaine infernale, certainement pour nous faire un minimum peur. Cela fonctionne sur certaines des filles. Bonnie elle, ricane, tout comme moi elle sait que Lexa nous préparera avant. Puis, nous savons que nos épreuves seront allégées si elles veulent nous intégrer et remplir leurs quotas.

Quelques instants plus tard, la maison est remplie d'étudiants en tout genre. Les garçons de Alpha truc bidule sont arrivés avec des fûts de bières, ils ont installés des tables de Ping pong pour s'adonner à leur jeu favoris, le bière pong. Je ne serai pas étonnée que l'un des mecs lance un concours de tee-shirt mouillés, et si cela arrive, je préfère ne pas être dans les parages. Cette fraternité comporte une majeur partie, voire toute l'équipe entière des joueurs de baskets. Je savais que Gabriel faisait partie d'une fraternité, mais je ne me souvenais plus du nom étant donné que toutes ces confréries se ressemblent.

Je vais me servir un verre de bière histoire d'essayer de m'intégrer, mais je ne suis pas faite pour ce genre de soirée. Je ne suis pas à l'aise. Je ne sais pas quoi dire sans passer pour une folle qui sort d'un asile. Je me sens épiée par les sbires de Régina, et je déteste ça. Pour me détendre, je bois la bière d'une traite, et m'en sers une autre. Je vais passer pour une pochtronne, mais peu importe.

Poppy a l'air d'aller mieux que cet après midi, elle discute avec un métisse plutôt beau gosse au regard sombre et captivant. Ma Poppy rit, enroule une mèche de ses longs cheveux autour de son index, signe qu'elle est séduite. Cependant, son regard s'assombrit lorsqu'elle jette un oeil sur son portable. Je suppose que Mr Wallace l'a contactée. Elle s'excuse auprès du métisse et s'éclipse le portable à l'oreille.

Je cherche Gabriel du regard, que je trouve en moins de deux secondes. Il est avec Freya. Etonnant ! Elle a mis ses mains autour de son cou et l'embrasse à pleine bouche, ne le laissant pas respirer. Cette vision me donne envie de vomir. Gabriel a une petite amie, qui n'est pas moi, et je vais devoir attendre une éternité pour que mon tour vienne. Je me réfugie dans un coin du jardin sirotant ma petite bière. Le tissu qui recouvre à peine mon corps me met de plus en plus mal à l'aise. J'ai hâte de l'enlever, de quitter cette maison. Ce plan est débile depuis le début. Je devrais sûrement renoncer.

Je fais de mon mieux pour rester invisible l'heure qui suit. Je ne me sens pas à ma place ici. Ce plan était une connerie depuis le début. J'aurais dû mieux réfléchir ou réfléchir tout court au lieu de croire mon faible petit coeur. Je me sens tellement perturbée que j'ai l'impression de voir Carter. Même carrure, même couleur de cheveux, même cul bombé et alléchant.

Oh putain, ne me dîtes que c'est vraiment lui ?

Cette soirée va de mal en pis..

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