20. Charlie
Le gymnase du lycée de Cam est plutôt grand et plein à craquer. Carter est venu me chercher avec une heure d'avance. Monsieur Bass l'embrouille avait décidé de venir me perturber pendant mes études. Malheureusement pour lui, il n'a pas eu ce qu'il était venu chercher, à savoir une nouvelle session de pelotage intense. J'ai beau adorer nos moments intimes, je tiens à réussir mes études pour moi mais aussi pour prouver mon abruti de père que je ne suis pas une bonne à rien.
Le trajet a été assez pesant à cause du silence de Carter. Je crois que Carter m'en veut un peu d'avoir refuser ses avances. Qu'il se rassure, ce n'a pas été facile de devoir dire non. Son petit manège ne m'a pas laissé indifférente. J'ai dû faire appel à toutes mes pour résister à l'appel de ses caresses. Bon, je suis flattée qu'il ait autant envie de moi, mais j'ai compris que ce n'était que physique. Je suis comme une nouvelle console de jeux pour lui, il l'utilise jusqu'à ce qu'il s'en lasse.
Je reconnais que je me répète cela pour m'éviter de tomber dans le piège des sentiments, mais c'est peine perdu. Mon coeur est un lâche qui fuit mes ordres et n'en fait qu'à sa tête. Il va nous briser en morceaux et rien ne pourra le réparer. Si seulement je ne possédais pas un coeur d'artichaut, je pourrais aisément entretenir une relation purement sexuelle sans avoir peur de tomber amoureuse. Fais chier. Il faut absolument que je reprenne le contrôle dessus.
Ce silence m'a rendu nerveuse. J'ai bien essayé de lancer plusieurs sujets, mais j'ai passé une partie du trajet à faire des monologues débiles. Il a l'habitude, non ? Je ne comprends pas ce qui lui arrive. Peut être qu'il a eu une sale journée, que le basket ne se passe aussi bien prévu. Je sais que son match face aux Wolverines du Michigan a été très serré et qu'il a été légèrement touché à l'épaule. Un joueur essaie toujours de se servir de son ancienne blessures pour l'affaiblir. C'est carrément anti jeu.
Peut être que j'aurais dû conduire au lieu de le laisser prendre le volant. Il a beau dire qu'il n'a pas mal, je ne le crois pas. Il a pas envie que son Coach le rétrograde et le mette sur le banc de touche. Son rêve de devenir pro est tellement important qu'il est prêt à mettre sa santé à danger. Je suis inquiète pour lui. Ce soir, je m'assurerai que sa douleur à l'épaule n'est pas aussi grave que je le pense. Il ne refusera pas un massage si je lui en propose un après le restaurant.
Carter voulait m'emmener au burger à Duke mais j'ai insisté pour qu'on aille manger à la brasserie de mon oncle. Il a fini par accepter après une heure de négociation. Il a flippé en croyant que je voulais le présenter comme mon petit ami à ma famille. Sa réaction a été légèrement blessante mais elle m'a conforté dans l'idée qu'il n'aurait jamais de petites amies. Cette Lucy lui a fait beaucoup de mal et aujourd'hui il est aussi fermé qu'une huître dans mon assiette.
Je suis certaine que mon oncle ne le mettra pas mal à l'aise. Il sait que je viens avec un ami, que je ne suis pas engagée dans une relation amoureuse. De toute façon, ce n'est qu'un dîner où nous serons de simples clients, nous partirons dès que nous aurons fini. J'espère seulement que ma tante ne débarquera pas en plein milieu pour me foutre une honte monumentale. Depuis qu'elle sait que je " vois " un autre basketteur que Gabriel, elle veut tout savoir de lui et surtout le rencontrer.
La main de Carter dans mon dos me ramène sur terre. Les gradins du gymnase sont déjà bien plein. Je ne savais pas que les matchs de basket de lycée étaient aussi populaires. Bon, les séries américaines le montrent, mais cela ne reste que des séries. Je constate de mes propres yeux que pour une fois elles disent la vérité. Le basket a une place très importante aux Etats Unis, un sport national avec le football américain. A chaque match, les stades sont pleins. La popularité du basket m'impressionne.
Carter connait pratiquement tout le monde. Nous avons à peine pénétrer dans le gymnase à peine cinq minutes plus tôt qu'il a déjà salué une quinzaine de personnes dont plusieurs filles très belles qui l'ont dragué sous mes yeux. Elles ont fait exprès de me snober comme si je n'existais pas. Elles n'ont pas arrêté de lui dire " Toi et moi c'était quelque chose " ou " on se voit à la fin du match beau gosse ? ". Elles lui ont pris le bras touchant les biceps en minaudant presque, et cet espèce d'abruti a ri à toutes les conneries qu'elles ont balancé. Il a flirté avec elles comme si je n'étais pas présente.
Quel abruti.
Je reste en retrait, les bras croisés contre ma poitrine, et regarde mon rencard parler à toutes ces filles en manque. Si elles pouvaient se faire culbuter ici, contre un des murs du gymnase, elles le feraient sans aucune pudeur. D'ailleurs, c'est ce qu'elles cherchent en bavant devant lui. Est ce qu'il a vraiment couché avec toutes ces pimbêches en chaleur ? Je hais ce genre de filles. Et je hais cet abruti de Carter qui fait comme si je n'étais pas là.
Etant donné que Carter ne fait pas attention à mes présence, je pars me balader dans les couloirs du lycée. J'ai toujours adoré les lycées américains tellement ils sont remplis de clichés. Ce n'est pas de la fiction ou pour critiquer, je vous assure que les élèves réprésentent tous une catégorie bien spécifique qu'on peut voir dans les films ou autres. Ce qui est bien dans ces lycées, c'est que les gymnases se trouvent toujours dans leur enceinte, pas besoin de prendre la voiture pour les atteindre. En France, ce n'est pas pareil, du moins là où j'ai étudié.
Je m'arrête devant la vitrine des trophées gagnés par les différentes équipes de sport et des décathlons scientifiques du lycée. Des coupes, des médailles, des photos d'équipes fêtant la victoire, il ne manque rien. Les pom pom girls sont aussi à l'honneur. Elles ont participé à plusieurs concours de cheerleding qu'elles ont remportées trois années consécutives. Je ne savais même pas que ce genre de compétitions existaient déjà au lycée.
La plupart des trophées ont été gagnés par l'équipe de basket du lycée, les Eagles. Je remarque le nom de Carter sur une plaque en or. Apparemment, il a marqué le plus grand nombre de points au cours d'une seule saison de championnat inter lycées. Il a battu son propre père, détenteur du record pendant plus de vingt ans. Si j'en crois ce que m'a dit Carter, son frère suit ses traces. Il n'est pas impossible que Cam le batte.
- Nouvelle élève ? me demande une voix que je ne connais pas.
Un mec se pose à côté de moi. Il est immense, genre un mètre quatre vingt dix, beau gosse, cheveux blond aux yeux clairs, carrure imposante. Il porte l'équipement d'un joueur de basket, un ensemble short maillot de couleur noire et bleue nuit, pas besoin d'être Einstein pour comprendre qu'il joue pour les Eagles. Je me demande pourquoi il se balade dans les couloirs, il devrait être dans les vestiaires en train de parler stratégie avec son Coach.
- Non, je suis à la Fac, je réponds. Je suis venue voir un ami...
Le beau blond me détaille de la tête aux pieds en se mordant légèrement la lèvre inférieure. Nulle doute qu'il m'imagine déjà à poil. Les mecs de son âge sont en pleine découverte du sexe. Ils ont les hormones en ébullition, l'entrejambe qui les gratte, les bourses toutes pleines. Ils veulent sauter sur tout ce qui bougent, et une fille un peu plus vieille est carrément une aubène pour eux. Ils en sont tout excités les pauvres petits.
- Intéressant, lance t'il en se léchant les lèvres. Je m'appelle Riley, ajoute t'il en me tendant la main.
- Charlie !
Il me serre la main doucement en laissant trainer son pouce sur la paume de ma main. Il croit sincèrement que ce geste va me faire de l'effet ? De nos jours, les petits jeunes se croient tout permis et irrésistibles !
- Tu fais quelque chose après le match, Charlie ? demande t'il en prononçant mon nom de façon " sexy ". Les gars de l'équipe et moi avons prévu une fête, ce serait cool que tu viennes, on pourrait faire plus ample connaissance... Je suis sûr que nous allons nous entendre à merveille !
Son regard sur moi est brûlant. Il pense déjà à tout ce qu'il pourrait me faire si je venais à cette stupide fête. Il ne doute de rien. Il se pose pas la question de si je vais accepter ou non. Okay, il est plutôt mignon mais les mineurs ce n'est clairement pas ma tasse de thé. Je les préfère mature, brun et meneur de jeu. Je fais référence à Carter ou je rêve ? Puis, bien qu'il ne m'intéresse pas assez pour aller à cette fête, ma deuxième partie de soirée est prise par Carter. Mon petit doigt m'a dit que lui et moi allons passer la seconde, voire la troisième.
- Je suis désolée, mais...
- Allez viens, on ne mord pas... Je resterai toute la soirée avec toi.
Il se rapproche de moi, pose sa main sur mon épaule et se penche vers mon oreille. Je sais très bien à quoi il pense en ce moment, il espère me culbuter à cette soirée.
- Je suis certain que je pourrai te contenter, encore plus que ces crétins d'étudiants ! me murmure t'il d'une voix suave.
L'audace de certains hommes ne cesse de me surprendre. Ils sont tous persuadés que leur charme irrésistible fait succomber toutes les filles, qu'ils sont les meilleurs coups possible pour leur proie alors qu'au finale ce qui les intéressent c'est de tremper leur biscuit sans se soucier du plaisir de leur partenaire d'une nuit. Riley est exactement ce genre de type. Je ne suis qu'une sorte de case à cocher sur sa liste de filles à s'envoyer, la fille un peu plus âgée que lui, l'étudiante que les lycéens veulent tester pour plus d'expérience.
Il plonge ses yeux dans les miens esquissant un sourire ravageur tandis qu'il approche sa tête de la mienne. Je rêve ou il essaie de m'embrasser ? Je recule d'un pas percutant le torse d'une personne visiblement assez grande.
- Laisse la tranquille, Riley, intervient une voix que je reconnais la voix immédiatement.
Je suis soulagée que Cam soit là, j'aurais été obligée de coller ma main dans la figure de cet abruti prétentieux de lycéen. Je n'ai pas l'habitude de me faire draguer. Avant j'étais la fille invisible, enfin on ne faisait pas plus attention à moi, et voilà qu'aujourd'hui je suis la fille qu'on drague. Je n'ai pas changé pourtant. Je m'habille toujours de la même façon, quoique je fais des efforts, mais ma personnalité est la même. C'est surréaliste. Peut être que le fait de sortir m'a ouverte au monde.
Quelle stupidité !
Riley fusille Cam du regard. Il n'apprécie pas que Cam nous ait interrompus même si il ne se passait rien. Je ne vais pas me mettre à fréquenter des mineurs et finir en taule.
- Casse toi, Bass !
- C'est la copine de mon frère alors si tu ne veux pas qu'il te pète le nez, passe ton chemin ! le menace Cam.
Il n'en faut pas plus à Riley pour déguerpir. En plus d'être un dragueur plutôt minable, c'est aussi un lâche. Apparemment, la perspective d'affronter Carter lui a foutu une énorme frousse, ce qui prouve combien Riley est un sacré peureux qui n'assume pas ses actes. D'ailleurs, cela me fait penser que ce cher Carter ne se soucie pas de mon absence. Il doit être occupé avec une de ses nombreuses anciennes conquêtes.
Je me retrouve avec Cam, qui a lui aussi revêtit la tenue de basketteur. Je reconnais qu'elle lui sied à merveille, on dirait qu'elle a été faite pour lui, du sur-mesure. C'est dingue à quel point il ressemble à son frère. Je remarque, cependant, qu'il est à peine plus grand que Carter et que ses cheveux sont plus clairs.
- Mon frère devrait faire un peu plus attention à toi ou il risque de se retrouver célibataire en moins de cinq minutes, lance Cam en ricanant.
- Je ne suis pas la copine de ton frère, je rectifie.
Cam lève les yeux au ciel toujours en ricanant. Son sourire est aussi charmeur que son frère. Une fossette nait au milieu de sa joue. Je trouve cette particularité très séduisante bien que je la préfère sur Carter.
- Mais bien sûr, souffle t'il amusé. Mon frère et toi avez passé toute la soirée de fraternité à vous bouffer des yeux !
- Tu avais trop bu, lui fais je remarquer.
- L'alcool ne m'empêche pas d'être lucide, Charlie, réplique t'il en me gratifiant d'un clin d'oeil qui me fait sourire.
Cam a tort. Son frère et moi sommes seulement amis. J'aime passer du temps avec lui, et je reconnais qu'il m'attire de plus en plus, mais je ne ressens par pour autant des sentiments amoureux pour lui, pour le moment me souffle ma conscience. D'accord, l'avoir vu en compagnie de toutes ces filles m'a énervée, or ça ne veut pas dire que je suis jalouse ou qu'il me plait vraiment.
Arrête de te mentir, pauvre cruche, il te plait !
- C'est cool que tu sois venu, ajoute t'il en passant une main dans ses cheveux.
- Je tiens toujours mes promesses ! Tu as intérêt à faire un très bon match, je ne suis pas venue pour voir ton équipe perdre, surtout après m'avoir venté tes talents de basketteur ! plaisanté je.
- T'en fais pas, je vais tout donner pour toi ! Mais je veux t'entendre m'encourager avec des " T'es le meilleur, Cam " ou " C'est toi le plus beau, épouse moi ", imite t'il en prenant une voix haut perchée.
J'explose de rire face à son imitation très laborieuse des supportrices de basket. Certaines sont exactement comme ça, elles viennent voir des matchs de basket uniquement pour le physique d'un des joueurs, ou plusieurs. J'admets que je l'ai été une fois quand je suis allée assister à un match de Gabriel. Seulement, à présent c'est différent. Le basket est un sport que j'apprécie depuis toute petite, je pourrais passer des heures dans une salle de basket à regarder de bons matchs.
Cam regarde par dessus mon épaule en souriant. Je me tourne pour voir qui il perçoit dans mon dos. Carter. A voir l'expression de son visage, il semble irrité. Visiblement, quelque chose ne lui a pas plu. Une de ses groupies a du lui dire "non", du coup il se rabat sur moi. Pourquoi est ce que ça me met en rogne ? Mon cerveau ne tourne plus rond, je ne vois pas d'autres explications.
- Je vous laisse, je dois aller aux vestiaires ! Charlie, je compte sur toi pour m'encourager comme il se doit !
- Je serai ta supportrice numéro 1, lui promets je en souriant.
Cam échange quelques mots avec son frère avant de disparaître dans un autre couloir. J'avance vers Carter qui me lance un regard noir comme si j'avais commis un acte grave. Agacée par son silence et son regard incompréhensible, je lui passe devant comme si de rien n'était. Carter me retient par le bras pour me forcer à lui faire face.
- Tu étais où ? me demande t'il sur un ton assez agressif.
- Je suis partie découvrir le lycée puisque tu étais trop occupée avec tes groupies pour faire attention à moi, je rétorque toujours agacée par son comportement.
Carter sourit en me lâchant le bras. Il croise les siens sur son torse haussant un sourcil. L'esquisse de son sourire ne me laisse aucun doute sur ce qui se passe dans sa tête.
- Tu es jalouse, Princesse ? quémande t'il amusé.
- Pfff, n'importe quoi ! Je ne suis pas jalouse... Je... Je n'aime pas jouer à la potiche tout simplement, je bredouille.
Carter ricane pas convaincu par mon excuse qu'il conçoit de non valable. Je ne m'attarde pas une seconde de plus dans ce couloir, ne voulant pas éterniser cette conversation plus longtemps. J'entre dans le gymnase sentant Carter dans mon dos. Je me demande si il a vu juste, est ce que je suis jalouse qu'il ait fait attention à ces filles ? Je ne sais plus trop ce qui se passe dans mon esprit bien perturbé depuis que je connais le beau et séduisant Carter Bass.
Je parcoure les gradins du gymnase pour trouver une place où nous asseoir. Deux filles font signe à Carter pour qu'il vienne s'asseoir près d'elles. Je suis sûre qu'elles seraient capables de lui proposer un plan à trois pour qu'il accepte de les rejoindre. Ce dernier passe devant moi, regarde les gradins visiblement à le recherche d'une personne, puis se tourne vers moi une seconde après.
- Viens, mon père est là bas, m'annonce Carter en tendant sa main.
J'ai du mal à comprendre ce qu'il vient de dire. Qui est là ? Carter me désigne un endroit des gradins ou plutôt une personne en particulier. Un homme. Nous n'avions pas prévu d'être accompagné par une autre personne. Je regarde l'homme assis dans les gradins portant un pull over noir et un jean foncé. Ses cheveux sont noirs, sa peau est dorée, barbe de quelques jours bien taillé. Malheureusement je ne vois pas la couleur de ses yeux, mais je suis certaine qu'ils sont clairs ou ambrés.
- Ton père ? Ton père est là ? m'offusqué je. pleine de stress Genre le mec qui a planté sa graine dans le ventre de ta mère est là ? Pourquoi il est là ? Question stupide, pour Cameron... Tu n'es pas sérieux, tu ne vas pas me présenter ?! D'ailleurs, comment tu vas me présenter ? Tu ne peux pas lui dire " Hé salut, Pa, je te présente la fille avec qui je couche " ! Enfin techniquement on couche pas ensemble, mais tu ne peux pas lui dire que je suis ton plan cul... Quoiqu'il en serait très fier.. Les père sont toujours très fiers que leurs fils s'envoient le plus de nanas possible, donc forcément il va...
- Je ne m'envoies pas le plus de nanas possible, rectifie t'il agacé. Tu es la seule qui partage mon lit, Charlie même si on ne couche pas encore ensemble.. Et je n'ai jamais présenté de filles à mon père !
Je l'ai énervé. Il a raison de l'être, je viens de faire une crise pour trois fois rien. Enfin, ce n'est pas rien, mais ma réaction est disproportionnée. Je suis injuste avec Carter parce que je suis légèrement jalouse qu'il m'ait ignorée au profit de ces pimbêches en manque de sexe.
- Excuse moi, Carter... Je suis... Rencontrer ton père est assez inattendu et stressant.
Son visage se détend. Il me fait signe de le suivre jusque dans les gradins, là où son père est assis. Je prends une grande bouffée d'oxygène, puis avance. Je vais juste rencontrer le père d'un ami, ça n'a rien de dramatique, ou d'important. Un ami avec qui tu t'envoies en l'air ! Je n'ai qu'à rester naturelle. Il s'agit simplement d'une personne normale qui est certainement très gentille. Je n'ai à avoir peur tant que je reste muette, que je ne pars pas dans un monologue insensé ou totalement débile. Voilà, je vais juste me montrer agréable et souriante en essayant d'ouvrir la bouche un minimum.
Carter et moi montons dans les gradins bondés de monde. La plupart sont des lycéens et des parents qui viennent voir leur enfant jouer au basket. Cam a de la chance que son père vienne le voir. Le mien n'a jamais voulu assister à une de mes rencontres sportives décrétant que c'était sans intérêt. Il n'a jamais compris qu'une personne puisse tout faire pour devenir pro. Pour lui, ce n'est pas un métier gratifiant, c'est sans avenir. Il considère les sportifs comme des moins que rien, des personnes sans cervelle. Mon père a toujours été si snob. Mon grand père m'a confié l'aversion de mon paternel pour le sport. Il était nul et le souffre des autres élèves qui le " brutalisaient ".
Carter salue son père échangeant quelques banalités. Ils ont l'air assez proches. Carter demande des nouvelles de sa famille, j'apprends qu'il a un autre frère, plus grand, et une petite soeur. Leur famille est soudée, ils ont de la chance. Après leur bref échange, ils se tournent vers moi. Le père de Carter a un petit sourire aux soins des lèvres quand il pose ses yeux sur moi. Je suis certaine qu'il pense que je suis la petite amie de son fils.
Bordel, c'est réellement gênant comme situation. Je me souviens encore du jour où j'ai rencontré les parents de Flynn, j'étais si nerveuse que j'ai trébuché sur la table dressé pour le diner, et que j'ai tout renversé. J'ai été morte de honte. Ca ne s'est pas arrêté là puisque pendant le diner, je n'ai pas cessé de débiter des paroles débiles et incompréhensibles. Flynn en avait été amusé, mais jamais de ma vie je ne m'étais sentie aussi stupide.
- Papa, je te présente Charlie, ma..
- Son amie, le coupé je.
Je connais Carter, j'ai bien compris qu'il allait me mettre mal à l'aise uniquement pour m'embêter. Il aurait été capable de dire à son père que j'étais sa sexfriend seulement pour que je sois encore plus gênée. Heureusement, je ne pense pas que je reverrai son père un jour.
- Seulement un ami, tu es sûre ? me taquine Carter.
Je tape dans l'épaule de Carter, ce qui fait sourire son père. Je me demande si il se doute de la vraie nature de notre relation à son fils et moi. Je pense qu'il n'est pas stupide. Je dois envoyer des signaux à chaque fois que je regarde Carter. Lorsque mes yeux se posent sur lui, je pense directement aux moments sexuels que nous avons eu ensemble et au plaisir qu'il a su provoquer en moi. Je deviens une vraie perverse à son contact. Son père lui chuchote quelques mots illuminant ses traits du visage.
- Amie ou plus, je suis ravi de te rencontrer, Charlie ! Je m'appelle Bruce, se présente t'il en me tendant sa main.
- Enchantée aussi, Monsieur Bass, je réponds poliment serrant sa main à la poigne forte.
- Appelle moi Bruce, je ne suis pas un vieux de quatre vingt ans, rit il.
- Non carrément pas en plus ! Vous faîtes genre la quarantaine à tout casser, une sorte de Bradley Cooper en plus brun... Ce qui est un compliment ! Toutes les femmes adorent Bradley Cooper, il est juste super sexy... Je ne dis pas que vous êtes sexy... Enfin vous n'êtes pas non plus laid, je ne suis pas en train de vous draguer, ce serait carrément déplacé... Je Vous.. Bref, vous ne faîtes pas vieux !
Bordel, mais pourquoi je ne peux pas me contenter de répondre simplement comme une personne normale ? Je viens de me ridiculiser devant le père de mon, de mon quoi d'ailleurs ? Mon Bass ? Foutue nervosité à la con. Je devrais réellement consulter pour essayer de me contrôler un minimum ou je risque de finir seule jusqu'à la fin de ma vie.
- Je suis d'accord avec toi, Charlie ! Je suis beaucoup plus sexy que Bradley Cooper ! plaisante t'il en me faisant un clin d'oeil.
Je lui souris. Il ne me prend pas pour une folle, et semble plutôt amusé. Je suis sûre que Carter l'a prévenu de mon petit soucis de nervosité, et qu'il engendrait un débit de paroles hallucinant et incompréhensible. Bruce n'est pas effrayé par moi et c'est très soulageant. Nous nous installons sur les petits sièges des gradins attendant que l'équipe de Cam fasse son entrée. J'ai hâte de le voir jouer. J'apprécie ce garçon. Il est adorable, bien élevé, drôle et légèrement alcoolique. Je suis triste pour lui, pour son histoire finie avec sa copine infidèle, et pour son amitié brisée avec l'un des joueurs.
Je ne comprendrai jamais les gens infidèles. Je sais que je ne pourrai pas pardonner à un homme qui me trompe, même si je l'aime à en crever. Si ma confiance est brisée, ça ne sert plus à rien de continuer une relation. Une trahison amicale. je peux pardonner. Un trahison amoureuse, je ne peux pas. Tomber amoureux et accorder sont déjà assez difficiles alors une fois qu'elle est ébranlée, c'est fini pour moi.
Les deux équipes font enfin leur entrée sur le terrain. L'ambiance est folle dans les gradins. J'ai l'impression de revivre les matchs que j'ai disputé dans mon adolescence. L'adrénaline avant chaque début de match est vivifiant. Lorsque le public crie, encourage, la motivation de bien jouer est encore plus grande. Je retrouve cette ambiance ce soir et je me rends compte à quel point ça m'a manqué. Cam nous fait un signe de la main en passant devant nous. Son sourire est sûr, confiant, il n'est pas stressé par le match, au contraire il a hâte de jouer. Sa confiance est admirable.
Dès les premières minutes de la rencontre, Cam est incroyable. Son dribble est parfait, rapide, efficace, précis, son shoot est plein d'adresse, et sa défense est digne d'un guerrier. Sa vision de jeu est hallucinante, il voit tout et mène le jeu avec brio. Ses yeux sont absolument partout.
- Cam est excellent, je dis à Carter lui aussi impressionné par les talents de son frère.
- En effet, il est encore plus fort que la dernière fois où je l'ai vu jouer, répond t'il plein de fierté.
- Il est rapide, dribble bas pour mieux passer ses adversaires, et sa vision de jeu m'impressionne. Il voit tout en peu de temps... Ton frère est doué pour ce sport ! Il est né pour être pro, assuré je.
Carter se tourne vers moi en haussant un sourcil.
- Tu t'y connais en basket ? interroge t'il surpris.
- Je sais ce qu'est un marché, une reprise de dribble, un shoot à trois points, un dunk, lay-up, un rivers et encore un tas de nom de techniques de dribbles et de shoots, énuméré je en souriant face à la mine surprise de Carter.
- Tu t'es renseignée avant de venir, princesse ? Tu n'as pas besoin de cela pour essayer de m'impressionner, me taquine t'il.
- Désolée de décevoir ta prétention légendaire, Bass, mais je connais tout ça parce que j'ai fait du basket en club avant de venir m'installer à Raleigh !
Carter colle sa cuisse droite contre ma cuisse gauche, approchant son visage du mien qu'il enfoui dans mes cheveux. Son souffle sur mon cou me fait frissonner. Je ne sais pas si il cherche à m'exciter, mais cela marche.
- Tu n'imagines pas combien cette information me fait de l'effet... Je t'imagine portant mon maillot de basket sans rien en dessous... lance t'il en embrassant mon cou tendrement.
Je ne réponds pas trop perturbée par son aveu et son baiser sans mon cou. Carter n'est pas bon pour mon petit coeur fragile qui va lâcher si il continue de me chambouler autant avec ses caresses et ses baisers. Je remarque que le père de Carter nous regarde en ricanant. Il n'a quand même pas entendu ce que son fils vient de me dire ? Ce serait pire que la honte. Pour quel genre de fille il va me prendre ? Il n'est pas stupide, je suis certaine qu'il a compris que Carter et moi étions un peu plus que des amis, mais je n'ai pas envie qu'il me prenne pour une fille facile.
Je reporte mon attention sur le match assistant à un très beau trois points de Cam. Ce dernier ce tourne vers moi pour me pointer du doigt, il me dédie ce panier ajouté d'un clin d'oeil. Je ricane amusée par son côté légèrement prétentieux. Ce trait de caractère doit correspondre aux hommes de la famille Bass, enfin Carter et Cam le possèdent.
- Mon frère t'aime beaucoup à ce que je vois...
Sa voix sonne comme un reproche. J'hausse un sourcil et lance en souriant :
- Tu es jaloux, Bass ?
Carter esquisse un sourire. Il pose sa main sur ma cuisse qu'il remonte jusqu'à l'intérieur puis émet une petite pression qui me provoque une décharge électrique dans toute mon intimité. A travers ce geste, je sais qu'il me signifie que je suis à lui dans un sens. Il est le seul qui puisse me faire autant d'effet, le seul pour qui j'ai envie de ressentir du désir. Cependant, je refuse qu'il s'en rende compte. Je retire sa main de ma cuisse faisant semblant d'être concentrée sur le match.
A vrai dire, je n'arrive pas à suivre les deux derniers quarts temps tant mes pensées sont prises par Carter et ce qu'il va se passer après le match. Je suis assez stressée par ce que je vais ressentir ou non. Et si j'étais trop nerveuse pour ne pas réussir à me détendre ? Ou alors trop nulle pour le satisfaire au lit ? L'acte sexuel est encore plus stressant pour moi que de simples préliminaires. Je m'embrouille l'esprit pour rien.
Les Eagles gagnent le match de cinq points. Cam a été très fort, certainement le meilleur joueur du match. Tout au long de la rencontre, il m'a dédicacé ses plus beaux paniers agaçant un peu plus Carter. J'apprécie sa soudaine jalousie, elle est excitante. Son frère est adorable, mignon et gentil, mais il est bien trop jeune pour moi. Puis, à côté de Carter, il n'est pas à la hauteur. Aucun homme ne l'est.
Le père de Carter et Cam nous a laissé pour aller parler au père d'un des joueurs de l'équipe. Bon, il nous a quitté en pretextant nous laisser un peu d'intimité, ce qui a provoqué l'hilarité de Carter, mais je préfère ne pas y penser. Je me suis sentie devenir pivoine. Bruce est aussi taquin que son fils. En même temps, les chiens ne font pas des chats comme on dit. Ses fils ont été élevés à son image.
Carter et moi sommes sur le terrain à tirer plusieurs paniers en attendant que Cam revienne. Lui aussi est adroit. Je me place derrière la ligne des trois points, fais ma routine avant de shooter; trois dribbles, faire tourner le ballon, plie mes jambes, tire légèrement la langue, et shoot. Le ballon entre dans le panier sans toucher l'anneau. Carter se tourne vers moi et applaudit.
- Bien joué, princesse ! Corsons un peu le jeu, propose t'il en me gratifiant d'un sourire carnassier.
- Qu'est ce que tu proposes, Bass ?
- Dix shoots à trois points, celui de nous deux qui en marque le plus demande ce qu'il veut à l'autre... Quelque chose de sexuel évidemment, ajoute t'il en se mordant la lèvre.
J'acquiesce en souriant. Carter me laisse commencer prétendant être un gentleman, mais passer en deuxième lui laisse un avantage. Mes deux premiers tirs sont ratés. Je crois avoir perdu l'habitude, ou alors je suis trop nerveuse rien qu'en pensant à ce qu'il va demander si il gagne. D'ordinaire, j'adore la compétition, mais face à Carter, je perds mes moyens. Je sais que nous allons franchir un pas ce soir, seulement cela ne m'empêche pas d'appréhender notre nuit ensemble.
Carter essaie de me déconcentrer, en vain. Je réussis à mettre sept trois points sur dix, ce qui est déjà très bien.
- A moi de jouer !
Le regard déterminé que me lance Carter ne me dit rien qui vaille.
- J'espère que tu es prête à faire tout ce que je te demanderai, princesse, parce que je ne compte pas perdre ce défi.. Christian Grey est un petit joueur à côté de moi..
Bon sang, cette fois c'est certain, je viens de me transformer en flaque de désir !
La fin de ce troisième rencard promet..
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