2. Carter

Les femmes de ce campus sont toutes débiles ou sourdes. Peut être les deux.

Je suis pourtant clair depuis le début, avant qu'elles ne me suivent jusque dans ma chambre. Je ne promets pas de relations exclusives, de moments tendres, de sorties en " couple " ou toutes ces merdes qu'elles espèrent toutes. Merde quoi, elles devraient s'estimer heureuses de passer du temps avec moi. Je ne suis pas comme mes coéquipiers qui enchaînent les conquêtes pratiquement tous les week-ends. Je m'en tiens à quelques plans cul que je contacte quand j'en ai envie. Mais bordel, je refuse de me mettre en couple avec l'une d'elles.

Je n'ai pas le temps pour ces conneries, et surtout pas l'envie. Je ne veux pas d'une gueularde qui me tape une crise de jalousie toutes les cinq minutes. Je m'en tiens à mes plans cul, et si elles ne sont pas contentes eh bien qu'elles se cassent ! Je ne leur sers pas de beaux discours pour les mettre dans mon lit ou qu'elles y reviennent. Elles savent que l'engagement ne fait pas partie de mes projets alors pourquoi elles jouent les étonnées une fois que je refuse d'être leur putain de petit ami ? Je ne vois pas d'autres explications que leur stupidité.

Je reconnais avoir profité de mon statut de sportif pendant ma deuxième année. J'étais jeune et ce qui comptait pour moi était de m'envoyer un maximum de nanas. Quand je me suis rendu compte que ça ne m'apportait rien, j'ai arrêté de les enchaîner. Le sexe est un acte devenu mécanique pour moi. Je prends mon pied, je ne le nie pas, mais je ressens toujours les mêmes sensations. Le sexe n'est qu'un besoin primaire, un moyen de se défouler, d'exulter sa rage ou de combler une frustration.

La nuit dernière, cela faisait cinq semaines que je n'avais rien fait. J'ai ressenti le besoin de m'évader un instant. La soirée avait été affreuse, mon frère a bu comme un trou, j'ai dû le ramener à la maison où il s'est fait lourdement réprimander par mon père. Pendant une heure j'ai assisté aux remontrances de mes parents sur mon pauvre petit frère. Ok, il n'aurait pas du boire autant, mais il est jeune, il a envie de s'amuser. Ils sont un peu trop durs avec lui. C'est un bon gamin, pleins de rêves dans la tête, il manque simplement de rigueur et de patience.

Je suis sûr qu'il deviendra un excellent joueur de basket, meilleur que moi. Il a un talent inné pour cette discipline. Petits, nous jouons ensemble, je l'entraînais pendant des heures pour que son dribble et son shoot soient parfaits. Aujourd'hui, il est certainement le meilleur meneur du championnat inter lycée. Il gagnera le trophée du meilleur joueur et toutes les plus grandes équipes universitaires se battront pour l'avoir. J'espère qu'il apprendra à être un peu plus sérieux ou jamais il n'atteindra ses objectifs.

Le basket est important dans notre famille. Mon père a failli intégrer une équipe de NBA après la Fac, les Cavaliers de Cleveland. Malheureusement, il a eu un accident de voiture qui l'a immobilisé pendant quatorze mois. La rééducation a été longue et difficile, il a du dire adieu à son rêve de devenir pro. Ma mère a du supporter sa mauvaise humeur pendant des années, elle s'est même occupée seule de mon frère ainé, Clayton. Il a fini par reprendre du poil de la bête en allant travailler avec mon grand père dans son garage.

Aujourd'hui, il ne regrette plus de ne pas avoir réussi à devenir pro. Il répète sans cesse que sa meilleure réussite c'est d'avoir construit une famille, une grande famille. Nous sommes sept après tout. Si j'ai choisi cette fac c'est pour ne pas être loin d'eux. Jamais, je partirai loin d'eux. Ils ont besoin de moi autant que j'ai besoin d'eux. Mes études ont vidé la caisse d'économies de mes parents, mon père a des dettes et son garage en est menacé. Si je travaille dans le Starbucks du campus, c'est uniquement pour l'aider. Mon petit frère et ma petite soeur ont le droit d'aller à la Fac eux aussi.

Je n'aime pas particulièrement mon boulot au Starbucks. Servir des cafés aux étudiants du campus n'est pas vraiment intéressant. Certains en profitent même pour se venger de moi se comportant comme de pauvres cons aux exigences inimaginables. Ils essaient de me faire virer parce que leur target a préféré passer dans mon lit que dans le leur. La jalousie des mecs de cette université m'étonnera toujours. Je croyais que seules les femmes pouvaient se comporter puérilement à cause de leur jalousie mais les mecs sont pires. Des abrutis.

Hier soir, en revenant dans ma chambre, j'ai remercié mes potes pour avoir laissé entrer plan cul numéro un. Une erreur monumentale. Les femmes deviennent dingues quand elles sont blessées. Lorsque je suis revenue de la douche, j'ai trouvé ma chambre saccagée par cette conne de Hannah Rozen. La vice présidente de la sororité de Gamma Phi Delta n'a pas appréciée que je la lourde méchamment après sa déclaration d'amour et son envie de se mettre avec moi.

Au début, j'ai essayé de lui faire comprendre gentiment que je ne lui donnerai rien de plus que ma queue, mais elle a insisté faisant celle qui ne comprend pas ce que je lui dis. J'ai finis par être odieux en l'insultant presque. Je me suis barrée sous la douche et cette pimbêche en a profité pour mettre un bordel pas possible dans ma chambre. Je croyais qu'Hannah ne me ferait jamais le coup de " je veux plus qu'une partie de jambes en l'air, je veux une relation sérieuse ".

Putain, cette phrase me fout les boules à chaque fois.

Hannah est le genre de filles qui couche avec tout le monde, qui ne s'encombre pas d'un seul et unique mec. J'ai commencé à la voir en fin d'année, en Mai dernier. Il aura fallu trois mois pour qu'elle me joue le couplet de " je veux être ta copine ". Un record quand j'y pense. D'habitude, elles mettent à peine deux semaines pour le vouloir, faut dire que je suis très courtisé. Tant pis pour Hannah, je n'aurais aucun mal à trouver un autre plan cul. Je n'ai qu'à claquer des doigts pour qu'une étudiante me tombe dans les bras. Evidemment, je rejette toutes les premières années, elles sont beaucoup trop cinglées.

- Hé mec, magne toi on a entrainement dans... Putain qu'est ce qui s'est passé ici ? tonne la voix de mon meilleur pote, Jay.

Il entre dans la chambre détaillant tous le bordel que cette conne d'Hannah a laissé. Mon bureau a été saccagé, mes fringues sont éparpillés dans la pièce, certains sont sûrement déchirés en morceaux. Elle a mis mes coussins en pièce, renversé une substance bleue liquide sur mes draps. Elle a même tagué mon mur d'un " Connard " avec un rouge à lèvre bien rouge. Je pourrai carrément porter plainte contre cette folle. La prochaine fois que je trouve un plan cul, je lui fais un putain de contrat à la manière de cet abruti mais malin Christian Grey. Hé oui, je connais ce personnage. Honte à moi !

- Hannah n'a pas apprécié que je la lourde après sa déclaration d'amour ! expliqué je sans ressentir la moindre compassion.

- Tu leur brises le coeur à toutes ces nanas, normal qu'elles pètent un plomb ! se moque Jay.

- Elle est juste tarée, conclus je.

- Allez prend tes affaires si tu ne veux pas que Sheffield prenne ta place !

Je souffle. Cet abruti de Gabriel Sheffield fait tout pour prendre ma place de meneur de jeu. Il lèche les bottes du coach, fait ami-ami avec les autres joueurs, et fait tout pour me discréditer. Je le déteste. Son image de gendre idéal est montée de toutes pièces. C'est un menteur et un hypocrite. Les nanas tombent toutes dans le panneau. Il a réussi à ne pas se créer une réputation de serial baiseur en demandant aux filles qu'il s'envoie de se taire. Un jour ou l'autre, l'une d'elles parlera.

A chaque fois, il prétend vouloir une relation sérieuse, mais au bout de quelques semaines, quand il s'est lassé de la fille, il la largue prétextant ne pas être prêt. Il ressort le mensonge le plus gros du monde " Ce n'est pas toi le problème, mais moi ". Il me dégoute. Je ne suis peut être pas un enfant de coeur, mais au moins je suis clair dès le début. Lui, il fait partie de la pire espèce. Il n'en a rien à faire si la fille a déjà un mec, au contraire, il adore leur voler leur copine. Gabriel me l'a fait en première année.

- Hier, il s'est tapé Freya Coleman. Ça fait des mois que j'essaie, et lui il y arrive en une soirée ! Je hais ce type, souffle Jay dégoûté.

- Elle ne sait pas ce qu'elle rate ! Freya est attirée par le pognon, elle le lâchera pour un plus friqué ! lui fais je remarquer.

Je rêve qu'un jour une femme envoie Gabriel sur les roses. Il mérite de se faire lourder surtout que son tableau de chasse ne concerne que les filles que les sportifs convoitent. Si il s'est intéressé à Freya c'est uniquement parce qu'il sait que Jay est sur elle depuis des mois. Quel gros con ! Quant à Freya, elle se sert de son physique plus qu'avantageux pour mettre le grappin sur les fils à papa du campus. Elle est seulement à la fac pour se trouver un mari. Les filles comme elle me débectent, me donnent envie de gerber. Elles n'ont aucune estime pour elles et leur corps. Elles tiennent les fils à papa par le bout de leur queue. Le sexe est leur atout principal. Jay est beaucoup trop gentil pour ce genre de fille, il se ferait bouffer en deux minutes.

- Elle aime surtout les blanc bec sans intérêt ! Elle a peur de mon côté exotique très prononcé à un niveau ! ricane t'il en se tenant l'entre jambe.

Je reconnais que la nature l'a très bien gâté de ce côté là. Jay est le cliché du métisse bien membré. Je n'ai pas à me plaindre non plus. J'ai de quoi concurrencer Jay en la matière, Dame Nature a été charmante avec moi. Je ne comprends pas mon pote. Je veux dire, il pourrait se taper n'importe quel nana sur ce campus, mais il est fixé sur cette manipulatrice de Freya.

- Oui, c'est sûrement ça, ris je.

Jay et moi partons à l'entrainement. Sur le campus, j'ai l'espoir de croiser la fille d'hier soir. Je n'ai pas cessé de penser à elle de toute la nuit. Même la présence d'Hannah n'a pas suffit à me faire sortir de la tête cette fille carrément différente des autres. Sa répartie et son débit de paroles incompréhensif m'ont fait hurler de rire. Elle n'a aucun filtre, tout ce qui se passe dans sa tête est dit à voix haute. Je n'ai pas compris pourquoi elle ne me connaissait pas. Tout le monde sait qui je suis sur ce campus, pourquoi pas elle ? Peut être qu'elle a menti. J'aurais du lui demander son nom, prendre son numéro, mais pour quoi au juste ?

Je crois que je suis intrigué par elle. Je suis sûr qu'elle a un petit accent étranger, elle n'est pas américaine. Je pencherai pour un pays d'Europe, latin, plutôt de l'Ouest de l'Europe. Je me demande bien ce qu'elle faisait sur cette route, où est ce qu'elle était avant. Elle n'a pas l'air d'être du genre à aller à des fêtes universitaires, elle fait trop innocente pour ça. Puis, je l'aurais vu avant et l'aurais remarqué. Elle est si différente des autres par son esprit unique qu'elle serait carrément sortie du lot. Quoique son physique aurait déjà suffit. Il faisait peut être nuit mais j'ai vu qu'elle était mignonne, un joli petit lot que mes camarades de jeu aimeraient sûrement beaucoup.

- Je peux savoir pourquoi tu es aussi silencieux, Kobe Bryant ? me demande Jay intrigué par mon silence.

- Je... Je pensais à...

- Laisse moi deviner, une fille ? s'amuse mon pote.

- Yep, j'acquiesce. En ramenant mon frère chez mes parents, j'ai rencontré une fille... Elle est si... étrange, unique, et sûrement complètement folle... Elle ne savait pas qui j'étais.

- Oh mon Dieu, elle ne connaît pas le grand Carter Bass ? se moque t'il sarcastique.

- La ferme, J.

- C'est qui cette fille, une none qui sort à peine de son trou ?

- Non... Enfin, j'en sais rien ! Je ne sais pas son nom, je l'ai aidé à appeler une dépanneuse, et je n'ai pas pensé à lui demander son nom trop préoccupé à la taquiner comme un puceau...

- Dis m'en plus, décris la !

J'essaie de me souvenir du peu que j'ai vu la nuit dernière. Je ferme les yeux un instant pour mieux me la visualiser. Je revois ses courbes généreuses à certains endroit de son petit corps, à son sourire ravageur, plein de malice.

- Elle est plutôt petite, un mètre soixante maximum, un corps féminin dont une poitrine avantageuse.

Jay approuve dès qu'il entend " poitrine avantageuse ". Tout comme moi, il est un adepte des bonnets C et D. Au delà, c'est trop pour moi, pas pour Jay. Il voue un culte aux filles avec une grosse poitrine, vraiment très grosse.

- Je pense qu'elle a les cheveux plutôt foncés, des yeux clairs, un sourire à tomber... Sa description correspond à la moitié des filles du campus, je ne pense pas la revoir de si tôt...

- Et tu aimerais ?

Je soupir. J'ai aimé la taquiner, la provoquer, l'encourager dans sa folie, mais est ce que je veux à ce point la revoir ? Je ne devrais même pas me prendre autant la tête. Elle est sûrement cinglée, et en première année. J'essaie certainement de remplacer inconsciemment Hannah. Je n'ai plus de plan cul alors j'en cherche une nouvelle.

- Non. Je suis seulement intrigué par elle, par le fait qu'elle ne me connaisse pas.. Je crois que je remets ma popularité en doute.

Après tout, c'est sûrement ça. Cette jolie princesse en détresse doit faire partie de la planète Mars pour ne pas savoir qui je suis. Sur le campus, je suis connu de tout le monde. Les mecs m'envient et les filles veulent toutes être avec moi, alors pourquoi cette fille là n'a aucune idée de qui je suis ? Je ne pensais pas être aussi narcissique !

- Carter Bass en pleine crise existentielle ! se moque Jay. Alors ça c'est incroyable !

Je ricane. Jay n'a pas tort, je fais une crise comme une gonzesse à fleur de peau. Des fois, je mériterais de me prendre une bonne paire de gifle. Je crois que j'ai toujours aimé attirer la lumière sur moi, ce n'est pas pour rien si je rêve de devenir pro.

***

En arrivant au gymnase de basket, je me vide instantanément la tête. Le sport est le meilleur exutoire que je connaisse, c'est le plus efficace. J'ai commencé à tenir un ballon dans mes mains avant même que je sache marcher. Je suis né pour le basket, et je ferai tout pour passer pro. Je ne le veux pas pour réaliser le rêve de mon père, je le désire pour moi. J'ai besoin de ce sport, il est comme ma raison d'être, une manière pour moi de respirer. Je me sens entier lorsque mes pieds touchent le sol d'un terrain. Quand je marque un trois points, j'ai l'impression d'être la personne la plus importante du monde. L'adrénaline que me procure un match serré n'a pas de prix. C'est une sensation grisante, inégalable, qui rend accro. Je ne pourrai jamais m'en passer.

Jay me laisse pour aller parler avec le Coach Vince, je crois qu'il a des choses à régler avec lui. J'arrive devant la porte des vestiaires qui est légèrement entrouverte. Immédiatement, j'entends la voix insupportable de Sheffield. Evidemment, il parle de moi.

- Bass ne sera plus le meneur principal d'ici deux mois ! lance cet abruti de Sheffield plein d'arrogance.

Il est tellement courageux qu'il n'ose parler que derrière mon dos. Je reste derrière la porte attendant le moment idéal pour débarquer et lui foutre mon poing dans la gueule. Quoique je ne le ferai pas. Je n'ai pas le droit d'avoir recours à la violence ou adieu la NBA. L'année dernière, je me suis battu avec un gars de Duke, ce qui m'a valu des matchs de suspensions et une sale réputation de joueur impulsif et mauvais. Le Coach a été très clair, si cette année je dérape, c'est la fin de ma carrière, avant même qu'elle ne commence vraiment. Les recruteurs n'aiment pas les têtes brûlées et je ne peux me permettre de voir mon rêve m'échapper.

- Sérieux, il est devenu lent et son adresse a faiblie.. Je suis sûr qu'il se drogue en plus ! Il prétend que je ne l'aime pas, que je cherche à prendre sa place, alors qu'on sait tous que c'est lui qui a peur de moi ! Il me fait de la mauvaise pub depuis que Lucy l'a quitté pour moi. Je n'y suis pour rien si elle m'a préféré à lui..

Quelle espèce de sale enfoiré !

Sheffield se sert toujours de cette histoire pour me narguer, pour me montrer qu'il a réussi une fois à me prendre ce qui était à moi. Lucy et moi sortions ensemble depuis la dernière année de lycée. Elle m'a suivie jusqu'à cette Université ne pouvant étudier à des milliers de kilomètres de moi. Elle était ma première petite amie et je pensais naïvement que nous resterions ensemble des années encore, mais mon entrée dans l'équipe de basket a tout anéanti entre nous.

Je suis très vite devenue la meilleure recrue, au détriment de Sheffield qui l'a pris comme une putain de déclaration de guerre. Il a tout fait pour me voler Lucy uniquement pour se venger. Lucy a craqué au bout de seulement trois mois. Elle m'a laissé tomber pour cet enfoiré en m'assurant qu'elle était folle amoureuse de lui. Au moins elle a eu la décence de ne pas me tromper. Sheffield a couché avec elle et l'a laissé dès le lendemain. Il voulait juste me la prendre, pas être avec elle.

Lucy a essayé de revenir vers moi après cette histoire, mais c'était trop tard. Elle m'a brisé le coeur pour une histoire sans lendemains, jamais je n'aurais pu ressortir avec elle et oublier. Depuis ce jour, je rêve de rencontrer une fille qui aura de l'importance pour Gabriel pour la lui voler. La vengeance est un plat qui se mange froid à ce qui paraît, la mienne est carrément gelée, mais elle en sera plus que satisfaisante.

- Bass est fini, continue Sheffield. Il me rabaisse auprès du Coach parce qu'il sait que son poste est bientôt à moi. Je suis meilleur que lui et ça le rend malade ! Sérieux, Bass est vraiment..

- Est quoi ? je demande je en entrant dans le vestiaire.

Je reste calme faisant mon maximum pour ne pas lui sauter à la gorge. Ce mec est prêt à dire n'importe quoi pour monter les gars contre moi. Heureusement, Jay est le seul qui m'est fidèle. Si il n'était pas parti pour parler avec Vince, il aurait pris ma défense. Je croise les bras contre ma poitrine haussant un sourcil. Sheffield s'est transformé en petite larve trouillarde. Son visage est devenu blême, livide. Il n'est plus aussi arrogant d'un coup. Il est tellement pathétique que j'en serais presque peiné. Les autres joueurs ne parlent pas. Ils se contentent de regarder attendant patiemment que je perde les pédales.

- Tout le monde sait que tu es.. jaloux de moi, répond Sheffield essayant de faire le fanfaron.

Je ricane. Son arrogance est sans égal. Il vit dans son monde cet abruti.

- Jaloux de quoi ? De ton arrogance stupide, de ton shoot merdique qui ne touche même pas l'anneau, de ta défense en gruyère, ou de ta petite bite flasque ?

Il ne répond pas. Il me fusille du regard, mais ne réplique pas. Sa petite bite est un sujet sensible pour lui. Le pauvre n'a pas passé l'étape de la croissance à ce niveau là. Sept centimètres au compteur, pas de quoi contenter une femme. C'est toujours ceux qui se la pètent le plus qui possèdent les plus petites. Complexes d'infériorité ou une débilité dans le genre.

- Ecoute moi bien, Sheffield, tu n'as rien d'envieux à mes yeux ! Jamais, tu n'auras ma place. Je suis le numéro un et compte bien le rester. Tu ne me fais pas peur, au contraire. Maintenant cesse de te comporter comme une petite pucelle perfide et jalouse, et sois un homme ! Si tu veux me battre, mérite le sur le terrain, pas en crachant ton putain de venin de fillette !

Les gars se mettent à rire. Sheffield n'a aucune répartie, encore une fois il fuit le conflit quand il sait qu'il a perdu la face. Je sais parfaitement bien que mon petit discours ne va servir à rien, mais au moins, je l'ai prévenu. Si il recommence, je n'aurais aucun mal à le mettre minable. Son espèce de plan pour me discréditer auprès de tous ne marchera pas. Les gars laissent faire parce qu'ils savent que le Coach a une confiance aveugle en moi.

L'année nous avons gagné le championnat universitaire, et il compte sur moi pour garder ce titre cette année. Je me suis donné à fond pour l'équipe, je les ai mené avec hargne pour qu'ils ne lâchent rien. Sheffield n'a pas cette capacité à rassembler l'équipe derrière lui. Son comportement ne fait que la dissoudre. J'espère que le Coach Vince le verra avant qu'il ne soit trop tard. L'argent du père de Sheffield ne peut pas tout excuser. Ok, il a investi dans l'Université et l'équipe de basket mais est ce que ça donne le droit à son fils de tout se permettre ? Certainement pas.

- Maintenant si vous avez fini d'écouter ces inepties, il serait temps de rejoindre le terrain, j'ajoute en me changeant dans le plus grand calme.

- Bass a raison, acquiesce Miller. Allons nous entraîner !

Les autres suivent Miller, notre Ailier fort de l'équipe. Ce mec peut aussi bien jouer dans la raquette et en dehors, son jeu est éclectique et rapide, exactement comme j'aime. Dommage qu'il se laisse parfois influencer par cet abruti de Sheffield.

Durant tout l'entrainement, je me fais une joie de surpasser cet abruti de Sheffield. Il a beau lécher les couilles de Vince, notre coach, je reste le meneur numéro un de l'équipe. Il ne cesse de me provoquer avec ses petits dribbles minables, mais je parviens à lui prendre la balle facilement. Bon, il n'est pas aussi mauvais que je le prétends, seulement son attitude de suceur gâche tout. A part faire le guignol et le malin, il ne sait rien faire. Je ne comprends vraiment pas toutes ces nanas qui font tout pour que Prince Sheffield daigne les regarder. Elles sont toutes si stupides et naïves. Il n'intéresse que le même genre de filles; dépourvues d'un cerveau.

Putain, je fais vraiment une fixette sur ce faux jeton.

Le Coach Vince nous fait travailler plusieurs techniques de jeu. Les Pick and pop ou les Pick and roll, il s'agit de deux différentes façon de faire des écrans, la première pour que l'auteur de l'écran s'écarter du panier pour proposer une solution de tir à trois points, la deuxième pour que l'auteur " roule " autour de son défenseur pour se diriger vers le panier effaçant son adversaire dans le dos. Ensuite, nous travaillant la tactique du Small Ball, elle valorise l'agilité, la rapidité du jeu et le tir à mi distance. Elle accroit les capacités offensives de notre équipe.

Le Coach m'a fait shooté des centaines de trois points pour améliorer encore plus mon adresse. Je reste toujours une heure voire deux de plus que les autres. Je me donne tous les moyens pour être le meilleur joueur possible. Cette année, je compte bien intéresser les recruteurs rapidement. Je n'ai pas envie de perdre mon temps. A la fin de mon cursus universitaire, je rejoindrai une équipe de NBA et serai diplômé de management sportif. Je me place à la ligne des lancers franc, dribble trois fois, tourne mon ballon et shoote. Le ballon entre dans le panier sans toucher l'anneau.

- Ton adresse est excellente, me complimente le Coach. Continue de ne pas ménager tes efforts et tout ira bien pour toi.. Tu réussiras à intégrer une très bonne équipe de NBA. Je ne peux te dire lesquels mais tu es très surveillé par deux grandes équipes.. Si tu ne te laisses pas perturber par des histoires secondaires et que tu restes concentré sur tes objectifs, tu seras le prochain Stephen Curry !

Bon sang, il n'y va pas avec le dos de la cuillère niveau comparaison !

Stephen Curry est un joueur exceptionnel. Il joue avec les Warriors de Golden State, champions 2018 NBA. Il est de loin le meilleure meneur du championnat ayant une moyenne de vingt cinq points par match. C'est juste hallucinant ! Ce mec a été élu MVP plusieurs fois, ce qui signifie meilleur joueur. En gros, c'est l'Oscar du basketball. C'est une machine avec une adresse surhumaine. Ce serait un rêve d'atteindre la moitié de son talent.

- Merci, Coach. Je ne me laisserai pas déconcentré, lui promets je.

- Je ne suis pas contre que tu t'amuses, tu as le droit de profiter de ta jeunesse, rit il. Seulement, les petites amies ont le don de tout foutre en l'air..

- Pas de soucis à se faire de ce côté là, je n'ai aucune envie d'en avoir une !

- Bien. Oh et évite aussi les fêtes de fraternités. Je sais que vous en faîtes au moins trois par semaine, il n'y a qu'à voir les têtes de certains joueurs pour comprendre que vous ne buvez pas que de l'eau ! La saison commence bientôt et je veux une équipe cent pour cent concentrée et performante, spécialement mon meneur et capitaine, exige t'il.

- Vous pouvez compter sur moi, lui assuré je. L'équipe me suivra et m'écoutera. Nous remporterons à nouveau le championnat en battant tous les records !

Je suis déterminé. Rien ni personne ne me fera obstacle pour réaliser mon rêve. J'ai sacrifié beaucoup trop de choses pour réussir à devenir pro, ce n'est pas sur la dernière ligne droite que je vais laisser tout me passer sous le nez. J'ai conscience qu'un tas de joueurs ont le même rêve que moi, mais je suis certain qu'aucun n'est aussi déterminé que moi.

Pendant dix minutes de plus, le Coach me parle de mon avenir. Nous évoquons même le sujet " Sheffield ". Il me demande de tempérer avec lui pour que l'équipe soit la plus soudée possible. Je crois qu'il sous estime les coups bas de Sheffield. C'est à cet abruti d'y mettre du sien, pas moi. C'est lui qui essaie de monter les joueurs contre moi. Je ne devrais pas le laisser m'atteindre, mais tant que je n'aurais pas réussi à lui voler quelque chose à laquelle il tient, je ne pourrais pas abandonner. A mon avis, ce n'est plus qu'une question de temps.

En retournant aux vestiaires, je ne sens plus mes bras. J'aurais bien besoin d'un massage d'au moins une heure. Je ne vais pas arriver à travailler au Starbucks ces prochains jours à cause de cet entraînement. La saison n'a même pas encore commencé que je suis déjà mort. Je devrais peut être ralentir sur les soirées parce que ma condition physique va en pâtir. Le Coach a raison, les fêtes de fraternité doivent être mises de côtés. Après la semaine d'intégration ou plutôt de bizutage, je mettrai mon rôle de " frère " des Alpha Omega Phi de côté.

Après une douche réparatrice, je sors du gymnase. En regagnant ma voiture, je surprends une conversation entre Sheffield et un pivot de l'équipe, Reynolds.

- Ta voisine a fait un malheur à la soirée des joueurs de baseball, annonce Reynolds.

- Lili ? demande Sheffield, étonné.

- Oui.. Milton Sharpp l'a remarqué et l'a trouvé à son goût.. Si elle commence à sortir, les mecs vont finir par la draguer, lui fait il remarquer.

- Lili n'est pas du genre à sortir. Elle le fait seulement si je suis présent à une soirée, assure Sheffield plein de prétention.

- Elle ne restera pas invisible longtemps, Gab. Il paraît qu'elle va rejoindre la sororité de Regina Sparks..

- Dans ce cas, je vais m'assurer que personne n'approche Lili.

- Tu n'as pas de soucis à te faire.. Tu m'as dit qu'elle était dingue de toi depuis longtemps !

- C'est le cas, mais Lili est naïve.. Je refuse qu'un autre me la prenne ! Même si je ne suis pas prêt à m'engager, un jour elle finira avec moi, affirme t'il déterminé.

J'ai l'impression de rêver. C'est trop beau pour être vrai. Sheffield ne le sait pas mais il vient de me donner une occasion en or de me venger de lui. Je n'ai aucune idée de qui est cette Lili, mais je suis heureux d'apprendre qu'elle existe et qu'elle est un minimum importante pour Sheffield. Bon, il la garde sous le coude le jour où il arrêtera de s'envoyer toutes les nanas du campus, mais si il envisage de finir avec elle c'est qu'elle est différente des autres. Elle est très certainement aussi naïve que les autres pour ne pas voir l'enfoiré qu'il est, mais ça m'est égale.

J'ai hâte de découvrir à quoi ressemble cette Lili. Connaissant Sheffield, elle n'est pas vilaine mais sûrement dépourvue d'un cerveau. Je vais me faire un plaisir de la draguer, de lui sortir le grand jeu. Pour la première de ma vie, je vais m'abaisser à utiliser de belles paroles pour la séduire, pour la voler à cet enfoiré. Elle sera folle de moi avant la fin de l'année. Dès que je l'aurais mise dans mon lit, je la lourderais en faisant passer toute cette histoire pour un pari entre Sheffield et moi. Elle ne voudra plus le voir et moi j'aurais eu ma vengeance.

Je ne suis pas fier de mon plan mais pour obtenir ce que je veux, je n'ai pas le droit d'être sentimental. Je n'ai pas besoin de penser aux dommages collatéraux, j'en ai rien à foutre. Je suis prêt à tout pour donner une leçon à Sheffield. Pour commencer, je dois à tout prix retrouver la fameuse Lili. Je n'ai qu'à interroger Reynolds pour avoir son nom complet et le tour est joué, quoiqu'il est capable de tout répéter à Sheffield et anéantir tout mon plan. Je vais plutôt tenter ma chance du côté de Milton Sharpp. Si cette Lili lui a tapé dans l'oeil, je suis certain qu'il s'est un maximum renseigné sur elle.

J'aimerais aussi retrouver la fille en détresse de l'autre soir, mais Lili est ma priorité. La pauvre, elle n'a aucune idée de l'ouragan qui va s'abattre sur elle..

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