15. Charlie

- Comment ça il continue à menacer le restau d'oncle Rob ?

A peine cinq minutes de conversation téléphonique et j'en apprends déjà sur la cruauté de mon paternel.

Rien d'étonnant en soit !

Mon père est prêt à tout pour obtenir la signature de son hôtel à Londres quit à mettre sur la paille le mari de sa soeur. J'en ai ras le fesses de son chantage permanent. Il ne me laissera jamais tranquille même en vivant à l'autre bout de la planète. Malheureusement pour moi, il a encore le contrôle sur mes finances, jusqu'à mes vingt et ans un. De toute façon, je ne touche jamais à son fric, il se ferait un plaisir de me rappeler que sans son argent je ne suis rien. Il est corrompu par ce maudit fric. Qu'il se torche avec et me laisse tranquille !

- Ton père ne cesse d'appeler à la maison et nous ordonne de te faire entendre raison ou il nous le fera regretter, m'explique Tante Greta.

- Mais quel con ! Comment peut il être aussi... aussi inhumain et égoïste ?!

- Chérie, ne te rend pas malade à cause de lui. Rob lui a dit d'aller se faire foutre et qu'on ne céderait pas à son chantage !

- Et le restaurant ? Vous ne pouvez pas le perdre à cause de moi.. Tu sais de quoi il est capable et je ne veux pas que vous en subissez les conséquences !

- Ton père se donne un pouvoir qu'il n'a pas, m'assure t'elle. Le restaurant marche très bien, il ne le fera pas fermer malgré toutes ses menaces ! N'oublie pas que nous en sommes les propriétaires depuis un peu plus de deux mois et demi. Le prêt à la banque a été entièrement remboursé grâce à ton grand père alors ne te fais aucun soucis pour nous...

- Mais...

- Charlie, je t'en ai parlé uniquement pour que tu comprennes où tu mets les pieds en le défiant... Je te soutiens à 100%, mais je veux que tu sois prudente ! Ton père ne peut rien contre nous, c'est une certitude. Seulement, il est capable de s'en prendre à tes proches pour te faire plier à ses ordres... Il a évoqué ce basketteur avec qui tu sors...

- Je ne sors avec aucun basketteur ! 

- Ce n'est pas ce qu'affirme ton père. Selon lui, tu verrais un certain Caleb Boss...

- Carter Bass, rectifié je.

Bon sang mais comment peut il être au courant de ça ? Enfin, Carter et moi ne sortons pas ensemble, on se... Je ne sais même pas ce que nous sommes. Il a mis ses doigts en moi, j'ai adoré ça, mais ça ne fait pas de nous un couple. Loin de là. Carter n'a pas de petite amie, et moi j'ai un... Bref, Carter et moi ne sommes pas ensemble. Quand je repense à ce qui s'est passé à la bibliothèque je me sens affreusement gênée. J'ai honte. Vraiment très honte. Je me sens comme la pire des garçes, celle qui a toujours mauvaise réputation.

Je n'ai jamais laissé un mec me toucher de cette manière surtout dans un lieu public. C'était terriblement excitant de savoir qu'on pouvait être surpris à chaque instant. Puis, la façon dont Carter m'embrassait, me caressait, prenait possession de mon corps, a accentué mon plaisir. Je n'étais pas loin de jouir bien que mes pensées aient failli tout gâcher. Est ce que j'aurais atteint l'orgasme si ses deux amis ne nous avaient pas interrompus ? J'en sais foutrement rien ! Ce dont je suis sûr c'est que Carter a des doigts magiques.

Un raclement de gorge me sort de mes pensées.

- Désolée, j'étais perdue dans mes pensées...

- Tu pensais à ton basketteur, je me trompe ?

- Non, enfin si... Je ne sors pas avec Carter... Nous sommes amis...

- Amis ou plus, ça ne plaît pas à ton père ! Il préfèrerait sans doute pour gendre un garçon comme Gabriel, ironise t'elle.

- Gabriel est lui aussi basketteur, lui fais je remarquer.

- Mais il ne compte pas en faire son métier ! Sa mère m'a confié qu'il visait un métier beaucoup plus ambitieux. Ce n'est pas pour rien qu'il étudie le commerce...

- Qu'est ce qu'il a exigé sur Carter ?

- Il nous a ordonné de vous faire rompre...

- Putain mais il est complètement malade !

Cette fois c'est sûr, il a complètement pété un câble. Il croit pouvoir contrôler ma vie privée maintenant ? Je me demande comment il a pu être au courant. A chaque fois que j'ai eu un petit ami, il l'a appris d'une manière qui m'échappe. Le seul qu'il a apprécié est Jared parce que ses compétences en informatique le rendraient très riche, comme Bill Gates ou Steve Jobs. Un métier d'avenir selon lui, ce qui n'est pas le cas d'un basketteur malgré l'argent qu'il gagne en quantité.

Mon père est un abruti. Je me fous que Carter ne lui plaise pas, je ne compte pas lui obéir. Je n'irai pas à Londres peu importe toutes les bassesses qu'il fera.

- Charlie, ne te laisse pas intimidée, d'accord ?

- Oui, promis.. De toute façon, tout ce que je fais n'est pas assez bien pour Charles Jeremiah Walmont deuxième du nom !

- Son avis n'importe pas, chérie. D'accord ?

- Oui... Ecoute, tata, je dois raccrocher. J'ai des cours à étudier puis je vais à un match de football...

Et à un rencard accessoirement mais je préfère ne pas en parler pour le moment.

- Un match de football, hein ? interroge t'elle, pensive.

- Je t'entends penser d'ici, Greta et ce n'est pas du tout ce que tu crois ! Je vais voir un ami et il est à fond sur Poppy, révélé je.

- Il a bon goût... Essaie de passer nous voir bientôt, ma Lilliputienne. Tu nous manques !

- Promis, embrasse Oncle Rob et les enfants.

Tante Greta me souhaite une bonne soirée et raccroche. Je soupire en repensant au culot de mon père. Il est encore plus dingue que d'ordinaire. Menacer mes proches pour me plier à lui obéir est digne d'un sociopathe manipulateur et fou. Je refuse de l'écouter, de céder. Ma tante a raison, il n'a pas autant de pouvoir qu'il prétend avoir. Ce n'est pas non plus le président des Etats Unis, quoique l'actuel possède bien un tas d'hôtel. Putain, j'espère qu'il ne finira jamais président ou ministre, ce serait un enfer !

Je regarde l'heure sur l'horloge du salon et constate qu'il ne me reste qu'une heure avant le début du match de Ryan. Je lui ai promis de venir l'encourager et surtout d'emmener Poppy avec moi. Elle a miraculeusement accepté de m'y rejoindre prétextant vouloir se changer les idées, mais je pense qu'elle n'est pas insensible à Ryan. J'espère qu'elle lui laissera une chance le jour où elle sera prête, enfin quand elle sera débarrassée de ce taré de Monsieur Wallace. Je sais qu'il continue à lui envoyer un tas de messages.

Sous la douche, je me demande ce que me réserve cette soirée. Quand j'ai dit à Carter que je me rendais au match de Ryan, il a insisté pour venir avec Poppy et moi. Il est toujours aussi persuadé que Ryan désire me mettre dans son lit. Tous les mecs ne sont pas aussi axés sur le sexe. Je crois en l'amitié homme/femme, ce n'est pas une légende. J'étais très amie avec deux garçons du lycée et ça ne posait aucun problème à Flynn. Carter a l'air d'être quelqu'un de très jaloux alors qu'on ne sort même pas ensemble.

Il a insisté pour que l'on ait notre deuxième rencard après le match de football. Je ne sais pas où il a prévu de m'emmener mais je suis totalement stressée. Avec Carter, je m'attends à toutes les excentricités possibles et inimaginables. Il est capable de me conduire dans une immense grande roue pour tenter de combattre ma peur du vide. Ou bien, un saut à l'élastique pour me provoquer une crise cardiaque. J'ai beau prétendre être une femme forte, je suis une vraie trouillarde. Bon sang, ce rencard me rend pire que nerveuse.

Une fois prête, je rejoins Poppy dans notre salon. Elle est canon dans sa robe bleu nuit, ses collants opaque, sa veste en cuir noir et ses bottines à talons. Ses longs cheveux blonds ont été relevés en queue de cheval. Je fais carrément tâche à côté d'elle.

- Tu vas vraiment y aller comme ça ?

- Oui, je réponds en regardant mes fringues simplistes.

- Tu as un rencard avec un mec canon et tu choisis de porter un jean et une blouse à manches courtes, vraiment il faut revoir ton look !

- Je préfère être à l'aise dans mes vêtements.. Puis, je mettrai de jolies chaussures pour rehausser mon look. Je sors avec Carter Bass, pas Kit Harington !

- Tu gagnes au change, Lili. Kit Harington n'a rien d'exceptionnel ! Il n'a aucun charisme, il est petit et il tire sans arrêt une tronche d'enterrement. Un Sam Heughan est beaucoup plus attractif que ton Kit Harington !

- Tu es beaucoup trop méchante avec les hommes de mes rêves, soufflé je.

- Concentre toi sur les hommes qui sont à ta portée et bien plus canons que tes fantasmes dont ce crétin de Gabriel ! Je suis carrément Team Carter.

J'éclate de rire. C'est ridicule et stupide.

- Je ne savais pas qu'il y avait une Team Carter ou une Team Gabriel. Je ne suis pas dans un roman pour adolescente ou dans une série américaine qui met en avant un triangle amoureux cliché et débile. Aimer deux personnes en même temps est impossible ou alors à des degrés différents. Et encore ! Si tu aimes déjà une personne, logiquement tu ne devrais pas tomber amoureuse d'un autre..

- A moins de ne pas vraiment aimer le premier, me coupe Poppy accompagnée d'un clin d'oeil.

- Je ne sais même pas pourquoi on en parle, ça n'a aucun sens !

- Parce que tu es trop bornée pour avouer que Carter te plaît, me fait elle remarquer, amusée.

Je lève les yeux au ciel et décide de ne pas répondre, pas parce que je ne veux pas, mais tout simplement parce que je n'ai pas la réponse à cette question. Je suppose que Carter me plaît un minimum pour que je le laisse me toucher aussi intimement. J'apprécie sa compagnie, il est drôle, taquin, intelligent, sûr de lui et terriblement sexy. Oui, peut être qu'il me plaît bien malgré son côté légèrement insupportable. Mais que puis je espérer d'un mec qui se fait pomper le tuyau dans une salle de bains par une fille qu'il connaissait depuis à peine cinq minutes ? Rien. Enfin..

***

Poppy et moi arrivons au stade qui est plein à craquer. Les supporters crient et encouragent déjà leurs équipes respectives qui s'échauffent au bord du terrain. C'est complètement dingue. La musique qui sort des enceintes nous met immédiatement dans l'ambiance. Je suis allée voir une centaine de matchs de Flynn mais jamais je n'ai connu une ambiance aussi déchainée. Les joueurs sont impressionnants par leur carrure imposante et tout en muscles. Lorsqu'ils font leur entrée sur le terrain dans leur tenue bleu ciel et blanche, le public hurle, tape dans leur main, tandis que mon corps vibre.

A côté de moi, Poppy est dans le même état. Elle est obnubilée par les joueurs, en particulier le numéro 33, ce cher Ryan Hale. Elle ne loupe rien de son entrée, son regard est fixé sur lui. Je pense que cette histoire n'est pas loin de se concrétiser. Ryan me parle de Poppy à longueur de temps, il n'a que son prénom à la bouche, sauf quand il me taquine avec Carter. Ce mec ne cesse jamais de parler. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi bavard, il a toujours un truc à dire et il est tellement curieux. Cependant, je reconnais que j'aime bien passer du temps avec lui. Poppy propose d'aller chercher de quoi boire et manger. Carter n'a pas dû prévoir d'aller manger.

Le match débute après le coup d'envoi donné par l'arbitre. La première action est folle. Le ballon passe si vite de mains en mains que je ne vois même pas arriver le touchdown. Toute l'action est partie de Ryan. C'est un quarterback très doué avec des statistiques de malade, je me suis renseignée sur le campus, il est carrément incroyable. Flynn était bon à l'époque du lycée mais pas aussi fort que Ryan. Peut être qu'aujourd'hui il l'est, quoique ça m'étonnerait. Ryan est au football ce que Carter est au basketball, enfin à ce qu'on raconte. Je devrais peut être aller le voir...

- Il a quoi comme rôle Ryan ? interroge Poppy.

- Il est quarterback.

- Ce qui veut dire ?

- Il réceptionne la balle puis la lance aux autres joueurs, de préférences à ceux qui sont démarqués et le plus près de marquer un touchtown. Il mène le jeu sur un terrain comme un meneur au basket, j'explique en buvant une gorgée de bière.

- Je vois... C'est quand même très... Physique...

- Excitant, tu voulais dire ?

- Oui ! Voir ces mecs costauds courir après un ballon, se plaquer au sol et tout le reste me fait mouiller la culotte, avoue Poppy.

J'éclate de rire et compatie totalement à son ressentie. Les sportifs sont une source inépuisable de fantasmes. J'ai une large préférence pour les basketteurs moulés dans leurs petits shorts sexy, les bras nus, musclés et saillants. J'imagine bien Carter dans son short et son maillot blanc et bleu ciel, sa peau dorée luisante, ses biceps contractés, ses fesses fermes moulées dans son short. J'ai chaud d'un coup, vraiment très chaud. Je ne cesse d'être envahie d'images de Carter dans des situations assez.. Intimes. Est ce utile de préciser que je me suis touchée plus d'une fois en pensant à lui, ses doigts et sa bouche ?

Reconnais qu'il te plaît, on gagnera du temps ! se plaint ma conscience.

La prestation des Tar Heels est incroyable. Ils sont vraiment bons, ne lâchent rien, se battent sur tous les ballons, ils m'impressionnent. La foule de supporters est conquise, les tambours ont fait leur apparition encourageants les joueurs à chaque fois qu'ils prennent possession du ballon. Les Tar Heels mettent une branlée à leurs adversaires, les Gamecocks de la Caroline du Sud. Leur rivalité date depuis de très nombreuses années, c'est comme un PSG-OM ou un REAL- BARCA niveau football européen. Et aujourd'hui, on gagne nos rivaux à plat de couture.

A chaque action ou coup de sifflet, je suis obligée d'expliquer les règles à Poppy. Elle est passionnée par la partie qui se joue devant nos yeux. Malheureusement, mes explications ne rendent pas justice au jeu des coéquipiers de Ryan. Puis, j'ai mis des mois à comprendre les règles alors je suppose que Poppy va mettre un peu de temps à tout assimiler. Le football américain est beaucoup plus compliqué que le rugby. Les lignes de but sont d'une complexité inouïes, à chaque faute commise, les joueurs fautifs perdent une ligne. Je reconnais qu'un match de football américain est plus impressionnant qu'un match de rugby.

Soudain, je sens une présence à côté de moi. Mon corps réagit bien avant moi, pris d'une vague de chaleur déconcertante. Heureusement que je assise ou mes jambes n'auraient pas pu me soutenir tant la sensation dans ma corps est déstabilisante.

- Bonjour, princesse, me dit Carter en déposant un baiser sur ma joue.

Il s'installe sur son siège à ma droite, un sourire lumineux sur les lèvres.

- Bonjour ou plutôt bonsoir, Bass, je réponds d'un ton neutre.

J'essaie de contrôler le désir qui déferle en moi, mais c'est peine perdue. Il est tellement canon. Il porte un jean brut foncé, un tee shirt blanc et un blouson à l'effigie de Tar Heels. Il a l'air d'être tout droit sorti d'une pub pour Levis, ce jean doit lui faire des fesses d'enfer.

- Alors, qu'est ce que j'ai raté ? demande t'il en prenant mon verre de bière des mains pour boire une gorgée.

Je ne perds pas une miette de son geste. Il essuie sa bouche d'un revers de sa main avec une allure si désinvolte et sexy que je suis obligée de croiser les jambes contenant mon désir. Carter surprend mon regard et esquisse un sourire.

- Je t'ai posé une question, princesse, reprend t'il amusé par ma nervosité.

- Oh.. Euh.. Notre équipe écrase les joueurs de la Caroline du Sud ! Et Ryan est le meilleur quarterback du pays, assuré je.

- Parce que tu t'y connais en quarterback ? siffle t'il agacé.

- Je suis sorti avec quarterback, Flynn, lui rappelé je. Puis, je suis le foot à la télé, je ne rate aucun Super Bowl depuis mon arrivée à Raleigh !

- On fait tous des erreurs... Le basket est cool, le football non. Heureusement, tu as retrouvé la raison en sortant avec moi !

- On ne sort pas ensemble, le reprenné je.

- Pas encore.

Il me fait un clin d'oeil qui me fait sourire. Je sais très bien qu'il plaisante. Le jour où Carter Bass aura une petite amie, j'aurai réussi à me libérer de l'influence de mon père, c'est à dire jamais. Le reste de la première mi temps, Carter est anormalement calme. Il suit la partie comme si il s'agissait de son propre match. Il est dingue de sports à ce que j'ai compris, il s'entendrait bien avec mon oncle, lui aussi est fervent de n'importe quel sport. D'ailleurs, il saoule ma tante en suivant tous les championnats possibles et inimaginables des Etats Unis ou d'Europe.

- Putain qu'est ce qu'il est mauvais ce Hale, critique Carter. Mais applique tes passes, bon Dieu !

- Tu es de mauvaise foi, Bass, éructe Poppy.

- Absolument pas, c'est une nullité !

- Ryan est un sacré joueur, affirme Poppy.

- Vous êtes toutes tombées sous le charme de ce crétin, c'est dingue ! soupire t'il, un poil jaloux. Puis qu'est ce que tu y connais au football, Blondie ?

- Ok, je n'y connais rien en football mais regarde le tableau des statistiques, Ryan est le meilleur marqueur, le MVP du match alors remballe ta salive et cesse de critiquer l'incritiquable ! La jalousie ne te va pas au teint, Carter Bass, se moque t'elle.

J'explose de rire. Poppy vient de clouer le bec de Carter. Il n'ose même pas lui répondre tant il est bouche bée. Il s'attaque au futur chéri de Poppy donc évidemment elle va riposter et le défendre comme une acharnée. Carter se tourne vers moi fronçant ses sourcils, il a l'air vexé, ce qui forcément décuple mon rire. Je savais qu'il essaierait de dénigrer Ryan, mais je ne m'attendais pas à ce que Poppy sorte les griffes. Avant la fin de l'année, elle et Ryan seront en couple, j'en suis persuadée.

- Tu ne me défends même pas, princesse ?

- Désolée, mon chou, mais tu l'as cherché, ricané je.

Putain, dîtes moi que je ne viens pas de le surnommer " mon chou " ?! La honte.

- Mon chou ? Je suis passé de " on est pas ensemble " à " mon chou ", c'est quoi le prochaine étape ? interroge t'il en se collant à moi.

Son sourire mutin et satisfait sur ses lèvres n'annonce rien de bon. Il penche sa tête vers mon oreille. Son souffle se répand dans mon cou électrisant chaque cellule de mon corps. Cette sensation est grisante, addictive, hallucinante, j'en veux plus, beaucoup plus. Carter m'embrasse en dessous de l'oreille provocant une vague de frissons naissant dans mon cou pour se répandre dans mon dos, mon bas ventre, pulsant mon entre jambes.

- J'aime bien, mais je préfère quand tu gémis mon nom..

Cette fois, je vais me transformer en une flaque, une flaque pleine de désir. C'est possible ? Je résiste encore me persuadant que cette attirance n'est que physique, mais au fond de moi je sais que c'est faux. Une attraction nous lie, une sorte d'alchimie qui grandit à chaque fois que nous sommes près l'un de l'autre. C'est intense, puissant, déconcertant, nouveau et terriblement excitant. Je n'ai jamais ressenti un tel pouvoir d'attraction avec qui que ce soit. Je suis brûlante de désir à cause d'un simple baiser dans le cou. Je ne sais même pas si c'est normal.

Carter se détache de moi pour se concentrer à nouveau sur le match. Malheureusement pour lui, c'est déjà la mi temps. Poppy a quitté les tribunes sans qu'on le remarque. La présence de Carter me fait perdre la notion du temps, plus rien ne compte autour de moi et c'est carrément flippant. Je tente de reprendre le contrôle de mon corps mais la présence de Carter est un beaucoup trop perturbante. Un petit vent frais se lève et me fait frissonner. J'aurais dû prendre une veste ou un pull. Je tente de me réchauffer avec mes mains mais c'est peine perdue. Putain de vent !

Carter retire son blouson à l'effigie des Tar Heels et me le tend. J'hésite, méfiante. Si j'ai bien appris quelque chose sur Carter c'est qu'il ne fait rien sans attendre quelque chose d'autre en retour.

- Prend la, m'ordonne t'il. Je ne tiens pas à ce que tu attrapes un rhume pendant notre rencard. Embrasser une fille dont le nez coule ce n'est pas ce que je préfère même si la fille en question est terriblement canon !

- Qu'est ce qui te fait croire qu'on va s'embrasser ?

- Jamais deux sans trois, réplique t'il en me faisant un clin d'oeil.

Je lève les yeux au ciel tout en retenant un sourire. Embrasser Carter est une sensation exquise, la meilleure qu'il m'a été de vivre en presque vingt et un ans d'existence. Comment une culotte peut se retrouver trempée à cause d'un simple baiser ? Même une simple caresse parvient à me faire tressaillir. Ce n'est pas normal, surtout pour une fille comme moi. En tant que frigide, je ne devrais pas être émoustiller par un baiser, une caresse ou même un souffle sur ma peau, ni inonder ma culotte rien que par sa présence. Je ne sais vraiment pas ce qui m'arrive.

Carter pose son blouson sur mes épaules tendrement. Je remarque un tatouage sur son avant bras, une inscription en italique dans une langue inconnue, graphique, élégante formant quatre mots. Je reconnais cette inscription. De l'elfique. L'inscription est celle qui se trouve sur l'anneau lorsqu'il est mis au feu par Gandalf. Carter est fan de la plus grande trilogie au monde, Le Seigneur des Anneaux. Ces films et ces livres sont des purs merveilles. A chaque fois que je regarde les films, j'en ai des frissons. Les paysages sont incroyables surtout ceux de la Comté, et bon sang la scène de Gandalf avec le mythique " Vous ne passerez pas " est juste mortel.

Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai regardé les trois films à la suite. Je rêvais d'être un hobbit, être Frodon, celui qui sauve la Terre du milieu. Puis, en grandissant un peu, je suis tombée raide dingue amoureuse de Legolas. Ce mec est l'elfe le plus sexy de l'histoire du fantasy. Quant à son interprète, Orlando Bloom, j'en suis toujours folle amoureuse. Legolas est le personnage qui a le plus de classe dans la trilogie, il est carrément badass et bandant surtout quand il manie l'arc. Il est le premier à m'avoir fait mouiller la culotte, tout comme ce bon vieux Jon Sow.

Carter surprend mon regard sur son bras et fronce les sourcils.

- Un anneau pour les gouverner tous. Un anneau pour les trouver. Un anneau pour les amener tous et dans les ténèbres les lier, récité je en souvenant des paroles de Gandalf.

- Tu as reconnu ? demande Carter, surpris.

- Oui, souris je. Tu as en face de toi la fan numéro un de la mythique trilogie du Seigneur des Anneaux !

- Ah oui, vraiment ? Si tu t'y connais aussi bien, tu vas pouvoir répondre à cette question !

- Laquelle ?

- Qui est le vrai héros de la trilogie ?

- Question difficile, Bass ! Je dirai qu'ils sont tous un peu des héros mais il est clair que Sam Gamegie est le vrai héros. Sans lui, Frodon ne serait pas allé bien loin. D'accord, Frodon a été corrompu par le pouvoir de l'anneau, mais Sam non, il a toujours pensé à son ami. Puis, je dirai aussi Gollum. Ce cher Smeagol a contribué à la destruction de l'anneau malgré lui ! Heureusement qu'il s'est battu avec Frodon au Mont Destin, au Mordor.. Sans lui, Frodon aurait tout foiré succombant à la noirceur de l'anneau..

Carter écarquille les yeux complètement surpris par ma réponse. Il s'attendait certainement à ce que je sorte Frodon ou Aragorn pour me piéger, mais il vient de se faire prendre à son propre jeu.

- En combat singulier, lequel gagne entre Aragorn et Legolas ? interroge Carter continuant son interrogatoire débile.

Je tapote mon menton pour me donner le temps de bien réfléchir. Ce n'est pas une question facile, bien au contraire.

- Très bonne question.. Aragorn est un putain de combattant à l'épée avec une force d'esprit hallucinant, mais Bordel Legolas c'est une machine ! D'un point de vue agilité, adresse, années d'expériences en tant que combattant, sur le papier Legolas est au dessus.. Mais Aragorn est quand même incroyable ! je réponds carrément indécise.

Legolas et Aragorn sont deux personnages absolument impossible à départager. Aragorn a l'étoffe d'un roi, mais Legolas est un Prince elfique âgé de plusieurs siècles, sa technique est parfaite, son charisme fait de lui un personnage iconique, je ne pourrai jamais en choisir un seul. Vous devez penser que je suis gay, n'est ce pas ? Détrompez vous, je suis seulement un fan inconditionnel de l'univers de Tolkien. Lui et G.R.R Martin sont de purs génies du genre littéraire fantasy. Impossible de faire un choix entre eux deux.

- Putain ! Tu viens de me filer une gaule d'enfer, princesse.

Hum, quelle élégance !

- Une femme qui aime Tolkien est juste bandant à souhait ! Il manquerait plus que tu aimes Game of Thrones et là c'est certain j'éjacule dans mon froc !

- Désolée pour toi, mais tu vas devoir changer de froc, je suis fan de Game of Thrones, ricané je.

- Merde, lance t'il en tenant son entre-jambes.

J'éclate de rire. Ce mec est taré, vraiment dingue, mais je crois que c'est ce que j'aime le plus chez lui. Ca et son physique plus qu'avantageux. C'est dingue de pouvoir débattre sur ce genre de sujet. Il ne me prend pas une folle, ne se moque pas de moi, au contraire. Avec Jared, nous pouvions en parler toute une nuit, on se disputait sans arrêt n'était pas d'accord sur le vrai rôle de Pippin et Merry.

- Jon Snow ou Aragorn ? je demande à mon tour.

- Jon Snow ! répond t'il sans hésiter. Le mec est moitié Stark moitié Targaryen, c'est un Stargaryen ! Il est revenu d'entre les morts, est le meilleur combattant de Westeros, le Prince qui fut promis, et certainement celui qui tuera ce bâtard de Roi de la Nuit ! Dès le début j'ai compris les origines de Jon. Sérieux, c'était aussi prévisible que nous deux ! J'ai attendu six saisons que le R+L=J soit confirmé. Et maintenant, j'attends que Jon Snow apprenne ses origines et bute ce putain de Roi de la Nuit..

Question stupide en soit. Je ne le pensais pas aussi fan de cette série. Je reconnais que c'est assez sexy Je pourrais en parler pendant des heures et des heures. J'ai passé des nuit entières sur internet pour échanger des théories avec des autres fans. Ce sujet est inépuisable.

- Ca peut être Daenerys aussi, je lui fais remarquer.

- Putain, j'espère que non ! A part ses dragons, elle n'a rien et en plus elle en a perdu un cette conne ! Elle fait que gueuler en rappelant ses noms tous les deux épisodes. Je prie pour qu'elle crève à la fin..

Je ris tellement il est à fond quand on parle de Game Of Thrones. Il doit être l'une des seules personnes que je connaisse qui n'aime pas la blonde Targaryen de la série. Les hommes sont dingues d'elle et de son interprète. Elle est belle, mais pas non plus extraordinaire. Je trouve l'actrice qui joue Sansa Stark beaucoup plus belle que celle de Daenerys. Puis, je reconnais que je ne suis pas tellement fan de son personnage.

De toute manière, le personnage que je préfère est Sandor Clegane alias le Limier. Ce mec est excellent, vulgaire, direct et mauvais avec du coeur, un anti héros qu'on adore détester et aimer. J'espère qu'il survivra à la fin et qu'il affrontera son taré de frère, Gregor Clegane, La Montagne. J'aime beaucoup Arya Stark aussi. Elle est badass, une combattante hors pair, une sans visage incroyable. Les deux personnages formaient un duo génialissime.

Une minute !

Est ce que Carter a dit que les origines de Jon Snow étaient aussi prévisible que lui et moi ? Qu'est ce qu'il veut dire ? Un " nous " n'est pas envisageable, enfin pas sérieusement. J'aime ce que l'on fait ensemble, mais nous ne sommes rien d'autres que des amis qui se sont juste un peu pelotés.

- Aussi prévisible que nous ? j'interroge en bafouillant presque.

- Ne joue pas les étonnées, toi et moi c'est une évidence ! Carter et Charlie ça sonne divinement bien, un plaisir pour mes oreilles. Et c'est encore mieux quand nos corps se touchent.. Je rêve encore de la sensation de mes doigts dans ta délicieuse petite chatte..

Je rougis immédiatement. Je croise mes jambes empêchant le désir de déferler dans ma culotte. Trop tard. Rien que de repenser à notre petite scène dans la bibliothèque me fait dangereusement mouiller. Je suis fichue. Complètement et irrémédiablement fichue.

- Ce qui est sûr, reprend t'il plus sérieusement. C'est que nous allons regarder la dernière saison ensemble..

- D'ici là, tu auras oublié mon prénom..

- Jamais, assure t'il. En Avril prochain, tu seras dans mes bras à regarder le premier épisode de la dernière saison de la plus grande série au monde !

- Ne fais pas de promesses que tu ne pourras pas tenir.

Ma voix est beaucoup plus enraillée et mal assurée que je l'aurais voulu. Je n'aime pas les promesses encore moins que les surprises. Mon père me faisait un tas de promesses qu'il ne tenait jamais. Il n'a cessé de me décevoir en les brisant sans jamais s'excuser. Il me jurait d'être présent pour mes anniversaires, pour mes matchs de basket, mes réunions scolaires, mes spectacles de théâtre etc.. Je ne suis pas stupide, je sais très bien que Carter cessera de me parler dès qu'il aura eu tout ce qu'il voulait de moi ou qu'il se sera lassé. Tout le monde finit par me laisser.

Carter plisse les yeux comme si il essayait de sonder mon esprit. J'aurais mieux de me taire, de ne pas me montrer aussi faible. Je ne veux pas qu'il me voit comme une pauvre petite fille délaissée par son papa. Flynn le faisait assez et je détestais ça. Carter se rapproche de moi et prend mon menton entre ses doigts pour me forcer à le regarder. Etrangement, ses yeux ne traduisent pas la pitié mais une pointe de colère.

- Je tiens toujours mes promesses, princesse, affirme t'il sûr de lui. En Avril, tu seras dans mon lit et ce soir, je vais te faire ce que j'aurais dû faire à la bibliothèque la semaine dernière..

- C'est à dire ?

Son visage se penche vers mon oreille déclenchant une nouvelle vague d'électricité dans mon bas ventre. Je ne pensais jamais connaître les papillons dans le ventre en un seul souffle dans mon cou, et voilà qu'aujourd'hui j'en découvre la délicieuse sensation.

- Te faire jouir..

Bon sang, j'espère que cette promesse ne finira pas comme celles de mon père !

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