--Trajet Un Jour--
PDV : Alessandro Manconi
¦
Elle descend les marches et fonce vers moi, ses sourcils tortillés de colère. Pourtant, elle s'arrête à quelques mètres de son portail.
-Qu'est-ce que tu as fais ?
Son cri résonne dans la rue déserte.
-Doucement, tu vas ramener tous les voisins.
Si on pouvait mourir à cause d'un regard, je serais mort sur le coup.
-Ma voiture !
Sa voix est étrangement aiguë et je comprends trop tard qu'elle se retient de pleurer.
-C'est juste des roues.
-Et le pare-brise ! Et les rétroviseurs ! Et...
Roksana s'arrête de pleurer en me voyant m'avancer vers elle.
-Ça va, j'ai compris.
Elle pose ses petites mains sur son visage et saute partout de colère.
-Tu as des vers ?
-Ferme-la, toi !
Je la regarde faire, silencieux, attendant qu'elle se calme. Je tapote mes doigts sur ma voiture pour trouver une occupation plus importante que sa crise de larmes.
-Tu as fini ton cinéma ?
-Mon cinéma t'emmerde.
Finalement, elle s'arrête et me fixe, son regard brillant de colère.
-Tu as une voiture ?
-Comment tu crois que je suis venu sinon ?
Même de loin, je vois qu'elle se mord la lèvre, pensive.
-Tu m'emmènes chez le garagiste. Tu as une corde pour attacher ma voiture ? J'espère que tu as assez d'argent car tu as intérêt à payer les réparations.
-Je ne vais rien payer du tout.
Elle s'avance vers moi, furibond et je remarque qu'elle a plusieurs valises.
-Tu pars en vacances ?
-Quand tu partiras, je serais en vacances, oui.
-C'est méchant ça.
Elle crie de rage et ses talons claquent dans la rue quand elle se rapproche de moi.
-Ta voiture ?
-Ma voiture ?
-Tu m'emmènes.
-Si madame veut bien se donner la peine...
Mon sourire au coin se fige en la voyant tenter de m'écraser les pieds avec ses roues.
-Garde ta galanterie pour le garagiste.
Je lève les yeux au ciel et attrape ses sacs.
-Il y a un cadavre là-dedans ?
-Non, juste ton cercueil.
Elle fait le tour de ma voiture et s'installe à l'avant.
J'attends son hurlement qui ne tarde pas à venir.
-Qu'est-ce que vous faites là ?
J'entends mes meilleurs amis rirent.
-Principessa, tu croyais vraiment qu'on ne viendrait pas avec vous ?
Je range les valises de la jeune femme dans mon coffre et m'installe à sur le siège conducteur. Ses yeux me lancent des éclairs de colère. Les jumeaux derrière se penchent tous les deux pour regarder la scène. Roksana lève les yeux au ciel.
-Tu pars ou tu veux camper ici ?
-Olalalalalalaaaaaa.
-Moi, je t'aurai dit ça comme ça, je serais mort directement !
-Si tu continues, tu vas mourir aussi.
-Ah oui, donc je me fais arnaquer dans tous les cas ?
-Exactement. Maintenant, tu te remets correctement sinon je te descends.
Jackson grimace en soupirant comme un gamin et s'installe dans son siège.
Roksana nous regarde et je suis presque sûre de la voir sourire.
Presque.
J'en profite pour la détailler. Ses cheveux d'un blond presque roux sont attachés en chignon plutôt lâche, soulignant leur couleur. Son ensemble beige, en lin, souligne la pureté de ses formes et ses talons noirs où les fines brides en cuir tiennent ses chevilles pâles.
-Je te dérange pas ?
J'entends le ricanement de Mickael et un coup d'œil dans le rétroviseur le fait taire aussitôt.
-Je te parle.
-Je t'écoute.
-Si, c'est pour dire des conneries, tais-toi.
Un silence s'installe dans l'habitacle.
-Pourquoi tu veux m'emmener ?
-Bah oui, dis nous Alessandro.
Je ne réponds rien.
Je ne sais même pas pour en fait.
Depuis que j'ai croisé ses putain de rétines, je ne peux pas l'oublier. Assise dans ce bar, elle m'avait l'air si...si belle et inaccessible.
Ce n'est même pas la récompense qui m'intéresse.
C'est juste...elle.
En voyant son regard qui me fixe sans aucune vergogne, je me demande ce qu'il m'a pris.
Je devrais m'arrêter et la laisser descendre mais c'est trop tard.
-Tourne.
Je cligne des yeux et ralenti.
-Quoi ?
-Je t'ai dit, tourne à gauche.
Je la fixe en fronçant les sourcils mais l'écoute et m'engage sur un petit chemin de cailloux et de terre en plein dans la forêt.
-Arrêtes-toi ici, je me dépêche.
Roksana sort de la voiture et claque la portière. Elle m'a l'air de parfaitement connaître les lieux sans avoir un doute sur le chemin. Sans aucun regard en arrière vers le véhicule, je la vois s'enfoncer en plein milieu des arbres.
-C'est exactement le début d'un film horreur.
Jackson rit et passe sur le siège passager.
-Bon, c'est quoi ton plan ?
-Mon plan ?
-Mmh...oui. Tu vas participer à ce jeu débile ?
-J'ai le choix ?
-Non...
Le soleil se couche laissant ses rayons colorés les feuilles.
-Je lui ai proposé notre protection.
-Tu nous as pris pour des gardes du corps ?
-On aura une promotion ?
Jackson rit à sa propre blague.
-Ça va, je rigolais. Ou pas...
Je le fusille du regard.
-Tu te la fermes ou vous venez pas avec nous.
-Avec "nous" c'est adorable.
Je m'approche de son visage, lui comme moi sachant que jamais, je ne le frapperai.
-Dis le encore et je te jure que je te...
-Que c'est adorable ? Ou juste le "nous".
Mickael interrompt notre discussion.
-Elle est là.
Je la fixe, ses longs cheveux défaits habillent les traits de son visage de porcelaine. Elle semble avoir pleuré car son mascara a légèrement coulé sous ses yeux.
-Est-ce que tout va bien ?
Elle regarde Jackson et renifle.
-Je peux avoir un mouchoir ?
Ma gorge reste muette, ne sachant pas comment la consoler. Finalement, c'est Mickael qui lui donne un mouchoir en papier.
-Je suis prête.
J'hoche la tête, toujours en silence et démarre la voiture dans un rugissement affreux du moteur.
¦
-Runh ? J'ai besoin d'informations sur une certaine Roksana. Tu te démerdes mais tu m'apportes ça quand on arrive à la base.
Je surveille mes meilleurs hommes tiraient Roksana dans tous les sens. Je la vois sourire et rire parfois dans la petite supérette.
-E quando arrivi ?
(Et vous arrivez quand ?)
-Quando parli meglio.
(Quand tu parleras mieux)
Je n'entends pas sa réponse et raccroche en voyant les trois passagers de ma voiture arriver. Roksana a l'air fatiguée mais contente. Son expression part aussitôt en me voyant la dévisager. Elle n'a pas le temps de faire une réflexion car Mickael la pousse dans la voiture et referme sa portière. Il ouvre la bouche, et je sais déjà que le trajet risque d'être long.
Très long.
-Aller grognon, on rentre ! Je suis fatigué moi, je rêve de dormir dans un bon lit avec...
Je monte la musique de la radio à fond pour ne pas l'entendre. Roksana rit et je l'entends murmurer les paroles de la chanson.
-Tu peux chanter plus fort.
Elle me regarde, un sourcil levé.
-Je te permets pas de me parler.
-T'as fumé un truc, toi ?
-Ouais, un joint.
Elle éclate de rire et même la radio est choquée car elle coupe au même moment. Puis, finalement, les jumeaux rient à leurs tours. Je les regarde, en clignant des yeux, complètement ébahi et régle correctement la radio.
-Rooh, ça va, grognon, t'en veux un ? Ça va te décoincer.
Je me tourne vers les jumeaux.
-Vous lui avez donné quoi ?
-Rien du tout, c'est ça le plus drôle !
Et les deux hommes repartent en fou rire incontrôlable.
Je lève les yeux au ciel, la route qu'il reste risque d'être longue.
¦
Les jumeaux dorment depuis longtemps et le soleil est couché. Aucun mot ne sort de la bouche de Roksana ni de la mienne. Jusqu'à ce qu'elle fouille dans son sac et en sorte un papier plié en quatre.
-Le premier défi est à Paris.
Je lève les yeux vers elle. Sa bouche est rouge, signe de son angoisse grandissante. J'hoche la tête et me reconcentre sur la route. Mais ses stupides lèvres tournent dans ma tête.
-Tu...enfin...vous m'accompagnez ?
-Oui.
-Oh, je vois.
Elle ouvre la bouche et la referme aussitôt. Finalement, elle croise les bras sur sa poitrine.
-Il faut qu'on se rende à l'Opéra. C'est notre première mission.
Je me retiens de sourire en entendant le mot "notre".
-On rentre d'abord et je vois après.
Elle lève un sourcil.
-Comment ça "je" ?
Madame est en colère, je crois. Je suis presque sûr qu'elle aurait sauté partout de rage si elle aurait pu.
-Le joint ne fait plus effet ?
-Ferme-la, toi.
Je ricane et m'arrête en voyant son regard.
-C'est le moment où tu me tues et tu caches mon corps dans la forêt ?
Elle sourit légèrement.
-Exactement.
-On est bientôt arrivé, on en reparlera après.
Roksana hoche la tête. Je me tourne vers elle, presque sûr qu'elle vient de dire quelque chose.
-Quoi ?
-Merci.
-Je croyais que tu ne disais jamais merci ?
-Tais-toi par pitié.
J'éclate de rire quand le portail de la base s'ouvre, nous laissant entrer en son cœur.
(Bonjour à tous !
Je m'excuse de ne pas avoir posté avant ce chapitre, j'ai été plutôt occupée à vrai dire.
J'espère que vous avez aimé ce chapitre !!
Prenez soin de vous ! 🌷)
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