--Mensonge--
Je tripote ma cuillère dorée dans ma tasse de la même couleur, attendant la réaction de Maria.
-Écoute, petit chat, que veux-tu que je te dise ?
Je lève la tête vers ses yeux caramels. Pas les caramels durs mais ceux qui rappellent l'enfance, aussi doux et sucré que mes rêves d'avant.
C'est peut-être pour ça que je l'ai engagée d'ailleurs. Pas que pour son rôle de femme de ménage, enfin si mais aussi pour sa douceur et son accent espagnol.
-Maria...
Elle passe une mèche de cheveux derrière mon oreille.
-Dans tous les cas, personne ne pourra venir ici. Ton père s'en est chargé.
-Le seul truc bien qu'il ai fait.
Marie me fixe durement.
-Ne dis pas ça ! Ton père a fait des erreurs mais c'est ton père. Il t'aime.
-"Il ne faut pas mentir".
Maria me regarde et grimace.
-On ne réutilise pas mes phrases !
J'ai un petit rire et l'ambiance s'allége légèrement.
-Tu devrais rentrer, tes enfants t'attendent.
-Tu ne veux pas les rencontrer ? Depuis, le temps que je t'en parle.
J'ai de nouveau un rire et secoue la tête.
-Que diront Josh et Vanessa quand ils me verront ? Ils pensent simplement que tu t'occupes d'une femme déboussolée alors que tu fais le ménage chez la Beauté Russe d'Italie.
Maria soupire et jete le journal, où mon merveilleux surnom est écrit en gros.
-Tu fais ça pour le bien.
-Tu ne crois même pas à ton propre mensonge.
Elle me regarde du même regard que cette fameuse nuit. Maria ferme les yeux et essuie le plan de travail, déjà brillant.
-Tu vas abîmé le marbre en faisant ça.
Elle s'arrête et pose le chiffon.
-Tu devrais le faire et avec ce gars.
-Quel gars ?
-Yeux-verts.
Je rougis aussitôt, me demandant quand je lui en ai parlé. Comme si, elle avait lu dans mes pensées, elle ajoute.
-Tu ne fais que de parler de lui.
-Non, faut pas abuser.
Maria me fait un petit sourire.
-Tu devrais aller te reposer, vu ta tête...
-Maria !
-Chérie, depuis quand tu n'as pas dormi ?
Je ne réponds pas et me dirige vers les escaliers.
-Je vais me coucher.
Je l'entends soupirer pendant que je monte à l'étage. Les pièces de l'étage sont vides et je passe devant sans m'arrêter. Mes pensées sont centrées sur Alessandro. Peut-être que Maria a raison...
Le miroir dans l'entrée de ma chambre me révèle mon apparence. La chemise en soie blanc souligne légèrement mes courbes féminines.
Enfant, j'aurais rêvé avoir mon corps.
Adulte, je le déteste.
Je perds la notion du temps, somnolant de temps en temps.
"Mensonge
Mensonge
Mensonge"
"Tu mens
Tu mens
Tu mens"
Mes yeux s'ouvrent mais mon regard ne se porte pas sur ma chambre, non mais sur un pièce grise, l'odeur du moisi me brûlant le nez. Je reconnais cette pièce. Un peu trop bien. Un bruit de pas se rapprochent de moi et j'essaie de bouger sans faire de bruits. La corde serrée me brûle les mains et plus je tire pour l'enlever, plus je sens mon sang couler.
-C'est un mensonge Roksana.
À travers mes paupières à demi-fermées, je murmure, pleine de rage.
-Mon prénom est Chiara.
J'entends le fouet claqué près de mon visage, faisant saigner mon oreille.
-Mensonge.
Et le coup part sans que je mis prépare. Je hurle, les larmes coulant sur mes joues.
-Non, non, stop.
-On ne dit jamais d'arrêter mais de continuer.
Et son objet taché de mon sang frappe encore mon corps sans défense.
-Je serai sage, c'est promis !
-Mensonge.
Mon cri explose et résonne dans la cave miteuse.
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Et les coups continuent
Je viens d'avoir neuf ans et mon enfance vient de voler en éclats en même temps que les coups s'abattant sur moi.
¦
Les oreillers sont étalés dans la pièce, la couverture en boule à mes pieds et le lit beaucoup trop grand pour mon corps recroquevillé sur lui même.
Voilà comment je me réveille.
Il y a quelqu'un.
Ma tête se réveille et je me lève essuyant mes larmes. Une sirène d'alarme vient de s'allumer dans ma tête et le cœur au bord des lèvres, je parviens à sortir du lit.
En bas, tout est calme mais la panique qui me torture le ventre est toujours là. Ma gorge est sèche et je m'approche du robinet pour boire. Mon verre s'écrase au sol en même temps que mon regard se pose sur la baie vitrée, ouverte.
Je m'approche, pour ne pas dire courir, vers la grande fenêtre et la referme. Peut-être que Maria a oublié de la fermer.
Je pose mon front contre le verre glacial pour calmer mon angoisse.
Le froissement du cuir de mon canapé me procure la chaire de poule.
Il y a bien quelqu'un chez moi.
Et je vais mourir ce soir, habillée en blanc.
-Tu vas te couper en marchant pied nue.
J'écarquille les yeux et ravale un sanglot, reconnaissant cette voix.
-Tu m'as l'air...chamboulée...
Bien sûr que oui j'ai l'air chamboulée abruti ! T'es chez moi avec tes grosses fesses sur mon canapé !
Il va payer le loyer, rassurez moi ?
Je reste sans voix, mes pensées défilants devant moi.
Je regarde devant moi, la cuisine avec mon pistolet caché dans le tiroir de droite et à quelques pas de moi. Juste quelques pas et c'est bon.
-Qu'est-ce que tu fous chez moi ?
Ma voix est beaucoup plus rauque que je voulais mais j'en profite pour avancer discrètement.
-C'est une longue histoire mais...je peux te prendre une cigarette ? il attrape le paquet posé sur la table basse et en coince une au creux de ses lèvres. Enfin, comme je disais, c'est...
Il s'arrête et me regarde, ses yeux verts écarquillés. Mon pistolet est braqué sur lui mais il semble ne pas l'avoir remarqué, son regard fixé sur mon corps.
-Mes yeux sont en haut, pervers.
Il a un petit sourire au coin en tirant une bouffée de sa cigarette.
-J'aime beaucoup t'admirer, c'est grave ?
-T'es un psychopathe.
Il rit et je me surprends à...aimer ? Je me racle la gorge pour chasser cette pensée sordide.
-Tu n'as pas répondu à ma question.
-J'ai pas eu le temps, tu m'as tenu en joue.
-Raconte-moi ce que tu fais dans ma maison ou je te tire dessus.
-Je pensais que tu l'aurais fait avant.
Je lui lance un regard noir et attends qu'il parle, mon arme pointée sur lui.
-Tu braques souvent un pistolet sur la tête des gens quand ils rentrent chez toi ?
-Personne ne rentre chez moi.
-Je serais donc le premier ?
-Tu seras surtout le dernier.
Il sourit et se réinstalle dans mon sofa. Je recule légèrement pour pouvoir récupérer mon téléphone. Mon seul numéro en tête est celui de Peter.
-Qu'est-ce que tu fais ?
J'ai un sursaut et relève la tête vers lui.
-Je coupe des oignons, ça se voit non ?
Je n'entends pas sa réponse mais mon corps se retrouve propulsé contre le mur. Je sens un objet lourd me tenir en arrière.
-Tu vas m'écouter, mia cara.
Ma main remonte vers l'objet et je sens un manche de couteau accroché mes cheveux.
-Tu viens d'abîmer mes cheveux ?
-Je te payerais un coiffeur.
Il m'a l'air parfaitement à l'aise dans ma maison, comme si j'étais sa prisonnière. Alessandro s'installe sur le plan de travail et me regarde, son menton appuyé sur ses mains tatouées.
De rage, j'enlève le couteau de mon mur et lui lance. Avec un petit sourire, il le rattrape à l'instant.
-Tu viens de vouloir me tuer ?
-Je te payerais une séance chez le psy.
Il rit et passe une main dans ses cheveux.
-Ton nom tourne de plus de plus dans la bouche des gens.
Mon esprit est plus vite capté par ses paroles que par ses yeux verts.
-Et ?
-Tu ne me demandes pas pourquoi ?
-Mmh...non. Maintenant, si tu pouvais sortir par la porte d'entrée...
-Tout le monde sait pour le jeu.
Impossible ! C'est seulement entre La Société et I Pianeti. Non...?
Je déglutis difficilement.
-Je ne te crois pas.
Il me lance une feuille que je rattrape au vol. En effet, plusieurs fois sur la feuille se répète mon nom et le "nouveau jeu".
-Tu veux t'asseoir ? Tu me sembles pâle...
-Ferme-la. Qu'est-ce que tu es venu faire ici ? Tu veux me tuer ou me kidnapper ?
-Te kidnapper ne serait pas une mauvaise idée à vrai dire. Mais je ne te ferai jamais de mal, mia cara.
Je le regarde, luttant contre mon angoisse grandissante dans mon corps.
-Non, je suis venu te proposer mon aide.
-Ton...ton aide ?
-Exactement. Mon aide et celle de mes hommes.
Je le regarde simplement sans l'envie ni la force de lui répondre.
-Je te garantis la sécurité et ta protection où que tu sois.
-Et en échange, je te dois quoi ?
Il me regarde longuement, cherchant ses mots. Il ouvre finalement la bouche pour recracher la fumé de sa cigarette et la referme aussitôt. Son silence m'agace et mon impatience fait surface.
-Je te parle.
Il se contente de me fixer sans aucune émotion sur le visage.
-Je peux avoir un verre ?
Je cligne des yeux, stupéfaite.
Beaucoup de culot mon vieux
Je m'approche du bar et lui tend un verre qu'il remplit d'eau.
-Je m'attendais à un verre Hello Kity.
-Je m'attendais à ce que tu fermes ta gueule.
-Mia cara devient violente ?
Je me mords la lèvre, furieuse et m'apprête à tourner les talons quand il me demande, très calme :
-Laisse moi participer avec toi ?
Je ris sans joie.
-Et pour quoi faire ?
-Ça ne te regarde pas.
-Oh que si.
-Non.
-Si, en plus, c'était une question alors je te dis non. Je te raccompagne à la porte ou tu sors comme tu es rentré ?
Cette fois, je marche en dehors de ma cuisine, mon sang battant à tout rompre contre mes tempes. Pourtant, il me rattrape en quelques secondes et pose sa main autour de mon poignet. Ses yeux me fixent longtemps, détaillant mon visage comme pour la première fois.
Je plonge dans ses yeux verts, moi aussi. Ses yeux aussi clairs que les feuilles du printemps. Mon dieu comme j'aime ce vert... Non, non, non, pas du tout ! Je déteste ce vert tellement moche qu'il me donne envie de rougir.
Sa voix devenue encore plus grave me ramène sur Terre.
-Tu n'y arriveras pas seule.
-Tu ne me connais pas.
-Si, plus que tu ne le crois.
-C'est faux.
-Non, lâche-moi maintenant.
-Mensonge.
Mes yeux s'écarquillent à l'entente de ce mot maudit dans mon esprit. Il me lâche rapidement et recule pendant que je monte les marches de l'escalier à toutes jambes. Finalement, au dernier moment, mes yeux se posent sur lui et je murmure plus pour moi que pour lui :
-Je n'ai jamais eu besoin de personne. Encore moins d'un homme.
Et la porte de ma chambre claque, empêchant la suite de cette conversation.
¦
Plus tard, alors que le sommeil me gagne enfin, j'entends la baie vitrée coulissée et le bruit de l'alarme se remettre en route.
(J'ai choisi d'intégrer une nouvelle personne ! Maria ! C'est clairement, l'une de mes préférées hihi. Bon, vous vous êtes peut-être rendu compte mais ce n'est pas une simple "femme de ménage"... La vraie question est : qui est réellement cette femme et qu'elle est la relation entre elle et Roskana ?
J'attends vos théories avec impatience !
Prenez soin de vous,
Kiss <3)
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