XVI. Un amour éphémère
J'ai l'impression que cela fait des années. Des années que je connais Nick. Des années que je suis assis bêtement au bord du lit à le contempler s'habiller dans la chambre tandis qu'il me jette de rapides coups d'oeil agrémentés de sourire en coin. Je ne sais pas de quoi j'ai l'air en le regardant, mais si l'amour rends aussi niais alors je voudrais demeurer ainsi jusqu'à la fin de ma vie. Pourtant, malgré cette sensation de le connaître depuis toujours et d'avoir appris chacune des courbes de son corps, des positions de ses grains de beauté ou bien des quelques cicatrices qui peuvent y être inscrites, un élément vient me perturber : Nick. Son physique est pour moi une carte sur laquelle je saurais me promener, me repérer même les yeux fermés, mais il n'en reste pas moins que l'homme présent devant moi demeure encore un mystère dans sa plus grande généralité. Je ne sais pas ce qu'il pense, ce qu'il ressent, s'il est heureux d'être ici avec moi. Je ne sais pas s'il m'en veut de l'avoir tirer de force et d'avoir jouer avec ses nerfs pendant plusieurs mois. Je ne sais rien. Je ne sais rien et pourtant, il y a quelque chose de grisant dans le fait de ne pas savoir. D'être ignorant. Peut-être parce que j'ai pris l'habitude des surprises venant chambouler ma vie à force de le fréquenter ou de traîner dans sa sphère. Je ne saurais dire.
Tout ce que je sais, c'est que présentement, le garçon se tenant devant moi est le même que j'ai aimé. Le même dont je suis bêtement tombé amoureux. Le même qui hante mes rêves et fait de mes nuits de douloureuses expériences.
- On pourrait rester là toi et moi et profiter de la chambre, soufflé-je en le voyant boutonner sa chemise.
- L'idée est tentante, me répond-t-il en me regardant amusé, Mais puis-je savoir ce que vous avez fait de Saint Tobias ? Notre saint patron à tous ? Il ne serait pas le premier à aborder ce genre de sujet.
- Peut-être que je l'ai mis dans un coin, le temps de...
Sans finir ma phrase, je me lève, m'approche et l'embrasse, déboutonnant délicatement chaque bouton mit à sa place tandis qu'il se laisse complètement faire, me rendant mes baisers, riant doucement.
- Mais que fais-tu ?
- Je pensais que tu le savais ? N'est-ce pas évident ?
- Mais ce n'est pas prudent, dit-il en caressant mon visage de son pouce
- Pour une fois...Je n'ai pas envie d'être prudent. J'en ai marre d'être celui qui l'est pour nous deux.
- Oh ! Alors tu vas devenir un vilain garçon comme moi ? Tu sais que je ne suis pas un exemple de conduite Tobias.
- Je m'en fiche. Tais-toi.
Nick m'avait manqué. Ses caresses. Son rire. Ses baisers. Tout chez lui m'avait manqué. Nos échanges. Nos ébats. Tout.
Habituellement, je l'aurai prit pour acquit. Je me serais convaincu par je ne sais quelle méthode que cet homme que je tenais dans mes bras allait y rester, que c'était ma façon de le retenir contre moi, de ne l'avoir que pour moi, mais je savais que la réalité de la vie allait différée de mon point de vue ou bien même de mes désirs. J'avais appris par de douloureuses expériences que rien dans la vie n'était acquit. Qu'à tout moment quelque chose pouvait nous être brutalement arraché et qu'on se retrouverait dépossédé des choses qui nous sont les plus précieuses. Je le savais et je savais que ceci s'appliquerait à Nick.
Car Nick n'a pas changé pour moi, c'est moi qui me suis adapté à lui. Depuis le début. Il a toujours su ce qu'il voulait et où sa vie le mènerait tandis que moi, je n'en avais pas la moindre idée. J'étais paumé. J'ai toujours été paumé en fait.
Je pensais que je ferais de grandes études, que je trouverais un boulot dans lequel je m'enfermerais et que cela suffirait. Et c'était le cas. L'idée suffisait à me faire vivre, mais pas à me rendre totalement et pleinement heureux. A quoi bon vivre si ce n'est pour s'enfermer dans une bulle sans rien ressentir ? Je ne voulais pas de cette vie toute tracée. Je voulais une vie que je vivrais à fond, sans aucun regret.
Et j'ai trouvé cette vie aux côtés de Nick et de ses pulsions que je peinais grandement à suivre.
Attrapant une cravate dans l'armoire à portée de bras, je le pousse jusqu'au lit avant de les attacher, continuant à détourner son attention tandis que soudain, ses jambes entourent ma taille et viennent me faire basculer, inversant ainsi nos deux positions ce qui eut le mérite de le faire sourire à pleines dents.
- Tu sais que je n'ai jamais été très friand du dessous.
- Pourtant, cette fois, c'est moi qui décide qui est où ! rié-je en réinversant de nouveau nos deux corps.
- Tobias, je...
- Chut...Tu parles beaucoup trop.
J'aimais ce garçon pour ce qu'il représentait pour moi : un danger. J'aimais tout ce qu'il me faisait ressentir. J'aimais tout ce qu'il me poussait à faire. Quelque part, le fréquenter m'a permit de me découvrir. Moi qui pensais n'être qu'un mec coincé dans sa bulle, dans son carcan, il s'avérait qu'il y avait dans les profondeurs quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui ose. Quelqu'un qui agit. Quelqu'un qui dit les choses. Tout ce que je n'ai jamais pu.
J'aimais ce garçon pour ce qu'il était : Un amour sincère mais éphémère.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top