XIX. Redonner du sens à sa vie
Voilà bientôt près de deux semaines que je n'ai eu aucune nouvelle de Nick et je ne peux hélas dire que c'est pour le mieux. Néanmoins, je ne pouvais décemment pas continuer à vivre de cette façon en m'accrochant à l'image ou tout du moins au souvenir que je me faisais du seul gars qui m'a un jour tendu la main. Je devais bien des choses à Nick, j'en avais conscience, mais je ne pouvais me résoudre à continuer à lui tendre la main s'il n'était pas lui-même décidé à la saisir. On ne peut aider quelqu'un qui ne souhaite pas l'être au fond. C'est triste, mais c'est ainsi.
Dans la vie, nous faisons tous des choix plus que discutables, critiquables et tout à fait questionables d'un point de vue strictement moral, mais l'important est au moins d'en faire. D'essayer. De vivre ensuite avec les conséquences de ces derniers et d'aller de l'avant. Mais voilà, Nick ne souhaitait pas aller de l'avant et j'ai eu du mal à l'admettre. Même si je le savais depuis longtemps, une petite partie de moi s'accrochait. Etait-ce par amour ou par pure folie ? Je ne saurais dire, mais tout ce que je sais à présent, c'est que tout ceci, tout ce joyeux bordel, ne peut plus durer.
Je ne suis pas un combattant. Je ne suis pas Nick. J'aspire à une vie simple, remplie de choses ennuyeuses et banales desquelles je me lasserais rapidement. J'aspire à une vie de calme après ces derniers mois remplis d'événements et surtout, j'aspire à une vie où j'aurai peut-être un minimum de respect pour moi-même car si j'avais su, oh oui si j'avais su, jamais je ne serais allé trouver Nick et jamais ô grand jamais je n'aurai signé ce fichu contrat sans même le lire. Quel genre d'abruti fait ça ? Quel genre de mec désespéré oublie ne serait-ce que la base ? C'est facile de regretter quand le mal a déjà été fait, si tentait qu'aujourd'hui, en bon ingrat que je suis, je peux appeler ça un «mal». Nick était...est bien des choses pour moi, mais ce n'est pas le mot que j'utiliserais pour le qualifier. A dire vrai, je ne sais même pas quel mot, quel adjectif, je pourrais utiliser pour lui. Il est têtu, borné, imprévisible, impulsif, caractériel, il a une tonne de défauts et pourtant il est attentionné, doux, attentif, courageux et...
- Je ne suis qu'une sombre merde...
Un soupire m'échappe tandis que vient l'instant où je regrette presque chaque mot que j'ai utilisé contre lui lors de notre dernière conversation. Cependant, je ne regrette pas d'être partie et c'est cette partie qui me dérange le plus. Quelque part, je me sens libre comme si l'on venait de me débarrasser d'un poids et en même temps...Je me sens affreusement coupable pour un crime que je n'ai même pas commis si ce n'est celui de pêcher par amour. Est-ce seulement possible d'aimer une personne et en même temps de s'en vouloir de le faire ? Est-ce seulement possible que de vouloir s'accrocher et en même temps de souhaiter plus que tout au monde de lâcher prise ? Au fond, c'est peut-être bien moi qui a un souci dans la tête et c'est peut-être bien moi le plus gros débile de l'histoire.
- Laisse tomber Tobias. Laisse tomber. Te torturer l'esprit n'y changera pas grand chose. Après tout, qui t'es pour vouloir changer les choses ? Une sorte de super-héros ?
Il est probablement là le soucis. Peut-être que je souffre du syndrome du super-héros et qu'une partie de moi est convaincue que je peux encore le sauver, le tirer de ce mauvais pas et l'emmener loin de ses démons. Dieu que je suis con !
Je me mettrais des baffes si cela était possible.
Jetant ma canette dans la poubelle la plus proche, je quitte le banc du parc dans lequel j'avais trouvé refuge pour mettre mes idées au clair et je crains que cela n'ait absolument rien changé. En même temps, faut sacrément être débile pour se dire qu'une petite promenade à deux heures du matin, ça permettrait d'avoir les idées plus claires. Je n'ai jamais été aussi paumé et embrouillé de toute ma vie tout en ayant la sensation de savoir presque où je vais.
La première étape consisterait à reprendre ma vie là où je l'ai laissé avant Nick. Si tentait que j'ai encore un semblant de vie à reprendre. Je devrais probablement quitter la ville et me faire tout petit, me faire oublier et oublier tout ceci. Peut-être que je devrais faire ça et laisser le temps faire son oeuvre car après tout, il paraît que ce dernier permets de tout oublier quand on y mets un peu du sien.
Alors je devrais commencer maintenant.
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