XIII. Marquer son territoire
Je déteste les lits trop grands. Il n'y a qu'un côté chaud et dès qu'on étend un tant soit peu la jambe, tout le côté froid nous revient dessus.
Froid.
Quand j'ouvre un œil, je me rends compte qu'il fait encore noir dans la pièce, mais que Nick a déserté. Forcément, j'aurais dû m'en douter. Comme s'il allait rester, il a eu ce qu'il voulait. Je suis con. Je me suis fait avoir. Je suis bêtement tombé dans son petit piège.
« Qu'est-ce que... »
Sur la table de chevet, il y avait un verre d'eau, un mot et deux cachets.
« Tu sais quoi faire si tu as mal où tu sais !
PS : Tu es tout mignon quand tu veux »
Je le déteste. Je le déteste vraiment. Qu'il aille brûler en Enfer !
Néanmoins, toutes les images de la nuit me sont revenues d'un coup à la figure et il y eut de quoi faire rougir plus d'une jeune fille. Comment peut-on... Comment a-t-il pu me faire ça ? Ça relève de la prouesse sportive.
Malgré la gêne et la douleur qui se fait ressentir, je n'en reste pas moins admiratif. Sans doute, je ne suis pas son premier.
Ah.
« Quand tu te lèves la tête dans le cul, tu as forcément des idées de merde Tobias. »
N'empêche, je suis incapable de me lever pour l'instant. Je ne sais pas si c'est l'effort, la douleur ou une juste combinaison des deux, mais je reste allongé dans le lit sans rien pouvoir faire.
« Good morning sunshine ! Tu as bien dormi ? »
Et juste au moment où je pensais que ça ne pouvait pas être pire, Nick est appuyé contre la porte de la chambre, torse nu, portant seulement un jogging révélant l'élastique de son caleçon. Ça, et son sourire énervant qui dévoile sans aucune honte qu'il est fier de lui.
« Je te déteste ! T'es qu'un...
— Trou du cul ? Hmmm, je vais prendre ça pour un compliment. Tu comptes faire l'otarie au lit toute la journée ?
— À cause de qui je suis temporairement handicapé, hein ?
— Pas moi. Ce n'est pas moi qui en redemandais à chaque fois ! Hé, je te rappelle que moi aussi j'ai eu une nuit éprouvante ! T'es pas le seul. Éprouvante, mais très plaisante. »
Il rit et j'ai soudainement envie de m'enterrer sous le drap.
« Qui aurait cru que le petit Tobias se défendrait aussi bien au lit ?
— Je t'emmerde. Arrête de parler de ça, gros pervers.
— Liberté d'expression mon gars. Donc, tu vas rester couché longtemps ? Sauf si bien sûr tu as besoin d'un coup de main pour...
— Je t'arrête de suite ! Reste où tu es. Je peux très bien me lever. »
Oui, ça, je peux le faire, me redresser et marcher comme un canard boiteux, c'est totalement dans mes capacités.
« Je ne sais pas ce que je préfère. Te voir dans la souffrance et te voir te balader tout nu juste sous mon nez...
— Crois-moi, je me vengerais pour ça !
— Oh, mais alors là... Quand tu veux ! Je suis ton homme. Bon, quand tu arrêteras de faire ta fillette endolorie, tu viendras prendre le petit-déj' ! Je t'attends en bas. »
Parce qu'en plus je dois manger en face de lui qui se balade allégrement sans aucune impunité dans une tenue totalement provocatrice ?
Concentre-toi Tobias. Tout ça, ce n'est qu'un jeu pour lui et tu le sais. Il cherche à te faire sortir de tes gonds, sauf que ça ne prendra pas deux fois. Maintenant, tu sais de quoi ce psychopathe est capable.
En arrivant dans la salle de bain, j'eus presque peur face à mon propre reflet. J'ai des cernes énormes, on dirait des poches. Mon Dieu, ne pas dormir du tout serait certainement revenu à la même chose.
Tiens... C'est quoi cette marque-là...
Oh mon...
« NICK !! GROS DÉGOUTANT !!! »
En descendant, je le retrouve dans la salle à manger en compagnie de Rachel.
« J'en connais un qui s'est levé du pied gauche. Tu as une aura toute noire mon pauvre.
— Tu as osé me faire un suçon !
— Je me disais que le contrat, ça faisait un peu léger comme signe d'appartenance. Ça, c'est vachement mieux ! Et puis oh ! Tu veux parler de marque ? »
Il retourne son bras et me montre une marque de dents.
« T'es pas mal dans le genre ! Cannibale va !
— Ce... Ce n'est pas moi.
— Ah ouais ? J'ai beau être souple, je ne peux pas atteindre cette partie-là de mon bras et je ne suis pas assez masochiste pour aimer me mordre tout seul.
— En même temps, faute à qui ? Avec tout ce que tu m'as fait...
— OK, disons que nous sommes quittes pour cette fois. Chacun sa blessure de guerre, moi ça me va. Ça disparaît sous un tee-shirt ou une chemise, mais toi...
— Ne pouffe pas de rire ou je te balance le croissant à la figure.
— On te mettra une écharpe !
— En plein été ? Mais bien sûr !
— Rachel a du maquillage, on lui piquera son fond de teint ou un truc du genre. Détends-toi. »
Comment est-ce que je pourrais me détendre ? Cette histoire est partie trop loin. En une nuit, tout m'a échappé et tout a dérapé. Ce n'était pas censé se passer comme ça.
Je ne devais pas... Pas avec lui... C'était ce que je m'étais promis.
« Bon, j'ai des choses à faire. Tu t'occuperas tout seul.
— Tu sors ?
— Oui. »
Comment un supposé étudiant peut autant sécher les cours et faire ce qui lui plaît ? Et sa famille ? Il n'y a personne pour lui tirer les oreilles de temps en temps ?
« Je te ramènerais un cadeau si tu es sage.
— Va mourir. Je n'ai pas besoin de tes supposés cadeaux.
— Ahaha ! T'es mignon quand tu es en colère. Si tu veux continuer à ce que l'on a fait hier soir dès que je rentre, pas de soucis ! En attendant, Rachel te donnera de l'occupation. Hors de question que tu restes un misérable escorte. Il est temps que tu prennes des cours. »
Des cours ? Ah parce que y'a un guide du « parfait petit escort » ?
« Fais bien tes devoirs aussi ! Enfin si tu tiens le rythme. »
Qu'est-ce que c'est censé vouloir dire ?
« Ici, quelqu'un vous attend. »
Rachel m'ouvre la porte de la bibliothèque quand une silhouette se dessine près de la fenêtre. L'habituel et traditionnel costume noir hein ?
« Tiens, un visage familier ! Yo Tobias, ça faisait longtemps !
— Nathan ? »
Je rêve, qu'est-ce qu'il fout ici ?
« Sur la demande de Nick, je serais ton prof particulier ! Ou un truc du genre »
Il me claque les fesses et se met à rire avant de se distancer légèrement de moi, me regardant avec plus de sérieux.
« J'espère que tu es prêt. »
Non, clairement pas.
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