IV. Le loup et l'agneau

C'est démesurément grand.

Les couloirs se ressemblent, les portes sont toutes les mêmes et je me demande si j'étais capable de retrouver mon chemin vers la sortie sans faire appel à Rachel qui se balade dans ce labyrinthe avec une facilité déconcertante.

« C'est ici. »

Nous y voilà.

Quand elle allume l'intérieur de la pièce, j'en tombe presque sur le cul. Cette chambre fait certainement quatre fois la taille de celle que j'avais sur le campus. C'est abusé.

« Vous trouverez la salle d'eau dès la première porte à droite. Il y a une télévision haute définition et vous trouverez une télécommande près du lit. Appuyez sur le bouton central si vous souhaitez à manger. »

Sérieusement ? Un room service ? C'est une maison ou un palace ?

« Surtout, ne vous privez pas ! Nous sommes là pour rendre votre séjour plus confortable.

— Merci. »

Au moment où elle s'apprête à partir, je me surprends à la retenir.

Mais lâche-la, triple buse !

« Dites... Où est la chambre de Nick ?

— La chambre de monsieur est de l'autre côté de la maison, vous voulez que je lui transmette un message ?

— Non, non surtout pas ! Simple curiosité. »

Je voulais juste savoir si ce psychopathe dormait loin de moi ou pas. Me voilà rassuré.

« Bonne nuit alors.

— Bonne nuit. »

Refermant la porte, j'inspecte la pièce en me demandant comment j'ai pu me laisser embarquer dans une telle histoire.

Avec cette journée de malade, je suis tombé sur le lit comme une masse, sans prendre la peine de me déshabiller ou même d'enlever mes baskets. J'ai juste besoin de faire une pause. Une pause sur tout ça. Sur toute cette merde.

Quand j'ouvris les yeux, la première chose que j'aperçus fut le visage de Nick juste au-dessus du mien, à quelques centimètres.

« Bonjour mon petit bouton d'or ! »

Un cri m'échappe tandis que je me redresse brusquement.

« Je savais que je te faisais de l'effet, mais à ce point-là...

— Qu'est-ce que tu fous là ? Comment t'es entré ? J'avais fermé la porte à clé !

— Sage enfant ! Je vois que tu écoutes malgré tout. Pour ton info, tu es ici chez moi, j'ai les doubles de chaque chambre. »

Il secoue le trousseau de clés juste sous mon nez en gloussant alors que mon cœur tente de se remettre petit à petit de ce violent réveil.

« T'es vraiment pas bien. Faut te faire soigner.

— Hé... Je n'ai rien fait. Arrête de paniquer pour un rien ! Sérieusement, si t'es une telle poule mouillée, comment on va faire ce soir, hein ?

— T'es venu me parler de ça ? Sérieusement ?

— Entre autres, mais principalement vérifier que t'es bien installé ! Bon par contre baver sur les oreillers, c'est moins mignon.

— Je t'emmerde.

— Tu me brises le cœur. Bon, petit déjeuner au lit ou à table ?

— Rien du tout ! Je m'en vais ! »

Je saute du lit, tentant de reprendre mes esprits sans que ce dernier ne daigne bouger ses fesses. Il me regarde. M'observe. Souris.

« Très bien. Tu t'en vas. »

Donc il me laisse partir ?

« Pour aller où au juste ? On peut savoir ? »

Je m'arrête au milieu de la pièce, laissant un blanc entre nous.

« T'as nulle part où aller Tobias. T'as perdu ta bourse, ton logement, t'as pas un sou en poche. Tu veux faire quoi ? Vendre ton corps ?

— C'est pas ce que tu me demandes de faire déjà ? Ça revient au même, non ? »

Si, jusqu'à présent, Nick semblait totalement amusé, voire enjoué, par la situation, à cet instant, j'ai vu son regard s'assombrir, perdant sa lueur jusqu'alors pétillante.

Il se lève, fait quelques pas vers moi et tel un réflexe, comme si mon corps savait qu'un quelconque danger s'avançait vers lui, je me mets à reculer.

« Tu crois vraiment que je te demande de faire la pute ?

— Je n'en sais rien. Dis-moi.

— Non ! Bien sûr que non ! Sérieusement, t'as quelle image de moi en tête ?

— Écoute, tout ce que je sais, c'est ce que tout le monde dit, OK ?

— Donc t'es un mec aux "on dit". Tu crois les rumeurs ? T'es pas assez intelligent pour te faire ta propre opinion ?

— Tu l'as dit toi-même, c'est un deal gagnant-gagnant. Je fais ça, tu me payes et l'on ne se reverra plus jamais.

— T'es comme tous les autres. Tu viens la queue entre les jambes, tu me supplies presque de t'aider et au final, tu veux juste du fric.

— Oh ? Je t'ai brisé le cœur ? Tu vis dans un palace à toi seul ! Je suis sûr que je ne ferais pas un gros trou à ton petit porte-monnaie.

— T'es vraiment qu'un trou du cul, Tobias.

— Avant de me juger, essaye d'en baver comme moi, après on verra. »

Sans se priver et sans crier gare, Nick me pousse d'une main sur le canapé derrière moi et avant même que je n'eus le temps de me relever, vient s'asseoir sur mes genoux.

« Pousse-toi de là !

— Pourquoi ?

— Arrête ça !

— Mais je n'ai rien fait... »

Il passe sa main sous mon tee-shirt, la faisant remonter doucement, délicatement, s'arrêtant à hauteur de mon torse.

« Waw ! T'as le palpitant qui s'emballe, c'est mignon. »

J'essaye de me dégager, de le repousser, mais je n'y arrive pas. Étrangement, Nick fait preuve d'une force incroyable et me maintient totalement sous son emprise.

« Le loup et l'agneau. Tu connais l'histoire Tobias ? »

Hors de question que je me fasse bouffer tout cru.

Pas ici. Pas contre lui.

Ma tête bascule en avant, lui assénant un fantastique coup de boule qui manque de m'assommer au passage, le faisant tomber à la renverse et je profite de ces quelques secondes pour m'enfuir de la chambre.

« T'es vraiment qu'un connard Nick ! »

Je n'aurais jamais dû venir le trouver. Ce fut l'idée la plus conne que je n'ai jamais eue et on ne m'y prendra pas à deux fois.

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