CHAPITRE 9 - Les Sephiroth


— Nous avons été dix rois. Dix puissances colossales. Nous avions pour but de veiller sur les ombres, nos frères et nos sœurs. Nous étions une façon de leurs donner une chose en quoi croire. 

Il ne répondait pas à ma question, mais je ne relevai pas. La discussion partait sur un terrain qui m'intéressait d'autant plus. 

— De donner espoir ? répétai-je. Que veux-tu dire par là ? 

— Les ombres sont des êtres délicats, fragiles et sombres. Elles sont guidées par la rancœur, la haine. Nous devions leur donner espoir de par notre présence. C'était un peu comme si elles avaient quelqu'un sur qui compter. C'était quelque chose d'unique et d'important. 

— Était ? Ça ne l'est plus ? murmurai-je devant son visage peiné. 

— Il y a peu, elles se sont échappées ou plutôt, enfuies. Elles étaient terrifiées, perdues, accablées. J'ai failli à ma tâche. 

— Tu étais le dixième roi, compris-je. C'était toi qui devais veiller sur eux. C'est pour ça que les ombres ont fait apparition dans notre monde. 

Le bleu céruléen de Tiphareth se ternit par la tristesse alors qu'il commençait à marcher près des statues. Je le regardai faire, attristé par ce qu'il racontait. 

—Je veillais sur eux, comme ceux qui m'ont précédé. Mais un jour, elles se sont mises à hurler et sont devenues folles de chagrin. Elles se sont sauvées, partant à la recherche de quelque chose ou... de quelqu'un, souffla-t-il en ancrant son regard sur moi. 

— Tu ne peux pas partir d'ici pour les trouver ? 

Il fit un signe négatif de la tête puis il s'arrêta devant la statue sur le trône. 

— De « rois » nous n'avions que le nom. Nous étions connus comme les Sephiroth, l'équilibre central de Naeïhimssö. Nous étions des gardiens, chacun de nous dominés par un but, un sentiment à transmettre afin de remettre les ombres sur le droit chemin, autrement dit, une Sephira, expliqua-t-il. 

— Une Sephira ? demandai-je. Je ne suis pas sûr de comprendre. 

— Les Sephiroth étaient dix puissances créatrices car chacun de nous était conquit par une énergie. La Sephira, justement, était l'énergie dont nous avions hérité. 

— Comment obteniez-vous votre Sephira ? 

Il eut un sourire mélancolique et caressa de ses yeux la statue majestueuse. Il se perdit un moment à la contempler mais revint rapidement sur terre. 

— C'est lui, dit-il en pointant la statue, qui nous l'as donné. Au commencement, lorsqu'il a vu ce qui arrivait à ceux qui étaient plongés dans les ténèbres, il a décidé de mettre en place un moyen pour les sauver. Chacune des... 

— Sephira, terminai-je pour lui. Vous aviez pour mission de transmettre votre Sephira aux ombres afin qu'elles réapprennent à vivre dans la lumière. 

Il se retourna vers moi, surpris, mais un sourire naquit sur ses lèvres avant qu'il ne retourne son regard vers la statue. 

— C'était le but, oui. Alors, il nous a choisi selon ce qu'il voyait en nous. Une centaine d'années après sa quête de nous trouver, nous étions réunis. Dix êtres, tous différents les uns des autres, mais qui pourtant, étaient unis par les fils du destin. Nous avons prêté serment. Nous lui avons promis de l'aider dans son désir d'aider les ombres, et en échange, il nous a donné nos Sephira. 

—Vous étiez tous heureux, n'est-ce pas ? demandai-je avec un léger sourire. 

— Oh, oui. Tellement heureux qu'il en était impossible de ne pas sourire. Chacune des dix Sephira que nous avions reçues étaient l'émanation d'une de ses énergies. Nous avons festoyé ce jour-là et pendant des jours durant. 

Il laissa un rire lui échapper sous le flot des souvenirs lui revenaient. Je le regardai, rêvant qu'un jour, moi aussi, je pourrais être aussi heureux face à un sourire. 

— Mais lorsque nous avions commencé notre chemin pour réussir la mission qui nous avaient été donnée... tout... Ou plutôt, rien ne s'est passé comme prévu, souffla-t-il. 

—Pourquoi ? 

— Les ombres n'écoutaient personne hormis lui, et lui ne pouvait pas toutes leur apprendre ce qu'il savait. Elles étaient comme des enfants avec lui. Elles en oubliaient toujours leur chagrin, leur rancœur, tous leurs maux et c'était un spectacle magnifique. 

— Elles n'agissaient pas ainsi avec vous ? 

— Non. Avec nous, elles n'étaient que chaos. Elles étaient toujours en train d'agonir, d'hurler... C'était tellement horrible à voir qu'il a décidé d'arrêter. 

— Il a préféré arrêter maintenant que continuer et vous faire souffrir vous avec, murmurais-je le cœur lourd. 

Tiphareth m'accorda un regard peiné tandis que les larmes menaçaient de tomber à tout moment. 

— On a essayé de changer son choix. On a voulu réessayer. On a vraiment tout fait pour qu'il puisse compter sur nous. Mais pendant un temps que je jugeais interminable, il a cherché une solution seul. Et un jour... un jour, il a déclaré le premier roi : Kether dont la Sephira était la couronne, autrement dit, la Royauté. 

— Et après ça... ? 

— Après ça, il a disparu pendant un moment et Kether a dû veiller pendant de longues décennies sur ce lieu. Nous avons tenté de l'aider, mais le roi de ce lieu doit porter un lourd fardeau, parfois même, bien trop lourd pour être supporté. 

Je voulais lui demander qu'en était-il, mais... je ne pouvais pas. Les mots ne franchissaient pas mes lèvres, comme si mon corps entier me suppliait de ne pas savoir. 

— Il est revenu un beau jour et a retiré la responsabilité à Kether. Celui-ci a disparu et on ne l'a jamais revu. Il a élu le deuxième roi : Hokhmah qui avait pour Sephira la Sagesse. 

Finalement, ses larmes commencèrent à couler face à ce récit du plus triste. 

— Et il est reparti. Ça a duré ainsi pendant longtemps, très longtemps. Le scénario s'est répété pendant une éternité. Le temps a défilé et nous voici aujourd'hui. 

— Mais... avec les rois précédents, les ombres ne sont pas parties, alors... Pourquoi maintenant ? questionnai-je, perdu.

— Parce que son Altesse était toujours vivant, annonça-t-il sombrement. 

Mon sang se gela et mes yeux commencèrent à me piquer. Cela voulait dire que... 

— Alors, il est... 

— Mort. Les ombres sont devenues folles de chagrin en sachant qu'il ne reviendrait pas. Ce qui les retenait ici, c'était qu'elles savaient qu'un jour, peu importe quand, il reviendrait. Il revenait toujours à la maison. Mais... il est mort. 

— Comment est-il mort ? Soufflai-je. 

— Je ne sais pas, murmura-t-il. 

— Alors comment sais-tu qu'il est... 

— Parce que ma Sephira n'est plus... (Sa voix se brisa soudainement.) Je n'ai plus sa Sephira. 

— Je suis... je suis désolé... 

— Ce n'était pas la première fois. Mais cette fois-ci... Cette fois-ci... tout a été différent. 

Je ne compris pas ce que cette phrase voulait dire et je n'avais pas la force à le lui demander. Ses larmes ne se tarissaient plus et mon cœur me faisait atrocement mal. 

— Les ombres ont mis quelque temps à comprendre ou plutôt, à réaliser. Mais quand elles ont compris, elles sont restées sur son trône longtemps. Elles pleuraient, sanglotaient. Elles le suppliaient de revenir, de ne pas les abandonner. Mais... il n'est jamais revenu. Alors, quand elles ont compris cela, elles sont toutes parties dans l'espoir de le trouver dans le monde des mortels. Elles avaient tellement espoir que je n'ai pas eu le cœur à leur dire que c'était impossible. 

—Alors, c'est pour ça qu'elles sont... c'est horrible... Elles attendent quelqu'un qui ne pourra jamais revenir. Elles l'aimaient tant... 

Tiphareth tourna le dos à la statue à contrecœur, son regard luttant pour la quitter des yeux. Et quand finalement il réussit, un sanglot des plus déchirants franchit ses lèvres. 

—Nous l'aimions tous. Il était tout ce qu'il y avait de plus beau en ce monde. Il était tout ce que nous avions de plus précieux. 

—Je... pardon... J'ai ravivé tellement de mauvais souvenirs. 

Je m'approchai de lui, timide et peiné, l'eau obstruant ma vue. Je m'arrêtai devant lui et enlaçai sa taille du mieux que je pus de mes petits bras frêles. Il s'accroupit à son tour et m'enlaça de ses bras. Je me laissai aller à l'étreinte et caressai son dos, ses cheveux. Mes gestes étaient doux, tendres. Ils étaient fait pour rassurer, pour soutenir. 

Je jalousai « Son Altesse ». Je le jalousais tellement ! Moi aussi je voulais être aimé comme il l'avait été. Je voulais être ivre d'amour. 

— J'ai regagné espoir. Ce n'est qu'une question de temps, désormais. 

Je hochai simplement la tête. Je ne pouvais rien faire de plus, rien dire de plus. Les questions s'enchaînaient dans ma tête et me brûlaient les lèvres. 

— Posez-les, sourit Tiphareth. 

Ses dernières larmes coulèrent et je glissai mes doigts salis sur ses joues avec une hésitation visible. J'essuyai sa peine et baissai les yeux. Pouvais-je réellement poser mes questions ? Il m'avait donné le droit, mais... moi, je ne voulais pas raviver sa douleur. Je ne savais rien de ce qu'il ressentait. Je n'en savais rien parce que je n'avais jamais reçu l'amour de quelqu'un. 

Je n'avais jamais aimé. Je n'avais jamais su ce que perdre quelqu'un que l'on aimait plus que notre vie pourrait provoquer. 

Que ce soit dans notre cœur, notre âme ou même sur notre corps ? Était-ce réellement de simples mots ou mourrait-on réellement à petit feu ? Est-ce que cela voulait dire qu'un feu lent et intense nous dévorait à l'intérieur ? Qu'est-ce que cela faisait d'aimer ? D'être aimé ? Pourrais-je un jour le savoir ? 

Ô toi... Toi qui avais été tant aimé qu'ils en meurent à petit feu. Toi qui a eut un but à poursuivre et qui n'a rien lâché jusqu'à ta mort. Toi qui savais ce que tu voulais et qui vivait pour ceux qui t'aimaient sans oublier ce que toi, tu voulais. Oui, toi ! Dis-moi comment suis-je censé faire pour te ressembler un tant soi peut ? Aide moi...






Bonjour bonjour !

Et voilà le nouveau chapitre ! Je sais qu'il y a beaucoup de nom, de chose à retenir mais tout sera détaillé beaucoup plus tard. Nulle inquiétude si vous ne vous en souvenez pas !

Sinon, comment avez-vous trouvé ce chapitre ? Le fait que le roi de ce lieu soit finalement mort ? Que ce soit la raison pour laquelle les ombres se sont retrouvées à la surface ?

Courage à moi ! Plus que quelques jours à tenir avant les vacances, après deux mois d'examen, c'est mérité...



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