CHAPITRE 14 - Fée
— Tu as décidé de ce que tu allais faire ?
Je fis un signe négatif de la tête, prouvant en cet instant tout le désarrois que je renfermais avant de me retourner vers lui. Je laissai un soupire m'échapper et cela lui arracha un rire franc.
— C'est rare de te voir soupirer, souris celui-ci.
— Je ne sais pas quoi faire.
Son sourire disparut et il s'approcha de moi en posant une main bienveillante sur mon épaule. Il fit mine de réfléchir avant de hausser les épaules avec nonchalance.
— Tu trouveras toujours quoi faire. Nous avons tous confiance en toi et nous savons que tes décisions sont toujours prises dans notre intérêt. Tu as le savoir. Tu l'as toujours eu.
— Et si je venais à me tromper ? Et si le choix que je prenais en viendrait à nous plonger dans des ténèbres encore bien plus noir ? Demandai-je.
Ces yeux gris me fixèrent avant qu'il n'ouvre grand les bras, comme pour porter le monde. Je le regardai faire, curieux et il rejeta la tête vers l'arrière en prenant une grande inspiration.
— Les ténèbres sont notre maison. Je suis certain que nous survivrons, commença-t-il, mais si tu en viens encore à douter... Dis-moi de qui les ténèbres, se sont-ils épris ?
Je frissonnai face à cette phrase qui avait le terrible pouvoir de terrasser mon être et un sourire naquit sur mes lèvres. Ces yeux jaunes s'ancrèrent aux miens et il me tendit une main. Je saisis celle-ci avec une confiance aveugle et il laissa ces émotions m'envahir, comme un seul homme. Notre contact se renforça alors que notre magie fusionnait l'une à l'autre.
— Les ténèbres t'ont toujours écouté. Elles continueront de le faire. Prends la décision que tu souhaites, quoi que tu fasses, nous te suivrons les yeux fermés, comme des aveugles. Je crois en toi autant que les mortels croient en leurs dieux.
Je me réveillai en sursaut, à nouveau. Encore un rêve ?
— Qu'est-ce qu'il m'arrive... ?
Je voyais comment les choses se passaient. J'étais dans la peau de cet elfe dont je ne voyais rien. Je ne savais rien de lui et pourtant, j'étais lui.
C'était le deuxième rêve que je faisais et dans les deux, cet elfe était différent. Il était passé d'un elfe cruel à quelqu'un de réfléchi, qui savait où chaque pas le mènerait. Était-ce ainsi en fonction de la personne qu'il avait en face de lui ? Eux, dont je ne connaissais rien et qui n'avaient que des yeux perçants au détriment d'un visage flou ? Qui étaient-ils tous ? Quel était le lien avec moi ?
Plus je me questionnais, plus je me sentais perdu. J'avais besoin de savoir qui était cet homme, et même... Je ressentais de plus en plus le besoin de voir si les livres que nous avions en notre possession parlaient de Naeïhimssö. Ce royaume était-il inconnu de tous ou avais-je simplement été inculte toutes ces années ? Et puis, avais-je au moins le droit d'aller dans la bibliothèque ?
Je tins fermement mon cœur en prenant grand soin de respirer. L'odeur florale qui émanait de moi emplissait mes narines et je soupirai de bien-être. Cet arôme me plaisait et me rappelait quelque chose d'inconnu. Je ne m'étais jamais sentit aussi pure de toute ma vie, ce qui était ironique. Certes, je n'étais pas lavé de mes péchés, mais au moins de la saleté.
Je frémis lorsque l'une de mes mèches caressa mon visage. Je la glissai derrière mon oreille en fermant les yeux, profitant du silence.
— Alors c'est toi l'enfant qu'on dit damné dans nos terres.
Mes yeux s'ouvrirent brusquement alors que mon coeur fut pris d'une panique sans nom. Mes yeux tombèrent sur quelque chose pour le moins... inattendu.
— Une... Une... Tu es... Une..., balbutiai-je sans marche.
— Fée ? termina la petite voix.
— Comment c'est...
— Possible ?
J'acquiesçai vivement de la tête incapable de dire un mot alors que mes mains agrippaient les draps avec une force douloureuse. J'observai la petite... Fée face à moi.
Elle faisait tout juste la taille de ma main. Elle avait une peau d'un gris mercure et des reflets argent, semblables aux rayons de la lune décrit mainte fois. Ces yeux étaient entièrement d'un blanc albâtre, que ce soient ces pupilles ou ces iris, lui donnant ce côté mystique. Ces oreilles, bien que longues, étaient légèrement arrondis vers le haut et étaient presque collés à ces tempes. Ces cheveux, eux, étaient mi-longs et de la même couleur que l'anthracite à l'état brute.
La petite fée qui était en suspend dans l'air d'une façon que je ne parvins pas à comprendre et donc à expliquer, vint sur mes jambes et y croisa les siennes. Elle me sourit et croisa ses bras sur sa poitrine avant d'éclater d'un petit rire franc qui me donna un baume au cœur. C'était un ressentit étrange d'avoir entendu cela, si courant, mais si important à mon palpitant.
Je retins un sourire. Cette irrésistible envie de rire à mon tour juste à l'entendre me prenait aux tripes. C'était une petite voix haut perché et contre toute attente, elle n'était pas désagréable à entendre.
— Je croyais que tu serais aussi grand que les montagnes. Aussi sauvage qu'un fauve. Aussi cruel que... Enfin, tu as compris l'idée !
— Que... Pourquoi es-tu là ? Soufflai-je.
— Je te l'ai dis. Enfin, indirectement. Je me voulais voir ce dont parlait les miens.
— L'enfant damné, répétai-je sombrement. Pourquoi m'as-tu appelé ainsi ?
Le sourire de la petite fée s'effaça et elle afficha un air surpris. Des petites particules brillantes se mirent à sortir d'elle et elle me regarda, gênée.
— Dis moi.
— Des créatures étranges ont fait leur apparition. Certains disent qu'ils sont venus de sous-terre. D'autres disent que se sont des démons d'ancien temps. Ou encore des êtres fait de vice qui jadis, parcourait le monde.
— Comment sont-ils ?
Un mauvais pressentiment m'avait envahi. Je n'avais pas envie de savoir ce qu'étaient ces « créatures » mais au fond, je savais. Et j'avais monstrueusement peur de l'entendre.
— Les miens disent que se sont des âmes perdues. Cependant, personne n'a de véritable connaissance sur le sujet. Ces créatures sont faites d'un brouillard noir, comme nous pourrions représenter les ténèbres. Elles n'ont aucun signe qui nous permettent de voir s'il s'agit d'une femme ou d'un homme, mais elles ont la silhouette que nous avons tous.
— Non, pas ça, soufflai-je.
— C'est un peu comme si... Comme si elle prenait le reflet de qui nous sommes... Comme si elles avaient oublié qui elles étaient autrefois, expliqua tristement la petite fée.
Moi, je n'arrivais plus à parler. Je savais de quoi il s'agissait et je n'avais aucun doute sur le chaos dans lequel devait être plongé le monde désormais.
— Quel est le rapport avec moi ? Pourquoi les tiens me connaissent comment étant l'enfant maudit ? Questionnai-je.
— Il y a dix ans, le roi des avariels est venu nous voir. Il nous a demandé de l'aide pour un enfant qui voulait changer ce qu'il était, ou du moins, c'est ce que souhaitaient les parents. Nous ne connaissions pas ton nom, mais lorsque nous l'avons appris, nous avons compris.
— Compris quoi ? M'empressai-je.
— Tes parents ne te l'ont pas dit ? Ils sont venus nous voir peut après ton sommeil et nous les avons révélé ce que nous savions.
— Mes géniteurs ne sont pas revenus me voir, annonçai-je faiblement. Qu'est-ce que les tiens les ont dit qui les ont fait partir de la sorte ?
Je sentis la fée trembler sur mes genoux et je m'adoucis à nouveau, peiné de l'effet que je pouvais visiblement avoir sur elle. Je m'excusai donc auprès d'elle et pris une grande inspiration pour me calmer. Ce n'était pas sa faute. Ni la sienne, ni celle des siens.
— Chez nous, nous avons des livres qui nous sont transmis par Génnisi.
Je ne relevai pas. Je n'avais pas le temps de comprendre de ce qu'elle parlait en employant ce mot.
— Qu'est-ce que ces livres disent ?
— Ils nous racontent le passé, le présent et le futur. Mais mon père m'a dit qu'il y a plusieurs millénaires, un livre nous ai parvenu. Il parlait d'un enfant damné qui porterait sur lui la marque des Vasiliás.
— Qu'est-ce que c'est les « Vasiliás » ? De quoi parles-tu !? Je n'ai aucune marque ! Que ferait cet enfant !? De quoi parle le livre !? M'affolai-je.
De quoi parlait cette fée !? Je ne savais rien de tout cela et puis comment pouvait-elle savoir que c'était moi !? Pouvait-il s'agir d'une erreur ?! Mon destin ne pouvait pas être écrit dans un simple livre !
— Ton nom était inscrit dans ce livre.
— Il doit avoir plusieurs enfants qui portent mon nom ! Criai-je. Ce n'est pas possible !
— Pourquoi cela t'énerve-t-il à ce point ? Tempéra la fée.
— Mon destin ne peut pas être écrit dans un livre. Je refuse ! Tu m'entends ? Je refuse que quelqu'un me dicte mon destin, sifflai-je. Qui vous donne ces livres ?
— Je... Je ne sais...
— Qui ?! Grondai-je.
La petite fée se leva brusquement et s'éloigna de moi en restant en suspens dans l'air. Je fronçai les sourcils et me relevai à mon tour.
— Je ne sais pas qui t'as raconté autant de conneries mais tu peux dire à ton peuple que ce livre... Il devrait le garder chaudement. Je vais sortir d'ici et retrouver ce livre. Je vais le brûler, le détruire, le réduire à néant. Et ceux qui auront écrit ce livre... Je jure de les faire vivre un enfer. Mais je ne les tuerais pas, oh ! Ça non ! Je ne vais pas les tuer. Je vais doucement et délicieusement les torturer, et cela, jusqu'à ce qu'ils me supplient. Parce que crois moi qu'une fois entre mes mains, ils comprendront qu'il aurait été préférable de mourir.
Bonjour bonjour !
Un chapitre de plus. La venue d'un nouveau personnage et avec celui-ci des informations importantes qui ne semblent pas plaire à Daath. Qu'en pensez-vous ?
Les paroles de notre héros en fin de chapitre vous ont-elles surprises ?
Sur ce, je vous dis à bientôt pour la suite !
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