CHAPITRE 11 - Douleur

— Tu n'as pas le droit de faire ça ! 

Je me retournai vivement, pris d'une colère que je luttais pour contrôler. 

— Ah non ? Et qui va m'en empêcher ? tonnai-je froidement. 

Je pesai sur chacun de mes mots avec insistance. Je voulais qu'il comprenne avant que ce ne soit trop tard. Autrement, je n'aurais pas le choix. 

— On compte sur toi ! On a besoin de toi ! Si tu fais ça, nous sommes perdus ! hurla-t-il. 

— Comment oses-tu me parler ainsi ? À moi ? Moi qui t'ai tout donné lorsque tu n'avais rien ?! 

Le sol se mit à gronder et la lave redoubla de sa chaleur, explosant dans des éclosions dont elle en avait le secret. Si un regard pouvait tuer, le mien le faisait à ce moment même. 

— Je... tu n'as pas le droit de nous faire ça. Tu n'as pas le droit de me faire ça... 

— Tais-toi avant que je ne puisse plus peser mes mots, parce que la vérité qui risque d'en sortir te ferait le plus grand mal, sifflai-je. 

— Je t'en supplie... pas toi... 

À bout de forces, ses genoux se fracassèrent sur le sol dans un bruit sourd. Il laissa sa tête tomber entre ses mains et se mit à pleurer. Mais je restais insensible. La colère qui m'envahissait était telle que j'en venais à oublier son importance pour moi. 

— On a besoin de toi. On aura toujours besoin de toi. 

— On ? Ou toi ? fis-je. 

Aucune réponse. Mes nerfs montèrent davantage et je m'approchai vers lui à grandes enjambées. Je pris son menton entre mes doigts et relevai vivement sa tête. Je me baissai légèrement, laissant un espace suffisant entre nous. 

— Ne me fait pas répéter ou tu pourrais le regretter amèrement. 

Ses larmes dévalèrent sur ses joues sombres et ses yeux affichèrent une lueur de souffrance pure, mais ne retirait en rien ce regard éternellement fanatique. Ses lèvres s'entrouvrirent, lâchant un gémissement de douleur et un souffle fiévreux. 

— Les deux... 

— Ne. Me. Mens. Pas. 

Il laissa échapper un sanglot et son corps fut pris d'un soubresaut brusque. 

— J'ai besoin de toi, murmura-t-il. 

Je lâchai son menton et me redressai. Je le toisai froidement. Il n'y avait plus que la colère qui rugissait en moi. Juste la fureur, rien d'autre. 

— Tu n'es personne. Alors garde tes paroles insignifiantes pour toi. Ce sera la dernière fois que tu me vois. Alors, admire-moi une dernière fois. 

Il leva ses yeux céruléens vers moi tandis qu'il m'accordait de voir ses iris larmoyantes, suppliantes, angoissées. 

— Pourquoi a-t-il fallu que tu le dises, murmurai-je. 

— Pardonne-moi... pardonne-moi... 

Je m'approchai de nouveau et m'accroupis face à lui. Je posai une main sur sa bouche, l'empêchant ainsi de parler. Je serrai, autant que je le pouvais alors que son visage se tordit sous la douleur. 

 — Mon cher et tendre Sephiroth... 

Je me relevai soudainement, la main tendue devant moi. Ma respiration était saccadée, paniquée, alors que mes iris regardaient autour de moi avec crainte. Je ne reconnaissais pas ce lieu, mais surtout... j'étais pris d'une angoisse sans nom. 

Qu'est-ce que c'était ?! Un rêve ? 

Ou plutôt un cauchemar. C'était horrible. Mon corps tremblait et j'étais terrifié de ce que j'avais vu. Mon cœur fut prit de nausées soudaines en repensant à la cruauté de l'homme. J'avais peur. Terriblement peur. 

Qui était-il ? 

Je secouai la tête, passai mes mains dans mes cheveux interminablement longs. 

Attends... quoi ? 

Je passai à nouveau ma main dans ma chevelure et constatai que ceux-ci étaient grands, trop grands. Je les ramenais devant moi, choqué, me demandant si c'était réellement les miens. Mais la couleur d'un blanc argenté ne laissait pas place au doute. 

Comment était-ce possible ? 

Je regardai autour de moi et me figeai. Il n'y avait ni feu, ni lave, ni braise. Il n'y avait que du marbre blanc, scintillant dans lequel je pouvais me voir si je le désirai. De longues colonnes de ce même marbre, traversées par des sillons d'argents. J'étais entouré par des murs épais et des fenêtres se trouvaient à ma gauche et ma droite, loin, à chaque extrémité. Ces vitres me laissaient voir le ciel nuageux, mais... n'était-ce pas haut ? Si. Même sans voir la hauteur, je pouvais savoir que ce serait vertigineux. Autour de moi, quelques fauteuils se trouvaient là, couvert de tissus en laine. 

Mais quelqu'un les avait donc utilisés ? 

Au pied du lit où je me trouvais, plusieurs coussins y étaient installés. Comme si on était resté là, à m'observer. Mon sang se liquéfia à cette idée et je préférai continuer mon exploration de vue. Le lit dans lequel je me trouvais était moelleux. Bien plus que je ne l'avais jamais rêvé. Une couverture de soie blanche me recouvrait la peau et j'étais nu. Je fronçai les sourcils. Je regardai ma peau. Elle était noire. 

Noire. Pourquoi était-elle noire et mes cheveux blancs ? 

C'est vrai ! J'avais été plongé dans un sommeil. Je devais décider du physique que je prendrais, mais... pourquoi ça n'a pas marché ? Qu'est-ce qui n'allait pas ? Est-ce parce que je n'étais pas au bon endroit ? 

« Vous êtes magnifique. Comment pouvez-vous laisser ces mortels décidaient à votre place de ce qui vous ira ou non ». 

Cette voix... Tiphareth. 

« Vous êtes une créature sublime. Un être majestueux ». 

Bon sang... à quel point ces mots m'avaient-ils touché ? Était-ce pour cela que je n'avais pas changé ? Parce que je n'en avais pas ressentit le besoin ? Parce que... j'avais été accepté pleinement par quelqu'un ? 

Tiphareth... pourquoi ne pouvais-je pas rester là-bas ? Tout était si différent, ici. Tout était si fade. 

— Je... vous... Vous êtes... 

Je relevai brusquement les yeux et sursautai en tombant sur une jeune Avariel. Celle-ci me fixait avec surprise, la bouche grandement ouverte, et je fronçai les sourcils. 

— Vous êtes réveillé, parvint-elle à dire.

— Je... combien de temps ai-je... 

Elle se tourna et se mit à courir en claquant la porte. Je l'entendis la verrouiller et je commençai à paniquer. 

Étais-je enfermé ? 

J'attrapai le tissu de soie et entourai ma taille. Je pris place au bord du lit et posai mes pieds au sol. Je frissonnai en sentant le sol glacé. Néanmoins, je ne perdis pas mon but de vue. Je me levai doucement et tout se passait bien. Mes muscles tenaient le choc. Même si la douleur irradiait mon corps, je tenais encore de bout. Mais lorsque je fis le premier pas, mes jambes se mirent à trembler, et très vite, je perdis l'équilibre. Je tombai sur le sol et me rattrapai de justesse pour ne pas que ma tête ne se fracasse contre le sol. 

Non. Non. Non. Non ! Pas ça ! 

Je regardai mes jambes et les touchai. Je soupirai de soulagement lorsque je sentis mes doigts contre celle-ci. Mais le fait de ne pas pouvoir marcher me pris au ventre. J'étais de nouveau angoissé et cela ne s'arrangea guère lorsque j'entendis une clef déverrouiller la porte. Je reculai en serrant le morceau de soie contre moi. Je ne voulais voir personne. Je voulais simplement sortir d'ici. 

Que se passait-il ?!

— Daath ? 

Je sursautai au son de la voix. Le soulagement me gagnai et je relevai le regard pour tomber dans des iris solaires. 

— Mon Seigneur, soufflai-je. 

— Daath ! s'écria celui-ci. 

Il arriva à grandes enjambées face à moi et par surprise, je fis un mouvement de recul. Seulement, cela ne l'arrêta pas et il m'enveloppa de ses bras. Je cessai de respirer un moment, le corps raide, sous la tension. Mais bien vite, je repris mes esprits. Il ne me voulait aucun mal. Je ne lui rendis pas son étreinte, mais fus soulagé de l'avoir à mes côtés. 

Je regardai la porte avec l'espoir de voir Ëmlaï et mes géniteurs, mais... ceux-ci ne vinrent jamais. Mon cœur se serrai et je baissai les yeux. Le roi, lui, ne me lâchait toujours pas. Je fronçai les sourcils, conscient que l'étreinte était trop longue. Je le poussai mais il résistait et raffermit sa prise. 

— Mon Seigneur, murmurai-je douloureusement, vous me faites mal... 

Celui-ci sursauta et me lâcha brusquement en reculant. Je pris de grandes bouffées d'air et je le regardai avec méfiance. Il était différent. Ses iris solaires étaient folles. 

— Mon Seigneur, est-ce que... est-ce que tout va bien ? demandai-je prudemment. 

Il me fixa un long moment et je détournai le regard, gêné.Quelque chose n'était pas normal. 

— Désolé, c'est juste que... ça fait longtemps. On ne t'espérait plus, murmura-t-il. 

Alors pourquoi étais-je dans un lit ? Confortablement installé ? 

— Combien de temps ai-je... mon sommeil a duré combien de temps ? soufflai-je. 

— Dix ans. 

Cela me fit l'effet d'une bombe. Mon corps se tendit alors que je sentis mes larmes monter.Dix ans.Dix longues années qui étaient passées en quelques heures pour moi.Était-ce une blague ? 

— Ce n'est pas amusant, mon Seigneur, murmurai-je. 

— Je n'essaie pas d'être amusant. Nous t'avons plongé dans le sommeil il y a dix ans de cela. Dix années interminables. Nous t'avons attendu deux ans, et lorsqu'elles ont pris fin, tu as fini dans cette chambre. 

— Pourquoi... où sont mes... 

— Parents ? Loin. Ils s'en sont allé avec Ëmlaï dans les terres du sud. 

— Les Drows ? murmurai-je. Mais... pourquoi ne m'ont-ils pas emmené avec eux ? Pourquoi je... pourquoi ? 

Je relevai le visage vers lui et il m'accorda un regard rempli de réponse que je ne voulais pas comprendre. Pourtant, je n'avais pas le choix et la réponse à ma question était évidente. 

— Ah. Je vois. 

Je laissai un rire nerveux m'échapper alors que je ramenai l'une de mes mains à mes yeux. Je me retins de pleurer, fatigué par la situation. 

— Pourquoi m'avoir mis au monde si c'est pour m'abandonner ? Vous m'avez gardé à vos côtés. Vous. Un inconnu. Alors pourquoi ces deux-là non pas pu ? 

— Daath..., souffla avec peine mon Seigneur. 

— Qu'est-ce que j'ai qui les dégoûtent à ce point ?! Qu'est-ce qu'il y a de si ignoble sur mon corps pour qu'ils... qu'est-ce que... Pourquoi... 

Les questions s'emmêlaient dans ma tête. J'avais mal, trop mal. Je portai une main à ma poitrine et ravalai mes larmes avec amertume. Pas pour eux. Pas pour ces choses. 

À quel point ai-je été un fardeau ?






Bonjour bonjour !

Je suis de retour pour un nouveau chapitre. Si dix longues années sont passés pour Daath, je dois avouer que pour moi, un jour est égal à dix années... Une nouvelle période d'examen. J'ai l'impression de ne faire que ça ! *se roule en boule* Puisse le sort m'être favorable. 

Mais bon, pour Daath en tout cas, c'est le commencement d'une descente en enfer... De plus un rêve étrange en début de chapitre semble avoir perturbé, terrifié notre héros alors qu'il en ignore la provenance. 

Sur ce, je vous dis à la prochaine ! (je retourne au combat)



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