09

« Alors voilà, il n'y a pas 112 solutions. Tu vois la fenêtre là? C'est par là que tu devras sortir. » avait chuchoté Morgane.

Ne me connaissait-elle pas suffisamment pour savoir à quel point j'étais agile? Non?

« Je vais me casser les jambes et trois bras en passant par là, c'est hors de question.
— Je crois que tu préfères te briser quelque chose que de te faire tirer dessus.
— Ton père sait que c'est illégal, pas vrai...? »

Elle soupira et me poussa vers la fenêtre.

« Ce n'est pas compliqué, tu n'as qu'à sauter et le tour est joué. »

Ayant définitivement envie de rentrer chez moi, je montais finalement sur le rebord de la fenêtre.

Malheureusement, j'avais le vertige. Mais lorsque je vins pour faire part de mes pensées à la demoiselle derrière moi, la seconde suivante je tombais.

Mais attention! Croyez-moi ou non, pour une fois, ce n'était pas par ma maladresse!

Loin de me surprendre, cette fille m'avait poussé.

Je crus comprendre que j'étais arrivé à destination lorsque je perdis le souffle pendant quelques secondes.

À cause d'elle, j'avais le nez cassé, écrasé dans l'herbe gelé. J'avais un goût immonde de fer dans la bouche.

C'est alors que deux bottes atterrirent,  tout près de mon visage, agilement.

« Mais qu'est-ce... » commençai-je difficilement.

Elle m'aida à me relever et me sourit à pleine dent.

« Il est temps que je vive ma vie et que je sorte de cette prison.
— Quoi...? Maintenant..? »

Son sourire me fit comprendre que la réponse était un énorme oui.

« Alors vie bien et essais de ne pas te faire tuer. » répondis-je finalement en m'éloignant, tenant mon nez qui saignait abondamment.

Je marchais dans le petit chemin de terre qu'il y avait entre les arbres, sachant très bien que la brunette me suivait. Exaspéré, je me retournai vers qui se trouvait extrêmement près.

« Je peux savoir pourquoi tu me suis?
— Où est-ce que tu veux que j'aille? Il est... commença-t-elle en regardant sa montre. 21h. Je peux aller en ville à cet heure !
— Parce que toi, tu voudrais aller au centre-ville seule? Les gens te prendraient pour une folle !
— Et toi, il ne te prenne pas déjà pour un fou? »

Je lui adressais mon majeur de ma main libre avant de continuer mon chemin.

« Pourquoi! »

Je me retournais à nouveau vers la fillette planté comme un piquet quelques mètres plus loin.

« Pourquoi quoi?
— Pourquoi venir chez moi et la seconde suivante vouloir à tout prix t'éloigner et avoir du mal à supporter ma présence?!
— Parce que j'oublis à quel point tu peux être collante et chiante! »

Elle m'adressa alors son majeur comme je l'avais fait quelques secondes plus tôt.

« Va te faire foutre.
— Avec plaisir! Aller, ciao! »

Je continuais mon chemin sans lui adresser un regard de plus.

Je refermais la porte et soufflais un bon coup. Enfin un peu de calme... je me dirigeai alors ensuite vers un petit placard et en sorti une feuille et un crayon. Je m'assis à la table et me mit à écrire tout ce que j'avais appris ce soir.

Lorsque je vis la feuille terminé, ce fut chaotique. Illisible. Je chiffonnais cette dernière et je pris du papier adhésif pour recommencer du tout début. Je devais trouver un sens à tout ça.

J'arrachais les cadres du murs et me mit à coller toute les informations que j'avais aperçu dans le document.

Lorsque j'eus presque terminé, je fourrais mes mains dans mes poches en regardant ce lamentable tableau. Je sentis donc un bout de papier dont j'avais presque oublié l'existence, c'est à dire : La photo de Morgane. Je l'ajoutai à la pièce, ne comprenant toujours pas le lien entre toute ces choses. 

Je descendis alors au sous-sol pour y allumer un feu, mais je ne trouvais pas la boite d'allumettes, ce qui était très étrange. J'étais presque certain qu'il m'en restait quelques unes.

Décidément, ce n'était pas mon jour de chance.

Je sursautais brusquement lorsque la porte de derrière s'ouvrit au même moment que celle du porche à l'avant.

« Newton!
— Tu as bien reçu le journal aujourd'hui? » rajouta une seconde voix féminine en même temps que la première.

Les deux filles se figèrent, dévisageant l'autre.

« Qui c'est ?
— C'est qui celle là ? » ajouta Tawny.

Je les regardais une après l'autre, complètement confus.

« Morgane, Tawny. Tawny, Morgane. »

Les deux se rapprochèrent légèrement, ne cessant pas de se regarder de la tête aux pieds.

« Elle sait?
— Sais quoi? » demanda Morgane.

Je secouai directement la tête pour qu'elle n'en dise pas plus.

« Pourquoi tu as du sang partout sur la figure, abruti ? » me demanda alors sans délicatesse, la brunette que je connaissais depuis peu.

Sans répondre quoique ce soit, je me jetai dans la salle de bain pour me nettoyer le visage. J'avais complètement oublié l'accident qui s'était produit en tombant de la fenêtre.

Je ressortis et aussitôt, je devins blême lorsque j'aperçus les deux demoiselles regarder la schéma que je venais de créer. Morgane ne tarda pas à se retourner vers moi sa photo entre les mains.

« Tu m'espionnes depuis quand?
— Jamais ! »

Je m'approchais et lui enlevait le cliché.

« Fais-là partir. On doit parler un peu. » m'ordonna Tawny en foudroyant Morgane du regard.

Elle recula de quelques pas et s'agrippa à mon bras, serrant mon pull à en avoir les jointures blanches.

« Je reste.
— Comme c'est mignon. Aller. Assez plaisanté, fais-là partir. »

Je regardais Morgane qui me faisait «non» de la tête. Étrangement, je n'avais vraiment pas envie de rester seul dans la même pièce que mon interlocutrice. Déjà que j'avais abîmé et perdu le journal en une seule petite journée... je ne voulais pas me retrouver enterré vivant au milieu du bois.

« Alors... je... euh... Partez toute les deux? D'accord?
— Hors de question. Je reste.
— Morgane... soufflai-je exaspéré.
— Tu as des explications à me donner.
— C'est qu'elle est têtue celle-là! s'énerva la jumelle. Peut-être qu'elle changera d'idée après ça.
— Après qu... » commençai-je perplexe.

Elle m'attrapa le bras et m'entraîna hargneusement dans le sous-sol, ce qui força mon amie à me lâcher.

Elle me poussa par terre et m'ordonna de retirer mes couches de vêtements en trop, sous le regard soucieux de la brunette.

Refusant à plusieurs reprises, elle m'attrapa les poignets et les attachas à l'aide des chaînes. Puis elle m'enchaîna de la tête aux pieds comme je le faisais souvent pendant l'hiver.

« C'est moi où il fait chaud ici? »

Je secouai la tête en lui suppliant de ne pas faire ça. Elle ouvrit tout de même les fenêtres et des bourrasques de vent frais entra dans mon domicile.

« Tu ne voulais pas qu'elle parte, alors pourquoi ne pas la mettre au courant?
— Si te plait Tawny! hurlai-je sachant ce qui allait se produire.
— Euh... Tawny...? Laisse le tranquille.... Je vais partir, tu as gagné... mais ne lui fait rien!
— Trop tard, tout commence à être plus intéressant! Tu ne veux pas manquer ça quand même. »

Je me mis à pleurer comme un homme viril, quand pourtant la douleur n'avait pas encore débuté. Je frissonnais énormément, ce n'était qu'une question de temps.

Elle me lança une chaudière d'eau froide et ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase.

Je me mis à hurler et à me tordre de douleur en me brisant les os dans certaines positions inimaginables, sous les regards horrifiés de ma voisine qui se débattait et qui ne souhaitait plus se trouver ici.

« Newt! » fut le dernier cris paniqué que j'entendis.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top