08

Comment vous résumer la situation?

Comment vous résumer dans quel pétrin je m'étais embourbé?

Comment vous résumer la raison pour laque mon coeur voulait s'arracher de ma poitrine?

Alors bon faisons simple.

J'étais caché, suite a une brève recherche de mon journal, sous un bureau, tandis que mon patron était subitement entré dans la pièce.

Voilà pour les explications.

Donc revenons à l'instant présent : je pouvais l'entendre chercher quelque chose sur son bureau, tout en discutant au téléphone avec quelqu'un.

« J'ai dit non. Il y a déjà beaucoup d'agitation du côté nord. ... oui. Je comprends. ... Je sais. ... Ne comprends-tu pas ce que je te dis ? Un nom, commence par me trouver un nom, ce n'est pas compliqué! ... Non. ... Plus de pièges ? ... C'est d'accord, mais reste discret! L'attention des médias est la dernière chose dont nous avons besoin. ... Quoi? ... bien sûr. L'argent t'attendra derrière la benne à ordures comme toujours. ... Je dois raccrocher, ma fille m'attend et tu sais qu'elle perd facilement patience. »

J'étais confus. De quoi parlait-il? Que pouvait-il y avoir d'intéressant dans la vie du propriétaire d'une librairie?

« Quel bazar! Ou est-ce que j'ai fourré ce document... J'étais certain de l'avoir laissé ici! Je dois l'avoir laissé à la maison. » marmonna-t-il, grincheux.

J'entendis alors les pas s'éloigner et la porte se fermer violemment.

Pour la première fois depuis 8 ans, je pus enfin respirer. Je baissais alors les yeux et regardais le document que j'avais agrippé sur le bureau en me cachant. « Confidentiel » était écrit en énormes lettres rouges. 

Je suppose que c'est ce qu'il cherchait.

En temps que bon citoyen honnête je reposais le document là ou je l'avais prit, mais en prenant soins de le couvrir de feuilles pour simuler le fait qu'il s'était toujours trouvé là. Et puisque j'avais déjà fouillé pour retrouver mon bien, j'allais simplement quitté cette pièce calme et complètement serein, oubliant cette conversation étrange que je n'aurais jamais du entendre. Ce n'était pas de mes oignons de toute manière.

Oh et puis pourquoi se comporter en bon citoyen honnête?

Je fis directement demi tour et ouvrit directement la pochette beige. Je vis alors des tonnes de photos. Des gens que je ne connaissais pas, des visages que je n'avais jamais vu. Des photos prises de loins, dans des situations dont les gens avaient l'air des plus louches. Je continuais à tourner les pages. Cette fois, des pages de journaux avaient été découpés. « Une vieille femme retrouvée morte dans les bois. » « expérience suspendue dans le laboratoire de Rivertown » Je continuais de tourner les pages beaucoup trop nombreuses pour les lires et les regarder en entières. Un plan satellite de la région avec des points rouges à certain endroit. En majorité dans les bois. Extrêmement concentré dans les bois. J'identifiai alors par curiosité l'emplacement de mon chez moi, et sans savoir pourquoi, j'étais soulagé de voir que la forêt autour de chez mois était épargnée par les nombreuses marques. Je vis alors une photo prise d'une fenêtre à plusieurs reprises. Floue, trop loin. Certainement pas le résultat d'un photographe professionnel. Puis je tombais sur le cliché. Une photo parfaite de Morgane, regardant à la fenêtre, perdue. « Qui est-elle? » était ajouté à la photo avec un trombone. Qu'est-ce que c'était que tout ça? Je fermais le document et fourrais la photo dans ma poche. Je replaçai le document et sortie en descendant les escaliers à la trombe en attrapant mon manteaux derrière le comptoir sans m'arrêter.

Je marchais d'un pas pressé, sans savoir ce que je voulais vraiment savoir. Peut-être que d'en savoir le moins possible était préférable. Je regardais la photo cherchant une réponse sur celle-ci. Marchant au centre de la rue déserte, je n'étais captivé que par l'innocence de cette photo.

J'arrivai alors à l'embranchement habituel pour rentrer chez moi. Instinctivement ma tête me disait de tourner à droite, mais je me dirigeai tout de même vers la gauche, en direction de chez la demoiselle. Qu'allai-je faire là bas? Ceci était une excellente question.

Je frappai à la porte.

Une fois.

Deux fois.

Puis à la troisième fois, la porte s'ouvrit.

« Oh si ce n'est pas M. Charmant. » lâcha-t-elle sarcastiquement.

Je regardais derrière moi et entrai sans attendre l'invitation.

« Tu ne demandes qu'à me voir sortir de chez toi, mais tu entres ici comme il te plait ? »

J'haussai les épaules et avançai un peu plus pour qu'elle puisse fermer la porte.

« Qu'est-ce que tu veux? »

J'haussai les épaules à nouveau.

« Qu'est-ce que tu fais ici? »

J'haussais pour une énième fois les épaules.

« Cesses de faire ça! » me sermonna-t-elle sans pour autant élever la voix.

Elle regarda derrière elle, là où l'on pouvait entendre la télévision fonctionner.

« Viens, mon père s'est endormi et il ne faut surtout pas le réveiller si tu tiens à la vie. »

Nous montâmes alors jusqu'à sa chambre et elle m'invita à m'asseoir.

« Alors toi, ça ne va pas. »

Je la questionnais du regard en prenant place près d'elle.

« Tu viens ici, tu entres, tu ne prononces pas un seul mot et...
— Parles-moi de toi Morgane. »

Elle figea au milieu de sa phrase et fronça les sourcils.

« Ne me fais pas croire que tu es venu ici pour que je te parle de moi! » lâcha la brunette avec une pointe d'agacement.

J'haussai les épaules, ce qui l'a fit grincer des dents.

« Tu n'appendras rien ce soir. »

J'hochai la tête. Mais je ne m'avouai pas vaincu.

« Combien de temps. Depuis combien de temps es-tu complètement enfermé ici?
— Depuis que j'ai 7 ans, murmura-t-elle.
— Personne ne venait ici avant moi?
— Si, l'ami de mon père. Il est médecin. Oh et pourquoi je te réponds? » se surprit-elle.

Un petit sourire vainqueur s'afficha au coin de mes lèvres.

« Tu es un être perfide.
— Et alors ? »

Elle se leva et ouvrit le tiroir d'une commode. Elle en ressorti un journal ainsi qu'un crayon.

« Tout ce que je fais de spécial se trouve dans ce livre. Tu trouveras que les pages sont lamentablement vide. Ce que je préfère sont les listes de chose que je veux faire dans ma vie avant de mourir. »

Elle revint s'assoir près de moi et ouvrit une page.

« Conduire une voiture. » Lit-elle amusée.

Je me penchai légèrement pour lire quelques autres points de sa liste, mais soudainement ses lèvres se scellèrent au miennes. Un étrange sentiment se manifesta mais je n'arrivai pas à le déchiffrer. Du dégoût, de la joie, de l'horreur, du désir, de l'énervement, de la gêne? Ce qui ne fut que deux misérables secondes eurent l'air de s'écouler comme 2 longues années.

Elle s'éloigna avec un faible sourire sans me regarder et cocha quelque chose dans son bouquin.

« Embrasser un garçon... Lus-je à voix basse. Non, mais qu'est-ce que tu es bizza...
— J'avais envie de cocher quelque chose, ça faisait longtemps que ce n'était pas arriver.
— Qu'est-ce... Qu'est-ce que sont les autres cases...?
— Toujours la même chose, mais à différents moments ou endroits, avoua-t-elle.
— Et la page suivante? »

Elle ferma le livre brusquement.

« C'est personnel.
— Et toujours avec un garçon ? » me moquai-je d'elle.

Elle me regarda les yeux ronds et les joues écarlates.

« Je...
—  Oh je vois. Tu...
— Non.
— veux...
— Non!
— Baiser!
— Ça suffit! Tu es tellement vulgaire!
— Moi ?
— C'est totalement déplacé!
— Pardon ?
— Je te demanderais de partir. »

J'haussais les épaules, indifférent à ce qu'elle me demandait.

« Dehors! » hurla-t-elle.

Je me levais en sursautant.

« Attends.
— Quoi? Tu viens de...
— Tais-toi.
— Je te demande pardon? Est-ce que tu es bi-polaire parce... »

Elle écrasa sa main sur ma bouche et resta complètement silencieuse.

« La télévision ne fonctionne plus, murmura-t-elle. Caches-toi. »

Je lui demandai où, sans dire un seul mot.

Elle me poussa dans le placard et avant de refermer la porte elle me supplia de ne pas sortir tant qu'elle ne m'en donnait pas l'autorisation. J'hochai la tête, confus.

« Morgane ? »

À l'aide d'une petite ouverture je pouvais la voir replacer ses cheveux courts et adresser un dernier regard vers moi, même si je supposais qu'elle ne pouvait pas me voir.

« Morgane! continua la voix perçante en arrivant dans la pièce.
— Oui..?
— À qui parlais-tu ? s'empressa-t-il de demander en examinant la pièce des yeux.
— Personne, mentit-elle.
— Ce garçon. Il était encore ici? » s'énerva-t-il.

Elle secoua la tête innocemment. Un moment interminable se présenta à moi: le père et la fille soutenant le regard de l'autre sans broncher. Trois petites minutes ressemblant à 3 longues heures d'ennuis.

Vous savez, j'avais presque envie de leurs dire qu'ils avaient tout les deux gagné ce concours de regards en leurs offrant une main d'applaudissements.

Malheureusement, il brisa le silence sur un ton à en glacer le sang.

« Il est encore ici.
— Bien sur que non! » paniqua-t-elle.

Il s'approcha d'elle qui avait complètement craqué et lui murmura suffisamment fort à l'oreille:

« Personne ne passera la porte. »

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