07

« Science fiction, lettre H... »

Je rangeai le dernier livre  de la pile que j'avais entre les mains il y a de ça à peine quelques minutes.  Étrangement, cette journée était drôlement paisible. Aucun client, aucun intimidateur.

Alors que je m'installai derrière le comptoir pour feuilleter le journal accompagné d'un café qui goûtait l'eau de vaisselles, un homme a capuche entra dans la boutique et se posta devant moi, un vieux livre terreux entre les mains. J'ouvris la bouche pour dire quelque chose en fronçant les sourcils, mais il prononça quelques mots avant moi:

« Je viens rendre un livre. » grogna la voix grave de l'homme.

Il le déposa avec précaution avant de me lancer avec une pointe de mystère:

« C'est un bon livre, tu devrais le lire. »

Avant de pouvoir prononcer quelque chose, l'homme qui m'était complètement inconnu avait déjà fait sonné la clochette de la porte.

Je savais très bien que ce livre n'appartenait pas à la bibliothèque. La couverture était en cuire avec une petite corde nouée pour le retenir fermé. Les pages jaunies semblaient vouloir s'enfuir de la reliure. Une petite note était d'ailleurs apposé sur le dessus. Il était écrit, avec une jolie écriture:

« Réjouis-toi, je ne fais pas souvent de cadeau. Ne fais pas l'idiot Newton.

T. L. »

Moi? Faire l'idiot? De quoi parlait-elle? Je détachai rapidement la boucle, avec une pointe d'excitation.

Ne me demandez pas comment, mais à la seconde où j'ouvris la première page, la seconde suivante mon breuvage chaud et brun et liquide et... enfin, se retrouva étalé sur la première page. Paniqué je m'empressais d'éponger le massacre avec la manche de ma chemise.

Je regardais les feuilles danser face au vent du ventilateur que j'avais déplacé pour les faire sécher, en me balançant impatiemment sur ma chaise. La première page s'agitait et je pouvais y lire le nom écrit à la main de « Silas Caldwell ».

Enfin, avec plus de délicatesse cette fois, je pu lire la seconde page. La date était illisible, effacé par les années.

« Je ne sais guère si un être lira ces écrits, peut-être ce journal sera-t-il détruit. Je vous écris, sous la lumière de ma chandelle, en espérant que le diable ne m'emporte pas cette nuit.

Chaque jours, le nombre de damnés augmente dans les villages et les hameaux et pourtant, j'ai toujours foi. »

Je fermai brusquement le bouquin lorsque mon patron se pointa dans le hall d'entrée de la librairie.

« Monsieur. » dis-je avec politesse.

Il avança lentement, épiant chaque recoins, cherchant probablement quelque chose à me reprocher.

« Je ne te paye pas à rien faire. »

Mais il me payait bien en dessous du salaire indiqué sur l'annonce du journal. Il s'arrêta devant moi, me regarda de la tête aux pieds, puis ses yeux examinèrent le carnet que je tenais dans mes bras.

« Qu'est-ce c'est que ça?
— Ce n'est rien. Ne vous inquiétez pas, je vais le ranger et reprendre le travail. Avez-vous besoin que je nettoie la vitrine cette semaine ? Ou que j'époussète les chandeliers à l'étage? Peut-être les deux? »

Sans crier gare, il m'arracha mon bien des mains avant de le cacher dans son veston.

« Excusez moi, mais ceci m'appartient! » m'empressai-je de dire nerveusement, les yeux écarquillés.

Il gloussa comme un horrible troll avant de me cracher au visage :

« Occupes-toi du chandelier, de la vitrine... Oh et, les étagères auraient besoin d'être nettoyé elles aussi. Prend bien le temps de retirer tout les livres. »

La gorge noué, je ne pus que le regarder monter dans son bureau en claquant la porte.

Vous savez, je n'appréciais personne en particulier, mais lui, je rêvais fréquemment de lui sauter à la gorge. C'était un être exécrable.

Je vous vois déjà me demander pourquoi je m'entêtais à rester ici. La réponse est que, j'adorais les livres et il était probablement le seul patron qui acceptait mes horaires, comment dire... flexible? Il était sadique mais pourtant, il ne posait aucune question lorsque je m'absentais plusieurs jours, voir même des mois, au courant de l'hiver. Et ça c'était un énorme point en ma faveur, vu mes conditions lorsque la neige se pointait.

En équilibre du haut d'un très grand escabeau, j'essayais d'épousseter un satané lustre qui ne cessait de se balancer de tout les côtés.

Je sais, je sais, ce n'était pas les corvées les plus sécuritaires à m'imposer.

« Bonjour? »

N'ayant entendu personne entrer, je tressaillis du haut de ma tour....

...Et revins à la dur réalité grâce à une atroce douleur dans ma cheville, suite a ma chute datant d'une milliseconde.

« Oh mon dieu! Tout va bien? »

J'hochai la tête mollement, légèrement étourdi. La jeune fille me tendit la main, pour m'aider à me relever en douceur. Elle était petite, elle avait de long cheveux blond, ainsi que des yeux verts éclatant. C'était la première fois que je la voyais, ce qui était étrange puisque la "ville" ne possédait que très peu d'habitants.

« Excuse moi, je ne voulais pas te faire peur! »

Elle me sourit, désolée. N'ayant pas l'habitude de socialiser avec des êtres humains, je ne répondis rien. Mal à l'aise, elle se mit à rire nerveusement.

« Newton, c'est ça?
— Comment tu sais?
— C'est écrit là. » répondit-elle en pointant mon nom sur mon chandail.

J'hochai la tête, gênée.

« C'est pour un emprunt, un achat ou un retour? » demandai-je alors en retournant, en boitant, derrière mon comptoir.

Mademoiselle rayon de soleil s'approcha donc en souriant beaucoup trop.

« J'aimerais bien acheter un livre, que me conseilles-tu?
— Eh bien...
— Gwen ne discute pas avec l'employé! » hurla alors mon agréable employeur.

Mais comment la connaissait-...

« Oui, désolée papa. »

Je m'étouffais soudainement avec ma salive. Elle me fit signe de la main en me souriant et partie rejoindre son géniteur à l'étage.

« Monsieur Jefferson a une fille?! » lâchai-je sous le choc.

Je fis un pas en regardant la porte du bureau et grimaçai-je de douleur. Je boitais jusqu'au petit sofa de la bibliothèque et je me laissai tomber sur celui-ci. Je fermais les yeux deux petites secondes pour penser à tout ça.

« Newton! » Cria une voix agressive.

Je me réveillais en sursaut et lorsque j'ouvris les yeux, la fille de mon patron se trouvait devant moi en souriant drôlement, à quelques centimètres de mon visage.

« Je ne comprend pas pourquoi mon père ne t'aime pas, tu as l'air de quelqu'un d'amusant! »

Elle me leva en me tirant par la main. Au même instant, son père apparu dans la pièce.

« Newton! hurla-t-il à nouveau. Je peux savoir pourquoi la boutique n'est pas fermée? Et...
— Il rangeait des livres, il n'a surement pas vue le temps passer ! » répondit la blondinette à son père pour me couvrir.

Pour la première fois de ma vie, je vis les traits du père de l'adolescente s'adoucir.

« Bon eh bien... ferme la boutique et tu peux partir. Je n'ai pas envie de te payer 15 minutes de salaire de plus. Oh et j'oubliais! Va chercher mon porte document dans mon bureau. N'oublie pas de verrouiller la porte en sortant. » termina-t-il en me lançant un trousseau de clés.

Je montais les escaliers à la vitesse d'une larve sur le dos d'une tortue à 3 pattes, jusqu'au bureau.

Je vis immédiatement ce que j'étais venu chercher, mais je me rappelais alors qu'il m'avait volé le journal de mon ancêtre. Pourquoi ne pas le récupérer maintenant? Je le cherchai sur le bureau, sur les étagères, mais je ne savais pas du tout où chercher.

« Newton! »

Je sursautais et prit ses documents, puis descendit à toute vitesse (ce qui me surprit moi même) et lui rendit ce qu'il m'avait demandé, ainsi que les clés.

Mais vous savez, pour la première fois de ma vie, je me sentais futé.

J'avais laissé la porte entre-ouverte.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top