06

« 2861, rue de la rivière... Quel nom! Il n'y a même pas de rivière à moins de 60 kilomètres d'ici... » marmonnai-je à voix basse.

Je fourrais le papier dans ma poche en m'arrêtant devant une maison qui portait l'adresse inscrite sur le papier que ... la fille, m'avait remis. Une vieille maison, mal entretenue, au gazon jaune... oh, comme la mienne! Enfin bref. Les murs étaient parsemés de plantes grimpantes et les fenêtres étaient cachées par d'épais rideaux épais qui ne laissait presque pas passer la lumière. Je montais sur le porche, incertain. Pourquoi étais-je venu déjà? Ah oui, par pure curiosité. Je toquais mollement à la porte et celle-ci ne tarda pas à s'ouvrir énergiquement.

« Newton! Je croyais que tu ne te pointerais jamais!
— Il n'est que 19h02... »

Il m'invita à entrer et à mon plus grand bonheur, un foyer réchauffait la maison.

Alden chuchotait avec sa jumelle tandis qu'ils jetaient des coups d'œils peu subtile vers moi. Que me voulaient-ils?

« Tu peux me jurer qu'il n'apparaîtra pas durant la soirée, comme à chaque fois? grommela la fille.
— Oh oui! Du moins, il m'a dit qu'il avait un truc avec une fille jusqu'à... jusqu'à tard.
— Tu te moques de moi? Newton est tellement stupide qu'il pourrait tout lui balancé sans...
— Euh... Excusez-moi mais... j'ai du travail demain et j'aimerais bien aller dormir avant 22h, ce soir, commençai-je en me levant du canapé. J'aimerais savoir là, maintenant, ce que vous attendez de moi. »

Les deux prirent une grande respiration avant de s'avancer vers moi, ce qui fut légèrement intimidant.

« Tout nous laisse à croire que...
— Alden, Tawny! J'suis rentré! »

Tawny frappa férocement son frère tandis que tout mon corps se pétrifia.

« J-J'dois p-partir! »  bégayai-je nerveusement.

Alden haussa les sourcils tandis que je le contournai maladroitement jusqu'à la sortie. Mais évidemment, je trébuchai puisque j'étais l'homme le plus chanceux sur cette planète. Je tombai alors dans les bras de celui que je tentais de fuir. Celui-ci ne perdit pas de temps et me relâcha avec dédain avant de me laisser tomber gracieusement sur le parquet.

« Caldwell?! »

Recroquevillé sur le sol, je restai là en cachant mon visage, comme s'il allait m'oublier et passer son chemin.

« Je peux savoir ce que cet avorton fait chez nous? » grogna Noah, mon fidèle ami.

Il me releva en tirant la manche de mon chandail, avec peu de délicatesse, évidemment.

« Je croyais t'avoir défigurée la semaine dernière! s'étonna-t-il soudainement en m'épiant de la tête aux pieds.
— C'est fou hein...
— Vous vous connaissez? » s'informa alors Alden, curieusement.

Tandis que je tremblais comme une feuille, le grand baraqué devant moi hocha lentement la tête les yeux plissés sur moi.

« Est-ce qu'il sait que nous sommes des... commençai-je.
— Amis! me coupa Tawny, hystérique.
— Amis... Haha... Non, il ne le savait pas. » continua le frère de la fille en détachant la poigne de Noah accroché à mon bras.

Me massant le bras, je regardais mon intimidateur qui se dressait devant nous, avec une pointe de confusion.

« Mais j'voulais pas dire "amis", je voulais plutôt dire lou... »

Tawny sauta sur moi et appuya férocement sur ma bouche avec l'aide de sa main pour me faire taire.

« Je crois qu'il est temps de partir Newton! » lâcha-t-elle automatiquement.

Elle m'apporta jusqu'à la porte avant de me pousser à l'extérieur et de me suivre sur le porche. Elle croisa les bras sur sa poitrine et me fusilla du regard.

« Merci de m'avoir confirmer à quel point tu n'es qu'un être simplet et stupide. Non, Noah n'est au courant de rien, il n'est que notre colocataire et n'est qu'un être humain totalement banale.
— Et violent, ajoutai-je.
— Et violent. » confirma la fille.

Un bref silence s'installa entre nous. Puis, une petite bourrasque de vent du nord me décrocha quelques frissons. Suite à ça, je fourrai mes mains dans mes poches et cachai mon nez dans mon foulard.

« Tu ne supportes vraiment pas le froid? »

Je secouai la tête comme un enfant et après quelques secondes, je tournais les talons et descendis les escaliers.

« Tu n'es tout de même pas venu ici à pied ? »

J'hochai la tête et regardai ma montre.

« Il est 19h56, donc si je marche à un bon rythme, que j'ne croise aucun stupide loup et que j'ne fais aucun détour je devrais arriver chez moi dans les alentours de 21h10. »

Elle entra sans rien dire et claqua la porte.

« Bon... »

Je fis un pas et entendit directement:

« Attends, je te reconduis. Pas question de te laisser marcher seul plus d'une heure. »

Même si son expression faciale n'avait rien d'amical, un sourire niais s'agrandit sur mon visage.

Au trois-quarts du chemin passé dans le silence complet, elle s'arrêta sur le bas-côté, éteignit le moteur et se retourna vers moi.

« Nous n'avons pas eu le temps de t'expliquer tout à l'heure.
— Effectivement. »

Elle soupira et continua:

« Je ne peux pas tout t'expliquer maintenant, mais... je crois que seulement te dire que nous ne sommes pas la première génération de cette mutation serait un bon début.

Nous avons trouvés une ancienne crypte dans le fin fond de la forêt et nous avons trouvé un journal appartenant à probablement l'un de tes ancêtres qui était comme nous. Cette épidémie de loup dure depuis beaucoup plus longtemps que ce que nous croyons, crois-moi.
— Attends, je t'arrête. Je ne suis pas née en tant que monstre... je me suis fait mordre il y a plusieurs années et...
— La morsure n'a qu'activé ce que tu avais déjà dans tes gènes.
— Mais comment...
— Je crois que tu en as assez entendu pour aujourd'hui. » me coupa-t-elle.

Elle ouvrit alors la portière du côté passager en détachant ma ceinture simultanément.

« Bonne fin de soirée. »

Je compris que mon tour de taxi s'arrêtait ici, même si je n'étais pas encore arrivé à destination. À quoi m'attendais-je de la part de cette fille? Qu'elle me rapporte chez moi en me déroulant un tapis rouge et en me lançant des confettis? Alors là, je pouvais toujours rêver.

« Eh oh, Newton, j'ai dit dehors. » rajouta-t-elle sèchement.

Je sortis et elle ferma brusquement la porte dès que j'eus les deux pieds sur la terre. Je m'approchai alors de la fenêtre et y collait mon front, ainsi que mon nez par la même occasion, si cela peut vous aider à bien visualiser la scène, et toquait trois petits coups en marmonnant contre la vitre:

« Le journal, je pourrai l'avoir? Ou au moins le feuilleté? » demandai-je avec une moue d'enfant, qui m'était naturel.

Elle secoua la tête et remis le moteur en marche en repartant sans rien ajouter.

Je me retrouvai donc seul, au beau milieu d'une route de terre, entouré par de nombreux arbres qui perdaient lentement leurs feuilles en attendant la saison froide.

Je me retrouvais donc à nouveau seul.

Complètement seul.

Enfin... presque.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top