04

« Section aventure, lettre F... murmurai-je à moi même, en rangeant un livre.
— Salut Caldwell. »

Pendant un bref moment, un vraiment très bref moment, j'eus un regain de courage et je me retournai, presque en gonflant le torse. Puis je réalisai soudainement que je n'étais rien à côté de lui. Je m'écrasai donc sous son lourd regard.

« Mon argent, maintenant, petit con.
— À la base, tu sais, c'est mon argent... » commençai-je.

Sans surprise, il m'attrapa à la gorge.

« Alors tu veux jouer ? On va jouer Caldwell. »

♢♢♢

Quelqu'un toqua à la porte, je n'eus aucune difficulté à deviner de qui il s'agissait. Je descendis les escaliers en trombe devant les yeux ennuyés de mon père qui n'avait pas quitté son journal du regard. J'agrippai la clé pendue à mon cou, les mains moites. Puis j'insérai celle-ci dans la serrure.

Et si ce n'était pas lui ?

Pendant un bref instant, je crus que cette hypothèse était une réalité. Le jeune homme devant le portique, les bras chargés de livres ne ressemblait en rien à celui que nous avions accueillit hier soir. Tentant malgré tout de lui adresser un semblant de sourire, j'étais troublé par son état. Il m'adressa faible « salut » presque imperceptible, la voix cassante. Sa lèvre inférieur grossièrement enflée l'empêchait de sourire faussement. De plus, une ecchymose s'étendait de sa mâchoire à son arcade sourcilière. Il avait aussi un œil entièrement fermé, probablement incapable de rester ouvert à cause de la difformité apparente au dessus de sa pommette.

« Je... Vois-tu, je t'avais dit que je t'apporterais... Euh... Des livres. J'sais pas s'ils te plairont, mais... Voilà. »

Il me les tendit, les bras légèrement tremblant, en évitant de me regarder de ses timides yeux gris. Je les pris sans broncher, incapable de prononcer quoique ce soit, même pas un faible « merci ». Brisant le malaise et le silence incommodant, il me salua maladroitement et tourna les talons. Toujours figée, je réussis malgré tout à prononcer enfin un petit quelque chose :

« Hey, Newt, merci... »

Il tourna la tête, les sourcils haussés. Il me répondit par un simple sourire en coin et parti en boitant faiblement. Je fermai la porte et me laissai glisser le long de celle-ci, scandalisé devant autant de violence sur un seul visage. C'était donc ça, le monde extérieur ? Était-ce de ça que mon père essayait de me protéger ? De cette brutalisé animal, à l'état pure ?

« C'était bien le petit voisin ? lâcha mon géniteur, nonchalamment.
— Je... Je n'en sais rien. » répondis-je en levant les yeux vers mon interlocuteur se trouvant dans la pièce voisine.

♢♢♢

Je revins chez moi, d'un pas plutôt pressé, face à la température qui chutait délibérément. Je ne pouvais pas risqué de croisé l'une de ces foutues bêtes qui rôdaient dans les parages. Mon corps n'allait pas pouvoir en encaissé d'avantage. J'avais besoin de repos. J'envisageais déjà de prendre congé demain, même si mon portefeuille ne me le recommandait pas. Je devais aussi noter à mon agenda de ne pas recroiser Morgane d'ici au moins une dizaine de jours, pour ne pas réveiller de soupçons chez elle. Mes blessures physiques n'allaient plus être apparentes demain ou au plus d'ici 2 jours, ce qui se trouvait être plutôt anormal pour quelqu'un de normal.

Ah oui, c'est vrai. Je n'étais pas normal. J'avais presque oublié.

J'essayais dormir depuis près de 2 heures, dans mon lit, pour une fois, mais je n'y arrivai pas, habitué au peu de confort que m'accordait le sol de béton au sous-sol. Les loups n'arrêtaient pas de hurler à la lune et c'était sur le point de me rendre fou.

Je décidai donc de me lever et je me mis à faire les cent pas. Vous connaissez ce moment, lorsque la fatigue n'existe plus, malgré l'heure avancée?

J'ouvris les yeux en sursaut, étendu sur le parquet du salon. Je ne me rappelais ni quand, ni comment j'avais réussi à m'endormir. Tout mes membres étaient douloureux, la position étrange dans laquelle j'avais dormi n'avait probablement pas aidé. Je me levais avec peu de souplesse et me dirigeai vers la salle de bain.

Ma première action du matin fut de vomir des litres de sang, tandis que mon corps me réprimandait de ne pas mettre défendu hier.

Je me glissai sous le jet d'eau chaude de la douche et je fus aussitôt soulager. Je me recroquevillai dans le font et fermai les yeux. J'étais près à rester là des heures.

Ou pas.

L'eau devint alors extrêmement froide, complètement glacé. Un problème de tuyauterie, je suppose. Une chose était certaine, en plus des ecchymoses, l'eau passé de chaud à totalement gelé ne m'aidait en rien. Je sortis précipitamment de la douche et m'enroulait dans une serviette, puis une couverture et une autre qui trainait par-ci, par-là. Mais c'était peine perdu. Mon épiderme s'était affolé suite a cette glace liquide. J'allais donc entré dans un long processus douloureux.

Vous savez, parfois j'avais envie de sortir, mais cette fois, j'avais tellement mal que je voulais simplement rester à l'intérieur, sans avoir une fourrure épaisse qui me couvre de partout.

Je voulais simplement boire une tasse de thé, pas boire l'eau d'une marre boueuse.

Je voulais simplement me faire un repas acceptable, pas manger le restant d'une carcasse de lièvre.

Je voulais simplement dormir dans des couvertures chaudes, pas dans un vieux tas de feuilles humides.

Je descendis alors maladroitement les escaliers en trombe, manquant de peu de dévaler les marches une pars une, sur la tête. Je me jetai devant le feu malheureusement éteint et tentai de craquer une allumette, mais aucune de la boite n'eut l'air de vouloir coopérées. Je ne pouvais pas me permettre de partir.

Pas maintenant!

Je me jetai ensuite à mon plan B. J'agrippai les chaines, mais soudainement, je me mis a hurler et pleurer de douleur. Je me recroquevillai en cherchant mon souffle. J'avais l'impression, non pas pour la première fois, que tout mes os se broyaient en petits morceaux. De plus, j'avais des bouffés de chaleurs soudaines et d'énormes frissons simultanément.

Ne me demandez pas comment j'avais réussi à me trainer jusqu'à l'étage. Je posai ma main sur la poignée de porte et au même instant, mon cœur et ma tête me lâchèrent, ne supportant plus ce maigre corps.

Je me réveillai, dorloté par les doux rayons du soleil.

Par contre, j'ouvris brusquement les yeux, tandis qu'un grognement que je pouvais qualifié d'agressif se fit entendre à quelques centimètres de mon visage.

Tout mes sens développé, je sentis immédiatement l'odeur d'animal que j'avais. Chien mouillé, boue et épinette. Quel mélange raffiné, n'est-ce pas?

Bref, je m'égare.

Un loup, un bêta plus précisément, me regardait hargneusement, tandis que le couple d'Alpha me fixait du haut de leur rocher. Je réalisai alors que je me trouvais au mauvais endroit. Moi qui voulait toujours éviter la meute...

Intrus, un intrus se trouvait dans leurs tanière. Un homme, si je pouvais me désigner ainsi, se trouvait dans leur tanière. Un homme complètement nu se trouvait dans leur tanière. Un homme complètement nu...

Bref vous avez compris.

Je me levai lentement pour ne pas les affoler, tandis que le bêta aux yeux bleus, qui me menait la vie dure depuis un moment en obéissant aux Alphas, me surveillait avec un regard gourmand. Je fis quelques pas pour m'éloigner et un deuxième amateur de viande rejoint le premier. Près de la sortie, j'oubliai toute volonté de partir dans le plus de discrétion possible. Je tombai dans la boue face première tandis que les autres de la meute me regardait en se léchant les babines. Je me relevais cette fois en prenant mes jambes à mon cou. Celui aux yeux bleus se mit à trotter derrière moi, puisque courir serait beaucoup trop facile et enlèverait le moindre défi qu'il y avait pour m'attraper.

♢♢♢

« Les créatures légendaires: recueille en 3 partie. » lu-je à voix haute.

J'ouvris alors une page au hasard.

« Le Centaure. Créature mi-homme, mi-cheval, possédant un corps de cheval et un buste d'homme... »

Je fis tourner plusieurs pages et m'arrêtai-je à nouveau sur une page.

« Le Griffon. Créature possédant une tête, les ailes et les serres d'un aigle, les oreilles d'un cheval et les pattes, l'abdomen et la queue d'un lion. »

À croire que toutes les créatures de ce livre était un croisement de quelque chose! Je tournais pour une énième fois les pages, mais je m'arrêtai à la vue d'une image. Une créature sur deux pattes, ressemblant à un homme et à un loup à la fois.

« Le Lycanthrope. Créature mangeuse d'hommes se métamorphosant en loup lors de la pleine lune. Aussi connue sous le nom de loup-garou, cette créature est souvent issue d'une malédiction. Vivant majoritairement dans les bois isolés.. »

Je déglutis et fermais le livre, sans terminer ma phrase. Ça me me plaisait pas du tout. Et si ces créatures existaient réellement ? La population de loups dans nos forêts était si élevée... Je ne voulais même pas y penser.

♢♢♢

Je me laissais tomber sur le canapé, enroulé dans la couette de mon lit. Je fermai les yeux quelques instant, avant d'être réveillé brusquement par deux masses s'asseyant à mes côtés. J'écarquillai les yeux et cessai de respirer. Sans tourner la tête, je regardai les deux intrus. Un garçon et une fille presque identique. Ils dégageaient une odeur de pin, qui me picotait le nez, puisque mon odorat était toujours aussi puissant.

« Alors là, ton petit numéro de ce matin était... hallucinant, lâcha la voix d'un jeune homme.
— Mon quoi?
— Étrange de se métamorphoser à cet endroit... c'est plutôt...
— Dangereux? compléta la fille.
— J'aurais plutôt dit inhabituel.
— Je... Métamorphose? Je... haha... voyez-vous, je ne sais absolument pas de quoi vous parlez...
— Tu dois avoir de drôle de fantasmes l'ami, se moqua l'intrus.
— Tu reprends souvent forme humaine dans des endroits pareils, au beau milieu de nul de part? »

Qui étaient ces gens ?  Ça ne me plaisait pas du tout. La fille se leva et vint se poser devant moi, accroupie. Elle prit mon visage du bout de ses doigts, pour m'examiner, je suppose. Je déglutis.

« Alden, regarde. Ses pupilles sont encore dilatées. C'est comme si sa transformation était inachevé.
— Je ne comprends pas... mes yeux ? C'est qu'il fait très sombre chez moi et ... »

Elle sortit un flacon de la poche de sa veste de cuire et fit tomber 2 goutes sur le tapis. Une forte et désagréable odeur de sapin s'empara de mes narines. L'odeur me brûlait la gorge, mais j'essayais tout de même de ne pas bouger, sachant très bien qu'elle me testait. Je la regardais d'un air faussement innocent. Mais plus les secondes passaient, plus celles-ci semblaient s'écouler comme des heures. Mes sens amplifiés, plus j'attendais, plus le risque de craqué était élevé si je restais ici plus longtemps sans rien faire.

Je me levais d'un bond et poussait les deux hors de chez moi.

« J'ai un tas de chose à faire, donc je vous demanderais de bien vouloir partir. »

Je claquai la porte devant leurs yeux éberlués.

Enfin, il était temps.

Vous connaissez ce sentiment lorsque deux inconnus entrent chez vous, sans que vous sachiez pourquoi? Bien sur que non, du moins, je l'espère.

Je me demandais une seule chose. Qui étaient-ils et surtout, que savaient-ils?

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