Après avoir envoyé un fichier de musique à SeokJin, je me suis allongé de nouveau. Tandis que je feuilletais les partitions que j'avais rapportées de la salle de classe, j'ai vu une phrase écrite dans la marge : Nous pouvons rire quand nous sommes ensemble. Ça ne ressemblait pas à mon écriture.

Je me suis souvenu d'un jour brumeux. Je m'étais retrouvé à marcher à travers la cour de l'école avec SeokJin. Nous nous sentions tous les deux gênés. Les mains dans les poches et les yeux fixés sur le sol, j'avais intentionnellement marché plus lentement que d'habitude. J'espérais qu'il passerait devant moi, mais il ne l'avait pas fait. À chaque fois que j'essayais de lui parler, ça ne faisait qu'empirer les choses entre nous. Il avait gloussé d'embarras.

J'avais fini par lui demander, "Ça remonte à quand la dernière fois que t'as vraiment ri de tout ton cœur ?" Il n'avait pas répondu, et je ne lui avais pas demandé une seconde fois. Je n'avais pas l'intention de le mettre mal à l'aise. La question m'avait simplement échappé.

Nous pouvons rire quand nous sommes ensemble. C'était peut-être la réponse à cette question. Mais je n'étais pas sûr que SeokJin ait écrit ça. Une certitude dont je n'avais pas besoin.

La mélodie de la partition était plutôt nulle. Je l'avais écrite seulement deux ans auparavant, mais à l'époque ma musique était immature et destructive. Les notes ne s'enchaînaient pas de façon fluide et ne sonnaient pas bien. Quand je pensais à mes années de lycée, je me rappelais seulement que je traînais ivre, mais je n'avais pas passé chacune de mes journées de cette façon.

J'ai passé la nuit entière à réécrire la partition et l'ai terminée ce matin. J'ai modifié les enchaînements entre les mélodies avec une basse plus soignée, mais j'ai laissé la destructivité telle qu'elle était. De même pour le sentiment d'agressivité et l'irascibilité. C'était ainsi que nous avions été - agressifs et irascibles. J'ai intitulé le morceau "Nous pouvons rire quand nous sommes ensemble."