YoonGi - 13 juin année 22

Je suis allé voir JungKook à l'hôpital mais je n'ai pas pu entrer dans sa chambre. De la porte de l'hôpital, il avait l'air mort. Je me suis retourné. Je ne pouvais pas supporter de le regarder.

Depuis que nous étions revenus du voyage à la plage, JungKook avait cessé de venir à mon studio. J'ai essayé de me souvenir de la dernière fois que j'avais vu JungKook. La dernière fois, c'était quand nous revenions du voyage. J'étais en train de parler de musique avec HoSeok. Sans nous dire un mot, JungKook avait couru devant. Je pensais qu'il avait quelque chose à faire et qu'il reviendrait plus tard. Mais il a eu un accident.

Tant de choses se sont déroulées devant mes yeux. Le feu crépitant dans un bidon vide au chantier de construction, la chambre de ma mère toujours sans lumière, le son du piano provenant des flammes, JungKook jouant maladroitement du piano dans un magasin de musique, JungKook gisant sur la route vide, ainsi que la peur et la douleur qu'il avait dû ressentir en perdant lentement connaissance. JungKook était allongé là. L'air mort. Je suis sorti de l'hôpital en titubant.

J'ai bu. Il fallait que je boive pour oublier cette peur. J'ai été viré du bar et j'ai erré dans les rues. Et je me suis écroulé quelque part dans la rue et j'ai dormi.

Quand je me suis réveillé, je courais. Non, je faisais ce rêve où je courais. Mais je n'étais pas un enfant. J'étais un lycéen. Et je courais dans les rues sombres, et c'était urgent. Je n'ai pas regardé autour de moi. Mes pieds couraient pour me conduire à destination. Où allais-je ? Quelle était l'urgence ? J'avais l'impression que c'était arrivé avant, mais je ne m'arrivais pas à m'en souvenir. Et j'ai perdu l'équilibre et je me suis foulé la cheville.

Quand j'ai été projeté et que je suis tombé la tête la première dans le rêve, je me suis réveillé en donnant des coups de pied. C'était la nuit. À cause de l'alcool, mon cœur battait la chamade et tout tournait autour de moi. Quand j'ai essayé de me relever de la position recroquevillée dans laquelle j'étais, mes articulations m'ont fait souffrir. Accroché au mur pour me soutenir, j'ai réussi à marcher.

Je n'avais aucune destination. Je me fichais de là où j'allais. Les passants ont froncé les sourcils et m'ont évité. J'étais toujours comme ça. Je n'avais ni destination ni but, et il n'y avait pas moyen que je cours maintenant juste parce que quelqu'un m'avait dit de courir. Et les gens autour de moi me trouvaient navrant ou effrayant.

Titubant, j'ai soudainement regardé autour de moi. J'étais sur cette route où j'avais couru à bout de souffle dans mon rêve. Où est-ce que j'allais si vite ? Qu'est-ce que je cherchais ? Personne ne m'avait dit de le faire, et personne ne me poursuivait, mais pourquoi est-ce que je courais comme ça ?

J'ai vu le feu vert sur le passage pour piétons. Dans le rêve, j'ai traversé la route même si le signal était devenu rouge. Les voitures ont klaxonné et certaines se sont arrêtées brusquement. J'ai ignoré tout ça et j'ai couru les yeux fixés devant moi. Comme dans le rêve, j'ai commencé à prendre de la vitesse. Je me sentais nauséeux, mais j'ai pris de grandes inspirations. J'ai traversé la route.

Sans raison, je me suis senti pressé et j'ai commencé à courir. Ce n'était rien comparé à la vitesse que j'avais dans le rêve, mais j'ai quand même couru. Et j'ai vu devant moi la même scène que dans mon rêve. Je suis passé devant l'école primaire et le poste de police et j'ai traversé la route. Et ce que je voyais désormais se superposait avec la scène de mon rêve.


Je suis arrivé devant le portail du lycée Songju Jeil. L'endroit jusqu'où j'ai couru dans mon rêve était mon lycée, l'endroit où je n'avais pas remis les pieds après avoir été expulsé. Je ne pouvais pas y croire. J'ai levé les yeux vers les salles de classe. Les lumières étaient allumées dans chaque classe. Les salles de classe bien éclairées ne faisaient pas partie de mes souvenirs de lycée. Dans le rêve, j'ai couru à travers la cour sombre et jusqu'à la salle de classe transformée en entrepôt dans l'ancien bâtiment.

Quand j'ai ouvert la porte, ça sentait la poussière et la fumée. Les bureaux étaient tous renversés par terre et une pile de boîtes était dans un coin. Je me suis tenu près de la porte et j'ai regardé à l'intérieur. Cela faisait deux ans que j'avais passé la plupart de mes journées ici. Étais-je une personne différente d'à l'époque ? Ou étais-je toujours le même ? Est-ce que j'étais celui qui venait en courant et haletant ici dans le rêve ou le moi de l'époque ?

J'ai vu le piano dans le coin d'en face. Il y avait une fine couche de poussière déposée sur le piano qui n'avait pas été touché depuis longtemps. J'ai balayé la poussière avec ma main. Quand j'ai ouvert le dessus, les touches blanches brillaient faiblement dans le noir. J'ai pris mon téléphone et je l'ai utilisé comme lampe torche. J'ai appuyé sur une touche. La touche a fait un son étrange, une note qui était entre deux notes. C'était la même chose avec chaque touche. Le piano non accordé avait perdu sa voix et était devenu hors d'usage.

Je me suis laissé tomber sur le sol. Mon bras avec la brûlure qui n'avait pas encore guéri a frotté contre le piano, m'envoyant une sensation douloureuse. Je me suis souvenu de JungKook dans son lit d'hôpital. Et la maison brûlant dans le feu. Et j'ai entendu une mélodie de piano par-dessus ces images. Qu'est-ce que je fuyais ? Une personne ? Un attachement ? Des souvenirs ? La musique ? Moi-même ?

Avec du recul, je me suis rendu compte que j'avais vécu des moments heureux grâce à JungKook, TaeHyung et les autres amis, des moments que je ne pensais pas pouvoir vivre. Et cette salle de classe transformée en entrepôt en faisait partie. Avais-je ri de tout mon cœur depuis ? Avais-je voulu rester en vie depuis ? J'ai touché un pied du piano. Le bois vieux et rustique du piano parut rugueux sous ma main. Quand j'ai essayé de me lever, je me suis soudainement souvenu. Il devait y avoir des partitions quelque part ici.

Je me suis penché au-dessus du piano et ai fouillé avec mes mains ce qu'il y avait sous le cadre du piano. Les partitions étaient enfouies dans le coin. J'avais oublié. Je les avais mises là. Je ne pouvais ni les jeter ni les garder - la musique, les partitions, le piano et moi-même.

Et je me suis souvenu de cette nuit. Le jour où j'étais venu en courant à cet endroit, le jour où mon expulsion avait été décidée. Le jour où j'avais reçu le verdict selon lequel je n'étais plus autorisé à entrer dans cette classe. Je m'étais saoulé et, me sentant désespéré, j'étais venu en courant ici. Je ne savais pas pourquoi je m'étais senti si désespéré à ce moment-là. C'était la peur ; sans cet endroit, je ne ferais ou ne jouerais plus jamais de musique. J'avais été désespéré de découvrir que ce ne serait pas le cas. Alors j'étais venu en courant et haletant pour ouvrir cette porte de classe.

Je me suis tenu devant le piano. J'ai appuyé avec précaution sur les touches. Et quelques touches supplémentaires. La mélodie étrange se répandit dans la pièce sombre. Mon cœur battait toujours fort. De la sueur coula le long de ma tempe et tomba sur une touche. Que devrais-je jouer ? Quelle était la note suivante ? Mon cœur a faibli. La note suivante devait-elle être un dièse ou un bémol ? Ou une variation de la mélodie ?

Ayant l'impression que quelqu'un jugeait ma musique, je me suis retourné. J'ai joué quelques notes de plus, mais je ne pouvais pas me concentrer. Qu'est-ce que je ressentais ? Je ne comprenais pas ce qui me rendait si confus. J'avais peur d'appuyer sur une touche et il me semblait impossible de jouer. Le piano me repoussait.

J'ai appuyé plus fort sur les touches. Des notes insignifiantes résonnèrent dans ce qui avait été notre repaire. Je me suis mis en colère, ai commencé à appuyer sur n'importe quelle touche et ai crié, "C'est pas l'émotion !"

Soudain, je me suis arrêté. Ma mère avait dit ça. Les mots que je détestais le plus entendre. J'ai essayé de jouer la note qui avait disparu de ma vie. Je ne pouvais pas bouger mes doigts. C'était la note qui était partout dans mes partitions, la note à laquelle je ne pensais même pas quand je jouais du piano avec mes amis, et la note que je ne pouvais plus jouer après avoir été amené à la craindre.

Je ne me souvenais pas de ce que j'avais ressenti cette nuit-là. J'aurais pu me sentir désespéré ou avoir envie d'abandonner. Je suis retourné chez moi et j'ai jeté la touche de piano de ma mère que j'avais sauvée de la maison incendiée. Et j'ai décidé que je ne jouerais plus jamais du piano.

Avec le recul, ça avait été stupide. Rien n'avait changé simplement parce que j'avais jeté la touche de piano de ma mère. Je ne pouvais pas arrêter de jouer du piano ou abandonner la musique. Mais depuis ce jour, je n'avais pas joué cette note. La note n'était nulle part dans la musique que j'ai écrite.

J'ai compris pourquoi j'avais été si méchant avec JungKook quand il était venu me voir dans mon studio ; il n'avait pas arrêté de jouer cette note. Pourquoi avait-il fait ça ? Sans être au courant de rien.

J'ai regardé les partitions sous le cadre du piano. J'ai joué une mélodie qui figurait sur les partitions. Cela sonnait étrange à cause du piano désaccordé. Le son étrange est devenu une mélodie étrange et une musique étrange.

Des souvenirs de mes années de lycée me revenaient petit à petit avec la mélodie. HoSeok s'amusait, me prenant dans ses bras par derrière tandis que je jouais du piano. Il a dit, "Tu devrais jouer du piano correctement. Avec tes cheveux séparés en plein milieu et un costume coûteux !" À cela, JungKook a ajouté, "Je t'achèterai un nœud papillon pour ton anniversaire." Quand je leur ai dit de se casser, JungKook et HoSeok ont fait comme s'ils avaient peur de moi.

NamJoon, qui lisait un livre près de la fenêtre, a dit, "Hé, ralentis. YoonGi est un coureur super lent." SeokJin, riant de ce que NamJoon avait dit, sortit sa caméra de son sac. JiMin a souri en prenant la pose pour la caméra sur le tabouret du piano. "Avec le futur maestro !"

Le rire de chacun a rempli notre repaire, et SeokJin a tout enregistré avec sa caméra. J'ai aussi enregistré ce jour-là à ma manière. Le jour où nous avions tous ri ensemble, le plus beau jour de nos vies et le temps que nous avons passé ensemble. C'était dans ma musique.

Et après avoir joué une note, je me suis éloigné du piano avec l'impression d'avoir été électrocuté ou que mes doigts étaient en feu. Pendant un moment, j'ai été coupé de tous mes souvenirs avec mes mains figées dans le vide. Des frissons me sont descendus dans le dos. C'était cette note - celle que j'avais jetée avec la touche de ma mère et que j'avais fait disparaître de ma vie.

J'ai fouillé dans les partitions. La note était partout. À l'époque, je n'avais aucun scrupule à écrire cette note. À l'époque, j'utilisais cette note sans y penser, la note que je pensais disparue de ma vie.

Je me suis souvenu de ce que JungKook avait dit : "C'est parce que j'aime ta musique. Quand j'écoute ta musique, je veux vivre. Ce que je dis, c'est que ta musique est comme ce qui est dans mon cœur."

J'ai vu de la lumière à l'extérieur de la classe. Je me suis caché sous le piano. Un garde de sécurité a dit, "Qui est là ?"

Il est entré et a regardé autour de lui. "Un fantôme jouait du piano ou quoi ?" Je suis sorti en douce pendant qu'il allait regarder de l'autre côté de la classe.

J'ai couru à l'hôpital et suis entré dans la chambre de JungKook. NamJoon et TaeHyung se sont retournés et ont dit, "Est-ce que t'es soûl ?"

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