Je suis retourné à ma routine quotidienne. Et tout avait changé. Je devais changer moi aussi. Non, je devais redevenir moi-même.

Lorsqu'elle a vu son journal, qu'elle était sûre d'avoir perdu, elle n'a pas pu cacher sa surprise. Son film, ses endroits et ses fleurs préférés ainsi que ses rêves d'avenir étaient tous à l'intérieur de ses pages. C'était les choses que je voulais faire pour elle. Je ne pouvais pas lui dire que j'étais désolé. Son journal rouge se trouvait entre nous comme un signal d'intersection.

Tout ce que je voulais, c'était la rendre heureuse et la faire sourire. Et je voulais être quelqu'un de bien. Si je faisais ce que disait le journal, je pensais que je pouvais devenir ce quelqu'un.

Mais ça ne s'était pas passé ainsi. Plus j'essayais de devenir quelqu'un d'autre, plus je m'éloignais d'elle. Même lorsque les choses s'étaient empirées au point d'être irréparables, je m'inquiétais de révéler le véritable moi et qu'elle me quitte, déçue. J'avais désespérément essayé de me cacher et de me détourner de moi-même. Tout comme on ne pouvait pas mettre un point à la fin d'une phrase sans sujet, après m'être perdu, j'ai tourné autour du même endroit, incapable de faire un pas en avant.

Je sais maintenant. Le moi qui échoue et accumule les maladresses reste une partie de moi. Ce n'est que lorsque je serais honnête avec moi-même, peu importe à quel point ce serait cruel ou douloureux, que je serais capable de passer à la prochaine étape. Je me suis levé. Elle ne m'a pas arrêté.

Je suis sorti dans la rue et j'ai enlevé ma casquette. Quand je me suis peigné les cheveux avec mes doigts, toutes ces heures que j'avais passées à essayer d'être quelqu'un d'autre ont filé entre mes doigts. Je me suis tourné et ai vu mon reflet dans la vitre. Le visage livide, les lèvres pâles et les épaules maigres. J'avais l'air négligé, mais c'était moi. J'ai souri. Et le reflet dans la vitre a souri avec moi.