Depuis qu'il avait été annoncé que la Maison des Enfants de Yangji était incluse dans le plan de réaménagement, les gens de l'orphelinat faisaient la guerre tous les jours. Une guerre sans tirer de balles, une guerre menée dans le silence et la peur croissante.

La ville et les personnes travaillant pour le député Kim ChangJun refusaient de répondre à nos questions. Nous leur avons demandé de communiquer le plan de relocalisation de la Maison des Enfants de Yangji. Ce n'était pas une demande difficile. Mais leur silence en disait bien plus que des mots.

S'ils avaient eu un plan, ils se seraient disputés pour être le premier à l'annoncer : la Maison des Enfants de Yangji serait relocalisée à tel endroit. Mais ils n'avaient rien dit. En ne disant rien, ils rendaient évident le fait qu'ils comptaient envoyer les enfants dans des établissements différents.

Je ne sais pas qui a lancé les œufs. Une des tantes de l'orphelinat ou quelqu'un qui avait grandi ici. Personne ne savait qui avait commencé à se battre. Les manifestants, enfin, ce serait un peu exagéré d'appeler les gens de l'orphelinat des manifestants, mais ils s'étaient battus avec les conseillers.

Ce qui s'était passé ne pouvait pas vraiment être décrit comme une dispute physique. Nous nous étions toujours sentis intimidés par les autres. Même quand nous essayions d'avoir l'air confiant, le monde nous regardait avec pitié. Les gens nous trouvaient soit dangereux soit pathétiques. Des gens qui vivaient des impôts des autres.

L'une des tantes de l'orphelinat s'était effondrée sur les escaliers, et plusieurs des enfants les plus âgés avaient été emmenés par la police. Une tante s'était écroulée et avait été emmenée à l'hôpital. Même la tante qui prenait une pause dans son travail à l'orphelinat à cause de sa maladie était venue à la mairie.

Je n'avais appris tout ça que lorsque j'avais presque terminé mon service. J'étais occupé par le travail, il y avait trop de clients aujourd'hui. Je suis allé à l'hôpital en traînant ma jambe blessée. Tout le monde squattait devant la salle d'opération. Ils avaient tous l'air bien amochés.

Malgré tout, ils étaient surpris par ma jambe. "Qu'est-ce qui est arrivé à ta jambe ?" "Comment tu t'es blessé ?" J'ai répondu, "J'ai glissé dans la rue l'autre jour. C'est rien." Après leur avoir donné une réponse rapide, je me suis assis à côté de mes tantes.

Il ne m'a pas fallu longtemps pour le comprendre, cependant. Tout le monde se sentait détruit non pas d'une quelconque douleur physique mais d'un sentiment de défaite. Cette bataille ne nous mènera nulle part - cette attitude autodestructrice qui nous avait accompagné pendant si longtemps qu'elle était désormais enracinée profondément dans nos esprits.

Le silence dans le couloir de l'hôpital était étouffant. Personne ne prononça un mot. Pouvons-nous gagner ce combat ? Qu'est-ce que je peux faire ? Je ne pouvais même pas pleurer.

Puis j'ai entendu mon téléphone sonner et afficher un message de TaeHyung. Où t'es ? Tout le monde est là. La photo de SeokJin était jointe.