8 - Daenerys
Elle se souvint de la première fois qu'elle avait posé les pieds à Westeros. De la joie qu'elle avait ressenti, lorsqu'elle avait aperçu Peyredragon. C'était sa maison. Son héritage.
Mais elle se souvint aussi de l'absence de son peuple. Viserys lui racontait que chaque chevalier, chaque Lord et chaque paysan de Westeros les attendait les clamait, brandissant la bannière Targaryen au-dessus de leurs têtes. Elle avait grandi avec cet espoir là, elle pensait qu'ils l'attendaient, tous, comme leur sauveuse. Ils l'avaient fait à Essos. Ils l'appelaient Mhysa. Mère, en ancien ghiscari. Elle pensait qu'ils agiraient de même à Westeros. Mais non. C'était le silence qui l'avait accueillie, les pierres froides qui brandissaient ses bannières. Personne ne l'attendait. Personne ne l'avait jamais attendue.
Son regard se porta sur l'énorme château gris qui lui faisait face, à travers la fente de l'entrée de sa tente. Même lorsque le soleil venait à peine de se lever, la forteresse paraissait aussi imposante et sombre qu'en pleine nuit. On lui avait rapporté que la ville d'Hiver avait été désertée, tous étaient descendus plus au Sud, dans les seigneuries voisines, ou étaient rentrés à l'intérieur, protégés à présent par les énormes remparts construits par Brandon le Bâtisseur. Au sommet des plus hautes tours claquaient au vent la grande bannière Stark ainsi que celles des Tully et Arryn. Sur les plus petites tours, celles de tous les seigneurs de Westeros qui soutenaient Sansa Stark. Elle en avait compté plus de soixante-dix.
L'image de la bâtisse disparut lorsque Ser Wallack se posta devant, entrant dans le domaine de la reine. Son armure dorée était reluisante, mais il s'était tout de même vêtu d'une chaude pelisse. Par le froid qu'il faisait, il n'était pas étonnant que des hommes du Sud soient gelés.
-Pardon de vous importuner, Votre Majesté. Nous avons envoyé un de nos hommes pour essayer un dernier accord de paix.
-Pourquoi avoir gaspillé un homme et du temps pour cela ? Les paroles de la jeune Stark étaient pourtant claires : ils semblent prêts à mourir.
-En effet, nous n'avons reçu comme réponse que sa tête enveloppée dans leur bannière.
-Des sauvages, murmura-t-elle.
-Il y avait un parchemin accroché.
-Que disait-il ?
-Le Nord se souvient. Signé Sansa Stark elle-même.
Elle grimaça. Évidemment. Elle avait tué son frère bien-aimée, et la nouvelle de la mort de Jon et sa cause était certainement arrivée jusqu'à ses oreilles.
-Nous attaquerons dès que le soleil sera levé.
Les quelques rayons avaient déjà commencé à apparaître.
-Nous sommes en... minorité, Votre Majesté.
-Comment ça ?
-Nos calculs s'avéraient faux. Le Conflans a rapporté plus d'hommes que nous pensions. Lady Sansa possède plus de cent cinquante mille hommes. Sans compter les archers.
-Drogon brûlera son armée entière avant qu'elle n'ait pu tirer une seule flèche.
La seule chose qui l'inquiétait réellement était une horde de sauvageons qui pouvait apparaître à tout moment. Elle se souvenait parfaitement des mots de Tormund Fléau d'Ogres : « N'étant point de la Garde de Nuit, je dois choisir une reine certes, alors je choisirai la Jeune Louve. » Sansa n'était pas idiote, elle savait qu'elle pouvait compter sur l'appui des anciens amis de Jon. Mais jusqu'alors, aucune nouvelle d'armée sauvageonne descendant au Sud ne lui était parvenue. Plutôt bon signe.
-Autre chose ?
-Non, Votre Majesté. Nous vous attendons pour le dernier conseil de guerre.
Elle hocha la tête et accompagna Ser Wallack, suivie de quatre de ses plus braves immaculés. Dehors, le froid mordait avec violence, mais c'était plus la peur qui se faisait ressentir qu'autre chose. Les pas de ses immaculés résonnaient à travers les allées, et les voix des mercenaires sudiens flottaient dans l'air accompagnées d'un sentiment de terreur. Elle vit plus loin une large tente vers laquelle elle se rendit. Elle entra. Tous lui accordèrent une révérence à son entrée. Tout son conseil était présent, à l'exception de Prassando Drudak, la princesse lysienne. À la place siégeait son bras droit, Midneik na Pazku, un homme plutôt jeune, ses cheveux blonds emmêlés comme s'il venait de se lever. Elle se plaça à l'extrémité de la table. Des petites figurines de bois étaient posées : des loups, pour les Stark, qui prenaient une place considérable à l'intérieur et à l'extérieur de Winterfell, des aigles pour le Val, et des truies pour le Conflans, tous placés tantôt à l'intérieur qu'à l'extérieur de la forteresse. Elle savait que le Val possédaient plus d'archers que de mercenaires, aussi considéra-t-elle que le nombre de figurines placées dehors devait être réduit, pour augmenter celui à l'intérieur, ce qu'elle fit. Des regards curieux la fixèrent.
-Le Val est réputé pour leurs archers, justifia Lord Lannister à sa place. Notre Reine a raison.
Faisant face à cette immense armée, des casques d'immaculés, l'épée de la Compagnie Dorée, les lions des Lannister, le cerf des Baratheon et les armées tyroshiennes, lysiennes et myriennes étaient disposées. Daenerys n'avait pas besoin de compter pour savoir que leur nombre était inférieur.
-Lady Sansa a ramené plus d'hommes que nous, fit remarquer le tyroshien.
-Mais elle n'a pas de dragon, riposta Torgo Nuhdo, assis aux cotés de leur reine.
-Nous agirons comme nous avons agi pour Cersei. Vous attendrez mon signal pour attaquer.
Tous hochèrent la tête à l'exception du jeune lysien.
-Quel signal ?
-Drogon, se contenta-t-elle de répondre.
Comme si le fait de prononcer son nom l'avait réveillé, un énorme rugissement retentit et fit trembler les verres posés sur les commodes. Le jeune homme écarquilla les yeux puis hocha activement la tête.
-Bien. Le Conseil est terminé.
-Votre Majesté, si je peux me permettre, fit lord Baratheon. Beaucoup disent que nous aurons aussi affaire à des sauvageons.
-Ils ne faut pas se fier aux rumeurs. Aucune armée n'est descendue à Winterfell. Et je doute qu'une horde entière de sauvageons soit très discrète.
Du moins, l'espérait-elle.
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