Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Assise dans le grand salon, chaque seconde semble interminable et plus douloureuse, comme si le temps s'était arrêté. Pourtant, tout autour de moi bouge si vite, le monde ne cesse de tourner, les gens ne cessent de courir, et moi, je suis incapable de bouger. La douleur qui me bloque sur place prend de plus en plus d'ampleur au fur et à mesure que les secondes passent, comme si j'étais en train de me noyer, me débattant de toutes mes forces sans pouvoir remonter. Tout ce que je veux, c'est respirer.
Une main se pose sur mon épaule, espérant probablement un quelconque mouvement de ma part, mais je n'en fais rien. Ils s'attendent à ce que je bouge, que je réagisse, que j'explose, mais tout tourne si vite, trop vite. Je veux que le monde arrête de bouger. J'aimerais pouvoir m'allonger ici, juste m'allonger et oublier le monde. Pourtant à l'intérieur de moi, c'est un champ de bataille. Trop de questions sans réponse, tellement de regrets, de remords.
Des larmes coulent silencieusement le long de mes joues, mes yeux rivés sur le sol, je n'ose pas lever la tête au risque de tout voir s'effondrer. Mes paupières viennent couvrir mes yeux, je ne veux plus les ouvrir. J'imagine, et finis par espérer de toutes mes forces que ce n'est qu'un simple cauchemar, que je vais finir par me réveiller. Mais je suis terrifiée rien qu'à l'idée d'ouvrir les yeux, mon corps entier tremble, mon cœur bat si vite qu'il me fait mal. J'aimerais pouvoir plonger ma main dans ma poitrine et arracher tout simplement la source de ma souffrance aujourd'hui. Parce que si j'en suis là c'est uniquement à cause de mon cœur, de mes sentiments.

Mais je suis obligée d'ouvrir les yeux. Les iris bleus de mon amie me fixent avec intensité, je balaie du regard tous mes amis présents, qui semble eux aussi perdus. Certains ne cachent pas leur peine et laissent quelques larmes couler, tandis que d'autres se contentent d'attendre, déboussolés et perdus dans leurs pensées. Je serre les mains pour les empêcher de trembler et prends une grande bouffée d'air dans mes poumons.

_ Je ne comprends pas... murmuré-je.

Comment en sommes nous arrivés là ?