Chapitre 2

Dans la foule d'étudiants, nous sortons de l'amphithéâtre après de longues heures de cours. À mes côtés, Eden râle comme à son habitude et si certains trouvent ça irritant, au contraire moi ça m'amuse. Le soleil nous offre aujourd'hui une agréable température, malgré le ciel gris, et je sens que le temps de la neige arrive, rien de mieux pour me mettre de bonne humeur, même les mauvaises ondes de mon amie ne peuvent pas m'atteindre.

_ Oh, tu m'écoutes ? s'offusque celle ci.
_ Pour être honnête, pas trop, un sourire s'étire sur mes lèvres.
_ Je me demande vraiment ce que je fous avec toi, fait Eden faussement vexée.
_ Ta vie serait ennuyeuse sans moi !

Je lui offre un grand sourire, elle finit par sourire à son tour. Je ne me suis jamais aussi vite lié d'amitié avec une personne, Eden fait partie de ces personnes qui laissent penser qu'ils préfèrent être seul alors que c'est faux. Elle ne se confie pas facilement et lorsqu'elle le fait c'est purement sincère.

_ Tu vas à l'entraînement là ?
_ Comme d'habitude, oui, confirmé-je.
_ Parfait je t'accompagne ! S'exclame t-elle.

Ensemble, nous marchons vers le studio, non loin de l'université et par ce beau temps, il nous a semblé préférable de marcher. Le léger sourire sur mes lèvres témoigne de mon humeur joviale, il ne m'en jamais fallu beaucoup pour me faire sourire, le beau temps, une bonne compagnie, même un bon petit déjeuner me fait sourire. Je suis du genre optimiste d'après mon entourage, je sais malgré tout garder les pieds sur terre, je sais reconnaître lorsque que c'est fichu, et pourtant, je vois de l'espoir là où d'autres n'en voient pas. Une habitude que je tiens de ma mère sans doute.

_ Bon tu vas te décider de me parler du bel inconnu du bar ?

Mes yeux se posent sur mon amie, son sourire au coin des lèvres plein de sous entendu me fait rougir.

_ Il n'y a rien à dire, marmonné-je.
_ Arrête de raconter des conneries ! J'ai vu les sourires que vous vous lanciez !
_ Je t'assure c'était rien, me défends-je
_ C'est ça ouais ! glousse-t-elle.

Face à nous une femme d'un certain âge transporte dans ses bras des livres, et peu stable, elle les fait malencontreusement tomber. J'accélère alors le pas jusqu'à elle en m'accroupissant pour les ramasser.

_ Attendez, laissez moi vous aider.
_ C'est bien aimable.

Elle me gratifie un sourire chaleureux au moment où je me relève.
Elle récupère doucement les livres, son regard chocolat fixé sur moi, j'aurais pu trouver ça étrange, mais elle m'inspire confiance, et semble totalement inoffensive et bienveillante.

_ Je te remercie, sourit-elle. De nos jours, peu de personnes auraient proposé leur aide, ça fait du bien de voir qu'il y a encore certaines qui le font.
_ Ne me remerciez pas madame, c'est normal !
_ Tu peux m'appeler Anne, dit-elle alors qu'un air presque rêveur peint son visage. Je pense qu'on sera amené à vite se revoir.
_ Bryséis, me présenté-je sans faire attention au reste de sa phrase, et voici mon amie Eden.

Elle lui offre un sourire, les paroles de Anne me laissent perplexe. Peut-être que maintenant je la trouve légèrement étrange. Ses cheveux blancs sont attachés à l'arrière de sa tête, vêtue d'un chemise à fleurs colorée, elle donne l'impression d'être sortie tout droit d'une tribu hippie.
Les livres qu'elle tient fermement dans ses bras semblent usés, anciens, « Leus warous » est écrit sur l'un d'entre eux.

_ Ils vous intéresse ? Constate la vielle femme, ces livres content les histoires des légendes anciennes.
_ Quel genre de légendes ? (je relève les yeux vers elle)
_ Toutes sortes, des plus connues au plus méconnues.

Je hoche simplement la tête.

_ Bon je ne vais pas vous ennuyer plus longtemps ! Déclare-t-elle, je tiens la librairie de la ville, si tu as un peu de temps passe donc faire tour !
_ Je viendrai, assuré-je.

Elle nous fait un dernier signe avant de s'éloigner, Eden soupire à côté de moi.

_ Cette femme est folle.
_ Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ? (Je fronce les sourcils.)
_ Depuis le temps que je suis ici, je peux t'assurer qu'elle l'est, tout le monde le dit.
_ Tu sais que je ne porte pas d'intérêt aux rumeurs.

Je soupire et nous nous remettons à marcher.

_ Je t'assure Bryséis, beaucoup la compare à une sorcière.

Je ris de bon cœur. Une sorcière ? Sérieusement ? Je pense surtout que les gens jugent très rapidement, mais le fait que mon amie l'affirme me fait quand même douter. La connaissant, elle ne juge pas une personne sur les dires des autres.

_ J'admets que, ça, c'est exagéré, admet-elle. Mais une chose est sûre, c'est qu'elle est étrange.

***

Chaque muscle de mon corps me fait mal. L'entraînement a été rude aujourd'hui, sans compter que notre entraîneuse n'était pas dans son meilleur jour, et a décidé de nous en faire baver. Et pour moi la conclusion reste la même, j'ai besoin de plus d'entraînement. Par moment j'hésite vraiment à tout arrêter, mais ça me manquerait trop. J'adore ce que je fais, et je le fais maintenant depuis très longtemps, ça fait partie de moi.

Mon portable vibre.

« Éis ! J'ai absolument besoin de toi ! Un de mes gars au bar est malade et j'ai personne pour le remplacer ce soir, est-ce que tu serais d'accord pour venir m'aider ? Tu me sauverais la vie ! »

Je considère le message de Chris avant de lui confirmer que je l'aiderai. Mon ami me remercie et me propose de venir me chercher au studio de danse d'ici dix minutes.

_ Ça te dit qu'on s'entraîne ensemble demain ?

Je range mes affaires dans mon sac et jette un coup d'oeil à Nakia. Je suis assez partagée, je sais que j'ai vraiment besoin d'entraînement supplémentaire, mais j'ai aussi envie de juste ne rien faire chez moi. Non, il faut que je me bouge si je veux m'améliorer, et ce n'est pas en restant cloîtrée chez moi que je vais y arriver.

_ Oui pourquoi pas, réponds-je finalement.
_ On se retrouve ici demain matin huit heures ? s'enthousiasme ma camarade.

J'acquiesce, elle quitte les vestiaires en me souhaitant une bonne soirée, et rapidement je suis aussi sortie. Le temps est plus frais qu'à mon arrivée, la lumière du jour s'estompe, le ciel arbore maintenant une jolie couleur rosée. La grosse voiture de Chris est garée dans la rue en face, je traverse la route après avoir regardé de chaque côté et m'engouffre rapidement dans sa voiture.

_ Ça a été ton entraînement ? questionne le blond.
_ C'est assez compliqué en ce moment (je soupire en attachant ma ceinture), je manque de pratique.

Chris démarre la voiture et quitte son stationnement pour rejoindre la route.

_ On passe d'abord chez toi ? Je suppose que tu as besoin de prendre une douche et déposer tes affaires

Il jette un coup d'œil à mon sac.

_ Oui j'ai vraiment besoin d'une bonne douche, confirmé-je en passant ma main dans ma nuque douloureuse.
_ Je te le fais pas dire.

Il grimace avant de sourire, et je lui lance un regard noir.

_ Enfoiré, marmonné-je.

Il rit un peu plus, un sourire s'étire sur mes lèvres.
Au bout d'une dizaine de minutes, il se gare devant mon immeuble, nous sortons de la voiture pour rejoindre mon apparemment.
À peine ai-je ouvert la porte, Chris s'engouffre à l'intérieur et fonce vers la cuisine. J'ai un appartement des plus banal, sans m'en plaindre, ni trop petit, ni trop grand, et décoré selon mes goûts, j'aime beaucoup l'ambiance qui s'en dégage. Lumineux, les murs sont clairs et l'agrandissent, le rendant plus agréable.

Je rentre dans la salle de bain, je laisse l'eau couler le temps de me débarrasser de mes vêtements puis je vais sous l'eau chaude.

Les paroles d'Anne me reviennent alors brutalement. Je ne pense pas qu'en disant qu'on allait être amenées à se revoir, elle parlait de la librairie. Ça n'en avait pas l'air du tout. J'ai vraiment eu l'impression qu'elle voulais dire plus, beaucoup plus. J'en suis presque persuadée, mais n'arrive pas à comprendre ce qu'elle voulait dire. Ça serait trop bizarre de la questionner sur ça... peut-être bien qu'Eden a raison.

Je sors finalement de la douche, j'attrape la serviette et l'enroule autour de mon corps. Face au miroir, recouvert par la vapeur d'eau, j'y passe ma main pour que mon reflet y soit visible. Déjà à peine sortis de sous la douche et mes longs cheveux bruns ont retrouvé leurs boucles naturelles, totalement indomptables. Mes yeux habituellement verts sont totalement rougis par le shampoing et me piquent affreusement.
Habillée, mes cheveux encore humides tombent dans mon dos, et je sors de la salle de bain pour rejoindre Chris.

_ Tu es prête ?

Il se lève du canapé et éteint la télévision.

_ On y va, dis-je en attrapant mon sac.

***

Ça fait une bonne heure que j'ai commencé, en voyant le monde, j'ai vraiment hésité à renoncer, mais Chris aurait vraiment été débordé. Les éclats de rire, mêlés aux conversations et à la musique nous obligent à crier pour pouvoir communiquer entre nous. J'aime beaucoup cette ambiance. Je ne parle pas de ces hommes qui tiennent à peine sur leurs jambes et tentent désespérément de se faire remarquer. Mais un environnement sans stress, ou seul s'amuser compte, c'est ça dont je parle.
On devrait le faire plus souvent, car le poids que nous avons sur nos épaules en permanence peut être si étouffant... et personnellement, je fais tout pour ne peut pas me laisser submerger par l'angoisse, bien que ça soit difficile ces derniers temps.
La danse est un moyen pour moi d'évacuer, même si généralement, c'est aussi la source de mon stress. Mon rêve est d'en faire mon métier, j'aimerais pouvoir aller dans une école en Europe, c'est là-bas qu'on trouve les meilleures écoles. Oui, c'est très ambitieux, mais j'ai la chance d'avoir des gens qui croient en moi dans mon entourage.

_ Une bière ma belle, sourit bêtement un trentenaire, tout simplement ridicule.

Je roule des yeux, ce genre de comportement est insupportable. S'il pense pouvoir séduire de cette façon, eh bien il se trompe, c'est horriblement repoussant.
Je pose sa bière devant lui, ignorant son regard insistant, mais qui me rend extrêmement mal à l'aise.

_ Merci beauté.

J'aimerais lui jeter sa bière au visage. Je serre les dents, j'ai plutôt intérêt à ne pas réagir, ça serait lui accorder de l'importance et aussi peut-être attirer des problèmes à Chris.

_ Bryséis !

Une paire de yeux bleus est rivée sur moi. Jake. Je ne peux empêcher le sourire qui s'installe sur mes lèvres. Je m'avance alors vers lui, et son éternel sourire sur le visage, il pose son coude sur le bar avant d'apporter son verre à sa bouche sans me quitter des yeux.

_ J'ignorais que tu travaillais ici Bryséis, dit-il une fois que je suis face à lui.
_ Je dépanne simplement un ami.

Il hoche la tête sans me lâcher du regard, ça en devient presque gênant. Le brun détourne finalement les yeux, il lève légèrement la main pour signe à quelqu'un. Automatiquement, je regarde dans cette direction.

Alors, je vois un jeune homme faire route vers nous. Et mon cœur me paraît s'arrêter tant je suis bouche bée. Une carrure tout aussi impressionnante que Jake, une allure assurée. Et si je pensais hier que Jake était l'homme le plus séduisant que j'avais vu, je viens de changer d'avis. Ce n'est clairement plus le cas.
Ses cheveux bruns, presque noirs bouclent légèrement et tombent sur le haut de son visage parfaitement dessiné et à la mâchoire marquée. C'est comme si chaque détail de lui avait soigneusement été penser pour qu'il ait un physique idyllique. La forme de sa chemise blanche laisse entrevoir une musculature encore une fois parfaitement définie. J'en ai presque le souffle coupé. Comment peut on détenir une telle beauté ?
Il arrive au côté de son ami, et pose les yeux sur moi.
J'arrête vraiment de respirer, et mon cœur s'emballe dans ma poitrine dès que ses yeux d'un noir profond me scrutent avec une intensité surprenante. Notre regard me paraît si puissant que j'ai l'impression qu'il peut lire en moi, et ça en est presque intimidant. Je sens que mes jambes vont céder sous mon poids, et me sens paniquer intérieurement. Je ne comprends pas ce qui m'arrive, j'ai les mains moites et horriblement tremblantes. Je n'arrive pas à décrocher mes yeux des siens. Comme avec Jake, je sens quelque chose, j'ai l'horrible impression qu'il a quelque chose, sans savoir poser de mot dessus. Un mystère semble l'entourer. Un mystère que rien ne pourrait décrire.
Le magnifique inconnu contracte soudain les muscles de sa mâchoire, et je peux voir l'expression de son visage se crisper alors que son regard s'intensifie. Son torse se soulève sous une respiration étrangement rapide. Il est désemparé, bien plus qu'il ne devrait l'être.

_ Putain, jure Jake en me sortant brutalement de ma transe.

Je détourne vite les yeux et les pose sur Jake. Lui qui habituellement détient un sourire séducteur et un regard joueur, est d'un seul coup étrangement sérieux. Il regarde son ami, puis moi, perdu et contrarié, presque paniqué. Mais pourquoi ? Je n'ose pas jeter un coup d'œil à côté, au risque de plus pouvoir me détacher du regard de son ami. Mon cœur bat si vite...

_ Bryséis ?

Chris me fait signe de l'autre côté du bar de venir le rejoindre. Je prends ça comme une issue de secours et fuis jusqu'à mon ami sans accorder au autre regard aux deux jeunes hommes.

_ Tu peux y aller, m'indique Chris, Joe a appelé il va arriver. (il fronce les sourcils) Tu vas bien ?
_ Ou-oui, bafouillé-je.
_ Rentre chez toi, on se voit demain.

Il se penche vers moi et embrasse ma joue. Je tente de lui sourire avant de m'engouffrer rapidement à l'arrière du bar, le cœur battant.

Bordel, qu'est-ce qui vient de se passer ?

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Voilà un deuxième chapitre ! Vu que c'est le début je me suis permise de publier rapidement celui-là, étant donner qu'il ne se passe pas grand chose dans le premier, j'espère que ça va vous plaire ! ♥️

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